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jeudi 9 février 2023

Lisbonne : Musée national d'art ancien MNAA (1) : Le retable de Santa Auta La légende de Saint Ursule

La légende de sainte Ursule : le mariage de Saint Ursule et du prince Conan

 La légende de Sainte Ursule

La légende de Saint Ursule, vierge martyre, et des onze mille vierges, est très répandue au XVI siècle. Il y a plusieurs variantes à cette légende qui date, selon les sources, du III ou V siècle. Le récit rapporté par Voragine dans La légende dorée entre 1261 et 1266 présente Ursule comme la fille d'un roi chrétien breton. Demandée en mariage par un roi d'Angleterre pour son fils, Conan, (parfois Etrée ou Etérée), elle exige qu'il se convertisse au christianisme et pour s'éloigner de son fiancé en attendant le mariage elle effectue, avec onze mille vierges, un pèlerinage de trois ans auprès du pape Cyriaque à Rome. Sur le chemin du retour, elle et ses compagnes sont prisonnières des Huns qui assiégent Cologne. Elle refuse d'épouser leur chef (Attila ?) et d'abjurer sa foi. Elle et ses suivantes  sont massacrées par les Huns. On a retrouvé une sépulture à Cologne au XII siècle que l'on a supposée être celle d'Ursule et de ses compagnes. Le nombre de onze mille gravé sur la tombe semble être une erreur de lecture des chiffres romains : XIMV qui ont été interprétés ainsi : XI . M . V - onze Mille Vierges mais qui pourrait l'être d'une autre manière : XI. Martyres. Vierges.  Mais rien n'atteste de toute façon l'existence de cette sainte.

 Santa Auta,  l'une des onze mille vierges

Le retable de Santa Auta est un polyptyque de cinq peintures à l'huile sur bois de chêne datant d'environ 1520-1525 conçu pour le couvent de Madre de Deus fondé par Dona Leonor, à Xabregas. Il a été peint par un artiste portugais de la Renaissance connu sous le vocable de Maître du rétable de Santa Auta et fait référence à la légende de Saint Ursule. J'ai lu dans un article qu'il avait été attribué, entre autres, à Cristóvão de Figueiredo mais sans authentification. Dona Leonor, la soeur de Manuel 1er, épouse de Jao II, qui vénérait Sainte Ursule avait reçu les reliques de santa Auta, l'une des compagnes de la sainte, envoyée de Cologne par son cousin, Maximilien d’Autriche. 

 Le retable de Santa Auta qui est à présent l’un des joyaux du musée national d’Art antique de Lisbonne présente trois panneaux, dont deux sont peints des deux côtés, avers et revers, cinq peintures, donc, qui narrent la légende de sainte Ursule.
Le panneau central raconte le martyre de Sainte Ursule et des onze mille vierges, l'avers du panneau latéral gauche montre le mariage de Saint Ursule avec le prince païen Conan converti au catholicisme; au revers le départ des reliques de Sainte Auta pour Lisbonne. L' avers du panneau droit montre le pape Cyriaque bénissant Ursule et ses  compagnes et au revers l’arrivée des reliques de Santa Auta à l'église de Madre de Deus.

 L'avers panneau gauche : le mariage d'Ursule et de Conan

 

Le prince Conan  et sainte Ursule

Le prince Conan et Sainte Ursule sont unis par l'évêque Jacques d'Antioche, du moins dans cette version portugaise. Dans d'autres versions, il n'y a pas de mariage. Sa main gantée de rouge bénit l'union des deux souverains. Le luxe des toilettes et des bijoux est remarquable. Au-dessus d'eux un ange consacre la sainteté de cette union et derrière eux  six musiciens noirs, probablement des esclaves, qui ne sont pas rares à la cour du roi Manuel au moment des découvertes des pays d'Afrique, introduisent le son et la musique dans cette célébration princière.

 

Les musiciens noirs (détails)

A côté de Sainte Ursule se tient Sainte Auta et deux autres dames de haut lignage, des suivantes. Comme Ursule, Auta porte une couronne et est habillée somptueusement, ce qui témoigne de son rang élevé. Elle tient une flèche dans la main, symbole de son martyre.   

