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lundi 12 mai 2025

Challenge Bulgarie Bilan 1

 

Nicolaï Raïnov : peintre Bulgare Le royaume enchanté

 

 Je suis en ce moment en Bulgarie, d'abord à Sofia puis à Plovdiv. Voici le premier bilan de nos lectures à la découverte des écrivains bulgares.

 

Claudialucia

 Challenge Bulgarie : Littérature Histoire Art qui se joint à moi ?

Les Héros nationaux bulgares : Hristov Botev, Vassil Levski, Hadji Dimitar

 Les peintres bulgares : Vladimir Dimitrov Le Maître et Radi Nedelchev

Elena Alexieva : Le prix Nobel  

Anton Dontchev : Les cent frères de Manol

 Elitza Guieorgieva : Les cosmonautes ne font que passer

Kapka Kassabova : Elixir 

Victor Paskov : Ballade pour Georg Hanig

Yordan Raditchkov  : Le poirier/ Les noms

Yordan Raditchkov : les récits de Tcherkaski

Ivan Vazov : sous le joug

Jules Verne : Le pilote du Danube

Yordan Yolkov Un compagnon mon billet 

Yordan Yolkov Soirée étoilée mon billet


Fanja

Le pays du passé de Gueorgui Gospodinov 

 

Je lis je blogue
 

Elitza Guieorgieva : Les cosmonautes ne font que passer 

Viktor Paskov Ballade pour Georg Henig 


Miriam :

 

Carnets bulgares 

Theodora Dimova : Les dévastés 

Anton Dotchev : Les cent frères de Manol

Kapka Kassabova Elixir ou la vallée de la fin des temps

Kapka Kassabova : L'esprit du lac 

Kapka Kassabova : Lisière 

René Kabestan : La vierge jurée 

Marie Kassimova-Moisset :  Rhapsodie balkanique 

Alexandre Levy : Carnets de la Strandja : d'un mur à l'autre 1989-2019 

Paskov Victor : La ballade pour Georg Henig

Jules Verne : Kereban le têtu 

Jules Verne : Le pilote du Danube 

Angel Wagenstein :  Adieu Shangaï

Angel Wagenstein : Le pentateuque ou les cinq livres d'Israel



Rappel du challenge :

A partir du mois de Mars jusqu'à la fin septembre, je propose que l'on découvre la littérature bulgare mais aussi l'histoire du pays et les arts, peintures, icônes, fresques, architecture...

 Laissez vos liens ici.

 

Nicolaï Raïnov : peintre bulgare Le royaume enchanté




 

vendredi 9 mai 2025

Victor Paskov : Ballade pour Georg Henig

 

 

Le livre de Victor Paskov, Ballade pour Georg Henig, autobiographique, est l’histoire d’une amitié qui lie le petit garçon,Victor, à un maître luthier tchèque dans un quartier pauvre de la ville de Sofia au début du communisme.  

Victor fait la connaissance de Georg Henig quand il a cinq ans et que son père commande au maître un  1/8 ième de violon pour lui apprendre à jouer. Le père de Victor est musicien et gagne difficilement sa vie en travaillant à l’Opérette. Sa mère, couturière, gratte péniblement quelques sous en fabriquant des cols. Elle vient d’une famille bourgeoise de propriétaires terriens, dont les biens ont été nationalisés par le régime communiste, mais qui ne s’en considère pas moins comme supérieure à la famille de Victor. Les parents refusent de parler à leur fille qui s’est déclassée, pensent-ils, en se mariant à un pauvre artiste qui appartient, de plus, à la minorité valaque ! Dédain qui provoque la colère de la mère qui ne cesse de se plaindre de sa pauvreté. Or, tous ses malheurs semblent s’être polarisés dans le fait qu’elle n’a pas de buffet pour ranger ses affaires. Le Buffet - ou plutôt son absence-  devient une affaire d’état, une idée fixe, une récrimination de tous les instants à tel point que, c’est décidé, le père va le construire, ce buffet, puisqu’il n’aura jamais l’argent pour l’acheter ! Un Buffet ! Les parents de Victor deviennent  presque des traîtres à leur classe sociale aux yeux des voisins ! Il faut dire que la mère  manque de modestie dans son  accession aux sphères supérieures en tant que riche détentrice de buffet ! Ce passage est traité avec beaucoup d’humour mais aussi avec beaucoup de compréhension et d’amitié pour les gens humbles qui vivent dans son quartier, qui peinent à joindre les deux bouts et s’empruntent mutuellement de l’argent dans une solidarité sans faille. 


Pour construire un buffet, le père de Victor va avoir besoin d’emprunter l’atelier du maître luthier. Mais lorsqu’ils vont le voir, le ton change. Le vieil homme qui a perdu sa femme s’est abandonné, souffre de malnutrition, de manque d’hygiène, d’abandon et de solitude. Une si grande détresse ! Dès lors, la famille le prend sous son aile et le petit garçon va nouer une relation très forte avec le vieil homme qui lui fait partager son univers toujours à la limite du fantastique. Les Esprits de sa famille viennent rendre visite au vieillard quand le soir tombe et parlent avec lui, saluent le petit garçon, le maître fabrique un dernier violon, ce sera le violon de Dieu, et surtout l’enfant y apprend que la véritable richesse n’est pas dans ce que l’on possède mais dans l’art, dans la musique, et aussi dans l'amour, la solidarité.

Le récit est conté avec une tendresse et un humour qui en font le charme et les personnages sont très attachants.

 

Miriam : ballade pour Georg Henig 

Patrice : Et si on bouquinait  Ici

Je lis je blogue Ici





mardi 6 mai 2025

Anton Dontchev : Les cent frères de Manol

 

 

Les cents frères de Manol est un roman dans lequel Anton Dontchev décrit l’islamisation forcée des populations chrétiennes en Bulgarie, dans les montagnes des Rhodopes, à la fin du XVII siècle. 

Ce roman est aussi un hommage à la Nature, une ode à ces montagnes à la fois sauvages et protectrices pour ceux qui la connaissent et lui appartiennent, au plus près de la grotte d’Orphée où l’on jette les chiens errants qui hurlent à la mort de manière lancinante. Le printemps et surtout l’automne, somptueux, avec ses couleurs rougeoyantes que les femmes imitent pour tisser leurs tapis et teindre leurs vêtements, sont d’une beauté toujours renouvelée.

« La vallée d’Elindenya faisait penser à ces parures de verre coloré enrobé de cristal. L’air était si pur que j’avais l’impression de toucher la montagne en tendant la main. Là où il n’y avait que deux couleurs, on en voyait à présent flamboyer des dizaines… Sur la masse d’acier bleu noir des forêts de sapin apparaissaient çà et là les taches de rouille des hêtres aux feuilles rougissantes, mais seulement au bas des versants. Sur les hauteurs, la muraille sombre se dressait vers le ciel, réfractaire à l’automne et au pourrissement. Le soleil ne se levant plus assez haut pour éclairer les versants abrupts au nord, les forêts couvrant ceux-ci ne se départaient plus de la robe violette et noire de l’ombre. »

 Nous sommes à l’époque du siège de Candie (La Crète, ville Héraclion) commencé en 1648  qui oppose les Turcs aux Vénitiens et aux français venus leur prêter main forte. Le grand Vizir Ahmed Pasha Kropulu prend la ville de Candie en 1669 à la grande satisfaction du sultan Mehmed IV, portant l’empire ottoman à son apogée. Pour briser toute résistance extérieure, les chrétiens des montagnes des Rhodopes en Bulgarie, alors sous le joug turc, sont islamisés de force.

