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dimanche 20 octobre 2024

Stephen King : La ligne verte

 

 

Stephen King ayant fait quelques apparitions dans les blogs, j’ai eu envie moi aussi de lire un de ses livres et les hasards de la médiathèque ont fait que je suis tombée sur La ligne verte

La ligne verte se passe dans les années 1930 dans un pénitencier situé à Cold Mountain en Caroline du Nord.  Paul Edgecombe est gardien en chef du bloc des condamnés à mort. La couleur verte du lino, dans le couloir qui conduit à la chaise électrique donne son titre au roman :  La ligne verte, la ligne ultime, en quelque sorte. 

"J’ai présidé à soixante dix-huit exécutions pendant tout le temps où j’ai servi à Cold Mountain (un chiffre sur lequel ma mémoire n’a jamais hésité; je m’en souviendrai sur mon lit de mort), et je peux affirmer que la plupart des hommes prenaient conscience jusqu’à la moelle de ce qui les attendait, sitôt qu’on leur  sanglait les chevilles aux pieds en chêne massif de Miss Cent Mille Volts. (…)
C’est d’abord par les chevilles que les clients de ville prenaient connaissance de leur mort. Ils disaient leurs dernières paroles, des phrases souvent bizarres, incohérentes puis on leur passait une cagoule en soie noire sur la tête. Cette cagoule, c’était soi-disant pour leur confort, mais j’ai toujours pensé que c’était pour le nôtre. Pour nous épargner leur dernier regard. Cette insoutenable expression de désespoir à l’idée qu’ils allaient mourir attachés à cette chaise."


Ils sont cinq gardes au bloc à s’occuper des prisonniers, à les accompagner dans leurs derniers instants, à veiller que tout se passe bien, sans heurts, sans panique, aussi bien pour leur propre santé mentale que pour celle des condamnés qui doivent mourir le plus vite, le « mieux » possible. On verra ce que cela donne quand cela se passe mal !  Paul Edgecombe n’est pas contre la peine de mort mais ce n’est pas un sadique à la différence d’un de ses jeunes collègues Percy Wetmore.
Mais tout va changer pour lui à l’arrivée de John Caffey, un noir d’une taille colossale accusé du meurtre de deux fillettes.
 

 Stephen King est contre la peine de mort, à n’en pas douter et le lecteur qui lit son livre sera vite convaincu de l’inhumanité de ce meurtre autorisé, même les parents remplis de haine contre les criminels qui ont tué leurs enfants en ressortent malades.
On ne sort pas indemne de cette incursion dans ce système pénitencier tant l'écrivain nous bouscule. Si la peine de mort est au centre du récit, le racisme l’est aussi, qui règne dans cet état du sud à l’encontre des noirs et le style de King est efficace, direct, puissant et visuel. C’est vraiment un très bon écrivain. Il a aussi un don pour créer des personnages complexes, les faire vivre, nous amener à nous intéresser à  eux, prisonniers et gardiens.
J’ai, par contre, beaucoup moins aimé l’aspect fantastique du récit qui vient rompre le réalisme sans concession du récit et l’affaiblit.

Paul Edgecombe lui-même est le narrateur, âgé. En 1995, il finit sa vie dans une maison de retraite et écrit ses mémoires qui commencent à l’arrivée de John Caffey agissant comme un révélateur. Cette mise en abyme, roman dans le roman, apporte un éclairage riche et subtil au récit, car à l’image du pénitencier et de sa ligne verte qui mène à la mort, répond, comme dans un miroir, l’image de la maison de retraite, symbole de la condition humaine, qui a, elle aussi, son gardien sadique et sa ligne verte, Paul Edgecombe sachant très bien qu’il n’en sera délivré que par la mort.

vendredi 18 octobre 2024

Normandie : le charme des villes du Pays d'Auge dans le Calvados


Le gîte Les Pommiers ( le bien nommé !) Calvados

En Normandie nous avons logé dans un gîte près de Pont-L'Evêque en pleine campagne. Je me demande si les Normands sont blasés et s'ils ont encore conscience, à force de les voir, du pittoresque et de la beauté que représentent pour nous, habitants du midi, la longère à pans de bois avec ce grand pré d'un vert incroyablement vert ou poussent.. quoi donc ? des Pommiers, forcément, l'odeur de mon pays ! et avec en prime au fond du pré une petite mare qui promène ses canards. En bref ! J'ai adoré !


