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mardi 22 mars 2022

Les dames de Cracovie : Léonard de Vinci / Lucas Granach

Cracovie Léonard de Vinci : la dame à l'Hermine (1488) musée des Princes  Czartoryski

Il faut aller à Cracovie pour rencontrer ces deux belles dames, ornements de la ville ! L'une, la plus célèbre, est la Dame à L'Hermine de Léonard de Vinci, le trésor le plus précieux du musée des Princes  Czartoryski (et peut-être même de Pologne), présenté comme dans un écrin, tout seul, dans une salle qui lui est dédiée, avec une sobriété qui permet le recueillement. 

La seconde est La Vierge sous le sapin de Lucas Cranach, dans un tête à tête plein de douceur  avec son bébé. Nulle attention particulière pour l'exposition de ce magnifique tableau. Il est accroché avec les autres oeuvres de Lucas Cranach dans les appartements royaux du château de Wawel mais la beauté de cette femme, le calme, la pureté, la tendresse qui émanent de cette peinture attirent l'attention et l'isolent des autres.

Cracovie : château de Wawel : La Vierge sous le sapin de Lucas Cranach

 La belle dame de Léonard de Vinci

Cracovie, Musée des Princes  : la dame de l'Hermine de Léonard de Vinci

La dame à l'hermine est le portrait de Cecilia Gallerani (1473-1536) à l'âge de 15 ans. La jeune femme à l'éducation raffinée, cultivée, amoureuse des arts et des lettre, est alors la maîtresse du prince de Milan, Ludovico Sforza.

 Ce dernier commande un portrait de Cecilia à Léonard de Vinci. Nous sommes en 1488. En 1491, le duc se marie et il offre ce tableau en guise d'adieu à sa maîtresse. Celle-ci se marie avec le comte Ludovico Carminati. Elle meurt en 1536 et est inhumée dans la caveau de famille de son époux.

L'hermine semble être le symbole de la pureté avec sa fourrure blanche qu'elle ne veut pas salir même si, dit la légende, sa vie en dépend. Mais l'animal représente peut-être aussi le duc lui-même, suggérant l'union impossible des deux amants puisque l'artiste ne peut les peindre ensemble. Ludovico Sforza était promis à Béatrice d'Este. De plus, l'hermine cache la grossesse de la jeune femme. Peu de temps après ce portrait naît, en effet, un garçon surnommé Cesare, fils de Cécilia et de Ludovico.

Le prince Adam Czartoryski acheta l'oeuvre et l'offrit à sa mère Izabella Czartoryska pendant son voyage en Italie en 1798. Celle-ci, amateur d'art et collectionneuse,  est la fondatrice du musée Czartoryski à Cracovie. C'est depuis que la dame à l'hermine fait partie des richesses artistiques de la Pologne.

La dame à l'hermine n'est pas aussi célèbre que la Joconde et pourtant c'est elle que je préfère. Léonard de Vinci, à travers le portrait physique de la jeune Cécilia parvient à donner d'elle un portrait moral. La simplicité et la beauté de ses vêtements et de sa parure peignent une jeune femme qui refuse l'ostentation et le paraître. Sûre d'elle, elle n'a pas besoin  de briller ou de chercher à écraser les autres. Tout dans son attitude  témoigne d'un goût parfait, maîtrisé, qui permet de reconnaître une aristocrate d'un milieu social et d'une éducation supérieurs. 

La dame à l'hermine a inspiré d'autres artistes ainsi que j'ai pu le constater en visitant le musée d'art contemporain de Cracovie

Jerzy Kosalka : Good Bye ladies and gentlemen
 
Cracovie : Jerzy Kosalka : Good-Bye ladies and gentlemen


Carina Linge : Lady with a Rabbit
 
Cracovie Carina Linge : Lady with a rabbit


La belle dame de Lucas Cranach l'Ancien


Cracovie, Château de Wawel, Lucas Cranach l'Ancien : Vierge à l'enfant sous le sapin( 1510) (détail)

Si la dame à l'Hermine est un sujet profane, le tableau de Lucas Cranach est un sujet religieux et somme toute banal pour l'époque : La Vierge à l'enfant ! Lucas Cranach lui-même - et il n'est pas le seul-, a peint de nombreuses Vierges, et pourtant, toutes différentes, toutes dévoilant leur beauté particulière ! 

