Pages

Affichage des articles dont le libellé est Paris. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Paris. Afficher tous les articles

mardi 29 novembre 2016

Londres Paolo Ucello : La bataille de San Romano et ses trois musées


Niccolo Mauruzi da Tolentino à la tête de ses troupes de Paolo Ucello : La bataille de San Romano National Gallery Londres
Paolo Ucello : La bataille de San Romano  National Gallery Londres Niccolo Mauruzi da Tolentino à la tête de ses troupes

 Le tableau londonien

Paolo Ucello : La bataille de San Romano  Nicola da Tolentino (détail) Londres national Gallery
Paolo Ucello : La bataille de San Romano  Nicola da Tolentino (détail)
 Pendant ce séjour à Londres, j'ai voulu absolument revoir le tableau de Paolo Ucello narrant la bataille de San Romano qui est l'un de mes préférés à la National Gallery !
 Il s'intitule : Niccolo Mauruzi da Tolentino à la tête de ses troupes.  Il est le premier des trois oeuvres qui illustrent la bataille entre les Florentins et les Siennois le 1er juin 1432 à San Romano, près de Lucques, qui vit la victoire de Florence. Il représente le début de la guerre avec Nicola da Tolentino à la tête des florentins. A noter qu'il y a encore peu de corps qui gisent par terre avec quelques armes, contrairement au dernier volet, celui de Florence. La scène est animée, les chevaux cabrés ont souvent été comparés à des chevaux de manège. Paolo Ucello s'intéresse à l'aspect esthétique de la scène, à la beauté des harnachements des montures et celles des costumes ou armures. Nicola de Tolentino porte le mazzocchio, le superbe couvre-chef florentin de bois et d'osier, véritable support du grand bonnet drapé et de la longue écharpe.
Les trois volets de cet ensemble ont été peints par Paolo Ucello à partir de 1456 à la demande de Lionardo Bartolini Salimbeni, qui avait participé à la campagne militaire en 1432. Laurent de Médicis les a achetés vers 1484 et ils  ont longtemps orné un cabinet du palais des Médicis à Florence avant  d'être séparés et dispersés. 

Le tableau florentin

Paolo Ucello : La bataille de San Romano Bernardino della Ciarda désarçonné (Florence Les Offices
Paolo Ucello : La bataille de San Romano Bernardino della Ciarda désarçonné (Galleria degli Uffizi, Firenze)

J'avais quinze ans  : visite à Florence de la galerie des Offices et là je tombe en admiration devant ce tableau  de Paolo Ucello : La bataille de San Romano Bernardino della Ciarda désarçonné
Je ne savais pas alors qu'il existait trois tableaux de cet évènement et que celui-ci était le dernier  puisqu'il conte la victoire des florentins : le chef de l'armée siennoise, Bernardino della Ciarda, est vaincu. Bref, je commençai pas la fin de la bataille ! je ne savais pas que les voir tous me demanderait une longue attente et que je finirai par le début de l'histoire à Londres quelque vingt après!
Ce tableau était tellement différent des tableaux de la Renaissance qui l'entouraient ! Je vois encore le mur sur lequel il était accroché  dans la salle des Offices! Il était tellement moderne avec ses formes un peu géométriques, ces couleurs irréalistes (le rouge des chevaux), le mouvement qui l'anime, le relief du cheval en train de ruer dans un raccourci audacieux qui semble défoncer la toile et venir à nous. Il y avait un tel art de la composition, avec ce cheval blanc au centre (celui de Bernardino della Ciarda), avec la symétrie des ces hallebardes dressées vers le ciel et aussi une telle recherche de la profondeur avec ces scènes de chasse qui se déroulent dans le lointain que je ne pouvais m'en détacher !

Paolo Ucello : La bataille de San Romano Bernardino della Ciarda désarçonné (détail)

Et puis... une telle violence dans le premier plan, les chevaux piétinent les corps des chevaliers blessés ou morts, les cadavres des chevaux gisent sur le sol, que j'ai cru entendre le tumulte et les cris de la bataille ! Je n'ai jamais vu un tableau aussi bruyant !