Dans Les cents frères de Manol, Anton Dontchev offre un récit à deux voix qui propose deux points de vue opposés. D’une part, celle du pope Aligorko qui raconte ce qui se passe dans la population bulgare. D’autre part, la vision de celui que l’on appelle le Vénitien qui accompagne l’armée turque venue convertir les bulgares. Le Vénitien est en fait un noble français islamisé, fait prisonnier par les Turcs au siège de Candie. Il a dû choisir lui aussi entre la mort et la conversion si bien que même s'il est du côté des Turcs, les sentiments que lui inspirent les chrétiens martyrisés transparaissent car rien, dit-il, n’a pu éradiquer la foi ancienne.
Le roman commence avec l’enfance de Manol, comme une légende issue pourtant d’une triste réalité   : de jeunes bulgares sont amenés par les Turcs loin de leur pays, les garçons pour devenir des janissaires, les filles pour servir dans les harems. Parmi elles, une jeune épousée avec son bébé qu’elle ne peut plus nourrir. Elle le dépose sur une branche d’arbres pour qu’une biche le nourrisse. C’est Karamanol, le Haïdouk*, traqué par les Turcs, qui le trouve et l’emporte  à travers les forêts : « Toujours est-il que Karamanol descendit en cent villages et cent mères nourrirent son petit protégé ». Karamanol, avant de mourir, confie l’enfant au père Galouschko qui « l’appela  Manol du nom de son père nourricier, et lorsque l’enfant eut grandi on commença à l’appeler Manol aux cent frères ». Une légende qui prend une dimension épique et dont les héros, nobles et courageux, Manol en tête, sont des bergers qui tiennent tête à l’oppression turque, choisissant le supplice et la mort plutôt que de trahir leur foi, certains se cachant dans les montagnes et échappant  à leurs  poursuivants. L’emprisonnement des chrétiens dans le Kanak*, leur résistance héroïque, les supplices qui leur sont réservés, donnent au roman un caractère dramatique grandiose mais les peurs et les défaillances des autres, la faim qui vrille les ventres, le froid qui transperce, la mort qui rôde autour d’eux, soulignent leur fragilité et nous touchent d’autant plus. 

 
Les cent frères de Manol compte un grand nombre de personnages que ce soit du côté bulgare, Manol et ses fils, le jeune Mirtcho  et Momtchil qui finira par incarner aux yeux des Turcs et à lui seul la résistance, la farouche et altière Elitza, Sveda séductrice et fourbe, le père Galouschko dont le fils est devenu janissaire … que ce soit du côté turc. Ainsi le Bey Karaïbrahim, complexe et tourmenté, à la tête d’une armée de cent cavaliers est, lui aussi, face à Manol, un homme hors du commun, et de même l’aga Suleyman, maître du Konak* de la vallée,  pragmatique et retors, qui comprend que, pris entre deux feux, les bergers et l’armée de Karaïbrahim, son temps est fini.  Ce sont des personnages pleins de vie, parfois de fureur, de cruauté, de doute,  de souffrance, mais aussi de joies, d’amour, des êtres humains que nous sentons proches de nous malgré leur dimension héroïque. Mais ce sont aussi des symboles. A travers eux, à travers les « cent frères », Anton Dontchev décrit tout un peuple attaché à sa culture, à ses racines, à ce qui fait son identité, tout un peuple résistant pour rester lui-même et conquérir la liberté mais qui n’est pas encore parvenu à mâturité pour y accéder.

« Karaïbrahim disait qu’être seul, c’est être fort. Selon moi, il aurait dû dire : c’est devenir une bête féroce. L’homme ne vit pas seul. Il lui faut choisir : vivre seul ou vivre avec son prochain. Karaïbrahim voulait être seul et rompre tous les liens avec les autres. Alors que les bergers faisaient tout pour rester ensemble. » La solidarité comme preuve d'humanité.

Un très beau livre, magnifiquement écrit !


*Haïdou : un hors-la-loi, ici, dans ce contexte, vu du côté bulgare, un rebelle, révolté contre les Turcs
 

*Konak : palais, résidence des riches turcs

 


 

vendredi 2 mai 2025

Jules Verne : Paris au XX siècle

 

 

Le roman d’anticipation Paris au XX siècle que Jules Verne a  écrit en 1860  n’est paru à titre posthume qu’en 1994. Il a été refusé par son éditeur Hetzel peu après la publication de Cinq semaines en ballon. J’ai lu la lettre de refus et je me suis dit que l’éditeur était bien méchant envers le pauvre jeune écrivain. J’étais décidée à bien l’aimer, ce roman !… Et bien non, il m’a agacée !

Hetzel explique à Jules Verne que son livre est raté parce que personne ne pourra croire à toutes les « prophéties » qu’il  présente pour décrire Paris dans le Futur. Et pourtant, ce qu’imagine Jules Verne est parfois extravagant mais jamais autant, finalement, que la réalité. Par exemple, il n’a pas prévu que l’on réduirait certains problèmes techniques par l’infiniment petit et non par le gigantisme, pour les machines qui ressemblent à l’ordinateur, la calculatrice, la photocopieuse. Que Paris soit devenu un port par l’aménagement d’un canal et la création de docks, que les véhicules y circulent proprement - voitures à hydrogène- sans émettre de vapeur (et oui pas de pollution), métros grâce à un système d’air comprimé, après tout, pourquoi pas ? Le moteur à air comprimé était déjà inventé et Verne voyait loin à l’adaptant aux transports, même s'il délirait un peu en utilisant les catacombes pour y stocker l’hydrogène ! Bref ! Tout cela cela ne me gêne pas !

Comme dans tout roman de science-fiction, Jules Verne critique la société de son temps à travers la présentation du futur, il prend à parti le matérialisme d’une époque tournée vers les sciences et qui accorde peu d’attention à la spiritualité et à la culture. Là aussi, c’est ce que l’on attend ! Mais cette critique trop répétitive, trop appuyée, frôle la démesure et finit par être lassante. Il n’a pas tort, pourtant, Jules Verne, lorsqu’il prévoit l’abandon du latin et du Grec dans les lycées au profit des chiffres, des mathématiques, mais il n’a plus aucune nuance quand il prévoit que les écrivains, Hugo, Balzac, Stendhal… seront tous tombés dans l’oubli.

« - Que désirez-vous, monsieur, lui dit l'employé, chef de la Section des demandes.

- Je voudrais avoir les œuvres complètes de Victor Hugo, répondit Michel.
L'employé ouvrit des yeux démesurés.
- Victor Hugo, dit-il Qu'est-ce qu'il a fait?
- c'est un des plus grands poètes du XIXe siècle, le plus grand même, répondit le jeune homme en rougissant. »


Tout est vu, raconté ou décrit pour servir son propos !  On dirait  un roman à thèse et il finit par être maladroit et lourd.

Le personnage principal, Michel, est un jeune étudiant fort en thème, c’est à dire bon à rien, selon les critères de son oncle, financier, qui l’élève et veut faire de lui un comptable  alors qu’il se veut poète. Heureusement, Michel  a un ami, musicien, un oncle du côté maternel qui est archiviste-bibliothécaire, un professeur de latin-grec doté d’une fille, l’adorable Lucy. Histoire d’amour forcément !  Il existe des gens sauvables, tout de même ! Mais les personnages sont si caricaturaux, si manichéens, (l’oncle, le cousin), si démonstratifs,(les jeunes gens) que l’intérêt est réduit. Ils  manquent de vie et d'étoffe.