La Vierge sous le sapin est une peinture plus traditionnelle que celle de Vinci. En ce sens, elle ne révolutionne pas l'Histoire de l'art.  Le tableau subit l'influence de la peinture religieuse italienne de la Renaissance si ce n'est ce physique bien particulier, aux joues rondes et aux yeux effilés, qui fait reconnaître immédiatement un Cranach. A l'arrière-plan apparaît un paysage, d'abord trois sapins ( ou je ne sais trop quelle espèce?) puis un village sur les rochers, une forêt et dans le lointain des cimes de haute montagne qui donnent l'impression de profondeur. Lucas Cranach est au début de son art, il se montrera plus audacieux et personnel par le suite !  Il n'en demeure pas moins que l'oeuvre a un charme irrésistible !

Le sujet est religieux, certes, Jésus tient sur ses jambes une grappe de raisins, symbole de l'eucharistie, mais la jeune femme de ce tableau n'est pas une icône hiératique. C'est une femme bien vivante, certes idéalisée, mais proche de nous, un mère perdue dans la contemplation de son fils. Tous les deux se regardent et le message d'amour qui passe entre eux est bien humain, bien de ce monde ! La finesse des traits de l'enfant et de sa mère, la délicatesse de la carnation du visage, le rendu doux et soyeux de la chevelure, sa brillance, la transparence du voile, tout concourt à faire de cette peinture une très belle oeuvre que l'on n'oublie pas.

Léonard de Vinci (1452-1519)


Léonard de Vinci est né à Vinci, un petit village situé à 30 km de Florence, en 1452. A 14 ans il entre dans l'atelier du peintre Verrochio. Il y apprend le dessin, la peinture, la perspective, l'architecture, la sculpture, les mathématiques et est le compagnon de Sandro Boticelli et de Le Pérugin. L'élève dépasse vite le maître et il sort de l'atelier en 1476 pour voler de ses propres ailes. Il se déplace dans les grandes villes d'Italie, Florence, Milan, Venise, Mantoue et réalise, entre autres, des oeuvres pour ses mécènes, Laurent de Médicis, Ludivoc Sforza.

 Il est meurt le 2 mai 1519 à Amboise où François 1er l'avait invité. C'est là que le roi de France acquiert le tableau de la Joconde peinte entre 1503 et 1506 que Léonard de Vinci avait amenée avec lui.

 Léonard de Vinci est connu comme peintre, sculpteur, mais aussi comme inventeur, scientifique, ingénieur, anatomiste, architecte, botaniste, musicien, philosophe et écrivain. Il représente l'esprit universel de la Renaissance. 

Il n'a peint que quatre portraits à l'huile. Avec La dame à l'hermine on considère que le peintre a réalisé le premier portrait moderne de la peinture européenne.


                                          Lucas Granach l'Ancien (1472–1553)


Peintre majeur de la Renaissance germanique, Lucas Cranach (1472–1553) est né à Kronak (qui lui donné son pseudonyme), en Haute-Franconie, en 1472, et il meurt à Weimar dans le duché de Saxe en 1553.  Proche de Martin Luther, il est l’auteur d’une œuvre à la fois originale et morale correspondant à cette nouvelle doctrine. L’artiste est particulièrement célèbre pour ses nus féminins, aux formes longilignes et aux yeux en amande. Ses sujets religieux mais aussi profanes (mythologiques) lui ont valu le succès. Cranach entre à la cour de Saxe en 1502 comme peintre officiel, à Wittenbergerg, et y restera jusqu'à sa mort. Il a peint les tableaux de souverains comme Frédéric le Sage et Charles Quint et réalisé plusieurs portraits de Martin Luther qui était son ami. Morale, politique et religieuse mais ouverte à son  temps, l’œuvre de Cranach est l’une des plus singulières du XVIe siècle européen.