Le tableau parisien

Paolo Ucello :  La contre-attaque décisive de Micheletto Attendolo da Contignola Musée du Louvres Paris

Quelques années après j'ai pu voir celui de Paris au musée du Louvres  : Paolo Ucello :  La contre-attaque décisive de Micheletto Attendolo da Contignola. C'est le second de la trilogie  de la bataille de San Romano. Ce condottieri vint sauver l'armée florentine qui semblait en déroute. Il est représenté au centre du tableau coiffé de son somptueux mazzochio, sur un destrier noir aux antérieurs dressés comme pour une statue équestre. Il semble poser, tourné vers le spectateur. Les armures des chevaliers recouvertes d'une couche d'argent brillent dans l'obscurité. Ils paraissent enchevêtrés les uns dans les autres, les chevaux prêts à partir à l'attaque et l'on aperçoit les jambes des fantassins qui les suivent. C'est une scène nocturne et le ciel noir contraste avec les couleurs rouges des étendards et des écus. Les casques des chevaliers sont terminés par des cimiers aux formes fantastiques. Toute la scène paraît surréaliste.



dimanche 24 novembre 2013

Au Centre Pompidou, le surréalisme et l'objet.

Arnaud Labelle-Rojoux : A la main du Diable

Je sortais à peine de la Maison de Victor Hugo où dans La cime des rêves  (voir ici) étaient présentés les rapports du poète avec les surréalistes que je découvre à Pompidou une autre exposition  : Le surréalisme et l'objet. Aussitôt j'y cours. Vous l'avez peut-être compris, je suis accro à ce mouvement artistique! J'en aime l'esprit de dérision, de provocation, de subversion et de liberté; j'aime la volonté affichée de détruire le regard conventionnel, étroit et convenu que l'on porte trop souvent sur l'art; j'aime cet appel à sortir des sentiers battus, à réfléchir sur la notion d'Art; j'aime aussi l'aspect ludique qui parle à l'imagination ou l'impossible devient possible!

La conscience poétique de l'objet


Loup-table de Victor Brauner

En 1924, André Breton proposait de fabriquer dans la mesure du possible, certains de ces objets que l'on n'approche qu'en rêve et qui paraissent aussi peu défendables sous le rapport de l'utilité que sous celui de l'agrément. 
En mettant ainsi la lumière sur l'objet surréaliste, à partir d'objets trouvés mais détournés de leur sens ou à partir d'objets rêvés concrétisés par leur fabrication avec des éléments du réel, l'exposition  montre comment les surréalistes ont donné une conscience poétique à l'objet, lui ont conféré une surréalité que Breton définissait comme "une sorte de réalité absolue". C'est le sens que j'ai retenu de cette exposition.

Les Readymade 


Dans les premières salles on retrouve des objets très connus du surréalisme, comme les Readymade de Duchamp ainsi son Porte-bouteilles, ou le téléphone-Homard de Dali... Pour Duchamp l'objet, même quotidien, banal ou prosaïque acquiert un statut d'oeuvre d'art par le seul fait que l'artiste l'ait choisi. Perçus comme scandaleux, choquants en leur temps, les Readymade ont eu pourtant une grande importance dans la réflexion sur l'art.  


Marcel Duchamp : Porte-bouteilles

Le mannequin et la poupée

 

Pour la première fois le mannequin est introduit dans une oeuvre que Chirico intitule Le Prophète car son  statut hybride -objet de forme humaine- lui confère une inquiétante étrangeté et Hans Bellmer accentue cet effet avec ses poupées de cire démantibulées qui renvoient au mythe de Pygmalion ou à l'Olympia d'Hoffmann  et qui ont aussi une dimension érotique soulignée pleinement par la projection d'une scène du film de Luis Berlanga :Grandeur nature dans lequel Michel Piccoli danse avec une poupée.

