Nous avons enfin terminé notre défi commun, nous, Miriam et Claudialucia : Lire les sept volumes de La Recherche du Temps perdu l’un après l’autre, dans la foulée… Le challenge lancé le 23 Mars 2024, commencé au mois d’Avril, s’est achevé en Décembre 2024. Une longue marche d’endurance.
Non, cette lecture n'a pas été facile pendant ces 9 mois, contrairement à ce que nous disent les inconditionnels de Proust, en tout cas pour moi !
Ce que je n'ai pas aimé dans Proust
Pourquoi la lecture m'a été parfois difficile ?
Plusieurs aspects de l'oeuvre m'ont déstabilisée, non pas la longueur de la phrase, - on s'y habitue très vite-, non pas tant le nombre de pages (plus de 3000), - je suis habituée à beaucoup lire et j'aime les gros livres bien épais dans lesquels on s'embarque pour un long voyage-, que cette impression de répétition d'un livre à l'autre ou d'un paragraphe à l'autre. Répétitions, redondances ? On a parfois envie de dire à l'écrivain : mais c'est déjà dit, on le sait, on n'est pas idiot, on a compris ! Oui, souvent je me suis ennuyée !
Ensuite il faut bien avouer que les personnages dont il parle sont odieux, que ce soit la grande noblesse ou la riche bourgeoisie, les Guermantes ou les Verdurin. Je les trouve vides, snobs, égoïstes, souvent même inintelligents et ridicules. C'est d'ailleurs ce que dénonce Marcel Proust qui n'épargne pas la critique de ce milieu qu'il admire d'abord pour ensuite en constater la superficialité même s'il conserve malgré tout une certaine connivence avec eux ! Après tout, c'est son milieu et quand il fréquente des gens du peuple, cela ne peut-être que ses chauffeur, cuisinière ou valet pour qui il a une certaine condescendance. Quand vous passez des heures et des heures à lire Proust comme nous l'avons fait, cela signifie que vous passez des heures et des heures en compagnie de gens peu fréquentables, terriblement déplaisants ! Et cela ne paraît jamais finir !
Et puis même les personnages principaux ne sont pas tous sympathiques. Marcel, en particulier, avec son mépris des femmes, ses caprices d'enfant gâté odieux envers sa mère (à Venise); le sentiment qu'il a de sa supériorité (envers Albertine), son incapacité à aimer les autres, sa manière de décrier l'amitié et l'amour. Il n'aime et il ne s'intéresse qu'à lui-même ! Et que dire de Charlus ou de Saint Loup qui, imbus de leur noblesse, satisfont leur sexualité avec des enfants des classes pauvres !
Ce que j'ai aimé dans Proust
Ceci dit, je suis bien heureuse de les connaître tous ces personnages même si cela peut paraître paradoxal par rapport à ce qui précède. Ils sont tellement célèbres qu'ils font partie de notre patrimoine littéraire, si je puis dire, et même de notre quotidien. L'autre jour, en regardant une photographie prise par ma fille d'un mineur péruvien au regard fier et au port de tête hautain, je me suis dit spontanément : "Le duc de Guermantes ne pourrait avoir un air plus altier ! ". Les personnages de Proust comme référence !
Et puis j'aime Tante Léonie et "ce grand renoncement de la vieillesse qui se prépare à la mort", Françoise, le Michel Ange de notre cuisine et son boeuf aux carottes en gelée, son franc parler, la grand-mère si aimante, si dévouée et son grand amour pour Madame de Sévigné, Albertine, l'enfant orpheline et pauvre et pour cela jeune fille méprisée qui a le désir d'apprendre, qui lit, se cultive, prisonnière d'un homme malade, jaloux, égoïste, incapable d'aimer ! Et, bien sûr, je me suis sentie concernée, touchée par ces personnages qui nous font éprouver des émotions et nous renvoient à nous-mêmes.
Ce que j'aime dans Proust ? C'est aussi le témoin de son temps, l'électricité, le téléphone, l'aviation, le train, la vogue des bains de mer, l'impressionnisme, l'affaire Dreyfus, la guerre de 14 à Paris...
Proust et la nature, la mer, les fleurs et ces magnifiques descriptions de Combray, de Balbec. Proust l'écrivain des fleurs et ses fameuses aubépines : "leur parfum s’étendait aussi onctueux, aussi délimité en sa forme que si j’eusse été devant l’autel de la Vierge, et les fleurs, aussi parées, tenaient chacune d’un air distrait son étincelant bouquet d’étamines, fines et rayonnantes nervures de style flamboyant comme celles qui à l’église ajouraient la rampe du jubé ou les meneaux du vitrail et qui s’épanouissaient en blanche chair de fleur de fraisier. "
J'adore lorsque Marcel Proust parle de l'art, la peinture, la musique et la littérature. J'aime que certaines scènes ou certains personnages soient décrits comme des oeuvres d'art, que Swann voit Odette comme une fresque de Boticelli, que le docteur ressemble à un Tintoret , que Bloch soit un Gentile Bellini, ou que "sous les couleurs d’un Ghirlandajo" soit peint le nez de M. de Palancy.
Proust et l'humour : A de nombreuses reprises j'ai noté l'humour de Proust avec, par exemple, la vieille madame de Cambremer si mélomane qu'elle bat la mesure "avec sa tête transformée en métronome"; la première rencontre avec Bloch et les parents de Marcel m'ont bien fait rire, de même le baron Charlus et ses ruses pour retenir l'attention de Morel, ou encore les tics de madame Verdurin... pour ne citer que ceux-là.
