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vendredi 1 janvier 2016

Bonne année 2016


Musée Russe de Saint Pétersbourg : Boris Koustediev Le carnaval détail 1916
Musée Russe de Saint Pétersbourg : Boris Koustediev (détail) 1916


Je vous souhaite à tous une belle année 2016 

Lumineuse
Une année toute neuve
Sur la neige

             de Ito Shou source


Igor Grabar : 1905


Rosée du matin
les Fleurs de l’année
douceur retrouvée


Et pour vous donner envie de voyager voici une sélection de peintures du musée russe de Saint Péterbourg en remontant dans le temps, juste de quoi vous faire rêver!


Ilya Repine : Adieu de la recrue(1879)
Nicolas Gué : Léon Tolstoï (1884)

Alexis Savrasov : Hiver


Saint Petersbourg Viktor Borisov-Musatov Printemps 1901 Musée Russe
Viktor Borisov-Musatov Printemps 1901

Saint Pétersbourg Michail Nestorov La Sainte Russie details. 1905
Michail Nestorov :  La Sainte Russie détails. 1905

Natalia Goncharova En cueillant des fruits.1908

le monastère de NicholasRoerich.1913 Saint Pétersbourg Musée russe
le monastère de Nicholas Roerich 1913
Musée russe de Saint Pétersbourg L'île sainte de Nicholas Roerich.
L'île sainte de Nicholas Roerich.

Saint Péersbourg Les trois joies de Nicholas Roerich musée russe
Les trois joies de Nicholas Roerich

Maliavine Philippe Paysanne dansant 1913 Saint Pétersbourg Musée Russe
Philippe Maliavine : Paysanne dansant 1913

Kasimir Malevitch buste de femme 1932 Saint Pétersbourg musée Russe
Casimir Malevitch : buste de femme 1932

Saint Pétersbourg Musée Russe : Alexander Deinika Kholkozienne sur une bicyclette 1932.
Alexander Deinika Kholkozienne sur une bicyclette 1932.
Saint Petersbourg  Musée Russe Alexander Deinika : Parisienne 1935
Alexandre Deinika : Parisienne 1935

Alexandre Sitnikov Taureau rouge. 1979

Alexandre Soudoukov - Queue 1985 Saint Péterbourg Musée russe
Alexandre Soudokov - Queue 1985

dimanche 18 octobre 2015

Dostoievski /Visconti : Les nuits blanches ET Le peintre Vassili Sourikov



Les nuits blanches de Dostoievski est une longue nouvelle qui se déroule à Saint Pétersbourg pendant quatre nuits et une matinée, dans une atmosphère que la lumière des nuits blanches rend irréelle. Un jeune homme solitaire se promène dans les rues et sur les ponts de la ville quand il rencontre une jeune fille en pleurs.  Celle-ci lui raconte qu'elle est désespérée parce que son fiancé ne vient pas au rendez-vous que tous deux s'étaient fixés un an auparavant. Le jeune homme accompagne la jeune fille pendant ces quatre nuits et en tombe amoureux ; mais celle-ci oubliera-t-elle celui qu'elle aime?

 La nouvelle commence comme un conte et l'on peut penser que ces rencontres sous une lumière  magique se termineront romantiquement. Or, Dostoievski est tout sauf romantique : C’est un nuit de conte, ami lecteur, une de ces nuits qui ne peuvent survenir que dans notre jeunesse. Le ciel était si étoilé, le ciel était si clair que lorsque vous leviez les yeux sur lui, vous ne pouviez, sans même le vouloir, que vous demander : est-il possible que sous un ciel pareil, vivent toutes sortes de gens méchants et capricieux? Cela aussi c’est une question bien jeune, ami lecteur, mais puisse Dieu vous l’inspirer le plus souvent possible.

