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lundi 18 mars 2024

Yan Lespoux : Pour mourir, le monde


Dans Pour Mourir, le monde, Yan Lespoux, historien, universitaire spécialiste de la civilisation occitane, s’appuie sur un fait historique, le plus grand naufrage de l’histoire de la marine portugaise en janvier 1627 sur les côtes françaises de Saint-Jean-de-Luz et d'Arcachon jusqu’au Médoc à la suite de tempêtes violentes. 
 
 
Francisco Manuel de Melo ,, écrivain portugais et marin

 
 
Yan lespoux s'inspire des mémoires du capitaine-mor dom Manuel de Meneses, qui publia un mémoire, de dom Francisco Manuel de Melo, écrivain et marin, qui raconta son histoire trente ans après, et du livre de Jean-Yves Blot et Patrick Lizé qui ont réuni de nombreux documents retrouvés dans les archives espagnoles, portugaises et françaises.
Voilà quel est le bilan de ces naufrages d'après ces études  : «  7 navires coulés, deux énormes caraques des Indes de 1800 tonneaux, chargées de pierres précieuses et d'épices, escortées par cinq galions de guerre portant la fine fleur de l'aristocratie portugaise, 2000 morts, 300 rescapés. Tout cela donna lieu à un imbroglio diplomatique entre la France et le Portugal, qui impliqua le duc d'Epernon, Richelieu, Louis XIII, l'Eglise et les grandes familles du Médoc. Car si les " bourgeois " de Saint-Jean-de-Luz recueillirent des naufragés, plus au nord, sur les côtes des Landes et du Médoc, les Français pillèrent les épaves et massacrèrent les survivants. »
 
 
 
 Une caraque

 
 De Gao :  Le roman débute avec le naufrage, sur la côte du Médoc, à Lacanau, de la caraque Sao Bartolomeu, avec à sa tête, le capitaine-mor Vincente de Brito, navire revenant des Indes.  ll y avait à bord cinq cents voyageurs et un chargement d’une valeur inestimable, épices, pierres précieuses, étoffes. Il n’y eut que douze survivants. Fernando Teixeira, jeune portugais, personnage fictif du roman est l’un des leurs. Pauvre, orphelin, il a été recruté de force dans l’armée portugaise et amené aux Indes où il eut une vie aventureuse qui finit par le conduire dans les geôles de la Sainte Inquisition à Goa. Gracié, il embarque pour un retour au Portugal sur le Saint Bartolomeu et projette de voler les diamants transportés à bord, avec l’intention de sortir de sa condition car « naître petit et mourir grand est l’accomplissement d’un homme » dit le poème d’Antonio Vieira, mis en exergue du roman :  « Pour naître le Portugal; pour mourir le Monde. »

Dans le Médoc :  Fernando va rencontrer Marie. Cette dernière, une fille qui sait se défendre, a blessé un fils de famille qui l’agressait et doit se cacher des autorités dans les landes sauvages du Médoc, chez son oncle Louis, un homme brutal, pilleur d’épaves. Celui-ci qui règne par la terreur sur un peuple de travailleurs primitifs et misérables. Ces hommes vont non seulement piller les richesses de la nef mais aussi achever les rares rescapés.


Piet Heyn, le commandant de la flotte hollandaise occupe Bahia

De Salvador de Bahia :  Au Brésil, vit Diogo, dont les parents ont été brûlés vifs pendant le siège mené par la marine Hollandaise pour enlever la ville aux Portugais. Ces derniers, avec à sa tête Dom Manuel de Meneses secondé par les espagnols, vont reprendre Bahia. A cette époque le Portugal, au grand dam des nobles portugais, était alors réuni à la couronne d’Espagne. Au cours de cette guerre Diogo et son ami, un indien Tupinamba, Ignacio, deviennent les aides de camp de Dom Manuel Meneses et partiront avec lui vers le Portugal. Plus tard, sommés par le roi d’escorter les caraques venues de l’Inde, leur galion le Santo Antonio et Sao Diogo fera naufrage devant Saint Jean de Luz.

C’est ainsi que Yan Lespoux mène ses trois personnages principaux à travers les océans et de points de l’horizon diamétralement opposés jusqu’aux côtes françaises où ils se rencontreront, une navigation houleuse et tumultueuse qui se double d’une traversée de l’enfance à l’âge adulte, tout au long de ce roman initiatique.

