Pages

mardi 22 juillet 2025

Shakespeare : Le songe d'une nuit d'été

Arthur Rackham : Puck et Titania
  

Je devais aller voir Macbeth pour participer au challenge de Cléanthe mais je n'ai pas pu. Par contre j'ai assisté à deux représentations de le Songe d'une nuit d'été  qui m'ont particulièrement déçue. Je reprends ici tout en le complétant ce que j'avais déjà écrit sur cette pièce pour le challenge Shakespeare il y a quelques années pour mieux faire comprendre ma déception.


La  pièce de Shakespeare Le songe d'une nuit d'été était à l'origine intitulée Le songe de la nuit de la Saint Jean. Une bizarrerie puisque Shakespeare place le déroulement de sa pièce au mois de Mai (mid summer).
 L'universitaire Ernest Schanzer donne une explication : il s'agit de la date de la première représentation du Songe donnée pour célébrer la nuit de la Saint-Jean. Ce qui reste étonnant, pourtant, c'est que le dramaturge ait tenu à placer l'action la veille du premier Mai. Certes, ces deux nuits, dans les croyances élizabéthaines, étaient toutes deux considérées comme propices à la magie, à l'apparition des êtres surnaturels. Cependant c'est à la Saint Jean que les fleurs cueillies cette nuit-là ont un pouvoir magique capable de susciter des rêves amoureux et de frapper les gens de folie. Or, constate Ernest Schanzer  "la folie amoureuse n'est-elle pas, en effet, le thème essentiel du songe d'une nuit d'été ?".
Quoi qu'il en soit, la pièce est bien nommée puisque toutes les scènes se déroulent la nuit sauf peut-être la première scène de l'acte 1 et encore est-elle placée aussi sous le signe de la lune..

L'intrigue 

La scène se passe à Athènes et dans un bois voisin.

Thésée, le duc d'Athènes et Hippolita vont fêter leur mariage dans quatre nuits, à la nouvelle lune.  Mais Egée, un vieux courtisan,  vient se plaindre de sa fille Hermia qui refuse d'épouser Démetrius, le prétendant qu'il lui a choisi. Hermia aime Lysandre et veut se marier selon son coeur.  Héléna, la fille de Nedar, elle, aime Démetrius qui lui préfère Hermia. Telle est la situation, inextricable, lorsque les deux amoureux, Hermia et Lysandre décident de fuir.  Ils seront suivis, contre leur gré, par Héléna et Démétrius. Les quatre jeunes gens se perdent dans la forêt pendant cette nuit de folie et vont être les jouets des fées.

Pendant ce temps, des gens du peuple, artisans de la ville, décident de monter une pièce sur la mort de Thisbée et de Pyrame pour la représenter au mariage de Thésée et Hippolita. Ils espèrent s'attirer les bonnes grâces du roi. Ils s'éloignent dans la forêt guidé par Lecoin, le charpentier qui s'est improvisé metteur en scène. La troupe à l'intention de répéter à l'abri des regards et il va leur arriver à eux aussi bien des mésaventures.

Dans la forêt vit le peuple des fées : La reine Titania, entourée de ses elfes, est en rivalité avec Obéron, le roi des fées. Il lui réclame un enfant qu'elle lui a volé. Elle refuse et Obéron jure de se venger avec l'aide de Puck ; il demande à ce dernier d'aller cueillir une fleur magique dont le suc déposé sur la paupière d'une personne la rend amoureuse du premier visage aperçu lors de son réveil.

Avec cette fleur commence la folie amoureuse de cette nuit d'été : Titania tombera amoureuse de Bottom (Navette), le tisserand, affublé d'une tête d'âne ; les quatre jeunes gens eux aussi vont changer de soupirants et voir se nouer et dénouer leurs amours, au gré des caprices des fées.


Une comédie tragique : l'Homme est-il libre ?


Le songe d'une nuit d'été est une comédie. Elle présente effectivement des personnages franchement comiques, en particulier la troupe de théâtre des artisans, ridicules à souhait dans leurs prétentions. Les personnages vont jouer une tragédie en se prenant très au sérieux; c'est ce qui va provoquer le rire car nous assistons à une parodie sans que les acteurs en soient conscients. Ils craignent même de faire peur aux dames ! Ce sont des personnages de farce et celle-ci est à son comble quand Bottom se retrouve avec une tête d'âne. Shakespeare a toujours aimé mener une réflexion sur le théâtre dans ses pièces, soit pour révéler la vérité comme dans Hamlet, soit pour rappeler que la vie, le monde entier, est un théâtre comme dans Macbeth ou Le marchand de Venise.  Ici, le théâtre dans le théâtre permet de jouer sur le grotesque tout en dénonçant la sottise et la vanité humaines. Il est aussi frappant de constater que le thème de Pyrame et Thisbé répond à l'intrigue du Songe, une histoire d'amour contrarié et d'amants séparés. A l'astre de la lune qui veille sur la pièce, répond la lune factice, une lanterne, des comédiens amateurs.

Cependant la pièce a un fond tragique et même si le spectateur rit, il reste conscient de la cruauté des jeux amoureux qui se déroulent devant lui. Quand le suc de la fleur magique détourne l'amour de Lysandre et de Démétrius vers Héléna, Hermia devient pour eux un objet de mépris. Il n'y aucune compassion pour la jeune fille qui doit essuyer des insultes :

"Moi me contenter d'Hermia ! Jamais ! Comme je regrette les heures d'ennui passées auprès d'elle. C'est Héléna que j'aime, non Hermia !  Qui ne voudrait changer une corneille contre une colombe ?(...)

"Va-t-en tartare moricaude, va t'en ! au diable médecine répugnante, au diable vomitif dégoûtant!"

Les rapports entre  hommes et femmes sont donc d'une grande violence  même si leur caractère excessif nous rappelle que nous sommes dans la comédie. Il n'en reste pas moins que Hermia soudainement délaissée est désemparée, humiliée et malheureuse. Héléna qui ne peut croire au revirement des deux jeunes gens, est tout aussi blessée par ce qu'elle croit être une raillerie. La souffrance des deux femmes est bien réelle.

Hermia : Jamais si fatiguée, jamais si malheureuse, trempée par la rosée, déchirée par les ronces, je ne puis me traîner ni avancer d'un pas.

Mais les relations entre femmes ne sont pas meilleures même si elles sont parfois plus subtiles. Hermia se fâche lorsque Héléna dit et répète qu'elle est "petite" ! Est-elle trop susceptible ? La "gentille" Héléna  a-t-elle une intention blessante ou, au contraire, dit-elle cela innocemment ?  Nous restons ainsi dans la comédie mais Shakespeare nous montre une nature humaine bien noire. 

Il est vrai que les personnages magiques eux-mêmes ne sont pas plus sages, témoins la dispute entre Titania et Obéron, les facéties de Puck, et ils ont, comme jadis les dieux de l'Olympe, tous les défauts des humains, à moins que ce ne soit le contraire ! Cependant leur guerre, leur colère ou leurs décisions, s'ils peuvent nous faire rire, ont un retentissement sur l'ordre du monde et sur la destinée des hommes. 