 

Le mariage de Conan et Sainte Ursule : détail : à gauche Sainte Ursule, à droite Sainte Auta
 

Derrière Conan, trois gentilhommes et un  page qui tient la traîne du prince. Malgré le sujet religieux, le Maître de la légende de Santa Auta a voulu peindre un mariage de cour et la scène encadré de lourdes tentures, de brocarts d'or et de velours, est digne d'une scène de théâtre profane... pour notre plus grand plaisir ! Remarquez le manteau de brocart en soie de sainte Ursule ou celui du prince, avec col, liseré et rabat des manches en hermine.


Le mariage de Conan et Sainte Ursule : détail : gentilhommes et pages

 

L'avers du panneau droit : la bénédiction de Sainte Ursule et de ses compagnes

 

Le maître de Santa Auta MNAA

Dans le panneau droit le pape Cyriaque bénit le prince Conan, Sainte Auta, Sainte Ursule et toutes ses compagnes avant leur départ à Cologne.

 

 Le panneau central du rétable de Sainte Auta

 


Bien qu'il soit central, ce panneau ne raconte pas le début de l'histoire mais la suite, après la mariage d'Ursule et Conan et la bénédiction du pape. 

Dans ce panneau central qu’il faut lire de gauche à droite, on voit qu’une histoire nous est racontée comme dans une BD

Dans la partie gauche du tableau, Ursule part de Rome et s’embarque pour Cologne.  La foule est massée sur le quai. Au premier rang on reconnaît  l'évêque d'Antioche, le pape Cyriarque, la robe rouge d'un cardinal qui accompagnent sainte Ursule dans son voyage. On les retrouvera à l'arrivée.  Ursule monte dans la barque et s'installe auprès du prince Conan et  de Sainte Auta. Le batelier repousse le quai avec le rame. C'est le départ.

A droite, le paysage est celui de l'estuaire du Tage. A l'arrière plan figurent sept galions et deux caravelles qui rappellent la période historique, fin du XV et début du XVI siècle, et les grandes découvertes maritimes portugaises. Les drapeaux portugais des rois don João II ainsi que les  fanions et  drapeaux avec la sphère armillaire de don Manuel I sont déployés. Nous sommes dans l’âge d’or du pays. De ces nefs partent les embarcations qui transportent les passagers  vers le rivage. Avant même que celle de sainte Ursule et de ses compagnons accoste le massacre a déjà commencé.

La violence se déchaîne. Une femme est  morte, affaissée sur la rive, un cimeterre va s'abattre sur la tête d'une autre. Un des assaillants a saisi l'une d'elle par les cheveux et la tire hors de la barque. Les Vierges sont massacrées par des personnages qui ont tout l’air d’être des Turcs (et non des Huns),  rappelant les conflits du Portugal pour la route du commerce avec les  barbaresques. Derrière et jusque dans le lointain arrivent les autres barques transportant les onze mille vierges.


Le revers du panneau gauche  : le transfert des reliques de Santa Auta

 

L e retable de Sainte Auta  : le transfert des reliques de Santa Auta de Cologne
 
La procession transportant les reliques de Santa Auta part de Cologne dont les fortifications forment l'arrière plan. Des frères sont chargés du reliquaire recouvert d'un drap d'or, suivis par une foule parmi laquelle on distingue un cardinal coiffé de rouge. Sur l'escalier des marins dévotement agenouillés attendent de recevoir l'urne pour la hisser sur le galion. Au  premier plan se dresse Santa Auta tenant un livre dans la main, couronnée d'une auréole et d'une couronne. La pointe de la flèche témoignant de son martyre est fichée dans sa poitrine. Elle a la palme du martyre à la main. Elle est située au-dessus des humains, leur tournant le dos, comme entre ciel et terre, entièrement  coupée des liens terrestres dans son ascension vers la sainteté. Le vêtement de brocart de soie décoré de fils d'or et de fils de perles offre un décor de feuillages entrelacés. De ces manches, amples, aux poignets brodés, émerge un bouillonné de mousseline de soie blanche délicatement noué par des rubans bleus. On le voit la piété ne gêne pas l'élégance !