Cette histoire est, en effet,  celle de la désillusion et de la solitude. Elle est racontée par un narrateur âgé qui s'étonne de la jeunesse et de la naïveté de ces personnages. Et c'est évident pour lui, ils apprendront bien vite que la vie n'est pas ce qu'ils croient et que le mal existe! Comme Dostoievski lui même l'apprendra auprès des bagnards quand il sera déporté en Sibérie en 1849.
La jeune fille, Nastenka,  innocente, naïve, qui vit seule avec sa grand mère aveugle, ne connaît pas le monde. Elle rêve qu'elle se marie avec l'Empereur de Chine car le rêve est sa seule liberté. Lorsqu'elle tombe amoureuse, c'est du seul homme qu'elle a rencontré, le locataire de sa grand mère.  Elle s'est fiancée avec lui en secret et espère qu'il reviendra la chercher dans un an comme il l'a promis. On peut dire que cet homme est le seul moyen pour elle d'échapper à un univers borné qui ressemble bien à une prison. Mais est-elle victime d'une illusion? En tout cas même si elle naïve, elle sait bien jouer la coquette et sa conduite envers le jeune homme montre que les femmes ne sont qu'inconstance et cruauté.
Quant au jeune homme si solitaire, si timide, enfermé dans ses rêves, il ne peut participer au monde extérieur et ne peut vivre que d'illusions. Il parle bien -  évidemment l'écrivain lui prête sa voix - et c'est "un conteur magnifique" comme le lui dit la jeune fille. Il se berce de mots et de beaux sentiments. J'avoue qu'il m'a profondément agacée avec ses larmoiements sur lui-même même si ceux-ci sont incontestablement littéraires c'est à dire bien écrits!. La solitude dont il désespère, il ne cesse pourtant de la cultiver, il s'en pare, il s'en vante même avec une sorte  de souffrance orgueilleuse. Et finalement il en est fier! C'est une Emma Bovary masculin et russe et Dostoïevski est encore plus méchant que Flaubert envers son personnage! On ne peut donc le plaindre quand il se retrouve seul. Il est surtout victime de lui-même, de son incapacité à vivre sa vie et de son orgueil. Finalement loin de nous attendrir, le personnage nous amène à réfléchir sur nous-mêmes et à nous interroger sur le sens que nous voulons donner à notre vie.

La préface de Michel de Castillo

Je me suis interrogée au cours de cette lecture, sur la gêne et l'irritation que j'ai ressenties en découvrant ce personnage masculin. Et c'est Michel del Castillo qui m'a donné la meilleure des réponses. Je le cite.
La tristesse du livre, sa noirceur tiennent d'abord à cette parodie de la grandeur d'âme et de la pure passion. Tel un acide, l'ironie corrode les phrases sonores dont le jeune dostoïevski a longtemps fait son miel. La partition retentit de stridences qui écorchent les oreilles. Avec une délectation ricanante, Dostoievsky emplie les lieux communs, multiplie les références et les clins d'oeil, déchaîne les cordes des envolées pathétiques. Ce faux roman d'amour, ce faux romantisme... ce reptile déguisé en rêveur, cette ville elle-même, artificielle, illusoire, monstrueuse, cachant ses pustules derrière ses marbres et ses palais, jusqu'à ces nuits qui ne sont ni des jours ni des nuits, mais des cauchemars blafards, tout est marqué sous le sceau de l'inauthenticité.

C'est ce que signifie ces avertissements donnés à Nastenka par le jeune homme :

"Il existe à Saint Pétersbourg des recoins assez étranges. Ces recoins, ils ne semblent pas visités même par le soleil... Dans ces recoins ma chère Nastenka, semble survivre une tout autre vie, très différente de celle qui bouillonne autour de nous... Et cette vie est un mélange d'on ne sait quoi de purement fantastique, de violemment idéal avec quelque chose d'autre.. de morne, de prosaïque, d'ordinaire, pour ne pas dire : d'invraisemblablement vulgaire.."

Et s'il y a ironie, on peut dire qu'elle est féroce lorsque dans le dénouement le jeune homme s'exclame :  "Mon Dieu! une seule minute de béatitude! N'est-ce pas assez pour toute une vie d'homme?"

Le peintre Sourikov et la Boyarina Morozova

La première de couverture de la collection Babel Actes Suds offre un très joli portrait, détail d'une grand tableau historique de Vassili Ivanovitch Sourikov que j'ai vu à Moscou dans la galerie Tetriakov.