Le pauvre laboureur voyait ses champs croupis,
Et dans les prés noyés le parc est sans troupeaux,
Car le bétail malade a nourri les corbeaux.
Le mail où l’on jouait ? La fange l’a couvert !
Nos yeux, sans la trouver, cherchent la place où fut
Le sentier qui courait sous les gazons touffus.]
Les hommes ont perdu leurs saintes nuits d’hiver ;
Plus d’hymnes de Noël ! Et, pâle et refroidie,
La lune, reine de la mer,
Répand partout les maladies !
Voilà ce qu’ont fait nos querelles !
Les saisons se battent entre elles ! 

Le givre aux lèvres froides pose
Ses baisers sur le cœur des roses,
Et, misérable moquerie,
L’hiver grelottant a placé
Sur son crâne glacé
Des couronnes fleuries !]
Oui, l’été, le printemps et l’hiver et l’automne
Échangent leur livrée ! Et le monde s’étonne
Du désordre des éléments !
Telle est notre œuvre !…  

La pièce est donc aussi une réflexion et pas des moindres sur la liberté de l'homme face à la divinité. Ce sont les Fées qui tirent les ficelles et les êtres humains apparaissent bien vite comme des marionnettes soumises à leurs caprices. Obéron tout puissant et Puck, en commettant des erreurs, tiennent entre leurs mains la clef de leurs sentiments et décident de leur avenir. Doit-on penser que Shakespeare penche vers le déterminisme voire la prédestination dans cette Angleterre qui a rompu avec le catholicisme? Ce serait peut-être aller bien loin et encore une fois, comme il s'agit d'une comédie, Shakespeare nous invite à ne pas trop nous poser de questions et à considérer tout cela comme un rêve ! (même si celui-ci vire parfois au cauchemar !). Pourtant l'on peut avoir de sérieux doutes quant à la liberté de l'Homme en voyant Le Songe d'une nuit d'été, même si ce dernier est persuadé du contraire !


La folie amoureuse 

 

Titania et Bottom

Car le pessimisme de Shakespeare s'exprime dans cette peinture de la folie amoureuse. Lysandre peut passer de l'amour d'Hermia à celui d'Hélène puis revenir à Hermia ; Titiana s'énamoure d'un monstre à tête d'âne et le tient pour le plus beau des êtres.  Si l'on peut changer ainsi de partenaire, si l'on peut s'aveugler sur les mérites de celui qu'on aime, si le caprice préside au choix, si les êtres sont interchangeables, alors l'amour réel existe-t-il ?
Il faut remarquer que c'est au moment où Lysandre agit avec le plus d'inconséquence qu'il invoque la raison pour expliquer qu'il n'est plus amoureux d'Hermia mais de Héléna : 

C'est la raison qui gouverne la volonté de l'homme et la raison me dit que vous êtes la plus précieuse.
 

On voit l'ironie de Shakespeare ! Et la conclusion paraît évidente. L'amour n'est qu'une création de l'esprit, il s'apparente à la folie et l'un ne va pas sans l'autre.
 

La féérie, la fantaisie

Obéron et Titania dans la belle représentation de Le songe et the Fairy Queen de Purcell 

 

Enfin la pièce est magnifique par sa poésie et sa beauté lyrique. Elle peint les sortilèges de la nuit :

Il nous faut nous hâter, seigneur des elfes, car les rapides dragons de la nuit fendent les nuages en plein vol et voyez briller là-bas la messagère de l'aurore. A son approche les fantômes qui errent çà et là s'assemblent pour regagner les cimetières..

Elle est éclairée dès le début par un clair-obscur onirique, celui de la lune et la nuit; des ombres s'agitent, éphémères, dans l'obscurité. Rien n'est solide, rien n'est vrai et les fées qui peuplent la forêt sont "des esprits" qui s'évanouiront à l'approche du jour à l'exception, peut-être, d'Obéron, le Seigneur des elfes qui peut braver les rayons de l'aurore.

La fantaisie de la pièce est remarquable dans la façon de traiter le thème féérique avec ses personnages majestueux comme Titania ou Obéron,
 

"Je connais un tertre où fleurit le thym sauvage, où croissent les primevères et les tremblantes violettes, le foisonnant chèvrefeuille, l'églantine, les douces roses musquées le recouvrent d'un dais; C'est là, parmi ces fleurs, que Titania s'endort un moment la nuit bercée par les danses et les délices avec ses  elfes au nom délicieux, entités de la Nature et qui participent à son entretien et à sa survie :  Toile d'araignée, Phalène, Graine de moutarde, Fleur de pois... 
Puis vous partirez durant le tiers d'une minute, les uns pour aller tuer les vers dans les boutons des roses musquées; les autres pour guerroyer contre les chauves-souris ."

et avec Puck, ce Robin le diable, malicieux, farceur et parfois un peu redoutable pour les pauvres êtres humains égarés dans la forêt :

Tu dis vrai? Je suis ce joyeux vagabond nocturne. J'amuse Obéron et le fais sourire quand métamorphosé en jeune pouliche, je hennis pour tromper le gros cheval bourré de fèves…"

Puck est un personnage de la mythologie celte, et s'il n'est pas entièrement méchant, il est tout de même  capable de farces cruelles.

 La Fée à Puck

Si vos manières ne m’abusent,
Galopin,
Cervelle matoise,
Vous êtes le fameux Robin
Bon Enfant qui s’amuse
À lutiner les villageoises !

C’est vous qui répandez le lait des cruches pleines ;
Détraquez le moulin au milieu du labeur ;
Mettez la vieille hors d’haleine
Quand elle bat son beurre ;
C’est par vous que s’évente
Et que s’aigrit la bière...

 

Puck : Reynolds
  

 Le théâtre dans le théâtre : le burlesque

 

Les artisans qui jouent la pièce de Pyrame et Thisbé sont les personnages grotesques, des acteurs qui ne se rendent pas compte de leur nullité et qui sont très fiers d'eux-mêmes.  Réflexion sur le théâtre, sur les mauvais comédiens ? Le plus vaniteux - qui se croit capable de jouer tous les rôles - est bien sûr Bottom et ce n'est pas étonnant que ce soit lui qui soit puni, devenu un monstre à tête d'âne.  Si sa mésaventure fait rire, Ann Witte dans son article sur Shakespeare et le folklore de l'âne écrit que parmi les métamorphoses de la pièce "le symbolisme érotique de l'âne se retrouve dans des traditions qui mettent en valeur les rites de fécondité liés à ce animal, tantôt emblème de sottise et de paresse, tantôt symbole du "bas matériel et corporel"( bottom) ) qui incarnait la puissance maléfique."

Ainsi même dans la partie comique de la pièce, nous sommes donc toujours dans le registre de la féérie  et des personnages inquiétants avec l'âne Bottom.


Une pièce très riche dont on ne peut épuiser le sujet.  Je l'ai déjà vue plusieurs fois dans des mises en scène très différentes. C'est la première pièce que j'ai vue au théâtre à l'âge de 13 ans. Et j'en garde un souvenir ébloui. Elle fait partie de mes comédies shakespeariennes préférées avec La nuit des rois et Beaucoup de bruit pour rien.

 

C'est pourquoi j'ai été très déçue par les deux représentations que j'ai vues cette année; l'une où le metteur en scène a simplifié l'action pour la mettre à la portée de ses comédiens qui paraissaient tout juste sortis de l'école.