Le revers du panneau droit : l'arrivée des reliques à Lisbonne

 

L' Arrivée à Lisbonne des reliques de santa Auta  au couvent de la Mère de Dieu
 

Le revers du panneau droit est le pendant du revers du panneau gauche mais dans une symétrie inversée, la foule sort de la ville de Cologne, la procession entre dans la ville de Lisbonne. La Sainte se trouve à droite du panneau, puis sur la gauche. Elle tient la flèche et la palme du martyre de la main droite et un livre de la main gauche. Une chaîne d'or avec un large anneau  enserre sa taille, peut-être un symbole de chasteté ? La châsse est portée dans l'église du couvent de la Mère de Dieu dont on voit la façade ornée des armoiries du roi Jao II et de dona Leonor et d'un médaillon de della Robbia. Le porche trilobé est encadré de colonnes torses. Derrière la silhouette de la sainte, en arrière-plan, apparaissent quatre personnages féminins dont l'un est dona Leonor .

***

 Cet ensemble de tableaux est magnifique, je l'ai adoré. On se laisse prendre par la main pour entrer dans la légende. Les personnages sont très jeunes, presque des enfants, beaux, purs. Le maître du retable de Santa Auta possède l'art du portrait et sa composition donne vie et mouvement au récit. La magnificence des habits, la vivacité des coloris, en font une oeuvre pleine de charme même si elle décrit une histoire tragique.  

Comme tous les peintres qui ont représenté cette légende, le Maître du retable de Santa Auta a adapté la légende à son pays, il s’éloigne quelque fois d’autres versions et a laissé parler son imagination. Il témoigne de la haute société de son temps à Lisbonne, les personnages sont habillés de vêtements du  XVI siècle et rappelle la cour portugaise. Il rappelle aussi l'importance de son pays à une époque où le Portugal étend son empire et où l'or des épices va profiter aux arts  en irriguant la cour des rois portugais.


La sainte Ursule de Vittore Carpaccio


Vittore Carpaccio :  le rêve d'Ursule, un ange lui prédit le martyre

 

De nombreux peintres de la Renaissance ont représenté la légende de Sainte Ursule qui connaissait une dévotion particulière en Europe : le maître de la légende  de Saint Ursule de Cologne, celui de Bruges,  ... mais celui que je connais est Carpaccio, peintre vénitien, au musée de l'Académie, dont le récit se  situe, bien évidemment, dans un décor vénitien.


Vittore Carpaccio : La légende de Saint Ursule Rencontre des fiancés musée de l'Accademia Venise

A suivre :   Lisbonne : Le musée national d'art ancien le MNAA (2) : La renaissance portugaise

samedi 24 décembre 2022

Joyeux Noël !

Gustav Fjaestad
 

Un petit voyage avec Gustav Fjaestad , peintre suédois et ses paysages de neige magiques, pour vous souhaiter un joyeux Noël et de bonnes fêtes de fin d'année.




dimanche 23 octobre 2022

Bucarest : Le muzeul Colectiilor de Arta ou musée des Collections d'art (5)

Le musée Collectiilor ou musée des Collections : jardin et intérieur/ statue de de Cornel Medrea (1888_1964)/Balescu/Iser

La collection du musée Colectiilor de Arta est installée dans un immense palais qui a appartenu au trésorier Grigore Romanit. En 1940, le régime communiste y a entreposé des collections confisquées aux familles riches. Je n'ai pas pu le visiter entièrement car j'y suis arrivée vers 16h30 après la visite du musée Zambaccian (et autres déconvenues devant des musées fermés) et il ferme à 18H. Je me suis fait mettre à la porte ! 

Il est difficile de visiter les musées de Bucarest si vous ne restez que quelques jours dans la capitale car ils sont pour la plupart fermés le Lundi ET le mardi, de plus certains sont en restauration : en ce mois de septembre 2022,  c'est le cas pour le musée Taranului ou musée du paysan roumain et le palais Georghe Cantacuzino dédié au musicien George Enescu. Impossible de trouver ces renseignements dans mon guide, donc j'y suis allée pour trouver porte close. Le métro qui n'est pas très étendu vous laisse loin du lieu que vous voulez visiter et je n'ai pas pris le temps de me renseigner sur les lignes de bus.  J'aime bien me promener à pied dans la ville pour mieux découvrir. Je me suis perdue dans le quartier du musée Zambaccian, ce qui a été intéressant du point de vue architectural, belles maisons de style divers, mais j'ai raté à cause de tout cela de nombreux musées dont le musée contemporain (près du parlement), celui que je regrette le plus. 

