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mercredi 5 mars 2025

Kapka Kassabova : Elixir dans la vallée à la fin des temps


 

Kapka Kassabova avec Elixir dans la vallée à la fin des temps nous emmène en Bulgarie, dans les montagnes des Rhodopes, au coeur de la vallée où coule le Mesta et où vivent les Pomaks, ce peuple enraciné dans la terre, musulman mais non turcophones. Le pays des 742 plantes médicinales. Dans ces paysages encore sauvages malgré l’exploitation intensive qui eut lieu pendant la période communiste, tout paraît connecté, les sommets, les gens et les plantes si bien que l’on y sent quelque chose de « l’ancien temps »

"La Bulgarie, comme je l'ai découvert, est un des premiers pays exportateurs de plantes médicinales et culinaires. Nombre d'entre elles sont toujours récoltées dans la nature, et le bassin de la Mesta est une plaque tournante dans ce secteur du fait de sa richesse écologique : trois chaînes de montagnes, une superposition de plusieurs microclimats, le tout quasiment épargné par l'industrie. Et même par la mécanisation ou la modernité jusque dans les années 1950. L'Etat communiste exploita ensuite la vallée au maximum ".

Dans cet ouvrage, Kapaka Kassabova, écrivain bulgare, installée en Ecosse, part à la recherche de son enfance, des souvenirs de sa grand-mère qui l’a initiée à la cueillette des plantes et à leur savoir, en quête de cet élixir qui est le titre de son ouvrage et dont la composante essentielle est « l’émerveillement » . Mais ajoute-t-elle  : « C’est à vous de le chercher ». « Tout ce que je sais, c’est que notre Terre le fabrique dans son chaudron, en permanence, partout, et que vous faites partie de la recette insensée ».
Elle entre en contact avec les derniers cueilleurs, détenteurs de ce savoir ancestral : les guérisseuses, magiciennes ou sorcières, ou encore saintes, Stoyna, Vanga qui sont vénérées, mêlant christianisme et paganisme. Rocky est l’ensorceleur, Emin, celui qui murmure à l’oreille des chevaux, Tatie Salé est une charmante sorcière au nez crochu et aux yeux chafouins. Tout le pays baigne dans la magie et l’animisme, ce qui n’empêche pas pourtant une approche réaliste des souffrances du peuple Pomak et des difficultés économiques qu’il continue à éprouver.
Dans ce pays, l’Histoire paraît déposer différentes strates qui se superposent pour former un tout mais l’on peut sentir la présence de chacune de ces périodes en restant attentifs : Qui vit sans la nature oublie. Qui vient en pareil endroit se souvient. »

Nous nous intéresserons ici, en particulier, à la Grèce antique si étroitement liée au Rhodopes dont elle est limitrophe, dans ce pays qui vit naître Orphée et où se trouve la grotte ouvrant sur les Enfers. Les plantes entretiennent avec la mythologie des liens étroits : le pissenlit nourrit Thésée et lui donne la force de s’attaquer au minotaure, l’Iris, déesse de l’arc-en-ciel est l’alchimiste originelle, archétype de la Tempérance, figure ailée munie de deux coupes, l’Atropa belladonne évoque les trois Parques, la première déroule le fil, la deuxième le tisse, la troisième Atropa la coupe…
Mais d’autres époques apparaissent.  Les différentes croyances se mêlent,  les formules rituelles, la magie changent d’époque, la samodiva, la nymphe des bois de ce pays n’a rien de bienveillant et change d’apparence  à sa guise, héritière de  la Grecque Thracé, fille du Dieu Oceanos.

Les Rhodopes : les massifs de Pirin et Rila

C’est ainsi que l’écrivaine nous invite à cette communion avec la nature qui ne peut se faire que par l’écoute et le respect. Tout y est musique. La Nature de Kapka Kassabova est bruissante de vie, de paroles, d’incantations :  les fourmis chantent, les pierres, les fleurs, les arbres parlent, révèlent leurs secrets à ceux qui savent les écouter.
La montagne jouait ses variations pour nous. Le Pirin était un conteur virtuose, avec ses fleuves, ses sources, sa palette de verts, ses ruines et ses fantômes.

