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vendredi 22 janvier 2016

Christine Drouard : Solange Sand ou la folie d'aimer



Solange ou la folie d'aimer de Christiane Drouard me tentait car je voulais comprendre quelles avaient été les relations entre George et sa fille Solange, pourquoi cette mésentente entre la mère et la fille?

Bien sûr, un récit qui prend Solange pour sujet, parle obligatoirement de George et même s'il ne nous apprend rien sur l'écrivaine quand on la connaît déjà bien, il est intéressant parce qu'il présente le point de vue de la fille et donne un autre éclairage de la mère!

Solange Dudevant-Sand  porrtrait peint par son mari , le sculpteur Jean-Baptiste Clésinger
Solange Dudevant-Sand  par son mari Jean-Baptiste Clésinger

Et d'abord Solange est-elle bien la fille de son père, le baron Dudevant,  ou du premier amant de sa mère, Ajasson de Grandsagne?  C'est une question que Solange a dû se poser un jour au l'autre. Car ce n'est pas de tout repos d'être la fille (et le fils, d'ailleurs, Maurice n'en sort pas indemne non plus) d'une telle femme!

Pourtant, toute jeune, Solange idolâtre sa mère qu'elle appelle "Mon George" mais celle-ci l'envoie en pension alors qu'elle garde son fils Maurice -qu'elle préfère- près d'elle. Solange souffrira énormément d'être ainsi séparée d'une mère qui s'ennuie et a besoin de distractions, de voyages, d'hommes, quand elle ne travaille pas comme une forcenée pour nourrir sa famille par ses écrits! Quant aux amants qui se succèdent au foyer maternel, il faut d'abord s'habituer à leur présence puis quand on commence à bien les apprécier, ils disparaissent. C'est bien ainsi que Solange le ressent. En particulier, pour Chopin à qui elle s'attache vraiment et réciproquement. Solange restera fidèle à ce dernier qu'elle considère comme un père, prenant même le parti de celui-ci contre sa mère.
Enfin, Solange refuse le mari que lui avait choisi sa mère pour épouser le sculpteur Jean-Baptiste Clésinger, ce qu'après tout, une femme aussi indépendante que George Sand aurait dû amplement comprendre. Mais voilà, Clésinger a certainement été aussi l'amant de la mère dans sa jeunesse... Et puis George Sand ne paraît pas douée pour accorder à sa fille la liberté qu'elle réclame pour elle. Le mariage ne tiendra pas. Séparée de son mari, Solange aura une vie de femme libre, amants, bals, théâtre, ce qui scandalise sa mère qui la traitera de "Don juan femelle". George la soupçonne même de se faire entretenir car elle mène une vie trop aisée, trop brillante. Où prend-elle l'argent? Pour l'écrivaine qui toujours travaillé pour gagner son indépendance sans rien devoir à personne, ce doit être ce qu'il y a de pire... Solange aurait eu aussi des secrets inavouable à sa mère, une fille illégitime qu'elle a toujours cachée. On voit donc que tout oppose ces deux femmes qui pourtant se sont aimées, combattues, haïes, séparées et retrouvées et encore perdues.
Que dire de ce récit racontée à la première personne par Solange et qui s'étaie sur des fragments de lettres, des témoignages?
  Bien sûr, il est agréable de rencontrer au cours de ces pages des personnages célèbres, Jules Sandeau, Liszt, Marie d'Algoult que Solange admire beaucoup, Flaubert, Delacroix, Chopin et de lire des extraits des lettres de Solange ou de sa mère, de revivre certains épisodes de la vie des deux femmes...   Mais le récit me paraît un peu léger d'un point de vue historique, et un peu trop presse du coeur car il effleure superficiellement la psychologie de ces personnage et le contexte de l'époque.  On ne sait jamais vraiment s'il repose sur des vérités établies ou sur des suppositions, sur les on-dits de l'époque. L'auteure aurait dû  trancher plus nettement entre biographie et roman. Son récit se situe un peu entre les deux si bien que les personnages, à la fin, nous paraissent toujours une énigme. Cette lecture m'a donc laissée un peu sur ma faim.



14 commentaires:

  1. C'est toujours un peu l'écueil de ce genre d'ouvrage. Dans ces cas-là, je préfère aussi clairement les biographies.

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  2. Je ferais mieux de lire George elle même J ai tant de lacunes

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    1. George Sand pour le challenge romantique! Il y a longtemps qu'on n'a pas lu pour ce challenge!

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  3. On aimerait bien lire le journal de la vraie Solange, la mal-aimée de sa mère.
    Dans "Histoire de ma vie", George Sand la décrit comme "une nature toute différente de celle de son frère, s'ennuyant de (sa) vie sédentaire autant que Maurice s'y complaisait", "une enfant terrible si drôle" dont elle s'est séparée parce qu'incapable d'être assez sévère avec elle...

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    1. J'ai Histoire de ma vie mais je ne l'ai pas encore lue. George Sand avait certainement plus d'affinités avec son fils qu'avec sa fille.
      La justification de Sand sur la spération me paraît un peu tirée par les cheveux!

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  4. C'est vrai que Solange renvoie une image plus "futile" que sa mère mais il faut exister avec une mère pareille ! Et je ne sais pas si les correspondances "officielles" sont un exact reflet des sentiments dans la mesure où l'on pourrait être tentée d'écrire ce que le parent ou l'enfant a envie d'entendre... Dans ces cas là je préfère aussi les bios ou...les romans ! ;)

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    1. OUi, tu as raison. Le piège c'est de faire parler Solange comme si elle racontait sa propre histoire alors que finalement c'est surtout Sand qui est connue. Souvent on voit Solange par l'intermédiaire des écrits de sa mère? mais est-ce la vérité? C'est seulement la manière de voir de George Sand.

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  5. on ne s'improvise pas facilement biographe et même en prenant la forme du roman je pense qu'il faut d'abord posséder son sujet à fond, la bio romancée de Thomas Hardy que j'ai lu récemment est de ce type alors qu'habituellement c'est un genre que je redoute un peu

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  6. C'est vrai que la biographie est un art difficile. Mais l'auteure de Solange ou la folie d'aimer connaît bien son sujet, il n'y a pas de doute. le problème est plutôt le point de vue et le manque de contexte historique ou très peu.

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  7. Malgré tes bémols, je pourrai me laisser tenter car je ne connais rien de la vie de G.Sand et que les biographies (même romancées) me plaisent beaucoup ... On verra donc s'il me tombe entre les mains, en bibliothèque !

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