Au fond, Jules Verne reste un visionnaire dans ce livre  mais le récit est plat et sans grand intérêt littéraire si ce n'est qu'il est une curiosité !

 Voir Patrice ICI

 



mercredi 23 avril 2025

T C Boyle : Parle-moi



Dans Parle-moi,  T C . Boyle  présente  un récit qui ressemble beaucoup à l’histoire vraie du bébé chimpanzé Nim élevé par la famille Lafarge comme l’un de ses enfants puis abandonné lorsque l’on n’eut plus besoin de lui, l’expérience scientifique étant arrivée à son terme et les subventions coupées. Comme Nim, le chimpanzé Sam connaît plus d'une centaine de mots et peut les lier dans des combinaisons différentes, il ressent des émotions et parvient à les exprimer, comme un enfant, il n’aime pas aller à l’école et étudier, il aime faire des farces et rire, adore les câlins, la pizza, les bonbons, le coca et les jouets et surtout il ne se voit pas comme un chimpanzé mais comme un être humain.
 

Sam passe à la télévision, ce qui plaît beaucoup au professeur Guy Shomerhorn qui espère ainsi booster sa carrière et recueillir les honneurs. Mais le chimpanzé appartient au grand patron Moncrief, un personnage suffisant, antipathique et sans empathie.  Lorsque l’apprentissage du langage est remis en cause, Montcrief ne traite plus Sam comme un enfant d’humain mais l’enferme dans une cage pour la reproduction avec d’autres primates qu’il vend ensuite à des laboratoires pour des expériences médicales. La seule qui éprouve une réel amour pour Sam, sans calcul et sans égoïsme, c’est Aimee, l’étudiante et la maîtresse de Guy, qui comprend le désarroi du chimpanzé privé d’un seul coup de tout ce qui faisait sa vie, de l’affection, des soins, des privilèges de son statut d’enfant-roi, enfermé avec des « bestioles noires » qui lui font peur, ne savent pas parler et en qui il ne se reconnaît pas. L’humaniser pour le rejeter ensuite, comme il est fait dans le roman pour Sam et dans la réalité pour Nim,  est une action irresponsable.

 Les humains minimisent les acquis linguistiques de Sam, son intelligence, refuse de voir les ressemblances existant entre son espèce et la nôtre, pour ne pas être dérangé et pouvoir continuer à l’utiliser sans se sentir coupables. Le reconnaître dans son individualité et sa personnalité, en effet, c’est admettre que l’homme n’a pas le droit d'abuser de lui et qu'il faut des lois pour le protéger. Quand je faisais mes études de Philo, on nous apprenait que les animaux n’avaient pas d’intelligence et d’émotions, qu’ils agissaient uniquement par instinct. Les éthologues ont bien fait évoluer les mentalités mais les préjugés ont la vie dure surtout quand il s’agit de défendre les intérêts des laboratoires pharmaceutiques.

 Ce roman, très proche donc de la réalité, pose les limites de notre responsabilité envers les autres espèces. Il soulève des questions d’éthique, en particulier, sur la manière dont nous nous comportons envers les primates qui partagent 98%  de notre patrimoine génétique. Le chimpanzé est très proche de nous. Il  éprouve comme nous bien des émotions communes, l’amour, la joie, la tristesse, la colère, la jalousie, l’humour, la culpabilité, la honte, et à ce titre la manière dont Sam (ou Nim) est traité tient de l’esclavagisme, de l’exploitation et de la cruauté. 

Mais il ne faut pas nier, non plus, qu’il ne peut pas aller contre sa nature. C’est aussi lui manquer de respect que de vouloir le détacher de son espèce, en faire un étranger aussi bien chez les siens que chez les humains. C'est une vérité qu'Aimee est bien obligée d’admettre lorsqu’elle vole Sam à son propriétaire pour le libérer et s'occuper de lui, dans une cavale qui ne peut que mal se terminer.

Un roman intéressant et qui a le mérite de nous faire réfléchir ! 


Voir l'article sur Nim : Le chimpanzé qui se prenait pour un enfant



lundi 21 avril 2025

T kingfisher : Nettle et bones

 

 

J’avoue que le texte de la quatrième de couverture  tout en me faisant rire m’a donné une furieuse envie de lire ce livre :

Ce n’est pas le genre de conte de fées où la princesse épouse une prince.
C’est celui
où elle le tue


Fanja aussi y est pour quelque chose qui en parle ICI. Notons que le roman a eu le prix Hugo du meilleur roman 2023 ainsi qu’une multitude d’autres prix..

Once upon the time…. Entrons dans ce conte de fées subversif où, vraiment, on dit non à la femme considérée comme une poule pondeuse et poussée dans l’escalier par un prince pas si charmant si elle ne fait pas l’affaire.  Des poules, d’ailleurs, des vraies, il en est question dans le conte et pas des moindres comme comme la dénommée (et bien nommée) Démon.  Mais la petite poule rousse du conte traditionnel (même si elle n’est pas possédée par un démon) a, elle aussi, un caractère affirmée ! Donc, méfiez-vous des poules !  Mais n’anticipons pas !  Sachez pourtant que le livre est dédié  « à ces oiseaux rares que sont les poules fortes et indépendantes » !

Dans un tout petit royaume ( mais important parce qu’il a un port commercial), entouré par les royaumes du Sud et du Nord qui le convoitent tous les deux, la reine, mère de trois filles, donne son aînée, la douce Damia, au Prince du Royaume du Nord, Vorling. Elle obtient ainsi la protection du prince. Quelque temps après le mariage, la jeune femme meurt accidentellement.
Et maintenant Kania, la seconde, une fille intelligente et avisée, épouse le prince. Marra, la petite dernière, elle, est envoyée au couvent parce qu’elle est la troisième sur la liste, « en réserve de la royauté », si jamais Kania n’avait pas d’enfant ou si elle mourrait : Sait-on jamais ? Ce serait son tour d’épouser Vorling !
Mais lorsque Marra revoit Kania à l’occasion du baptême de sa fille suivi bientôt de la mort du bébé, elle comprend que le prince, violent, obsédé par le désir d’un héritier (mâle, bien sûr,) bat sa femme et la retient prisonnière. Pour rester en vie, Kania enchaîne les grossesses qui l’épuisent. Elle sait que lorsqu’elle aura un fils, elle perdra toute valeur et le prince se débarrassera d’elle ! Marra apprend aussi que Vorling a tué Damia qui ne pouvait pas avoir d’enfant.