 La rumeur de la forêt sans cesse en mouvement est « un pas de danse du soleil sur la mousse », les astres appellent, l’arbre sacré, le chinar, vibre, le géranium confie ses pouvoirs à la guérisseuse Vanga « Je sers à calmer les nerfs. Faites-le savoir autour de vous, il me dit. »  Rocky l’Ensorceleur lui confie «  Toutes les plantes sont amour. Mais tu dois apprendre à parler leur langue. Voilà c’est tout pour cette fois. J’espère que ce n’est pas trop tard. ».

Outre la connaissance des plantes médicales, Elixir est un hymne à la nature, un panier de goûts et de saveurs, un enchantement des yeux et des oreilles,  un appel à tous les sens, à la vie. Et j'aime ce style poétique !

La lune semblait pétrie de beurre baratté. Je sentais la sève monter dans les pins, comme le sang afflue vers l'épiderme. Aux phases de pleine lune, tout ce qui est là est doublement là.

« Mon dos absorbait la chaleur du sol et je me muais en ver de terre. Le bruissement de la forêt de haricots verts, l'odeur de résine du tas de bois, le sirop de pin de Zaidé dans le bocal, les hirondelles décrivant en silence des cercles sur les cimes – tout frémissait dans la lumière telle une toile d'araignée, puis volait en éclats à mon réveil, visage brûlé, soleil éclipsé ».

Vanga : « Pas de fleurs coupées surtout, précisait-elle. Elles sont comme des enfants aux mains tranchées… Apportez-moi une plante vivante. »

 

Voir le billet de Miriam Ici 

 

 


 

dimanche 2 mars 2025

Ivan Vazov : Sous le joug

 

Je n’ai pas encore beaucoup lu de livres d’écrivains bulgares mais assez pour avoir déjà un chouchou : Ivan Vazov : Sous le joug, un classique de la littérature bulgare que j’ai énormément aimé. C’est donc par lui que je commence.


V. Antonov : Les insurgés de 1876

L’ouvrage a été écrit par Ivan Vazov pendant son exil en Ukraine, à Odessa en 1888 et est paru en 1890. Vazov y raconte le soulèvement bulgare d’Avril 1876 contre l’empire ottoman qui fait régner une oppression terrible sur le peuple bulgare depuis le XIV siècle. Les paysans, artisans, tailleurs, marchands, hommes du peuple, habitués à la soumission, vont être gagnés par l’enthousiasme d’une poignée d’intellectuels pour la liberté. La révolte s’organise partout en Bulgarie et pour nous dans le petit village de Bela Cherkva  (c’est le village natal de Vazov, Sopot, que l'écrivain a rebaptisé) et l’on ne peut pas dire que ce soit dans la discrétion la plus totale. Tout le monde finit pas être au courant, y compris le Bey qui les considère avec mépris et les laisse faire. "Charivari de lièvres"  disaient les effendi débonnaires».  

 

Bashibouzouks, mercenaires turcs
 

Comment se battre, en effet, contre l’un des plus puissants empires du monde avec son armée régulière de soldats bien entraînés, appuyée par des mercenaires, ses bachibouzouks sanguinaires, tous armés jusqu’aux dents, quand on n’a que quelques vieilles pétoires et des canons creusés dans des troncs de cerisiers !  Et oui, j’ai bien dit, des cerisiers !  coupés par des patriotes dans leur jardin et évidés par le tonnelier qui les cercle de fer comme un tonneau !  

 

Canon-cerisier


C’est le géant Borimetchka - son nom signifie le tueur d’ours car il s’est battu à mains nus contre un ours- personnage pittoresque du roman, qui monte le cerisier sur ses épaules au sommet de la montagne, à Zli-Dol, au-dessus de la ville de Klissoura. Et le premier essai de ce canon improvisé donne lieu à une scène hilarante. Si vous cherchez, comme je l'ai fait, Zli-Dol, Sopot et Klissoura sur la carte, vous vous  trouverez en face du monument à la gloire du soulèvement de 1876, de la statue du géant Borimetchka et de cerisiers-canons.