Son fils a été peintre lui aussi sous l'appellation  de Lucas Cranach Le Jeune (1515_1586)

 

Et puis je ne peux résister à vous faire voir encore quelques dames du Musée des Princes  Czartoryski. 

Le Maître des demi-figures

Marie-Madeleine lisant par le Maître des demi-figures Musée  Czartoryski.

Le maître des demi-figures : en lisant ce nom, je me suis imaginée que ce peintre né au Pays-Bas, à Anvers, mais inconnu, ne représentait jamais ses personnages (tous féminins ) de face mais plutôt de trois-quart, d'où son surnom. Mais en fait, il est appelé ainsi parce qu'il ne les met jamais en pied mais toujours coupées à la taille, juste la moitié du corps. Les spécialistes ont cherché à retrouver le véritable nom du Maître des demi-figures mais n'y sont pas parvenus.

Les Reines de Pologne

 
Musée  Czartoryski. Lucas de Granach le Jeune : Les reines de Pologne

Une série de dix miniatures  peintes par Lucas Granach le Jeune (1515_1586, enchassées dans un grand cadre noir qui les réunit toutes, présente la famille Jagellon  à partir de Sigismond 1er le Vieux.  

 Dans l'ordre Sigismond I Le Vieux, Bona Sforza Jagellon, son épouse, Sigismond II Auguste, leur fils, Elizabeth d'Autriche Jagellon, première épouse de Sigismond II, Barbara Radzivilia deuxième épouse, Catherine d'Autriche troisième épouse, Sophia Jagellon, fille de Casimir IV, Anna Jagellon, fille de Sigismond I Le Vieux.

Je vous montre quelques-unes de ces reines que j'appelle  : Les rutilantes !

Musée  Czartoryski Portrait d'Elizabeth d'Autriche Jagellon par Lucas Cranach Le Jeune

Portrait d'Elizabeth d'Autriche (1526_1545) archiduchesse d'Autriche et  princesse de Hongrie, devenue par son mariage avec Sigismond II Auguste Jagellon,  reine de Pologne et grande duchesse de Lituanie. Elle était la nièce de Charles Quint. Elle reçut une éducation raffinée mais elle était souvent sujette à des crises violentes d'épilepsie. Le roi ne l'aimait pas et lui préférait ses maîtresses. Elle mourut à Vilnius à l'âge de 19 ans peut-être d'un attaque d'épilepsie ? Peut-être a-t-elle été empoisonnée ? Le bruit a couru que sa belle-mère Bona Sforza, épouse de Sigismond 1er Jagellon, serait la coupable mais cela n'a jamais été avéré. Son mari se remaria d'abord avec Barbara Radzivilia puis une troisième fois avec Catherine d'Autriche, la soeur cadette d'Elisabeth.

Musée  Czartoryski : Barbara Radzivilia Jagellon reine de Pologne par Lucas Cranach Le Jeune
 

Barbara Radzivilia est l'épouse du roi Sigismond II Auguste Jagellon dont elle avait été la maîtresse avant la mort d'Elizabeth, la première épouse. Elle est née à Vilnius en 1520 et elle est morte en 1551 à Cracovie. Sigismond II l'a épousée en seconde noce malgré l'opposition de sa mère Bona Sforza qui voulait une alliance plus prestigieuse. Cette union a  causé un scandale à la cour royale de Cracovie parce que Barbara passait pour dévergondée mais aussi parce que les nobles polonais redoutaient la puissante famille lituanienne de Barbara. Elle a été couronnée reine de Pologne en 1550 malgré l'opposition mais elle est morte d'un cancer l'année d'après à la grande joie de ses ennemis. Pour elle aussi le bruit a couru qu'elle avait été empoisonnée. La vie, l'amour malheureux et la mort de Barbara ont inspiré diverses œuvres de littérature, films,  et peinture d'artistes polonais et lituaniens, tels que le peintre Jan Matejko.

 
Jan Matejko : Les amants Sigismond Auguste et Barbara

 

dimanche 20 mars 2022

Cracovie et Henrik Sienkiewicz

Le château de Wawel au XIX siècle sur sa colline dominant la Vistule
 

Cracovie

Cracovie était, au Moyen-âge, entre 1399 et 1410, dates où se déroule l'action de Les chevaliers teutoniques, la capitale de la Pologne et c’est pourquoi elle a une grande importance dans le roman de Henrik Sienkiewicz.