Une autre interprétée par de jeunes comédiens qui remplacent par leur énergie ce qu'ils ne sont pas capables de rendre par leur talent. Tout est joué sur le même registre, comique, si bien que l'on distingue à peine ce qui est du domaine de la parodie théâtrale donnée par les artisans, du reste de la pièce. Bien sûr, un spectateur qui ne connaît pas la pièce peut rire et s'en satisfaire puisqu'il n'attend rien de plus. Je le comprends. Mais il n'est pas étonnant, ensuite, qu'il la considère comme une comédie légère et mineure dans l'oeuvre de Shakespeare. Toute réflexion est écartée et où est passé le beau texte lyrique de l'écrivain ? Cela me fait mal de voir comment l'on appauvrit un texte si riche !


Participation  à Escapades en Europe (avec un mois de retard pour le  thème de Shakespeare) chez Cléanthe


samedi 19 juillet 2025

SHAKESPEARE

 

 

SHAKESPEARE : Elsa Robinne - Mise en scène

Une traversée de sa vie en suivant le flot de son œuvre.
Somme hétéroclite d’aspect kaléidoscopique espérant synthétiser partiellement l’ensemble des accomplissements remarquables de l’éponyme a pour acronyme SHAKESPEARE. Et c’est précisément sa vie que ce spectacle traverse, porté par le flot considérable de son œuvre.

Ses contemporains - sa femme, sa troupe, Marlowe, ses protecteurs, la Reine Elisabeth, le Roi Jacques… - se confondent avec les figures de son théâtre et racontent, avec les morceaux familiers de ses pièces, celui que la postérité appellera « le divin barde » mais qui fut avant tout cet excellent William.

Le monde entier est un théâtre, écrit Shakespeare, et c’est dans son théâtre que trois comédien-nes et un musicien s’élancent pour imaginer son monde, avec pour seul espoir le souffle de vos bienveillants murmures. Sinon, ils auront manqué leur but : vous plaire.
« Une épopée fantaisiste qui n’égratigne en rien la pertinence et l’intemporalité de ce théâtre. »
ARTS-CHIPELS

« Cette approche un brin déjantée de son œuvre aurait certainement plu à William. »
COUP DE THEATRE

« On est dans des sommets d’humour et on rit beaucoup. »
SNES

« Le spectacle est fort bien interprété. »
A2S

« Une épopée inattendue à la rencontre de cette figure majeure…L’ensemble est plein d’inventivité, d’humour, de générosité. »
L’INFO TOUT COURT


Mon avis

Les bonnes critiques de presse sur ce spectacle m'ont encouragée à aller le voir d'autant plus que ma petite-fille, Léonie, l'amoureuse de Shakespeare, était là ! Donc aller voir la vie de Shakespeare "en suivant le flot de l'oeuvre" me paraissait être une bonne idée ! Je savais que le spectacle ne serait pas classique et même qu'il serait "déjanté "selon le mot adoré (pour ne pas dire le poncif) des critiques de théâtre ! Un mot qui me fait peur et qui peut cacher tout et  n'importe quoi.
Non, finalement, ce n'était pas du n'importe quoi!  Les comédiens savent très bien ce qu'ils font, c'est un choix de leur part que beaucoup de spectateurs semblent aimer : ils présentent la vie de Shakespeare en insistant sur les aspects parodiques des personnages (la reine Elizabeth, par exemple !) sans occulter certains aspects tragiques de la vie de l'auteur comme la mort de son fils Hamnet. Mais voilà, cela ne me fait pas rire. C'est vrai qu'il y a des connaissances certaines sur le vie de l'auteur mais c'est une sorte d'humour que je n'aime pas. De plus, je trouve que les textes du "divin barde" ne sont pas assez mis en valeur, Roméo et Juliette lui aussi escamoté en plaisanterie : "William pourquoi es-tu William." Je n'ai apprécié que lorsque le comédien qui interprète le rôle du dramaturge dit lui-même le texte malheureusement souvent trop peu et trop rapide.  Dans l'ensemble je suis restée sur ma faim ! Bref ! ce n'était pas un spectacle pour moi ni pour Léonie qui n'a pas aimé !


SHAKESPEARE

du 5 au 26 juillet relâche les 9, 16, 23 juillet
15h25 1h20
LUCIOLES (THÉÂTRE DES)
Salle : Salle Fleuve - 
D'après William Shakespeare
équipe artistique
Elsa Robinne - Mise en scène
Tristan Le Goff - Interprétation
Etienne Luneau - Interprétation
Malvina Morisseau - Interprétation
Joseph Robinne - Interprétation
Emmanuelle Dandrel - Diffusion
Elodie Kugelmann - Presse
Anne Lacroix - Scénographie
Emilie Nguyen - Création lumière
Tiphaine Vézier - Administration
GRAND TIGRE
Compagnie française
Compagnie professionnelle
Description :
Implantée en Région Centre-Val-de-Loire, la Compagnie Grand Tigre, dirigée par Elsa Robinne et Etienne Luneau, doit sa pérennité au soutien des partenaires institutionnels et à la variété de ses réseaux de diffusion.
 

 Participation  au challenge Escapades en Europe  de Cléanthe (sur Shakespeare mois de juin)

vendredi 18 juillet 2025

Nathalie Sarraute : Pour un oui ou pour un non

 

Pour un oui ou pour un non est une pièce de théâtre de Nathalie Sarraute, créée comme pièce radiophonique en décembre 1981, publiée en 1982 et représentée pour la première fois au théâtre en 1986. C'est la pièce la plus jouée de Nathalie Sarraute, avec plus de 600 représentations professionnelles depuis sa création. (Wikipedia)

Deux amis proches, pour une expression maladroitement employée, déclenchent une guerre qui met en cause leur amitié, leur partage, leur complicité. Les mots se chargent de comique, de tragique, de ridicule et d’absurde pour aboutir à un échange verbal qui fait de ce texte une tragi-comédie contemporaine unique.

J'ai décidé d'amener ma petite-fille voir Pour un oui ou pour un non, pièce que j'avais vue seule. Elle va entrer en seconde et j'ai supposé qu'elle aimerait cette pièce qui (comme le Menteur) est au programme du bac français; Et bien non, c'est raté. Elle n'a pas aimé. Moi oui. Voilà ce que j'écrivais en 2023.

 

Mon avis

 Quel plaisir de voir  pour la première fois sur scène cette pièce que j'ai lue et appréciée il y a déjà bien des années !

Imaginez deux amis d'enfance, avec tout ce que cela comporte de moments partagés, de complicité, de souvenirs communs. L'un d'eux réussit très bien socialement. Quand l'autre, qui se sent peut-être dévalorisé, se vante d'avoir réussi, le premier  lui répond : " C'est bien, ça !".

 Pas de quoi fouetter un chat, semble-t-il ! Oui, mais ... cela dépend comment la phrase est dite et comment on la reçoit. De fil en aiguille, les deux amis vont vider leur sac et mettre des  mots sur des riens, petites mesquineries, jalousies, sentiments refoulés, mais qui, une fois exprimés, se révèlent au grand jour. Et voilà comment, pour un oui ou pour un non, la belle amitié est brisée.