Le géant Borimetchka 

 

" Dans l’attente palpitante du grondement, les insurgés s’écartèrent un peu, quelques-uns se couchèrent dans les tranchées pour ne rien voir, certains même se bouchèrent les oreilles, fermèrent les yeux. Quelques secondes se passèrent dans une atroce, indicible tension… La fumée bleue continuait à planer au-dessus de la mèche, mais n’arrivait pas à l’allumer. Les coeurs battaient à se rompre. Enfin une petite flamme blanche courut à la mèche, celle-ci s’enfuma… et le canon rendit un son grêle, grognon, rauque comme celui d’une planche sèche qu’on rompt, quelque chose de semblable à une toux, puis il s’enveloppa d’une épaisse fumée.  Sous la pression de cette toux, le canon se fendit et cracha sa charge à quelques pas de distance."

Comment Ivan Vazov nous intéresse à ce grand moment de l’Histoire bulgare ? Et bien en nous le faisant vivre au niveau des personnages. Notre héros Ivan Kralich, un beau jeune homme, ardent révolutionnaire, courageux, au sens de l’honneur rigoureux, s’est échappé de la forteresse de Dyabakir en Anatolie et se cache sous le nom de Boïtcho Ognianov à Bela Cherkva. Là, il rencontre Rada Gozpojina, jeune orpheline élevée au couvent, en tombe amoureux et réciproquement. Les patriotes l’aident à s’intégrer et à organiser la rébellion. Le tchorbajdi Marko lui procure un poste d’instituteur. Le médecin Sokolov, un personnage farfelu, qui élève une ourse et n’a d’ailleurs aucun diplôme de médecin, devient son ami, de même Kandov, un jeune socialiste idéaliste dont l’amour fou pour Rada causera bien des tourments.  J'aime la consultation médicale de Kandov qui demande au médecin comment ne plus être amoureux. Et puis tous les personnages du village qui constituent une humanité vivante, bruyante, bavarde, parfois médisante, et toujours active dont l’écrivain se fait proche. Tout ce monde se trouve gagné par une effervescence révolutionnaire, un désir de liberté, une volonté de relever la tête, de secouer le joug.

"Submergeant tout, l'enthousiasme prenait chaque jour une force nouvelle. Les préparatifs suivaient; pour fondre des balles, vieux et jeunes laissaient inachevé le labour de leurs champs et les citadins plantaient là leur commerce. Des courriers secrets faisaient chaque jour la navette entre les divers groupements et le comité central de Panaguritché; la police clandestine surveillait la police officielle."

"... le printemps venu très tôt cette année-là, avait transformé la Thrace en un jardin de paradis. Plus merveilleuses et luxuriantes que jamais, les roseraies étaient épanouies. Les plaines et les champs portaient des moissons magnifiques, que jamais personne ne récolterait."
 

Mais ce qui m’a surprise dans ce roman, c’est que Ivan Vazov nous décrivant ce soulèvement tragique parvient à nous faire rire car l’humour est maintes fois présent dans le roman et donne des scènes savoureuses.

Ainsi le Géant Borimetchka veut épouser Raika mais il n’ose pas la demander en mariage. La jeune fille attend la noce avec impatience, les parents sont plus que consentants mais…! Tout le village est dans l’attente, ses amis l’encouragent, mais… Non, il est trop timide. Alors ? Il l’enlève ! C’est la joie !  Il semble qu'un enlèvement soit plus facile qu'une demande en mariage ! On fait la fête.

Un grand morceau de bravoure est aussi la représentation théâtrale du Martyre de Geneviève ( de Brabant) joué par les hommes du village. Boïtchko joue le rôle du comte et y gagne son surnom et la sympathie du village. Et qu’en est-il de Fratu, le malheureux interprète de Golo qui martyrise la comtesse Geneviève et la jette en prison ?  Le public pleure, l'accable d’invectives. Le Bey invité -même s’il ne comprend pas le bulgare- pleure de son côté et s’étonne que l’on ne pende pas ce misérable. C'est ce qu'il aurait fait, lui !Une commère « s’approche de la mère de Fratu et lui dit : Dis donc Tana, ce n’est pas bien beau la conduite de ton Fratu ! Quel mal lui a donc fait la petite femme ? »