"On voyait déjà très bien Cracovie : les jardins royaux, ceux des seigneurs et des bourgeois qui entouraient la ville de toutes parts, et derrière, les murs et les tours des églises. Plus on approchait, plus la cohue devenait grande, et, près des portes, il était difficile d'avancer au milieu de la presse générale. 

-La ville ! Il n'y en a peut-être pas deux comme cela dans le monde, dit Mathieu."

"- On dit que Cracovie s'est étendue considérablement depuis le roi Jagellon.

C'était la vérité : depuis le temps de l'avènement du grand-duc de Lituanie, les immenses pays lituaniens et ruthènes s'étaient ouverts au commerce de Cracovie et, par suite, la ville s'était de jour en jour peuplée, et couverte de richesse et de constructions : elle était devenue l'une des plus remarquables du monde..."

Lorsque le jeune chevalier Zbyszko de Bogdaniec et son oncle Mathieu entrent dans Cracovie, ils sont éblouis par cette ville riche, munificente et immense pour l'époque. Sur la place du marché, Le Rynek Glowny, Zbyszko est émerveillé par l'immensité de la place, de la halle aux draps, de la maison de ville et de l'église Notre-Dame. La création de la place date de 1257 lorsque le roi Boleslas le Chaste accorda une charte municipale à la cité.

"....ici les maisons des marchands étaient beaucoup plus magnifiques que là-bas, en Lituanie, le château du grand-duc. Il y a avait des quantités de maison en bois, mais elles-mêmes surprenaient par l'élévation des murs et de leurs toits ainsi que leurs fenêtres en culs de bouteilles encadrés de plomb qui reflétaient les rayons du soleil couchant au point qu'on eût pu croire que le feu fut à la maison. Les rues proches du marché étaient cependant pleines de gentilhommières en briques rouges ou tout en pierres, dont les murs élevés étaient ornés de balcons et d'ancres noires en forme de croix. Elles se pressaient l'une contre l'autre comme des soldats à la parade..."

 

Cracovie Place du marché : les halles


Cracovie : Tour de l'hôtel de ville

 
Cette tour de l'hôtel de ville construit au XIV siècle et tout ce que reste de l'hôtel de ville du XIV siècle démoli en 1820
 
"Mais les édifices publics les jetèrent tous les deux dans une stupeur plus grande encore : (...)  Le gigantesque Mercatorium destiné aux commerçants étrangers; le bâtiment où l'on enfermait la bascule de la ville, les boutiques de tondeurs, les étuves, les fonderies de cuivre, les fonderies de cire, d'or et d'argent, les brasseries, les montagnes entières de tonneaux autour de ce que l'on appelait le "Moulin", en un mot une abondance et des richesses qu'un homme ne connaissant pas la ville, même un propriétaire foncier à son aise ne pouvait imaginer."

Halle intérieure
 
Les halles
 

L'église Notre-Dame du Rynek

Notre-Dame avec ses deux tours dissymétriques
 

L'église Notre-Dame telle qu'on la voit aujourd'hui a été construite entre 1355 et 1408 en style gothique auquel vint s'ajouter un porche polygonal baroque entre 1750 et 1752. Ses deux tours sont dissymétriques, celle de gauche dominant celle de droite. L'anomalie, nous dit-on, est liée à la rivalité de deux frères architectes dont l'un a assassiné l'autre, provoquant l'arrêt de leur élévation. Aucun architecte n'ayant voulu reprendre la construction de celle qui était inachevée, elle fut tout simplement arrêtée et couronnée d'une coupole. Cette tour dite des cloches sert de beffroi. La tour de gauche complétée en 1478 par une superbe coupole gothique composée de seize clochetons entourant une flèche centrale, enchassée dans une couronne dorée, est la tour de guet.

