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jeudi 27 avril 2017

Gunvor Hofmo : Tout de la nuit est sans nom (1)


Gunvor Hofmo 1948 (source)

Je suis en train de lire pour mon voyage en Norvège. Aujourd'hui, voici deux poésies de Gunvor Hofmo, poétesse norvégienne (1921_1995), extraites du recueil  Tout de la nuit est sans nom que je suis en train de découvrir. Je vous le présenterai plus longuement quand je l'aurai terminé.

Tout de la nuit est sans nom

Harald Solhberg, peintre norvégien:  nuit d'hiver à Rondane

Tout de la nuit est sans nom
Calmes, heure après heure,
Les choses posent
leur nom
L'arbre et la pierre
interprètent la voix de l'univers,
perdant leur identité
propre.


La bouche du soir 

 La bouche du soir se referme
mais son murmure résonne
dans les arbres et les rochers
Elle chuchote l'éternel
et la nuit qui vient
où les éclairs, les uns après les autres,
te montrent les images du Monde ! 

 

 

mercredi 26 avril 2017

Nikolaj Frobenius : Le valet de Sade



 Quatrième de couverture : Nous sommes au XVIIIe siècle, un enfant au regard terrifiant vient de naître à Honfleur. Il se nomme Latour, sa naissance est la conséquence d'un viol. Bou-Bou, sa mère, l'élève avec tendresse d'autant que cet enfant est étrange : il ne ressent pas la douleur. Après une formation professionnelle chez un taxidermiste, Latour quitte la Normandie. Accompagné d'une prostituée, il vit dans les bas-fonds de Paris où commence vraiment son aventure. Obsédé par son infirmité, fasciné par le mystère de la douleur, Latour entre dans la spirale infernale du meurtre, tue et dissèque, étudie chaque organe, et finit par usurper l'identité d'une de ses victimes pour devenir l'élève du grand anatomiste Rouchefoucault. Un jour pourtant, sa vie bascule : une prostituée le conduit auprès du marquis de Sade, Latour entre à son service, il va devenir son valet, son complice, jusqu'à la mort. 

Nikolaj Frobenius

De Nikolaj Frobenius, écrivain norvégien naît à Oslo en 1965, j’ai lu et commenté dans mon blog Branches obscures (Ici), un thriller qui traite du pouvoir de l’écriture et où l’écrivain se révèle un manipulateur inquiétant. Le valet de Sade, on s’en doute avec un titre pareil, nage lui aussi en eaux troubles et pas n’importe lesquelles puisque Frobenius convoque auprès de son valet rien moins que la sulfureuse présence du Marquis de Sade. Pourtant ce dernier n’est pas le personnage principal du roman et c’est bien Latour son valet qui en est le centre. Et en un sens bien plus inquiétant que le maître. Psychopathe, serial killer avant le mot, Latour qui ne sent pas la douleur s’obstine à en percer le mystère en disséquant le cerveau de ceux qui font partie de sa liste parce qu’ils les soupçonnent d’avoir tué sa mère. Aucune empathie n’est possible envers ses victimes qu’il fait mourir dans d’atroces souffrances puisqu’il ne peut comprendre ce qu’ils éprouvent. Latour est le Mal personnifié qui épouvante le Marquis de Sade lui-même et le fascine, devenant pour lui une source d’inspiration littéraire.
Fascinant, en effet, ce Latour, et pas seulement parce qu’il incarne le Mal mais aussi parce qu’il représente l’homme de science acharné dans ses recherches, l’intelligence humaine qui à la volonté de percer le mystère du fonctionnement de l’homme, de son cerveau; une sorte de visionnaire qui comprend bien avant l’heure que la douleur doit être liée à un influx électrique qui circule à travers les nerfs.
 
