Harper Lee (source ) |
En Février 2016, la romancière Harper Lee, auteure du célèbre "Ne Tirez pas sur l'Oiseau moqueur" ("To Kill a Mockingbird" en anglais) est morte à l'âge de 89 ans. Ce livre, vendu à plus de 30 millions d'exemplaires, est considéré comme un classique de la littérature américaine.
Née en 1926 dans l'Alabama, elle avait été à l'école avec le futur écrivain Truman Capote. C'est lui qui, en 1959, la met sur la voie de la littérature. À cette époque, elle l'épaule dans l'enquête de ce qui va devenir "De sang froid".
Elle a publié "Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur" en 1960. Ce livre, couronné du prix Pulitzer, restera longtemps l'unique ouvrage de son oeuvre. Toutefois, en juillet 2015, Harper Lee a publié "Go Set a Watchman", un livre écrit dans les années 50 et présenté comme une suite. (source )
Voir aussi l'article Harper Lee le retour à propos de son second livre ICI
Harper Lee à l'époque de Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur |
Voilà ce que j'en écrivais en 2010 : Quand j'ai lu il y a quelques années Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur, j'avais été séduite par ce livre, par ce ton frais, empreint d'une apparente naïveté, par ce regard d'enfant qui porte un regard sur le monde qui l'entoure et découvre des choses qui le dépasse, qu'il ne comprend pas mais qu'il réprouve. La phrase de Charles Lamb que Harper Lee cite en exergue : Les avocats n'ont-ils pas commencé par être des enfants?" prend ici toute sa signification.
Quand j'ai su qu'il avait été choisi pour le commenter dans le Blogoclub, j'ai eu l'impression que je m'en souvenais comme si je l'avais lu la vieille. Or ce qui m'en restait et ce qui m'avait marquée avant tout c'est la figure du père, cet avocat courageux qui prend la défense d'un noir accusé d'un viol qu'il n'a pas commis mais qui est condamné d'avance dans la société raciste de cette petite ville américaine de l'Alabama. Nous sommes dans les années 35, à l'époque de la ségrégation. Et puis j'avais gardé cette impression un peu étrange d'avoir lu un Caldwell mais raconté par une petite fille.Très étrange même et pourtant combien efficace! Car le regard de Jean Louise dite Scout, pur de tout calcul et débarrassé de tout préjugé est prompt à discerner le dysfonctionnement d'une société qui prône l'égalité des droits pour tous, qui se dit une démocratie mais agit en contradiction totale avec ses principes. En fait, ce qui m'était resté en mémoire, c'est le sens profond et grave du livre, la dénonciation d'une société fondée sur le racisme et l'inégalité raciale avec comme antidote la grandeur de l'Homme lorsqu'il fait face aux préjugés, affronte la haine pour rester en accord avec sa conscience. C'est ce que fait Atticus, le père de Scout.
Vois-tu, Scout, il se présente au moins une fois dans la vie d'un avocat une affaire qui le touche personnellement. Je crois que mon tour vient d'arriver. Tu entendras peut-être de vilaines remarques dessus, à l'école, mais je te demande une faveur : garde la tête haute et ne te sers pas de tes poings. Quoi que l'on dise, ne te laisse pas emporter. Pour une fois, tâche de te battre avec ta tête ... elle est bonne, même si elle est un peu dure.
- On va gagner, Atticus ?
- Non, ma chérie.
- Alors pourquoi...
- Ce n'est pas parce qu'on est battu d'avance qu'il ne faut pas essayer de gagner.
Vois-tu, Scout, il se présente au moins une fois dans la vie d'un avocat une affaire qui le touche personnellement. Je crois que mon tour vient d'arriver. Tu entendras peut-être de vilaines remarques dessus, à l'école, mais je te demande une faveur : garde la tête haute et ne te sers pas de tes poings. Quoi que l'on dise, ne te laisse pas emporter. Pour une fois, tâche de te battre avec ta tête ... elle est bonne, même si elle est un peu dure.
- On va gagner, Atticus ?
- Non, ma chérie.
- Alors pourquoi...
- Ce n'est pas parce qu'on est battu d'avance qu'il ne faut pas essayer de gagner.
