J'aurais aimé en savoir plus sur Guido Gezelle, poète flamand romantique, dont la statue est détruite par un attentat dans le roman de Pieter Aspe : Chaos sur Bruges. Le mois de littérature belge m’a appris combien il est difficile de trouver les traductions françaises des poètes flamands en bibliothèque. j'ai voulu acheter celle de Liliane Wouters de Gezelle mais elle est indisponible. Et je n’ai trouvé que quelques poèmes sur le net. Je vous fais part de ceux-ci.
Ce soir et cette rose
Ce soir et cette rose
À Eugène van Oye.
Près de toi j’ai passé tant d’heures,
d’instants élus,
et près de toi jamais une heure
ne m’a déçu :
pour toi j’ai choisi tant de fleurs,
avec toi, tel
l’abeille, j’en ai bu le miel,
avec toi. Mais
jamais heure ne fut plus belle,
plus triste aussi
au moment du départ que celle
où j’entendis
ce soir-là, se parler nos âmes
dans le secret.
Jamais plus douce fleur par toi
cherchée, élue,
que celle qui brillait sur toi,
par moi reçue.
Bien que pour toi, bien que pour moi,
toutes les heures
qui passent entre toi et moi
trop tôt se meurent,
bien que pour toi, bien que pour moi,
rare et choisie
cette rose venant de toi
sera flétrie.
Pourtant mon cœur, tant qu’il vivra,
de ces trois choses
verra l’image : toi, ce soir
et cette rose.
Guido Gezelle Poèmes, chants et prières, 1862.
Traduit du néerlandais par Liliane Wouters.
poésie que j'ai lu ici
À Eugène van Oye.
Près de toi j’ai passé tant d’heures,
d’instants élus,
et près de toi jamais une heure
ne m’a déçu :
pour toi j’ai choisi tant de fleurs,
avec toi, tel
l’abeille, j’en ai bu le miel,
avec toi. Mais
jamais heure ne fut plus belle,
plus triste aussi
au moment du départ que celle
où j’entendis
ce soir-là, se parler nos âmes
dans le secret.
Jamais plus douce fleur par toi
cherchée, élue,
que celle qui brillait sur toi,
par moi reçue.
Bien que pour toi, bien que pour moi,
toutes les heures
qui passent entre toi et moi
trop tôt se meurent,
bien que pour toi, bien que pour moi,
rare et choisie
cette rose venant de toi
sera flétrie.
Pourtant mon cœur, tant qu’il vivra,
de ces trois choses
verra l’image : toi, ce soir
et cette rose.
Guido Gezelle Poèmes, chants et prières, 1862.
Traduit du néerlandais par Liliane Wouters.
poésie que j'ai lu ici
Petite Mère (Moederke, 1891)
Aurélia Frey |
Petite mère,
de ton visage
n'ai pu garder
l'image.
Sur cette terre
pas un dessin,
rien de gravé,
de peint.
Pas un portrait,
pas un cliché,
pas une pierre
sculptée,
hormis les traits
empreints en moi
et que tu m'as
laissés.
O que je puisse
toujours garder
inaltérés
ces traits
jusqu'à ma mort
que leur éclat
demeure encore
en moi.
Traduit par Liliane Wouters
Guido Gezelle
Personnalité
riche et complexe, Guido Gezelle, (1830-1899) écrivain belge d'expression néerlandaise,
exerça une profonde influence sur l'évolution culturelle des Flandres.
Originaire d'un milieu populaire brugeois, il s'orienta vers le
sacerdoce, mais ne put devenir missionnaire comme il le souhaitait.
Professeur à Roeselare, il eut plus de succès auprès de ses élèves que
de ses supérieurs. C'est à cette époque qu'il se tourne vers le lyrisme
romantique. Il forme alors une nouvelle école poétique. Mais ses
premiers essais personnels demeurent théoriques et didactiques. En
revanche, Poèmes, chants et prières (Gedichten, Gezangen en Gebeden,
1862) témoignent d'une inspiration religieuse originale, d'un contact
intime avec la nature, d'une intériorité ardente. Entre 1860 et 1880, le
folklore, avec Autour du foyer (Rond den Heerd,
1865), le journalisme, les recherches linguistiques ainsi que les
traductions semblent prendre la meilleure part de son temps. Il s'agit
là en réalité d'une longue période de crise et de maturation d'où son
génie poétique ressurgira sous l'influx chaleureux et fraternel du
milieu courtraisien (il avait été nommé à Courtrai). La Couronne du temps (Tijdkrans,
1893), sorte de célébration cyclique des saisons...
j'admire le tour de force de Liliane Wouters, il est très difficile de traduire Gezelle et les deux textes proposés ici rendent vraiment bien l'original!
RépondreSupprimerMerci pour ce jolie bouquet rose et bon dimanche !
RépondreSupprimerIls sont très beaux ces deux poèmes. Je dois reconnaître mon ignorance de la littérature en flamand et encore plus de la poésie.
RépondreSupprimerLe second poème m'a particulièrement émue. Merci à toi !
RépondreSupprimerLe poème "petite mère" résonne avec ma réflexion en voyant le visage du poète sur le billet. On ne garde des grands hommes en mémoire que leurs traits lorsqu'ils ont atteint la maturité. Justement : Renoir jeune, Monet jeune, Hugo, Zola que sont-ils devenus ?
RépondreSupprimerun poète inconnu j'aime ça faire connaissance
RépondreSupprimerJe ne connaissais pas du tout (je connais peu de choses en matière de poésie). Je trouve que le rythme et les sons sont bien construits (s'ils sont fidèles à l'original, c'est un beau travail de traduction), mais j'avoue que je suis moins sensible au contenu. Le premier poème en particulier m'a fait lever les yeux au ciel.
RépondreSupprimerJe cherche la traduction en français d'un poème qui m'est resté gravé "O't ruischen van het ranke riet" résonne à ma mémoire comme une musique d'enfance.
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