On compare souvent Le valet de Sade au roman de Suskind Le Parfum. Ma lecture de ce dernier livre est trop lointaine pour que je puisse en tomber d’accord malgré les ressemblances évidentes à propos du meurtrier ou du climat trouble et inquiétant. Mais pour moi, Le Valet de Sade n’est pas vraiment un thriller, ni seulement un roman policier, même s’il y a enquête autour des meurtres commis par Latour  et des exactions de Sade.
Je me suis beaucoup interrogée sur le sens de ce livre qui nous invite à  réfléchir sur la violence, la douleur et sur la solitude de l’homme. Il me semble que que l'auteur nous en propose une explication philosophique :  Latour, cet homme laid, rejeté de tous, devenu un criminel insensible, n’est-il pas le symbole de cette cette brillante société du XVIII siècle (et pourquoi pas actuelle ? ) qui cache, sous l’or des palais, la somptuosité des parures, le brio des esprits, une violence extrême envers les peuples opprimés. Ce que fait Latour est-il plus terrible que ce que fait un gouvernement qui prive le peuple de pain et de sa liberté, l’envoie servir de chair à canon dans des guerres qui ne sont pas les siennes?

C’est ce que Nikolaj Frobenius fait dire au Marquis de Sade : « J’ai beaucoup réfléchi sur ma pratique du libertinage, mais je n’ai pas mis toutes mes idées en application. C’est voyez-vous, c'est une condition de la création qu’on apprenne à distinguer le récit de la réalité. Je ne suis certes pas un ange. Mais mes forfaits sont risibles au regard de ceux qui sont commis chaque jour par ceux qui nous gouvernent et qui organisent ce pays. »

Portait présume du Marquis de Sade : par Van Loo
 
Comme je connais mal la vie de Sade et que je ne suis jamais parvenue à lire son oeuvre jusqu'au bout, le livre de Frobenius m'interroge par cette idée nouvelle pour moi : le Marquis n'aurait pas pratiqué les actes sadiques - du moins les plus violents - qu'il décrit dans son oeuvre. C'est que pense  Latour quand il copie les oeuvres du Maître :

"Mais chaque cri infâme, chaque injure lancée contre un défi à Dieu, chaque violence perpétrée contre de pitoyables victimes me libérèrent peu à peu de mon malaise. La cruauté était devenue invraisemblable et je compris alors que ce n'était pas la jouissance de ces actes que mon maître avait essayé de décrire. Mais bien la solitude. Le désert de la solitude, le vide des geôles."

Je suppose qu'il faut lire, pour avoir une réponse, la biographie que lui consacre Jean-Jacques Pauvert qui a été le premier à le publier.
 Le valet qui a été complice du maître dans l'histoire que relate Nikolaj Fobroenius à propos des  cinq prostituées rendues malades par des pilules à la cantharide a existé. Il a été poursuivi comme son maître et condamné à mort comme lui et brûlé en effigie par contumace. Mais l'écrivain a pris des libertés par rapport à la vérité historique en réunissant dans un même personnage les deux valets de Sade : d'Armand dit Latour et Carteron dit Martin Quiros, valet et copiste du marquis.


Le roman de Nikolaj Fobroenius pose donc des question intéressantes qui prêtent à réflexion mais je vous avoue qu’il faut avoir le coeur bien accroché pour supporter à la fois la description des meurtres de Latour et des pratiques sexuelles déviées de Sade. Le style de l’écrivain est à la fois élégant et précis, jamais vulgaire, mais brillant et assez dérangeant car il exerce une fascination-répulsion sur le lecteur qui a parfois envie d’abandonner le livre.  Enfin, c’est ce que j’ai éprouvé personnellement mais cela aurait été dommage de ne pas aller jusqu'au bout car cet ouvrage a des qualités !

samedi 11 février 2017

Lars Pettersson : La loi des Sames




Lars Pettersson est suédois. Au cours d’un reportage, en 1990, il découvre le pays des Sames (un peuple de Laponie) à Kautokeino en Norvège, dans le comté du Finnmark.  Il faut savoir que les  Lapons dont les Sames sont installés sur trois pays, la Finlande, la Suède et la Norvège, au-delà du cercle polaire, et que les rennes ne connaissent pas de frontières !

Dans La loi des Sames, Anna est procureur en Suède. D’origine sami, elle s’est éloignée de son peuple parce que sa mère a fui sa famille qui vit à Kautokeino pour s’installer à Stockholm. Elle a épousé un suédois si bien que Anna a été élevée en Suède. Pourtant lorsque sa famille, en raison de ses connaissances juridiques, l’appellent au secours de son cousin Nils, éleveur de rennes, accusé de viol, elle n’hésite pas.  Ce pays, elle ne le connaît que par quelques lointains souvenirs de vacances quand elle était enfant. Aussi l’on peut dire que c’est pour elle une découverte. Elle va être soumise non seulement aux rigueurs de l’hiver mais aussi aux problèmes de mentalité.