En relisant le roman, je me suis intéressée de plus près à ce que j'avais un peu oublié, la vie quotidienne de Scout, la petite fille, "garçon manqué" comme on disait à l'époque, toujours en salopette, toujours prête à faire le coup de poing surtout pour défendre l'honneur de son père que les autres enfants appellent avec mépris, "l'ami des nègres", partageant les jeux de son frère Jem et de son "fiancé", le petit Dill. Scout de même que Jem sont décrits avec tendresse et humour par l'auteur et l'on ne peut s'empêcher de sourire devant leur curiosité, leur imagination débridée, leur art de se mettre dans des situations inextricables. Mais l'on est touché aussi par ces beaux portraits d'enfants qui, certes ne sont pas parfaits et commettent beaucoup d'impairs, mais ont un sens de la justice et de l'honneur qui manquent aux adultes. Leur père, Atticus, qui leur apprend les valeurs essentielles, le courage de ses opinions, le respect des autres, la maîtrise de soi, peut en être fier.
Enfants sans mère, Jem et Scout reçoivent beaucoup d'amour de la part d'Atticus, de leur oncle Jack, de Calpurnia la femme de ménage noire mais aussi de Maudie, une vieille dame, amie de leur père. Ils s'intéressent de très près à leur voisin, le mystérieux Boo Radley qui vit enfermé dans sa maison pour ne plus en ressortir!
C'est l'occasion pour Lee Harper de brosser des personnages attachants, haut en couleur, avec des caractères et des idées très affirmées, parfois assez étonnants!
C'est l'occasion pour Lee Harper de brosser des personnages attachants, haut en couleur, avec des caractères et des idées très affirmées, parfois assez étonnants!
En écrivant ce premier livre qui fut aussi le seul Harper Lee réalise un coup de maître : écrire un chef d'oeuvre, un livre d'une telle force dans son apparente simplicité qu'il est devenu un classique incontournable aux Etats-Unis.
Dans l'adaptation de R. Mulligan, Gregory Peck interprète le rôle d'Atticus.
- Je préférerais que vous ne tiriez que sur des boîtes de conserves,
dans le jardin, mais je sais que vous allez vous en prendre aux oiseaux.
Tirez sur tous les geais bleus que vous voudrez, si vous arrivez à les
toucher, mais souvenez-vous que c'est un péché que de tuer un oiseau
moqueur.
Ce fut la seule fois où j'entendis Atticus dire qu'une chose était un péché et j'en parlai à Miss Maudie.
- Ton père a raison, dit-elle. Les moqueurs ne font rien d'autre que de la musique pour notre plaisir. Ils ne viennent pas picorer dans les jardins des gens, ils ne font pas leurs nids dans les séchoirs à maïs, ils ne font que chanter pour nous de tout leur coeur. Voilà pourquoi c'est un péché de tuer un oiseau moqueur.
Ce fut la seule fois où j'entendis Atticus dire qu'une chose était un péché et j'en parlai à Miss Maudie.
- Ton père a raison, dit-elle. Les moqueurs ne font rien d'autre que de la musique pour notre plaisir. Ils ne viennent pas picorer dans les jardins des gens, ils ne font pas leurs nids dans les séchoirs à maïs, ils ne font que chanter pour nous de tout leur coeur. Voilà pourquoi c'est un péché de tuer un oiseau moqueur.
- Miss Gates, c'est une gentille dame, non ? demandai-je.
- Tout à fait. Moi je l'aimais bien quand j'étais dans sa classe.
- Elle déteste Hitler...
- Qu'est-ce qu'il y a de mal à ça ?
- Aujourd'hui elle nous a expliqué comme il était méchant avec les Juifs. C'est pas bien de persécuter les gens, hein, Jem ? Je veux dire même en pensée ?
- Evidemment que non, Scout ! Qu'est-ce qui te prend ?
- Eh bien l'autre soir en sortant tu tribunal, Miss Gates... elle descendait les escaliers devant nous, tu l'as peut être pas vue... elle parlait avec Miss Stephanie Crawford. Je l'ai entendue dire qu'il serait temps que quelqu'un leur donne une bonne leçon, qu'ils se sentaient plus et qu'un de ces jours ils finiraient par penser qu'il pouvaient nous épouser. Jem, comment peut-on tellement détester Hitler si c'est pour se montrer odieux avec les gens de son pays ?