Pont-L'Evêque

 

Pont-L'Evêque : L'église Saint Michel


Pont-L'Evêque : L'église Saint Michel


Pont-L'Evêque : L'église Saint Michel : La sortie de l'église tableau de Jules Grün


Une huile sur toile de Jules Grün (1868-1938) représentant la sortie de la messe du Breuil-en-Auge se trouve dans la tour. Certains habitants ont reconnu leurs ancêtres sur le tableau. Le peintre y apparaît lui-même (de profil devant le garde Suisse). Moi ce qui m'a intéressée dans ce tableau, c'est l'époque et le contexte, pendant la guerre de 1914-18. On y voit une veuve en grand deuil avec sa fille vêtue de noir, un jeune poilu en uniforme bleu horizon (en permission ?) descendant les marches, et sur la droite, détail poignant, une foule patientant, attendant de pouvoir accéder au cimetière. On devine que l'hécatombe a déjà bien commencé. Les détails de toilette de tous ces gens endimanchés disent aussi leur milieu social. On remarque le groupe de notables sur notre gauche avec un jeune homme qui n'est pas uniforme (réformé ? Je suppose), le vieux mendiant en retrait à l'arrière, le paysan de belle prestance, en blouse traditionnelle... Tout une leçon d'histoire et de sociologie dans ce tableau !


Pont-L'Evêque : L'église Saint Michel Tableau de Jules Grün


 Touques
 
Touques : ruisseau des Ouïes

Près de notre gîte à quelques kilomètres de Pont-Lévêque, Touques est une jolie petite ville en Pays d'Auge, Calvados. Touques était une ville importante au Moyen-âge, extrêmement active. Située sur  l'estuaire de la rivière de la Touques, elle est un port qui a accès à la mer et au commerce maritime jusqu'en 1825. Les salines aussi font la richesse de la ville. Plus  tard, au XIX siècle, alors que la Touques  est ensablée, elle bénéficie de la proximité des stations balnéaires de Trouville-sur-Mer et de Deauville et de la ligne de chemin de fer au moment de la mode des bains de mer. 

Au Moyen-âge, Touques, était divisée en deux paroisses rivales séparées par le douet Mont Blanc, aujourd'hui appelé ruisseau des Ouïes regroupées autour de l'église Saint Pierre et l'église Saint Thomas

 

Touques : l'église Saint Pierre

 

L'église saint Pierre représente une belle architecture romane dont la construction remonte à Guillaume le Conquérant  (XI siècle). Surmontée  d'une tour octogonale, elle est érigée dans  ce qui était le beau quartier de la ville avec des  maisons de maître et des hôtels particuliers. Ses habitants étaient des notables et de riches commerçants. 

 

Touques : l'église Saint Pierre tour octogonale

 

Touques : l'église Saint Pierre intérieur roman

 

Touques : l'église Saint Pierre intérieur roman

 

Touques Eglise Saint Pierre statuaire


L'église Saint Thomas porte le nom de Thomas à l'issue de la visite de Thomas Becket à Touques; Elle a été édifiée au XII siècle et présente plusieurs styles, roman, gothique et classique. La tour du XII siècle a été modifiée par la suite. La flèche date de 1870. Le portail est de style classique Louis XIV mais les statues des niches ont disparu.


 Touques : Eglise Saint Thomas


Touques : Eglise Saint Thomas

Touques : Eglise Saint Thomas : la nef

 La nef de l'église saint Thomas a été souvent remaniée et ne conserve plus de son origineque le choeur gothique.

 Autour de l'église Saint Thomas la population, plus nombreuse, était pauvre. A la révolution la suppression de la paroisse Saint Pierre n'améliore pas la situation entre les deux parties de la ville malgré  la nomination de son curé comme premier maire élu de la commune. 


Touques

 

Touques
 

Touques

 

Touques :  Le lavoir

 

Eugène Boudin : laveuses au bord de la Touques

 Beuvron- en- Auge

Beuvron- en- Auge

 

Un arrêt rapide à Beuvron-en-Auge qui est considéré comme l'un des plus beaux villages de Normandie, ancien fief, nous dit-on de la puissante famille d'Harcourt. Et c'est vrai qu'il l'est, beau,  avec ses maisons à colombages, cette place Vermughen qui présente des façades d'architecture augeronne du XVI au XVIII siècle. Le nom de Beuvron viendrait de Biber qui signifie Castor en latin, référence, au Beuvronnet et au Doigt, deux rivières ou abondent ces animaux

 

Beuvron- en- Auge Manoir du XVI siècle (détail)