Féminicide(s) au pays des contes de fées ! Que peut on faire contre un souverain tout puissant, intouchable, dont rien, aucune loi, ne peut arrêter la violence et les meurtres ?  Le tuer. Et comme dans tout bon conte de fées, la jeune fille se met en quête d’adjuvants magiques, la Dame-poussière qui sait parler aux morts (et ses poules); sa marraine-fée qui ne sait accorder qu le don de bonne santé à ses filleules, faible créature (?) mais ne vous y fiez pas ! Enfin, une autre aide, humaine et non-magique comme Fenris, un chevalier sans peur et sans reproches (presque !), un costaud qui sait fendre des bûches et oui, c’est utile, pour obtenir gite et couverts et qui sait manier l’épée !  Ce qui prouve qu’on aime aussi les hommes ici ! Et Marra, en particulier, n’est pas insensible à son charme ! Ah! Ah !  
Il lui faut aussi accomplir trois épreuves impossibles, coudre une cape en tissu de fil de hibou et de cordelettes d’orties, fabriquer un chien d’os avec les os de plusieurs chiens morts et faire prisonnier un clair de lune dans un pot en argile.
Et la voilà enfin prête à affronter le prince Vorling et sa fameuse marraine-fée douée de pouvoirs extraordinaires, à la manière de la fée-sorcière de Disney et qui maintient la puissance de la dynastie depuis un millénaire.

Nettle and Bone se lit avec beaucoup de plaisir. L’imagination de T. Kingfsiher semble sans borne, les aventures s’enchaînent, l’humour est toujours présent. La manière de réinterpréter les contes de fées traditionnels est amusante, savoureuse, comme lorsque la marraine-fée de Marra rappelle le danger qu’il y a d’oublier d’inviter une marraine à un baptême. La visite de la cité des morts est fantastique à souhait et plus proche cette fois-ci de la mythologie nordique ou de Tolkien que du conte traditionnel.

Bref ! Une agréable lecture très mouvementée !


samedi 19 avril 2025

Roberto Bolano : Le troisième Reich

 

J’ai lu, dans Télérama, que le livre 2066 de l’écrivain chilien Roberto Bolano était considéré comme l’un des plus importants de la littérature du XX ième siècle. Ni ma bibliothèque, ni ma librairie ne le possédant, j’ai acheté un peu au hasard un autre roman de lui intitulé : Le troisième Reich


Un jeune allemand Udo Berger est en vacances avec sa petite amie, Ingeborg, sur la Costa Brava. Il connaît bien l’hôtel où il descend, sur le Paseo Maritimo, puisqu’il y venait en vacances, pendant des nombreuses années, avec ses parents. Il y a dix ans de cela. Dès son arrivée, il reconnaît Frau Else, la propriétaire de l’établissement, une belle femme qui a provoqué ses premiers émois d’adolescent.
Udo Berger, avec son ami Conrad, est un passionné de jeux de guerre, champion d’Allemagne, et écrit dans les fanzines, gagnant ainsi un peu d’argent pour compléter le salaire qu’il gagne pour un travail qu’il n’aime pas. Dès qu’il arrive dans sa chambre, il se fait installer une grande table pour étendre son jeu et noter les règles et les variantes en vue d’un article.

Udo est très amoureux de la belle Ingeborg et espère que les premières vacances qu’il passe avec elle consolideront leur relation naissante. Mais dès le début, un malaise s’immisce entre eux. Ingeborg aime passer des heures sur la plage alors que lui reste dans sa chambre avec son jeu, se lie avec un couple allemand, Charly et Hanna, fait connaissance de deux espagnols d’une moralité douteuse que Udo surnomme non sans raison Le Loup et l’Agneau. Elle traîne Udo dans des boîtes de nuit, de bar en bar et tous finissent plus ou moins ivres.  Charly, surtout, qui semble se débattre avec ses démons. De plus, elle a honte de l’addiction aux jeux de Udo peut-être parce que ce jeu n’est pas anodin. Le troisième Reich met en scène la deuxième guerre mondiale au cours de laquelle Udo (qui représente sans complexe l’Allemagne) cherche à infléchir le cours de l’Histoire en amenant Hitler à remporter la victoire.  Il y a aussi Le Brûlé, loueur de pédalos, un personnage énigmatique rendu monstrueux par les cicatrices de ses brûlures sur le visage et le corps. Il parle espagnol mais semble étranger. Chilien, peut-être ? Mais c’est moi qui le suggère. L’on n’en saura rien !  Il restera mystérieux mais il va accepter de se battre contre Udo et contre le troisième Reich.

Udo Berger tient son journal et nous découvrons les faits de son point de vue. Peut-être est-ce pour cela que les personnages nous échappent, que nous ne les comprenons pas vraiment et que le récit est à la fois étrange et inquiétant. Nous ne sommes pas placés du point de vue du narrateur omniscient mais d’Udo à qui beaucoup de choses sont cachées quand il est enfermé dans sa chambre, lui-même prisonnier de ses fantasmes et de ses addictions. Les gens semblent se croiser sans se rencontrer. Le viol, la violence, la domination s’invitent dans les rapports amoureux. Udo est souvent la proie de cauchemars qui débordent dans la vie quotidienne, effaçant les frontières entre le jeu, le rêve et la réalité. Le malaise ne cesse de s’intensifier jusqu’au dénouement tragique pour l’un d’entre eux, et lorsque tout semble résolu, quand le jeu se termine, la vie n’est plus pour Udo qu’une illusion.

« J’ai dit à Conrad que, à bien y réfléchir et pour tout résumer, nous étions tous pareils à des fantômes qui appartenaient à un état-major fantôme s’exerçant sur des plateaux de jeu de guerre. Les manoeuvres à l’échelle. Tu te souviens de Von Seeckt ? Nous avons l’air d’être ses officiers, nous nous jouons de la légalité, nous sommes des ombres qui jouent avec des ombres; »

Faut-il prendre le jeu comme une allégorie de la vie ? Faut-il y voir le combat toujours renouvelé du Mal  - symbolisé par les armées et idéaux nazis - , et du Bien, une bataille incessante  où l’un ou l’autre gagne et perd tour à tour ? Udo est-il pro nazi ?  Le Brûlé a-t-il un intérêt personnel à relever le défi lancé par Udo ?

Le troisième Reich est le second livre écrit par Bolano en 1989 et édité à titre posthume. Ce roman est l’oeuvre d’un grand écrivain. Il ne peut laisser indifférent et laisse libre cours à l’interprétation. On a l’impression de ne pas avoir tout compris, d’avoir été abandonné au milieu d’un non sens et ces personnages fantomatiques nous égarent encore plus ! Parfois on a l’impression qu’il ne se passe rien; de faire du sur place, en proie à un malaise persistant. J’ai rarement senti un tel désabusement, une telle angoisse, un tel désespoir dans une oeuvre !


J’ai lu dans Babelio la critique de Apoapo qui n’a pas aimé le livre. "Songez encore à un jeu de guerre sur plateau, éponyme du roman, qui commence à avoir du poids seulement à partir de la moitié de celui-ci, mais dont il serait vain de chercher des correspondances avec la fabula – c'eût été trop satisfaisant pour le lecteur… - même lorsqu'une liste de plus d'une page (328) de noms et surnoms de généraux nazis (réels ou imaginaires ? je n'ai pas eu le coeur de vérifier…) est jetée en pâture sans suite et sans raison. le déroulement du jeu ne reproduit ni des étapes textuelles (lesquelles ?!) ni celui de la véritable Seconde Guerre mondiale."

 Je vous renvoie à son texte ICI

 

Chez Je lis je blogue

 

jeudi 17 avril 2025

Connie Willis : Sans parler du chien


 

Sans parler du chien de Connie Willis est un récit qui fait suite au roman Le grand livre, voyage temporel pour étudier le Moyen-âge lors de la grande peste !  Dans Sans parler du chien, nous sommes au XXI ème siècle et nous continuons à voyager dans le temps mais cette fois-ci au XXème siècle, juste avant le raid aérien nazi qui détruisit la cathédrale de Coventry en Novembre 1940.