Le roman de Yan Lespoux est très enlevé et bien écrit ! Les descriptions sont à la hauteur des éléments déchaînés, des pays exotiques. De plus, l’écrivain se révèle un bon conteur et nous plonge dans un récit mouvementé et aventureux, agréable à lire par un effet proportionnellement contradictoire aux émotions rencontrées, plus j’ai peur, mieux c’est !  Oui, je sais ! Je dois avoir gardé mon âme d’enfant parce qu’après les romans qui parlent du froid, de la neige et de la survie dans le Grand Nord, juste après, j’adore toujours les récits de mers démontées et de bateaux en détresse, voire d’îles désertes.

 Découvrir la vie au bord d’une caraque ou d’un galion, braver les tempêtes, souffrir du scorbut, faire naufrage deux fois, échapper à l’inquisition, commercer avec les Indes, découvrir la misère et la sauvagerie des résiniers, des costejaires et des bergers des Landes dans notre France du XVII siècle, mesurer la misère des peuples, qu’ils soient colonisés, esclaves ou nés, comme Fernando, « au mauvais endroit », du mauvais côté de la barrière sociale, tout est passionnant !
 Le sérieux de la documentation nous permet de découvrir des faits historiques que je ne connaissais pas , ce naufrage, la reconquête de Bahia, la colonisation des Indes et la présence de l'Inquisition jusque là-bas,  et ceci, comme si on le vivait en même temps que les personnages. 

 

Dom Manuel de Meneses capitaine-mor du Sao Juilao et du Bartolemeu

De plus, le texte ne manque pas d’humour. J’ai aimé le personnage du noble portugais, le Fidalgo, Dom Manuel de Meneses, dont l’écrivain fait un portrait réjouissant par exemple lorsqu'il refuse d’échapper à la flotte anglaise plus nombreuse et mieux armée que lui à la faveur de la nuit. Il fait attacher un fanal à la poupe de son navire pour ne pas avoir l’air de fuir … d’où un premier naufrage quand il se fait canarder le lendemain matin  ! Ou encore en 1627 quand il discute de figures de style dans un texte de Lope de Vega avec Dom Manuel de Melo alors que son navire est en train de sombrer, malmené par les vagues de l’océan déchaîné. On rit de son sens de l’honneur qui n’a d’égal que sa stupidité mais qui finit par forcer l’admiration, porté à un degré tel que la démesure l’empêche d’être ridicule !  De plus sous ses airs de grand seigneur impassible, l’écrivain nous fait toucher l’homme, celui qui éprouve de la peur et trahit parfois ses faiblesses, un être humain, pas des meilleurs, mais humain, en quelque sorte ! Une personnalité historique que Yan Lespoux traite comme l'un de ses personnages et à qui il donne une complexité.
 

Donc un bon roman ! N'hésitez pas à embarquer ! A lire pour le plaisir de l’aventure et de la rencontre avec l’Histoire !  

Et puis, quand vous l'aurez lu, venez nous voir Fanja et moi,  pour nous dire ce que vous avez pensé de la fin ouverte du roman, l'écrivain ne précisant pas vraiment ce que ses personnages sont devenus !

Enfin, j'ajoute que j'aime ce livre parus aux éditions Agullo. Je trouve que c'est un bel objet  (conception de la couverture par Cyril Favory) avec la carte jaquette d'après Jan Huygen van Linschoten et les images de la première et quatrième de couverture d'Alfredo Roque Gameiro.

Fanja ICI 

Keisha ICI 

Je lis je blogue

Première de couverture

Quatrième de couverture
 


Chez Fanja

                    

lundi 18 décembre 2023

Lisbonne : le palais de Fronteira

Le palais de Fronteira : Le bassin des Cavaliers avec son mur d'azulejos et la galerie des rois
 

Le palais de Fronteira fut construit  en 1670 à la demande de Dom João Mascarenhas, deuxième Comte de Torre et premier Marquis de Fronteira et son épouse, Dona Madalena de Castro.  Cette grande famille de la noblesse  occupa de hautes fonctions à la cour et dans le pays au cours des siècles.
 
D’abord pavillon de chasse, le palais situé au nord de Lisbonne, au milieu des forêts, devint ensuite le lieu de résidence principal des marquis après avoir échappé au tremblement de terre de 1755.  Le pavillon central fut alors agrandi.


 Le palais de Fronteira : côté jardin

La visite du palais et, en particulier du jardin, avec ses fontaines, son bassin au mur d’azulejos sur lequel caracolent les cavaliers des grands familles nobles du Portugal, ses grottes de rocaille, a un charme fou.

