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dimanche 28 octobre 2012

Un livre/un film : William Burnett High Sierra




Réponse à l'énigme n° 45

 Bravo à  Aifelle,  Eeeguab, Pierrot Bâton, Somaja

Le livre : High Sierra de William R. Burnett 
Le film  : La grande Evasion de Raoul Walsh

 et merci à tous! Oui, c'était peut-être un peu difficile cette semaine!
Dans High Sierra de William Burnett , Roy Earle vient de sortir de prison. Il se rend en Californie où il va rejoindre son patron BigMac qui a payé pour son élargissement et lui demande en contrepartie de mener à bien un braquage.  Sur la route, Roy fait connaissance de Pa et de Ma, deux vieux fermiers qui ont été dépossédés de leur terre et qui sont accompagnés dans leur exode par leur petite fille Velma. Roy tombe amoureux de la jeune fille infirme et l'idée naît en lui de la faire opérer de son pied bot. Il rejoint ensuite ses complices qui se révèlent novices et plutôt nerveux. L'un d'eux a amené sa petite amie, Marie, qu'il maltraite. Roy va la prendre sous sa protection et va de plus accepter la garde d'un chien qui a jeté son dévolu sur lui. Or ce chien, dit-on, porte malheur à ses maîtres qui sont tous morts après l'avoir adopté… C'est sous ses auspices peu favorables que va se dérouler l'attaque de l'hôtel de luxe….


William  Burnett et John Hudson sont coauteurs du scénario à partir du roman de Burnett. Ils se retrouvent tous les deux sur la même longueur d'onde, en accord avec les thèmes de High Sierra. Hudson devenu réalisateur reprendra, dix ans plus tard, un autre des romans de Burnett Asphalte Jungle. Il dira : "Burnett semble écrire pour moi". C'est dire que le scénario est très fidèle au roman et à son esprit. Le film de Raoul Walsh paraît en France sous le titre de La grande évasion.

Le principal  thème qui réunit les deux scénaristes est celui du destin auquel l'on ne peut échapper. Roy Earle éprouve le désir de s'arrêter, de mener une vie paisible, de vivre avec une femme qu'il aime mais il s'est engagé dans une voie sans issue, celle du mal, et il ne pourra revenir en arrière. Les circonstances extérieures l'en empêchent. Big Mac, le grand patron ne lui laisse pas le choix. Mais plus profondément, c'est  surtout le caractère lui-même de Roy qui le condamne, cette propension à la violence qui est une marque inhérente de sa personnalité. Peut-on y voir une idée de prédestination?
Pourtant, le lecteur va s'intéresser à ce personnage qui est un dur, un tueur, parce qu'il n'est pas une brute, parce qu'il est capable d'humanité. En fait, sa personnalité est complexe. On voit que Roy Earle ne supporte pas que l'on fasse du mal a une femme, c'est pourquoi il protège Marie avant même de découvrir en elle un amour sincère. De même, il tombe amoureux de Velma avec une naïveté et un désintéressement qui fait sourire le médecin à  qu'il  demande de l'aide pour l'opérer :

Le vieux doc eut du mal à rester sérieux. Roy Earle rougissait réellement. Quel drôle de monde! Un braqueur de banque qui rougissait pour le pied bot d'une fille.

On peut dire que Roy Earle  se fait avoir dès qu'on le prend par les sentiments, ce que le chien  lui-même a compris, qui oblige Roy a l'adopter et à l'amener partout avec lui et même à un braquage!

 Le thème de la femme fatale est aussi présent comme dans tout roman noir mais curieusement décalé et détourné. C'est Velma la toute jeune fille, pure et innocente, qui incarne ce rôle car elle n'hésite pas à jouer avec les sentiments du gangster pour obtenir qu'il lui paye l'opération que ses grands-parents ne peuvent lui offrir. Elle se révèle une fois opérée, coquette et frivole. Le rôle de la femme idéale, courageuse, capable d'un amour désintéressé, profond est paradoxalement tenu par Marie, celle que l'on peut prendre pour une fille facile mais qui est en fait une victime de la vie. On sent d'ailleurs dans ce roman, la sympathie éprouvée par l'auteur pour les humbles, ceux à qui la société ne laisse aucune chance de s'en sortir. C'est en ce sens que le thème du gangster prend un sens particulier. Il incarne la résistance à une société impitoyable, qui broie l'individu, mais cette lutte est vaine et ne peut se solder que par l'échec.