Moscou La galerie Tetriakov : musée de peinture russe
La galerie Tetriakov

Vassili Ivanovitch Sourikov; la Boyarina  Morozova (1887) (cliquez sur les images)

Le tableau montre la boyarina chargée de chaînes amenée dans la citadelle où elle mourra. C'est un moment de l'Histoire religieuse russe. Le patriarche de Moscou Nikon pour uniformiser toutes les églises orthodoxes de Russie et de Grèce avait  réformé la liturgie en 1666-1667.  Une réforme qui provoqua un schisme (Raskol) entre les "vieux-croyants" ( les starovères)  et les autres. Conduite en prison la boyarina qui se tient du côté des schismatiques fait un signe d'opposition : elle lève deux doigts en l'air pour montrer que c'est ainsi que les "vieux croyants" continueront à se signer et non avec trois doigts pour symboliser la Trinité comme le préconisait le patriarche. A partir de 1685, les "vieux-Croyants" furent persécutés, des dizaines de milliers de d'entre eux furent exécutés, condamnés au bûcher ou emprisonnés à vie. La persécution dura jusqu'en 1905 date à laquelle Nicolas II signa une loi garantissant la liberté de la religion..

C'est dans la foule des "Vieux-croyants" que l'on retrouve la jeune fille de la première de couverture de Les nuits blanches. On peut voir, d'après ce tableau, que les vieux croyants se recrutent dans toutes les classes de la société, mendiants, femmes et hommes du peuple, riches et nobles.

Moscou  : Galerie Tretiakov :  Vassili Ivanovitch Sourikov; Boyarina  Morozova (détail)
Galerie Tretiakov :  Vassili Ivanovitch Sourikov; Boyarina  Morozova (détail)

Si on la regarde de plus près, on perçoit sa tristesse lorsqu'elle regarde la boyarina, ce qui ne laisse aucun doute sur son appartenance au groupe des "vieux-croyants".

Moscou Galerie Tretiakov :  Vassili Ivanovitch Sourikov; Boyarina  Morozova (détail)
Galerie Tretiakov :  Vassili Ivanovitch Sourikov Boyarina  Morozova (détail)

Mais dans la foule, à gauche, certains ricanent. A voir ces visages caricaturaux, on ne doute pas un instant de quel côté le peintre balance!

Galerie Tretiakov :  Vassili Ivanovitch Sourikov; Boyarina  Morozova (détail)

Vassili Ivanovitch Sourikov

Galerie tretiakov Moscou Vassili Sourikov : Autoportrait
Vassili Sourikov : Autoportrait

Le peintre Vassili Sourikov est né en 1848. Il a appartenu au mouvement  réaliste et au groupe des peintres ambulants (ou itinérants) qui apparut en Russie à partir de 1863 pour réagir contre les méthodes et l'enseignement de l'Académie des Beaux-Arts de Saint Pétersbourg. Parmi eux pour neciter que le plus célèbre : Répin.  Ils privilégient une peinture de caractère historique et social et ont des idéaux libertaires, démocratiques..

Autres oeuvres de Vassili Sourikov à la galerie Tétriakov de Moscou 
 et au musée russe de Saint Pétersbourg


Moscou Galerie Tétriakov Vassili Sourikov Le matin de l'exécution des Streltsy (1881)
Galerie Tétriakov Le matin de l'exécution des Stretsly (1881)
La scène se passe sur la place Rouge, devant l'église de Basile-Le-Bienheureux. On voit les murailles du Kremlin, symboles du pouvoir autocrate. Les  Streltsy, ce sont les boyards moscovites, qui se sont rebellés contre le pouvoir du Tsar Pierre 1er, profitant de son séjour en Europe. Revenu à Moscou, Pierre le Grand a une réponse terrible. Des milliers de conjurés sont exécutés et le tsar transfère sa capitale dans la ville qui fait bâtir au bord de la Néva : Saint Pétersbourg. Le tsar, à droite, monté sur son cheval, regarde la scène.