 

Antoni Potiovski : le massacre de Batak

 

Mais sous le rire, l’on sent tout l’amour que l'écrivain éprouve pour son pays, la nostalgie de cette époque héroïque et la souffrance de la défaite, toute l’admiration pour ce peuple courageux et fou qui s’est lancé dans une bataille où il n’avait aucune chance de triompher ! Quitte à le regretter après ! Les dirigeants de ce soulèvement, appelés les apôtres, -qui pour la plupart ont donné leur vie -  savaient bien pourtant que la bataille était perdue d’avance mais ils voulaient obtenir le soutien de l’Europe et de la Russie en attirant leur attention sur la barbarie turque. Plus de 30 000 victimes, des dizaines de villages dévastés, comme Batak dont les habitants furent tous égorgés, cinq mille enfants, femmes et vieillards. Ainsi Victor Hugo en Mai 1876 dénonce les massacres, de plus, il plaide contre les empires meurtriers pour une constitution des Etats-Unis d’Europe. Dostoiewski et Tolstoï interviennent aussi. Les russes, à la suite du soulèvement, déclarent la guerre aux Turcs (1877-1878), ce qui entraînera la libération de la Bulgarie.

Tous les ingrédients sont là pour faire de ce roman un plaisir de lecture, émotion, aventures, héroïsme, trahisons, dangers, souffrances, amitié, amour et rire mais aussi connaissance d’un peuple, de ses coutumes et ses croyances, rencontre de ses héros et de ses disparus, de sa révolte contre le joug qui le soumet.  

 


 

Chez Moka

 


Lu  dans une vieille collection club bibliophile de France en deux tomes de plus de 250 pages chacun.

 

jeudi 27 février 2025

Bulgarie : Les peintres bulgares (1) : Vladimir Dimitrov-Maïstora dit Le Maître et Radi Nedelchev

 

Vladimir Dimitrov-Maistora (Le Maître)


Pour composer le logo du challenge Bulgarie, j'ai utilisé les images de deux peintres bulgares que j'espère bien rencontrer dans les musées de Sofia au mois de Mai.  Je ne les connais absolument pas en dehors de mes recherches sur le net mais je les aime beaucoup.


Vladimir Dimitrov-Maistora dit Le Maître (1882-1920)
 
 
Vladimir Dimitrov-Maïstora dit Le Maître


Vladimir Dimitriov Le Maître est l'un des plus grands peintres de Bulgarie. Il est appelé Le Maître dès ses études à l'école des Beaux-Arts de Sofia tant son talent était déjà affirmé. Il est né en 1882 dans le village de  Chichkovtsi  dans le district de Kustendil en Bulgarie occidentale où est aménagée à l'heure actuelle une maison-musée exposant ses oeuvres.  C'est là que le peintre a puisé son inspiration  pour ses tableaux de jeunes filles aux fleurs et aux fruits, ses portraits de paysans et de paysannes, ses "madones". Il peint les coutumes locales, la vie quotidienne de ce peuple rural. Il est adepte du tolstoïsme et refuse la richesse, vit simplement, est connu pour sa générosité et son grand coeur.


Vladimir Dimitrov Le maître : La madone bulgare


Ce tableau a porté le nom de Jeune fille de Chichkovtsi avant d'être envoyé à la biennale de Vienne où il revint couronné d'une médaille d'or et avec le titre de : La madone bulgare.

“La jeune fille peinte par le Maître est Dafina Kotéva du village de Chichkovtsi qui à l’époque avait à peine 14 ans. Le tableau dégage une énorme douceur, un visage blême sur fond d’une nature vibrante en couleurs éclatantes en arrière-plan. La jeune fille est représentée en gris et ocre, ce sont également les couleurs de sa tenue, un costume traditionnel, son visage et ses mains. On ne voit pas de tresses bigarrées qui caractérisent les costumes de la région de Kustendil. Il y a un contraste bizarre entre la fille qui évoque un spectre diaphane et l’arrière-plan de pommes mûres et de fleurs écarlates." voir ICI 

La jeune fille est atteinte de la tuberculose et meurt peu de temps après que Le Maître a réalisé son portrait. Sa famille était pauvre et n'avait pas de photo d'elle. Le Maître a peint le visage de Dafina pour le donner à ses parents. 