 L’historien Ned Henry est chargé par l’opiniâtre lady Schrapnell qui veut reconstruire la cathédrale de Coventry à l’identique, de retrouver la potiche de l’évêque. Ce qui n’est pas simple étant donné l’imprécision du retour dans le passé. Quand on arrive, par exemple, après ou pendant le bombardement au lieu d’arriver avant !
A force de faire la navette entre les deux époques, Ned Henry subit un énorme déphasage, c’est pourquoi pour échapper à la terrible lady, on l’envoie à l’ère victorienne, à la fin du XIX siècle. Théoriquement, il  doit se reposer dans cette époque paisible, mais aussi, il lui faut accomplir une mission à laquelle il n’a rien compris, déphasage aidant. Et le voici en train de canoter sur la Tamise avec un étudiant sympathique, Terence, et son fantasque professeur, ( coup de chapeau à Trois Hommes dans un bateau de Jerome K. Jerome), le voici qui rencontre l’arrière, arrière, arrière grand-mère de Lady Schnappel, Tossie, une blonde et délicieuse victorienne, aussi sotte que belle, qui a une révélation devant la potiche de l’évêque. Ce qu’elle confie à son journal. Journal qui tombe entre les mains de sa petite, petite, petite fille, Lady Schrapnell. Oui, toujours elle !  Ce qui explique son idée fixe à propos de la susdite potiche ! Rien n’est simple et tout se complique et d’autant plus quand Ned Henry comprend ce que l’on attend de lui : Il doit corriger une dangereux paradoxe temporel causé par une de ses collègues, Harriet, qui a ramené un chat d’une de ses expéditions.  Or, il se trouve que le chat, Princesse Arjumand, est une chatte et que c’est l’animal de compagnie de l’inénarrable Tossie ! Ajoutez à cela que Ned Henry a, sans le vouloir, empêché la rencontre de Terence avec celle qui devait devenir sa femme, empêchant par suite logique la naissance de leur fils, un jeune homme qui devait devenir un héros de la défense aérienne britannique, dramatique absence qui risque de favoriser ainsi la victoire du troisième Reich ! Catastrophe ! Il va falloir tout réparer et, bien sûr, retrouver la potiche de l’évêque !  Vous avez dit repos ?

Ce roman qui exploite un thème de science-fiction récurrent* : - que se passerait-il dans l’avenir si quelqu’un modifiait un tant soit peu le passé ? - présente parfois quelques longueurs mais est souvent hilarant ! Le déphasage de Ned Henry, les jeux de mots, les quiproquos, les personnages, les ridicules de la société victorienne avec ses séances de spiritisme, tout concourt à nous faire rire. Connie Willis a un humour renversant et nous conte une histoire complexe et enchevêtrée dont la conclusion ne manque pas de sel !

 Prix Hugo et prix Locus 1999

 * je me souviens toujours du roman de Barjavel, Le voyageur imprudent, qui présente le problème suivant : un voyageur dans le passé tue celui qui sera son grand-père mais avant que celui-ci ne soit marié et ait un enfant. Donc, le voyageur n'a pas pu naître. Oui, mais s'il n'est pas né, il ne peut pas tuer son grand-père...

 

La cathédrale de Coventry en ruines et nouvelles cathédrale

La cathédrale Saint Michel de Coventry a bien été  détruite lors d'un raid aérien le 14 Novembre 1940 mais elle n'a pas été reconstruite à l'identique comme dans le roman ! Au contraire, l'architecte, Basil Spence, a voulu conserver les ruines et a construit un bâtiment moderne à côté d'elle.

 

 

 

 

Printemps chez Moka

Chez Moka (535 pages)


mardi 8 avril 2025

John Grisham : Les Oubliés et La Sentence

 

Les Oubliés

Dans Les oubliés, John Grisham raconte l’histoire d’un avocat, Cullen Post, devenu pasteur après une grave dépression lié à son métier et qui finit par trouver sa vocation en rejoignant Les Anges gardiens, une association à but non lucratif spécialisée dans la défense des innocents injustement condamnés. Ils sont nombreux, des milliers, qui attendent l’injection létale dans les couloirs de la mort ! Ce sont eux les oubliés, hommes ou femmes noirs pris pour cibles par des suprémacistes blancs, ou blancs de milieu social défavorisé qui n’ont pas les moyens de se payer un bon avocat et à qui le système, méprisant et corrompu, fait porter le chapeau. C'est monnaie courante.

Ainsi Duke Russel, accusé de viol à la place du vrai coupable, Carter, a été condamné à mort. Maintenant que la recherche d’ADN existe, il serait facile d’innocenter l’un et de condamner l’autre mais le juge refuse de lancer les analyses.

Parfois, souvent, je n’aime pas les juges, en particulier ceux qui sont aveugles, vieux et blancs, parce que tous ont commencé leur carrière comme procureur et pas un seul n’a d’empathie pour les détenus. Pour eux, quiconque est poursuivi en justice est coupable et mérite son sort. Notre système est infaillible et la justice est toujours rendue.

Le livre raconte l’enquête menée par Post et les difficultés qu’il aura à prouver l’innocence de Duke. Mais il s’occupe aussi d’autres cas et mène plusieurs combats à la fois. Le plus difficile et le plus dangereux sera celui de Quincy Miller, un noir, condamné à perpétuité pour le meurtre d’un avocat. Il a été victime de fausses déclarations extorquées vraisemblablement par le shérif de la ville, derrière lequel se profile une organisation tout puissante.

Je ne vous en dis pas plus, les enquêtes menées sont intéressantes et surtout John Gisham présente une critique sociale au vitriol d’une justice arrogante qui non seulement ne reconnaît pas ses erreurs mais fait tout pour freiner l’accession à la vérité.  

Mr Quincy n’a rien à faire en prison, ni aujourd’hui ni depuis vingt ans. Il a été injustement condamné par l’état de Floride et devrait être libre. Une justice lente est un déni de justice !

Il y affirme ses idées contre la peine de mort, contre le racisme, décrit les conditions de vie dans les prisons pour les détenus comme pour leurs gardiens, un système inique qui permet aux riches et aux puissants de s’en sortir au détriment des classes sociales défavorisées.

Par exemple le gardien de prison :

Il exècre son boulot : se retrouver derrière les grillages et les barbelés, à surveiller de dangereux criminels qui ne pensent qu’à s’évader ou à lui faire la peau. Il déteste cette bureaucratie tatillonne, ces règles à n’en plus finir, ce directeur despotique, et cette violence, ce stress, cette pression qu’on leur met sur les épaules chaque jour, à chaque instant. Tout ça pour douze dollars de l’heure ! Et pour boucler la fin de mois, sa femme doit faire des ménages pendant que sa mère garde leurs trois gosses.

Dans Les oubliés, Grisham se révèle donc, comme dans presque tous ses romans, un fervent antagoniste de la peine de mort. Ainsi il décrit le paradoxe d’une justice qui punit un criminel d’avoir donné la mort par une mise à mort ! Il dénonce l’inhumanité qui parque les détenus dans les couloirs de la mort pendant de nombreuses années et ajoute, à la condamnation, le supplice de l’attente et l’angoisse de mourir en imagination plusieurs fois !