Les amis interprétés par Pablo Chevalier, Josselin Girard, se font face sur la scène et tiennent les spectateurs en haleine !  Tout le jeu, qui procure un vif plaisir, consiste à l'interprétation d'une phrase que le ton de la voix, les pauses,  les respirations, éventuellement le geste accompagnateur, peuvent rendre élogieuse ou péjorative. Il fallait d'excellents comédiens pour donner à entendre toutes les nuances de la langue française, de ses intonations, et il fallait Nathalie Sarraute pour jouer ainsi avec le langage et pour peindre avec tant de subtilité la psychologie de l'âme humaine 

 

Pour un oui ou pour un non
du 5 au 26 juillet
10h00 1h
CABESTAN (THÉÂTRE LE)
Salle : Théâtre Le Cabestan

auteur⸱ice
De Nathalie Sarraute
équipe artistique
Bruno Dairou - Mise en scène
Pablo Chevalier - Interprétation
Josselin Girard - Interprétation
Héléna Castelli - Création lumière
Philippe Robinet - Scénographie
Nina Dumont - Billetterie
Camille Vigouroux - Graphisme
Cie des Perspectives
Compagnie française
Compagnie professionnelle
Description :
La Compagnie des Perspectives inscrit sa démarche artistique dans la volonté de créer des pièces du répertoire contemporain. Il s’agit à la fois de mettre en valeur la richesse de l’écriture dramatique actuelle mais aussi de refuser de s’engager dans un théâtre du « politiquement correct ». S’il n’est en aucun cas question de nourrir le débat entre théâtre de divertissement et théâtre destiné aux élites averties, il nous paraît particulièrement pertinent de montrer que le théâtre peut toujours constituer un art du combat pour des valeurs.




lundi 14 juillet 2025

Corneille : Le menteur et l'Illusion comique au festival OFF d'Avignon 2025

 

Quand j'étais au collège, on étudiait une pièce de Corneille et une pièce de Racine par année et il s'agissait des tragédies, le genre considéré comme noble à l'époque classique, au siècle de Louis XIV, la comédie étant un genre inférieur. Molière s'en plaignait : "C'est une étrange entreprise que celle de faire rire les honnêtes gens ". Bref ! c'est le contraire de nos jours. Au festival d'Avignon 2025, deux comédies cette année et une seule tragédie, toujours Le Cid.   

Le Menteur de Corneille que ma petit-fille a vu trois fois déjà est un spectacle génial, enlevée, un hommage brillant, amusant, au théâtre, traitée comme une opérette où chacun chante sa partition. Le Menteur, Dorante, jeune étudiant à Poitiers, arrive à Paris où, au jardin des Tuileries, il rencontre deux jeunes filles et tombe amoureux de l'une d'entre elle. Il faut dire que celle-ci est interchangeable, le jeune homme ayant un coeur d'artichaut ! L'intrigue repose sur une méprise au sujet des prénoms des jeunes filles et va l'entraîner de mensonge en mensonge... toujours plus énorme. Comment va-t-il pouvoir s'en sortir ? Lui-même se le demande et il faut être brillant pour retomber toujours sur ses pieds. En fait Corneille, loin d'être moraliste, ne se préoccupe pas de punir le menteur, au contraire, puisque la pièce se termine :

"Comme en sa propre fourbe un menteur s’embarrasse !
Peu sauroient comme lui s’en tirer avec grâce.
Vous autres qui doutiez s’il en pourroit sortir,
Par un si rare exemple apprenez à mentir."  

Le mensonge, après tout, n'est-il pas le propre de  la comédie et le dramaturge n'est-il pas un habile menteur ?

J'ai vraiment beaucoup apprécié cette seconde ( pour moi puisque je l'ai vue l'année dernière)  représentation de la pièce. Ils vont fêter la 400ième à Paris cette année. Les mimiques du menteur (Alexandre Bierry) la gestuelle, les expressions  du visage font  passer tous les sentiments et provoquent le rire tant on a l'impression de le voir réfléchir à toute allure pour inventer un nouveau mensonge. Ils forment avec son valet (Benjamin Boyer) un couple hautement comique ! Et tous les autres comédiens sont bons. La musique d'opérette donnent un rythme enlevé, vif et gai, au récit et crée parfois un effet amusant dans le contexte comme lorsque les comédiens entonnent la chanson de Barbara : Dis quand reviendras-tu ?

J'ai noté aussi  la  façon dont Corneille se parodie lui-même en faisant dire au père de Dorante : "O vieillesse ennemie !".

 

Mon avis 2024

Voilà ce que j'écrivais l'année dernière 

L’action de la comédie de Corneille Le Menteur se déroule dans un décor mobile figurant les maisons des jeunes filles qui s’ouvrent pour suggérer de larges espaces comme les jardins des Tuileries et rappellent aussi un castelet, les visages des personnages apparaissant dans le cadre des fenêtres comme des marionnettes. Il faut dire que tous vont bien se laisser mener en bateau par Dorante qui tire les ficelles !

 On y voit un hilarant Dorante (Alexandre Bierry excellent avec un vrai tempérament comique)  se débattre dans des mensonges toujours plus énormes, toujours plus invraisemblables et l’on attend, bien sûr, qu’il s’emmêle les pinceaux et finisse par recevoir le châtiment qu’il mérite ! Et bien non ! Il retombe toujours sur ses pieds. A moins que l’obligation de se marier à la fin de la comédie ne soit une punition ! Pour un séducteur débutant, ce n’est vraiment pas de chance !

Dorante forme avec Cliton (Benjamin Boyer, lui aussi très bon, très amusant) un couple Maître-Valet qui n’est pas sans évoquer celui de Dom Juan et de Sganarelle, avec des ressorts comiques bien rôdés : la stupéfaction, la réprobation puis l'admiration de Cliton effaré par les mensonges de Dorante qui paraît souvent en mauvaise posture mais prend de plus en plus d’assurance. Tout va crescendo ! Le reste de la distribution est au diapason.
 A la manière d’une opérette, l’intrigue  est rythmée par des chansons, des musiques légères, entraînantes. La mise en scène de Marion Bierry est vive, enlevée, étourdissante! Un vrai plaisir théâtral !  Une réussite! 

LE MENTEUR DE CORNEILLE    LE GIRASOLE

De Corneille
Mise en scène Marion Bierry

du 4 au 26 juillet
relâches les mardis
durée 1h30

Avec Alexandre Bierry, Stéphane Bierry, Benjamin Boyer, Marion Lahmer, Mathilde Riey, Mathurin Voltz

Décor Nicolas Sire
Costumes Virginie Houdinière
Lumières Laurent Catsaingt
Assistant Mise en scène Denis Lemaître

BMS Productions, Collectif Asap

 

Corneille L'illusion comique



« Ce fils, ce cher objet de mes inquiétudes / Qu'ont éloigné de moi des traitements trop rudes »

Désespéré par la disparition de son fils Clindor, dix ans plus tôt, Pridamant vient consulter le magicien Alcandre afin qu’il lui révèle le destin de son héritier, maltraité et fugueur. Alcandre propose à Pridamant de lui montrer, sous la forme de figures animées, la vie de son fils depuis son départ: après des années d’errance, celui-ci se retrouve au service de Matamore, bouffon et amoureux d’Isabelle. Profitant de son statut d’intermédiaire, Clindor séduit Isabelle ainsi que sa suivante Lise. Intrigues, trahisons, fugues, prison, exil : le scénario cinématographique de cet « étrange monstre » aboutit dans le sang, la crise conjugale, la tragédie et le dévoilement du mensonge.