Beuvron- en- Auge Manoir du XVI siècle (détail)


Beuvron- en- Auge Manoir du XVI siècle (détail)


Beuvron- en- Auge


Beuvron- en- Auge

 

Beuvron- en- Auge

 

La chapelle Saint Michel de  Clermont-en-Auge

la chapelle Saint Michel de Clermont-en-Auge

 

Après Beuvron-en-Auge nous sommes allés visiter la chapelle de Clermont en Auge. Il faut laisser la voiture sur le bord de la route et prendre un petit sentier de randonnée au coeur d'un hétraie et de nombreuses autres espèces, frênes, charmes... Des arbres magnifiques. Une marche aisée et agréable. Nous sommes seuls ( au mois de Juin) dans ce sentier verdoyant et paisible qui domine la commune de Beuvron et offre un panorama sur toute la plaine de la vallée de Dives aux colline de Mont Pinçon, aux reliefs forestiers de l'Orne.

 

Sentier vers la chapelle de Clermont-en-Auge

 

la chapelle Saint Michel de Clermont- en -Auge

 La chapelle Saint Michel de Clermont-en-Auge est une chapelle romane construite au XII siècle par la famille de Pouchin, sires de Clermont-en-Auge jusqu'à la révolution. Simplicité dans ce merveilleux écrin de verdure !

 

la chapelle de Clermont en Auge

 

la chapelle de Clermont en Auge nef centrale

 


 


la chapelle de Clermont en Auge : La Vierge et l'enfant (XV )

 

la chapelle de Clermont -en- Auge La Statue de Saint Marcouf

 
la chapelle de Clermont-en-Auge : Statue de Saint Jean Baptiste

Cette statue est en pierre polychrome du XV siècle. Saint Jean Baptiste, le visage émacié, porte un agneau sur un livre. Manquent la main droite du saint, la tête de l'agneau, la tête du donateur qui figure à ses pieds.

mercredi 9 octobre 2024

Grégoire Bouillier : Le syndrome de l’orangerie

 

Le syndrome de l’orangerie de Grégoire Bouillier

Claude Monet ; les nymphéas de l'Orangerie


"J’ai mis du temps à comprendre mes nymphéas. Je les avais plantés pour le plaisir; je les cultivais sans songer à les peindre. Un paysage ne vous imprègne pas en un jour. Et puis, tout d’un coup, j’eus la révélation des fééries de mon étang. Depuis ce temps je n’ai guère eu d’autres modèles." Claude Monet

"Pourquoi des nymphéas ?

 La question est moins stupide qu'elle en a l'air. Car Monet peignit énormément de nymphéas. Quand je dis énormément, je parle d'environ trois cents tableaux, voire cinq cents à en croire Clémenceau, disons quatre cents et n'en parlons plus (quatre cents tableaux ! ). Ce qui représente plus d'un quart de sa production totale. Sans compter tous ceux qu'il détruisit : au bas mot des dizaines et des dizaines... Ce sont quatre cents tableaux pendant trente ans."  Grégory Bouillier

"La mort fardée des couleurs de la vie" Bachelard

 

Claude Monet les nymphéas de l'orangerie

J’avoue que j’ai été d’abord un peu dubitative, n’ayant jamais lu aucun autre livre de Grégoire Bouillier, en abordant Le syndrome de l’orangerie commençant par deux prologues sur la Bmore investigations, l'agence de détectives littéraire de l’enquêteur Baltimore épaulé par son assistante Penny. Référence ? Son  livre précédent Le coeur ne cède pas que je me propose de lire dans un proche avenir maintenant que j’ai lu et apprécié Le syndrome de l’orangerie.

Car dans ce bouquin, Grégory Bouillier, Baltimore, Bmore, (ou quel que soit le nom qu’on lui donne) nous entraîne  à l’orangerie et là…  Plouf ! Splash ! le voilà qui fait un malaise, tourne de l’oeil devant les tableaux de Monet, façon syndrome de Stendhal, mais non pas à cause de la trop grande émotion que procure un spectacle sublime (et pourtant dirais-je !), non, non, à cause de l’horreur qui se cache sous la beauté des fleurs. Et oui, derrière cette magnificence de couleurs, derrière les reflets des nuages dans le miroir de l'étang, dans ce splendide univers inversé, sens dessus dessous, qui nous enchante, (nous qui sommes "normaux"), et bien sachez-le, affirme l'auteur, Monet a planqué bien des  « trucs louches » et "ces peintures puent la mort" ! Qui l’eut cru ? Pas moi, en tout cas, qui, bêtement, n'y voyais que des jolies fleurettes ! Ainsi nous partons avec Grégoire Bmore Bouillier, à la recherche du cadavre (des cadavres ?) qui se cache(nt ?) au fond de l’eau trouble, stagnante, des bassins de Monet.


