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dimanche 14 février 2021

Selva Almada : Les jeunes mortes

 

Dans Les jeunes mortes l’écrivaine argentine Selva Almada enquête sur trois crimes non élucidées qui ont eu pour victimes des jeunes filles de milieux sociaux défavorisés : Andrea (19 ans) Maria-Luisa (15 ans) et Sarita (20 ans). Ces faits se sont passés à la fin des années 80. Quand Andrea est morte en 1986, Salva Almada avait 13 ans.  
Et cette recherche l’amène à la découverte de nombreuses autres victimes dont on connaît ou non le meurtrier, mortes sous les coups d’un mari, d’un amant, d’un pervers, d’une brute, rappelant que le féminicide sévit partout en Argentine, comme ailleurs dans le monde mais peut-être plus encore dans ce pays. Beaucoup de ces affaires ne sont pas résolues par la police et ces crimes demeurent impunis.

" A Villa Maria, depuis 1977, on dénombre une vingtaine de crimes non résolus. En 2002, après la mort de Mariela la Condorito Lopez, l’association Verdad y justicia, Vérité et justice, a vu le jour. » Ce sont des religieuses qui l’ont créée et cette association se nomme maintenant Justicia para Todos."


Salva Almada consulte les dossiers judiciaires de ces jeunes filles, fouillant les archives, les articles de journaux, retrouve les personnes qui les ont connues, des témoins qui ont participé au recherche du corps, des membres de leur famille, des médecins, des voisins … Certains sont persuadés de connaître les coupables, d’autres, un grand frère par exemple, se souvient bien des faits et sa vie est devenu un combat pour faire justice à sa soeur.

Selva Almada parvient à dresser un portrait des jeunes filles et derrière leur silhouette se dessine la vie d’un pays où les adolescentes pauvres voire les enfants vont travailler très jeunes, où les filles peuvent être enceintes à 15 ans, ayant rarement l’occasion de poursuivre des études.

Andrea, qui est la seule des trois jeunes filles a faire des études payées par son fiancé n’a pas été obligée d’aller travailler dès son enfance. Elle a été tuée d’un coup de couteau dans son lit; ses parents ont été suspectés.  Marie-Luisa est toute fière de commencer à travailler à quinze ans, son premier emploi, son premier petit ami. Sa vie s’est arrêtée là. Elle a accepté de monter dans une voiture avec deux de ses amies et des hommes. Parmi eux son amoureux et le patron de celui-ci. On l’a retrouvée morte dans la vase d’un étang. Seul le squelette de Sarita a été retrouvé et l’on ne sait pas s’il s’agit vraiment d’elle ou d’une autre malheureuse.

A-t-on fait tout ce qu’il fallait pour retrouver les coupables ? C’est la question qui peut se poser. Parfois l’on a l’impression que le coupable présumé n’a pas été inquiété à cause de sa position sociale. Parfois que les hommes ont tous les droits. L’un prostitue sa femme qui est  "trop jolie pour faire le ménage", les jeunes s’amusent à des viols collectifs, les vieux jettent des regards concupiscents sur les petites filles. Et les maris ?

"Quand nous parlions de la femme du boucher Lopez. Ses filles allaient à l’école avec moi. Elle l’a accusé de viol. Depuis longtemps, en plus de la frapper, il abusait d’elle sexuellement. J’avais douze ans et cette nouvelle m’avait profondément marquée. Comment pouvait-elle se faire violer par son mari ? Les violeurs étaient toujours des hommes inconnus qui attrapaient une femme et l’emmenaient dans un terrain vague, ou alors qui pénétraient chez elle en forçant la porte. (…) Personne ne nous avait dit qu’on pouvait se faire violer par son propre mari, par son père, par son frère, son cousin, son voisin, son grand-père, son instituteur. Par un homme en qui on avait confiance."

Ce livre est paru en Argentine en 2014. Dans l’épilogue, Salva Almera écrit  :

« Ça fait déjà un mois que la nouvelle année a commencé. Au moins dix femmes ont été assassinées du seul fait d’être femmes. Je dis au moins car ce sont les noms publiés dans la presse, celles dont ont parlé dans les journaux. »
 

et elle conclut :

"C’est l’été et il fait chaud, presque comme ce matin de novembre 1986 quand, d’un certaine manière, ce livre a commencé à s’écrire, lorsque la jeune morte a croisé ma route. Maintenant j’ai quarante ans et, contrairement à elle et aux milliers de femmes assassinées dans notre pays depuis lors, je suis toujours vivante. Ce n’est qu’une question de chance."

Ce livre a le mérite, tout en rendant hommage à ces femmes assassinées, de dénoncer les violences que les hommes exercent contre les femmes et de réveiller les consciences. Ce n’est pas un roman. Il est écrit avec sobriété, en prenant de la distance. Il ne m'a pas touchées d'un point de vue littéraire mais il faut le considérer comme un témoignage important de l’inacceptable.

 


mardi 26 janvier 2021

André Comte -Sponville : Le dictionnaire amoureux de Montaigne

J'ai publié dimanche un billet sur le livre de Frans de Waal qui s'intitule : Sommes-nous trop bêtes pour comprendre l'intelligence des animaux ICI 

 L'éthologue et primatologue Frans de Waal y explique comment, malgré les études scientifiques menées auprès des animaux et ceci pendant toute une vie, il se heurte, lui et les autres éthologues,  à l'hostilité et aux préjugés de ceux qui ne veulent pas reconnaitre les résultats de ces recherches pour des raisons idéologiques, religieuses ou tout simplement par orgueil, persuadés que l'Homme ne peut être que supérieur.

