Pages

Affichage des articles dont le libellé est polars. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est polars. Afficher tous les articles

mercredi 4 novembre 2015

David Lagercrantz : Millenium 4 ce qui ne me tue pas..


Parmi les reproches des détracteurs de Millenium 4, il y en a un qui revient sans cesse :  celui d’être un produit de marketing, ce qui est incontestable… Ecrire et publier une suite à cette trilogie après la mort de l’auteur peut en effet, inspirer quelques craintes.
J’ai eu envie, pour ma part, de le découvrir malgré toute cette polémique et je me suis dit que le roman ne pouvait être entièrement mauvais sinon Actes Sud ne l’aurait pas publié. Vous voyez ma confiance en cette maison d’édition. Je ne l'ai pas regretté.

Se posent les questions suivantes quand on aborde la lecture de Millenium 4 : 

Le roman est-il inférieur ou égal au roman d’origine?  Retrouvons-nous les personnage tels que nous les avons découverts et appréciés? Mais on pourrait aussi se demander tout simplement : est-ce un bon polar?


Lisbeth Salander interprétée par Noomi Rapace

J’ai beaucoup aimé les trois premiers « Millénium » : le personnage de Lisbeth Salander m’a fascinée comme la plupart des lecteurs, je pense! Cette Fifi Brin d’acier pour adultes était absolument géniale; une superwoman dotée de pouvoirs fabuleux qui prenait sa revanche, pour notre plus grand bonheur, sur les « méchants » qui n’aimaient pas les femmes. Le roman nous plongeait dans une Suède située entre le réalisme le plus sordide et le conte le plus farfelu, ceci grâce à son héroïne et au journaliste Michael Bloomkvist. Tous deux nous permettaient de découvrir la Suède actuelle bien loin de l’image du pays modèle qui nous était habituel. Ils nous plongeaient aussi, au cours de leurs investigations, dans son passé peu reluisant marqué par le nazisme, idéologie haineuse qui infecte la société actuelle.

Mikael Blomkvist interprété par Daniel Graig

Que deviennent les personnages de Stieg Larsson dans le roman de David Lagercrantz? 

Michael Bloomkvitz apparaît ici fatiguée, traversant une mauvaise passe, à un moment difficile de sa carrière, découragé par la menace qui pèse sur son journal. Il me paraît très crédible et vrai dans ce rôle de perdant qui va peu à peu reprendre du poil de la bête. Lisbeth Salander, elle ne m’a pas totalement convaincue. Certes, elle accomplit des exploits mais elle me paraît moins présente, moins au centre de l’action. Mais si Lisbeth me déçoit par rapport à l’original, j’ai, par contre, aimé les personnages qui sont les créations de l’auteur, qui sortent de  son imagination.

 Le personnage du petit garçon autiste, August, au regard étrange, savant doté de connaissances hors du commun dans le dessin et les mathématiques, enfant fragile et attachant, est un « super héros » et peut rivaliser avec Salander! Ce serait bien qu’il devienne un personnage récurrent s’il doit y avoir une suite à cette histoire comme tout semble l’annoncer. J’ai aimé aussi le père d’August, le savant obnubilé par ses recherches dans le domaine de l’intelligence artificielle, poursuivi par les services secrets américains alliés à la maffia, qui découvre l’amour paternel en retrouvant son fils dont il avait été séparé à cause de sa propre  négligence. C’est un personnage bien campé, qui préfère détruire l’oeuvre de toute une vie plutôt que de la voir mal exploitée. C’est lui qui pose l’éternel problème de « science sans conscience… », de la science et de l’éthique, toujours et de plus en plus tragiquement actuel.

D’autre part, en pointant du doigt les services de contre-espionnage américains, suédois et russes, David Lagercrantz sonde les pouvoirs abyssaux de ces organismes, la violation organisée de notre vie privée, la négation de la démocratie.  Big Brother a cessé d’être une fiction, Big Brother surveille vos faits et gestes.

J’ai lu chez Dominique (voir son billet dans A sauts et à gambades ici) qu’il faut être passionné en informatique pour parvenir à s’intéresser au roman. Il est vrai que les explications sont ardues, et surtout longuettes, bien qu’on nous les présente comme simplifiées, mais cela ne m’a pas outre mesure gênée. J’ai jugé, par contre, les thèmes intéressants et les personnages créés par Lagercrantz convaincants.

