Thyeste festival d'Avignon juillet 2018 |
Rappel : Cette année, j’ai suivi le festival d’Avignon de Juillet 2018 avec
autant de plaisir que les années précédentes mais je n’ai pas eu le
temps d’écrire des billets. J’ai tout de même envie de parler ici de
quelques spectacles, ce que je ferai sporadiquement, ne serait-ce que
pour m’en souvenir et vous parler d’auteurs, d’acteurs, de metteur en
scène qui méritent bien que l’on aille les voir. Si je le peux, je vous
donnerai les dates des représentations en France en 2019.
***
Cette fois-ci, c'est d'une pièce du festival in dont je vais parler : Thyeste de Sénèque qui raconte l'histoire de la vengeance d'Atrée! Pour punir son frère Thyeste qui a cherché a usurpé son trône et séduit sa femme, Atrée fait venir son frère à la cour sous prétexte de pardon puis il tue les enfants de Thyeste et les lui fait manger.
Thyeste de Sénèque : Mègère, Tantale et le choeur (source) |
Quand on pénètre dans la Cour d'Honneur à Avignon, le décor donne déjà la tonalité de l'oeuvre de Sénèque puisque gisent, dispersés de part et d'autre de l'immense scène, une tête à la bouche ouverte dans un dernier cri et une main tout aussi gigantesque au doigt accusateur. Des restes humains dépecés. Tout ceci pour nous rappeler, avant même que l'indicible soit accompli, le festin sanglant offert à Thyeste par son frère Atrée.
D'abord, l'arrivée de Mégère, ombre toute de blanc et de sang vêtue, puis celle de Tantale, sinistre aïeul de la famille, s'extrayant du Tartare, dans sa carapace verte, semblable à celle d'un monstre couvert d'écailles, tout ruisselant de l'eau des Enfers. Leurs voix imprécatrices qui se projettent vers le ciel, lancées au-dessus des créneaux du palais des papes, bien au-delà des spectateurs, emportées au loin par leur puissance, ouvrent cette pièce qui semble nous plonger dans un monde écrasant, nous, les extrêmement petits.
Mégère à Tantale: "Ombre funeste, va, souffle sur ton palais détesté la rage des Furies ; qu'il s'engage entre tes descendants une lutte de crimes, et qu'ils s'arment tour-à-tour du glaive homicide. Point de mesure à leur fureur, point de honte qui les arrête : qu'une aveugle colère s'empare de leurs esprits ; que la rage des pères ne s'éteigne point avec eux, mais que leurs crimes passent, comme un héritage, à leurs fils : qu'aucun d'eux n'ait le temps de se repentir d'un attentat commis, mais qu'il en commette chaque jour de nouveaux, et que le châtiment d'un crime soit un crime plus grand." Traduction ME Geslou
La mise en scène de Thomas Joly traite avec une férocité impressionnante, avec une emphase dans l'horreur, cette tragédie aux accents à la fois lyrique et réaliste, qui parle de vengeance mais aussi de démesure. Quand l'homme cesse-t-il d'être un humain ? La langue de Sénèque est belle dans la traduction de Florence Dupont. La musique, la beauté des jeux de lumière sur la scène et sur le mur de fond du palais, celle des costumes, peuvent nous paraître très (trop?) esthétiques mais cette idée est bien vite démentie : Ainsi, le choeur composé d'enfants, à première vue purs et fragiles dans leur longue robe blanche, nous fait reculer à l'aspect de leur bouche ensanglantée d'où sortent des prières et des lamentations.
Lors de la mise à mort des enfants de Thyeste découpés en morceaux, le texte de Sénèque est d'une précision insoutenable mais si évocatrice que le spectateur se dit qu'il est heureux que le texte ne soit pas illustré par l'action ! Pas de redondance !