La tour de guet de Notre-Dame

C'est de cette tour que, au Moyen-âge, un guetteur annonçait un incendie ou une attaque ennemie en sonnant l'alarme. Une légende (ou la réalité ?) prétend qu'un jour la mélodie fut interrompue brutalement car le trompettiste eut la gorge transpercée par une flèche. Depuis le XVI siècle et de nos jours, à chaque heure,  un guetteur entame quelques notes de la mélodie qui s'interrompent abruptement rejouant la scène médiévale à l'infini. Inutile de dire que je suis allée souvent sur cette place et je ne partais pas sans avoir entendu ce rituel ! 

 
Place Mariacki :  l'Etudiant personnage du rétable de Veit Stoss

Eglise Notre-Dame gothique avec son porche baroque du XVIII siècle

Notre-Dame intérieur

Notre Dame : la chaire en bois sculptée


Le célèbre  rétable de Veit Stoss

Au-dessus de l'autel principal trône le rétable de Veit Stoss, un gigantesque polyptique de cinq panneaux aux sculptures exécutées en bois de tilleul peint et doré. Veit Stoss est un sculpteur  de Nuremberg qui a réalisé cette oeuvre, entre 1477 et 1489, comptant plus de 200 personnages et consacré à la vie de la Vierge.

Rétable de Veit Stoss

 
Détail du rétable de Veit Stoss : l'annonciation, la crèche, les Rois mages

 

Le Wawel 

Château de Wawel fin du XV siècle  voir ici

L'ensemble architectural du Wawel se dresse sur une petite colline au-dessus de la Vistule. Il comprend le château royal, ses dépendances entourés de hautes murailles et de tours et la cathédrale qui est le lieu symbolique du couronnement des rois et abrite le panthéon des dynasties royales mais aussi des grands hommes du pays. Il y a d'ailleurs une crypte dédiée aux poètes.
Dans le roman de Sienkiwicz, les chevaliers se rendent au château de Wawel, invités  pour le baptême de l'héritier (e) du roi Jagellon et de la reine Hedwige.
"Pour la naissance ( de l'enfant royal), les chevaliers invités qui étaient déjà arrivés dans l'attente des solennités, la noblesse ainsi que les députations des marchands se rendirent au château. Les corporations et les confréries se présentèrent avec leurs bannières. Dès midi des masses innombrables de gens entouraient le Wawel et, parmi elles, les archers du roi maintenaient l'ordre et imposaient le calme et le silence. (...) Enfin à la porte principale se présentèrent l'évêque et le castellan, et avec eux, le chapitre de la cathédrale, les conseillers royaux et les chevaliers. Ceux-ci se dispersèrent le long des murs, parmi la population. La nouvelle se lisait sur leurs traits, pourtant ils commencèrent par ordonner sévèrement qu'on s'abstînt de tous cris, ceux-ci pouvant nuire à la malade. Ensuite, ils annoncèrent à tout le monde que la reine avait donné jour à une fille." 
 
Rampe d'accès au château et cathédrale

 
Cathédrale et statue équestre de Tadeusz Kosciuszko


Cathédrale de Wawel : Le sarcophage de la reine Hedwige


Jardins du Château et cathédrale

La cathédrale

 

Château : cour intérieure renaissance
 
La tour Sandomier, tour d'artillerie (1470)

 La barbacane

La Barbacane de Cracovie a été construite de 1498  à 1499, après la période vécue dans le roman de Henrik Sienkiewicz. C'est la seule fortification de ce style conservée en Europe.

Cracovie la Barbacane

Cracovie la barbacane


La ville de Cracovie possédait huit portes et quarante-sept tours. Il ne reste qu'une porte, la porte Saint Florian qui  permettait d'accéder à la Voir royale. Heureusement la barbacane a été épargnée par la démolition. Elle donne bien l'idée de l'importance de la fortification de la ville et de la taille de ses remparts.

La barbacane était reliée à la barbacane
 à la Porte Saint-Florian par un long corridor appelé  "le cou".


 

La porte Saint Florian

Cracovie Les remparts du XIII siècle à droite  et le palais (musée) des princes Czartoryski

Cracovie : quelques restes des remparts du XIII siècle.
 