Le musée national de Arta al Romanei, le musée Colectiilor de Arta, le palais Cantacuzino ou musée George Enescu, la salle de concert Atheneul Roman, de même que le musée national d'Histoire de la Roumanie ( intéressant surtout pour la copie de la colonne trajane que l'on peut voir de près, ce qui n'est pas possible à Rome !) se situent tous dans la Calea Victorei sur quelques kilomètres, de part et d'autre du boulevard Regina Elizabeta depuis la ville historique jusqu'à la place Victorei.

Mais revenons à ma visite incomplète du musée des Collections d'art avec tout d'abord ce que j'ai le plus aimé, les icônes de verre et l'exposition des oeuvres de la japonaise Shizuko Onda.

Les icônes sur verre

Bucarest Muzeul Colectiilor de Arta : icônes sur verre


L'Art des icônes sur verre se répand en Transylvanie au XVIII siècle, puis dans le reste du pays. Elles sont l'oeuvre de paysans qui expriment leur foi avec naïveté, sans souci des règles et des symboles qui régissent l'art savant des icônes en bois traditionnelles. Ils peignent des sujets religieux, la Vierge Marie, le Christ, pour les paysans qui veulent emporter Dieu dans leur foyer et prier devant des images saintes à bon marché. Ce qui explique que dès le XIX siècle les icônes sur verre ont été mal vues par les évêques de l'église orthodoxe et par les milieux intellectuels qui méprisent cet art populaire. C'est un prêtre, le père Zosim Oancea,  qui va les remettre à l'honneur dans les années 1960 en pleine période communiste.
Cet art se répand en Transylvanie et varient en fonction de leur provenance. Il y a un important musée d'icônes sur verre à Sibiel, en Transylvanie, au centre de la Roumanie.   

Bucarest Muzeul Colectiilor de Arta : icônes sur verre

La collection du musée Colectiilor, limitée à une seule salle, est éblouissante. Les couleurs, la lumière qui émanent de ces tableaux, le dessin simple, presque enfantin et élaboré à la fois, transmettent  une émotion artistique quel que soit le sentiment religieux que portent les oeuvres.




Icône sur verre musée des Collections d'art Bucarest


Les icônes sur verre de Roumanie relèvent d'une technique ancienne introduite après l'annexion de la Transylvanie à l'empire des Hasbourg (1699). 

J'ai trouvé un site expliquant la technique de la peinture des icônes sur verre et je vous y renvoie  ICI : "La peinture des icônes suivait une méthode qui devrait être définie comme peinture « sous » plutôt que « sur » verre. En effet, le peintre dessinait et peignait l’icône sur ce qui, à la fin, aurait été le dessous du verre, pendant que la partie opposée, c’est-à-dire celle exposée au regard de l’observateur, servait d’écran de protection pour le tableau. Ce procédé oblige le peintre a dessiner à l’envers, pour que, une fois le verre retourné, l’image se présente correctement. Le dessin des contours à l’aide d’un fin pinceau – la première phase technique de la réalisation de l’icône – fournissait le schéma de la composition, puis on procédait au coloriage des figures et du fond. Pour certaines réalisations on utilisait de fines pellicules de couleur or et argent. Une fois peinte, après une couche de vernis sur la face postérieure du tableau pour le préserver contre l’humidité, l’icône était encadrée et protégée à l’arrière par un panneau, d’habitude en sapin."




Icône sur verre : Saint Georges terrassant le dragon


Shizuko Onda : Fantaisies


Shizuko Onda : détail des oeuvres exposées au musée Colectiilor de Bucarest

La donation au musée Colectiilor, en 1994, de Shikuzo Onda, artiste, sculptrice et décoratrice,  diplômée  de l'université japonaise de Tokyo, est composée de dix-neuf oeuvres réalisées dans du plexiglas.

