La peur est une nouvelle de Stefan Zweig dans laquelle l’écrivain analyse les sentiments d’une femme infidèle en butte à un chantage.
Irène Wagner a un amant, un pianiste de milieu modeste. Un jour qu’elle sort de chez lui, elle est abordée par une femme d’apparence vulgaire qui lui reproche de lui avoir pris son amant. Désormais la peur s’empare de la jeune femme. L’inconnue la suit et la fait chanter, lui extorque de l’argent. Un jour, elle va jusqu’à s’introduire chez elle en présence de son mari et ses enfants. La peur devient obsession, vire au cauchemar dans une sorte de crescendo étouffant malgré les tentatives de son mari qui s’aperçoit de son trouble et semble prêt à l’écouter. Elle n’ose plus sortir de chez elle, vit dans l’attente d’une catastrophe, se sent constamment menacée.
"Elle se sentait malade. Elle devait parfois s'asseoir subitement, tant son coeur était pris de palpitations violentes ; le poids de l'inquiétude répandait dans tous ses membres le suc visqueux d'une fatigue presque douloureuse, qui refusait pourtant de céder au sommeil;"
Stefan Zweig analyse les sentiments de cette grande bourgeoise, femme de magistrat, qui toujours eu une vie protégée et facile. N’est-ce pas par ennui et non par passion qu’elle a pris un amant ?
"Blottie paresseusement dans la tranquillité d’une existence bourgeoise et confortable, elle était tout à fait heureuse aux côtés d’un mari fortuné, qui lui était intellectuellement supérieur, et de leurs deux enfants. Mais il est une mollesse de l’atmosphère qui rend plus sensuel que l’orage ou la tempête, une modération du bonheur plus énervante que le malheur. La satiété irrite autant que la faim, et la sécurité, l’absence de danger dans sa vie éveillait chez Irène la curiosité de l’aventure."
Elle prend alors conscience de tout ce qu’elle va perdre si son mari découvre son infidélité : ses enfants, un mari qu’elle aime, une vie aisée… Il se passe peu de choses dans cette nouvelle, tout tient dans l’intensité dramatique que Stefan Zweig a su créer. C’est avec une rare maîtrise qu’il analyse la psychologie de ce personnage féminin dont on l’impression qu’il a le pouvoir de pénétrer la conscience et de la mettre à nue devant nous.
Une lecture prenante, d’une telle force et d’une telle acuité que l’on ne peut s'arrêter dans la lecture jusqu’au dénouement. Pourtant celui-ci ne m'a pas surprise car je m’y attendais un peu mais, à mon avis, ce n'est pas ce qui est important.
J’ai lu cette nouvelle parce que je vais assister à la pièce adaptée à la scène au festival d’Avignon le 16 juillet à La Scala de Provence. Je vous dirai ce que j’en pense en temps voulu. Je dois dire que je suis curieuse de voir comment on peut rendre au théâtre cette urgence de la lecture qui s'empare du lecteur et cette profondeur dans l’analyse.
Un nouvelle que j ne connais pas du tout, mais je sens que ça doit être bien, comme d'habitue avec l'auteur.
RépondreSupprimeril est dans ma liseuse! je vais le lire dès que j'ai fini celui de la Masse Critique. Quelle coïncidence! je reviendrai te dire mon sentiment
RépondreSupprimerje crois que c'est ce qui m'épate le plus chez l'auteur, cette faculté à comprendre et à exprimer la pensée, les émotions des femmes je crois n'avoir jamais lu cette nouvelle il faut que je regarde si elle est dans le volume de la Pochothèque
RépondreSupprimerJe n'ai pas aimé ce côté millimétré, engrenage, tout semble prévu... par l'auteur et j'aime mieux quand il y a un peu de flou.
RépondreSupprimerje l'avais vue au théâtre et j'avais beaucoup aimé, j'espère que ça te plaira!
RépondreSupprimerCela sera très intéressant de comparer le livre et la pièce. J'ai hâte de lire ton billet au retour d'Avignon.
RépondreSupprimerj'ai essayé de t'envoyer mon planning d'Avignon sur ton mail ( claudialucia sur hotmail.fr) il ne veut pas passer, as-tu changé d'adresse ?
RépondreSupprimerje viens de le terminer, j'ai été surprise par le dénouement, je l'ai commencé et je ne l'ai pas lâché. Excellent Zweig!
RépondreSupprimerhttps://netsdevoyages.car.blog/2023/07/14/la-peur-stefan-zweig/
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