 

Le palais de Fronteira : les jardins

 

Palais de Fronteira : fontaine

 

Le palais de Fronteira :  le bassin des Cavaliers

Les cygnes noirs du bassin  des Cavaliers



Ces azulejos  présentent un message subtil aux rois. Ils rappellent que si les rois dominent la noblesse dans leur galerie, celle-ci, au rang inférieur,  reste le fondement de leur pouvoir et les défenseurs du royaume.

 

La noblesse à cheval : les défenseurs du royaume

 



Le bassin  des Cavaliers est dominé par la galerie des rois encadrée de chaque côté par une tourelle et un escalier orné d'azulejos dans le style baroque portugais. En effet, les azulejos bleus et blancs sont typiques du style baroque. Avant cette époque, ils pouvaient être polychromes avec notamment du jaune.



Tous les rois portugais figurent dans cette galerie  sauf  trois : les trois rois espagnols, Philippe I à partir de 1580, Philippe II, Philippe III. Les rois espagnols règneront sur le Portugal jusqu'en 1640, date de la guerre de Restauration pendant laquelle le Portugal, épaulé par les anglais, gagnera son indépendance et mettra sur le trône un roi Portugais, Jean IV, le Restaurateur. L'indépendance du Portugal ne sera reconnue par l'Espagne que 28 ans après.

 

Azulejos : le fruit du magnolia (détail)

 

Le verger , à un degré inférieur

 Le verger est situé au-dessous du jardin d'agrément et séparé de lui par un mur couvert d'azulejos représentant les saisons.

 

L'été


L'automne :  la chasse

L'automne : Le châtelain


 Comment y aller ?

 

Le palais de Fronteira vu de la galerie des rois


Nous avons voulu nous rendre jusqu’au Palais de Fronteira à pied à partir du centre, pensant que ce serait une agréable promenade. D’abord la montée à travers le parc du marquis de Pombal,  puis la marche dans le quartier Benefica, avec ses grandes artères bruyantes, sa circulation intense, ses passerelles qui se chevauchent ou enjambent la voie ferrée, ses grands immeubles, ne sont pas de tout repos ! De plus, si vous vous perdez, les lisboètes ne vous renseigneront pas. Même s'ils sont sympathiques, ils n’ont pas l’air de connaître le palais de Fronteira. Ce fut le cas pour ceux à qui nous avons demandé ! Bref ! Nous  y sommes arrivés, épuisés !

J’ai trouvé ces renseignements dans un guide et je vous les transmets parce qu’ils sont bons à savoir :
 

Il existe plusieurs façons de rejoindre le Palacio dos Marqueses da Fronteira :
    •    En métro: en descendant à l’arrêt Jardim Zoologico, vous serez ensuite à 20 minutes de marche du Palais. Belle visite du Zoo avec les enfants.
    •    En taxi: prendre un taxi à Lisbonne ne vous coûtera pas grand-chose et il vous déposera juste devant la porte.

    •    En bus: le 770 vous déposera à proximité

La visite des jardins se fait librement (tous les jours sauf dimanche et jours fériés. De 10h à 17h / fermeture à 13h le samedi), avec un prix d’entrée de 6 euros.
Le billet pour le palais coûte 11 euros et les visites se font à des horaires précis  avec un guide qui parle bien le français et est un passionné de l’histoire du Portugal.
    •    Tous les matins (sauf Dimanche / jours fériés), à 10h30, 11h00, 11h30 et 12h00 entre juin et septembre
    •    Tous les matins (sauf Dimanche / jours fériés) à 11h00 et 12h00 d’octobre à mai
 

 

samedi 11 février 2023

Lisbonne : Musée national d'art ancien : le MNAA (2) : La Renaissance portugaise

 Nuno Gonçalvez : Panneaux de Saint Vincent de Fora au MNAA
 

 Quand vous vous rendez au musée national d'art antique ( le MNAA) de Lisbonne vous pensez y voir la série de tableaux de Nuno Gonçalvez, peintre portugais du XV siècle (actif 1450 à 1471), dont tous vos guides vous parlent avec gourmandise ! Nuno Gonçalves, le peintre des Painéis de São Vicente de Fora, ces panneaux sublimes rassemblant cinquante huit personnages autour de Saint Vincent qui figure dans les deux peintures centrales vêtu d'une large chasuble rouge damasquinée. Magnifiques portraits, pleins de vie, de caractère, de couleurs qui révèlent des individus dotés de caractère et  dont on a l'impression  que l'on pourrait les rencontrer sur la place du Commerce !

