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lundi 28 octobre 2019

Finlande : un voyage en Carélie du sud sur les traces d'Edith Södergran (2)



Quelques jours sans internet et des kilomètres parcourus à la recherche de notre deuxième maison près de Halonharjatie au nord de Mikkeli au bord du lac Kyyvesi! Quand je dis à la recherche, ce n'est pas seulement une façon de parler, même le GPS rend son tablier (si j'ose m'exprimer ainsi) et nous envoie dans de petits chemins de terre pour nous déclarer ensuite que cette route est inconnue. Nous avons voulu atteindre le village de Raivola où a vécu Edith Sodergran mais en vain. Le GPS nous a envoyés vers des chemins interdits aux voitures et les cartes sont d'une imprécision consternante. Bref ! l'aventure! La nuit tombe vers 17H30 mais, depuis le changement d'heure, à 16H30.
La Finlande n'a pas la variété et la beauté sauvage et grandiose de la Norvège (qui reste mon coup de coeur) mais ces grandes étendues plantées de pins, sapins, mélèzes ( près de trente variétés de conifères) et de bouleaux qui se déroulent à l'infini ne manquent pas  de charme. Nous sommes à la fin de l'automne, les bouleaux offrent parfois la surprise de leur feuillage d'or lumineux mais la plupart ont perdu leurs feuilles et leurs troncs noirs et blancs se dressent, élégants et graciles, vers un ciel nuageux; la neige est tombée, hier, mais n'a pas tenu au sol.  Les glaciers ont raboté les roches tendres, creusant des dépressions où se nichent les lacs. Chacun se ressemble et pourtant est différent, de taille, de couleur, parsemé d'îles, réserves d'eau faisant partie d'un grand tout, car tous communiquent entre eux. Nous marchons sur les roches les plus anciennes d'Europe, de presque deux millions d'années. La trace des glaciers est partout, roches moutonnées, moraines, verrous... 

La dernière fleur de l'automne
 

Je suis la dernière fleur de l'automne.
Je fus bercée dans le berceau de l'été,
Je fus placée en sentinelle contre le vent du nord.
Des flammes rouges ont éclos
Sur ma joue blanche.

Je suis la dernière fleur de l'automne.
Je suis l'ultime semence du printemps mort,
II est si facile de mourir la dernière :
J'ai vu le lac si fabuleux, si bleu,
J'ai entendu battre le cœur de l'été mort,
Mon calice ne porte pas d'autre semence que de mort.

Je suis la dernière fleur de l'automne.
J'ai vu les profondeurs stellaires de l'automne,
J'ai contemplé la chaude lumière des foyers lointains,
II est si facile de suivre le même chemin,
Je refermerai les portes de la mort.
Je suis la dernière fleur de l'automne. 
 
Edith Södergran 

Jeudi 24 journée de voyage : arrivée à "La maison bleue" située à Halonharjuntie au nord de Mikkeli près de Haukivuori



Vendredi 25 Octobre : promenade à pied sur les rives du lac Kyyvesi ; le charme automnal de la Finlande.

Lac Kyyvesi
Lac Kyyvesi


Lac Kyyvesi
Lac Kyyvesi
Lac Kyyvesi
Lac Kyyvesi






Samedi 26 Octobre :  Direction Jyvälkyla, une ville située au Nord de l'immense lac Paijanne, le plus long et le plus profond de Finlande. Un détour vers la Finlande centrale pour aller visiter l'église Petäjävesi, inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO, construite entre 1736 et 1765 par les paysans finlandais. Fermée au public en automne et en hiver, hélas! elle est très belle extérieurement avec ses murs et son toit en bois, son campanile de trois étages ajouté en 1821.

L'église Petäjävesi











Ensuite nous avons poussé jusqu'à la ville de Manttä, à l'est du Lac Paijanne pour aller voir deux musées mais la nuit tombait déjà et nous n'en avons vu qu'un, celui dédié à Gustaf Serlachius, riche papetier dont la vie est relatée par l'intermédiaire de figures en papier mâché. Oeuvres curieuses ! Le siège de l'entreprise est richement décoré par l'artiste, peintre, sculpteur, Eric Erhstrom.
C'est là que se trouve le tableau célèbre de Akselli Gallen-Kallala, un des plus grands peintres finlandais, intitulé Problème et qui montre le musicien Sibelius, Eric Erhstrom et Kallala  lui-même, lors d'un soirée plus qu'arrosée !




 Akseli Gallen-Kallala : Problème
A gauche, Eric Erhstrom, Gallen-Kallala au centre et Sibelius à droite.

mercredi 23 octobre 2019

Finlande : Un voyage en Carélie du Sud sur les traces d'Edith Sodergran (1)

Finlande : lac Iso-Melkutin
Me voilà en Finlande, avec ma fille Aurélia, mon mari et ma petite fille Léonie.