La trilogie de Larsson, brillante, m’a certainement plus captivée, plus subjuguée que le Millénium nouveau mais celui-ci est un bon roman. David Lagercrantz gagnerait, certes, à éviter les longueurs, à élaguer les détails techniques et à être moins didactique, mais c’est un écrivain qui sait faire vivre des personnages et conter une histoire.

vendredi 15 mai 2015

Camilla Läckberg : La sirène



Je commence avec ce mois de Mai, un cycle sur la littérature suédoise car je pars à Stockholm le 8 Juin. J'ai l'intention de lire la littérature suédois classique, les polars, le théâtre, la poésie... tout ce que je trouverai en français à la bibliothèque ou ailleurs. 

L'auteur : Camilla Läckberg, née le 30 août 1974 à Fjällbacka, est une écrivaine suédoise, auteur de romans policiers. Elle est une des plus jeunes auteurs à succès dans son genre. Ses romans sont situés à Fjällbacka un petit port, actuellement station balnéaire, où elle vit.


 La sirène

Le Mot de l'éditeur : Dans ce sixième volet de ses aventures, l’irrésistible enquêtrice au foyer Erica Falck, enceinte de jumeaux, ne peut s’empêcher d’aller fouiner dans le passé d’un écrivain à succès lorsque celui-ci commence à recevoir des lettres de menace anonymes qui semblent liées à la mystérieuse disparition d’un de ses amis… 

 Un ancien petit port de pêche

 Fjällbacka, ancien petit port de pêche devenu station balnéaire Suède

  Fjällbacka, station balnéaire Suède

 L'intrigue de ce roman se déroule à Fjällbacka, un petit port de pêche dont l'activité économique n'a cessé de décroître. Devenue actuellement une station balnéaire, c'est la ville où vivent Camilla Läckberg... et ses personnages!  Sur la côté ouest de la Suède, à 150Km au nord de Goteborg, Fjällbacka se dépeuple hors de la saison touristique. Les maisons secondaires se vident. C'est ce que montre bien le roman.

Mon avis sur les personnage

Comme d’habitude, je n’ai pas commencé  par le premier de la série consacrée à Erica Falck, mariée à Patrik, capitaine de police, et c’est peut-être un tort! Peut-être aurais-je mieux compris cette mère de famille qui a l’air de tromper son ennui (elle travaille pourtant dans une maison d’édition, elle écrit des livres, je crois?) en soutirant des renseignements à son mari et en outrepassant son rôle! Mais comme cela, de but en blanc, j’ai eu beaucoup de mal à adhérer à ce personnage féminin qui s’immisce dans l’enquête de son mari, vole des lettres, prend des initiatives, bref! brûle la vedette aux policiers et se révèle plus futée qu’eux! Dans ce roman précis, en tout cas, j'ai trouvé qu'elle était superficiellement présentée  et avait peu de consistance ainsi que les autres personnages récurrents, son mari, sa soeur. De même le chef de la police qui s'endort dans son bureau apparaît un peu trop caricatural même si son amour des bébés introduit une touche amusante dans son portrait.

 Mon avis sur l'enquête

Je me suis pourtant intéressée à l’enquête même si elle m’a paru parfois traîner en longueur, les dialogues fréquents entre l’équipe pour faire le point étant parfois un tantinet longuets! Et puis l'écrivaine, pour faire durer le suspense, retient les informations découvertes par les policiers pour maintenir son lecteur dans l'ignorance. Mais les mobiles et les ressorts de l’intrigue sont assez forts pour avoir envie de découvrir la vérité, et la présence de - « elle »-, mystérieuse sirène, fait planer une ombre au-dessus de tous ceux qu’elle menace? Pour une fois, j'ai découvert à l'avance qui était coupable!
En bref! un avis mitigé sur ce roman.

Comme d’habitude chez Actes Sud  nous pouvons admirer une très belle première de couverture illustrée par une oeuvre de Nathalie Shau qui fait référence au titre, la sirène … une femme dangereuse et fatale, associée à la mort, autour de laquelle s’épanouissent des fleurs vénéneuses.

mardi 12 mai 2015

Kjel Eriksson : Les cruelles étoiles de la nuit


Je commence avec ce mois de Mai, un cycle sur la littérature suédoise car je pars à Stockholm le 8 Juin. J'ai l'intention de lire la littérature suédois classique, les polars, le théâtre, la poésie... tout ce que je trouverai en français à la bibliothèque ou ailleurs. 