 

Nuno Gonçalvez : Panneaux de Saint Vincent de Fora au MNAA Lisbonne

 

Nuno Gonçalvez : Panneaux de Saint Vincent de Fora au MNAA Henry le navigateur

 

Je crois, en voyant les images des visiteurs assis sur des bancs face aux panneaux  que cet ensemble est regardé par les visiteurs avec la même révérence et le même bonheur  que celui des  tapisseries de la Licorne au musée national médiéval de Cluny à Paris ! 

Hélas ! quand j'y suis arrivée, voilà  ce que j'ai aperçu : 

 

Nuno Gonçalves : Restauration des panneaux de Saint Vincent de Fora

Et oui, en restauration ! Mais c'est une bonne chose que les panneaux soient exposés dans un espace vitré pendant le temps où ils sont soustraits au public. On peut en voir la beauté et puis l'on se dit qu'il faudra revenir à Lisbonne !

Ce musée est si riche que l'on peut y rester des heures sans se lasser. Il me faut donc choisir ce que je vais présenter dans ce billet ! Dans celui qui précédait j'ai publié des images de la légende de santa Auta. Je continue donc par  mes coups de coeur  correspondant à l'âge d'or de la Renaissance portugaise  à une époque où la richesse du Portugal est à son apogée et ou les rois Manuel 1er dit le Fortuné et Jao III  encouragent les arts et attirent à leur cour les plus grands artistes. 

La Renaissance portugaise s'appuie pour dégager sa propre originalité sur les aspects techniques et artistiques de la Renaissance italienne et flamande. Des peintres flamands viennent se fixer à Lisbonne. Van Eyck, lui, a séjourné au Portugal de 1428 à 1429.  On comprend pourquoi l'influence flamande avec la connaissance de la technique de la peinture à l'huile, fut si importante au Portugal. 

 

 Jose Afonso  (actif 1504-1540)    

 

Jose Afonso : l'adoration des bergers (détail)

 Jose Afonso  (actif 1504-1540) est nommé peintre royal par Manuel 1er et intendant des peintures. C'est lui qui coordonne tout ce qui a trait à la l'art pictural, sélection des peintres, mise à disposition des pigments et matériaux, ordonnance des festivités, relations diplomatiques. Il s'entoure des plus grands artistes de Lisbonne et parmi eux des peintres flamands.

Autour de Jose Afonso gravitent les  principaux artistes de cet âge d'or dont Nuno Gonçalves (actif 1450-1492), Cristóvão de Figueiredo (actif 1515-1554) qui est peut-être l'auteur de la légende de Santa Auta (Voir Ici ) ou encore Gregorio Lopes (actif 1513-1550).  

Francisco Henrique d'origine flamande attire dans son atelier d'autres peintres flamands, Frei Carlos, le maître de Lounhira, le maître anonyme de l'Enfer, qui se fixent au Portugal.


 L'Enfer : un maître inconnu

 

L'Enfer  maître anonyme Renaissance portugaise MNAA Lisbonne


Les spécialistes se divisent quant à l'attribution de l'oeuvre. Ce maître inconnu pourrait être un peintre flamand ou un peintre portugais influencé par la peinture flamande, on l'a aussi attribué à un atelier français. Mais peu importe ! Car ce qui frappe c'est la force et la cruauté de cette oeuvre ! Le peintre témoigne d'une imagination féconde à la Jérome Bosch quant aux différents supplices et à leur raffinement. L'oeuvre a peut-être été conçue pour un monastère et l'on y voit d'ailleurs de nombreux moines. On comprend la violence de ce tableau si l'on pense qu'elle s'adressait à un public qui vivait dans la hantise du péché et pour qui la peur de l'enfer était quelque chose de bien réel. J'imagine la terreur de ceux qui voyaient ce tableau avec la crainte de ce qui les attendait au-delà ! Si cette oeuvre est remarquable, on ne peut pas dire, par contre, que le christianisme est une religion rassurante !

 

 L'Enfer de maître inconnu Renaissance portugaise MNAA Lisbonne (détails)

  Gregorio Lopez (actif 1513-1550)

 

Gregorio Lopez : la naissance de la Vierge MNAA (1530-1540)




 

Voilà mon tableau préféré de Gregorio Lopez. Evidemment, tous les atistes ne peignaient à cette époque que des scènes religieuses. Gregorio Lopez ne fait pas autrement avec ce tableau montrant la naissance de la Vierge. Mais loin d'être seulement une peinture iconique, c'est une scène de la vie quotidienne. 

