Mes derniers voyages m'ont conduite au bord de la mer : Ile d'Oléron, Pays basque, Galicie, Asturie.. De longs tête-à-tête avec ce spectacle toujours "recommencé" selon l'expression de Paul Valéry.
Jean-Michel Maulpoix, à son tour, évoque la mer dans ce poème extrait du recueil "L'instinct du ciel", éveillant en nous une profusion d'images, de couleurs, de sensations.
Partout tu poursuivis la mer. En plaques, en flaques, couleur de neige ou de soleil couchant, la mer d'un beau gris de ferrailles, d'orage, ou de bidons de lait, d'écailles ou de tôle en hiver. La mer blanche : cheveux de vieille fée, lessives, brouillards trempés, mousse de ciel et de vent.
La mer tout en bouche, en embouchure, haussant, baissant la voix.
Tu es resté ainsi des heures entières à observer la façon de mourir des vagues : en gerbes, en jupons, en linges mouillés, en nappes, en caresses, en frissons, en bouillon de onze heures, en mouvements de paupières, en guerre de cent ans, en averse blanche, en dernier coup de reins par où l'amour s'achève.
En regardant longtemps la mer, tu as compris comment bouge le visage de l'homme.