 Duke Russel est dans le couloir de la mort depuis seulement neuf ans. La durée moyenne est de quinze. Vingt ans, ce n’est pas une exception. Notre appel est quelque part dans la onzième cour du circuit à Atlanta, passant de service en service et quand il va arriver chez le bon greffier, l’exécution sera ajournée dans l’heure. Duke retournera en cellule d’isolement en attendant de mourir un autre jour.

J’ai aimé ce roman pour les thèmes qu’il développe mais je le trouve un peu trop démonstratif et l’emploi du présent comme  temps unique du récit, introduit un style très direct mais manquant de nuances.

La Sentence


La sentence, antérieur au roman Les oubliés, reprend des thèmes chers à John Grisham sur la peine de mort et la lutte contre le racisme et l’inégalité sociale.

Le roman est divisé en trois parties :

I) Le meurtre


Pete Banning en Octobre 1946 a pris sa décision.  Il se lève et  se rend à l’église où il  tire sur le pasteur Dexter Bell  qui s’écroule sur son bureau. Il a tout prévu : il laisse en héritage sa propriété à sa fille Stella et son fils Joel qui sont tous deux étudiants ; Florry, sa soeur, ne manquera de rien ; Elle est propriétaire de sa plantation de coton, héritée de ses parents. Liza, sa femme, est enfermée dans un asile psychiatrique après des troubles mentaux.
Qui est Pete Banning ? Un planteur de coton très estimé, pas riche mais aisé, fils d’une vieille famille bien implantée et respectée dans le pays. C’est aussi un héros de guerre. Il s’est illustré aux Philippines,  revient couvert de médailles. Sévèrement blessé, il a dû rester pendant des mois à l’hôpital après son retour de la guerre.
 Il refuse de donner les raisons de son acte non seulement devant la cour mais aussi à sa famille. A ce stade de l’histoire le lecteur le moins fûté comprendra (ou croira comprendre ?) ce qu’il en est en apprenant  que le pasteur est un peu trop porté sur la bagatelle. Sa femme se plaint d’ailleurs de la légèreté de son mari. Pete est condamné : c'est la sentence !

II ) l’ossuaire


La guerre fait rage au Philippines dans la péninsule du Bataan et les japonais sont vainqueurs. Ils amènent les soldats américains et leurs alliés philippins au camp O Donnel. Les souffrances des soldats  lors de la Marche de Bataan appelée aussi la Marche de  la Mort, sous la féroce conduite des soldats japonais, l’emprisonnement dans le camp, la maladie, la malnutrition, l’insalubrité, les coups, les humiliations qui bafouent toute dignité humaine, tout concourt à faire de cette partie un récit passionnant.
De plus un retour dans le passé nous permet de découvrir la rencontre de Pete Banning et de Liza et d’en apprendre plus sur leur mariage.


III) La trahison


La dernière partie s’intéresse aux enfants de Pete Banning, à sa femme et à sa soeur et aux conséquences du meurtre commis par Pete Banning sur leur vie. Et la vérité sera révélée.

J’aime beaucoup ce roman et je le trouve plus riche que Les oubliés dans la mesure où les personnages sont plus complexes, la vision de la société dans les plantations de coton du Mississipi est riche, décrivant les difficultés économiques liées aux récoltes, les rapports entres les blancs, propriétaires des terres et leurs employés noirs. De plus, Grisham possède un art du récit qui rend addictif et la description de la guerre aux Philippines contre l’armée japonaise, la défaite des américains et de leurs alliés philippins, nous tiennent en haleine. On a du mal à s’arracher à cette lecture qui condamne aussi un chef militaire comme le général Mac Arthur, incompétent, qui abandonne ses soldats quand il y a du danger et les laisse seuls face à l’ennemi et le président Roosevelt qui l’a nommé et qui le décore après sa fuite. Grisham règle ses comptes avec l’Histoire et en donne un aperçu que je ne connaissais pas.



 

vendredi 28 mars 2025

Jules Verne : Le pilote du Danube

 

Dans Le Pilote du Danube, Jules Verne concocte pour nous une histoire pleine de dangers et de péripéties, roman posthume qu’il avait à l’origine intitulé Le beau Danube jaune mais son fils, Michel, lui préféra le titre actuel.

Nous sommes en Allemagne, en août 1876, à Sigmaringen où a lieu un concours de pêche auquel participent les plus habiles pêcheurs de La grande Ligue danubienne. Ce concours est gagné par un jeune homme qui se révèle le meilleur à la fois dans le nombre de prises et la taille de la prise. Il s'agit d'un hongrois Ilia Brush …. et celui-ci se dit prêt à réaliser un parcours en barge à partir de la source du Danube jusqu’à son delta en n’utilisant que les produits de sa pêche pour vivre. 3000 kilomètres ! Ce défi provoque l’enthousiasme de tous et de la presse. Chacun est là pour assister au départ triomphal au confluent des deux ruisseaux La Breg et la Brigach qui se rejoignent en amont de Sigmaringen pour former « le danau, d’où les français ont fait Danube. »

Ce Hongrois, personne ne le connaît.  Certains, pleins d’imagination, se demandent s’il n’est pas, en réalité, le chef des brigands qui infestent les bords du Danube et se rendent coupables de vols et de meurtres. D’autres, au contraire, pensent qu’il pourrait bien être, le chef de la police du Danube, Karl Dragoch, qui voyagerait ainsi sous un faux prétexte pour découvrir les coupables. De plus, dès le début de la course, un mystérieux passager, Michel Jaeger, s’invite à bord de la barge.

Pendant ce temps,  nous faisons connaissance d’un jeune homme, Serge Ladko, pilote du Danube, et de sa femme Natcha. Les jeunes époux vivent heureux à Roustchouk, en Bulgarie, au bord du Danube mais ils ont un ennemi, Yvan Striga, rival de Ladko, qui convoite la jeune femme.
En 1875 avait eu lieu le soulèvement de l’Herzégovine et la fièvre gagna les pays sous le joug de l’Empire ottoman. Au mois de Mai 1876 éclate la révolte du peuple bulgare, une rébellion mal préparée, étouffée dans l’oeuf et qui est suivie de représailles terribles ( voir Sous le joug de Ivan Vazov). Ladko, patriote ardent, quitte sa jeune épouse pour participer au soulèvement. Après la défaite, il ne peut rentrer en Bulgarie et bien vite, il n’a plus de nouvelles de Natcha. Serge Ladko décide alors d’aller la rejoindre incognito à Roustchouk.

Voilà ! Au lecteur de débrouiller les fils et de s’y reconnaître pour savoir qui est qui et qui est un autre ! Roman policier, roman d’aventures, roman historique et géographique, les centres d’intérêt sont multiples ! Vous traverserez les dix pays du Danube, visiterez les villes du Danube et leurs richesses... 

 


" En effet, d’un côté, à droite, est Buda, l’ancienne ville turque, et à gauche, Pest, la capitale hongroise. Elles se font face comme le font aussi, une centaine de lieues plus bas, Semlin et Belgrade, ces deux ennemis historiques.
C’est à Pest qu’Ilia Kursch avait l’intention de passer la nuit, peut-être même la journée du lendemain et la nuit suivante, toujours dans l’espoir d’avoir des nouvelles de l’absent. Aussi la barge, au milieu de cette flottille d’embarcations joyeuses, longeait-elle tranquillement la berge de gauche.
S’il eût été moins absorbé par le spectacle enchanteur que présentaient ces deux villes, leurs maisons à arcades, à terrasses, disposées en bordure des quais, les clochers des églises que le soleil à cinq heures du soir dorait de ses derniers feux ; oui, si toutes ces merveilles n’eussent pas sollicité son regard, peut-être aurait-il fait cette observation qu’eût faite assurément M. Jaeger : c’est que depuis un certain temps déjà, une embarcation, montée par trois hommes, deux aux avirons, un à la barre, semblait se tenir en arrière de la barge.