Kjell Eriksson, né à Uppsala en 1953, est un écrivain suédois. Ses romans, principalement des romans policiers, sont publiés en français par la maison d'édition Gaïa1. Il est traduit par Philippe Bouquet.
 (Wikipedia)




Une ville : Uppsala
Université d'Uppsala Suède , la plus vieille université de Scandinavie construite en 1477
Université d'Uppsala Suède (wikipédia)

Le récit du roman Les cruelles étoiles de la nuit  se déroule à Uppsala à 70km  au nord de Stockholm, dans la ville natale de Kjel Erikson. La topographie des lieux va a voir une importance dans l'histoire. On y retrouve Ann Lindell, personnage récurrent de la série, qui travaille à la police criminelle  de la ville. Elle enquête sur les meurtres de trois vieillards qui vivent dans des fermes une vie banale et sans histoire mais aussi sur la disparition d’un autre Petrus Blomgren, maître de conférence à l’université d’Uppsala, spécialiste de Pétrarque et amoureux de l’Italie.. Le titre est d’ailleurs emprunté au poète :

Lorsque le soir vient chasser la beauté du jour
et qu'en d'autres pays nos ténèbres ramènent l'aube
je regarde, tout pensif, les cruelles étoiles
qui m'ont formé d'une sensible terre
et je maudia-s le jour où j'ai vu le soleil
qui me donne l'aspect d'un homme de la forêt

Ce que j’ai aimé dans le roman? 

La ville de Uppsala dans l'Uppland
Les recherches pour trouver le meurtrier loin de se polariser sur les détails sordides des meurtres aboutissent, en fait, à une enquête psychologique menée avec compétence par Ann Lindell et qui dévoile les traits caractérisques de chacun. Les victimes apparaissent alors  peu à peu, révélant leurs failles, la bonté de l’un, l’avarice de l’autre ou encore la cruauté. Et ces portraits, ces tranches de vie éveillent dans le lecteur une certaine nostalgie voire tristesse devant la cruauté de la vie, les espoirs amoureux fauchés par la mort,  les ambitions déçues qui entraînent la haine et l’aigrissement,  la lente acceptation de la résignation et de la monotonie. Kjel Eriksson dresse le portrait d’une population rurale vieillissante où la solitude semble régner en maître.
Parallèlement, à travers le personnage de Laure, qui n’a jamais vécu, étouffée par un père omnipotent, Eriksson analyse la progression de la folie et décrit les étapes de ce terrible glissement. Le lecteur sent  la dangerosité du personnage mais la variation du point de vue qui lui permet de vivre par l’intérieur ce que ressent Laure lui permet de rester proche du personnage. L’écrivain ne joue donc pas sur la peur mais sur la dualité entre empathie et répulsion.

Ce que j’ai moins aimé ?

J'ai eu des difficultés à m’habituer aux noms des personnages, parfois désignés par le prénom, parfois par le  patronyme.. et comme ils sont nombreux! Mais ce n’est pas pas particulier à ce roman, c’est vrai de tous les polars nordiques!!
Quant à Ann Lindell, après avoir perdu l’amour de Edvard, comment va évoluer sa relation avec un technicien, fraîchement débarqué dans le service? Nous verrons que cette évolution est un peu inattendue! Mais, personnellement, je n’ai pas pu me passionner pour elle car il me manquait tous les romans précédents et donc de grandes tranches de sa vie. Je n’ai pas pu être en empathie.  Les cruelles étoiles sont, en effet, le cinquième de la série.


lundi 27 avril 2015

Louise Penny : Défense de tuer

Rencontre autour de l'oeuvre de Gericault, La monomane de l'envie,  avec Louise Penny au musée des Beaux-Arts de Lyon à propos de son livre Défense de tuer
Rencontre avec Louise Penny au musée des Beaux-Arts de Lyon




Louise Penny, écrivaine canadienne aux Quais du Polar de Lyon signe Défense de tuer paru aux éditions Actes noirs Actes Sud
Louise Penny aux Quais du Polar de Lyon
Louise Penny a longtemps travaillé comme journaliste à la radio anglaise de Radio-Canada avant de s'imposer comme « la plus récompensée des auteurs canadiens de romans policiers » (Maclean's). Si En plein cœur (Flammarion Québec), le premier titre de sa série « Armand Gamache enquête », a remporté un nombre remarquable de prix, les ouvrages suivants ont plus que confirmé ce succès. Louise Penny est notamment la première romancière à avoir gagné le très prestigieux prix Agatha trois années de suite et ses romans figurent aux palmarès des meilleures ventes. Comme plusieurs de ses personnages, elle habite les Cantons-de-l'Est. source