La Recherche offre des pages admirables au style splendide, au thème fort, qui marquent à la fois par leur beauté et par leur sens, des pages entières qui se détachent des autres et que l'on peut lire à part tant elles ont de force : "Longtemps, je me suis couché de bonne heure", la page des madeleines et de la tisane, celle des pavés inégaux, de l'aquarium à Balbec, de la robe et des chaussures rouges, du petit pan de mur jaune lors de la mort de Bergotte et bien d'autres encore.
Enfin, j'ai aimé cette recherche sur le temps, sur la mémoire et le souvenir qui est notre quête à tous. Et je pense que nous avons tous éprouvé cette remontée du passé grâce à une impression sensorielle, sensation olfactive, auditive... c'est le goût de la madeleine pour Proust, la triste petite phrase musicale de Vinteuil pour Swann, le chant de la grive pour Chateaubriand, l'odeur du pays qui est dans une pomme...
Nous publions ici la récapitulation des deux derniers livres : Albertine disparue et Le temps retrouvé.
BILAN 7
Miriam
Le temps retrouvé Tansonville
Le temps retrouvé : Monsieur de Charlus pendant la guerre
Le temps retrouvé : Dans la bibliothèque du prince de Guermantes, méditation sur la mémoire et littérature
Claudialucia
Le temps retrouvé (1) Proust, Cendrars et Céline
Marcel Proust : Le temps retrouvé (2)
BILAN 6
Miriam
Marcel Proust : Albertine disparue
Claudialucia
Marcel Proust : Albertine disparue
Bilan 5 : La prisonnière
claudialucia
La prisonnière : Marcel (1)
La prisonnière Albertine (2)
La prisonnière : Le mythe de Pygmalion
Normandie Calvados Caen : Exposition : Le spectacle de la marchandise, Ville, art et commerce avec Zola et Proust (2)
Marcel Proust et la mode : Mariano Fortuny et Jacques Doucet
Miriam
La prisonnière : Emprise, jalousie et mensonges
La prisonnière : mais qui est donc Albertine ?
La prisonnière : Une soirée musicale chez madame Verdurin
Bilan 4 Sodome et Gomorrhe
Claudialucia
Marcel Proust : Sodome et Gomorrhe : Le Baron Charlus et l’homosexualité (1)
Marcel Proust: Sodome et Gomorrhe : Albertine et l’homosexualité (2)
Marcel Proust : Sodome et Gomorrhe l’humour (3)
Keisha
Marcel Proust : lettres à sa voisine
Miriam
Sodome et Gomorrhe : Le baron Charlus et Jupien
Sodome et Gomorrhe : La soirée chez la princesse de Guermantes
Sodome et Gomorrhe : Autour de Balbec et les noms des villages normands
Miriam est partie à Balbec découvrir les lieux qui ont inspiré Marcel Proust
le Grand Hôtel, la promenade sur la digue et la plage
La villa du Temps retrouvé
: Marcel Proust (l'écrivain) et Marcel, le narrateur, n'ont jamais vécu
dans la belle villa du Temps Retrouvé transformé en musée Belle Epoque
qui contient des autographes et des tableaux des personnes ayant inspiré
Proust.
Si vous avez fait d'autres lectures vous pouvez coller les liens en commentaires ici.
Marcel Proust Bilan 3 Le côté de Guermantes
Proust Le côté de Guermantes : lucidité et pessimisme
Proust Le côté de Guermantes :(1ère partie) Le téléphone
Proust Le côté de Guermantes : (3ème partie) Un dîner chez la Duchesse de Guermantes
La Maison de tante Léonie (Musée Proust) à Illiers-Combray
Marcel Proust Bilan 2 : A l'ombre des jeunes filles en fleurs
Athalie
Proust à la plage, la recherche du temps perdu dans un transat, Johan Faeber
Claudialucia
Marcel Proust : A l'ombre des jeunes filles en fleurs : Livres 2 et 3 Les personnages nouveaux
Marcel Proust : A l'ombre des jeunes filles en fleurs : Livre 2 et 3 Les personnages retrouvés
Marcel Proust : à l'ombre des jeunes filles en fleurs livres 1 et 2
Nathalie :
Chloé Cruchaudet, Céleste, tome 2 Il est temps Monsieur Proust
Laure Murat : Proust, roman familial
Marcel Proust : Bilan 1 Du côté de chez Swann
Aifelle
Claudialucia
Le jeudi avec Marcel Proust : billets sur Un amour de Swann
Evelyne Bloch Dano une jeunesse de Proust
Céleste Albaret : Monsieur Proust
Laure Murat : Proust roman familial
Dominique
Laure Murat, roman familial
Bribes et conseils aux réfractaires
Fanja
Céleste : Bien sûr, monsieur Proust BD Chloé Cruchaudet
Keisha
Laure Murat : Proust roman familial
Brassaï : Marcel Proust sous l’emprise de la photographie
Luocine
Laure Murat, roman familial
Miriam
Présentation du challenge Marcel Proust
Du côté de chez Swann : Marcel Proust lecture gourmande
Du côté de chez Swann : l’amour de la lecture/écriture
Du côté de chez Swann : Combray En famille
Un amour de Swann Marcel Proust
Sandrine
Du côté de chez Swann
Marcel Proust : Les Plaisirs et les jours