 Aurélia Frey est photographe. Depuis quelques années, elle poursuit un travail photographique dans les pays nordiques lié à ses passions littéraires et picturesques. En Finlande, nous suivons, avec elle, les traces d'Edith Sodergran. Je vous ai déjà parlé de l' oeuvre poétique de cette poétesse finlandaise de langue suédoise. (Voir les textes et  2 )
Edith Sodergran est née à Saint Pétersbourg en 1892 et  a passé la majeure partie de sa vie en Carélie du sud.  Si ses poésies eurent peu de succès durant sa vie, elle est maintenant l’auteure la plus connue, la plus aimée en Finlande et occupe une place primordiale dans la littérature scandinave.. Et pourtant elle n’a écrit que quatre minces recueils de poésies car elle est morte très jeune, à l’âge de 31 ans, atteinte de la tuberculose.

Arrivés hier, mardi 22 à Helsinki, nous avons loué une voiture et nous avons roulé jusqu'à Riihimaki, une petite ville de la Carélie du sud, tout près de Raivola où Edith a vécu, dans cette région de lacs et de forêts, de pins et de bouleaux qu'elle chante si bien.
Après une visite du musée des Beaux-arts de Riihimaki ce mercredi matin pour faire la connaissance de peintres finnois, nous sommes allés nous promener autour des lacs Iso-Melkulin et Yli-Milly, au sud de Loppi, sur les conseils de notre aimable logeur qui voulait nous tenir loin des lieux touristiques. Il n’y a pourtant pas foule au mois d’octobre en Carélie ! Les lacs cachés dans un dédale de petits chemins de terre boueux et d’immenses forêts nous ont offert la beauté de leurs rives, de leurs couleurs et de leurs reflets d’or et d’argent toujours changeants avec les jeux du soleil sous le voile des nuages. Contrairement à ce que je redoutais, il fait frais (pour une méditerranéenne !) mais pas froid. Une retraite silencieuse et paisible, troublée seulement par les cris du grand-père et de sa petite-fille qui cherchaient des lynx; il paraît qu’il y en a dans ces lieux. Et oui, nul n’est parfait !

Voici quelques images pour vous donner un idée du paysage.

Lac Yli-Myly







Lac Melkutin








Reflets lac Melkutin

racines lac Melkutin

Ma petite-fille Léonie (9 ans et demi) a fait, elle aussi, des photographies. Sa grande source d'inspiration ?  Maman !






Le musée de Riimaki

J'ai eu peu de coups de coeur pour les oeuvres du  petit musée de Riimiki. Il faut dire que tout n'était pas exposé et que les tableaux sont accrochés selon les expositions en cours. Je n'ai pas trop apprécié celle sur la peintre Helene Schhjerfbeck.

Exposition Helene Schjerfbeck
Exposition Helene Schjerfbeck
Mais heureusement un paysage (hélas unique) de mon peintre finlandais préféré  : Pekka Halonen (1865_1933). j'ai découvert aussi Jalmari Ruokoski. j'espère faire plus ample connaissance avec ces deux peintres pendant mon séjour à Helsinki. Le musée de Riimaki présente aussi quelques peintres finlandais cubistes.

Pekka Halonen (1919) Rantamaisema (paysage de plage)
Pekka Halonen (1919) Rantamaisema (détail)
Jalmari Ruokoski (1886_1936) : Copenhague (1913)

Jalmari Ruokoski : Copenhague (détail)
Quelques peintres d'influence cubiste dont Jonas Petterson 



Mardi 22 octobre et mercredi 23 :  Riimaki  à une heure de voiture, au nord d'Helsinki

samedi 12 octobre 2019

Arto Paasilinna : Les mille et une gaffes de l'ange gardien Auriel Auvinen


A la fin du mois d’octobre, je pars en Finlande et comme l’une des étapes de mon voyage sera Kerimäki - là où a lieu le séminaire de formation des anges gardiens dans le roman de Arto Paasilinna,  Les mille et un gaffes de l’ange gardien Auriel Auvinen , vous pensez bien que je vais aller visiter la grande église en bois dont la taille démesurée, paraît-il, est tout à fait capable de recevoir cinq cents anges sans que rien n’y paraisse. Si j’y rencontre (pour mon malheur) l’ange apprenti Ariel Auvinen, je vous le ferai savoir.