Or, en consultant le dictionnaire amoureux de Montaigne à la lettre A pour Animaux,  je lis la synthèse présentée par André Comte-Sponville sur ce thème et constate combien l'ouverture d'esprit et l'intuition  du philosophe du XVI siècle le rapprochent (malgré des différences) du scientifique du XXI ème siècle : Frans de Waal.

"Pour Montaigne, écrit A C-S , " les humains en font partie (des animaux), sans privilège aucun."N'est-ce pas un misérable animal que l'homme?" (I, 30)" Les autres animaux que nous appelons les bêtes sont nos confrères et nos compagnons que nous ne comprenons pas plus que ce qu'ils nous comprennent. C'est ce qui devrait nous interdire de les juger."  (II 12)

L'homme refuse de reconnaître l'intelligence des animaux : mais "connaît-il par l'effort de l'intelligence, les branles internes et secrets des animaux ?" Et par quelle comparaison d'eux à nous, conclut-il la bêtise qu'il leur attribue ? (II 12) Montaigne leur prête, au contraire une conscience, une intelligence et une volonté comparable aux nôtres. Il ne croit pas que l'instinct chez les bêtes fasse tout, ni qu'il ne fasse rien chez nous."

Les bêtes "ont plusieurs conditions qui se rapportent aux nôtres : de celle-là, par comparaison, nous pouvons tirer quelque conjecture; mais de ce qu'elles ont de particulier, que savons-nous ce que c'est ?"(II, 12)

 Pendant tout le XX siècle et même en ce début du XXI siècle, Montaigne aurait été considéré avec mépris et accusé d'anthropomorphisme. Mais s'il parvient, en vivant au XVI siècle, à rejoindre les scientifiques du XXI siècle, c'est parce qu'il cherche toujours autant qu'il est possible à se débarrasser des préjugés, qu'il se méfie de l'orgueil des humains. Dans sa lutte contre l'anthropocentrisme, il faut dire qu'il remet en question la Bible, ce qui n'était pas sans danger. Frans de Waal et ses pairs aussi se heurtent à l'obscurantisme mais ils ne risquent plus d'être censurés par le pape !

Peut-être aussi est-ce parce qu'il aime les animaux et vit avec eux ? Tous les "humains" qui vivent avec des chats et des chiens, n'ont pas besoin des scientifiques pour savoir que leurs compagnons éprouvent des émotions et sont intelligents ! Mais laissons parler Montaigne : 

Quand je me joue à ma chatte, qui sait si elle passe son temps de moi, plus que je fais d'elle? Nous nous entretenons de singeries réciproques : si j'ai mon heure de commencer et de refuser, aussi a-t-elle la sienne.

Je vais rapporter ici un passage où Montaigne, citant Plutarque, explique comment un chien qui voulait boire de l'huile au fond d'une cruche jette des cailloux dans le récipient jusqu'au moment où il peut atteindre le liquide qui est monté jusqu'au bord. 

Cela, qu'est-ce, si ce n'est l'effect d'un esprit bien subtil ? On dit que les corbeaux de Barbarie en font de mesme, quand l'eau qu'ils veulent boire est trop basse (....) Mais cet animal rapporte, en tant d'aultres effects, à l'humaine suffisance, qui si je voulais suyvre par le menu ce que l'expérience en a apprins, je gaignerois ayseement ce que je maintiens ordinairement, qu'il se trouve plus de différence de tel homme à tel homme, que de tel animal à l'homme."

Cela me fait rire parce que Frans de Waal a réalisé cette expérience ( de l'eau que l'on ne peut atteindre) avec des singes et des enfants humains, et les singes s'en sont mieux sortis que nos têtes blondes ! 

 Enfin à la lettre B comme Bénignité (douceur) est cité le passage suivant : 

Il y a un certain aspect qui nous attache, et un général devoir d'humanité, non aux bêtes seulement qui ont vie et sentiment, mais aux arbres mêmes et aux plantes. Nous devons la justice aux hommes, et la grâce et la bénignité aux autres créatures qui en peuvent être capables (d'en bénéficier). Il y a quelque commerce entre elles et nous, quelque obligation mutuelle. (II, 11)


dimanche 24 janvier 2021

Frans de Waal : Sommes-nous trop bêtes pour comprendre l'intelligence des animaux ?

 

Qu’est-ce qui distingue l’esprit d’un homme de celui d’un animal ? La capacité de concevoir des outils ? La conscience de soi ? L’emprise sur le passé et le futur ? Au fil des dernières décennies, ces thèses ont été érodées ou même carrément réfutées par une révolution dans l’étude de la cognition animale.
Voici des pieuvres qui se servent de coques de noix de coco comme outils ; des éléphants qui classent les humains selon l’âge, le sexe et la langue ; ou Ayumu, jeune chimpanzé mâle de l’université de Kyoto, dont la mémoire fulgurante rivalise avec celle des humains. Sur la base de travaux de recherche effectués avec de nombreuses espèces, Frans de Waal explore l’étendue et la profondeur de l’intelligence animale, longtemps sous-estimée.
Dans ce livre passionnant, le célèbre éthologue invite à réexaminer tout ce que l’on croyait savoir sur l’intelligence animale… et humaine.
L’essai de l’éthologue  Frantz de Waal. : Sommes-nous trop bêtes pour comprendre l'intelligence des animaux ?  est, par bien des aspects, passionnant. (Quatrième de couverture)

Frantz de Waal, professeur  de psychologie à l’université Emory, docteur en biologie est aussi directeur du Living Links Center au Yerkes National Primate Research Center à Atlanta. Spécialiste des primates qu’il a passé des dizaines d’années à étudier en laboratoire mais aussi parfois dans la nature, il s’est intéressé aussi de très près à de nombreuses autres espèces.  Il rassemble ici les résultats des expériences qui ont lieu dans le centre dont il est le directeur et il recueille ceux de ses collègues dans le monde.