Après Le Jeu de l’amour et du hasard, F
rédéric Cherboeuf et le Collectif l’Émeute revisitent avec insolence cette pièce virevoltante dans un spectacle où le music-hall côtoie la comédie romanesque.
Et si les images comme les sentiments n’étaient qu’une illusion? Et si Corneille avait inventé le cinéma 250 ans avant les frères Lumière ? Les enjeux et les audaces de cette pièce labyrinthique font de l'Illusion comique l'œuvre la plus moderne de l’auteur du Cid.


Mon avis

 Pridamant n'a plus vu son fils Clindor depuis dix ans et ne sait ce qu'il est devenu. Il se sent responsable de la rupture et vient consulter un magicien, Alcandre, pour savoir ce que Clindor est devenu.

Alcandre convoque des images, des illusions, qui racontent au père éploré ce qu'a été, après son départ, la vie de son fils. Ce dernier a vécu des aventures picaresques au service du capitaine Matamore. Corneille crée ici le personnage du Matamore qui incarne le type du " faux brave,  un vantard plus courageux en paroles qu'en réalité " selon la définition du dictionnaire. Suit une histoire d'amour contrarié qui amène Clindor en prison. Il s'en évade  et avec sa bien-aimée Isabelle fuit en Angleterre. Mais le dernier acte est une tragédie puisque Clindor, infidèle à Isabelle, se fait tuer avec sa maîtresse Rosine par le mari, le prince Florilame, qui enlève Isabelle dont il est amoureux.

Tragédie ou faux-semblant ? Je ne vous en dis pas plus ! Mais sachez que Corneille est un virtuose de génie ! Cette pièce, théâtre dans le théâtre, est une suite de mises en abyme, imbriquées les unes dans les autres, qui perd complètement le spectateur. Celui-ci ne sait plus où il en est. Il s'agit d'un jeu incessant entre L'Illusion et la réalité. La pièce plus proche du baroque que du clacissisme,  est en fait, un peu comme Le Menteur, mais plus explicitement, un hommage au théâtre et au métier de comédien. 

 Le metteur en scène Frédéric Cherbeuf et les comédiens du  collectif de l'Emeute sont les chéris de ma petite-fille (15 ans). Elle va assister ce soir à la représentation de Le Jeu de l'amour et du hasard pour la quatrième fois en deux ans (au festival 2024, trois fois) ! Si j'avais une critique à formuler, je dirai que, comme dans Le jeu de l'amour et du hasard le décor est "une guinguette"  ou plutôt un bar mais le choix me paraît ici plus judicieux que dans Marivaux car la vie du picaro dont s'est inspiré Corneille l'amène plus facilement dans ce lieu que la jeune Silvia, fille chérie, choyée et protégée de monsieur Orgon.  L'utilisation de la vidéo pour montrer l'évasion de Clindor, la projection sur une toile de la neige qui tombe sur le décor (apparemment) tragique du dénouement m'ont plu. Les comédiens  sont  convaincants avec peut-être un petit bémol pour le personnage de Matamore qui est traité comme un personnage un peu gâteux, plutôt que comme un vantard insupportable, un  (faux) foudre de guerre ! Mais dans l'ensemble L'Illusion comique est un agréable moment théâtral. J'ai vraiment bien aimé. Léonie aussi !

 

 CORNEILLE L'ILLUSION COMIQUE

informations
du 5 au 26 juillet relâche les 8, 15, 22 juillet
10h00 1h30
FACTORY (LA) - 1-Théâtre de l'Oulle
Salle : OULLE (THÉÂTRE DE L') 

équipe artistique
Frédéric Cherboeuf - Mise en scène
Julie Cecchini - Interprétation
Adib Cheikhi - Interprétation
Matthieu Gambier - Interprétation
Jérémie Guilain - Interprétation
Lucile Jehel - Interprétation
Alain Rimoux - Interprétation
Marc Schapira - Interprétation
Justine Teulié - Interprétation
Sabine Arman - Presse
Florence Banks - Collaboration artistique
Adib El-Bouzaidi Cheikhi - Collaboration artistique
Matthieu Gambier - Scénographie
Lucile Jehel - Costumes
Jules Morain - Production
Camille Riey - Création son
Aurélie Saget - Régie générale
Oriane Trably - Création lumière
Collectif l'Émeute et JUMO Production
Compagnie française
Compagnie professionnelle
Description :
Le Collectif « L’ÉMEUTE » est né de la rencontre d'une dizaine de jeunes comédien.ne.s et de professeurs du Cours Florent désireux de mettre en pratique leur expérience d’école, leur désir de théâtre et leur goût pour le travail de troupe.

dimanche 13 juillet 2025

Sophocle : Antigone

 

 

 Sophocle Antigone : François Ha Van - Mise en scène compagnie Le Vélo volé
 

Mon avis 

 Une belle version de la pièce de Sophocle, Antigone, dans une traduction limpide et harmonieuse mis en scène par François Ha Van dont j'avais beaucoup aimé la mise en scène de Kids l'année dernière. L'interprétation, les jeux de lumière, la guitare qui rythme le récit, ainsi que les décors, des panneaux coulissants qui modèlent l'espace et se referment inexorablement sur Antigone emmurée vivante, tout dans cette représentation est réussie.

A noter la belle voix du coryphée Romain Arnaud-Kneisky qui introduit le spectacle, le commente, met en valeur le texte et fait passer l'émotion. On est suspendu à ses paroles !  J'ai vraiment beaucoup aimé.

Ma petite-fille qui a étudié l'Antigone d'Anouilh cette année en troisième est sortie heureuse  de ce spectacle qui l'a beaucoup touchée.

 
Antigone
Thèbes.
Combat entre deux frères : double fratricide.
Pour Créon et sa loi, l’un mérite les honneurs, l’autre la poussière. 
Pour Antigone : une sépulture chacun.
Antigone met sa vie en jeu.
Comme aujourd’hui, les voix se radicalisent, la violence affleure.

Qui l’emportera ? La loi des hommes ou la loi des Dieux ?
Peut-on aimer jusqu‘à en mourir ?
Le Vélo Volé convoque les notes électriques d’une guitare, les corps fougueux des comédien.ne.s et une écriture haletante, pour une adaptation sensible et puissante de l’œuvre de Sophocle.

FACTORY (LA) - 2-Espace Roseau Teinturiers
informations
du 5 au 26 juillet relâche les 8, 15, 22 juillet
13h35 1h10
  
François Ha Van - Mise en scène
Romain Arnaud-Kneisky - Interprétation
Emma Bousquet - Interprétation
Yann Guchereau - Interprétation
Hoël Le Corre - Interprétation
Morgane Touzalin - Interprétation
Pierre Bienaimé - Création son
Pablo Lecoq - Musique
Elie Barthès - Scénographie
Achille Sauloup - Interprétation
Pablo Lecoq - Musique
Le Vélo Volé
Compagnie française
Compagnie professionnelle
Description :
Crée en 2010 par François Ha Van, Le Vélo Volé joue ses créations dans toute la France, à Paris et au Festival d'Avignon. Notre compagnie reprend souvent des textes classiques (LE Mariage de Figaro, Roméo et Juliette, Le Petit Prince...), mais il arrive qu'un texte contemporain tombe dans sa besace (Kids, de F. Melquiot, Cendrillon, de Pommerat...) 