J'ai moi-même été touchée par l'annonce de la mort de Harper Lee et je vais sans doute relire ce chef d’œuvre, et le faire lire aussi.
RépondreSupprimerBon dimanche.
Réponse un peu tardive après mes vacances en Creuse. Oui, ce livre est à lire et à relire. Par contre je ne sais pas quelle est la valeur de son deuxième roman, refusé à l'époque par l'éditeur, oublié pendant tant d'années au fond d'un tiroir!
SupprimerJe ne sais pas trop non plus. Je n'ose m'en approcher. Je ne voudrais pas être déçue.
Supprimerpour une fois j'avais trouvé, la dernière fois je croyais mais non pas du tout j'étais à côté de la plaque, je joue pour de faux car je ne veux pas apparaitre trop nulle :-)
RépondreSupprimerje viens de le télécharger en livre audio chic un bon moment pour nuits difficiles
Mais qu'est-ce qu'un livre audio-chic? Tu piques ma curiosité!
SupprimerUn livre qu'il me reste à découvrir...
RépondreSupprimerLe film aussi n'est pas mal même s'il est un peu bavard.
Supprimerun de ces grands classiques que je n'ai pas encore lu!
RépondreSupprimeret que tu liras certainement un jour.. Tu as le temps!
SupprimerJamais lu, mais il me semble que j'ai vu le film il y a très longtemps. Je vais noté le titre pour une séance ciné. Si on peut le trouver en dvd.
RépondreSupprimerOui, on le trouve facilement en DVD. Bonne séance de ciné en famille.
SupprimerJ'avais beaucoup aimé aussi les "jeux d'enfant", comment ces enfant grandissent sans mère à cette époque... Tu en parles très bien, comme d'habitude ! :D
RépondreSupprimerOui, je l'avais beaucoup aimé à la première lecture, un peu moins à la seconde car ce qui m'intéresse le plus c'est, bien sûr, le combat d'Atticus.
SupprimerJe ne l'ai toujours pas lu, je me demande comment je fais ... à renoter et surligner.
RépondreSupprimerOn ne peut pas tout lire! C'est la triste constatation que nous sommes amenés à faire, nous autres lecteurs qui n'avons qu'une seule vie.
SupprimerJe vais lire le roman va et poste une sentinelle et je me demande si je vais relire son premier roman que j'avais beaucoup aimé. J'ai gardé un peu près les mêmes souvenirs que toi et j'ai quasiment le même avis que toi...
RépondreSupprimerJe suis curieuse de savoir ce que tu penseras du second roman!
SupprimerUn roman que j'ai ADORÉ! <3
RépondreSupprimerUn grand moment de lecture, un grand film également, avec Gregory Peck et la petite Mary Badham.
Bravo pour ce superbe billet Claudia!
Bisous
Je vois que ton enthousiasme est grand! Est-ce qu'on l'étudie aussi au Canada?
SupprimerUn excellent roman que tu as raison de nous remettre en tête. (Mon commentaire sur Hedda Gabler n'est apparemment pas passé, à moins que je l'aie mis ailleurs, désolée.)
RépondreSupprimerUn excellent roman, oui! Pour Hedda gabler, je vais aller voir; Je reviens d'un séjour en Creuse chez ma fille et j'ai du retard pour tout!
SupprimerIl reste encore à découvrir en ce qui me concerne !:) tôt ou tard...:)
RépondreSupprimerOui, tôt ou tard, on finit par les lire, ces livres incontournables.
SupprimerJe l'ai lu et beaucoup, beaucoup, beaucoup aimé ;0) Là, tu me donnes juste envie de le relire (je ne sais pas ce que j'ai en ce moment mais j'ai très souvent envie de relire un roman que j'ai apprécié, ce qui m'arrivait plutôt rarement avant) Cette petite fille est vraiment attachante et le père est un homme bien qu'on aurait bien voulu connaître ! Bises, bonne semaine
RépondreSupprimerOn finit par avoir envie de relire quand on s'aperçoit combien on oublie! Parfois il ne reste que des bribes ou même que des impressions d'un livre même si on l'a aimé..
SupprimerBonjour ! Je l'ai dans ma pile, ce billet me pousse à le mettre dans mes toutes prochaines lectures :-) Bon week-end!
RépondreSupprimerAlors, pas d'hésitation!
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