Ses recherches sur la cognition animale lui ont permis de faire des découvertes, de les vérifier, de les recouper avec celles d’autres chercheurs pour rester au plus près de la rigueur scientifique. Elles ont abouti à une constatation : oui, l’animal est intelligent, d’où ce titre provocateur :  Sommes-nous trop bêtes pour comprendre l’intelligence des animaux ?
Provocateur, certes, mais justifié ! car il se heurte, et les autres chercheurs avec lui, au refus voire au rejet  des philosophes, des scientifiques marqués par le behaviourisme ou partisans de l’animal-machine, il doit faire face aux accusations « d’anthropomorphisme, de romantisme, d’antiscience. »

Frans de Waall n’est pas un précurseur, il parle de ceux qui, avant lui, ont eu cette approche ouverte et sans préjugés de l’animal, à commencer par Charles Darwin, Konrad Lorenz, Jakob Von Uexküll, Donald Griffin et tant d’autres.

Quant à l’anthropomorphisme, nous dit Frans de Waal , c’est une notion dépassée. En réalité, « Il ne s’agit pas de comparer les humains aux animaux, mais une espèce animale - la nôtre- à une multitude d’autres espèces  car « il est indéniable que les humains sont des animaux ». « Je considère la cognition humaine comme une variété de la cognition animale. »

La cognition correspond, en fait, à l’adaptation d’une espèce à son milieu. Elle sera donc différente selon les espèces. Dire que l’une est supérieur à l’autre ne tient donc pas compte de la nécessité pour chacune d’assurer sa survie selon son milieu. Certes les humains ont le langage mais les animaux aussi, l’éthologie a permis de l’étudier;  certes, ils sont les seuls à avoir l’écriture et la pensée abstraite mais les autres animaux ont développé des qualités spécifiques, l'odorat pour certains, l’ouïe pour les chauves-souris, la mémoire pour le corbeau ou l’écureuil, -  supérieure puisqu'il qui est capable de retrouver les 20 000 pignons qu’il a cachés pour l’hiver dans des centaines d'endroits différents -  pour d'autres, les fourmis et les termites, la pensée collective, la cohésion de l’espèce… 
 Chaque espèce présente donc des qualités exceptionnelles que ne possèdent pas obligatoirement les autres.

Frans de Waal étudie donc les capacités cognitives des primates mais aussi des oiseaux et autres animaux… au point de vue de la socialisation, de la capacité d'empathie, d’émotion, du deuil, de la transmission des savoirs inter-espèce, de l'utilisation des outils, de la mémoire, de l’aptitude à acquérir de nouveaux savoirs, de leur habileté avec les nombres, de leur anticipation du futur ... L’essai s’appuie sur de nombreuses expérimentations qui sont souvent accompagnées de croquis pour plus de clarté. Et c'est bluffant ! Oui, bluffant de voir de quoi sont capables les animaux !
Mais il constate que, chaque fois que l'on découvre une compétence à un animal, compétence considérée jusqu'alors comme le propre de l'Homme, les détracteurs sont nombreux. Puis, lorsqu'ils sont obligés de s’incliner devant l’évidence, ils s’efforcent de redéfinir ce qui fait l'humain par d'autres compétences. Tout se passe comme s'il leur était insupportable de faire tomber les barrières qui séparent les espèces et de reconnaître que nous sommes des animaux parmi les autres ! Il n’y a plus de science qui tienne face à l’obscurantisme religieux, aux préjugés, à l’orgueil démesuré de l’homme.

J'aime beaucoup les conclusions qu'en tire Frans de Waal

" Redéfinir l'homme ne passera jamais de mode, et on saluera chaque nouvelle définition d'un : "mais oui, c'est ça!". Il y a encore plus honteux que cette manie humaine de se frapper orgueilleusement la poitrine - autre comportement typique des primates - c'est la tendance à dénigrer les autres. Et pas seulement les autres espèces : pensons à la longue histoire du mâle "caucasien" qui se déclare génétiquement supérieur à tout le monde. Le triomphalisme ethnique franchit les frontières de notre espèce lorsque nous décrivons les Néandertaliens comme des brutes épaisses...."

Sommes-nous trop bêtes pour comprendre l'intelligence des animaux ?  est donc très intéressant et novateur. Il enrichit notre connaissance du monde animal et en cela, il est  passionnant. Par contre j’ai trouvé  la structure du livre un peu répétitive et touffue.

Lire aussi  Qu'est-ce qui fait sourire les animaux ? de Carl Safina. Voir ICI

Le chimpanzé Ayumu

Frans de Waal présente l'expérience réalisée par le primatologue Tetsuro Matsuzawa à Tokyo avec un chimpanzé nommé Ayumu dont la  mémoire étonnante rivalise avec celle des humains et la surpasse. Il n'a jamais été battu !