 

mardi 8 juillet 2025

Beaumarchais : Le mariage de Figaro


 

Le mariage de Figaro ou la folle journée Mise en scène de Léna Bréban 

Virtuose, Philippe Torreton est Figaro dans cette nouvelle adaptation du chef-d’œuvre de Beaumarchais, mise en scène par Léna Bréban.

Amoureux, Suzanne et Figaro veulent se marier. Mais les obstacles se multiplient : Suzanne plaît tellement au Comte Almaviva qu’il veut rétablir le droit de cuissage ; la Comtesse cherche à reconquérir son mari ; Chérubin est amoureux de la Comtesse ; et Marceline espère épouser Figaro au nom d’une vieille promesse. Durant cette « folle journée », billets secrets, rendez-vous cachés, manigances et quiproquos s’enchaînent à bâtons rompus. Figaro pourra-t-il épouser celle qu’il aime ?

L’une des pièces les plus complexes du répertoire français, La Folle Journée, ou le Mariage de Figaro est une comédie en cinq actes écrite par Beaumarchais en 1778. Continuation du Barbier de Séville, elle donne à voir la fin de l’Ancien Régime et la naissance d’un monde nouveau.
Sous les traits d’une comédie enlevée, riche en rebondissements, l’auteur déguise son propos faisant « la critique d’une foule d’abus qui désolent la société »

Un spectacle-événement du Festival Off Avignon 2025 !

 

 Mon avis

 Si j'ai trouvé la mise en scène bien classique et les décors aussi, j'avoue que j'ai savouré le texte de Beaumarchais dit d'une manière magistrale par Philippe Torreton.

" Non, monsieur le comte, vous ne l’aurez pas… vous ne l’aurez pas. Parce que vous êtes un grand seigneur, vous vous croyez un grand génie !… noblesse, fortune, un rang, des places, tout cela rend si fier ! Qu’avez-vous fait pour tant de biens ? vous vous êtes donné la peine de naître, et rien de plus : du reste, homme assez ordinaire ! tandis que moi, morbleu, perdu dans la foule obscure, il m’a fallu déployer plus de science et de calculs pour subsister seulement, qu’on n’en a mis depuis cent ans à gouverner toutes les Espagnes ..."

Le texte est splendide et, dit par un excellent acteur, il a une puissance qui fait vibrer : 

" Il s’élève une question sur la nature des richesses ; et comme il n’est pas nécessaire de tenir les choses pour en raisonner, n’ayant pas un sou, j’écris sur la valeur de l’argent, et sur son produit net : aussitôt je vois, du fond d’un fiacre, baisser pour moi le pont d’un château-fort, à l’entrée duquel je laissai l’espérance et la liberté. (Il se lève.) Que je voudrais bien tenir un de ces puissants de quatre jours, si légers sur le mal qu’ils ordonnent, quand une bonne disgrâce a cuvé son orgueil ! Je lui dirais… que les sottises imprimées n’ont d’importance qu’aux lieux où l’on en gêne le cours ; que, sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur ; et qu’il n’y a que les petits hommes qui redoutent les petits écrits."

Et encore... 

Le désespoir m’allait saisir ; on pense à moi pour une place, mais par malheur j’y étais propre : il fallait un calculateur, ce fut un danseur qui l’obtint. Il ne me restait plus qu’à voler ; je me fais banquier de pharaon : alors, bonnes gens ! je soupe en ville, et les personnes dites comme il faut m’ouvrent poliment leur maison, en retenant pour elles les trois quarts du profit. J’aurais bien pu me remonter ; je commençais même à comprendre que, pour gagner du bien, le savoir-faire vaut mieux que le savoir. Mais comme chacun pillait autour de moi, en exigeant que je fusse honnête, il fallut bien périr encore".

Quant au texte de Marceline, il est  si bien mis en valeur par Anny Mercier qui joue une Marceline, virago autoritaire, qui se révèle être la mère de Figaro dans une scène de reconnaissance hautement comique.  Voilà ce qu'elle dit quand on lui reproche sa faute de jeunesse (un enfant né hors mariage)...

Marceline, s’échauffant par degrés.

Oui, déplorable, et plus qu’on ne croit ! Je n’entends pas nier mes fautes, ce jour les a trop bien prouvées ! mais qu’il est dur de les expier après trente ans d’une vie modeste ! J’étais née, moi, pour être sage, et je le suis devenue sitôt qu’on m’a permis d’user de ma raison. Mais dans l’âge des illusions, de l’inexpérience et des besoins, où les séducteurs nous assiègent, pendant que la misère nous poignarde, que peut opposer une enfant à tant d’ennemis rassemblés ? Tel nous juge ici sévèrement, qui peut-être en sa vie a perdu dix infortunées !

Marceline, vivement.

Hommes plus qu’ingrats, qui flétrissez par le mépris les jouets de vos passions, vos victimes ! c’est vous qu’il faut punir des erreurs de notre jeunesse ; vous et vos magistrats, si vains du droit de nous juger, et qui nous laissent enlever, par leur coupable négligence, tout honnête moyen de subsister. Est-il un seul état pour les malheureuses filles ? 

Marceline, exaltée.

Dans les rangs même plus élevés, les femmes n’obtiennent de vous qu’une considération dérisoire : leurrées de respects apparents, dans une servitude réelle ; traitées en mineures pour nos biens, punies en majeures pour nos fautes ! Ah ! sous tous les aspects, votre conduite avec nous fait horreur ou pitié !

Oui, ce texte va loin, écrit en 1778, joué officiellement sur la scène en 1784. Il annonce les idées révolutionnaires et se révèle trop souvent, encore, d'actualité ! Vous l'avez compris, j'adore Beaumarchais ! et les bons comédiens !

 

Quant à ma petite-fille (15 ans), si elle a bien aimé Le Barbier, le mariage de Figaro vu  dans la foulée et présenté comme une suite, ne lui a pas plu. Je crois qu'elle n'a pas aimé voir un Figaro et un comte infidèle et tous deux vieillissant... C'était trop brutal en une seule journée !

 

 La Scala de Provence : Le mariage de Figaro ou la folle journée 18H30


Dates du 5 au 25 juillet 2025


Relâches les lundis 7,14,21 juillet


Durée 1H50


 
Equipe artistique
Léna Bréban - Mise en scène
Eric Bougnon - Interprétation
Gretel Delattre - Interprétation
Salomé Denis Meulien - Interprétation
Jean-Jacques Moreau - Interprétation
Grégoire Oestermann - Interprétation
Antoine Prud’homme de La Boussinière - Interprétation
Jean-Yves Roan - Interprétation
Philippe Torreton - Interprétation
Marie Vialle - Interprétation
Léna Bréban - Adaptation théâtrale
Annie Mercier - Interprétation
La Scala Productions & Tournées
 
Compagnie française
Compagnie professionnelle
Description :
Les productions Scala naissent de la volonté de Mélanie et Frédéric Biessy d’accompagner l’émergence artistique sur la scène française.
13 projets sont aujourd’hui produits par le Projet Scala. Entre résidences et représentation à La Scala Provence et La Scala Paris, le but est de permettre aux productions de rayonner ensuite en tournée, sur l’ensemble du territoire.






