Le parfum d’Adam de Jean-Christophe Rufin est dans la veine de Globalia, un roman de science-fiction, pourrait-on dire, mais pas vraiment. En effet, s’il nous présente des faits fictifs, ceux-ci sont tellement proches de la réalité et dépeignent si bien notre époque qu’ils n’appartiennent pas vraiment à la science-fiction. C’est ce qui n’est pas encore arrivé mais que nous savons possible!
Jean-Christophe Rufin a choisi de parler du terrorisme mais pas de celui qui concerne l’islamisme. Il s’agit ici d’écologie telle qu’elle se pratique aux Etats-Unis où ce courant de pensée utilise parfois des méthodes violentes, allant jusqu’à s’attaquer aux engins de déforestation, par exemple, et aussi à ceux qui les conduisent. Mais là où nous entrons dans la science-fiction, c’est lorsque l’écrivain imagine un complot international visant à s’attaquer aux populations les plus pauvres car ceux sont eux qui polluent le plus et déforestent. L’écologie, en effet, poussé à l’extrême, peut aboutir à la haine de l’homme.
Juliette jeune fille psychologiquement fragile, est envoyée dans un laboratoire en Pologne pour délivrer les animaux qui servent à des expérimentations. Mais sa mission semble avoir un autre but. On lui demande aussi de ramener une flacon. Que contient-il? C’est ce qu’elle ne sait pas. Et pourquoi revêt-il une telle importance aux yeux des personnes occultes qui la manipulent? Juliette ira-t-elle jusqu’au bout de ce qu’on exige d’elle?
Face à Juliette et au groupe tout puissant qui est derrière elle, le docteur Paul Matisse, américain, un ancien de la CIA, et la brillante Kerry, ex-espionne, vont reprendre du service pour venir en aide à l’Humanité.
L’histoire est bien construite et bien menée et nous entraîne dans de nombreuses aventures dignes d’un roman d’aventures et d’espionnage - voilà pour l’aspect romanesque- mais qui ont pour but une réflexion sur notre monde actuel. JC Rufin ne cache pas que toutes les formes de terrorisme sont ici visées puisque toutes ont en commun la violence, le fanatisme et la destruction de l’autre. Mais il met aussi en avant le fait que les services de sécurité américains prennent très au sérieux la menace de l’écoterrorisme. L’écrivain dénonce les philosophies qui à la suite de Malthus, en poussant le raisonnement à l’extrême, considèrent l’homme comme nuisible. Ces idéologies permettent la justification de la guerre pour éliminer le surplus humain. La famine, la mortalité infantile, les épidémies sont donc vues comme « le mécanisme naturel » qui régule la population. Et comme ces fléaux touchent les populations du Tiers-Monde, on comprend bien que ce sont eux les victimes désignées de cette idéologie. William Aiken va même jusqu’à écrire dans Essay in environnemental Ethics » : « Une mortalité humaine massive serait une bonne chose. Il est de notre devoir de la provoquer. C’est le devoir de notre espèce, vis à vis de notre milieu, d’éliminer 90% de nos effectifs ». Terrifiant, non? C’est d’ailleurs cette assertion qui est à l’origine du roman. Le parfum d’Adam conduit donc à une réflexion sur les rapports entre les pays riches et ceux du Tiers-Monde et sur la responsabilité qui est la nôtre..
J’ai aimé ce roman dont le sujet m’a paru particulièrement d’actualité et passionnant. Au niveau de l’aspect romanesque, on ne lit pas 754 pages d’affilé si l’on n’éprouve pas un vif intérêt pour le livre! Je ferai cependant un reproche au roman, celui d’être parfois une peu trop démonstratif. C’est la thèse défendue qui est mise en valeur au détriment des personnages qui m’ont paru parfois, surtout Paul et Kerry, un peu trop stéréotypés.
Challenge Pavé de l’été de Sur mes brizées : 754 pages dans Folio Gallimard
Jean-Christophe Rufin a choisi de parler du terrorisme mais pas de celui qui concerne l’islamisme. Il s’agit ici d’écologie telle qu’elle se pratique aux Etats-Unis où ce courant de pensée utilise parfois des méthodes violentes, allant jusqu’à s’attaquer aux engins de déforestation, par exemple, et aussi à ceux qui les conduisent. Mais là où nous entrons dans la science-fiction, c’est lorsque l’écrivain imagine un complot international visant à s’attaquer aux populations les plus pauvres car ceux sont eux qui polluent le plus et déforestent. L’écologie, en effet, poussé à l’extrême, peut aboutir à la haine de l’homme.
Juliette jeune fille psychologiquement fragile, est envoyée dans un laboratoire en Pologne pour délivrer les animaux qui servent à des expérimentations. Mais sa mission semble avoir un autre but. On lui demande aussi de ramener une flacon. Que contient-il? C’est ce qu’elle ne sait pas. Et pourquoi revêt-il une telle importance aux yeux des personnes occultes qui la manipulent? Juliette ira-t-elle jusqu’au bout de ce qu’on exige d’elle?
Face à Juliette et au groupe tout puissant qui est derrière elle, le docteur Paul Matisse, américain, un ancien de la CIA, et la brillante Kerry, ex-espionne, vont reprendre du service pour venir en aide à l’Humanité.