Ayumu est un jeune mâle qui, en 2007, a ridiculisé la mémoire humaine. Entraîné sur un écran tactile, il arrive à se souvenir d'une série de chiffres de 1 à 9 et à la taper dans l'ordre correct bien qu'ils apparaissent sur l'écran dans une disposition aléatoire et soient remplacés pas des carrés blancs dès qu'il commence à taper. Ayant mémorisé les chiffres, Ayamu touche les carrés dans le bon ordre. La réduction de la durée d'apparition des chiffres à l'écran ne semble pas le perturber, alors que les humains deviennent d'autant moins précis que le laps de temps raccourcit.


Si vous avez le temps, n'hésitez pas à regarder Ayumu et à vous mesurer à lui !


mercredi 20 janvier 2021

Jack London : quatrième bilan


Voici le quatrième bilan du challenge Jack London. Merci  à tous et toutes pour vos participations! je pensais qu'il était peut-être temps de fermer ce challenge, certains d'entre vous avouant leur lassitude. Et  puis non ! Beaucoup soufflent un peu mais ont l'intention de continuer leur lecture. 
Donc avis aux participants et à ceux qui auraient envie de s'inscrire maintenant, il est toujours temps, l'aventure London continue jusqu'à la fin Mars 2021 et plus si vous le désirez.
 
Pour ma part, j'aimerais bien relire les livres de mon enfance, L'appel de la forêt et Croc blanc, que j'ai laissés de côté au début du challenge pour découvrir le London qui m'était inconnu.

Je rappelle en quoi consiste ce challenge  :  Il s'agit de découvrir et de commenter des romans, des nouvelles et des essais de Jack London. On peut aussi lire des BD, voir des films qui sont des adaptations de ses oeuvres, et s'intéresser à sa biographie.
 
  La seule contrainte est de venir mettre un lien dans mon blog pour que je puisse noter les oeuvres lues et venir vous lire. (Pour trouver la page ou déposer les liens, cliquez sur la vignette du challenge Jack London dans la colonne de droite de mon blog).
 

 Les  titres les plus lus

Dans les livres les plus lus et les plus appréciés il y a son roman en partie autobiographique Martin Eden considéré bien souvent comme son chef d'oeuvre. 6 billets  Miriam a présenté aussi la critique du film de Pietro Marcello, l'adaptation moderne du livre.

Sa nouvelle Construire un feu  6 billets dont deux sur la BD de Chabouté, magnifique adaptation de cette nouvelle.

 Son essai Le peuple d'en bas ou le peuple de l'abîme, un témoignage réaliste et poignant de la misère du peuple à Londres 5 billets 

Le vagabond des étoiles, le roman qui a permis la réforme les conditions de détention dans les pénitenciers. Marylin présente une belle adaptation du livre avec la BD de Riff Reb. 5 billets 

 Lu pendant la pandémie son roman d'anticipation La peste écarlate a frappé les esprits et la comparaison avec notre époque a été très intéressante. 4 billets 

Et puis...

 Lili, elle est la seule a voir lu ce roman La vallée de la lune,  a peiné à le terminer et les idées de Jack London lui ont donné la nausée !

Les participants au challenge 

 


Aifelle   Le goût des livres   

 
 
 
 
 
 

 

 

 


 
 
 
 
 
 

   



 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 





 
 
 
 
 




Electra La plume d'Electra




 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
  
 
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

dimanche 17 janvier 2021

André Comte-Sponville : Dictionnaire amoureux de Montaigne , J comme Jugement

Je lis le dictionnaire amoureux de Montaigne d'André Comte-Sponville. De  temps en temps je viendrai ici, dans Ma Librairie dédiée à Montaigne, pour noter remarques et citations qui ont retenu mon attention. 

Après avoir expliqué son amour pour Montaigne, "un humain exceptionnel",  "esprit libre", que "l'on aime autant qu'on l'admire",  André Comte-Sponville  exprime son admiration pour l'écrivain, "son écriture souple,  inventive, savoureuse,"  "sa pensée ouverte, lucide, audacieuse"

 Il ne croit guère la philosophie, et n'en philosophe que mieux. Se méfie de "l'écrivaillerie" et lui échappe, à force d'authenticité, de naturel. Ne prétend à aucune vérité, en tout cas à aucune certitude et fait le livre le plus vrai du monde. Ne se fait guère d'illusions sur les humains, et n'en est que plus humaniste. Ni sur la sagesse et n'en est que plus sage. Enfin ne veut qu'essayer ses propres facultés (son titre Essais est à prendre au sens propre ) et y réussit si bien que le sens du mot en sera définitivement augmenté d'une nouvelle acceptation, celle qui désigne désormais un genre littéraire - toute oeuvre de prose et d'idées, à condition qu'elle soit plutôt personnelle que didactique ou systématique - , que Montaigne qui le créa, surplombe définitivement. Qui dit mieux ? Et quel auteur, plus de quatre siècles après sa mort, qui demeure si vivant, si actuel, si nécessaire ?


Et bien sûr, comme pour tout dictionnaire, l'auteur présente  des  mots classés par ordre alphabétique qui constituent en quelque sorte, "une espèce d'anthologie" de l'oeuvre de Montaigne.

