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vendredi 28 septembre 2018

Donna Leone : Le cantique des innocents et Le garçon qui ne parlait pas


Le cantique des innocents


Des carabiniers agressent un pédiatre en pleine nuit pour lui enlever son fils de dix-huit mois. Venise est sous le choc. Puis les langues se délient : certains crient au scandale, d'autres soupçonnent la découverte d'un réseau de trafic d'enfants. Un vent de délation envahit la lagune ... Le commissaire Brunetti a bien du mal à distinguer les coupables des innocents.

Et voilà j’ai retrouvé une fois encore Donna Léone et le charme de la lagune, des promenades dans Venise avec Le cantique des Innocents. Comme d’habitude le commissaire Brunetti et son adjoint Vianallo arpentent la cité mais il est question cette fois d’un trafic d’enfants. Des parents stériles mais assez fortunés achètent leur progéniture à des mères en difficulté et désargentée et derrière tout cela un réseau maffieux, des milieux médicaux véreux épaulés par des politiciens qui le sont tout autant, agissent dans l’ombre. Le roman parle d’une réalité dont Donna Léone  dénonce les ramifications profondes et les zones d’ombre soigneusement cachées.
Comme d’habitude, j’ai lu le roman avec plaisir, retrouvant le commissaire Brunetti et ses petits arrêts gourmands dans les restaurants de la ville ou chez lui, petits plats préparés par sa femme, brillante universitaire mais épouse-cuisinière puisque, comme on le sait, les enseignants ne travaillant pas (ou presque), doivent -quand elles sont femmes- servir de larbins à leur mari ! Et là, Brunetti découvre que  sa vie familiale avec Paola est douce et paisible pour ne pas dire privilégiée. Le commissaire est, en effet, très secoué par cette enquête qui lui révèle le sacrifice des Innocents, enfants vendus comme des marchandises, puis arrachés à leurs parents adoptifs même si ceux-ci sont aimants, et finalement condamnés par la société à ne pas avoir de famille.

Le garçon qui ne parlait pas



Tandis que les feuilles d’automne commencent à tomber, le vice questeur Patta demande à Brunetti d’enquêter sur une petite infraction commise par la future bru du maire. Le commissaire Brunetti n’a guère envie d’aider son patron à récolter les faveurs politiques, mais il est bien obligé de s’incliner. Puis c’est au tour de sa femme, Paola, de lui présenter une requête. L’handicapé mental employé par leur pressing vient de mourir d’une overdose de somnifères, et Paola ne peut pas supporter l’idée que dans la vie comme dans la mort, personne ne l’ait remarqué ni aidé.
Brunetti se met au travail mais, à sa grande surprise, il ne découvre rien sur cet homme : pas d'acte de naissance, pas de passeport, pas de permis de conduire, pas de carte de crédit. Pour l’administration italienne, il n’a jamais existé. Plus étrange encore, sa mère refuse de parler à la police et assure au commissaire que les papiers d’identité de son fils ont été volés lors d’un cambriolage. Au fil des révélations, Brunetti commence à soupçonner les Lembo, des aristocrates, d’être mêlés à cette mort mystérieuse. Mais qui a bien pu vouloir tuer ce malheureux simple d’esprit ?

Dans ce roman, il est encore question de maltraitance, mais aussi d’éducation. Donna Leone démontre l’importance du langage comme vecteur de conscience et de socialisation. Nous y découvrons aussi ce qu’est la mort à Venise dans la vie quotidienne : comment enterre-t-on ses morts à Venise ?

Il vaut mieux ne pas lire plusieurs Donna Leone à la suite, ce que j’ai fait avec ces deux titres, parce que vous apparaît alors le fait que les romans de Donna Léone (que pourtant j’aime bien) obéissent à une recette bien rôdée, toujours la même :  la même structure de l'intrigue, des personnages prévisibles et superficiels pour ne pas dire codés, un soupçon de ville de Venise pour plaire aux nostalgiques, saupoudré de bonnes petites recettes italiennes, une confrontation, élégante et légère, entre mari et femme, Guido et  Paola, avec l'inévitable verre de vin,  intervention ou non des enfants Brunetti autour de la table !  Parfois m'agace aussi le mépris qu'éprouve la dame pour les italiens en particulier du Sud ! L’enquête policière y est plus ou moins intéressante mais ce n’est jamais ce qui est le plus important dans le roman.

Mais si l’on espace les lectures, le charme de la présence du cadre, Venise, agit ; nous découvrons le cité autrement qu’en touristes, ces touristes qui sont une mâne, à la fois, et une plaie (dixit la donna) pour la beauté et l’authenticité de la ville ! Et puis assurés que nous sommes de retrouver nos personnages familiers, leurs habitudes, leurs côtés sympathiques, nous nous glissons comme dans des pantoufles, dans le confort du roman, en terre connue! Et, c’est certain, il faut un talent écrivain pour cela même si le tout manque de profondeur.

18 commentaires:

  1. je viens de lire le dernier très agréable

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  2. Jamais lu Donna Leone. Je ne connais le commissaire Brunetti que par la série télévisée, regardée surtout pour les vues de Venise, en effet.

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    1. Une lecture agréable surtout pour les amoureux de Venise.

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  3. Me voilà prévenue si je commence la série : laisser du temps entre deux lectures ..

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    1. Voilà, c'est ce qu'il faut faire, à mon avis ! mais il y a aussi les inconditionnelles de Donna Leone.

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  4. je crois que j'entreprendrais cette lecture dans un train pour Venise :-)
    j'aimerais beaucoup le faire un jour!

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  5. je suis fan absolue de Venise, de Donna Leon et de Brunetti, je le lirai donc!

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    1. Fan absolue, alors , fonce ! Moi, il faut que j'espace !

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    2. Moi aussi j espace! Et c est valable pour toutes les séries policières. Mais je retrouve Venise avec un plaisir renouvelé même si l intrigue est parfois indigente

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  6. Moi aussi, je préfère les espacer ces lectures. J'aime bien cet auteur mais j'en lis un de temps en temps... ces polars sont bien mais ont un côté parfois lénifiant...

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  7. tu as raison la recette est toujours la même, mais toujours un plaisir de se balader avec elle dans Venise!

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    1. Oui, c'est pourquoi j'y reviens toujours un jour ou l'autre!

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  8. Je les ai lu les deux mais n'en garde pas un souvenir précis. Cela étant, je retrouve toujours Donna Leon et Brunetti avec plaisir. Je viens d'ailleurs de lire "Minuit sur le canal San Boldo".

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    1. Moi aussi je finis par les confondre au bout d'un moment!

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  9. J'en lis un par un, lorsqu'il sort en poche et c'est toujours un plaisir. J'ai un gros faible pour Paola et ses colères et pour la délicieuse et plus qu'efficace Electra (?). Et puis un policier non dépressif, amateur de vin et non toujours entre deux vins, cela ne se refuse pas par les temps qui courent.

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  10. Je les ai tous lu car j'aime Venise. Effectivement, c'est assez cousu de fil blanc, mais quel plaisir de se promener dans Venise avec Brunetti. D'ailleurs, quand j'ai la chance de pouvoir y aller, je fais toujours les mêmes choses... Comme quoi.
    Bon dimanche.

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