Je n’avais pas encore lu Arto Paasilinna et pourtant nul ne peut ignorer ce nom, l’un des auteurs finlandais le plus célèbre actuellement. 
 Aaro Korhonen est un pauvre mortel à qui les hautes instances du ciel ont attribué Ariel Auvinen comme ange gardien ! Grâce à cette calamité volante, Aaro voit se déclencher sur lui toutes les catastrophes les plus inimaginables, accidents de voiture, incendie de sa maison, échouage de  navire et j’en passe… S’il échappe à la mort de justesse, il se retrouve plusieurs fois à l’hôpital et, toujours grâce au zèle de son gardien, il s’en faut de peu qu’il ne finisse en prison ! Ariel Auvinen est si doué pour faire le mal (en voulant faire le bien ) qu’il est même pressenti par  le diable. S’enrôlera-t-il à sa suite ?
Arto Paasilinna manie l’humour noir avec brio, un humour pince-sans-rire, et l’on assiste, un peu stupéfait, à cette avalanche de désastres que cet ange plein de bonne volonté mais très, très, maladroit, déchaîne sur son humain. Je dois avouer que sur le moment j’ai souri mais sans plus. Ce n’est que plus tard, en racontant l’histoire à ma fille, que je me suis tordue de rire et elle avec moi ! Pourquoi ce décalage ? Peut-être le ton, tout en retenu ? Peut-être le rythme, trop répétitif, les gags se succèdent mais ils sont un peu trop attendus.
Le livre ne serait pas complet si, au-delà de l’humour, n’apparaissait aussi une vision de la société finlandaise, de son puritanisme, de ses hypocrisies, de l’appât du gain de certaines classes sociales. Une satire qui va bien avec l’humour noir et montre, à la fois, que si les hommes ne sont pas des anges, les anges ne le sont pas, non plus ...  ou bien, comme le disait Pascal que, "qui veut faire l'ange, fait la bête "!

C’est décidé ! Je lirai d’autres livres d'Arto Paasilinna !

vendredi 13 septembre 2019

Tove Jansson : L'art de voyager léger


Tove Jansson, auteure, peintre finlandaise de langue suédoise, est surtout célèbre pour ses livres de jeunesse et les petits personnages qu’elle a créés, les Moumines.
 
Tove Jansson et ses Moumines

 Aujourd’hui, c’est un recueil de nouvelles s’adressant aux adultes que je présente : L’art de voyager léger.

L’art de voyage léger donne son titre au recueil bien que cette nouvelle soit la dernière publiée, comme un adieu au lecteur, un zeste d’humour à savourer, à la fois léger et un peu amer. C’est l’histoire d’un homme qui part en voyage, en emportant le minimum dans ses bagages et qui a l’air de dire un adieu à sa maison, à ses proches, à ses voisins, qui tous ignorent son départ. Pourquoi ce mystère, cette angoisse d’être découvert, pourquoi rompt-il ainsi avec sa vie antérieure ? lorsque nous l’apprendrons, nous ne pourrons pas nous empêcher de sourire et… de le plaindre !

Les autres récits concernent des moments de sa vie de petite fille, Noël, la jupe de tulle, L’iceberg mais aussi de l’âge adulte, dans l’île où elle a vécu en Finlande. Si l’on distingue bien la voix de l’enfant avec sa vision magique du monde, l'art de se raconter des histoires et d'y croire,  et celle de la femme plus âgée, les deux se rejoignent pourtant dans la description d’un univers qui n’est pas toujours rationnel et où la nature, les animaux restent souvent inexplicables, mystérieux.
La mer y est omniprésente et l’insularité façonne la fillette comme la vieille femme qui toutes deux vivent presque en osmose avec la mer. Dans Le bateau, la petite fille part seule avec la complicité de sa mère qui veut faire d’elle une femme libre, sur le canot que lui a offert son père. On la sent volontaire, sans peur, aventureuse, en phase avec la nature. Tout comme le sera dans L’écureuil, l’adulte qui vit seule dans son île, coupée du monde l’hiver, avec ce petit animal pour unique compagnon. Pourtant, quelques failles se font sentir, quelques fêlures dans la voix vieillissante de l’écrivaine. Elle ne parvient pas à réparer le moteur du bateau,  ne peut plus monter sur le toit pour ramoner la cheminée… Et puis surtout elle commence à avoir peur de la mer, ce qu’elle ressent comme une trahison ! C’est l’heure de Prendre congé. Il y a beaucoup de nostalgie dans ces  beaux textes de l'enfance puis du renoncement. Le style est sobre, refuse l'emphase, la dramatisation. Tout paraît doux et léger mais toujours avec cette petite pointe de tristesse qui est celle des souvenirs qui s'effilochent, d'une vie qui passe...


L'ile de Tove Jansson : Télérama