Dafina Kotéva : La madone bulgare


Lorsqu'on s'approche du tableau on voit dans ses yeux des pommes rouges cerclées de petites feuilles vertes, symbole de l'arbre de la connaissance.

Vladimir Dimitrov Le Maître


Il existe quelque chose de très particulier dans les œuvres du Maître – non seulement il crée son propre style en tant que peintre mais il arrive aussi à y incarner des caractéristiques nationales. Il déclare – je veux peindre les hommes sur mes tableaux de manière à ce qu’on comprenne tout de suite que ce sont des Bulgares indique Svetla Alexandrova – commissaire à la galerie d’art  « Vladimir Dimitrov – le Maître » à Kustendil. ICI

Vladimir Dimitrov Le Maître


Radi Nedelchev ( 1938_ 2022 )


Radi Nedelchev

Radi Nedelchev est né en 1938 à Ezertché dans l'oblast de Razgrad. Il s'installe à Roussé en 1954 dans la cinquième ville de Bulgarie, au nord-est du pays, où il meurt en 2022. Il est surtout connu pour ses oeuvres de style naïf qui représentent des scènes de la vie quotidienne, des fêtes populaires et des paysages.

Il a eu des expositions dans cinq pays et a été acheté par des collectionneurs étrangers. Sous le régime communiste, le manque de visibilité dans les pays occidentaux l'empêchent faire la carrière qu'il aurait méritée. Je n'ai pas trouvé beaucoup de renseignements sur lui en français à part wikipedia ICI.

 

Radi Nedelchev


Radi Nedelchev



Radi Nedelchev


Radi Nedelchev


Radi Nedelchev







mardi 25 février 2025

Challenge Bulgarie : Littérature, Histoire, arts.. Qui se joint à moi ?


 

Je pars en voyage en Bulgarie au mois de mai et je commence à lire des livres d'auteurs bulgares fort intéressants.  Qui veut me rejoindre pour découvrir la littérature bulgare ? 

Il s'agit d'une littérature peu connue. Personnellement, je n'avais rien lu jusqu'à maintenant. J'ai commencé avec quelques titres, c'est pourquoi je publierai dès le mois de Mars. Mais la date du début du challenge sera au Mois d'Avril pour vous permettre de trouver des titres.

Donc, à partir du mois de Mars ou Avril jusqu'à la fin septembre, je propose que l'on découvre la littérature bulgare mais aussi l'histoire du pays et les arts, peintures, icônes, fresques, architecture...

Quelques titres pour commencer que j'ai trouvés facilement en médiathèque mais il faut dire qu'il n 'y en pas beaucoup, du moins à Avignon.


Sous le joug de Ivan Vazov :
c'est un grand classique qui raconte le soulèvement des patriotes bulgares contre les Turcs et la répression sanglante qui a suivi en 1876. C'est un livre que j'ai énormément aimé, très agréable à lire, très prenant, à la fois tragique et plein d'humour et qui nous apprend beaucoup sur l'occupation ottomane, les coutumes, les mentalités et l'histoire du pays.. Je vous en parle bientôt. (Lu mais pas commenté.)



 

Je n'ai pas encore lu  Le pays du passé de Gueorgui Gospodinov 

Voir le billet de Fanja qui a beaucoup aimé ICI

 

 

 

 

Elena Alexieva : Le prix Nobel

Le prix Nobel, roman policier, présente la Bulgarie à son entrée dans l'Europe, critique de la corruption du pouvoir, de la mafia, mais aussi du monde de l'édition et réflexion sur l'écriture. (Lu mais pas commenté.)

 

 

 


 Kapka Kassabova  : Elixir 

Sur les plantes médicinales de la montagne des Rhodopes, le pays d'Orphée, un très beau livre sur l'Histoire de la montagne, les traditions de la cueillette ancestrale, la rencontre avec les gens du pays et le pouvoir des plantes. Une vision harmonieuse et poétique de la nature. (Lu mais pas commenté.)