Je vous ai parlé de Louise Penny, cette écrivaine canadienne que j’ai rencontrée aux Quais des Polars lors d’une rencontre au musée des Beaux-Arts de Lyon autour d’une oeuvre de Géricault : La monomanie de l’envie ou la Hyène de la Salpetrière. (Billet ICI)
Je m’étais demandé comment son roman Défense de Tuer paru aux éditions Actes Sud noirs, était rattaché au thème de la folie et de la différence illustré par le tableau de Géricault.

Le récit


 Défense de Tuer est une enquête d’Armand Gamache, inspecteur-chef de la sûreté du Québec, la suite d’une longue série que Louise Penny a consacré à ce personnage. C’est la première fois que je le rencontrais.
 Armand Gamache et son épouse  Reine-Marie vont fêter la trente cinquième année de l’anniversaire de leur mariage au manoir de Bellechasse, luxueux hôtel dans les Cantons de l’Est au Québec. Cette ancienne demeure en rondins, au toit de cuivre, bâtie près du lac de  Massawipi par des bûcherons au XIX siècle, est un havre de paix et de repos! Tout au moins tant qu’elle n’est pas envahie par une riche  famille, les Morrow, dont les membres semblent tous un peu « cinglés » et ne paraissent pas unis par une affection indéfectible!  Ils viennent rendre hommage à leur père décédé en érigeant une statue dans le parc de la maison. Mais par un soir d’orage la statue écrase une des femmes Morrow. Gamache s’aperçoit bien vite qu’il ne s’agit pas d’un accident ! Finies les vacances et la tranquillité, il doit se charger de l’enquête! Et entre les membres de la famille et du personnel, les suspects sont nombreux!

Une étude psychologique

Voilà qui me change des thrillers, ici pas meurtres horribles et alambiqués, pas de surenchère dans l’horreur. L’intérêt est ailleurs. Il est dans ce huis-clos qui permet l’observation de chaque membre de la famille Morrow, les Gamache étant aux premières loges pour être spectateurs, parfois sans trop comprendre, des drames qui se jouent devant eux. Louise Penny excelle dans la description psychologique. Elle dissèque les rapports d’amour et de haine, d’attrait et de répulsion qui lient la mère Mrs Finney, ex-madame Morrow, remariée à Bert Finney, à ses filles Marianna et Julia, à ses fils Thomas et Peter, à leurs épouses respectives Sandra et Clara et à son petit fils Bean.  Tous sont incapables de couper les liens qui les unissent entre eux, d’acquérir leur indépendance, mais lorsqu’ils sont ensemble ils ne cessent de se torturer. L’écrivaine fait apparaître les non-dits, les sous-entendus. Ce qui apparaît parfois, aux yeux du spectateur, comme une plaisanterie entre frères et soeurs se révèle être une manière d’attiser des plaies jamais refermées. La souffrance, la jalousie, l’envie engendrent des comportements exacerbés et irrationnels pouvant aller, qui sait? jusqu'au crime!. Et voilà le rapport avec l'oeuvre de Géricault!

Une surprise

Armand Gamache est inspecteur de police mais ce n’est pas pour cela qu’il est alcoolique, instable, colérique, grossier, de mauvaise humeur! Et cela est une surprise car Louise Penny semble prendre le contre-pied des personnages habituels de la littérature policière! Je le trouve presque trop gentil ce Gamache : attentionné  envers sa femme et toujours amoureux d’elle, il est un chef respecté, il est à l’écoute de tous y compris de ses subordonnées. D’humeur égale et respectueux des victimes et des familles, il n’autorise pas de plaisanteries douteuses sur les lieux du crime. ll est aussi celui qui comprend les rêves de Bean, le petit garçon que tous s’accordent à juger « étrange » et que sa mère a affublé d’un nom de légumineuse! Presque trop beau, cet inspecteur! Ses faiblesses semblent résider dans ses rapports avec son fils et avec son père disparu.

