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dimanche 20 octobre 2024

Stephen King : La ligne verte

 

 

Stephen King ayant fait quelques apparitions dans les blogs, j’ai eu envie moi aussi de lire un de ses livres et les hasards de la médiathèque ont fait que je suis tombée sur La ligne verte

La ligne verte se passe dans les années 1930 dans un pénitencier situé à Cold Mountain en Caroline du Nord.  Paul Edgecombe est gardien en chef du bloc des condamnés à mort. La couleur verte du lino, dans le couloir qui conduit à la chaise électrique donne son titre au roman :  La ligne verte, la ligne ultime, en quelque sorte. 

"J’ai présidé à soixante dix-huit exécutions pendant tout le temps où j’ai servi à Cold Mountain (un chiffre sur lequel ma mémoire n’a jamais hésité; je m’en souviendrai sur mon lit de mort), et je peux affirmer que la plupart des hommes prenaient conscience jusqu’à la moelle de ce qui les attendait, sitôt qu’on leur  sanglait les chevilles aux pieds en chêne massif de Miss Cent Mille Volts. (…)
C’est d’abord par les chevilles que les clients de ville prenaient connaissance de leur mort. Ils disaient leurs dernières paroles, des phrases souvent bizarres, incohérentes puis on leur passait une cagoule en soie noire sur la tête. Cette cagoule, c’était soi-disant pour leur confort, mais j’ai toujours pensé que c’était pour le nôtre. Pour nous épargner leur dernier regard. Cette insoutenable expression de désespoir à l’idée qu’ils allaient mourir attachés à cette chaise."


Ils sont cinq gardes au bloc à s’occuper des prisonniers, à les accompagner dans leurs derniers instants, à veiller que tout se passe bien, sans heurts, sans panique, aussi bien pour leur propre santé mentale que pour celle des condamnés qui doivent mourir le plus vite, le « mieux » possible. On verra ce que cela donne quand cela se passe mal !  Paul Edgecombe n’est pas contre la peine de mort mais ce n’est pas un sadique à la différence d’un de ses jeunes collègues Percy Wetmore.
Mais tout va changer pour lui à l’arrivée de John Caffey, un noir d’une taille colossale accusé du meurtre de deux fillettes.
 

 Stephen King est contre la peine de mort, à n’en pas douter et le lecteur qui lit son livre sera vite convaincu de l’inhumanité de ce meurtre autorisé, même les parents remplis de haine contre les criminels qui ont tué leurs enfants en ressortent malades.
On ne sort pas indemne de cette incursion dans ce système pénitencier tant l'écrivain nous bouscule. Si la peine de mort est au centre du récit, le racisme l’est aussi, qui règne dans cet état du sud à l’encontre des noirs et le style de King est efficace, direct, puissant et visuel. C’est vraiment un très bon écrivain. Il a aussi un don pour créer des personnages complexes, les faire vivre, nous amener à nous intéresser à  eux, prisonniers et gardiens.
J’ai, par contre, beaucoup moins aimé l’aspect fantastique du récit qui vient rompre le réalisme sans concession du récit et l’affaiblit.

Paul Edgecombe lui-même est le narrateur, âgé. En 1995, il finit sa vie dans une maison de retraite et écrit ses mémoires qui commencent à l’arrivée de John Caffey agissant comme un révélateur. Cette mise en abyme, roman dans le roman, apporte un éclairage riche et subtil au récit, car à l’image du pénitencier et de sa ligne verte qui mène à la mort, répond, comme dans un miroir, l’image de la maison de retraite, symbole de la condition humaine, qui a, elle aussi, son gardien sadique et sa ligne verte, Paul Edgecombe sachant très bien qu’il n’en sera délivré que par la mort.

16 commentaires:

  1. Je crois que ce titre-là est l'un des plus émouvants de Stephen King. Je l'ai lu il y a très longtemps et pense que je le relirai (mais je n'ai pas encore lu tous les autres !). Pour du King sans fantastique ni horreur, il y a "Dolores Claiborne" et désormais ses policiers comme "Mr Mercedes" : de bons romans aussi.

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    1. Oui je trouve que tout ce qui est dit sur la peine de mort est vraiment très puissant.

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  2. Je n'ai pas lu le roman, j'ai vu le film qui m'avait plu. Je lisais les premiers livres de Stephen King jusqu'à "Simetiere". Il m'a tellement horrifiée celui-là que j'ai arrêté net.

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    1. Justement je ne voulais pas le lire parce que je n'aimais pas ce côté horrible mais j'ai bien aimé le film adapté de son roman Mystery et puis en lisant des billets sur lui dans les blogs je me suis dit qu'il fallait tout de même que j'essaie.

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  3. C'est un de mes Stephen King préféré ! Je l'ai lu il y a longtemps mais il m'a marquée durablement.

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    1. Moi aussi il me marque ! Je ne crois pas que je l'oublierai !

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  4. voilà un auteur que je n'ai pas beaucoup lu , c'était l'auteur de mon fils adolescent il ne l'est plus depuis longtemps (adolescent:) je lui demanderai s'il en lit toujours.

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  5. Cela semble être un livre excessivement "dur" (parce que le côté "réaliste" semble primer sur le côté "fantastique"?)... Je ne le lirai sans doute pas en priorité parmi d'autres livres de Stephen King. Mais merci d'en avoir parlé.
    (s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola

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    1. Moi je trouve que c'est celui qu'il faudrait lire en premier justement parce qu'il est dur et sans complaisance envers la peine de mort.

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  6. Un titre à découvrir... Maintenant, king de temps en temps, pas horrificque ça m'a va.
    Bon, la prisonnière versus la rentrée littéraire ça c'est pas possible, j'aime charlus et les Guermantes, mais la jalousie possessive m'épuise...

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    1. Oui malgré mes restrictions je pense qu e le livre de King est intéressant.

      Mais je croyais me souvenir que tu nous rejoindrais pour La Prisonnière. Je suis d'accord avec toi, la jalousie m'épuise et ça continue dans Albertine disparue ! De temps en temps il radote Proust !

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  7. Tiens! mon commentaire s'est perdu Mon snobisme naturel m'a éloigné de S King que prisaient certains de mes élèves. Un tort, il me semble.

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  8. Eh bien... je n'ai jamais lu un roman de Stephen King. J'avoue que je ne suis pas du tout tentée...

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  9. A force de voir tant d'avis positifs sur les blogs moi aussi, j'envisage de lire King bientôt aussi. Comme toi, le côté fantastique risque de m'agacer mais le sujet est trop fort pour que je laisse La ligne verte de côté.

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  10. J''adore le film que nous avons montré à nos grands ados il y a peu. (je ne lis pas assez King, mais je le lis un peu quand même!!)

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