Aujourd'hui c'est à la lettre J que je m'arrête et au mot, jugement !

Montaigne, nous explique André Comte-Sponville  tient absolument à être libre de son jugement. C'est une liberté qui lui tient à coeur bien plus encore que la liberté d'action, celle d'aller et venir, encore que celle-ci lui soit très précieuse aussi. Mais au cours de sa vie, il s'aperçoit combien il lui est arrivé de se tromper, de changer d'opinion et finalement il a constaté maintes fois qu'il avait tort !

"Mais ne m'est-il pas advenu, non une fois mais cent, mais mille, et tous les jours d'avoir embrassé quelque autre chose avec ces mêmes instruments (raison et jugement ), en cette même condition, que depuis j'ai jugée fausse ? Si je me suis souvent trahi sous cette couleur, si ma touche se trouve ordinairement fausse, et ma balance inégale et injuste, quelle assurance en puis-je prendre à cette fois plus qu'aux autres?" II 12

Et nous et notre jugement et toutes choses mortelles, vont coulant et roulant sans cesse. Ainsi il ne peut -être établi rien de certain de l'un à l'autre, et le jugeant et le jugé étant en continuelle mutation et branle. II 12

"Qui se souvient de s'être tant de fois mécompté de son propre jugement, n'est-il pas un sot de n'en entrer pour jamais en défiance ? (...) D'apprendre qu'on a dit ou fait une sottise, ce n'est rien que cela; il faut apprendre qu'on n'est qu'un sot, instruction bien plus ample et plus importante" II 13

 Et il rejoint Socrate  : " Tout ce que je sais, c'est que je ne sais rien."

La reconnaissance de l'ignorance est l'un des plus beaux et plus sûrs témoignages de jugement que je trouve. II 10

Ce que j'aime dans la philosophie de Montaigne, c'est qu'elle est toujours proche de nous et qu'elle peut s'appliquer à notre vie quotidienne.  Quand on voit ces hommes politiques ou religieux prêts à s'étriper pour leur vérité et quand on voit  les discussions intolérantes qui opposent voire enflamment parfois des réunions familiales ou amicales, je me dis (moi la première) que nous ferions bien de suivre les conseils de Montaigne : savoir que nous sommes des sots nous éviterait bien des déplaisirs !

dimanche 13 décembre 2020

Montaigne : le dictionnaire amoureux

 

Devinez ce que mon mari va m’offrir pour Noël ? Du moins, je l’espère, et je laisse traîner des messages subliminaux, écrits ou oraux, un peu partout, sur « Le dictionnaire amoureux de Montaigne » dans le style : Dans La grande librairie, mercredi, il était question de
Je vous dirai si le message a été entendu … après les fêtes !

André Comte-Sponville, philosophe, est un amoureux inconditionnel de Montaigne et comme il le disait dans l’émission de François Busnuel sur France V :  « Lisez Montaigne en français contemporain, lisez-le dans la langue de la renaissance mais avec une orthographe moderne car le texte est vraiment complexe à lire en ancien français, mais lisez-le ! »  
Alors que les autres invités s’étonnaient que Montaigne soit peu étudié au lycée et que les jeunes le connaissent si peu, il expliquait que les professeurs de philo le considéraient comme un littéraire, donc ils laissaient ce soin aux professeurs de lettres qui, eux, le considéraient comme un philosophe et le renvoyaient  etc…
En réalité, il n’en est rien ! Ce ne sont pas les professeurs qui décident du programme mais le ministre au-dessus d’eux.
Or, pourquoi les lycéens de ma génération connaissaient tous - plus ou moins - mais connaissaient Montaigne ? Parce qu’à époque, on étudiait en extraits tous les grands écrivains de tous les siècles à partir du Moyen-âge jusqu’au XX siècle ! Seules les pièces de théâtre de Molière, Racine, Corneille étaient étudiées en oeuvres complètes de la 6 ème à la terminale !
Ah! on s’est assez moqué de nos incontournables manuels des Lagarde et Michard ! Pourtant cela donnait à tous les élèves de France la même culture, la même connaissance des écrivains français, libre ensuite aux plus curieux d’aller creuser au-delà et de lire les oeuvres complètes ! Et oui, certains allaient plus loin : quand on aime la lecture, ce n’est pas un pensum ! Mais comment le faire si l’on ignore même jusqu’au nom de l’écrivain !
Pour en revenir à André Comte-Sponville, il explique combien Montaigne est un philosophe remarquable car il a une ouverture et une liberté d’esprit hors du commun, il n’impose rien, ne prétend pas détenir la vérité, il cherche avec nous et ce qu’il cherche c’est comment vivre sa vie car celle-ci est difficile. Et il parvient à transmettre son amour de la vie. Un grand philosophe donc et un grand écrivain car il utilise une langue imagée, savoureuse, vivante, imaginative, absolument réjouissante.

Je m’arrêterai là, je n’ai pas encore lu le livre ! Mais je reviendrai vous en parler bientôt !