Atrée a le courage de manier les fibres, et d'y lire la destinée; il observe attentivement les viscères encore tout pénétrés du feu de la vie. Satisfait des présages qu'il y trouve, il s'occupe tranquillement du festin qu'il veut offrir à son frère. Il coupe les corps en morceaux, il sépare du tronc les épaules et les attaches des bras, met à nu les articulations, brise les os, et ne laisse en leur entier que la tête et les mains qu'il avait reçues dans les siennes en signe de fidélité. Une partie des chairs est embrochée et se distille lentement devant le feu ; l'autre est jetée dans une chaudière que la flamme fait bouillonner et gémir : le feu laisse derrière lui ces effroyables mets, il faut le replacer trois fois dans le foyer pour le forcer enfin à s'arrêter et à brûler malgré lui. Traduction ME Geslou
Mais rien ne nous sera épargné. Thomas Joly a pris le parti de l'indélicatesse; je veux dire que pour communiquer la terreur qui s'empare de la terre, du feu, et des cieux devant ce crime, il ne peut choisir la demi-teinte, la litote. La mort des enfants se matérialise avec décalage par rapport à l'action, sous la forme de sacs sanguinolents dans lesquels le père infortuné découvrira les restes non apprêtés pour le banquet : la tête et les mains. La suggestion est si forte que j'ai été prise de dégoût quand Thyeste mange la chair des enfants et boit leur sang croyant que c'est du vin, en portant des libations.
Comment sort-on de ce spectacle ? Pour ma part, j'ai été plutôt secouée et je dois avouer que j'ai parfois eu envie de fuir ! Envers les deux personnages, je n'ai pu ressentir que de la répulsion, peut-être parce que les comédiens ne laissent apercevoir aucune faille qui pourrait même momentanément nous toucher? On pourrait, par exemple, éprouver de la compassion pour le père des enfants sacrifiés, Thyeste ; on pourrait voir Atrée hésiter, tenté de renoncer à sa terrible vengeance. Il n'en est rien ! Non, ce que j'ai ressenti, c'est du malaise. Pourtant, en assistant à cette pièce si éloignée dans le temps, qui pourrait paraître en dehors de nos préoccupations, j'en ai senti l'actualité. Je n'ai pu m'empêcher de penser à toutes les périodes horribles de l'Histoire dont l'acmé est pour moi les camps de concentration nazis, la haine poussée au dernier degré de la monstruosité.
Une représentation impressionnante, donc, qui convient bien à la Cour d'Honneur car celle-ci a les dimensions d'un théâtre antique. Je me demande l'effet que fait ce spectacle ramené à une scène de théâtre normale? Si vous y assistez, dites-le moi !
Thyeste festival d'Avignon juillet 2018 |
La tournée de la pièce en France en 2018/2019
Nantes
du 14-11-2018
du 26-11-2018
au 01-12-2018
Paris
La Villette
au 20-11-2018
Le Grand T
Strasbourg
du 05-12-2018
au 15-12-2018
Théâtre National de Strasbourg - TNS
Martigues
du 19-12-2018
au 20-12-2018
Théâtre des Salins
Charleroi
du 25-01-2019
au 26-01-2019
Palais des Beaux-Arts de Charleroi
La Rochelle
du 31-01-2019
au 01-02-2019
La Coursive
Lyon
du 12-02-2019
au 16-02-2019
Célestins, Théâtre de Lyon
Caen
du 06-03-2019
au 08-03-2019
Théâtre de Caen
Antibes-Juan-les-Pins
du 15-03-2019
au 16-03-2019
Anthéa - Antipolis
Toulon
du 22-03-2019
au 23-03-2019
Le Liberté, scène nationale
Marseille
du 28-03-2019
au 30-03-2019
La Criée
Châtenay-Malabry
du 03-04-2019
au 04-04-2019
Théâtre Firmin Gémier/La Piscine
Lille
du 24-04-2019
au 28-04-2019
Théâtre du Nord
.................................
Thomas Jolly
Enfant du théâtre public, révélé au Festival d'Avignon avec Henry VI et avec le feuilleton sur l'histoire du Festival, Thomas Jolly est passé en moins de dix ans du statut de jeune espoir à celui de metteur en scène d'envergure et populaire. Son approche des grands textes joue de la figure du monstre, de la difficulté de représenter l'irreprésentable et des grands formats. Avec La Piccola Familia, il pense le théâtre comme un art citoyen et cherche à interroger le fondement de l'être humain.