Plexiglas ! Je ne sais pourquoi, j'éprouve un certain préjugé pour ce matériau, si l'on m'avait dire verre, oui ... mais plexiglas ! Un  peu dubitative, je regarde les oeuvres, blocs transparents intégrant de vives couleurs,  je m'approche d'elles, et là, l'enchantement opère ! S'approcher, c'est entrer dans un univers qui n'est plus limité dans l'espace.  On se perd dans des profondeurs, celle de la mer ou du ciel. On y décèle des formes mystérieuses, humaines, visages, femme agenouillée, végétales, animales. Il faut tourner autour de l'oeuvre pour y découvrir d'autres formes, d'autres mondes.  C'est vraiment magique ! Les lumières jouent avec les couleurs, traversent la transparence et nous transportent dans l'irréalité ! L'imagination  prend le pouvoir !


Shizuko Onda Bucarest musée Colectiilor Bucarest


Shizuko Onda Bucarest musée Colectiilor Bucarest


Shizuko Onda Bucarest musée Colectiilor


Shizuko Onda  : Bucarest musée Colectiilor Bucarest (détail collage de deux photos)


   Shizuko Onda :  Bucarest musée Colectiilor Bucarest


Iosif Iser (1881-1958)

 

Iosi Iser musée des Collection de Bucarest

 
Il y a abondance d'oeuvres du peintre roumain Iosif Iser  au musée Colectiilor. De nombreuses montrent un intérêt pour l'orientalisme qui me semble bien tardif. Ces peintures, en effet, semblent ignorer les  mouvements picturaux du XX siècle.
 
 
 
Odalisque voilée Iosif Iser

 
 
Iosif Iser : odalisques

 
 

J'ai lu qu'on le classait dans les peintres d'expressionnistes mais ce que j'ai vu  ne m'a pas convaincue. Peut-être cette femme à la cigarette ou le couple ci-dessus à gauche Paulina et Arlequin ? Il est loin de l'avant-garde d'un  d'un Munch ou d'un Otto Dix.
 
 
Iosif Iser : femme à la cigarette/ Femmes turques couchées


Otto Dix (1891- 1957)


Je ne connaissais absolument pas la peinture roumaine avant ce voyage, aussi il m'est parfois difficile de juger mais j'ai l'impression que la peinture de Iosif Iser et les autres peintres roumains me semblent coupés des grands mouvements picturaux du XX siècle. Certains peignent encore comme les impressionnistes, d'autres sont nettement influencés par Cézanne, mais comme je les connais peu,  je ne sais pas s'ils ont trouvé, par la suite, un style personnel.

 

Corneliu Baba (1906-1997))

Corneliu Baba : autoportrait musée Collectiilor de Bucarest

 
Ah! Les Cornéliu Baba du musée Colectiilor ! Ces oeuvres sont celles de la dernière partie de sa vie : "une peinture de la solitude s'adressant surtout à  une humanité éternelle et anonyme." 
Elles offrent une vision cauchemardesque de la vie. Les titres de ces oeuvres parlent d'eux-mêmes : l'Effroi, avec tous ces visages déformés sous l'effet d'une terreur  illimitée; la Pieta, visages hallucinés au-dessus du cadavre du Christ, qui ne semblent même plus appartenir à la vie et dont les traits se dissolvent dans la corruption de la  mort. 
Corneliu Baba a peint tout une série de Rois fous, tous plus hallucinants les uns que les autres.  Le Roi fou, représente pour lui, tous les pauvres gens torturés par un pouvoir autoritaire, "victimes de tant de rois, de dictateurs atteints de maladie mentale."
Evidemment, en les voyant pour la première fois j'ai pensé aux peintures noires de Goya à la fois pour la forme et le fond. Mais elles m'ont aussi rappelé Munch, cette fois-ci pour le fond, non pour la forme. Les critiques ont reproché son classicisme à Corneliu Baba. C'est vrai quand on pense qu'il est mort en 1997, sa peinture n'a rien de contemporain, mais quelle puissance dans ce qu'il veut transmettre !