Vous naviguerez au mépris du danger, dans la violence des courants, les tourbillons, la tempête, évitant les rocs énormes qui se dressent sur le passage de l’embarcation, pénétrerez dans le défilé des Portes de Fer… Jusqu’à la Mer Noire.

Les portes de Fer par Fritz Lach

Pendant près d’une lieue, entre des murailles hautes de quatre cents mètres, le fleuve s’écoule, ou plutôt se précipite, à travers un lit qui n’en mesure pas la moitié en largeur. Au pied de ces parois sont entassés d’énormes rocs tombés des crêtes, et contre lesquels les eaux se brisent avec une extraordinaire fureur. C’est à partir de ce point qu’elles prennent cette couleur jaune foncée qui permet d’appeler plus justement le beau Danube jaune, le grand fleuve de l’Europe centrale.

Sans compter que toute une série de coups de théâtre, d'enlèvements, de personnages mystérieux et de méchants très méchants, de quiproquos et de confusion dans les identités de chacun, viennent corser le récit. Une lecture très plaisante, et, comme toujours chez Jules Verne, très documentée!

Chez Miriam Jules Verne : Le pilote du Danube 


Challenge Jules Verne Taloidu ciné chez Dasola


voir lien ici


lundi 24 mars 2025

Ramon Diaz-Eterovic : L' obscure mémoire des armes

 

 

Ce polar L’obscure mémoire des armes de Ramon Diaz-Eterovic est le XII ème d’une série qui met en scène le détective privé Heredia. Et comme c’est le premier que je lis, et même si l’ensemble peut être lu dans le désordre puisque chaque enquête se termine à la fin du volume,  il m’a manqué, me semble-t-il, beaucoup d’éléments pour  être vraiment "dans le bain".
Heredia vit à Santiago, dans un quartier pauvre de la ville et lui-même ne roule pas sur l’or. Une enquête de temps en temps et quelques gains modiques quand il joue aux courses avec son copain, vendeur de journaux. Il a un chat qui parle, son alter ego, et qui ne mâche pas ses mots quand il s’agit de le critiquer. Et si ce chat se nomme Simenon, ce n’est pas par hasard. Heredia est un admirateur de l’écrivain et de la littérature en général. C’est fou ce qu’il a le temps de lire pendant son enquête, poésie, romans ! De lire et de boire car il nous fait faire connaissance de tous les troquets du quartier !  J’aime bien aussi l’humour lié à ce personnage nommé Le Scribe et qui n’est autre que l’écrivain lui-même. Ecrivain ? Un métier qui n’est pas de tout repos quand son personnage l’accuse d’erreurs et de négligences.
Heredia a une amoureuse Griseta qu’il ne voit que de temps en temps. J’ai appris en lisant des critiques sur lui qu’il avait rompu avec Griseta pendant des années et l’avait retrouvée ensuite. Pourquoi ? Comment ? Je n’en sais pas  plus et du coup ce personnage féminin reste anecdotique, si ce n’est que c’est elle qui le pousse à accepter une affaire : enquêter sur la mort violente du frère de son amie Virginia. German Reyes a été tué à la sortie de son travail et, même s’il n’y pas eu vol, la police a conclu à un crime crapuleux. Sa soeur veut savoir ce qui s’est réellement passé.

J’ai choisi de lire un polar chilien, pensant échapper à mes lectures précédentes portant toutes sur le coup d’état de 1973. Et voilà que je me retrouve en plein dedans, et, bien sûr, cela n’a rien d’étonnant !

« Même si les cérémonies publiques et les déclarations convenues essayaient d’enterrer le passé, celui-ci continuait à se glisser par les fissures d’une société habituée aux apparences, aux décors trompeurs et aux compromis en coulisses. Le passé était une blessure qui n’avait jamais été totalement désinfectée et laissait échapper sa pestilence à la moindre inadvertance. »

German Reyes fait partie d’un organisation qui traque les anciens tortionnaires.

« les dinosaures et les momies n’appartiennent pas au passé. Ils gardent le silence et continuent à regretter le général qui leur a permis de maltraiter les gens  du peuple. »

Evidemment, ce n’est pas une enquête sans danger et un autre meurtre suit celui de German Reyes, classé suicide par la police, et un autre a eu lieu avant celui de German. Heredia est vite ramené dans le passé avec les témoignages des victimes et ramené aussi sur les lieux, la Villa Grimaldi, où la DINA, Direccion nationale del inteligencia,  a enfermé et torturé près de quatre mille cinq cents personnes..

« Je me suis dirigé vers l’endroit où était exposée la maquette de ce qui avait été l’un des principaux centres de torture pendant la dictature militaire. La tour des pendaisons, le parking où les prisonniers étaient violentés, les étroites cellules où on les enfermait entre deux interrogatoires, le gigantesque ombu, témoin de douleurs et des crimes et la piscine où étaient plongés ceux qui s’obstinaient à garder le silence. L’horreur, l’horreur incombustible, me suis-je dit, en approchant du mur de pierre où les noms des prisonniers assassinés étaient gravés ».

Je vous laisse suivre l’enquête qui se double d’un trafic d’armes mais sachez que lorsque Heredia parle à l'un des bourreaux et lui demande pourquoi il va tous les jours à l’église, pour demander pardon aux victimes ? suggère-t-il. Celui-ci lui répond :

-« Je n’ai pas de raison de demander pardon. Si c’était nécessaire, je n’hésiterais pas à recommencer. »

J’ai trouvé ce roman policier intéressant par son sujet mais le rythme lent, les digressions, ne sont pas parvenus à me convaincre. Il faut que je lise un autre roman avec Heredia pour ne pas m’avouer vaincue par une seule lecture.
 

 

Challenge sur le Chili chez Je lis Je blogue
 

mardi 18 mars 2025

Théodora Dimova : Les Dévastés


 

Dans Les Dévastés, Théodora Dimova  raconte  le coup d’état du Front de la Patrie le 9 septembre 1944 soutenu par l’Armée Rouge qui pénètre en Bulgarie alliée à l’Allemagne nazie et la terrible répression qui a suivi, arrestations, exécutions sommaires, prise du pouvoir par le parti communiste appuyé par l’Union soviétique.

Théodora Dimova a choisi de parler de cette tragédie en suivant le parcours de jeunes femmes dont les maris sont arrêtés, torturés, exécutés, Raina, Ekaterina, Viktoria (et sa fille Magdalena). La petite-fille de Raina, Alexandra, vingt ans plus tard, nous dit ce qui est arrivé à Raina. Si les trois  personnages féminins principaux ne se connaissent pas, leur destin les ramène toutes les trois devant la fosse commune où le corps de leur mari a été jeté.

