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mercredi 4 août 2021

Benoît Solès : La maison du Loup La rencontre avec Jack London au festival d'Avignon 2021

 

Été 1913. Depuis sa sortie de prison, Ed Morrell se bat pour que son ami Jacob Heimer échappe à la peine de mort. Impressionnée par la détermination de cet homme dans son combat, Charmian London, l’épouse du célèbre écrivain Jack London, invite Ed dans leur ranch, La Maison du Loup, dans l’espoir que la rencontre entre les deux hommes provoquera chez Jack, en mal d’inspiration, une étincelle.
Il n’est guère étonnant que la nature insoumise d’Ed Morrell, sorte de Robin des Bois ayant purgé quinze ans dans les geôles de San Quentin et devenu, après sa libération, un activiste engagé dans la réforme du système pénitentiaire, ait attiré Jack London l’écrivain de la liberté. Benoit Solès qui s’est déjà mesuré à des figures hors du commun a eu l’excellente idée de réunir sur scène ces trois personnages d’autant que, maintes fois portées à l’écran, les œuvres et la vie de Jack London n’ont que rarement fait l’objet d’adaptations théâtrales.


En 2019, la pièce de Benoît Solès, auteur et comédien : La machine de Turing (4 Molières 2019), et du metteur en scène Tristan Petitgirard, avait obtenu un tel succès que je n’ai pu aller la voir, le spectacle étant complet jusqu’à la fin du festival !  C'est la première motivation pour que j’aille voir cette pièce La maison du loup représentée au théâtre Le Chêne Noir, cette année, où ils étaient à nouveau réunis !
 Et puis, après le challenge Jack London, ici, dans mon blog, et ma lecture de sa dernière oeuvre Le vagabond des étoiles, j’avais très envie d’assister à ce récit qui imagine la genèse du roman !
 

Benoît Solès raconte la rencontre de Jack London avec Edward Morell, repris de justice, condamné à perpétuité pour avoir cambriolé la Southern Pacific Railroad, enfermé dans la prison de Saint Quentin, Californie. Victime des sévices infligées aux réfractaires, il est gracié en 1908. Il milita ensuite à sa sortie de prison pour la réforme des pénitenciers.
Invité par Charmian, l’épouse de Jack London, Ed Morell arrive à la Maison du loup, domaine californien des London. Charmian porte à bout de bras son grand homme, accro à la morphine et qui sombre dans l’alcool, incapable d’écrire une ligne, l’imagination tarie, la volonté annihilée. Elle cherche ainsi à ranimer la flamme de l’écriture, seule survie possible pour l’écrivain. Effectivement, Jack London se remet à écrire et c’est la parution de The Star Rover en 1915, dont l’influence considérable provoqua la réforme du système judiciaire et carcéral californien, véritable chant du cygne littéraire et politique de London qui meurt en 1916.
Mise en scène par Tristan Petitgirard, La maison du loup, est un spectacle qui m’a beaucoup touchée tant on sent la souffrance de ces personnages tourmentés, Charmian qui ne peut avoir d’enfant après la mort de son bébé, Jack London, en pleine auto-destruction, en proie à ses démons. Superbement interprétés, ils nous touchent par la violence de leurs propos, leur désespoir,  par  leur courage, leur engagement pour le bien, mais aussi leurs faiblesses et leurs contradictions :  Jack London, le socialiste, et ses folies de grandeur, qui se fait construire une maison de 26 pièces avec neuf cheminées… qui parle de justice et d’égalité mais développe le culte de la volonté, légitimant ainsi la survie du plus fort.
 
A souligner la beauté des jeux de lumière et des projections sur une toile de fond qui nous transporte avec les chercheurs d’or dans les neiges du Konklide, sur l’océan déchaîné où vogue le Snark, sur la chaloupe des pêcheurs de perles, sur laquelle le jeune London s’est fait pilleur d’huîtres - musique de l’opéra de Bizet en leitmotiv - ou dans les dédales des couloirs du pénitencier, retraçant ainsi la vie de l’écrivain, son humanité torturée, et ses oeuvres majeures !
Un très beau spectacle, un coup de coeur !

 14 h 30  La maison du loup  Le chêne Noir festival 2021

Auteur
Benoit Solès
Interprètes / Intervenants
    •    Metteur en scène : Tristan Petitgirard
    •    Interprète(s) : Benoit Solès, Amaury de Crayencour, Anne Plantey
    •    Scénographie : Juliette Azzopardi
    •    Illustrations : Riff Reb's
    •    Animation : Mathias Delfau
    •    Musique : Romain Trouillet
    •    Costumes : Virginie H
    •    Lumières : Denis Schlepp
    •    Assist. m. en sc. : Léa Pheulpin
    •    Assist. scéno. : J.-B. Thibaud

Atelier Théâtre ActuelL-R-20-1927
Coproduction : Morcom Prod, Théâtre Rive Gauche, Fiva Productions, Label Cie. Coréalisation Théâtre du Chêne Noir

 

Les pêcheurs de Perles de Bizet "Je crois entendre encore" Alain Vanzo, l'opéra préféré de Jack London

Voir les billets sur le roman : Le Vagabond des étoiles 

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Miriam ICI

Claudialucia ICI



6 commentaires:

  1. Comme vous me donnez envie de relire Jack London ! Votre article est vraiment un bonheur du jour pour moi ce matin. Merci !

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    1. Merci ! Le vagabond des étoiles est une curiosité au niveau littéraire (un mélange des genres) et ce livre a apporté un immense progrès dans le système carcéral. La force de la littérature !

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  2. Jack London à Avignon, tu ne pouvais pas rater ça ! Tu donnes envie de voir cette pièce, en tout cas.

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    1. En effet, c'est ce que je me suis dit ! Et je ne l'ai pas regretté !

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  3. Un sujet très intéressant pour toi qui connais bien Jack London et une pièce réussie, à te lire. (J'espère que ce commentaire passera, et celui d'hier aussi.)

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    1. Oui, les commentaires sont passés ! Merci ! Oui, je l'ai trouvé réussie et puis le sujet m'intéressait !

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