Les  anciennes fortifications de la ville, remparts longs de 4 km, ont été détruites par les Autrichiens qui occupaient la ville au début du XIX siècle. Les douves comblées et réaménagées en  jardin  (Les Planty) constituent un lieu de promenade fort agréable.

 


jeudi 17 mars 2022

Henrik Sienkiewicz : Les chevaliers teutoniques

 

Les chevaliers teutoniques
 

Les chevaliers teutoniques de Henrik Sienkiewicz est un roman qui  entraîne le lecteur  dans une grande fresque historique épique, haletante, servie par un style qui amplifie et magnifie les exploits guerriers et nous laisse voir les grandes chevauchées des chevaliers dans les plaines, sus à l’ennemi, la sauvagerie des batailles et des épées qui tranchent, découpent, taillent dans les chairs, traversant les armures, abattant  hommes et chevaux. Un temps de guerre et de sang, de famine et de misère pour le peuple, un temps de gloire et de bataille pour les chevaliers qui gagnent leur fortune à la pointe de leurs armes, un temps où l’amour courtois et le raffinement du sentiment le disputent à la violence du rapt et de la mort. Une lecture intense et prenante qui nous en apprend beaucoup sur la Pologne, ce qui était parfait pour mon voyage  à Cracovie en Juin 2021.

Les personnages

Affiche du film d' Aleksander Ford : Skyszko et Danusia

Le récit se construit autour de quelques personnages que nous suivons et à qui nous allons nous intéresser : Zbyszko de Bogdaniec est un jeune chevalier, orphelin, élevé depuis l’âge de 13 ans sur les champs de bataille par son oncle Mathieu, un valeureux guerrier. De la vie, il ne connaît que la guerre et un code d’honneur inculqué par son oncle. Et c’est peu de dire que son comportement immature et sa méconnaissance du monde le conduiront à se conduire d’une manière un peu primaire et sotte… mais généreuse et courageuse. Il rappelle le jeune Perceval de Chrétien de Troyes à ses débuts dans la chevalerie. Finalement, il est assez sympathique et il finit par mûrir.

Zbyszko et Mathieu se rendent à Cracovie pour le baptême de l’enfant de la reine Hedwige et du roi Jagellon. En chemin, au milieu de la foule qui afflue vers la capitale, Zbyszko fait connaissance de la ravissante Danusia qui est encore presque une enfant, suivante de la duchesse d’Anne de Mazovie. Le jeune homme en tombe amoureux et devient son chevalier servant. Elle est fille du célèbre Jurand de Spychow, ennemi implacable des chevaliers teutoniques qui ont tué son épouse, la mère de Danusia. Obéissant au serment qu’il a fait à Danusia de rapporter un trophée de plumes de paon, Sbyszko attaque l’ambassadeur du roi Jagellon, le chevalier teutonique Kuno von Lichtenstein et il est pour cela condamné à mort. Danusia le sauvera en le revendiquant comme époux selon une tradition ancestrale. En attendant la maturité de la jeune fille, les deux jeunes gens sont fiancés. Mais bien des obstacles et de cruelles épreuves vont se dresser devant eux. Après leur mariage, les chevaliers teutoniques enlèvent Danusia. Un grande partie du livre décrira la quête douloureuse et tragique du jeune chevalier à la recherche de sa bien-aimée.

L’Histoire de la Lituanie et la Pologne face aux chevaliers teutoniques

Ladislas II Jagellon, roi de Pologne, grand duc de Lituanie

Nous sommes au Moyen-âge dans une période qui s’étend de 1399 à 1410. La Pologne et de la Lituanie réunies se rebellent contre les chevaliers teutoniques, ordre guerrier et religieux qui sème la terreur dans les populations en brandissant la croix et les reliques sacrées. Installés en Allemagne, sans cesse, les chevaliers  annexent les pays voisins, pillant, rasant, exterminant, effaçant les frontières.