Giorgio de Chirico : Le prophète

Hans Bellmer : la poupée et Luis Berlanga : Grandeur nature

Objet à fonctionnement symbolique

 

Les objets à fonctionnement symbolique sont présentés dans une scénographie que j'ai beaucoup aimée. Elles sont plongées dans une semi-obscurité qui met en valeur l'objet éclairé, enfermé dans des écrins de verre comme des bijoux précieux et rares. Une caméra capte l'objet dans un mouvement tournant qui renvoie les images  sur les murs tendues de toile de la salle, permettant de magnifier les détails de ces créations. Ainsi l'objet à fonctionnement symbolique d'André Breton, la Boule suspendue de Giacometti, Le soulier de Gala de Salvador Dali, prennent leur sens en fonction du regardeur.. Et bien sûr il faut accepter de se perdre, de ne pas tout comprendre.
La chaussure de Gala par Dali a un sens érotique évident, associée au dessin d'un couple en train de copuler dans une boîte à chaussures :

Dali : La chaussure de Gala

On sait l'obsession de Dali pour la chaussure de femme, ce qui inspire à Elsa Schiaparelli le fameux chapeau-chaussure que porte Gala sur cette photo :


Gala Dali et le chapeau-chaussure

D'autres objets sont encore plus complexes à décrypter! Et ce n'est pas grave, il faut laisser son esprit cartésien au vestiaire! Parfois les surréalistes agissent comme des enfants facétieux qui cherchent à vous mener en bateau et ce côté ludique est passionnant.

André Breton : objet à fonctionnement symbolique
La compréhension de l'objet surréaliste se mérite! Son mode d'emploi c'est : se laisser aller à son imagination!  Avec cet objet à fonctionnement symbolique André Breton me laisse perplexe : on y voit un timbre et une selle de bicyclette reliés à une fronde munie d'un caillou, et une sorte de petit panier contenant des objets qui évoquent pour moi un utérus avec des embryons, la Naissance? La bicyclette au milieu des feuilles serait donc la représentation de la vie, son mouvement? et la fronde n'est-elle pas synonyme des difficultés, des blessures de la vie? Les feuilles séchées seraient alors la mort annoncée? Et que signifient certains objets que je n'identifie pas bien. Regardons un de ces détails grâce au film qui le sélectionne et le grandit :

André Breton : objet à fonctionnement symbolique(détail)
 Cet détail se révèle être un sablier, il évoque donc bien le temps qui s'écoule et nous amène inexorablement vers la mort.
Un objet surréaliste est une énigme! Et peu importe si ce n'est pas ce que l'artiste a voulu dire parce que voilà ce que déclare Dali à ce propos : Ces objets, qui se prêtent à un minimum de fonctionnement mécanique, sont basés sur les fantasmes et représentations susceptibles d’être provoqués par la réalisation d’actes inconscients. [...] Les objets à fonctionnement symbolique ne laissent aucune chance aux préoccupations formelles. Ils ne dépendent que de l’imagination amoureuse de chacun et son extra plastiques. » (Salvador Dalí, « Objets surréalistes », Le Surréalisme au service de la révolution, n° 3, décembre 1931.

 

Meret Oppenheim : Ma gouvernante


J'adore l'humour de ces chaussures blanches ficelées comme un gigot prêt à enfourner (ou à passer à la casserole) que Meret Oppenheim intitule : Ma gouvernante.
A noter tous les détails symboliques de l'objet :
Et d'abord la chaussure qui est la représentation érotique et fétichiste par excellence. On peut imaginer la gouvernante, objet des fantasmes prépubères du petit garçon.
La blancheur, symbole de pureté, de virginité,  est détournée par la ficelle qui ligote les chaussures et évoque des relations sado-maso ou tout simplement la domination du mâle impliquant la soumission de la femme voire son non-consentement.
Enfin le plat sur lequel est disposé cet objet a pour moi une double référence : Il renvoie d'une part à une video de l'exposition dans laquelle on voit Oppenheim et ses convives prendre un repas sur une table-femme, ce qui est peut-être l'image d'un cannibalisme amoureux faisant un sort aux expressions :" je te mangerai!""Tu es à croquer"!
D'autre part, je ne peux m'empêcher d'y voir un pastiche des tableaux de la Renaissance ou de l'art Baroque représentant la tête de Saint Jean-Baptiste posée sur un plat, offrande sacrificielle offerte à Salomé.