 

lundi 7 juillet 2025

Beaumarchais : Le Barbier de Séville


Le Petit Louvre Le barbier de Séville de Beaumarchais Mise en scène : Justine Vultaggio

À Séville, Rosine, une jeune fille orpheline, est retenue captive par son tuteur, le docteur Bartholo. Promise à un mariage forcé à ses 18 ans, elle tombe amoureuse d’un mystérieux amant qui la courtise en secret. Ce n’est autre que le comte Almaviva, qui, aidé de son ancien valet, le malicieux Barbier Figaro, va tenter de la libérer…  Dans une mise en scène virevoltante, musicale, drôle et enlevée, ce Barbier de Séville fait la part belle au panache, à l’amour, à l’audace et à l’irrévérence de ses personnages ! Le Barbier de Séville est une ode à la liberté.

Mon avis

Sérénade à la fenêtre, guitare et flamenco, le décor est planté. Nous sommes en Espagne. Figaro et le comte Almaviva se jouent du vieux tuteur Bartolo et des fureurs de sa jalousie. Je n'avais jamais réalisé que le rôle de Figaro était si peu étendu dans le Barbier. Certes, il occupe largement l'acte I et dans les premières scènes  le comédien Oscar Voisin qui interprète Figaro avec élégance et désinvolture lance avec bonheur ses répliques les plus célèbres ...

 Aux vertus qu'on exige dans un domestique, Votre Excellence connaît-elle beaucoup de maîtres qui fussent dignes d'être valets ?

"persuadé qu’un grand nous fait assez de bien quand il ne nous fait pas de mal! "

 "Je me presse de rire de tout, de peur d’être obligé d’en pleurer."

  "Oh ! ces femmes ! voulez-vous donner de l’adresse à la plus ingénue ? enfermez-la."

" Monseigneur, la difficulté de réussir ne fait qu’ajouter à la nécessité d’entreprendre."

Le Comte.

"Fi donc ! tu as l’ivresse du peuple.

Figaro.

C’est la bonne ; c’est celle du plaisir."

Il dit avec beaucoup de justesse et de conviction ce  texte brillant :

"Voyant à Madrid que la république des lettres était celle des loups, toujours armés les uns contre les autres, et que, livrés au mépris où ce risible acharnement les conduit, tous les insectes, les moustiques, les cousins, les critiques, les maringouins, les envieux, les feuillistes, les libraires, les censeurs, et tout ce qui s’attache à la peau des malheureux gens de lettres, achevait de déchiqueter et sucer le peu de substance qui leur restait ; fatigué d’écrire, ennuyé de moi, dégoûté des autres, abîmé de dettes et léger d’argent ; à la fin convaincu que l’utile revenu du rasoir est préférable aux vains honneurs de la plume, j’ai quitté Madrid ; et, mon bagage en sautoir, parcourant philosophiquement les deux Castilles, la Manche, l’Estramadure, la Siera-Morena, l’Andalousie ; accueilli dans une ville, emprisonné dans l’autre, et partout supérieur aux événements ; loué par ceux-ci, blâmé par ceux-là, aidant au bon temps, supportant le mauvais, me moquant des sots, bravant les méchants, riant de ma misère et faisant la barbe à tout le monde ; vous me voyez enfin établi dans Séville, et prêt à servir de nouveau Votre Excellence en tout ce qu’il lui plaira de m’ordonner.  "

Mais Figaro est beaucoup moins présent dans l'acte II, il ne revient qu'au cours de l'acte III et c'est dommage car c'est le personnage que j'aime et qui porte les idées de l'auteur. 

Pour le reste, place à l'intrigue imitée de L'école des femmes qui permettra de berner le barbon. Le spectacle enlevé et plaisant, joyeux et vif,  est un bon moment de comédie.

 

 Le Petit Louvre Le barbier de Séville de Beaumarchais

Adaptation : Mathieu Rannou et Justine Vultaggio

Mise en scène : Justine Vultaggio – Assistants mise en scène : Alexis Rocamora

Avec : Victor O’Byrne ou Jules Fabre, Oscar Voisin, Michaël Giorno-Cohen, Justine Vultaggio et Alexis Rocamora

Décors : Marion Canivet

Costumes : Marion François

Lumières : Raphaël Bertomeu

Musique et Son : Mathieu Rannou

Production : Les Modits Compagnie

Télérama • TTT « La pièce de Beaumarchais révèle ici tout son comique et sa profondeur. Magnifique !  “

Figaro Magazine • “Mise en scène précise et rythmée, tout est fait pour servir le comique de situation, avec de la fantaisie brochant sur le tout, pour notre plus grand plaisir ! “

La Théâtrothèque • “Une mise en scène pétillante et pleine d’audace où chaque détail est pensé pour émerveiller et faire réfléchir.”

Le monde du ciné • “Jubilation et admiration sont au rendez-vous de ce Barbier de Séville.”

Tatouvu • “Ce barbier virevoltant et pittoresque est une pépite ! Une mise en scène entre vaudeville et comedia dell’arte qui offre un vent de liberté salutaire“

Molière : Le malade imaginaire

 

 

Le chêne noir :  Le malade imaginaire de Molière Mise en scène :  Tigran Mekhitarian   

 

L'intention du metteur en scène 

Ici, Argan ne souffre plus d’hypocondrie mais d’une dépression nerveuse, née de son incapacité à parler, à se confier, à être écouté. Cette solitude meurtrière le rend odieux avec ses proches. Angélique, sa fille, incarne une parole forte : elle se libère du carcan patriarcal et revendique ses droits. Ne prouverait-elle pas que Molière était féministe bien avant l’heure ? Que la force d’aimer est un choix, que le féminisme et l’amour combattent le patriarcat. Et Toinette, issue d’un milieu populaire, n’est-elle pas une militante éclairée ? Qui a force d’user d’ingéniosité pour survivre, mettra ses talents au service d’Angélique, pour la sauver des mains de son père et d’un mariage baigné de traditions qui n’ont plus lieu d’être ?

Serait-ce pure folie que de vouloir raconter les maux d’un homme de notre époque tout en se laissant porter par l’origine des mots de celui qu’on ne nomme plus ? Le Malade Imaginaire, œuvre majeure de Molière, est ici transposée dans notre monde actuel, tout en gardant le texte d’origine, afin de l’inscrire dans la société contemporaine. L’idée est de transposer sa langue, de sublimer son langage dans nos mémoires contemporaines.

C’est ce voyage que propose Tigran Mekhitarian.

Créée en mars 2024 au Théâtre des Bouffes Nord et suite à son succès, l’aventure continue au Théâtre de de la Concorde et poursuit son ascension au Festival Off D’Avignon.

C’est une lecture moderne, sensible et engagée qui est proposée.

Un conte urbain et actuel.

Une fable où le féminisme se revendique et se libère du patriarcat.