La loi des Sames est un roman policier. Anna va mener son enquête avec un policier local et va vite se demander si son cousin est aussi innocent que tous le prétendent. Mais elle comprend aussi que la survie de la famille est en jeu car Nils est le seul  à pouvoir maintenir le troupeau (le grand père est trop âgé). Elle prend conscience que sa mère en quittant Kautokeino a trahi sa famille et que sa culpabilité rejaillit sur elle, sa fille.
Anna va être aussi confrontée à des meurtres dont elle s’apercevra bien vite qu’ils ne sont pas étrangers aux vols de bêtes que les grands propriétaires-éleveurs font subir à ceux qui sont les plus faibles. Entre la loi norvégienne ou suédoise et la loi same, implicite, celle de la tradition, existe un hiatus que rien ne semble vouloir combler. Entre les deux, Anna va connaître bien des tiraillements et des problèmes de conscience. C’est un thème que j’ai trouvé très intéressant de même que la découverte du passé et du caractère de sa mère disparue depuis peu. Quant à l'héroïne, on peut dire qu'elle n'a pas froid aux yeux et qu'elle n'est pas une faible femme !
Mais ce que j’ai préféré, bien sûr, c’est la description de ce pays rude tout autant que son peuple, qui ne fait pas de cadeau et où le moindre accident de voiture ou de scooter des neiges peut se transformer en catastrophe  : routes enneigées,  lacs gelés et  cieux noirs parfois illuminés d’aurores boréales. Et puis, la découverte des coutumes, des traditions, des costumes sames dont les couleurs vives et gaies semblent vouloir lutter contre la maussaderie du climat, de la culture avec le Joik, ce chant sami si caractéristique et bien sûr tout ce qui concerne l’élevage des rennes pour tous les éleveurs qui ne se sont pas sédentarisés.

Pour moi, ce livre est d’autant plus intéressant que je vais partir en Norvège au mois de Mai dans le pays des Sames, à Alta et à Kautokeino, au moment de la transhumance des rennes. D’après les critiques, il paraît que les romans d’Olivier Truc sur le même sujet, sont plus réussis que celui-ci mais je ne peux pas comparer car je ne les ai pas encore lus.  Mais… cela ne va pas tarder !

mercredi 7 septembre 2016

Inger Hagerup : L'amour mourra aussi

L'amour mourra aussi

Hammershoï, peintre danois

J’ai découvert Inger Hagerup, poétesse et dramaturge norvégienne, grâce à la collection Pour une rivière de vitrail aux éditions Rafael de Surtis avec le recueil L’amour mourra aussi. J'ai choisi ici quelques poésies d'elle parmi mes préférées.

Bonheur

Nikolaï Astrup, peintre norvégien
 Dans ce poème, Inger Hagerup décrit le goût simple et intense du bonheur, celui que l’on éprouve quand on est très jeune, quand on est un peu et délicieusement puéril(e) (conseil aux marguerites) quand la vie est pleine d’espérance. Le bonheur n’est possible, semble dire Inger Hagerup, que si l’on est en attente, en devenir, quand on rêve encore la vie plutôt que de la vivre. J’aime ce ressenti qui s’exprime par de toutes petites choses (toile d’araignée vaporeuse,  piqûres de moustique) et qui fait appel à tous les sens. Alors, l’esprit n’intervient pas entre le corps et ce qu’il ressent (indolemment) à l’exception de petites pensées légères qui affleurent ( la pluie et le beau temps, la lettre). La  jeune fille est tout au présent de cette promenade, en suspension dans cette belle journée d’été, à l’écoute d’elle-même.

Qu’est-ce que le bonheur?
- C’est de marcher sur un sentier montagne herbu
en vêtements d’été, légers,
de gratter ses piqûres de moustiques fraîches
en réfléchissant indolemment,
être jeune, très riche
d’amours non vécues.
C’est de recevoir une toile d’araignée aussi légère qu’une étoffe
vaporeuse telle une çaresse sur la bouche et la joue
et penser un peu à la pluie et au beau temps.
Peut-être attendre une lettre.
Demander conseil aux marguerites
et peut-être oui - peut-être non-
qu’il m’aime-qu’il ne m’aime pas.
Ne pas encore te connaître.