Andrea Solario, La tête de Saint Jean-Baptiste, 1507
Le Caravage : Salomé et Saint Jean-Baptiste

Les autres objets sont regroupés d'après les expositions internationales auxquelles ils ont participé, de 1933 à  1960 selon des thèmes divers, l'objet et son rapport avec  la sculpture, Eros, une dernière salle est consacrée à  Joan Miro,  après 1960, où l'artiste invente l'objet selon le principe des "cadavres exquis" avec des objets divers.

Joan Miro : personnage

Joan Miro : personnage


 Et enfin je vous laisse regarder certaines oeuvres et vous interroger sur leur sens si le coeur vous en dit!

 
Salvador Dali

Alberto Giacometti : Table
 
Dali : Le veston aphrodisiaque




Centre Pompidou, Paris
Le surréalisme et l'objet
30 octobre 2013 - 3 mars 2014
de 11h00 à 21h00 Galerie 1 -

mercredi 6 novembre 2013

Un bilan de ma visite à Paris : expositions, promenades, théâtre, rencontres...

 les vendeuses d'arums de Diego Rivera

Aujourd'hui, mercredi 6  Novembre est mon dernier jour  à Paris. J'ai vu de très belles expositions que j'ai déjà présentées ici et d'autres dont je parlerai bientôt plus longuement dans mon blog ou dans Glaz, le magazine numérique de Gwenaelle. Une pleine corbeille d'images et de souvenirs!

Désir et volupté à l'époque victorienne  : Musée Jacquemart (billet ici)













Georges Braque : Grand Palais (billet ici)










Félix Valotton : Grand Palais (intéressante)













Frida Khalo et Diego Rivera : musée de l'Orangerie (coup de coeur)








 
Kanak : Musée du Quai Branly (coup de coeur)













Lichtenstein : Centre Pompidou (très belle)











 

Le surréalisme et l'objet : Centre Pompidou (coup de coeur)













Victor Hugo et les surréalistes : la cime du rêve : Maison Victor Hugo (très intéressante)


Les peintres témoins de leur temps : Pinacothèque

1)Bruegel (quelques oeuvres intéressantes)










2) Goya ( des gravures intéressantes)











3) Chu Teh-Chun (coup de coeur)
Chu Teh-Chun










Le printemps de la Renaissance : musée du Louvre (très belle)









J'ai vu aussi un spectacle théâtral : La Locandiera de Goldoni au théâtre de l'Atelier avec Dominique Blanc dans le rôle titre.
J'ai visité le cimetière du père Lachaise et vu les tombes de Molière,  La Fontaine,  Musset,  Nerval, Balzac, Colette et tant d'autres...
Promenade dans le quartier La campagne à Paris et aux Tuileries
De belles rencontres avec Miriam du blog carnets de voyage, avec Isabelle et aussi avec Aurélia....

Un beau voyage...



mardi 5 novembre 2013

Visite à Paris : L'exposition Braque au grand Palais

Georges Braque : l'oiseau et le nid

Que ce soit dit, je n'aime pas beaucoup le cubisme (sauf exception) et je n'aime pas Braque cubiste. Mais je voulais voir l'exposition qui lui est consacrée car je pense que l'on ne connaît vraiment un artiste que lorsqu'on a vu une rétrospective de lui qui permet d'appréhender son oeuvre dans le temps et de découvrir d'autres facettes de son talent. Ce qui a été le cas pour Georges Braque!


Georges Braque devant son oiseau

L'exposition suit un ordre chronologique qui a le mérite de nous montrer l'évolution du peintre au cours des années.  On peut cependant regretter le manque de mise en perspective de son travail par rapport à celui des artistes de son temps. Nous savons qu'il a été influencé par Cézanne, qu'il a travaillé avec Picasso, qu'il a mené des recherches similaires à celles de Matisse mais nous ne le voyons pas. C'est frustrant!

La première salle est consacrée à sa période fauviste et si j'avais déjà vu quelques tableaux de lui à cette époque je n'en avais jamais rencontré autant : un éblouissement de couleurs qui rendent bien les paysages ensoleillés du midi, le port de  l'Estaque. C'est là que l'on se rend compte qu'il est un coloriste de génie. Toutes ces images irradient la lumière. 