Moscou : Vassili Invanovitch Sourikov Le matin de l'exécution des Stresly (1881) détail
Galerie Tétriakov Le matin de l'exécution des Streltsy (1881) détail


La conquête de la Sibérie par Yermak par Vassili Sourikov  Les Russes (à gauche) fusillent sans pitié avec leurs armes à feu attaquent leurs ennemis qui se défendent avec des arcs et des flèches. 
La conquête de la Sibérie par Yermak. Huile sur toile par Vassili Sourikov (1895). Musée russe (Saint Petersbourg)

Vassili Sourikov : La prise de la forteresse de neige Musée russe Saint Pétersbourg
Vassili Sourikov : La prise de la forteresse de neige Musée russe Saint Pétersbourg
Toujours une grande compostition mais cette fois-ci pour montrer la gaieté du peuple russe au cours d'une amusante bataille dans la neige .
Saint Pétersbourg Musée russe Sourikov : La prise de la forteresse de neige
Vassili Sourikov : La prise de la forteresse de neige Musée russe Saint Pétersbourg(détail)

Musée russe Le monument à Pierre le grand sur la place du Sénat à Saint Pétersbourg le fameux cavalier de bronze statue de Falconet.
Le monument à Pierre le grand sur la place du Sénat à Saint Pétersbourg

Saint pétersbourg Musée russe  Vassili Sourikov : le vieux soldat
Musée russe  Vassili Sourikov : le vieux soldat

Moscou Vassili Sourikov : portrait de sa fille Olga
Galerie Trétiakov  Vassili Sourikov : portrait de sa fille Olga

Luchino Visconti

Luchino Visconti
Luchino Visconti de Modrone est le fils du duc Giuseppe Visconti de Modrone. La famille Visconti régna sur Milan jusqu’au XVème siècle et appartient donc à la grande aristocratie italienne proche de la famille royale. Elle possède un palais à Milan, une villa renaissance sur le bord du Lac de Côme et un château à Plaisance. Il est réalisateur de cinéma, metteur en scène de théâtre et écrivain;

Passionné de chevaux (il s’occupait d’une écurie de sa propriété et était champion d’équitation), il l’est aussi d’opéra et de musique et rencontre les plus grands musiciens de l’époque dans le salon de sa mère (Puccini, Toscanini); la famille a une loge particulière à la Scala. Il était lui-même violoncelliste.  Ce qui explique l’importance de la musique dans son oeuvre cinématographique. De plus, dans leur propriété au bord du lac de Côme, la villa Erba, son père aimait monter des pièces de théâtre. Les enfants Visconti interprétaient de nombreux personnages.  Le rôle préféré de Luchino était Hamlet (modestement!) et avant d'être attiré par le cinéma, il se passionnait pour le théâtre.

Il débuta sa carrière en 1936 comme assistant de Jean Renoir avec les Bas-fonds et Partie de campagne. On peut dire qu'il a été à bonne école! C'est en France, avec Renoir, que Luchino clarifie ses idées au sujet du fascisme et de Mussolini et adhère totalement aux idées esthétiques mais aussi politiques du Front Populaire. C'est parmi les intellectuels parisiens et dans ce contexte de liberté qu'il affirme et accepte entièrement son homosexualité.
Son premier film est Ossessione en 1942 (Les amants diaboliques) d’après le roman Mc Caine : Le facteur sonne toujours deux fois.