Une intrigue à la Agatha Christie

Pas étonnant que Louise Penny ait remporté plusieurs fois le prix Agatha! Comme dans certains romans de la romancière anglaise nous sommes, on l'a vu, dans un milieu fermé et chaque protagoniste de l’action peut être coupable. Nous sommes donc amenés à soupçonner tout à tour l’un ou l’autre. A la fin, une grande réunion menée par l’inspecteur permet d’y voir plus clair et de découvrir la vérité :  un procédé coutumier à Agatha!

Mais le dénouement de l’intrigue, ce n’est pas ce que j’ai préféré dans le roman, la subtilité des rapports familiaux étant de beaucoup les plus fascinants! Ce roman m’a donné envie d’aller plus loin dans la découverte de Louise Penny.

mardi 21 avril 2015

Carin Gerhardsten : La dernière carte


Carin Gherardsen

Biographie de l'auteur

Carin Gerhardsen est née en Suède en 1962. Cette mathématicienne de formation, diplômée de l’Université d’Uppsala, a mis sa carrière de consultante en informatique entre parenthèses pour se consacrer à l’écriture. Passionnée depuis l’enfance par les enquêtes policières, c’est tout naturellement qu’elle s’est lancée dans l’écriture de polars. Mariée et mère de deux enfants, elle vit à Stockholm. L’auteur a remporté le Book Bloggers’ Literature Prize 2010 pour La Comptine des coupables. Tous ses romans ont paru au Fleuve Noir.


J'ai eu ma période lecture de polars avant d'aller aux Quais du Polar à Lyon mais ce n'est que maintenant que j'écris les billets.

La dernière carte

Dans La dernière carte de Carin Gerhardsten,  Sven-Gunnat Erlandson se fait tuer dans la forêt en rentrant de chez lui, après un repas bien arrosé avec quatre de ses amis, joueurs de poker comme lui. Dans sa poche quelqu'un a glissé quatre cartes à jouer et un code mystérieux. Qui peut en vouloir à cet homme charismatique, bénévole entraîneur d'une équipe de jeunes footballeuses, très impliqué dans l'aide humanitaire, heureusement marié à Une singapourienne Adrianti et père de deux enfants? Ses amis de poker sont tour à tour suspectés. Cette ténébreuse affaire remet à jour la disparition d'une jeune fille russe que la famille de Stefan Jenner, un ami d'Erlandson, allait adopter mais il y a bien longtemps de cela.
Le commissaire Conny Sjorberg va mener l'enquête avec son équipe dont nous allons connaître chaque membre. La connaissance de chacun est un des intérêts du roman.
Le récit se tient. Les personnages sont de moins en moins lisses et l'on finit par avoir une vision tout autre de la société en apparence tranquille d'une petite ville de Suède... Finalement j'ai été emportée par l'histoire et j'ai voulu connaître le coupable. Comme je n'ai rien de Sherlock Holmes, j'avoue que je n'avais pas deviné qui il était.
Le livre est intéressant sans être passionnant. Il paraît que ce n'est pas le meilleur de Carin Gerharsen mais je ne saurai vous le confirmer puisque c'était le premier que je lisais de cette auteure.

mercredi 28 mai 2014

Ian Manook : Yeruldelgger / Harlan Coben: Dans les bois


Comme je suis toujours à la recherche de temps, je vous présente deux polars en même temps. Je ne vous cache pas que ma préférence va au premier.

Ian Manook a sûrement été le seul beatnick à traverser d'Est en Ouest tous les États-Unis en trois jours pour assister au festival de Woodstock et s'apercevoir en arrivant en Californie qu'il s'ouvrait le même jour sur la côte Est, à quelques kilomètres à peine de son point de départ. C'est dire s'il a la tête ailleurs. Et l'esprit voyageur!
 Journaliste, éditeur, publicitaire et désormais romancier, Yeruldelgger est son premier roman, et le premier opus d'une série autour du personnage éponyme qui nous conduit des steppes oubliées de Mongolie aux bas-fonds inquiétants d'Oulan-Bator.
Il vit à Paris.

Quatrième de couverture
Le corps enfoui d’une enfant, découvert dans la steppe par des nomades mongols, réveille chez le commissaire Yeruldelgger le cauchemar de l’assassinat jamais élucidé de sa propre fille, Kushi. Peu à peu, ce qui pourrait lier ces deux crimes avec d’autres plus atroces encore, va le forcer à affronter la terrible vérité. Il n’y a pas que les tombes qui soient sauvages en Mongolie. Pour certains hommes, le trafic des précieuses « terres rares » vaut largement le prix de plusieurs vies. Innocentes ou pas.