Un réquisitoire qui insuffle une modernité radicale, grâce à la danse, au chant, et à sa verve.

 

 « Voilà un Malade imaginaire qui requinque ! Joyeusement adapté et mis en scène » – Le Canard enchaîné

« Moderne et féroce » – Le Figaro 

 Mon avis

Une scénographie originale qui utilise le rap, ce qui prouve que le texte Molière fonctionne à toutes les époques, un décor réaliste qui nous fait vivre la maladie d' Argan jusque sur ses toilettes, une parole "féministe" portée par Angélique qui tout en respectant le texte de Molière en montre la modernité. C'est la première fois que j'entends le  passage suivant ainsi mis en valeur.

"Chacun a son but en se mariant. Pour moi, qui ne veux un mari que pour l’aimer véritablement, et qui prétends en faire tout l’attachement de ma vie, je vous avoue que j’y cherche quelque précaution. Il y en a d’aucunes qui prennent des maris seulement pour se tirer de la contrainte de leurs parents, et se mettre en état de faire tout ce qu’elles voudront. Il y en a d’autres, madame, qui font du mariage un commerce de pur intérêt ; qui ne se marient que pour gagner des douaires, que pour s’enrichir par la mort de ceux qu’elles épousent, et courent sans scrupules de mari en mari, pour s’approprier leurs dépouilles. Ces personnes-là, à la vérité, n’y cherchent pas tant de façons, et regardent peu à la personne. "  Acte II scène 7

Du bon théâtre mais il y manque pourtant le petit quelque chose, l'étincelle qui provoque le rire et emporte totalement l'adhésion. Certaines scènes comme celle "du poumon" manquent de relief. 

Le Chêne noir :  Le malade imaginaire 15H  Molière    

Du 5 au 26 juillet 2025 à 15h Relâches les mardis 8, 15 et 22 juillet

Durée : 1h20            

Mise en scène :  Tigran Mekhitarian      

Compagnie: La compagnie de l’Illustre Théâtre           

Interprètes : Tigran Mekhitarian, l’Eclatante Marine, Justine Vultaggio, Brigitte Guedj ou Isabelle Gardien, Cédric Welsch, Etienne Paliniewicz, Sébastien Gorski, Mélanie Ferrara 

Création sonore et musique Sébastien Gorski

Chorégraphies Camila Halima Filali

Scénographie Georges Vauraz

Création vidéo Jérémy Vissio

Costumes :  Axel Boursier                  

Lumières :  Denis Koransky

Production : En Scène ! Productions ; A Mon Tour Prod ; Tcholélé Théâtres

Coréalisation : Théâtre du Chêne Noir

Avec le soutien de l’ADAMI


 

samedi 5 juillet 2025

Eugène Labiche : Le voyage de monsieur de monsieur Perrichon

 

 

 LE CHENE NOIR : LABICHE : Le voyage de monsieur Perrichon 10H  Mise en scène : Frédérique Lazzini

Une famille part pour la première fois en congé à Chamonix, suivie de deux prétendants à la rivalité joyeuse.

Un riche commerçant, sa femme et sa fille partent pour la première fois en train vers Chamonix, suivis - quel heureux hasard - par deux jeunes gens, tous deux intéressés par la main de la demoiselle. Commence alors, entre les deux hommes, une lutte aussi amicale qu’acharnée pour séduire le père dont la vanité et l’ingratitude si comiques seront mises à l’épreuve du voyage.
 
 Critiques
TTT - Piochant à la fois dans le cinéma, la chanson et la mécanique féérique des objets, le spectacle est une bulle insolente de gaieté et d’allégresse. Fabienne Pascaud TÉLÉRAMA

Frédérique Lazarini transporte de façon chaplinesque la fameuse comédie de Labiche. Elle gomme avec pertinence la satire au profit d’un joyeux tourbillon. Nathalie Simon LE FIGARO

Dans la grisaille ambiante, voilà que fait irruption la couleur ! Frédérique Lazarini et les siens redonnent vie à Labiche avec un talent fou, créant avec science autant qu’humour une partition drôlissime. Agnès Santi LA TERRASSE

 Mon avis

 
 Premier jour du festival Off d'Avignon 2025 ! Pour le moment, il n'y a pas tellement de monde dans les rues. Je suppose que que tout le monde n'est pas encore arrivé. Après tout les vacances scolaires ne datent que de vendredi soir !
 
Premier spectacle : Le voyage de monsieur Perrichon d'Eugène Labiche. Pendant longtemps j'ai détesté le théâtre de boulevard que je trouvais vulgaire jusqu'à ce qu'un spectacle rémois monté par Serge Added, il y a de cela nombre d'années (1998), me donne une tout autre vision de Feydeau, en démontant la mécanique de la pièce et en révélant l'absurdité des dialogues et l'âpreté et l'amertume des rapports hommes-femmes dans Ne te promène donc pas toute nue..
De plus, l'année dernière, j'avais aimé Le Cid de Frédérique Lazzini, la metteuse en scène, si bien que j'ai eu envie de voir ce qu'elle avait fait de Labiche.
 
Une belle scénographie  qui utilise la vidéo pour créer les lieux,  la gare, les pistes de skis, un salon, le jardin... et ceci d'une façon originale, inventive, car les comédiens semblent intégrés dans l'image,  le spectateur ayant l'illusion de les voir dans le train, en train de skier,  cueillant des pommes. Si l'on ajoute à cela de beaux costumes et de bons comédiens, il s'agit d'un spectacle intéressant. La satire de ce petit commerçant prétentieux, suffisant, et couard, est bien menée  mais... Car il y a un mais, non décidément, j'ai essayé mais je n'aime pas Labiche. Je trouve que le propos est démodé et que la pièce est désuète. 
 
 
 Le Voyage de Mr Perrichon  Eugène Labiche
 
du 5 au 26 juillet relâche les 8, 15, 22 juillet
10h00 1h30
CHÊNE NOIR (THÉÂTRE DU)
Salle : Salle Léo Ferré

équipe artistique
Frédérique Lazarini - Mise en scène
Cédric Colas - Interprétation
Emmanuelle Galabru - Interprétation
Hugo Givort - Interprétation
Arthur Guézennec - Interprétation
Messaline Paillet - Interprétation
Guillaume Veyre - Interprétation
Dominique Bourde - Costumes
François Cabanat - Scénographie
Hugo Givort - Vidéo
Xavier Lazarini - Lumière
François Peyrony - Musique
 
LES ATHEVAINS
Compagnie française
Compagnie professionnelle
Description :
L'Artistic Athévains est un lieu de création et d'accueil situé au cœur du 11ème à Paris. C’est un théâtre proche de son public, ouvert, habité : autour de ses deux salles de spectacle se sont construits des lieux de vie et d'échange, un foyer chaleureux, le Café des Livres, la Librairie, et une Galerie où sont proposés des projets d'art plastique. Une démarche artistique originale est menée, consacrée tant aux grands textes classiques qu'à la découverte d'écritures contemporaines. Un esprit de troupe a depuis toujours animé Les Athévains : les comédiens y reviennent d'un spectacle à l'autre.

Au fil des années, la démarche d'action culturelle, et l'ouverture de nombreux ateliers ouverts à tous, ont contribué à ancrer Les Athévains dans la vie de la cité.