Le Notti Bianche :  Les nuits blanches

Les nuits blanches: Maria Schell et Marcello Mastroïani

Les nuits blanches (1957) est une adaptation du roman de Dostoievski. Visconti déplace l’action de Saint Pétersbourg à Livourne, dans le quartier Venezia, dont il reconstitue un quartier en studio à Cinecitta.
Pourquoi Livourne? Par ses canaux et ses ponts, la ville est censée rappeler Saint Pétersbourg.
Pourquoi en studio? Parce qu’il permet à Visconti de réaliser son projet de réunir théâtre et cinéma. Le brouillard est rendu par des voiles de tulle comme au théâtre. Les jeux d’ombre et de lumière doivent paraître artificiels et faux, offrant ainsi un décor onirique au récit qui est filmé en noir et blanc. Ceci n’empêche pas le réalisme. De même que Dostievski situait le récit de Les nuits blanches dans un quartier populaire et  pauvre, de même le quartier ou vivent les personnages de Visconti est lépreux, mal famé et les habitants modestes mais.. d'une manière très esthétique. Le récit est fidèle à l’histoire mais ni au sens ni à la psychologie des personnages du roman. 
Marcello Mastroiani (Mario) est un jeune homme, trop beau, trop sûr de lui, prompt à prendre mouche et en aucun cas il n'est le rêveur déconnecté du monde, cultivant sa différence, s’enivrant de mots et de sentiments faux, et s’apitoyant sur lui-même dans une pose affectée. Au contraire, il paraît très prosaïque. En fait, il s’efface même, par moments, devant le personnage féminin, Natalia, incarnée par Marie Schell qui prend plus d’importance que lui, à la différence du roman. Il faut dire que Maria Schell était alors au sommet de sa gloire et est particulièrement mise en valeur.  Son interprétation  exacerbe le romantisme de l’histoire.
On peut dire, donc que Visconti n’a été fidèle à l’écrivain que par la forme mais non par le fond.










Le livre : Les nuits blanches de Fédor Dostoïevski
Le film : Nuits blanches de Luchino Visconti
Bravo à Aifelle, Dasola, Eeeguab, Kathel, Keisha, Thérèse, Valentine, 
Merci à tous pour votre participation.

jeudi 8 octobre 2015

Saint Pétersbourg de nuit : quelques images

Saint Pétersbourg : le canal Moïka de nuit reflets sur l'eau
Saint Pétersbourg : le canal Moïka
Je n'ai pas le temps d'écrire en ce moment alors je vous livre quelques images de Saint Pétersbourg de nuit. Pour commencer une image du canal Moïka sur la rive duquel je logeais. Et aussi :

Saint Pétersbourg :La perspective Nevsky de nuit
Saint Pétersbourg :La perspective Nevsky
Saint Pétersbourg Etat-Major (arche) en face du Palais d'Hiver la nuit
Saint Pétersbourg Etat-Major (arche) en face du Palais d'Hiver
Saint Pétersbourg : Le Palais d'Hiver


Saint Pétersbourg : La colonne Alexandre et Le Palais d'Hiver de nuit
La colonne Alexandre et le palais d'Hiver

Saint Pétersbourg : Le canal Griboiédov et la cathédrale  Saint Sauveur de nuit
Saint Pétersbourg : Le canal Griboiédov et Saint Sauveur

Saint Pétersbourg : La cathédrale Isaac
Et pour finir encore une image de mon cher canal Moïka vu sous un autre angle...

Saint Pétersbourg : Le canal Moïka


lundi 5 octobre 2015

Saint Pétersbourg : la maison de Pouchkine et Le nègre de Pierre le Grand

Saint Pétersbourg Alexandre Pouchkine : statue dans la cour  de l'Hôtel particulier du N°12 canal Moïka devenu le  musée Pouchkine
Alexandre Pouchkine : statue dans la cour  de la maison
Alexandre Pouchkine est considéré comme le père de la littérature russe. Il est le premier, en effet, à avoir abandonné le français qui était la langue de l'aristocratie où le russe littéraire, celui utilisé dans la liturgie, pour raconter des histoires dans la langue du peuple, le russe du quotidien; Il est le poète, le romancier, le dramaturge, qui a remis à l'honneur l'Histoire de son pays, les contes, les légendes, les chansons du peuple, leurs croyances, leurs manières de vivre, leur mentalité. Dans les écrits de Pouchkine, j'adore ces personnages du peuple : les "niania" (les nourrices), les fidèles serviteurs qui n'ont pas la langue dans la poche, à la fois superstitieux et pragmatiques et dans tous les cas savoureux!.

Pouchkine est si vénéré en Russie que la cour de l'hôtel particulier où il a loué son dernier appartement, est paraît-il couverte de fleurs chaque année à la date de sa naissance et à celle de sa mort.

