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samedi 23 septembre 2017

André Gardies et Jacques Mauduy : Je t’écris du Gévaudan, ma Lozère





Le Gévaudan, ma Lozère




Le Gévaudan, ancien province française a servi de base pour la création du  département de la Lozère.
« Seules modifications : le canton de Saugues qui a été  rattaché à la Haute-Loire et les villes de Meyrueis et Villefort qui ont été intégrées dans la nouvelle découpe. On peut donc dire que Lozère et Gévaudan sont équivalents. Parler de l’un c’est parler de l’autre. » 

Les auteurs de Je t’écris du Gévaudan, ma Lozère, André Gardies et Jacques Mauduy,  ont réalisé une présentation originale de ce territoire cher à leur coeur, sous la forme d’une correspondance fictive.

André et Jacques reçoivent par l’intermédiaire d’internet un message de Roland. Tous trois sont amis d’enfance et ont passé leur jeunesse en Lozère avant de partir dans des directions différentes pour faire leur vie ailleurs. Si Jacques et André sont à présent retournés au pays, il n’en est rien de Roland installé au Québec. Il leur écrit pour avoir des nouvelles, curieux de savoir ce qu’il en est de la Lozère

« Tout cela existe-t-il encore ? Le relief en creux de la Lozère, sans doute, mais le reste, le patois, les vaches, la nourriture, les paysans ? je crois que le pays doit avoir bien changé. » 

Un voyage dans l’espace et le temps

Lozère

Cette lettre est le début d’un échange épistolaire qui va amener le lecteur dans un voyage dans l’espace à travers les différentes régions du département mais aussi dans le temps, du passé des enfants au milieu du XXème siècle, à celui des guerres de religion et des camisards, du Maquis de la dernière guerre au Moyen-Âge ou à l’époque romaine ou préhistorique.


Pierre plantée : menhir

Toutes les strates du passé se superposent, se succèdent ou se côtoient, dessinant une région complexe, nourrie d’Histoire et d’histoires, pour mieux expliquer le présent.

Ainsi, les guerres de religion ont scindé le pays en deux, d’un côté les protestants dans les Hautes-Cévennes lozériennes, bastion des Huguenots, de l’autre les catholiques dans l’Aubrac, la Margeride, le Causse, au nord. Les violents affrontements du passé ont laissé des traces qui, même de nos jours, sont loin d’être effacées. Pendant la révolution la partie cévenole fut « patriote » tandis que l’autre s’opposa aux révolutionnaires et défendit le clergé. Cette césure perdure entre le sud lozérien qui vote à gauche et le nord qui est de droite.

Le château du pape d'Avignon : Urbain V

Je ne peux que vous inviter à découvrir toute la richesse de cet échange épistolaire, pétri d’anecdotes amusantes ou nostalgiques, de souvenirs d’enfance qui parlent d’une paysannerie à l’ancienne presque disparue de nos jours, de légendes, mais aussi d’études historiques, d’analyses géographiques et géologiques entre la Lozère granitique et calcaire.

Des accents poétiques s’élèvent de ces pages face à la beauté des paysages si divers, face au passage des saisons :

La Margeride : « C’est mon pays rude, sauvage, ample et serein. Avec ses vallons blanchis pas les narcisses quand vient le mois de Juin, ses ruisseaux qui glougloutent en mille ramifications, ses genêts flamboyants au milieu des éboulis rocheux, ses épaisses forêts d’épicéas trouées de tourbières spongieuses et souples sous le pas, ses vastes herbages que balaie la « Traverse » et sur lesquels court la neige quand arrive Novembre. »

 et souvent résonnent les mots chantants et pittoresques de la langue d’Oc : les capitelles, les chazelles, les faïsses, les bancels…

Et le vent ? et le vent qui bouffe (souffle) 15 mois sur 12 ? « Moi c’est la bise noire qui me contrarie! » «  Moi, le Tumelo (la tourmente) ! » « Oh! mais moi c’est le Marin ! Le Marin y bouffe, y bouffe et quand ça s’arrête, pleuou, pleuou, (il pleut) et puis la Traverse (le vent du nord) qui s’y met !

 et les rêveries de l’enfance qui le disputent à l’oeil du géographe apportent un regard neuf à l’ensemble
 
« Tout petit j’entendais la tante me dire : «  Regarde l’Aigle Oual ! « Je regardais dans la  direction de son doigt; parfois je le voyais l’Aigle Oual dansant dans le ciel cette danse circulaire qu’imitent les indiens, et lorsqu’il plongeait derrière l’Eschino d’Ase, mon coeur bondissait. Est-il heureux, l’Aigle Oual, maître du ciel, des Montagnes Rocheuses et des plaines. C’est que nous étions abreuvés d’histoires d’aigles tout autant que d’histoires de loups. Mais moi, je dansais avec les Aigles. (…)
Quelle tristesse lorsque j’ai compris que l’Aigoual n’était pas cet Aigle Oual, cette tache de liberté volant dans le ciel, mais cet amas de pierres barrant l’horizon. »

Le livre présente de plus une riche iconographie et des cartes de géographie qui permettent d’arpenter le pays avec les auteurs tout en sachant exactement où nous sommes : Margeride, Aubrac, Causse Sauveterre- Lot-Allier, Causse Méjean-Tarn, Cévennes…
 
Une ancienne ferme devenue maison secondaire


Ce livre original, d’un abord aisé malgré son érudition, plaira à tous ceux qui aiment la Lozère et à tous à ceux qui veulent la comprendre par ses paysages, son histoire mais aussi dans son âme profonde. A découvrir !

Les auteurs


 André Gardies, spécialiste de cinéma, est l’auteur de nombreux romans, enracinés dans le pays languedocien, cévenol et lozérien. En Gévaudan, il réside en Margeride.



Jacques Mauduy, géographe, historien, cartographe des Camisards, a inventorié et publié l’ensemble des monuments aux morts des pays catholiques et huguenots de la Lozère. En Gévaudan, il vit sur le versant nord du Bougès.