Le jour neuf

Peter Balde peintre norvégien
Le jour neuf exprime un peu la même idée mais d’une manière différente. Lorsque le jour arrive encore enveloppé par la nuit, il est promesse de bonheur (les mains emplies de sommeil), de beauté (sourire éblouissant), de pureté (il lave les montagnes). Ce n’est que lorsqu’il s’installe qu’il est porteur de chagrins.

Le jour neuf est encore sans visage.
Enveloppé dans une cape d’étoiles
il file vers la terre. Puis il jette
sa cape et paraît là, superbe, nu,
les mains emplies de soleil.
Entre les extrémités de ses doigts
il laisse les heures de l’éternité s’égoutter.
Il lave les montagnes de son sourire éblouissant
et, sur ses épaules blanches, porte
mille chagrins inconnus.

L’amour mourra aussi

Edward Munch : Séparation, peintre norvégien
Le sentiment exprimé ici semble être la suite logique des précédents. Lorsque la vie n'est plus un rêve mais une réalité, elle est condamnée. Il en est de même pour l'amour! Mieux vaut choisir de mourir plutôt que de subir passivement la fin de la vie et de l'amour.

Tue-moi, dit-elle, car la mort
nous possède quoi qu’il arrive.
Plutôt que d’être abandonnée par la vie,
Je l’abandonnerai moi-même.

L’amour mourra aussi
sans jamais revenir.
Mon amour, laisse-moi le précéder.
Laisse-moi mourir avec lui!

Aust-Vagoy/ Mars 1941

Video Aust-Vagoy par Inger Hagerup


Un autre aspect de la poésie de Inger Hagerup, celui qui la fait se dresser contre l’idéologie nazie et incarner la résistance. Les norvégiens connaissent tous les vers : De brente våre gårder/De drepte våre menn.

De brente våre gårder.
De drepte våre menn.
Lå våre hjerter hamre
det om og om igjen.

La våre hjerter hugge
med harde, vonde slag:

De brente våre gårder.
De gjorde det i dag.
De brente våre gårder.
De drepte våre menn.
Bak hver som gikk i døden.
Står tusener igjen.
Står tusen andre samlet
I steil og naken tross.
 Å, døde kamerater,
De kuer aldri oss.

Ils ont brûlé nos fermes.
Ils ont tué nos hommes.
Laissons nos coeurs le répéter
encore et encore.

Laissons nos coeur cogner
de coups durs, mauvais,
Ils ont brûlé nos fermes,
Ils l’ont fait aujourd’hui.

Ils ont brûlé nos fermes.
Ils ont tué nos hommes.
Derrière chacun de ceux qui sont partis
à la mort, ils sont des milliers.

Des milliers d’autres assemblés
dans le défi nu et intraitable.
Ô camarades morts,
ils ne viendront jamais à bout de nous.

Ce poème très connu par tous les norvégiens ainsi que d'autres de Inger Hagerup ont été mis en musique.

Inger Hagerup, née le 12 avril 1905 à Bergen et morte le 6 février 1985 à Fredrikstad, est une poétesse, dramaturge et traductrice norvégienne. Son recueil Je me suis perdue dans les bois l’a fait connaître en 1939. Elle écrit aussi pour la radio et pour les enfants. Pendant l’occupation allemande pendant la seconde guerre mondiale, elle incarne la résistance avec ses vers Aust-Vagoy Mars 1941 publiés dans l’illégalité :  Ils ont brûlé nos fermes./ Ils ont tué nos hommes.
autres recueils philosophiques et lyriques de Inger Hagrup : La septième nuit  (1947), Mon navire vogue (1951), Du cratère de la terre  (1964) et deux livres de Souvenirs(1965 et 1966).

mercredi 29 juin 2016

Gunnar Staalesen : Le roman de Bergen / Images de Bergen

  