Corneliu Baba : Le roi fou musée Collectiilor Bucarest


Corneliu Baba : La Piéta  musée Collectiilor Bucarest

Corneliu Baba : La Pieta  (détail ) musée Collectiilor


Corneliu Baba : L'Effroi musée Collectiilor Bucarest


Expressionnisme : Edvard  Munch : le cri



Francisco Goya XIX siècle
 

Alexandru Phoebus (1899-1954)


Phoebus : autoportrait  musée Colectiilor

J'aime bien le Adam et Eve de Phoebus.




Phoebus : Adam et Eve  musée Colectiilor


Phoebus :marché au puce musée des Collections des Arts Bucarest


Dimutru  Ghiata 1888-1972)


Dimutru  Ghiata 1888-1972) (détails) musée Colectiilor de Arta Bucarest


Magdelena Radulescu (1902-1983)


Magdelena Radulescu : musée Colectiilor de Arta de Bucarest


Alexandru Padina (1904-1992)


Alexandru Padina (1904-1992) (détails) musée Colectiilor de Arta Bucarest

Lucia Demetriade Balacescu (1895-1979)


Lucia Demotriade Balacescu Musée Colectiilor ou musée des Collections d'art de Bucarest

Comme Iser et Baba, Lucia Demotriade Balacescu est une des grandes artistes du musée Colectiilor et deux salles lui sont consacrées.

Lucia Balacescu

 
Bucarest : le musée Satului : musée du village roumain ( à ne pas confondre avec le musée Taranului, musée du paysan roumain, fermé pour restauration en 2022)  (6)

mardi 18 octobre 2022

Bucarest : Le musée Zambaccian et le musée d'art national de Roumanie (4)


Corneliu Baba : portrait de Krikor Zambaccian

Le musée Zambaccian à Bucarest a été un coup de coeur, peut-être parce qu'il existe une parfaite harmonie entre le lieu, une belle maison de maître, et les oeuvres de peintres roumains et français qui y sont exposées.

Cette maison et sa collection ont été léguées à l'état roumain par son propriétaire, un négociant d'origine arménienne, collectionneur, Krikor Zambaccian. Il est situé dans un quartier de riches villas, souvent occupées par des ambassades et j'ai eu du mal à le trouver ! Bien sûr, il s'agit d'un petit musée qui n'égale pas en richesse le musée national d'art roumain de Bucarest ni le musée Collectiilor, tous deux dans l'avenue Victorei. Mais il faut absolument le visiter si l'on veut savourer ces  oeuvres dans le calme et la beauté du lieu qui leur sert d'écrin.


Musée Zambaccian
 

Musée Zambaccian (détail)

La collection présente des peintures et des sculptures du  milieu du XIX siècle jusqu'au milieu du XX siècle.  On y trouve les peintres roumains les plus célèbres, Nicolae Grigorescu, Ion Andrescu, Theodor Pallady, Stefan Luchian, Tonitza et bien d'autres et quelques peintres français, Monet, Renoir, Pissarro, Sisley..

Le musée national d'art de Roumanie, situé  près de l'immense place de la Révolution, est installé dans l'ancien palais royal et présente une immense collection divisée entre la collection d'art roumain, d'art européen et la section médiévale.

 

Bucarest  : Musée d'art national de Roumanie


Bucarest  : Musée d'art national de Roumanie (intérieur)
 

Je réunis dans ce billet les oeuvres des grands peintres roumains communs au musée Zambaccian et au musée national d'art de Roumanie.

 

Oscar Han : musée  Zambaccian

 

Oscar Han : le baiser (1891-1976) 

Les statues de Oscar Han se dressent devant la façade du musée Zambaccian. Le sculpteur, de mère roumaine et de père allemand, est né en 1891 et est mort en 1976 à Bucarest.



Musée Zambaccian :  Oscar Han Elégie (1928)


Musée Zambaccian : Oscar Han: jeune fille cousant

 

Sculptures

Rodin : le baiser musée national d'art de Roumanie Bucarest


Brancusi : le musée national d'art a peu d'oeuvres du sculpteur roumain.


Theodor Pallady (1871-1956)


Musée Zambaccian bureau

La visite du musée Zambaccian commence par le bureau où sont exposées de nombreuses oeuvres du peintre Theodor Pallady (1871-1956). Après avoir vécu à Dresde, il a travaillé à Paris avec Matisse, Rouaut et Marquet. Au début du XIX siècle, il retourne à Bucarest mais reste en contact étroit avec la vie intellectuelle parisienne. Son oeuvre est marquée, entre autres, par l'influence de Matisse.