Claude Monet : la robe verte Camille


Ce qui nous entraîne fort loin, dans la boucherie de la guerre de 14-18, en passant par le camp de concentration d’Auschwitz et le jardin de Giverny, en remontant dans la vie de Monet, son époque, sa famille, ses deux épouses Camille et Alice Hoshedé, ses fils Jean et Michel, sa cécité, mais aussi par des détours vers Edgar Poe, le japonisme et les estampes d’Utagawa Hiroshige, Clémenceau, Tintin et Rackham le Rouge, le professeur Tournesol, Pline l'Ancien, Winston Churchill, le peintre suisse Ferdinand Holder, la Commune de Paris et… et… et j’en passe !

Mais sachez que Grégoire Bouillier s’est maîtrisé (si, si, il avait promis à son éditeur de faire court cette fois-ci, donc pas plus de 426 pages et trois lignes, un record de concision, (paraît-il) et je ne parle pas des parenthèses (et des parenthèses dans les parenthèses ( mais que cachent ces parenthèses ?) )).

Alors fou, Gregory Bouillier ? Alors, là oui, tout fou, bouillonnant même, avec une imagination délirante, on se demande où il va chercher toutes ces idées (lui aussi se le demande !) mais combien passionnant !  Car si vous entrevoyez, derrière la description des nymphéas de Monet, les cadavres que l’écrivain vous avait promis de vous révéler au cours d’une enquête menée tambour battant, ce dernier ne vous laisse jamais le temps de sortir la tête de l’eau (stagnante). Autant dire que l'on ne s'ennuie pas... si l'on en réchappe !


Claude Monet les nymphéas de l'orangerie

Et tout ceci pour vous livrer une analyse très sérieuse, documentée et trépidante de l’oeuvre du peintre et de sa vie et une réflexion sur l'art. Sans compter que vous saurez tout sur la botanique et même la différence entre le nymphéa et le nénuphar ! Et toc !

 Et en plus d’être géniale, cette enquête, elle est drôle car Gregory Bouillier ne manque pas d’humour et vous fait rire ! Passionnant ! vous dis-je ! De plus, inutile de vous demander s’il a raison de voir ce qu’il voit et qu’il nous fait voir sous ces pauvres nymphéas, car de toute façon, maintenant, quand vous irez à l’Orangerie, vous ne pourrez plus voir « la scène du crime » de la même manière !


 Giverny :  sous les Nymphéas ... ?


Le syndrome de l'Orangerie a été préselectionné pour de nombreux prix littéraires.


 

mardi 8 octobre 2024

Marcel Proust : Bilan 4 : Sodome et Gomorrhe

 

 Marcel Proust Bilan 4  Sodome et Gomorhhe



Claudialucia


Marcel Proust : Sodome et Gomorrhe : Le Baron Charlus et l’homosexualité (1)

Marcel Proust: Sodome et Gomorrhe : Albertine et l’homosexualité (2)

Marcel Proust : Sodome et Gomorrhe l’humour (3)

 

Keisha 

 Marcel Proust : lettres à sa voisine

Keisha a déniché une correspondance rare de Proust


Miriam
 

Sodome et Gomorrhe : Le baron Charlus et Jupien

Sodome et Gomorrhe : La soirée chez la princesse de Guermantes

Sodome et Gomorrhe : Autour de Balbec et les noms des villages normands

Miriam est partie à Balbec découvrir les lieux qui ont inspiré Marcel Proust
le Grand Hôtel, la promenade sur la digue et la plage

La villa du Temps retrouvé : Marcel Proust (l'écrivain) et Marcel, le narrateur, n'ont jamais vécu dans la belle villa du Temps Retrouvé transformé en musée Belle Epoque qui contient des autographes et des tableaux des personnes ayant inspiré Proust.


Si vous avez fait d'autres lectures vous pouvez coller les liens en commentaires ici.