 La dernière maison de l'écrivain à Saint Pétersbourg

Saint Pétersbourg :  le musée-appartement Alexandre Pouchkine
Saint Pétersbourg :  Hôtel particulier N°12 canal Moïka devenu le  musée Alexandre Pouchkine 
C'est là, au n° 12 (tout près de l'endroit où j'habitais!) que se dresse le bel hôtel particulier appartenant jadis  au prince Volkonsky. C'est là qu'Alexandre Pouchkine a loué un appartement au premier étage.
On pénètre d'abord dans la cour où se dresse sa statue.

Saint Pétersbourg :  cour du musée-appartement d'Alexandre Pouchkine, jadis hôtel appartenant au prince Volkonsky
Saint Pétersbourg :  cour du musée-appartement d'Alexandre Pouchkine 
La pièce la plus extraordinaire de l'appartement de Pouchkine est la bibliothèque qui contient 4000 ouvrages en 14 langues différentes. Il appelait ses livres "mes amis". De nombreux souvenirs sont restés dans cette pièce :  des écrits, des lettres, sa canne, son fauteuil, le gilet qu'il portait le jour où il a été tué; le petit buste d'un Ethiopien qui lui rappelait son  arrière grand père Hannibal qui était noir.

Saint Pétersbourg : musée-appartement d'Alexandre Pouchkine son fauteuil
Derrière le fauteuil, on aperçoit le canapé où on l'a transporté au moment de sa mort.

Saint Pétersbourg : musée-appartement d'Alexandre Pouchkine sa canne

 Natalia Goncharova Pouchkine

Saint Pétersbourg : portrait de  la belle  Natalia Goncharova l'épouse de Pouchkine
Saint Pétersbourg : musée-appartement d'Alexandre Pouchkine :  La belle Natalia Goncharova

Le piano de Natalia
Natalia Nicolaievna Goncharova  a épousé Alexandre Pouchkine en 1831. Ils ont quatre enfants  et vivent tous dans cet appartement avec les deux soeurs de Natalia entre 1836 et 183. Natalia est courtisée d'une manière qui suscite les commérages et la colère de Pouchkine par le baron George d'Anthès. Bien que français, celui-ci à pu entrer dans le régiment des Gardes de l'Impératrice en tant que sous-lieutenant. Il s'est fait adopter par Jacob Burchard van Heeckeren, ambassadeur des Pays-Bas à Saint Pétersbourg. Pour arrêter les médisances, d'Anthès demande la soeur aînée de Natalia, Ekaterina, en mariage et l'épouse. Il devient le beau-frère de Pouchkine mais il continue ses assiduités auprès de Natalia Goncharova.

Le salon où vivaient ses deux soeurs

Le duel

Je lis dans une note biographique (source) sur George d'Anthès que, s'il est pratiquement inconnu en Alsace, (il est né à Colmar en 1812) il est le français le plus connu de toute la Russie!
La lettre anonyme
Pouchkine reçoit alors une lettre anonyme - en français- le nommant "coadjuteur du grand Maître de l'Ordre des cocus". Est-ce une lettre écrite par d'Anthès pour se venger d'avoir été éconduit par Natalia Goncharova comme l'ont pensé certains? Mais à l'époque tous les nobles parlaient le français et auraient pu écrire cette lettre.  
Pouchkine furieux, écrit au père adoptif de d'Anthès et l'injurie. Sommé de retirer ses insultes, il refuse. Le duel, dès lors inévitable, a lieu le 8 Février 1837 à 4 kilomètres de Saint Pétersbourg. Pouchkine est atteint à l'aine; il tire à son tour et touche d'Anthès au bras. Le poète est ramené à son appartement. Une foule immense se rassemble chez lui en apprenant sa blessure, ses amis sont là, ses pairs, mais aussi les gens du peuple, tous ceux qui veulent lui témoigner un dernier hommage. Il mettra deux jours à mourir dans d'atroces souffrances. Il avait 34 ans!
 George d'Anthès est jugé mais gracié à cause de la gravité de l'insulte faite par Pouchkine à son père adoptif mais il est sommé de quitter la Russie et reconduit à la frontière.
 Et voilà! J'en ai en terminé avec le courrier du coeur mais je vous fais une confidence, moi aussi je hais d'Anthès!