« Nous nous dispersons. Commençons à faire le tour des tombes, ombres noires parmi les tombes blanchies. Nous cherchons, nous fouillons du regard. Nous ne pouvons résister longtemps au froid et au vent. Tout à coup une femme s’écrie par ici, par ici. Nous y allons. Un immense rond noir. Recouvert de scories. La neige ne tient pas sur la fosse. Elle fond en tombant dessus. »

 
Les trois femmes appartiennent à la classe bourgeoise aisée, intellectuelles et préservées des duretés de la vie. La mort de leur mari, suivi d’une confiscation de leurs biens et d’une déportation constituent des épreuves terribles et Theodora Dimov nous fait partager avec beaucoup de talent, la détresse, l’angoisse, la misère de ces personnages.

Raina

 

Elena Karamihaylova : Portrait de ma soeur Magda

Raina est mariée à un intellectuel, journaliste, écrivain, Nicola, assez imbus tous deux de leur supériorité sociale. Raina est une femme belle, brillante, raffinée, qui anime des soirées littéraires mais elle est assez superficielle. Apparemment, elle ne s’est jamais posée de question sur ce qu’était le nazisme, sur la  responsabilité individuelle et collective face aux crimes commis par l’Allemagne nazie et son pays. Ce qui m’a frappée, ( et choquée) c’est qu’elle ne regrette pas que la Bulgarie se soit alliée à l’Allemagne nazie, non, ce qu’elle déplore c’est que le gouvernement n’ait pas rompu les relations diplomatiques avec la Russie. Elle et son mari Nicola paraissent être restés étrangers aux crimes dont se rend coupable leur pays. Ce dont se soucie Raina, peut-être pour tromper sa peur, c’est de la couleur du satin utilisé pour la restauration de ses fauteuils.

"Nous étions les Alliés d’Hitler, or, au parlement, les députés de l’opposition plaidaient en faveur de « l’amitié éternelle avec le grand peuple russe »" , amitié liée au souvenir du rôle de la Russie pendant la guerre Russo-Turque en 1878  qui a libéré la Bulgarie du joug ottoman. C'est évidemment comme le remarque Raina  une décision "shizophrénique" pour un pays qui est allié aux nazis !

Ekaterina

Elena Karamihaylova


Ekaterina est l’épouse d’un pope, Mina. Le couple est plus sympathique que Raina et Nicola, plus proche du peuple, conscients de ce qui se passe autour d’eux.  C’est dire que la religion tient une grande place pour elle. Quand son mari est tué, elle se met à écrire un journal pour que ses trois enfants n’oublient pas leur père et sachent qui il était. Il y a une scène très émouvante où Ekaretina achète un lustre à bas prix à une famille juive dans le malheur, ce qui provoque le désespoir de son mari.

« Comment as-tu pu offenser ces gens, Ekaterina, profiter de leur malheur et prendre à un prix dérisoire leur lustre. Tu n’as même pas payé le dixième de sa valeur. Comment as-tu eu le coeur de procéder de cette façon ! Et d’en être heureuse, qui plus est, d’en être fière. Il y  avait des larmes de profonde déception à mon égard dans les yeux de votre père, comme si je l’avais offensé, lui personnellement. … En un instant j’ai pris conscience de la monstruosité de mon acte.»


Viktoria et Magdelena

Elena Karamihaylova : autoportrait au chat

La troisième femme est Viktoria. Elle a adopté un bébé déposé devant sa porte, Magdelena.  Les souvenirs alternent entre elle et sa fille. Viktoria est musicienne et vit pour la musique. Elle aime la France où elle rêve d’habiter et donner des concerts mais elle est sacrifiée à un mari Boris, plein de suffisance, qui la pense incapable de gagner sa vie et refuse de partir. Il sera arrêté par Yordann, son fils illégitime, qui ne lui pardonne pas d’avoir laissé sa mère, femme de ménage, dans le besoin. Déportée, Viktoria travaillera dans une briqueterie. Sa fille préfère se souvenir d'elle baignée par la musique de Chopin :  

"Quoi qu'il me soit arrivé - lentes, tête rasée, poux, froid, chaussures trempées, pénurie, faim, lâcheté - je m'imaginais maman et son piano reluisant, et devant elle, sur le tabouret de cuir, avec sa longue robe en soie, les volants répandus en cercle autour d'elle sur le parquet jaune, on voit dépasser son pied qui presse très souvent la pédale droite, et son visage changeant à chaque mesure, et la musique qui était son état le plus naturel; tant que tout cela existait, il ne pouvait rien y avoir d'effrayant dans ce monde"..."

Bulgarie entre 1930 et 1945

Le tsar de Bulgarie : Boris III

Comme je connais mal l’Histoire du pays, je me renseigne chaque fois sur les époques que traitent les romans en lisant des articles dans le net.

Avant d’aller plus loin, j’ai voulu savoir ce qu’est le Front de la Patrie, coalition politique bulgare de la Résistance (voir  ICI wikipédia ), constitué par le parti communiste, le parti agraire et le parti des ouvriers, pendant la seconde guerre mondiale pour lutter contre la dictature militariste pro-nazie du Royaume de Bulgarie et contre l’Allemagne nazie.

En effet, le Tsar Boris III  a succédé à son père en 1918 à la tête de la Bulgarie. Il meurt en 1943. Dans les années 1930, il a mis en place une dictature militaire dans laquelle les partis sont interdits. La Bulgarie se rapproche de l’Allemagne nazie qui doit lui permettre de récupérer les territoires perdus prenant la première guerre mondiale.
Je cite le début de l’article de l’encyclopédie Multimédia de la Shoah et vous renvoie à sa lecture  si vous voulez en savoir plus ICI 

« Au début du mois de mars 1941, la Bulgarie rejoignit les forces de l'Axe et, en avril 1941, prit part à l'offensive conduite par l'Allemagne contre la Yougoslavie et la Grèce. En retour, la Bulgarie reçut de Grèce, l'essentiel de la Thrace et de Yougoslavie, la Macédoine et une partie de la Serbie orientale. Bien qu'ayant participé à la campagne des Balkans, la Bulgarie refusa d'entrer en guerre contre l'Union Soviétique en juin 1941.
En juillet 1940, la Bulgarie instaura une législation antisémite. Les Juifs furent exclus des emplois publics et subirent des discriminations liées à leur lieu de résidence et des restrictions économiques. Les mariages entre Juifs et non-Juifs furent interdits.
Pendant la guerre, la Bulgarie alliée de l'Allemagne ne déporta pas ses ressortissants juifs. Cependant, elle déporta les Juifs non bulgares des territoires yougoslaves et grecs qu'elle avait annexés. En mars 1943, les autorités bulgares arrêtèrent tous les Juifs de Macédoine et de Thrace. 7 000 Juifs de Macédoine (qui faisait auparavant partie de la Yougoslavie) furent internés dans un camp de transit à Skopje. Environ 4 000 Juifs de Thrace furent déportés vers des points de rassemblement à Gorna Dzhumaya et à Dupnitsa et livrés aux Allemands. Au total, la Bulgarie déporta plus de 11 000 Juifs vers des territoires contrôlés par l'Allemagne. A la fin du mois de mars 1943, la plupart d'entre eux avaient été déportés au camp de mise à mort de Treblinka, en Pologne. » (…)


Voir le billet de Miriam


Théodora Dimova est la fille de l'écrivain bulgare Dimitrar Dimov dont j'aimerais tant lire "Tabac". Hélas ! je ne l'ai trouvé qu'à des prix inabordables. Je vais voir si je le trouve en médiathèque mais ce serait étonnant !

 

 Peintre bulgare

Peintre bulgare : Elena Karamihaylova Ici