 

 Marcel Proust Bilan 3  Le côté de Guermantes

 



Claudialucia

Proust Le côté de Guermantes :  lucidité et pessimisme

Miriam

Proust Le côté de Guermantes :(1ère partie) Le téléphone

Proust Le Côté de Guermantes :(2ème partie) L’Affaire Dreyfus dans le salon de madame de Villeparisis

Proust Le côté de Guermantes :  (3ème partie) Un dîner chez la Duchesse de Guermantes

La Maison de tante Léonie (Musée Proust) à Illiers-Combray

 

 Marcel Proust Bilan 2 : A l'ombre des jeunes filles en fleurs

 

 

Nathalie :

Chloé Cruchaudet, d'après Céleste Albaret, « Bien sûr, monsieur Proust », 2022, édité chez Noctambule.

Chloé Cruchaudet, Céleste, tome 2 Il est temps Monsieur Proust

Laure Murat : Proust, roman familial


Marcel Proust : Bilan 1 Du côté de chez Swann

 




Aifelle


Claudialucia

 
 
Le jeudi avec Marcel Proust :  billets sur Combray
 
 
 
 

Le jeudi avec Marcel Proust :  billets sur Un amour de Swann

Evelyne Bloch Dano une jeunesse de Proust

Céleste Albaret : Monsieur Proust

Laure Murat : Proust roman familial


Dominique

Laure Murat, roman familial

Bribes et conseils aux réfractaires


Fanja

Céleste : Bien sûr, monsieur Proust BD  Chloé Cruchaudet


Keisha

Laure Murat : Proust roman familial

Brassaï : Marcel Proust sous l’emprise de la photographie


Luocine

Laure Murat, roman familial


Miriam

Présentation du challenge Marcel Proust

Du côté de chez Swann : Marcel Proust lecture gourmande

Du côté de chez Swann : l’amour de la lecture/écriture

Du côté de chez Swann :  Combray En famille

Un amour de Swann Marcel Proust


Sandrine

Du côté de chez Swann


Quand vous écrivez sur Proust, laisser le lien vers votre billet dans mon blog en cliquant sur la vignette de la colonne de droite, en haut, challenge Marcel Proust.







dimanche 6 octobre 2024

Exposition Aix-en-Provence : Exposition Bonnard et le Japon à l'hôtel Caumont

Exposition Bonnard et le Japon Hôtel de Caumont Aix-en Provence

 

 L'influence de l'art japonais sur l'art occidental

Hosukaï : La grande vague

En 1853 les Etats-Unis obligent le Japon à ouvrir ses ports permettant ainsi des échanges commerciaux qui développent en Occident le goût de la culture japonaise. Les objets d’artisanat japonais traditionnels, kimonos, vases, éventails, éveillent un grand engouement chez les collectionneurs. En France, l’exposition universelle de 1867, celle 1878 à Paris et en 1890 l’exposition d’estampes japonaises de l’école des Beaux-Arts entraînent une fascination pour un art si différent de l’art occidental.

En 1872, Philippe Burty, critique d’art français et grand collectionneur, emploie pour la première fois le terme de « japonisme » pour traduire cette influence du Japon sur l’art occidental !

 

Utagawa Hiroshige La colline Kinokunizaka et l'étang Kamikei à Asaka   

 Les peintres, impressionnistes, nabis, néo-impressionnistes, Monet,Van Gogh, Vuillard, Denis, Matisse…  s’enthousiasment devant les estampes de Hiroshige et de Hosukai et y voient l’occasion de renouveler leur art.

exposition hôtel de Caumont Aix-en Provence

Pour Pierre Bonnard surnommé « le nabi très japonard », la découverte de l’art japonais remet en cause sa technique et se reflète dans son oeuvre, simplification des formes, abandon de la perspective, format vertical, allongé, inspiré des Kakemono ( peintures sur rouleaux), goût des décors et amour des couleurs vives. Mais ses thématiques aussi sont modifiées. L’exposition présente des oeuvres du peintre mises en parallèles avec des estampes japonaises de la collection Leskowicz pour en révéler les  influences.

 

Utagawa Hiroshegi  : Mitsumatawarkare No fuchi cent vues d'Edo


Pierre Bonnard : voiliers et régates


Pierre Bonnard : Baigneurs à la fin du jour exposition hôtel de Caumont Aix-en Provence


Utugawa Hiroshige :  la descente des oies sur l'étang Shinobazunoike

 

 L'Ukiyo-E, l'Image des mondes flottants

 


Utagawa Hiroshige La colline Kinokunizaka et l'étang Kamikei à Asaka cent vues célèbres d'Edo


 L'Ukiyo-E, l'Image des mondes flottants  : Se livrer tout entier à la contemplation...