du 14-11-2018
du 26-11-2018
au 01-12-2018
Paris
La Villette
au 20-11-2018
Le Grand T
Strasbourg
du 05-12-2018
au 15-12-2018
Théâtre National de Strasbourg - TNS
Martigues
du 19-12-2018
au 20-12-2018
Théâtre des Salins
Charleroi
du 25-01-2019
au 26-01-2019
Palais des Beaux-Arts de Charleroi
La Rochelle
du 31-01-2019
au 01-02-2019
La Coursive
Lyon
du 12-02-2019
au 16-02-2019
Célestins, Théâtre de Lyon
Caen
du 06-03-2019
au 08-03-2019
Théâtre de Caen
Antibes-Juan-les-Pins
du 15-03-2019
au 16-03-2019
Anthéa - Antipolis
Toulon
du 22-03-2019
au 23-03-2019
Le Liberté, scène nationale
Marseille
du 28-03-2019
au 30-03-2019
La Criée
Châtenay-Malabry
du 03-04-2019
au 04-04-2019
Théâtre Firmin Gémier/La Piscine
Lille
du 24-04-2019
au 28-04-2019
Théâtre du Nord
.................................
Thomas Jolly
Enfant du théâtre public, révélé au Festival d'Avignon avec Henry VI et avec le feuilleton sur l'histoire du Festival, Thomas Jolly est passé en moins de dix ans du statut de jeune espoir à celui de metteur en scène d'envergure et populaire. Son approche des grands textes joue de la figure du monstre, de la difficulté de représenter l'irreprésentable et des grands formats. Avec La Piccola Familia, il pense le théâtre comme un art citoyen et cherche à interroger le fondement de l'être humain.
Sénèque
À la fois philosophe, auteur de tragédies, précepteur puis conseiller de Néron, Sénèque exerce une influence profonde sur la pensée occidentale. Stoïcien, sa philosophie est censée assurer la consolation et la maîtrise de soi.
Pour ceux que la mythologie intéresse, l'histoire des Atrides par Florence Dupont
"Voici les éléments mythologiques grecs auxquels se réfère la tragédie de Sénèque. La dynastie qui règne sur Argos,Mycènes, Pisa et Corinthe a été fondée par Tantale, venu d’Asie mineure. Tantale avait un fils, Pélops, qu’il avait tué et servi en repas aux dieux venus banqueter chez lui. Précipité dans le Tartare, il y subit le châtiment des grands damnés et souffre éternellement de la soif et de la faim ; à portée de sa main, de l’eau fraîche et des fruits s’éloignent dès qu’il veut les saisir.
Pélops convoita Hippodamie, la fille du roi de Pisa, tricha pour gagner la course de char qui l’opposait à son père, Oenomaos,et le tua. Puis il tua Myrtile, le cocher du roi qui avait été son complice en changeant la cheville de bois d’une roue de son char par une cheville en cire qui avait fondu pendant la course. Pélops fonda les Jeux olympiques à cet endroit. Il eut de nombreux enfants parmi lesquels Atrée et Thyeste. Ils se disputèrent le trône d’Argos. Zeus avait établi que le roi serait celui qui aurait dans ses étables un bélier à la toison d’or. Atrée, l’aîné, serait monté sur le trône si Thyeste n’avait séduit la femme d’Atrée, afin qu’elle volât pour lui le bélier dans les étables de son mari. Zeus, furieux en voyant Thyeste l’emporter, ordonna au soleil de faire demi-tour afin de dénoncer par ce signe le tricheur. Atrée reprit le pouvoir et exila son frère.
C’est ici que se place la vengeance d’Atrée, le sujet de Thyeste. Atrée fait revenir son frère à Argos, en lui offrant le pardon et la moitié du trône. Puis il s’empare de ses trois fils et les lui donne à manger dans un banquet. De nouveau, le soleil fait demi-tour.
Plus tard, Thyeste aura un fils avec sa fille, Égisthe, destiné à le venger. Les deux fils d’Atrée, Agamemnon, roi de Mycènes, et Ménélas, roi de Sparte, partiront pour la guerre de Troie. Agamemnon aura sacrifié sa fille Iphigénie, pour obtenir à Aulis les vents favorables au départ de la flotte grecque. À son retour, Agamemnon sera tué par sa femme Clytemnestre, avec l’aide d’Égisthe devenu son amant. Enfin, Oreste et Électre, les enfants d’Agamemnon, vengeront leur père en tuant leur mère et son amant, ce qui est le sujet de l’Agamemnon. Voilà l’histoire des Atrides qu’on devrait appeler plutôt les Tantalides, car tout a commencé avec le crime de Tantale."
Sénèque, Thyeste, traduction de Florence Dupont, Actes Sud, 2012, 928 p.