Musée Zambaccian : Oscar Pallady


Musée Zambaccian TheodorPallady


Musée Zambaccian Theodor Pallady


Musée Zambaccian (intérieur)

 

Nicolae Grigorescu ( 1848-1956)

Nicolae Grigorescu  Musée Zambaccian  autoportrait


Musée Zambaccian : Nicola Grigorescu : portrait

Nicolae Grigorescu ( 1848-1956)  est considéré comme le plus grand peintre roumain. Il est l'auteur de d'une oeuvre considérable qui n'a cessé d'évoluer avec les années selon ses expériences et qui compte quelque 4000 oeuvres ! Il est né dans le village de Vacaresti puis, à la mort de son père, il déménage à Bucarest où il aide sa famille en peignant des icônes. Il reçoit d'abord des commandes pour des scènes religieuses dans les églises des monastère de Bacaoi, Amfira, Agapia. Il suit les cours du maître roumain  Anton Chladek.

Ses premières oeuvres non religieuses présentent une palette sombre, aux couleurs ocres, ancrées dans la terre.

Musée Zambaccian :Nicola Grigorescu : Ferme, Roses, Promenade dans la forêt de Fontainebleau, paysage(1881)

 

En 1861, il  obtient une bourse pour aller étudier à l'école des Beaux-arts de Paris.  Là, tout en suivant des cours, il copie les grands maîtres au Louvre. Puis, il rejoint l'école de Barbizon de 1861 à 1868 où tous les artistes européens se retrouvent. Un autre grand peintre roumain Ion Andreescu y séjourne aussi.  Il s'initie à la peinture en pleine nature dans les forêts de Fontainebleau avec  Camille Corot, Jean-François Millet dont il subit l'influence. Il sera le premier artiste roumain à introduire le plein air dans la peinture. Son style évolue, devient plus léger et rappelle parfois Corot. Sa palette devient plus claire et rend compte des effets de lumière. Les thèmes préférés de Nicolae Grigorescu sont les portraits, les fleurs, les paysages, les scènes de bataille.


Musée national d'art Bucarest : Nicola Grigorescu femme dans un jardin

 

 Dès 1870, il fait des séjours en Bretagne et en Normandie. Il devient l'ami de George de Bellio, le mécène des impressionnistes, découvre l'oeuvre de Monet, de Sisley qui  l'inspire. Il peint par touches légères aériennes, jouant avec les lumières. Il est le premier à avoir introduit l'impressionnisme en Roumanie.


Musée Zambaccian : Nicola Grigorescu : paysage d'automne


Il voyage en Italie, en Grèce, en Moldavie  et réalise de nombreux portraits de paysannes, de bergers, de scènes champêtres qui sont d'ailleurs, à mes yeux, beaucoup plus traditionnels et éloignés de l'impressionnisme.


Nicolae Grigorescu :  portraits  musée Zamabaccian et musée d'art national de Roumanie Bucarest

Lors de la guerre d’indépendance (1877-1878) qui oppose les Russes aux Turcs, la Roumanie étant du côté de la Russie et obtenant ainsi son indépendance de l'empire ottoman,  Grigorescu est envoyé sur le front. C’est là qu’il puise sont inspiration pour ses nombreux portraits de soldats roumains et turcs et pour des scènes de bataille.


  Nicola Grigorescu Musée national d'art Bucarest : Turcs : étude pour la bataille de Smardan


De 1879 à 1890, il travaille surtout à Paris et va peindre à Vitré en Bretagne. En 1899, il est élu membre d’honneur de l‘Académie Roumaine.

Nicolae Grigorescu  est considéré comme le peintre de l'impressionnisme roumain, le fondateur de la peinture moderne en Roumanie.


