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dimanche 24 janvier 2016

Bruxelles : Les musées royaux des Beaux-Arts : Musée des Vieux maîtres

La petite fille à l'oiseau mort (source)
 La fillette à l'oiseau mort au musée des Vieux Maîtres de Bruxelles est un tableau de l'école flamande du XVI siècle. La beauté de la fillette, la clarté de ses yeux gris bleu, le regard intense, le sérieux de ce visage délicat qui a encore les rondeurs de la petite enfance, tout contraste avec le sujet du tableau qui rend compte de l'interrogation de l'être humain face à la mort. La petite fille a-t-elle compris l'aspect définitif de la mort? Retient-elle ses larmes? Ou a-t-elle encore l'incompréhension de la jeunesse face à la mort? La blancheur candide de la robe et de la coiffe se détache sur le fond noir, pour mieux nous dire que toute chair est promue à la corruption, que la beauté doit disparaître un jour, que nous sommes tous éphémères..

 Le mont des Arts

En montant vers le Mont des Arts

Le Mont des Arts, à Bruxelles, est un pôle artistique important qui concentre dans un seul bâtiment, trois musées des Beaux-Art, le musée des Vieux Maîtres, celui consacré à Magritte et le musée Fin de Siècle. Un bémol : il n'y a pas musée d'art contemporain pour l'instant, ce qui est une lacune de taille. 
Si vous y ajoutez, juste en face, dans un autre édifice art nouveau, le musée de la musique, vous comprendrez que c'est un lieu de Bruxelles passionnant.

 Le musée des Vieux Maîtres

Bruxelles Vierge à l'enfant de Quentin Metsys musée des Vieux maître au Mont des Arts
Vierge à l'enfant de Quentin Metsys
 Le musée des Vieux Maîtres expose des peintures du XV au XVIII siècle avec quelques oeuvres du début du XIX siècle, de Metsys, Van Weyden, Jérome Bosch, Brueghel à Rubens, Ruysdael Hals, Rembrandt, Van Dyck , Jordaens et david.
Comme je ne peux tout vous montrer, j'ai choisi quelques uns de mes tableaux préférés parmi les oeuvres du XV au XVI siècle.

Le maître de la légende de Sainte Lucie (dernier quart du XV siècle)

Virgo inter Virginespar le  Maître de la légende de Sainte Lucie bruxelles musées royaux des beaux-arts
Musée des Anciens Maîtres : Maître de la légende de Sainte Lucie Virgo inter Virgines
On ne connaît pas le nom du Maître de la légende de Saint Lucie.  Il existe plus de 25 scènes de la vie de Sainte Lucie qui peuvent lui être attribuées et qui sont disséminées partout dans le monde (Los Angeles, Washington, Mineapolis, Bruges, Pise..) Celui de Bruxelles s'intitule : Virgo inter Virgines : Vierge parmi les vierges. Le maître a certainement dirigé un  important atelier à Bruges dans le dernier quart du XV siècle, comme le prouve l'arrière plan de ces tableaux qui représentent différents stades de construction du beffroi de la ville.
Sainte Lucie a une robe vert clair. Elle est assise derrière la vierge qui est assise, tenant un livre sur ses genoux. Elle expose ses yeux arrachés dans un plat.

Brixelles Musée des Anciens Maîtres : Maître de la légende de Sainte Lucie les yeux arrachés de Sainte Lucie
Les yeux de Sainte Lucie (détail)
Bruxelles : Musée des Anciens Maîtres : Maître de la légende de Sainte Lucie d'étail le visage de Sainte Lucie
Sainte Lucie à gauche (détail)
Chaque jeune fille représente une sainte, certaines avec les attributs de leur martyre. Je ne les reconnais pas toutes et certains symboles m'échappent. Mais au-delà de l'histoire religieuse, j'aime  cette scène qui montre des jeunes filles réunies autour d'un bébé, dans un décor champêtre, devant des massifs de fleurs symboliques. Le détail des coiffures, la beauté de ces visages paisibles et recueillis, la luxuriance des étoffes, l'harmonie des couleurs, font oublier le futur tragique de ces femmes pour ne retenir que ce moment privilégié autour de l'Enfant.

Hans Memling (1435_1494)

Le maître de la légende de Saint Lucie a subi l'influence de Hans Memling. On peut voir dans le tableau suivant de Memling : La vierge et l'enfant,  les ressemblances existant entre ces deux peintres.
Hans Memling est un peintre primitif flamand né à Seligenstadt en Allemagne vers 1435-1440 et mort à Bruges en 1494.

Vierge à l'enfant de Memling

Quentin Metsys (1466-1530)

Quentin Metsys est un peintre flamand de l'école d'Anvers. Il est né en en 1466 à Louvain et est mort à Anvers en 1530. Le musée de Bruxelles présente ce grand et très beau triptyque.
Triptyque de Metsys : détail au centre la famille d'Anne Bruxelles Musée des vieux maîtres.
Triptyque de Quentin Metsys

A gauche, un ange prédit à Joachim la naissance de l'enfant; Au centre la famille de Sainte Anne; A droite, la mort de la Vierge.