Il nous fait redécouvrir Montaigne, écrivain de génie, talentueux philosophe, humain d’exception que l’on aurait tant aimé connaître : « quel esprit plus libre, plus singulier, plus incarné ? Quelle écriture plus souple, plus inventive, plus savoureuse ? Quelle pensée plus ouverte, plus lucide, plus audacieuse ? Celui-là ne pense pas pour se rassurer, ni pour se donner raison. Ne vit pas pour faire une œuvre. Pour quoi ? Pour vivre, c’est plus difficile qu’il n’y paraît, et c’est pourquoi aussi il écrit et pense. Il ne croit guère à la philosophie, et n’en philosophe que mieux. Se méfie de "l’écrivaillerie" et lui échappe, à force d’authenticité, de spontanéité, de naturel. Ne prétend à aucune vérité, en tout cas à aucune certitude, et fait le livre le plus vrai du monde, le plus original et, par-là, le plus universel. Ne se fait guère d’illusions sur les humains, et n’en est que plus humaniste, Ni sur la sagesse, et n’en est que plus sage. Enfin il ne veut qu’essayer ses facultés (son titre, Essais, est à prendre au sens propre) et y réussit au-delà de toute attente. Qui dit mieux ? Et quel auteur, plus de quatre siècles après sa mort, qui demeure si vivant, si actuel, si nécessaire ? » (quatrième de couverture)
 



mardi 8 décembre 2020

Dane Mc Dowell : L' herbier de Marcel Proust


 L’Herbier de Marcel Proust est un beau livre de Diane Mc Dowell, paru aux Editions Flammarion, préfacé par  Jean-Jacques Aillagon et splendidement illustré par Djohr
Toute l’oeuvre de Proust foisonne de références aux herbes, aux fleurs. Son oeuvre est une recueil littéraire de plus de six cents végétaux mais chacun correspond, à travers la métaphore, a une vérité plus profonde qui évolue tout au cours de son oeuvre. Il fut initié à la botanique par le curé d’Illiers-Combay et portait toujours avec lui un compagnon de poche La Flore de Gaston Bonnier.

Djohr : la pervenche
 

 "Appuyant et développant l’idée maîtresse de Marcel Proust qui se comparaît à un botaniste moral, la flore évolue, s’assombrit, se fane et réapparaît sous une expression poétique inattendue pour accompagner en toute logique la conclusion du Temps retrouvé."

C’est pourquoi le livre est divisé en quatre grandes divisions pour suivre cette évolution : Les fleurs de l’innocence, Les fleurs de salon, Les fleurs du mal, l’herbier de la mémoire. Chacune rend compte du cheminement de Marcel Proust à travers la mémoire, de l’enfance ou l’innocence, à la vie mondaine des salons, jusqu’à l’enfermement du malade, époque des fleurs vénéneuses, de l’asthme, de la drogue, de la lutte contre la mort afin de terminer La Recherche. Enfin, viennent les fleurs de la mémoire qui transportent le voyageur dans le souvenir du passé.

Ces fleurs sont au centre d’une synesthésie où les sons, les couleurs se rejoignent, véritable symphonie musicale,  débauche de bleus, de mauves, de roses, ou de blancs, de formes, de grâce, mais aussi de senteurs bien que, à ce sujet,  Proust reste prudent, exploitant sa mémoire olfactive, obligé de fuir les fleurs parfumées car une crise d’asthme a failli l’emporter à l'âge de neuf ans dans le jardin de ses jeunes années à Illiers.

"Synesthésie jubilatoire et presque désespérée puisque tout n’est qu’intermittence : beauté, amour, mémoire et même la douleur. Posée de multiples touches impressionnistes, la sensibilité à fleur de peau colore un paysage selon un éclairage toujours différent."

Djohr :  le seringa
 
Chaque fleur est replacée dans l'oeuvre et laisse place à un large développement qui analyse ce qu'elle signifie  aux yeux de Marcel Proust. Je vous donne quelques rapides extraits.

Les fleurs de l'innocence

 

Djohr : la fleur de l'aubépine

Pour Marcel Proust la floraison l'aubépine au printemps  à une portée mystique, quasi religieuse : "La haie formait comme une suite de chapelles qui disparaissaient sous la jonchée de leurs fleurs en reposoir..". Plus tard, à l' adolescence, l'aubépine est associée à des plaisirs plus sensuels, "jeune fille en robe de fête au milieu de personnes en négligé". La cristallisation d'un premier amour prend la forme, la couleur et l'odeur de la fleur. "Je leur demandais des nouvelles de ces fleurs, ces fleurs de l'aubépine pareilles à de gaies jeunes filles étourdies, coquettes et pieuses."

Les fleurs de salon   

 

Djohr : Le géranium

Albertine est "une brune aux grosses joues qui poussait une bicyclette" et dont les joues roses ont "cette teinte cuivrée qui évoque l'idée d'un géranium" et "son rire évoquait aussi les roses carnations, les parois parfumées contre lesquelles il semblait qu'il vint de se frotter et dont, âcre et sensuel et révélateur comme une odeur de géranium, il semblait transporter avec lui quelques particules pondérables, irritantes et secrètes." 

Rose le géraniume incarne la tentation mais en blanchissant, il retrouve pureté et virginité. Ainsi les premiers accords de la sonate de Vinteuil évoquent des fleurs blanches au narrateur et la suite de la mélodie ressemble à " la soierie embaumée d'un géranium.".

 Les fleurs du mal

 

Djohr : Le datura
 

Le datura est un plante toxique utilisé en pharmacologie pour l'insomnie et l'asthme. Proust  abusait de la poudre de datura qui était versée dans une soucoupe et allumée avec une bougie par la servante Céleste Albaret. La fumée qui s'en dégageait était censée dégager les bronches et empêcher le déclenchement des crises d'asthme mais maintenait le malade dans la dépendance. Dans la Recherche, la duchesse de Guermantes les cultive en pots et Cocteau associait Proust "à l'odeur de sépulcre" que la plante dégageait.