Gunnar Staalesen est un auteur de romans policiers dans lesquels apparaît son personnage récurrent, le détective Var Veum.
Le roman de Bergen est tout autre chose puisqu’il s’agit d’une saga qui compte six volumes et dont les évènements se déroulent sur un siècle, de décembre 1909 à Décembre 1999. L'écrivain y raconte l’histoire de sa ville natale.
Les tomes 1 et 2 sont réunis sous le titre de : L’aube
Les tomes 3 et 4 sous le titre : Le zénith
les tomes 5 et 6 sous le titre : Le crépuscule
 
Bergen : le port et le vieux quartier

Les deux premiers tomes du Roman de Bergen

Pour ma part, je n’ai lu que les deux premiers tomes pendant mon voyage en Norvège sachant que j’allais m’arrêter à Bergen, la seconde ville du pays.
Le roman commence pourtant comme un roman policier : le consul Frimman a été assassiné. Trine, la servante, le découvre. Si je signale ce personnage c’est qu’il tiendra une place récurrente dans le roman incarnant le peuple et son oppression face aux classes bourgeoises  dirigeantes.
 L’inspecteur Christian Moland est chargé de l’enquête. Celui-ci  apprend que le consul a eu une liaison avec Maren Kristine Pedersen, une femme belle et affranchie qui a pour amants de nombreux notables de la cité. L’enquête s’oriente bien vite vers un amoureux éconduit de Maren, un homme au bas de l’échelle sociale, qui d’ailleurs se suicide. Voilà qui arrange bien tout le monde et l’affaire est classée; mais le lecteur sait bien que le véritable auteur du crime n’a pas été découvert et qu’il se trouve dans les classes élevées de la société, intouchables. Et Moland le sait aussi!
Je vous avertis tout de suite :  vous ne découvrirez la vérité ni dans le premier volume ni dans le second et comme je n’ai pas lu la suite, je ne le sais toujours pas! On nous dit pourtant que le crime sera élucidé à la fin du sixième volume! Mais ce qui intéresse l’écrivain, c’est sa ville en ce début du XXème siècle. Nous suivons son évolution économique grâce à la révolution industrielle, à l’arrivée du chemin de fer, au développement des échanges maritimes, et ceci à travers les grandes familles de la bourgeoisie de Bergen.. Face à elles, arrivent de leurs fjords sauvages et désolés, des fermiers prêts à tout pour échapper à la misère. Ils s’engagent dans la construction du chemin de fer, un travail pénible et dangereux : ainsi Torleif Nesbo qui rentrera par la suite à la compagnie des tramways de Bergen et épousera Trine. Le tome 1 s’achève avec l’incendie de 1916 qui ravage la cité, détruisant des quartiers entiers.

Le vieux port de Bergen: Bryggen
Dans le tome 2, Bergen se relève peu à peu de ses cendres et soigne ses plaies. La grande guerre - en particulier en mer où les norvégiens sont attaqués par les sous-marins allemands- et la grippe espagnole touchent aussi la cité.
Nous retrouvons les mêmes personnages et leurs enfants qui prennent une place plus grande dans le récit, en particulier les fils de Christian Moland, Send et Per, qui deviennent ennemis dans les luttes syndicales qui agitent le pays; de même la fille adoptive de Torleif Nesbo, communiste, Martha. Nous assistons aux affrontements violents entre la police et les ouvriers syndicalistes pro-bolchévistes, à la montée du fascisme en Europe, au Krach boursier de 1920. La construction du grand théâtre de Bergen vient concurrencer celui d’Oslo.
 Gunnar Staalesen développe ici une grande fresque érudite et vivante de sa ville. 

Bryggen
D’où vient que, bien qu’ayant été intéressée par ma lecture, je n’ai pas complètement adhéré à cette saga qui avait pourtant tout pour me plaire?
Je crois que c'est lié d’abord aux conditions de lecture. Je le lisais, en voyage, d’une manière fragmentaire, avec des pauses de plusieurs jours. Il fallait ensuite rentrer dans le récit, se souvenir des noms des personnages, ce qui n’était pas simple, étant donné leur nombre et la complexité des évènements.
Ensuite, le roman a parfois des difficultés, me semble-t-il, à maintenir l’équilibre entre l’Histoire et le romanesque. Même si Staalesen fait preuve de virtuosité pour mener tout de front, j’ai parfois regretté que certains personnages auxquels je m’étais attachée  disparaissent pratiquement d’un tome à l’autre. Ainsi, Olav Kyrres venu de la campagne et son amoureuse la petite servante Tordis, victime désignée de la jeunesse dorée et pourrie de la ville avec en tête l’odieux fils du consul Frimann. Une page seulement nous apprendra ce qu’ils sont devenus. Ce qui est bien dommage!
Mais il est certain qu’en mettant ensuite le pied à Bergen après cette lecture, vous avez l’impression de ne plus être tout à fait un étranger à la ville et d’avoir des attaches avec elle!