Triptyque de Metsys : détail au centre la famille d'Anne Musée des vieux maîtres bruxelles
Triptyque de Metsys : détail au centre la famille d'Anne
Sainte Anne, la Vierge et tous les saints personnages qui l'entourent ont des visages doux, les yeux à demi fermés, comme en extase, dans un pose un peu hiératique. Mais Metsys peut être  aussi un portraitiste de talent et même un caricaturiste quand il représente des personnages incarnant le mal.

Triptyque de Metsys : L'annonciation à Joachim  panneau de gauche Bruxelles
Triptyque de Metsys : L'annonciation à Joachim
Triptyque de Metsys : La mort de la Vierge panneau de droite Bruxelles
Triptyque de Metsys : La mort de la Vierge

Jérome Bosch (1450_1516)

Hiéronimus van Aken, dit Jérôme Bosch,  est un peintre néerlandais, membre de l'Illustre confrérie de Notre-Dame.

Bruxelles Jérome Bosch : triptyque de la Tentation de Saint Antoine Musée des Vieux Maîtres
Jérome Bosch : triptyque de la Tentation de Saint Antoine
Le tableau fait référence à La légende dorée de Jacques de Voragine qui raconte la tentation de Saint Antoine au désert, en Egypte.

Jérome Bosch : la tentation de Saint Antoine (détail) Musées royaux des beaux-arts de Bruxelles Bruxelles
Jérome Bosch : la tentation de Saint Antoine (détail) Bruxelles musée des Vieux maîtres
 Panneau de Gauche: Antoine transporté dans les airs est fouetté par des diables. Après sa chute, il marche sur le pont, courbé, soutenue par des moines. Le pays est peuplé d'êtres monstrueux et d'objets dont le symbole n'est pas toujours évident.

Panneau central : Le vieillard est au centre du tableau; il est entouré de personnages étranges, mi-humains mi-animaux. A côté de lui, tous accourent, pauvres, infirmes, monstres, vers une table ronde où l'on sert à boire. Mais le saint ne les regarde pas puisqu'il est tourné vers nous et désigne de la main la voie suivie par Jésus Christ. A l'arrière plan, les flammes qui détruisent un village  semblent faire allusion à une scène de guerre. L'eau sale, trouble, qui coule au premier plan, au bas du tableau, sort de grands canalisations, gigantesques égouts ou portes menant à l'Enfer?

Panneau de droite :  Des femmes nues qui représentent la tentation de la chair apparaissent à Saint Antoine. Celui-ci ne les  regarde pas mais lit la bible. A nouveau, une table invite à la boisson qui est le symbole de la luxure. 
Dans ce tableau l'imagination de Jérome Bosch semble sans limites. Il  invente des créatures qui semblent tout droit sorties des pires cauchemars.
Jérome Bosch : la tentation de Saint Antoine (détail) Bruxelles musée des Vieux maîtres
Jérome Bosch : la tentation de Saint Antoine (détail)

Pierre Brueghel L'Ancien (1525_1569)

Pieter Brueghel ou Bruegel dit l'Ancien est un peintre brabançon né vers 1525 et mort en 1569 à Bruxelles

 La chute des anges rebelles

Pierre Brueghel l'Ancien : la chute des anges rebelles Musée des Vieux maîtres de bruxelles
Pierre Brueghel l'Ancien : la chute des anges rebelles
Dans La chute des anges rebelles, Pierre Brueghel est grandement influencé par Bosch et son imagination qui peuple ce tableau cauchemardesque est tout aussi délirante. La scène présente un luxe de détails grotesques, de diables monstrueux que combattent les anges.

Pierre Brueghel l'Ancien : la chute des anges rebelles détail  Musée des Vieux maîtres de bruxelles
Pierre Brueghel l'Ancien : la chute des anges rebelles détail
Pierre Brueghel l'Ancien : la chute des anges rebelles détail  Bruxelles
Pierre Brueghel l'Ancien : la chute des anges rebelles détail

 Le dénombrement de Bethléem

Le dénombrement de Bethléem qui représente l'entrée de la Vierge, Joseph, l'âne et le boeuf, est mon tableau préféré dans cette salle consacrée à Pierre Brueghel l'Ancien et à son fils Pierre Brueghel le Jeune.
Pierre Brueghel l'Ancien :  L'entrée à Bethléem Musée des Vieux maîtres de Bruxelles
Pierre Brueghel l'Ancien : Le dénombrement de Bethléem

 Le tableau décrit un passage de l'Evangile selon Saint Luc où Marie, enceinte, et Joseph, vont se faire enregistrer comme le veut la loi romaine.
La scène est biblique et pourtant, replacée dans le contexte de ce village flamand, elle frappe par son réalisme, le nombre de détails qui montrent la vie quotidienne des habitants. Elle offre des renseignements sur le climat, l'habitat, le transport des marchandises, les occupations de ces gens, tout un peuple laborieux, la préparation du repas, les disputes entre adultes, les jeux d'enfants sur le canal gelé. C'est une scène tellement vivante, animée, curieuse, avec un atmosphère particulière due à la neige, à la glace, aux arbres dépouillés. J'adore!