Georges Braque : L'Estaque période fauviste

Vient ensuite la grande découverte de Cézanne dont il voit une rétrospective en 1907 qui l'influence grandement. Il retourne à l'Estaque sur les traces du Maître; sa vision s'est transformée; c'est le début du cubisme.

Paul Cézanne : l'Estaque (le tableau ne figure pas dans l'exposition)


Georges Braque : Le Viaduc à l'Estaque

Commence alors la période cubiste, travail qu'il mène en même temps que Picasso qu'il a rencontré en 1907 et dont il a admiré Les demoiselles d'Avignon et parfois avec lui. Il commence ensuite à travailler avec des papiers collés. Evolution du cubisme analytique au cubisme synthétique : voir tableaux ci-dessous. La recherche intellectuelle sur l'espace, la reconstruction mentale du paysage, la géométrisation des formes est passionnante; je suis admirative mais je n'éprouve aucune émotion. C'est pour moi une peinture cérébrale, une peinture volontairement froide, d'autant plus que sa palette s'assombrit et qu'il supprime les couleurs vives jugées comme anecdotiques.  

Georges Braque : cubisme analytique

Georges Braque : nature morte : cubisme synthétique

Mais dans les années 30-40,  je préfère de beaucoup la période grecque qui suit et aussi ses sculptures...


Georges Braque : Héraclès (1931)

Georges Braque : sculpture

... et surtout  la série de ses oiseaux épurés des années 50-60, aux formes simplifiées à l'extrême -tout le contraire de sa période cubiste-, étirant leurs longues ailes dans le ciel, aux couleurs unies et tranchées, les bleus, les blancs, noirs, images pures qui me procurent par le mouvement et l'absence apparente d'effort dans ce mouvement une sensation de liberté et de spiritualité.  j'aime le Braque des oiseaux!


Georges Braque : A tire d'aile (1956_1961)

Quand dans sa dernière période avant sa mort en 1963  il revient plus ou moins au figuratif, proche pourtant de l'abstraction, il peint des tableaux de paysage tout en longueur, jouant sur l'empâtement, comme pour donner l'impression de la matière, de la terre épaisse sous nos yeux. Ainsi La charrue est l'un des tableaux de l'exposition que j'ai beaucoup aimé.




Exposition Georges Braque
Du 18 Septembre 2013 au 06 Janvier 2014
Grand Palais, Paris
3 Avenue du Général Eisenhower, 75008 Paris
- See more at: http://www.2-french.com/2013/10/exposition-georges-braque-grand-palais-paris/#sthash.y6knmKE9.dpuf
Exposition Georges Braque
Du 18 Septembre 2013 au 06 Janvier 2014
Grand Palais, Paris
3 Avenue du Général Eisenhower, 75008 Paris
- See more at: http://www.2-french.com/2013/10/exposition-georges-braque-grand-palais-paris/#sthash.y6knmKE9.dpuf

jeudi 31 octobre 2013

Visite à Paris : Désir et volupté à l'époque victorienne au musée Jacquemart

La boule de cristal de  John W. Waterhouse : le moyen-âge est remis à l'honneur par les préraphaélites
Je suis à Paris depuis Mardi 29 octobre. Ma première exposition  a été pour les peintres de l'époque victorienne au musée Jacquemart, artistes préraphaélites ou leurs héritiers. Ces oeuvres de la fin du XIX siècle en Angleterre sous le règne de la reine Victoria est une réponse au puritanisme et à la rigidité des moeurs anglaises à cette époque. La femme y est peinte libérée du corset et des vêtements qui l'emprisonnent, le corps dénudé ou revêtu de tissu transparent, souple, offert au regard d'où le titre de l'exposition :  Désir et volupté à l'époque victorienne. Le peintres préraphaélites y figurent ainsi que ceux de l'Aesthetic Movement à partir des années 1870, mouvement influencé par le préraphaélisme et précurseur du symbolisme et même de certaines figures de l'Art nouveau.  Tous ces peintres célèbrent la beauté féminine dans une quête esthétique idéalisée.