Quelques images de Bergen/ Bryggen/ Le musée hanséatique

Bryggen : Maisons des marchands de la Hanse
Bergen a été ravagée au cours des siècles par de nombreux incendies. Aussi il reste peu de témoignages  de la cité ancienne. Bryggen, le quartier de la Hanse, le long du quai (Brygge) qui lui donne son nom, garde son plan du XII siècle; ses maisons les plus anciennes datent du XVIII siècle. Les marchands allemands de la Hanse s'y sont regroupés du XIV au XVIII siècle se soustrayant aux lois de la cité et obéissant à leur propres règles. 
La visite (très intéressante) du musée hanséatique permet de voir  l'intérieur d'une de ces maisons, le logement bourgeois derrière les façades à haut pignon et les entrepôts à l'arrière.

Salon d'un riche marchand allemand donnant sur le port

Dortoir des apprentis, des enfants allemands réduits à l'esclavage

Musée hanséatique : Chambre du gérant

Bryggen : les maisons accolées les unes aux autres

Bryggan : intérieur de ville hanséatique

Poulie pour hisser les marchandises à l'étage

Bryggen des maisons en bois, séparées par des ruelles étroites


Bryggen : l'étroitesse des ruelles

Bryggen des maisons en bois,

Bryggen des maisons en bois  un très beau quartier ancien

Bryggen des maisons en bois  un très beau quartier ancien
Je n'ai pas tout aimé à Bergen.  Il y a des constructions modernes qui sont parfois lourdes et froides, qui s'accordent mal avec la beauté des maisons et gâchent le paysage. Comme ce bâtiment derrière les musées que je me suis ingéniée à ne pas faire figurer dans la photographie ci-dessous mais qui apparaît malgré tout sur la gauche!

Musées de Bergen : Kode

Bergen :  Le quartier des musées

Les musées portent le nom de Kode. Il y en a quatre
Les musées de Bergen sont regroupés dans le même quartier face au mont Floyen dont un funiculaire permet d'atteindre le sommet et un grand bassin intérieur entouré d'un parc (très fleuri à cette époque de l'année. La taille des tulipes y est impressionnante et les rhododendrons sont d'une grande beauté).

Léonie aux tulipes
Rhododendron
Le kode 1 est réservé aux arts décoratifs, le Kode 2 est le musée d'art contemporain; il est assez petit mais c'est là que j'ai rencontré Rolf Aamot dont je vous ai donné un aperçu dans mes billets ICI et ICI.

Photo prise par Léonie : Rolf Aamot
Le Kode 3 m'a enchantée avec son exposition Munch ICI et sa rétrospective de grands maîtres de la peinture norvégienne du XIX siècle. Le guide vous dit de ne pas y manquer le trio : Christian Krohg, Harriet Backer et Erik Werenskiold... entre autres!

Christian Krohg : Haut-fond
                Harriet Backer : A la lumière de la lampe
Werenskiold : Henri Ibsen
 Enfin le kode 4 présente Astrup, je vous en ai longuement parlé ICI.

Bergen Le mont Floyen et le bassin  du quartier des musées

Bergen Le mont Floyen et le bassin  du quartier des musées

quartier des musées Kiosque







lundi 27 juin 2016

Norvège : Le château de Soria Moria et autres contes et le peintre Theodor Kittelsen


Norvège musée des beaux-arts de Oslo : Theodor Kittelsen : Kvitebjørn Kong Valemon  : Le roi ours polaire
Theodor Kittelsen : Kvitebjørn Kong Valemon  : Le roi ours polaire