Un bébé vient de naître - peu importe lequel - dans une famille aisée. Des servantes et parentes entourent le lit de l'accouchée que l'on réconforte. Trois des femmes ont le visage tourné (en un seul mouvement) vers l'enfant, pôle d'attraction, qui est sur les genoux d'une servante. Celle-ci le lave dans une petite bassine. Le bébé est adorable et particulièrement minuscule. Que porte l'une des servantes dans un panier ? J''aimerais bien le savoir.

 La personne penchée sur le lit de la mère, semble d'un rang supérieur aux autres par sa vêture. Je n'arrive pas à déterminer ce qu'elle fait. On dirait qu'elle lit un message à l'accouchée. Celle-ci a un visage doux, reposée, heureux, une main délicate est posée sur la couverture. Elle porte une auréole. C'est sainte Anne. Le père, Joachim, lui aussi auréolé, est selon la tradition, appuyé sur son bâton, en pleine méditation.  C'est le seul personnage conventionnel qui obéit à des codes religieux. On dirait qu'il s'ennuie et non qu'il est heureux du bébé qui vient de naître. Il n'est pas naturel dans cette scène qui l'est pourtant beaucoup. 

La composition est très rigoureuse : Trois personnages à la tête du lit, trois personnages au pied du lit dont le mouvement converge en avant vers le bébé, en arrière vers le hors champs de la pièce.  La profondeur est rendue par le rideau soulevée qui laisse percevoir une arrière-salle avec quelqu'un en train de s'affairer, peut-être de sortir des vêtements d'un coffre ? La  ligne médiane passe sur le lit et  nous amène jusqu'à la servante qui allume le feu, non pas au milieu mais un peu décalé sur la droite par rapport à l'axe médian. La servante agenouillée attire l'attention sur des détails domestiques. Elle attise le feu d'un petit brasero  avec une sorte d'éventail en paille peut-être pour faire chauffer de l'eau ou pour maintenir la chaleur près du lit.  A observer les détails des costumes de tous !


Gregorio Lopez : la naissance de la Vierge MNAA (détails)


Francisco Henriques ( actif 1506 -1519)


Henriques Francisco retable de sao Francisco de Evora   : la dernière cène, la récolte de la manne


En 1509, Francisco Henriques participe à la décoration de l’église Sao Francisco d’Evora et se rend en Flandres en 1512 pour recruter des artistes. Frei Carlos, le maître de Lourinha et le maître anonyme de l’Enfer auraient fait partie de son atelier. Il est le beau frère de Jose Afonso. Il meurt de la peste en 1518-19.
Le retable de Sao Francisco d'Evora comporte seize panneaux dont onze se trouvent au MNAA . J'ai choisi de montrer ici ceux de La Cène et de  La récolte de la manne  car eux aussi  fourmillent de détails pris sur le vif qui dépasse l'allégorie religieuse pour atteindre l'humain. La peinture fixe un geste en suspens comme dans une photographie  : le personnage en vert qui nous tourne le dos se penche pour saisir  une aiguière, l'un porte un couteau à la bouche, d'autres sont plongés dans une discussion, Jésus tend la main pour attraper ce que lui tend l'un de ses compagnons. Là aussi la Cène obéit à des codes, Jésus est au centre de la table, tourné vers nous, entouré des apôtres, Jean est endormi mais la peinture est une scène entre amis. 
La récolte de la manne témoigne d'un fait miraculeux mais est aussi un beau tableau champêtre dans lequel on peut admirer la composition avec ce petit sentier sinueux qui amène le regard vers le château, juste en haut dans le coin gauche de la scène et puis les habits, les coiffes, les chapeaux, les turbans, qui apportent une connaissance sur la manière dont on se vêtait, les coloris chaleureux qui donnent vie au tableau.


Henriquez Francisco  retable de sao Francisco de Evora  MNAA Lisbonne : la dernière cène, la récolte de la manne (détails)


Frei Carlos

Frei Carlos moine et peintre d'origine flamande  MNAA


Frei Carlos moine et peintre d'origine flamande  MNAA


Frei Carlos (+ 1540) est un peintre flamand qui a probablement travaillé dans l'atelier de Francisco Henriques.  Il  rejoint l'ordre des moines hyéronimites de Sintra en 1517. Les tableaux que j'ai choisis, ces deux Vierges, au visage doux, graves mais sereins, l'une en train de donner le sein, l'autre de jouer avec son bébé qui mange des cerises, donnent un vision souriante et réconfortante de la religion à l'inverse de l'Enfer.