L'herbier de la mémoire

 

Djohr : le tilleul

Le tilleul nous place devant l'un des textes les plus célèbres de la Recherche du Temps perdu et de la littérature

"Et dès que j'eus reconnu le goût du morceau de madeleine trempé dans le tilleul que me donnait ma tante (quoique je ne susse pas encore et dusse remettre à bien plus tard de découvrir pourquoi ce souvenir me rendait si heureux), aussitôt la vieille maison grise sur la rue, où était sa chambre, vint comme un décor de théâtre s'appliquer au petit pavillon, donnant sur le jardin, qu'on avait construit pour mes parents sur ses derrières (ce pan tronqué que seul j'avais revu jusque là) ; et avec la maison, la ville, depuis le matin jusqu'au soir et par tous les temps, la Place où on m'envoyait avant déjeuner, les rues où j'allais faire des courses, les chemins qu'on prenait si le temps était beau."

Voilà donc un ouvrage plaisant et dont on ne se lasse pas, de ceux que l'on ne peut lire en une seule fois mais dont on savoure la lecture et que l'on feuillette pour la beauté de l'illustration. Il ravira les amoureux de Proust et des fleurs mais aussi tous les amateurs de beaux livres !

 

samedi 3 octobre 2020

Montaigne : Il n'a fait que des essais !

Michel de Montaigne

 Les perles du Bac 

 Je la trouve si savoureuse, celle-ci, que je veux la partager avec vous !


 

 

"Toute sa vie, Montaigne a voulu écrire mais il n'a fait que des essais" 

 

 

 

 Pauvre Montaigne, écrivain raté !

  Et voilà quand on prend ce qu'il écrit au premier degré !

"Toute cette fricassée que je barbouille ici n'est qu'un registre des essais de ma vie." 


Au lecteur

 C'est ici un livre de bonne foi, lecteur. Il t'avertit, dés l'entrée, que je ne m'y suis proposé aucune fin, que domestique et privée. Je n'y ai eu nulle considération de ton service, ni de ma gloire. Mes forces ne sont pas capables d'un tel dessein. Je l'ai voué à la commodité particulière de mes parents et amis : à ce que m'ayant perdu (ce qu'ils ont à faire bientôt) ils y puissent retrouver aucuns traits de mes conditions et humeurs, et que par ce moyen ils nourrissent, plus altière et plus vive, la connaissance qu'ils ont eue de moi. Si c'eût été pour rechercher la faveur du monde, je me fusse mieux paré et me présenterais en une marche étudiée. Je veux qu'on m'y voie en ma façon simple, naturelle et ordinaire, sans contention et artifice : car c'est moi que je peins. Mes défauts s'y liront au vif, et ma forme naïve, autant que la révérence publique me l'a permis. Que si j'eusse été entre ces nations qu'on dit vivre encore sous la douce liberté des premières lois de nature, je t'assure que je m'y fusse très volontiers peint tout entier, et tout nu. Ainsi, lecteur, je suis moi-même la matière de mon livre : ce n'est pas raison que tu emploies ton loisir en un sujet si frivole et si vain. Adieu donc ; de Montaigne, ce premier de mars mil cinq cent quatre vingts.

 

 

jeudi 10 septembre 2020

Rentrée littéraire 2020 : Mes choix

 

Certains livres de la rentrée littéraire 2020 m'ont tentée et j'ai "craqué" sur ces titres qui ne sont pas obligatoirement ceux qui sont en tête de la course aux prix, je crois...

Et j'en ai déjà lu deux avec beaucoup de bonheur : Chavirer de Lola Lafon  et Le Silence des vaincues de Pat Barker que je vous présenterai bientôt. Je ne regrette pas mon choix  !

Chavirer de Lola Lafon

1984. Cléo, treize ans, qui vit entre ses parents une existence modeste en banlieue parisienne, se voit un jour proposer d’obtenir une bourse, délivrée par une mystérieuse Fondation, pour réaliser son rêve : devenir danseuse de modern jazz. Mais c’est un piège, sexuel, monnayable, qui se referme sur elle et dans lequel elle va entraîner d’autres collégiennes.

2019. Un fichier de photos est retrouvé sur le net, la police lance un appel à témoins à celles qui ont été victimes de la Fondation.

Devenue danseuse, notamment sur les plateaux de Drucker dans les années 1990, Cléo comprend qu’un passé qui ne passe pas est revenu la chercher, et qu’il est temps d’affronter son double fardeau de victime et de coupable.

 Le silence des vaincues de Pat Baker éditions Charleston  : Une Illiade écrit par une femme, Briséis.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

"Elle était reine. Briséis de Lyrnessos, vénérée et respectée. Mais, hors des murs du palais, la guerre de Troie fait rage et bientôt la cité de Lyrnessos tombe sous les assauts grecs. En quelques heures, Briséis voit son mari et ses frères massacrés ; de reine, elle devient esclave. Un trophée parmi d’autres pour l’homme qui l’a conquise : le divin Achille dont les générations futures chanteront les exploits. Captive du camp grec, Briséis doit choisir : se laisser mourir ou survivre. 

