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dimanche 18 septembre 2016

James McTeer II : Minnow



Minnow  paru aux éditions du Seuil sous la marque Editions du sous-sol, est un roman qui a tout du conte traditionnel dont il épouse la structure. Nous sommes en Caroline du Sud. Un petit garçon Minnow  part à la recherche d’un médicament pour sauver son père mourant.  Il ne doit aller que jusqu’à la ville la plus proche mais sa rencontre avec un sorcier vaudou le Dr Crow va changer son destin. Ce dernier lui promet un médicament à condition qu’il poursuive sa route dans les Sea Islands à la recherche de la tombe de Sorry George, un ancien sorcier très puissant, réputé pour avoir tué une cinquantaine de personnages grâce à ses sortilèges. Mais personne ne sait où est cette tombe, c’est à Minnow de la découvrir. L’enfant est averti que l’esprit du grand sorcier qui veille dans l’au-delà, fera tout pour l’en empêcher. Il va devoir affronter de graves dangers. En chemin, il recevra de l’aide et un ami sous la forme d’un petit chien.

Il s'agit donc d'un conte, impression renforcée par l’atmosphère fantastique que représentent les paysages eux-mêmes, les marais saturés d’humidité, à l’air épais, les forêts inquiétantes, la faune sauvage et parfois aussi les rencontres avec les hommes dangereux ou amicaux. Fantastique aussi la présence du Vaudou, des incantations, des sortilèges, des fantômes qui  accompagnent le voyage du gamin. Et puis, il y a aussi un contraste qui frappe l’imagination entre l’enfant si petit, si fragile (Minnow signifie petit poisson ou fretin en français, ce qui n'est pas sans rappeler là encore les Petit Poucet, Poucette et Tom Pouce des contes) et l’immensité de ces terres, les dangers démesurés qu’il rencontre, les actes héroïques qu’il accomplit, traversée de fleuve ou d’une baie à la nage, combat avec un alligator ou un sanglier fou furieux, rencontre avec des brigands, lutte contre les éléments déchaînés et puis le froid, la faim, la peur, les maladies et les blessures…

Mais alors que le conte traditionnel qui se déroule dans un lieu et à une époque intemporels est symbolique, le roman de James Mcteer est bien ancré dans un lieu réel et un temps précis. Le conte décrit le passage de l’enfance à l’âge adulte. Il s’agit d’un récit d’initiation où l’on ne craint jamais pour la vie du personnage. Le roman Minnow qui est aussi un quête initiatique n’a plus rien, lui, de symbolique. Minnow sera marqué dans sa chair à tout jamais par les épreuves qu’il doit subir même s’il ressort de l’épreuve grandi et plus fort. Aucune formule magique ne peut lui venir en aide. Et s’il s’agit d’un récit d’aventures, le lecteur comprend bien vite qu’il n’y aura pas d’intervention miraculeuse.

Minnow est en fait une magnifique histoire d’amour et de courage. La volonté de petit garçon ne faiblit pas car son but est de sauver son père. Tout le roman est un combat contre la Mort qui est partout présente, aux aguets, en attente. La description de l’ouragan et du raz de marée est sidérante et constitue un des grands moments de ce roman. La Mort omnipotente règne en maîtresse absolue  dans un pays ravagé et participe à la fois à l’atmosphère fantastique et en même temps horriblement réaliste. Nous quittons le conte par l'irruption de la violence et la manifestation de la force des éléments naturels. Encore que... le petit garçon y voit, lui, l'intervention maléfique par delà la tombe, du sorcier Sorry George. On voit que la lecture peut toujours se faire à des degrés différents.

Un beau premier roman bien écrit et d’une originalité surprenante. Il a obtenu le prix du premier roman de Caroline du Sud et il est sélectionné pour le prix Médicis étranger 2016.

6 commentaires:

  1. j'ai une ado en Caroline alors dis moi si c'est lisible par une jeune ado ?

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    1. Au niveau de la lecture pas de difficulté, c'est vraiment un conte. On se laisse emporter par les aventures de Minnow, par la description du pays qu'il traverse, la rencontre avec les gens qui habitent ces îles. MAIS... ce qui lui arrive est parfois terrifiant surtout au moment de la tempête. Il ne s'agit plus d'un conte ! La description des victimes est réaliste, c'est une désolation.. et il n'y a pas d'happy end. Alors pour une jeune ado j'hésiterai!

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  2. C'est de la litté jeunesse ? La couverture n'en a pas les codes. Elle est jolie d'ailleurs. Pourquoi pas ?

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  3. Au début, j'ai pensé moi aussi que tu lisais de la littérature jeunesse. Je vois qu'il n'en est rien. Je n'ai pas entendu parler de ce roman (il faut dire qu'avec la production de la rentrée, il y en a plein qui vont passer à la trappe).

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  4. Tu me le fais découvrir, a te lire il me semble qu'il pourrait me plaire... je rajoute ton billet dans vos plus tentateurs, bonne soirée claudialucia

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