Frei Carlos Evora 1er moitié du Xvi siècle Vierge et deux anges


Quelques portraits du MNAA

 

Cranach Lucas l'Ancien : Salomé

 

Lucas Cranach l'Ancien (1472-1553) peint ici un tableau effrayant :  La richesse des vêtements de Salomé,  cette fourrure rousse qui encadre son visage et tombe sur ses épaules soulignant le chasuble noir aux lignes blanches sur un corsage aux tons mordorés, ses manches de tissu brillant, tout concourt à la vision d'une grande dame de la Renaissance, hautaine et impassible. Le visage dur de Salomé qui se détache sur le fond noir du tableau, son regard qui part dans le lointain, son indifférence, accentuent l'horreur de ce qu'elle porte entre les mains : la tête de Jean-Baptiste sur un plateau...


Maître flamand inconnu : portrait de femme (1569)


Joos van Cleves maître Flamand Anvers  : Eleonor d'Autriche

Eleonor d'Autriche Hasbourg est née à Louvain (pays-Bas des Hasbourg) en 1498 et est morte en Castille en 1558. Elle est la soeur de Charles Quint. Elle fut reine du Portugal de 1518 à 1521 en épousant Manuel 1er qui la laissa veuve puis reine de France avec son mariage avec François 1er. Son portrait est peint par Joos van Cleves peintre flamand de l'école d'Anvers.


Isabel du Portugal 1503-1539

Isabel de Portugal (1503_1539) est la fille de Manuel 1er et  de sa seconde épouse Marie d'Aragon.  Elle épouse en 1526 son cousin l'empereur Charles Quint, roi d'Espagne, du Pays-Bas. Son portrait est de peintre inconnu et la date est imprécise : le milieu du XVI siècle.


Maître inconnu : Jean de Luxembourg

Jean de Luxembourg 1475-1508 est mort à Bruxelles en 1508, il était seigneur de la ville. Il fut nommé chevalier de la toison d'or et devint le favori préféré du roi Philippe de Castille.


La statuaire  portugaise du XV et début XVI siècle

 

Troisième étage du musée national d'art ancien MNAA



Mestre Pero : Saint jacques


Mestre Pero : Vierge attendant l'enfant Jésus MNAA


Joao Afonso  : Sainte Agate, sainte Lucie et sainte Catherine


Joao Afonso : Sainte Catherine MNAA Lisbonne


Joao Afonso archange saint Michel 1450


Artiste flamand actif au Portugal : Saint Jacques


Cornelis de Holanda 1520-1525 Saint Marc l'évangéliste


Pierre Brueghel le Jeune (1564-1636)

 

Pierre Breughel le Jeune Les sept oeuvres de miséricorde

Les sept oeuvres de miséricorde selon les Evangiles représentées ici par Pierre Brueghel sont : Visiter les prisonniers, Ensevelir les morts, Accueillir les étrangers, Visiter les malades,  Donner à boire à ceux qui ont soif, Vêtir ceux qui sont nus ; Donner du pain à ceux qui ont faim.


Pierre Breughel le Jeune Les sept oeuvres de miséricorde  : Donner du pain MNAA Lisbonne

La salle des portraits des Francisco Zurbaran ( Actif 1614-1664)


Francisco Zubaran : Saint Paul  et Saint Jacques le Majeur MNAA Lisbonne

Francisco de Zurbarán est un peintre du Siècle d'or espagnol (1598–1664). L'art de Zurbarán est profondément religieux. Il peint des personnages mystiques,  qui expriment leur foi et témoignent de la grandeur divine. Il est l'artiste par excellence de la contre-réforme.

La salle réservée aux Zurbaran présente les douze apôtres grandeur nature. Surélevés, ils nous dominent de toute leur stature. Le peintre attache beaucoup d'importance au rendu des étoffes et des plis, tout en cherchant à rendre le recueillement, le mysticisme de ces hommes qui se tournent vers Dieu. Impressionnant !


Francisco Zubaran : Saint André MNAA Lisbonne


Francisco Zubaran : Saint Simon MNAA Lisbonne


Voir Lisbonne : le musée national de l'art ancien  : le MNNA (1) le retable de Santa Auta