J'ai très envie aussi de lire le roman de Barbara Kingsolver, Des vies à découvert et de David Bailly, L'autre Rimbaud Ariane de Tant qu'il y aura des livres voir ici  

 ou encore Richard Russo Retour à Marha'sVineyard dont Ingammic propose une LC voir ici  J'espère avoir l'un des trois demandés chez Masse Critique Babelio! J'attends la réponse  avant d'acheter !

* remarque ajoutée le 12/09  ; je n'ai eu aucun des livres ! Des romans de la rentrée littéraire, tout le monde a dû s'y précipiter ! Et comme c'est tiré au sort !

Comment je choisis mes livres ? Je lis les critiques, bien sûr, et en particulier les vôtres, amies blogueuses ainsi les billets que vous avez rédigés sur Des vies à découvert de Barbara Kingsolver m'ont donné envie de découvrir le livre ! Keisha voir ici

Ensuite le nom de l'auteur peut emporter l'adhésion mais il y a aussi le thème général.  Pour Chavirer, le thème me faisait peur mais j'ai fait confiance à Lola Lafon, et j'ai eu raison ! Pour Le silence des vaincues, c'est le thème qui m'a emballée, je ne connaissais pas l'auteur.  Et quelle belle découverte! C'est un coup de coeur !

 Pour Loins-Confins, le résumé de la quatrième de couverture m'a intéressée et puis j'aime beaucoup la première de couverture de ce livre publié dans les éditions La Brune aux Rouergue. Et oui, l'attrait du livre compte aussi !

Loin-Confins
Marie-Sabine Roger

Il y a longtemps de cela, bien avant d’être la femme libre qu’elle est devenue, Tanah se souvient avoir été l’enfant d’un roi, la fille du souverain déchu et exilé d’un éblouissant archipel, Loin-Confins, dans les immensités bleues de l’océan Frénétique. Et comme tous ceux qui ont une île en eux, elle est capable de refaire le voyage vers l’année de ses neuf ans, lorsque tout bascula, et d’y retrouver son père. Il lui a transmis les semences du rêve mais c’est auprès de lui qu’elle a aussi appris la force destructrice des songes. 
Dans ce beau et grave roman qui joue amoureusement avec les mots et les géographies, Marie-Sabine Roger revient à ce combat perdu qu’on nomme l’enfance et nous raconte l’attachement sans bornes d’une petite fille pour un père qui n’était pas comme les autres.

Térébenthine choisi pour le débat sur la peinture considérée comme dépassée. Il faut dire que c'est un art que j'aime énormément et ce rejet me paraît stupide. Comme si l'art conceptuel et l'art pictural ne pouvaient pas coexister.  Ceux qui dictent  "la mode" dans l'art créent des formes d'académisme.  C'est dire que le sujet m'intéresse !

Térébenthine


 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Collection Blanche, Gallimard
Parution : 20-08-2020

J'ai eu envie de découvrir Lumière d'été puis vient la nuit parce que le livre parle de l'Islande,  un pays que je rêve de visiter après la Norvège, la Suède et la Finlande. Il a l'attrait des pays nordiques que j'aime tant. La photo de la première de couverture introduit le rêve.

Lumière d'été, puis vient la nuit

Dans un petit village des fjords de l’ouest, les étés sont courts. Les habitants se croisent au bureau de poste, à la coopérative agricole, lors des bals. Chacun essaie de bien vivre, certains essaient même de bien mourir. Même s’il n’y a ni église ni cimetière dans la commune, la vie avance, le temps réclame son dû.
Pourtant, ce quotidien si ordonné se dérègle parfois  : le retour d’un ancien amant qu’on croyait parti pour toujours, l’attraction des astres ou des oiseaux, une petite robe en velours sombre, ou un chignon de cheveux roux. Pour certains, c’est une rencontre fortuite sur la lande, pour d’autres le sentiment que les ombres ont vaincu - il suffit de peu pour faire basculer un destin. Et parfois même, ce sont les fantômes qui s’en mêlent…
En huit chapitres, Jón Kalman Stefánsson se fait le chroniqueur de cette communauté dont les héros se nomment Davíð, Sólrún, Jónas, Ágústa, Elísabet ou Kristín, et plonge dans le secret de leurs âmes. Une ronde de désirs et de rêves, une comédie humaine à l’islandaise, et si universelle en même temps. Lumière d’été, puis vient la nuit charme, émeut, bouleverse.

Traduit de l'islandais par Éric Boury

Et Frank Buysse, Buveurs de vent, pour le thème, le résumé, le titre (que je trouve beau) mais je n'ai pas lu de critiques.

Buveurs de vent - Cover image

Ils sont quatre, nés au Gour Noir, cette vallée coupée du monde, perdue au milieu des montagnes. Ils sont quatre, frères et sœur, soudés par un indéfectible lien.

Marc d’abord, qui ne cesse de lire en cachette.

Matthieu, qui entend penser les arbres.

Puis Mabel, à la beauté sauvage.

Et Luc, l’enfant tragique, qui sait parler aux grenouilles...

Tous travaillent, comme leur père, leur grand-père avant eux et la ville entière, pour le propriétaire de la centrale, des carrières et du barrage, Joyce le tyran, l’animal à sang froid…

Dans une langue somptueuse et magnétique, Franck Bouysse, l’auteur de Né d’aucune femme, nous emporte au cœur de la légende du Gour Noir, et signe un roman aux allures de parabole sur la puissance de la nature et la promesse de l’insoumission.