Crenala, la muse de la rivière de Frederic  Lord Leighton

j'avoue que j'ai été un peu déçue de ne pas y voir les tableaux des préraphaélites que j'attendais (les héroïnes de Shakespeare) mais l'erreur vient de moi. En fait sont réunis pour cette exposition les oeuvres d'une collection privée Perez Simon offrant une rétrospective de l'art britannique depuis les années 1860.  je ne pouvais donc y trouver les peintures du début des péraphaélites des années 50. 
D'autre part j'ai parfois un peu de mal avec ce mouvement esthétisant, qui me paraît souvent trop gracieux, trop maniéré, trop peu naturel... Et un peu hypocrite aussi quand l'art exalte la femme alors qu'on lui refuse le statut d'être humain et qu'on la considère juridiquement comme une éternelle mineure!
Pourtant certains tableaux sont très représentatifs du genre et et certains peintres y affichent leur goût de l'Antique, la Grèce fantasmée, devenant une référence esthétique : 

Jeunes filles grecques ramassant des coquillages sur la plage de Frédéric Lord Leighton (1882) La Grèce

Sir Lawrence Alma-Tadema : les roses d'Héliogabale (1888) Rome

Sir Lawrence Alma-Tademaraconte ici un épisode de la Rome antique. Héliogabale, jeune empereur romain,  étouffe sous une pluie de fleurs les courtisans invités au banquet qui meurent étouffés.

Mes deux peintures préférées

Fatima de Sir Edward C. Burne-Jones

"Etant arrivée à la porte du cabinet, elle s’y arrêta quelques temps, songeant à la défense que son mari lui avait faite et considérant qu’il pourrait lui arriver malheur d’avoir été désobéissante ; mais la tentation était si forte qu’elle ne put la surmonter : elle prit donc la petite clef et ouvrit en tremblant la porte du cabinet". C’est cet extrait de Barbe bleue, le fameux conte de Charles Perrault, que Burne-Jones choisit ici d’illustrer. À l’instar d’une adaptation théâtrale anglaise de 1798, l’histoire se trouve transportée en Turquie et l’héroïne, dernière femme du monstre, prend le nom de Fatima.

 
La mer enchantée de Henry A. Payne
1899

Quelle scène étrange et féérique, digne des "mille et une nuits"…! L’espace sans perspective, les couleurs et les personnages évoquent dans leurs traitements l’art du vitrail qu’affectionnait tout particulièrement Henry Arthur Payne. Impression renforcée par le contraste des roses, des oranges et des verts sombres. Une vision médiévale s’impose, à travers le paysage et les tissus précieux. La coiffe complexe de la jeune femme, appelée hennin, rappelle la mode gothique des Pays-Bas.

L’inspiration du peintre Henry Arthur Payne provient là encore d’une source littéraire : "The shaving of Shagpat", un conte de George Meredith. Deux héros y luttent contre l’hégémonie d’un tyran. Payne choisit le moment où une enchanteresse s’enfuit à l’approche d’un des deux héros. Elle s’installe dans une coque et se lance sur une mer enchantée, où des corps de femmes la suivent au gré des flots, et où des hommes ensorcelés l’observent de leur bateau. Le visage inquiet de la jeune femme trahit son anxiété à l’idée d’être poursuivie, alors qu’elle ne veut pas être vue des hommes... Un faucon se trouve à ses côtés. Il signale la présence invisible du héros, qui a réussi à s’accrocher à la frêle embarcation.


Présentation de l'exposition sur le site du musée : Les peintres Lawrence Alma Tadema, Edward Burne Jones, John William Godward, Frederick Goodall, Arthur Hughes, Talbot Hughes, Frederic Leighton, Edwin Long, John Everett Millais, Albert Moore, Henry Payne, Charles Edward Perugini, Edward John Poynter, Dante Gabriel Rossetti, Emma Sandys, Simeon Solomon, John Strudwick, John William Waterhouse et William Clarke Wontner, emblématiques de cette période victorienne, sont représentés à cette occasion.

Musée Jacquemart-André
du 13 septembre 2013 au 20 janvier 2014
Exposition "Désirs & Volupté à l'époque
Horaires
Le Musée est ouvert tous les jours de 10h à 18h.
Nocturnes tous les lundis et samedis jusqu'à 20h30.