  Nicola Grigorescu Musée national d'art Bucarest :  Guimauve et bouquet de fleurs


Nicola Grigorescu : Jeune vigneronne française et femme dans un jardin Musée national d'art Bucarest

 

Musée national d'art Bucarest : Nicola Grigorescu Une fleur parmi les fleurs Melle Millet



Ion Andreescu (1850-1882)


Musée national d'art Bucarest : Nicola Grigorescu  peint Ion Andreescu à Fontainebleau (1900)


Ion Andreescu, né à Bucarest le 15 février 1850 meurt dans la même ville en 1882. Il fait  ses études à l'École des Beaux-arts de Bucarest avec un autre peintre roumain, Aman.  Andreescu, tout comme Nicolae Grigorescu, se rend  à Paris, où il travaille à l'Académie Julian, puis à Barbizon. Sous l'influence de Nicolae Grigorescu et de son séjour en France, son art évolue. La peinture en plein air l'amène vers une méditation sur la nature mais il meurt jeune de la tuberculose. Son tableau L'Hiver à Barbizon est considéré comme l'un de ses chefs d'oeuvre.


Ion Andreescu : Hiver à Barbizon musée Zamabaccian



Ion Andreescu  : musée Zambaccian


Ion Andreescu  : musée Zambaccian


Ion Andreescu  : musée Zambaccian




Musée national d'art de Roumanie Bucarest :Ion Andreescu



Musée national d'art de Roumanie Bucarest :Ion Andreescu (détails)


Stefan lucian (1868-1916)


Stefan Luchian : autoportrait et portait de Luchian peint par Camil Ressu musée Zamabaccian



Les premières oeuvres de Stefan Luchian que j'ai pu admirer au musée national d'art de Roumanie sont de magnifiques bouquets et quand j'ai visité le musée Zambaccian, de même,  si bien que j'ai appelé cet artiste : le peintre des fleurs  : un jaillissement de couleurs, de formes, une réelle beauté dans l'art de la composition. Bien entendu, il explore d'autres thèmes, et en particulier celui du portrait.
Stefan Luchian a suivi l'école des Beaux-Arts  à Bucarest et a été encouragé par Grigorescu dont le travail a eu une influence sur lui.



Stefan Luchian : musée Zambaccian et musée national d'art de la Roumanie

Stefan Luchian : musée Zambaccian

Stefan Luchian : portraits musée Zambaccian et Musée naitonal de Roumanie


Luchian Zambaccian


Nicolae Tonitza (1886-1940)

Tonitza Nicolae : Katioucha la Lipovène : musée Zambaccian
 
 
Nicolae Tonitza est un peintre, graphiste, journaliste et critique d'art roumain. Il a fait ses études d'art en Allemagne. Il a passé deux ans à Paris et a découvert l'impressionnisme sans continuer dans cette voie comme ses illustres prédécesseurs Grigorescu et Andreescu. Si sa palette a évolué et s'est éclaircie, c'est sous l'influence de Stefan Luchian. Ses goûts le portent plutôt vers et l'art décoratif de la Belle époque et Daumier (la caricature).

Tonitza : l'écrivain Gala Galaction musée Zambaccian

  Il évolue vers un style personnel, original, qui trahit sa préférence pour l'art graphique. Ses portraits d'enfants aux coloris frais, sont joyeux et évoquent l'innocence de l'enfance. Ils semblent sortir des feuillets d'un livre de contes, avec leurs yeux ronds comme des billes et leurs joues pleines.
 
 
Nicolae Tonitza :  Portrait d'enfant/ enfant au voile blanc/ La fille du garde-forestier/ Etude pour les orphelins

 
Tonitza : musée Zambaccian

 
Il a collaboré à des revues socialistes et c'est peut-être à cela que l'on doit ses tableaux montrant la misère du peuple.
 
Tonitza Nicolae : la queue pour le pain musée national de Bucarest



Tonitza Nicolae : Femmes pauvres musée Zambaccian


Les peintres français à Zambaccian

 
Musée Zambaccian  Pissarro Cézanne Matisse Renoir (détails)

 
 
 
Le musée Zambaccian et le musée national d'art de Bucarest possèdent quelques oeuvres de peintres français que j'ai découvert avec plaisir.

 

Les peintres français au musée national d'art de Roumanie

Musée national d'art de Roumanie : Un Claude Monet très particulier

 

Musée national d'art de Roumanie  : Signac

 

Musée national d'art de Roumanie Pissarro

 

Bucarest : musée Collectiilor ou musées des Collections (5)