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dimanche 2 février 2020

La citation du dimanche : Yasunari Kawabata : Kyoto (1)

Peinture de Rin Nadeshico ICI

Je présenterai bientôt mon commentaire sur la lecture du roman de Yasunari Kawabata : Kyoto. En attendant, voici un passage intéressant qui nous amène à réfléchir sur la condition humaine.

Il y a de nombreux amateurs de grillons au japon.  Chieko, une jeune fille japonaise, élève des grillons dans un vase.
 
Vase de  Tamba

« Dans un vase, c’est cruel, non ? » avait-elle dit, mais son amie lui répondit que c’était encore préférable, plutôt que de les élever en cage et qu’ils meurent. (…)
A présent les grillons de Chieko se sont multipliés, si bien qu’il fallu deux vases de Tamba. Chaque année ramène, aux environs du premier juillet, l’éclosion des oeufs, puis, vers la mi-août, ils commencent à chanter.
Et c’est ainsi que dans l’étroitesse d’un vase, dans son obscurité, ils vivent,  chantent, pondent et fixent leurs oeufs, meurent. Puisqu’ils perpétuent l’espèce, oui, c’est préférable à les élever en cage et qu’ils ne vivent que l’espace d’un été, mais il reste que c’est une vie au fond d’un vase : pour eux, le vase est l’univers.
« L’univers dans un vase » c’est une ancienne légende chinoise, que Chieko connaissait. Le vase renferme un palais d’or et des tours de perles, des nectars exquis et les mets rares des monts et des mers; le vase clos était un « autre monde » coupé de la réalité qui est nôtre, un lieu enchanté. C’est une des nombreuses légendes des ermites magiciens.
Si les grillons sont dans un vase, ce n’est évidemment pas qu’ils veulent fuir le monde. Savent-ils même qu’ils sont dans un vase… ? Et ainsi passe leur vie.

Et qu'en est- il de l'homme ? semble nous dire Kawabata.

**

Rin Nadeshico : Cheiko ?
Voilà comment je m'imagine la jeune et jolie Cheiko, le personnage principal de Kyoto de Kawabata, à partir de ce dessin de Rin Nedishco, peintre contemporaine.

Le père adoptif de Cheiko, vendeur en gros d'étoffes et de kimonos fabriqués à la main, dessine lui-même le motif des tissus destinés à sa fille, refusant de sacrifier à la modernité, aux couleurs trop criardes, à son goût,  et sans raffinement.

Aussi la jeune fille devait-elle être plutôt semblable aux "peintures de belles personnes ", les "bijin-ga de l'époque Edo " (1603_1870), style de peinture qui a perduré jusqu'au début du XX siècle et dont Rin Nedshico s'inspire.

Bijin-ga de Kitagawa Utamaro (1800)
Bijin-ga de Utagawa Yoshitsuru
Grande Bijin en promenade de Sugimura Jihei
Bijin à l'horloge de Sukenobu (XVIII siècle)
Bijin avec ombrelle de Toyohara Chikanobu (1890)
Miyagawa Choshun