Dans ce thriller d’une maîtrise époustouflante, Ian Manook nous entraine sur un rythme effréné des déserts balayés par les vents de l’Asie Centrale jusqu’à l’enfer des bas-fonds d’Oulan-Bator. Il y avait la Suède de Mankell, l’Islande d’Indridason, l’Ecosse de Rankin, il y a désormais la Mongolie de Ian Manook !


Avant de vous dire pourquoi j'ai aimé Yerudlegger, je vous donne un aperçu d'un article intitulé : Dix bonnes raisons de ne pas lire Ian Manook . Allez le lire car il est à savourer :

D’abord Ian Manook est tellement vieux que sa boîte à synapses ne doit plus être très étanche. Pense un peu : ce type est né dans la première moitié du dernier siècle du millénaire précédent !

Ensuite c’est un pur et dur ex-soixante-huitard, du genre baba-cool voyageur qui nous a pourri notre belle jeunesse d’aujourd’hui pour pouvoir fumer la sienne en kaléidoscope aux quatre coins du monde.

Juste pour te dégoûter définitivement de ce gus, note bien ça. Dans toute l’histoire des millions de siècles de l’humanité, du Big Bang jusqu’au marécage hollandais, il n’y a eu qu’une infinitésimale période d’une vingtaine d’années pendant lesquelles il y avait  déjà la pilule et pas encore le SIDA. Et ce salopard a eu juste vingt ans pendant cette période-là, si tu vois ce que je veux dire !
 
ou encore...
Et voilà qu’après avoir taras-boulbé notre belle jeunesse il nous gengiskhanise nos illusions en mongolisant ces fiers nomades que nous aurions tant aimé garder dans leur spectaculaire misère vagabonde devant l’objectif irisé de nos Canon 5D Mark 2 dont chaque exemplaire suffirait à leur offrir un troupeau.

Par ailleurs, quel auteur peut être à ce point arrogant pour laisser passer un dos de couverture qui le compare rien de moins qu’à Indridason, Mankel ou Rankin. Avoir lutté contre le mur de lave du volcan Eldfell sur l’île islandaise de Westmaneyar, avoir perdu sa virginité sur les rochers du fjord suédois de Vestervick ou avoir un beau-frère écossais qui s’est marié en kilt suffit-il à justifier de la part d’un auteur inconnu une telle prétention ?

Hilarant, non? d'autant plus que l'article est signé par... Ian Manook lui-même!

Mon avis :

Yourte mongole

Ce que j'ai préféré dans le roman, bien sûr, c'est le voyage en Mongolie à l'époque actuelle, période de transition où la population est en pleine mutation, où les traditions sont  effacées par une civilisation occidentale dont les progrès techniques ne remplacent pas la perte des valeurs et de la spiritualité. Certes les nomades fuient la vie de labeur sous la yourte, la pauvreté, le manque de confort, les privations, mais lorsqu'ils arrivent dans l'enfer de la ville, c'est pour perdre toute dignité et toute morale. Ian Manook écrit sur la prostitution, les enfants des rues livrés à eux-mêmes, les malheureux qui s'entassent sous terre, près des canalisations d'eau chaude, pour survivre aux hivers rigoureux.
L'écrivain nous montre un pays qui, après avoir subi la colonisation russe, n'a pas encore conquis sa liberté, méprisé et opprimé pour des raisons économiques par la Chine ou la Corée qui viennent exploiter les ressources minières, détruisent les paysages et exploitent les ouvriers. Mais tandis que le peuple mongol est opprimé, les profiteurs sont là pour se partager les terres, établir de grandes fortunes, tout en ménageant le chinois ou Coréen qui se comportent en occupant. Au milieu de ce désordre et de cette corruption fleurissent des bandes de décérébrés néo-nazis.
J'ai aimé face à cette perte d'identité, découvrir les croyances et les traditions des anciens, le sens de l'hospitalité et toutes les valeurs humaines qui sont attachés à la vieille civilisation. Certes Ian Manook ne critique pas vraiment l'abandon de l'ancien mode de vie si difficile mais il nous fait ressentir de la nostalgie face à la fin d'un monde; cela ne va pas parfois sans humour comme dans ce passage où les nomades qui ont découvert le corps de la victime en pleine steppe se révèle des fans de New York Miami et ne veulent pas "polluer la scène de crime"!
Quant au commissaire Yeruldelgger, il est habité par la colère, ce que les moines lui apprennent à gérer. Il est fascinant par bien des côtés mais il ne me convainc pas tout à fait. C'est une sorte de surhomme qui échappe deux fois à une mort certaine, un héros à l'américaine d'une violence extrême, qui n'hésite pas à tuer si nécessaire. Ce n'est plus la justice qu'il essaie de faire triompher mais la vengeance! Je n'aimerais pas être de ses ennemis! Je trouve son amoureuse Salongo plus humaine, plus riche. Et je pense que les personnages sont parfois traités avec une distanciation qui ne permet pas toujours l'émotion et l'empathie.