L’histoire est bien construite et bien menée et nous entraîne dans de nombreuses aventures dignes d’un roman d’aventures et d’espionnage - voilà pour l’aspect romanesque- mais qui ont pour but une réflexion sur notre monde actuel. JC Rufin ne cache pas que toutes les formes de terrorisme sont ici visées puisque toutes ont en commun la violence, le fanatisme et la destruction de l’autre. Mais il met aussi en avant le fait que les services de sécurité américains prennent très au sérieux la menace de l’écoterrorisme. L’écrivain dénonce les philosophies qui à la suite de Malthus, en poussant le raisonnement à l’extrême, considèrent l’homme comme nuisible. Ces idéologies permettent la justification de la guerre pour éliminer le surplus humain. La famine, la mortalité infantile, les épidémies sont donc vues comme « le mécanisme naturel » qui régule la population. Et comme ces fléaux touchent les populations du Tiers-Monde, on comprend bien que ce sont eux les victimes désignées de cette idéologie. William Aiken va même jusqu’à écrire dans Essay in environnemental Ethics » : « Une mortalité humaine massive serait une bonne chose. Il est de notre devoir de la provoquer. C’est le devoir de notre espèce, vis à vis de notre milieu, d’éliminer 90% de nos effectifs ». Terrifiant, non? C’est d’ailleurs cette assertion qui est à l’origine du roman. Le parfum d’Adam conduit donc à une réflexion sur les rapports entre les pays riches et ceux du Tiers-Monde et sur la responsabilité qui est la nôtre..
J’ai aimé ce roman dont le sujet m’a paru particulièrement d’actualité et passionnant. Au niveau de l’aspect romanesque, on ne lit pas 754 pages d’affilé si l’on n’éprouve pas un vif intérêt pour le livre! Je ferai cependant un reproche au roman, celui d’être parfois une peu trop démonstratif. C’est la thèse défendue qui est mise en valeur au détriment des personnages qui m’ont paru parfois, surtout Paul et Kerry, un peu trop stéréotypés.
Challenge Pavé de l’été de Sur mes brizées : 754 pages dans Folio Gallimard
Tout cela est très intéressant. Quel défi pour notre siècle de préserver des conditions de vie pour l'homme et pour la planète ! Cela implique de lutter contre la pollution et aussi de freiner la surpopulation (sans pourtant "éliminer" volontairement ses semblables - je lisais récemment que les statistiques belges ont montré un recul de la longévité en 2015).
RépondreSupprimer"les services de sécurité américains prennent très au sérieux la menace de l’écoterrorisme" : je crains que ce soit surtout parce que les Etats-Unis sont parmi les plus grands pollueurs de la planète et que leurs décideurs n'aient pas encore pris la mesure du désastre, même si le président Obama cherche à susciter une véritable prise de conscience de la nécessité de changements.
Bien sûr, il faut un juste milieu dans la lutte contre la surpopulation. L'Allemagne souffre de ne pas avoir une natalité plus forte, nous (la France)sommes riches de la nôtre.
SupprimerQuant aux Etats-Unis, ils ont fait un premier pas avec la signature des accords mais qui va succéder à Obama?
Les reproches ne sont pas vraiment un obstacle. je le note, j'aime ces projections dans un monde imaginé mais que nous pourrions connaître, même s'il fait très peur, comme ici. La déclaration de William Aiken est d'une inhumanité totale qui glace le sang.
RépondreSupprimerC'est vrai, c'est glaçant! J e ne pensais pas que le terrorisme écologique pouvait être aussi extrêmiste !
Supprimerencore un pavé!!! les intégristes écolos cela existe! j'en ai même rencontrés. Avec deux classes de 4ème en sortie géologique l'un d'eux est venu chasser mes élèves parce qu'ils jouaient au rugby sur une pelouse où vivent des grenouilles et insectes rares sous prétexte que les ballons risquaient de déranger les animaux.
RépondreSupprimerAh! ces gosses! Si on les laissait faire ils détruiraient la planète avec leur ballon ! Avec les penseurs qui inspirent l'écoterrorisme, on va encore plus loin dans l'action!
SupprimerLes extrêmes, quels qu'ils soient, ne sont jamais souhaitables. Ils glorifient la violence et alimentent la haine. L'écoterrorisme, un terme que je ne connaissais pas. Merci pour cette belle découverte Claudia...
RépondreSupprimerBisous
Je suis bien d'accord avec toi ! les extrêmes ne sont jamais souhaitables même si je reconnais que si l'on ne se fait pas entendre, les politiques ne font rien. Mais que l'écologie mène à la haine de l'homme, c'est épouvantable.
SupprimerJe me suis laissé prendre pas l'aventure et j'avais beaucoup aimé ... effectivement l'action est mise ne avant au détriment des personnages. Un livre qui fait réfléchir malgré tout
RépondreSupprimerOui, c'est tout à fait ça : un livre qui fait réfléchir...
RépondreSupprimerLu il y a un moment mais j'en garde un très bon souvenir. Le thème m'avait vraiment interpellée.
RépondreSupprimerJe me souviens l'avoir lu et avoir aimé (mais les détails de l'histoire ... oubliés :-) ). Je me souviens aussi d'un roman moins poétique que Globalia que j'avais beaucoup aimé ...
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