Pierre Brueghel l'Ancien :  L'entrée à Bethléem détail    Musée des Vieux maîtres de bruxelles
Pierre Brueghel l'Ancien : Le dénombrement de Bethléem détail

Bruxelles Pierre Brueghel l'Ancien : Le dénombrement de Bethléem détail
Pierre Brueghel l'Ancien : Le dénombrement de Bethléem détail

Pierre Brueghel l'Ancien :  L'entrée à Bethléem détail    Musée des Vieux maitres de Bruxelles
Pierre Brueghel l'Ancien : Le dénombrement de Bethléem détail

Combat de Carnaval et de Carême

Pierre Brueghel : Combat de carnaval et de Carême

Dans Le combat de Carnaval et de Carême, Pierre Brueghel l'Ancien place au centre de la scène le Carnaval représenté par un homme gras, bedonnant et rubicond, assis sur un tonneau de vin,brandissant une broche et, lui faisant face, Carême, chevalier à la triste figure, long, maigre et blême, assis sur une chaise, transporté sur un chariot et tendant une palette avec deux poissons.

Pierre Brueghel l'Ancien : Au centre le Combat de Carnaval et de Carême (détail)
Pierre Brueghel l'Ancien : Du côté du Carnaval et de Carême (détail) Bruxelles
Pierre Brueghel l'Ancien : Du côté du Carnaval  (détail)

Pierre Brueghel l'Ancien : le combat de carnaval et carême : du côté deCarême (détail)
Pierre Brueghel l'Ancien : Du côté de Carême  (détail)

 Le tableau reprend cette division : A gauche c'est carnaval, on porte des masques, des costumes fantaisistes, on s'énivre, on prépare des gaufres, on ripaille, on joue, on danse sur des airs de musique. Les mendiants et les infirmes y sont légion. A droite, on sort de l'église, vêtus de noir,  on donne l'aumône, on achète du poisson pour faire maigre, on meurt de faim. La misère est représentée par un cadavre squelettique allongé à même le sol, des infirmes ou malades. D'un côté la licence, de l'autre l'austérité; d'un côté la vie païenne, de l'autre la vie religieuse.








9 commentaires:

  1. Que j'aime cette peinture flamande pleine de personnages pittoresques! Metsys c'est une découverte! bon dimanche!

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  2. Moi aussi, j'aime particulièrement la peinture flamande, en particulier de cette époque..

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  3. Tu as dû te régaler dans ce périmètre là ! j'aime particulièrement les tableaux qui représentent des scènes dans le neige ; On y sent une vie intense.

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    1. Oui, d'ailleurs, ces scènes de neige reviennent souvent, forcément, dans les tableaux flamands et pas seulement chez Brueghel et je les aime toutes.

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  4. Tu as dû te régaler dans ce périmètre-là ! J'aime particulièrement les tableaux dans la neige ; on y sent une vie intense.

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  5. Cela me fait plaisir, Claudialucia, de retrouver ici ces chefs-d’œuvre de nos Musées royaux des beaux-arts de Belgique (et que tu aies traduit « oldmasters »). Devant « la petite fille à l’oiseau mort », je pense toujours à la « jeune fille mangeant un oiseau » de Magritte, et inversement, quel contraste !
    A propos du « bémol »… Avant la réorganisation voulue par le directeur actuel, le parcours dans les collections était chronologique, aucun siècle n’y manquait. Vu le succès du musée Magritte, il fut décidé de mettre en valeur les « temps forts » et c’est ainsi qu’est né le musée Fin-de-siècle, une réussite, mais un déploiement désastreux pour les collections d’art moderne : le XXe siècle (à partir de 1915, et pas seulement l’art contemporain) a été renvoyé dans les réserves et depuis plus de cinq ans, ce scandale perdure et les responsables politiques tergiversent à ce sujet. Un site est consacré à cette affaire, qui reprend toutes les étapes, les informations, les réactions et le suivi des projets concernant l’art moderne à Bruxelles : https://museesansmusee.wordpress.com/
    Excuse-moi de commenter cette situation davantage que ton magnifique billet, c’est une cause qui me tient à cœur. Bonne semaine !

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    1. Oui, je comprends que cette cause te tienne à coeur. Cette lacune m'avait frappée pendant mon séjour et nous avions d'ailleurs abordé la question. Qu'une capitale comme Bruxelles n'ait pas de musée du XX au XXI siècle, c'est vraiment incroyable, inacceptable.
      Il faut reconnaître que "Vieux Maîtres" a de la classe! Il faudrait avoir au sujet de l'emploi du français une attitude plus québécoise! (Encore que les plus jeunes se font avoir eux aussi par les américains!)

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    2. D'accord avec toi pour une attitude à la québécoise. A Bruxelles, beaucoup recourent à l'anglais pour simplifier (éviter les deux formulations en français et en néerlandais, bilinguisme obligatoire) et pour attirer les touristes. Paradoxal, les deux communautés étant par ailleurs très attachées à la défense de leur langue (l'une contre l'autre).

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    3. C'est vrai que chez vous,le problème est compliqué dès qu'il s'agit de langue!

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