Voir Aifelle ICI
Keisha




photoMiriam Berkley
 Né en 1962, Harlan Coben vit dans le New Jersey avec sa femme et leurs quatre enfants.
 Diplômé en sciences politiques du Amherst College, il a travaillé dans l’industrie du voyage avant de se consacrer à l’écriture.
Depuis ses débuts en 1995, la critique n’a cessé de l’acclamer. Il est notamment le premier auteur à avoir reçu le Edgar Award, le Shamus Award et le Anthony Award, les trois prix majeurs de la littérature à suspense aux États-Unis. Traduits dans une quarantaine de langues, ses romans occupent les têtes de listes de best-sellers dans le monde entier.
Le premier de ses romans traduit en France, Ne le dis à personne (Belfond, 2002) – prix du polar des lectrices de Elle en 2003 – a obtenu d’emblée un énorme succès auprès du public et de la critique. Succès confirmé avec : Disparu à jamais (2003), Une chance de trop (2004), Juste un regard (2005), Innocent (2006), Promets-moi (2007), Dans les bois (2008), Sans un mot (2009), Sans laisser d’adresse (2010) et Sans un adieu (2010), son premier roman écrit à vingt-cinq ans à peine.
Adapté au cinéma avec François Cluzet et Kristin Scott-Thomas par Guillaume Canet en 2006, Ne le dis à personne a remporté quatre Césars et s’est hissé en tête du box-office des films étrangers aux États-Unis.


Quatrième de couverture

Que s'est-il passé cette nuit-là ? Secrets, chantages, règlements de compte, faux-semblants... Un véritable cauchemar, mené sur un rythme effréné. Harlan Coben au sommet de son art.1985.
Paul Copeland est un jeune animateur de camp d'ados. Une nuit, alors qu'il s'est éloigné du camp pour retrouver Lucy, sa petite amie, quatre jeunes disparaissent, dont sa sœur, Camille. Seuls deux corps seront retrouvés. On attribuera la mort des ados à un serial killer qui sévissait dans la région.

Vingt ans plus tard. Paul est devenu procureur. Alors qu'il plaide dans une affaire de viol, il est appelé pour l'identification d'un corps : pour lui, pas de doute possible, il s'agit de Gil Perez, un des garçons qui avaient disparu dans les bois. Pourquoi les parents du jeune homme s'obstinent-ils à nier son identité ? Si Gil était bien vivant pendant ces vingt ans, y a-t-il un espoir pour que Camille le soit aussi ? Que s'est-il réellement passé dans les bois, cette nuit-là ?Bien décidé à résoudre enfin cette affaire qui le ronge depuis tant d'années, Paul va replonger dans les souvenirs de la nuit qui a fait basculer sa vie...


Mon avis
Les premières pages de ce roman, une sorte de prologue, montre un vieil homme en train de creuser des trous dans un bois. Chaque dimanche il recommence cette activité sous les yeux de son fils qui se cache pour l'épier puis il meurt. Il n'aura jamais retrouvé le corps de sa fille Camille et il a l'air de considérer son fils Paul comme responsable de la mort de la jeune fille.

Et ces quelques pages sont d'une force, d'une violence intérieure extraordinaires. Pas d'analyse, pas de délayage, des actes qui se passent d'explication, des non-dits qui traduisent le désespoir à l'état brut; un moment littéraire digne d'un grand écrivain.

Ensuite, il y a le récit proprement dit et Harlan Coben est un bon conteur. Il mène l'intrigue rondement, sait distiller le suspense, nous intéresse à ses personnages .. mais rien n'est aussi concentré, aussi puissant que ces deux ou trois pages qui ouvrent le livre!