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jeudi 8 octobre 2020

Marie-Hélène Lafon : Histoire du fils Rentrée littéraire 2020


Le fils, c'est André. La mère, c'est Gabrielle. Le père est inconnu. André est élevé par Hélène, la soeur de Gabrielle, et son mari. Il grandit au milieu de ses cousines. Chaque été, il retrouve Gabrielle qui vient passer ses vacances en famille. Entre Figeac, dans le Lot, Chanterelle ou Aurillac, dans le Cantal, et Paris, Histoire du fils sonde le coeur d'une famille, ses bonheurs ordinaires et ses vertiges les plus profonds, ceux qui creusent des galeries dans les vies, sous les silences. (Quatrième de couverture)

Le fils, c’est André nous dit la quatrième de couverture, André  heureux dans sa famille adoptive, il aime ceux qu'il considère comme ses vrais parents, Hélène et Léon. S'il n'a qu’indifférence pour sa mère, Gabrielle, toujours absente, il est toujours à la recherche de ce père inconnu de lui.
Mais André n’est pas le seul fils, témoin ce Paul Lachalme que nous connaissons, nous, lecteurs, lorsqu’il était jeune lycéen, fils d’un notable de Chanterelle, maire de la ville, riche et ambitieux aubergiste, lui-même fils de paysans du Cantal. Et puis il y a Antoine, fils d’André, qui se chargera de terminer la quête du père menée par André. Une succession de générations ! Histoire des fils, histoire des rapports des fils à leur père !

Il est de règle de nos jours si l’on ne veut pas s’attirer les foudres des critiques d’éviter le schéma narratif chronologique jugé trop simpliste par certains d’entre eux. Marie-Hélène Lafon, tout en obéissant à ce qui semble être devenu un impératif, déconstruit son récit qui s’étale de 1908 à 2008 et en en tire parti  d'une manière non seulement brillante mais qui fait sens et donne de la densité et du corps au récit. Un siècle pour raconter une histoire qui telle un cercle se referme sur elle-même et dont tous les éléments se mettent en place jusqu’au dernier à la recherche des pans du passé qui nous échappent. Il y a de plus une émotion qui naît du fait que l’on retrouve les personnages qui vivaient au début du XX siècle par le regard que portent sur eux leurs descendants du XXI siècle à la recherche de leurs racines. Le poids du passé, la nostalgie pèsent sur le lecteur car ces personnages dont certains sont très attachants, nous les connaissions déjà. A la différence de leurs descendants, nous les avions rencontrés sans savoir ce qu’ils étaient devenus. Ainsi en est-il de l’adorable petit Armand et de la servante Antoinette dont nous n’apprenons l’histoire qu’après coup.  
j’ai vraiment adoré cette construction qui d’abord déroute, puis peu à peu nous entraîne, nous fait entrer dans une histoire et ses ramifications sans trop savoir où nous en sommes, rythmé surtout par la marche du temps, déchiré par les  deux guerres, puis nous implique et nous touche comme si nous faisions partie nous-mêmes de l’histoire. Le tout dans un style apparemment simple mais travaillé, ciselé, où chaque mot fait mouche. Un beau livre !

14 commentaires:

  1. Ta remarque sur l'abandon de plus en plus fréquent de la chronologie linéaire est intéressante. Cela ne doit pas devenir un diktat, mais souvent, comme dans "L'art de perdre" lu récemment ou comme ici, à te lire, cette déconstruction permet de varier le point de vue sur les personnages, et cela accroît la portée du récit.
    Tu m'as donné envie de lire ce roman, je le note, merci.

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    1. Voilà ! Cela ne doit pas devenir un diktat. Il faut que cela apporte quelque chose au récit; ce qui est le cas ici.

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  2. J'ai assez envie un de ses précédents romans (son premier peut-être, je ne sais plus), qui me parlait beaucoup. Mais je crois qu'une amie pourra me prêter celui-ci, donc ce sera déjà l'occasion de découvrir l'autrice !

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  3. A retenir, alors. Votre remarque sur la déconstruction du schéma narratif est très intéressante, et tout à fait pertinente.
    Merci et bonne journée.

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    1. L'année dernière, j'ai été surprise de la remarque d'un critique. Il trouvait le livre bon mais il faisait la fine bouche parce le récit était linéaire...

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  4. J'ai prévu de le lire quand il arrivera à la bibliothèque. J'aime l'écriture de Marie-Hélène Lafon.

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  5. Si je comprends bien, on retrouve des personnages de livres précédents? Il faut les lire, alors? J'avoue ne plus trop m'en souvenir.

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    1. Non pas du tout dans des livres précédents. Ils apparaissent dans celui-ci mais comme le roman est déconstruit, ils disparaissent puisqu'on change d'époque. Et ils réapparaissent, parfois post mortem, parce que les descendants font des recherches sur eux.

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  6. la rentrée littéraire est bien riche cette année! Je ne sais plus où donner de la tête

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    1. C'est vrai ! Je découvre avec beaucoup d'intérêt cette rentrée littéraire.

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  7. Ce que tu dis du style et de la construction me plaît bien. A voir, donc !

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