Elixir : voir le billet de Miriam qui l'a beaucoup aimé ICI

Il y a d'autres titres de Kapka Kassabova que je n'ai pas lus : Lisière et l'écho du lac.






Elitza Gueorgieva : Les dévastés Editions des Syrtes

 Voir le billet de Miriam ICI

 

 


 

 Nicolaï Grozni  : Wunderkind

 

 

 

 



 

 Elitza Gueorguieva : Les cosmonautes ne font que passer

 

 

 

 

Livres lus et commentés



                    

Yordan Yolkov mon billet ICI

Yordan Yovkov Soirée étoilée mon billet ICI


 

 

 

Les livres que j'ai commandés 

 Blaga Dimitrova : L'enfant qui venait du Vietnam

 Anton DontchevLes cent frères de Manol. 

Paskov  Victor :  Ballade pour Georg Henig

 Franck Pavloff : Matin brun : un livre pour la jeunesse sur la privation des libertés et les régimes totalitaires, adapté aux enfants. 

 Yordan Raditchkov : Récits de Tcherkaski  reçu, je suis en train de le lire

Yordan Yolkov : nouvelles et légendes du Balkan dont Un compagnon Il s'agit d'une courte nouvelle de 18 pages que j'ai achetée. Je peux l'envoyer en livre voyageur, c'est tout léger.

Angel Wagenstein : Le pentateuque ou les cinq livres d'Isaaac voir Miriam

Livre d'art : Trésors des icônes bulgares 

J'ai trouvé sur Babelio une liste d'écrivains bulgares dont certains sont commentés et qui me paraît assez riche. Elle présente à la fois des auteurs classiques et contemporains. Je vous y renvoie.

https://www.babelio.com/livres-/litterature-bulgare/2655 

Allez voir le blog de Miriam qui est un puits de découvertes sur la Bulgarie : lectures et visite du pays ICI



Logo pour le challenge Bulgarie


dimanche 9 février 2025

Yordan Yovkov : Soirée étoilée

Van  Gogh : Nuit étoilée

 

Yordan Yovkov (1880/1937), écrivain bulgare, considéré comme le maître la nouvelle, connaît bien la ruralité puisque ses parents avaient une ferme, son père étant éleveur. Il s’attache à peindre les paysans et les traditions de sa région natale, La Dobroujda .
Dans cette nouvelle Soirée étoilée pleine de spiritualité et d’une poésie proche de la nature où le ciel et les étoiles occupent une si grande place qu’ils semblent préfigurer l’envol d’une âme, Yordan Yovkov aborde le thème de la mort d’un fillette vue par son frère, le petit Yoshka.

 Le petit Yoshka s'occupait des bœufs qui paissaient. Allongé, il était presque caché dans l'herbe. Son visage, baigné dans la lueur rosée du ciel, était clair et pur, avec de grands yeux bleus comme les fleurs bleues parmi les herbes. Dans ses mains, il tenait un bouquet de fraises rouges qu'il avait cueillies pour sa sœur malade.

Avec un deuxième personnage, Grand-père Sider, un berger, que l’enfant interroge sur les étoiles, la nouvelle se teinte d’un Merveilleux chrétien. L’enfant et le berger semblent appartenir à un conte de Noël dans lequel le ciel expose sa beauté sublimée sous les yeux de l’enfant et du vieil homme. Tous deux ont la simplicité des âmes restés proches de la nature et de Dieu.

« Et cette pile d'étoiles, c'est le berger. Vois son troupeau dispersé dans l'arc-en-ciel - les petites étoiles ; voici une autre étoile plus grande et à côté une plus petite : le berger et son chien. Tu les vois, n'est-ce pas, Yoshka ? Il existe un autre amas de telles étoiles là-bas : il s’agit du Cochon. Mais le berger passe toujours en premier, avant le soc et devant le porcher. Dieu aime les bergers. N'est-ce pas pour cela qu'ils furent les premiers à voir l'enfant Jésus… »

 Soudain l’enfant voit une étoile filante qui paraît s’écraser sur la terre. Quand une étoile tombe, lui dit le grand père, quelqu’un meurt. Or, pendant le récit du vieil homme, le petit garçon a oublié sa soeur à qui il avait pensé toute la journée, aussi est-ce avec crainte, l’esprit troublé, qu’il regagne sa maison. En arrivant, il découvre qu'Angelina est morte.