Contes Norvégiens : le château de Soria Moria 


Le château de Soria Moria, vous en entendrez parler obligatoirement pour peu que vous intéressiez à la littérature et à la peinture norvégiennes. C'est l'histoire d'un petit garçon nommé Halvor qui s'engage comme mousse sur un navire. Lors d'une escale sur une île mystérieuse il part à l'aventure et oublie de rentrer avant le départ du bateau. 
Il va rencontrer successivement trois princesses retenues prisonnières par des trolls dans trois châteaux différents dont le dernier, celui de Soria Moria, (J'adore ce nom), est le plus beau. Il devra libérer les jeunes filles l'une après l'autre en affrontant des trolls de plus en plus épouvantables. Le premier a trois têtes (oui, je sais, c'est déjà pas mal) le second en a six  (ça se corse!)... et le troisième neuf!  Mais comme c'est pour les beaux yeux de la plus belle des princesses dont il tombe amoureux, Halvor n'hésite pas face au danger. Ses épreuves ne sont pas finies pour autant mais je vous les laisse découvrir.
Le schéma est bien celui des contes traditionnels de tous les pays, un voyage initiatique qui permet à un enfant de grandir, de devenir adulte, en faisant face aux difficultés de la vie et en les assumant. Mais bien sûr, nous sommes en Norvège! Nous retrouvons donc le folklore particulier des pays du Froid. Les trolls, toujours monstrueux, sont les descendants des Géants de Glace, ce peuple ennemi des Dieux Ases dont Odin est le chef. 
Les croyances païennes se superposent à celles du Christianisme dans un pays ou la christianisation gagne peu à peu la population souvent soumise à des maîtres qui se convertissent.
Dans les garçons qui rencontrèrent des trolls dans la forêt de Hedal, les trolls sont à la recherche du sang des enfants chrétiens; et dans Le château de Soria Moria, le troll qui entre dans le château s'écrie comme l'ogre du petit Poucet qui hume chair fraîche : "Huttetu! ça sent le sang de chrétien!".

Parmi les sept autres contes du recueil trois sont consacrés au personnage de Askeladd qui est un Cendrillon masculin norvégien très connu des enfants.
  Askeladd, le plus jeune des fils, ne voulait pas partir et restait près de l'âtre à fouiller les cendres comme il l'avait toujours fait."  
Ses deux frères le jalousent. Inutile de vous dire que Askeladd se révélera travailleur, malin, débrouillard et viendra à bout de tous ses ennemis. 

 Theodor Kittelsen (1857-1914) Musée des Beaux-Arts Oslo

Theodor Kittelsen 1857-1914


Theodor Kittelsen est un des peintres norvégiens les plus connus et pour ses paysages et pour ses illustrations de contes populaires. C'est lui qui a fixé l'image que l'on se fait  des trolls car personne ne peut dessiner ces créatures mieux que lui!.

J'avais raconté le conte de Soria Moria à ma petite-fille Léonie (Nini) et sa maman le lui avait lu! Aussi lorsqu'elle est arrivée dans la salle 21 du musée des Beaux-Arts d'Oslo (une jolie salle bien conçue, baignant dans une semi-obscurité, préservant le mystère du conte) elle a poussé un cri de joie en voyant ...




Norvège Musée des beaux-Arts d'Oslo :  Theodor Kittelsen : Le château de Soria Moria
Theodor Kittelsen : La princesse du château de Soria Moria

Theodor Kittelsen : Halvor Le château de Soria Moria
...  les personnages du Conte du Château de Soria Moria illustré par Theodor Kittelsen!

Norvège Théodor Kittelsen : un personnage traditionnel du conte norvégien, la sorcière au long nez
Kittelsen : Sorcière
 La sorcière au long nez qui lui sert à tisonner le feu ou à touiller la soupe est un personnage traditionnel du conte norvégien.

Et puis bien d'autres contes dont je ne suis pas toujours parvenue à trouver la traduction en français.

Theodor Kittelsen : Esprit de l'eau
Theodor Kittelsen : Skogtroll (1906)
Avec Nini nous avons constaté que les Trolls avaient une fâcheuse manie de se fondre dans les paysages et, en particulier, de se cacher dans les arbres! Dans la forêt de Balestrand, Sognefjord,  nous en avons rencontré beaucoup mais nous n'avons pas été dupes!

Norvège Sognefjord :  Troll caché dans cet arbre de la forêt de Balestrand
Troll de la forêt de Balestrand

A bon entendeur, salut! si vous allez vous promener par là-bas!