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Cette nouvelle de Tourguéniev laisse la part belle au fantastique et au rêve tout en s'achevant sur un sentiment très fort d'angoisse métaphysique.
Chaque nuit une belle jeune femme mystérieuse, éthérée, vient visiter le héros du récit, un jeune aristocrate, (Tourgueniev ? Le récit est à la première personne) et lui donne rendez-vous au pied d'un vieux chêne foudroyé. Là, la visiteuse nocturne, Ellys, dont il croit vaguement reconnaître les traits de ce visage évanescent, le transporte en volant comme un oiseau, dans des contrées lointaines aussi bien dans l'espace que dans le temps. Mais que ce soit en Italie où les armées de César ivres de carnage acclament leur empereur, que ce soit en Russie où la foule menée par le cosaque Stenka Razine contre la noblesse, se déchaîne, allumant incendies, violences et meurtres, que ce soit à Paris où la ville des lumières s'efface bien vite et devient la ville des prostituées, "de l'ignorance et des calembours faciles" et "des verres d'absinthe troubles", tout dans ces survols lui paraissent terrifiants, négatifs, terre à terre ou encore ridiculement petits et insignifiants.
"Tout notre globe avec ses habitants éphémères, sa population infirme, écrasée par le besoin, le chagrin, la maladie, enchaînée à une masse de poussière méprisable; l'écorce fragile et rugueuse enveloppant ce grain de sable qu'est notre planète (...); les hommes- ces moucherons mille fois plus insignifiants que les vrais moustiques-; leurs habitacles modelés dans la boue, les traces imperceptibles de leur agitation monotone, de leur lutte ridicule contre l'inéluctable et le préétabli- tout cela me donnait subitement la nausée..."
Mais peu à peu, le jeune homme constate que le visage d'Ellys devient plus consistant, plus visible, tandis que ses propres forces s'amenuisent et le narrateur s'interroge : Qui était-elle cette Ellys? Un fantôme? Une émanation du Malin ? Une sylphide ? Un vampire ? Par moments, il me semblait qu'elle était une femme que j'avais connue autrefois....".
Je ne vous en dirai pas plus !
Ou plutôt, je dirai que la force de Tourguéniev vient de ce qu'il retombe sur ses pieds dans cette haute voltige de voyages vertigineux et nous ramène à la plate réalité et au sentiment de la petitesse de l'homme.
PS : Je viens de voir le récapitulatif de Bonnes nouvelles dans le blog de Je lis Je blogue alors que je pensais que le défi commençait en Janvier ! Je crois que j'ai tout faux !
Tu n'es pas en retard, c'est bien janvier.
RépondreSupprimerTant mieux ! J'avais planifié mes lectures de nouvelles pour ce moi-ci !
SupprimerOn dirait que les écrivains russes sont à l'honneur cette année dans les Bonnes nouvelles. Ce texte de Tourgueniev semble original. Je ne sais pas si on peut le classer dans les œuvres gothiques car l'auteur semble plutôt utiliser sont fantôme pour brosser un portrait social de son temps. NB: Le challenge a bien commencé au début du mois. Je répertorie les participations au fil de l'eau dans le récapitulatif et je ferai un bilan à la fin du mois. Merci pour ta participation. Tu as parfaitement le temps de faire d'autres propositions, si tu le souhaites.
RépondreSupprimerParfait ! Oui, j'ai lu d'autres nouvelles dont je parlerai. Social, non, c'est plutôt une réflexion sur la nature de l'homme, sa violence, sa médiocrité et sur la petitesse de la condition humaine.
Supprimervoilà qui donne envie de s'y plonger!
RépondreSupprimerTourguéniev rappelle en début de nouvelle la mode des tables tournantes, de l'occultisme dans la société de son temps. Ce n'est pas le meilleur texte de Tourgueniév que j'ai lu mais c'est intéressant et très bien écrit comme d'habitude.
SupprimerLe défi Bonnes nouvelles a bien commencé le 1er janvier. C'est le nombre de participations qui t'a étonnée ? Ou le fait que Je lis je blogue note les lectures au fur et à mesure ? En tout cas, la nouvelle que tu présentes est originale et intrigante.
RépondreSupprimerOui, j'ai cru que la récapitulation était un bilan; elle est déjà si riche !
Supprimerun auteur que j'ai lu il y a longtemps mais contrairement à d'autres auteurs russes que je n'ai pas relu . Je ne sais pas pourquoi.
RépondreSupprimerJe garde un souvenir un peu figé mais excellent de Premier amour et je n'ai plus jamais relu l'auteur depuis pfiouuu 25 ans ?
RépondreSupprimerIl me semble bien que je n'ai pas encore lu cet auteur russe, mais je ne suis pas sûre de commencer par cette nouvelle, n'aimant pas trop le fantastique. Tu m'as en tout cas donné envie d'aller voir la bibliographie de Tourgueniev.
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