A cette époque le grand duché de Lituanie est l’un des derniers à  se convertir au christianisme à l’instigation du grand duc Jagellon en 1386.  Celui-ci épouse la reine de Pologne Hedwige d’Anjou  et devient roi de Pologne sous le nom de Ladislas II Jagellon. Dans le roman, Sbyszko et Mathieu se rendent à Cracovie, alors la capitale, pour les fêtes célébrant le baptême de la fille du roi et de la reine en 1399. Mais Hedwige meurt après son accouchement et le bébé aussi. Hedwige était réputée pour sa piété et sa bonté et considérée comme une sainte par le peuple. Elle fut canonisée en 1997. 

 

Hedwige Jagellon, reine de Pologne

"Hedwige entra par la porte de la sacristie. A sa vue, les chevaliers les plus proches des stalles, bien que la messe ne fût pas commencée, s'agenouillèrent aussitôt, lui rendant involontairement les honneurs dus à une sainte. Zbyszko les imita, car personne, dans toute cette assemblée, ne doutait qu'il eût devant lui véritablement une sainte, dont l'image ornerait en son temps les autels. (...) On disait que le contact de ses mains guérissait les malades. Les infirmes des mains et des pieds recouvraient leurs forces en mettant les vieux vêtements de la reine. Même l'orgueilleux Ordre teutonique la vénérait et craignait  de l'offenser."

Le grand duché de Lituanie et la Pologne ne forment donc plus qu’un grand territoire et cette alliance va lui permettre de tenir tête aux chevaliers.
(Ce n’est que plus tard, en 1569, que la Lituanie et la Pologne formeront La République des Deux nations qui sera rayée de la carte en 1792).

Ladilas II reste roi de Pologne jusqu’à sa mort en 1434. En 1401 le conflit avec les chevaliers teutoniques reprend. Il s’achèvera par la défaite de l’Ordre à la bataille de Grunwald en 1410 appelée aussi bataille de Tannenberg par les Allemands. C’est tout cela que nous décrit l’écrivain  et c’est aussi à  cette date et avec cette victoire que Henrik Sienkiewicz termine son roman.

Cracovie :  Le monument de  Grunwald

Les chevaliers teutoniques est une oeuvre publiée en 1900 au moment où la Pologne est toujours sous la coupe des Allemands et des Russes. Il s'agit donc d'un roman nationaliste dans lequel Henrik Sienkiewicz montre le désir de  revanche de son pays et son aspiration à la liberté.

Ce monument, avec la statue équestre de Ladislas II Jagellon,  qui commémore la victoire de la Pologne sur les chevaliers teutoniques à la bataille de Grunwald, est considéré comme le symbole de la résistance à l'Allemagne. Il a été détruit par les nazis lorsqu'ils ont occupé la Pologne en 1939 et reconstruit en 1976.

Cracovie monument de Grunwald

 La bataille de Grunwald

"Comme des lions furieux, les plus terribles chevaliers des deux armées se ruèrent sur place, et l'on eut dit qu'une tempête se déchaînait autour de l'étendard. Hommes et chevaux se battaient dans un monstrueux tourbillon; on voyait des bras tendus, des épées se choquer, des haches tournoyer; l'acier grinçait sur le fer. Fracas, gémissements, hurlements sauvages d'hommes transpercés, volaient dans un tumulte effroyable, comme si tous les réprouvés avaient tout à coup poussé des clameurs du fond de l'enfer. La poussière s'élevait et il n'en sortait que des chevaux aveuglés de terreur, sans cavaliers, les yeux sanglants et la crinière folle.

Mais cela dura peu. Pas un seul Allemand ne sortit vivant de cette tourmente et, au bout d'un instant, l'étendard sauvé flottait au-dessus des contingents polonais. Le vent le secoua, le déploya et il s'épanouit, splendide, comme une fleur immense, présage d'espoir, signe de la colère de Dieu pour les Allemands et de victoire pour les chevaliers polonais."


Jan Matejko : La bataille de Grunwald 

 Le monument à la bataille de Grunenwald est le symbole de la résistance à l'occupation allemande pendant la guerre de 1940

Archives du musée-usine de Oskar Schindler

Les allemands ne s'y trompent et détruisent le monument qui sera réédifié après la guerre.


Archives du musée-usine de Oskar Schindler


La tête de la statue du roi de Pologne Ladislas II Jagellon


Hommage au peintre Jan Matejko