© Actes Sud, 2018
Vu aussi dans le cadre du festival In 2018
Arctique Anne-Cécile Vandalem (Bruxelles)
2025. Quelque part dans les eaux glacées internationales.
Intérieur nuit. Froid. Salle de réception d'un paquebot de croisière.
Extérieur plus froid encore. Inquiétante embarquée pour sept passagers
clandestins, entre Danemark et Groenland. Très loin de s'amuser, cette
croisière navigue à vue dans un environnement hostile sur fond de
réchauffement climatique. Qu'allaient-ils donc faire dans cette galère ?
Une ancienne ministre du Groenland, son ex-conseiller, une activiste
écologiste, un journaliste, la veuve d'un homme d'affaires, le
commandant du bateau et une adolescente cherchent à savoir qui les a
mystérieusement réunis là et pourquoi. Polar politique ? Fiction
écologique prémonitoire ? Huis clos à l'humour cinglant ? Mortelle
traversée ?
Mon avis :
Un polar nordique au fond d'un paquebot, une atmosphère inquiétante et bizarre, de l'humour ... noir ! Un huis clos au fond d'une cale mais le spectateur peut voir à l'extérieur par l'intermédiaire de la caméra qui suit les acteurs, mêlant théâtre et cinéma. Un spectacle original.
Calendrier :
Calendrier :
Période | Lieu | Réservation |
---|---|---|
Hérouville-Saint-Clair
|
Comédie de Caen En partenariat avec Festival Les Boréales |
Tel. +33 (0)2 31 46 27 29 |
Liège
|
Théâtre de Liège | Réservation en ligne Tel. + 32 4 342 00 00 |
Compiègne
|
Espace Jean Legendre | Tel. +33 (0)3 44 92 76 76 |
Lyon
|
Célestins, Théâtre de Lyon | Tel. +33 (0)4 72 77 40 00 |
Paris
|
Odéon-Théâtre de l'Europe | Tel. +33 (0)1 44 85 40 40 |
Saint-Etienne
|
La Comédie de Saint-Etienne | Tel. +33 (0)4 77 25 14 14 |
Berlin
|
Schaubühne |
Story water de Emanuel Gat et Ensemble Mode
« Une histoire, c'est comme l'eau
Que tu fais chauffer pour ton bain
Elle porte les messages entre le feu
Et ta peau »
Que tu fais chauffer pour ton bain
Elle porte les messages entre le feu
Et ta peau »
Comme
l'eau du poème soufi – donnant son nom à la pièce – porte les messages
du feu, le corps est le véhicule entre Emanuel Gat et la danse. Story
Water réunit sur le plateau de la Cour d'honneur du Palais des papes
danseurs et musiciens pris sous les feux d'une même lumière, intensément
blanche, qui sublime via les mouvements, une histoire en temps réel,
jamais exactement la même chaque soir.
Mon avis : La chorégraphie m'a laissée perplexe et, décidément, je n'aime pas la musique de Boulez.
Romances inciertos, un autre Orlando François Chaignaud et Nino Laisné
À la fois concert et récital, Romances inciertos, un autre Orlando
s'articule en trois actes, à l'instar d'un souvenir d'opéra-ballet.
Successivement la Doncella Guerrera, figure médiévale qui nous emmène
sur les traces d'une jeune fille partie à la guerre sous les traits d'un
homme, le San Miguel de Federico Garcia Lorca, archange voluptueux et
objet de dévotion, et la Tarara, gitane andalouse, mystique, séductrice,
portant le secret de son androgynie.
Mon avis : j'ai été intéressée par la découverte de la culture espagnole; le travesti, François Chaignaud qui danse la Doncella est convaincant mais... beaucoup de froideur dans ce spectacle très esthétisant.
j'en avais vu quelques essais sur culturebox... assez saisissant!
RépondreSupprimerSaisissant ! Oui, c'est le mot !
SupprimerAh je ne lis pas ton billet car je vois la pièce à Marseille en mars ! J'essaierai de revenir le lire après l'avoir vue.
RépondreSupprimerOui, viens me voir quand tu l'auras vue ! Je suis très curieuse de savoir ce que donne la mise en scène transposée à la Criée !
SupprimerLa première pièce m'aurait horrifiée ; pas sûr que je l'aurais supportée d'ailleurs, moi qui ait depuis toujours le coeur au bord des lèvres pour un oui pour un non .. Je n'aime pas non plus la musique de Boulez, dommage pour la chorégraphie.