Utagawa Horishige : Loriot de Chine et oiseau au chrysanthème


Hiroshige Le nouveau Fuji à Meguro  Cent vues d'Edo



De la fleur de cerisier à la feuille d'érable...



Utagawa Hiroshige : Dans le sanctuaire d'Akiba exposition hôtel de Caumont Aix-en Provence


Pierre Bonnard reprend les thématiques chères aux Ukiyo-e, ou « images du monde flottant », mouvement artistique de 1603 à 1868 qui fait référence au principe boudhiste de l’impermanence du temps, du caractère éphémère de la beauté de la nature, des êtres et des choses, et qui se traduit au niveau pictural par le désir de rendre des impressions fugitives, des instants simples, de témoigner de la fragilité de la beauté, de peindre la vie familiale, les relations de l'homme et des animaux...

 

Pierre Bonnard : Fleurs sur tapis rouge exposition hôtel de Caumont Aix-en Provence

 Montrer la beauté et la fragilité  des choses ...

 

Pierre Bonnard : femmes dans le jardin exposition hôtel de Caumont Aix-en Provence

Instant simples, moments de bonheur fugitifs au milieu des fleurs et des animaux, beauté éphémère de la nature. Les silhouettes des femmes sont peintes sur des panneaux tout en longueur qui étaient destinés à l'origine à orner un paravent mais sont devenus des tableaux formant un ensemble.


Hiroshige Utagawa Grand feu d'artifice de Ryögoku
 
 
Un moment fugitif de bonheur, le feu d'artifice dans le soir qui tombe...


Pierre Bonnard : le jardin au Cannet exposition hôtel de Caumont Aix-en Provence


Vivre uniquement le moment présent dans la beauté des choses, l'amandier en fleurs, la première floraison de l'année qui annonce le printemps... Au japon la coutume du Hanami, c'est à dire la contemplation de la floraison des cerisiers célèbre le renouveau de la nature après l'hiver. Bonnard est particulièrement sensible à ce thème et il a réalisé de nombreux arbres en pleine floraison.



Pierre Bonnard : la petite fenêtre exposition hôtel de Caumont Aix-en Provence




Pierre Bonnard : l'amandier en fleurs exposition hôtel de Caumont Aix-en Provence


Les peintres japonais représentent souvent des scène familières et affectueuses avec des enfants ou des animaux illustrant des contes et des légendes. Pierre Bonnard qui n'a pas eu d'enfants se passionne pour les enfants de sa soeur et peint des scènes tendres, des moments d'innocence et de joie.


Pierre Bonnard : le toit rose



Pierre Bonnard : femme portant un chien sur les genoux



Utagawa Kuniyoshi : Yûgao série dit du Genji



Pierre Bonnard : Les jeunes filles au chien



Utagawa Kuniyoshi Poulpes de Trasko dans la province de Harima exposition hôtel de Caumont Aix-en Provence



Pierre Bonnard : le déjeuner des enfants exposition hôtel de Caumont Aix-en Provence



Le cinétisme
 

Pierre Bonnard : Le tramway vert  exposition hôtel de Caumont Aix-en Provence


En 1889, Bonnard s'installe à Paris dans le quartier des Batignolles pour peindre l'animation des rues de jour comme de nuit. Dans Le tramway vert, pour rendre l'impression de rapidité, de fuite qui évoque la fugacité du temps qui passe, il utilise comme les peintre japonais l'enchaînement des vides et des pleins qui donnent l'impression d'un tableau animé, les silhouettes des personnages ou du fiacre qu'il coupe en bord du dessin, ce qui suggère que le mouvement se poursuit dans un autre espace, dans le hors champ ou qu'ils viennent d'un ailleurs. De plus, il décompose le mouvement de la marche. Pierre Bonnard, on s'en doute en regardant ces tableaux, est fasciné par la photographie et la naissance du cinématographe.


Pierre Bonnard : L'omnibus exposition hôtel de Caumont Aix-en Provence





Pierre Bonnard exposition hôtel de Caumont Aix-en Provence

 
Pierre Bonnard : Les grands boulevards hôtel de Caumont Aix-en Provence

 
Pierre Bonnard :  coin de la rue vue du Haut

 
Pierre Bonnard Le jardin  de Paris  hôtel de Caumont Aix-en Provence

 
Pierre Bonnard et le Japon exposition hôtel de Caumont Aix-en Provence

 
Pierre Bonnard et le Japon  Les quais de Paris exposition hôtel de Caumont Aix-en Provence