Saint Pétersbourg : Maison-musée de Pouchkine pistolets de duel de l'époque de Pouchkine


George d'Anthès

Le nègre de Pierre le Grand

Hannibal, l'aïeul de Alexandre Pouchkine héros du roman inachevé de Pouchkine Le nègre de Pierre le Grand
Hannibal, l'aïeul de Alexandre Pouchkine

Et je le hais d'autant plus que, à cause de lui, Pouchkine n'a pu terminer le roman dont je vais vous parler : Le nègre de Pierre le Grand. Alexandre Pouchkine raconte l'histoire Ibrahim Hannibal son arrière-arrière-grand père, un esclave noir vendu à Pierre le Grand qui devient son parrain et le prend en amitié. Il l'envoie faire des études dans une académie militaire à Paris. Le jeune homme  rentre ensuite à Saint Pétersbourg où le tsar le reçoit à bras ouverts. Pierre le Grand décide alors de le marier à la fille d'une grande famille qui doit se plier aux désirs du tsar.
Le roman s'achève là pour notre plus grande déconvenue, au moment où l'on commence vraiment à entrer à la cour de Pierre Le Grand, foisonnante de murmures et d'intrigues et à découvrir le Saint Pétersbourg du XVIII siècle.. C'est l'époque où Pierre le Grand, pour punir les nobles moscovites coupables de s'être révoltés contre lui, les oblige à vivre à Saint Pétersbourg, à abandonner leurs vêtements traditionnels qu'il juge archaïques et à adopter des manières de penser et de vivre à l'européenne!

Entre temps, ils* avaient atteint le palais. Un grand nombre de traîneaux longs, calèches démodées et carrosses dorés étaient déjà stationnés sur l’herbe devant l’entrée. Sur les marches se hâtaient des cochers en livrée et à moustaches ; des laquais pressés et rutilants avec des plumes et portant des masses; des hussards, des pages, des heiduques maladroits, embarrassés par les pelisses et les manchons de leurs maîtres, toute une suite indispensable aux yeux des nobles de l’époque. À la vue d’Ibrahim, un murmure général s’éleva de leurs rangs : « Le nègre, le nègre, le nègre du tsar ! » Il conduisit rapidement Korsakof à travers cette foule bigarrée. Un laquais du palais ouvrit toutes grandes les portes pour eux et ils pénétrèrent dans le grand vestibule. Korsakof fut frappé de stupeur... Dans la grande salle éclairée par des chandelles de suif qui brûlaient d’une lueur blafarde dans la fumée du tabac, des hauts dignitaires, les épaules ornées de rubans bleus, des ambassadeurs, des marchands étrangers, des officiers de la Garde dans leurs uniformes verts, des constructeurs maritimes en jaquette et pantalons rayés, allaient et venaient au son ininterrompu de la musique d’instruments à vent. Les dames étaient assises le long des murs, les plus jeunes d’entre elles parées avec toutes les splendeurs de la mode. Leurs robes étincelaient d’or et d’argent ; leurs sveltes silhouettes s’élevaient de leurs monstrueuses crinolines, telles des fleurs au bout de leur tige ; des diamants scintillaient à leurs oreilles, dans leurs longues chevelures et autour de leur cou. Elles jetaient des coups d’œil à droite et à gauche en attendant leurs cavaliers et le début de la danse. Les dames plus âgées avaient fait des prodiges d’ingéniosité pour combiner la mode nouvelle au style du passé désormais interdit : leurs bonnets ressemblaient à la coiffure de zibeline de la tsarine Natalia Kirilovna et leurs robes et mantilles rappelaient dans une certaine mesure les sarafanes et les douchégréïky. Elles semblaient éprouver plus d’étonnement que de plaisir en présence de ces divertissements nouveaux et regardaient avec dépit les femmes et les filles des capitaines hollandais, avec leurs jupes empesées et leurs corsages rouges, qui tricotaient leurs bas, tout en riant et bavardant entre elles, comme si elles étaient chez elles.

*Ils = Ibrahim Hannibal et son ami Korsakof