RépondreSupprimerC'est très pénible à supporter mais je ne regrette pas de l'avoir vue !
SupprimerQuelle horreur que cette dévoration ! Je frémis à la lecture de ton compte rendu, je ne suis pas assez forte pour assister à ce genre de spectacle.
RépondreSupprimerIl m'a rappelé aussi les pages lues dans "Terres de sang" sur le cannibalisme provoqué par la famine en Ukraine, terrible réalité que j'ignorais.
Je n'ai pas lu Terres de sang mais j'ai pensé au roman de Littell Les bienveillantes.
SupprimerIl me faudrait avoir une fresque sur un de nos murs avec une généalogie de tous ces dieux grecs et romains et de leur nombreuse descendance... Je me mélange souvent les pinceaux et n'arrive plus à caser quelque chose dans ma mémoire.
RépondreSupprimerUne belle expérience qui, je note, ne passera pas par Toulouse.
Oui, complexe ! J'avais oublié toute une partie de l'histoire des Atrides. J'ai bien "révisé" avec cette pièce!!
SupprimerLe décor de Thyeste est en effet impressionnant. Apparemment, la pièce n'est pas jouée près de chez moi !
RépondreSupprimerArctique aussi donne envie : je n'avais encore jamais vu ce genre joué jusqu'à présent !
Je suis passé en coup de vent cet été à Avignon. Je n'ai donc pas pu voir le Sénèque, alors que j'aurais beaucoup aimé assister à ce spectacle (puisqu'on en est aux confidences, il se trouve que j'ai aussi écrit quelque chose sur Sénèque ;-) ). Je ne sais pas comment j'aurais réagi à cette mise en scène. La question est en effet de savoir jusqu'où la scène peut porter la représentation de l'horreur, dans un théâtre tel que celui de Sénèque. Dans les mots ou dans les actes? Sénèque a choisi de jouer de la médiation du langage. Ses images d'horreur sont des images de mots. Je ne sais pas trop quoi penser du dégoût que tu as ressenti... Je n'ai jamais trop cru à la fonction cathartique de l'horreur pure et crue.
RépondreSupprimerOui, à mon avis les mots de Sénèque suffisaient à provoquer l'effroi plus que les sacs sanguinolents qui étaient plutôt une cause de dégoût. Et puisque tu me forces à aller plus loin dans l'analyse de ce que j'ai ressenti, il n'y a pas eu d'effet cathartique dans cette représentation de "l'horreur pure et crue" mais un désir de fuir, de me débarrasser bien vite du malaise ressenti. En fait, il y a avait d'un côté l'attrait pour la beauté et la grandeur des décors, des lumières, des costumes et des voix et la répulsion pour ce qui était représenté.
RépondreSupprimerQuel spectacle en effet et je comprends qu'il t'ait menée au malaise. Le décor, sur les photos que tu nous montrent m'ont semblé splendides et écrasants .
RépondreSupprimerCe que j'aime dans la tragédie c'est cette possibilité qui nous est offerte d'aller "jusqu'au bout".
Thyeste m'aurait tentée mais une seule représentation à la Villette le 20, j'ai d'autres projets cette semaines. Avignon est cette année encore un marathon, je comprends que tu aies attendu pour reprendre ton souffle sur le blog
RépondreSupprimerBonjour ! J'ai vu la pièce à Marseille hier soir. Je partage en grande partie ton point de vue. C'est très fort et très saisissant. On est presque écoeuré à la fin - j'ai trouvé totalement indécent de devoir applaudir après un tel "spectacle" par exemple.
RépondreSupprimerJe suis aussi tentée de trouver qu'il en montre trop, même si en fait ce n'est pas si simple. Le jeu sur le sac qui contient les têtes est tout à fait fascinant par exemple, dans le montrer/pas montrer.
En ce qui concerne l'adaptation en théâtre fermé, pour moi il y avait beaucoup trop de décibels. Et je n'aime pas la sonorisation des acteurs, même si je reconnais qu'il en joue particulièrement bien. Jolly dans le rôle d'Atrée est très impressionnant, avec ce jeu sur le corps et sur ses mains, ses tremblements.
J'ai trouvé que c'était très prenant et fascinant à la fois, un peu trop spectaculaire à mon goût (d'aucuns pourraient dire voyeurismes), mais je suis très impressionnée. Et la traduction est une merveille !