Yochka, toujours avec le bouquet de fraises rouges à la main, tournait vers le ciel son visage baigné de larmes. Il était ainsi couvert de milliers et de milliers d'étoiles ; mais Yoshka n'entendait plus ces sons calmes qui semblaient venir d’elles sur la terre. Elles se regardaient maintenant timidement et embarrassés, comme si elles s'interrogeaient sur l'amie soudainement disparue - l'âme douce de la petite Angelina. .
 

 


 

samedi 25 janvier 2025

Yordan Yovkov : Un compagnon


 

Un compagnon, nouvelle de Yordan Yovkov, raconte l’histoire d’un cheval gris vendu à l’armée et qui devient le cheval du capitaine pendant les guerres balkaniques. Si l’officier se préoccupe peu de son cheval, ses soldats sont très gentils avec lui et il finit par s’habituer à la vie militaire. C’est un animal paisible, doux, obéissant. Mais peu à peu il devient aveugle. Il est alors affecté à la tâche de porteur d’eau, ce dont il s’acquitte avec docilité malgré la peur de ne pas savoir où il se trouve. Un jour, il tombe dans une tranchée dont les soldats le tirent. Le capitaine suggère qu’on le tue. Les soldats lui demandent de l’épargner et de le leur donner. Après une trève, la guerre reprend et le capitaine est gravement blessé. On le hisse alors sur le dos du cheval, lui-même blessé, et celui-ci le ramène à l’arrière où il est soigné. Une fois guéri, le capitaine demande des nouvelles du cheval et on lui apprend qu’il est mort.

Cette courte nouvelle paraît si simple quand on la résume que l’on se demande pourquoi le lecteur ressent une telle tristesse mêlée pourtant de douceur après la lecture.
C’est que Un compagnon est écrit d’une manière simple, sobre, sans grands effets dramatiques, un peu comme la vie du cheval gris, une vie de dévouement et de travail, mais en même temps il nous fait partager les sentiments de l’animal, ses craintes, ses aspirations. L’on sent passer dans ce récit toute la tendresse de l’écrivain pour les êtres humbles mais qui font jusqu’au bout leur longue et lourde tâche. Même le plus modeste nous dit l’auteur, même un vieux cheval aveugle, a un rôle à jouer, ici, sauver la vie du capitaine. Il y a de la grandeur dans sa modestie.

On pense, non pour le style mais pour le personnage à la servante de Un coeur simple de Flaubert. Et puis aussi, comme il s’agit d’un cheval, à Coco de Maupassant mais la ressemblance s’arrête là. Coco montre  la bassesse et la cruauté d'un jeune paysan qui laisse mourir de faim le vieux cheval. Dans Un compagnon, au contraire, le cheval gris est entouré de soins et d’affection par les soldats. Si le capitaine ne s’intéresse pas sa monture, c’est qu’il est jeune, toujours occupé par sa mission, s’il veut le tuer quand il tombe dans la tranchée c’est pour qu’il ne souffre plus. Pourtant, lorsqu’il apprend la mort du cheval après avoir été sauvé par lui, il n’est pas insensible et son attitude réfléchie et pensive montre qu’il a intégré la leçon.

"Le capitaine ne dit rien mais frémit. Ce fut comme si toutes ses blessures, de nouveau le faisaient souffrir. Puis il mit ses mains sous la nuque et resta ainsi, pensif, le regard dans le vague."


Yordan Yovkov (1880-1937)


Yordan Yovkov est un écrivain bulgare considéré comme le grand maître de la nouvelle en Bulgarie à l'égal de Maupassant pour la France et de Tchekhov pour la Russie. Thomas Mann a inclus Le péché d’Ivan Béline dans son anthologie des meilleures nouvelles du monde.  Yovkov a été professeur dans sa région de Dobroujda où son père fut éleveur et qui inspira nombre de ses textes. Il est l'auteur de huit recueils de nouvelles,  deux romans, quatre pièces de théâtre et est traduit en trente langues. C'est un auteur encore peu connu en France.