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lundi 1 avril 2013

Challenge romantique : troisième bilan.



Le troisième bilan du challenge romantique compte deux nouvelles participantes : Eimelle et Lilousoleil..
Le challenge a commencé le 1er Novembre 2011 et devient illimité puisque certain(e)s d'entre vous ont décidé de s'inscrire en cours de route et que les autres sont toujours enthousiastes. Il concerne la littérature, le roman, la poésie, le théâtre, les essais, mémoires, biographies, lettres, pastiches et parodies... mais aussi la peinture, la musique, le cinéma, bref! tous les arts.

L'écrivain le plus lu  est une écrivaine, j'ai nommé George Sand  que certaines lectrices ont découverte ou redécouverte avec nous.



Merci à tous pour ces lectures partagées!


Les Généralités

 

  Les jeunes France ou Bousingots caricature du Figaro

Les Romantiques français : des pistes de lecture (1)


Les Romantiques français : des pistes de lecture (2) 


 Théophile Gautier : Histoire du romantisme (1) La bataille d'Hernani


Théophile Gautier : Histoire du Romantisme (2) : Les Jeunes France ou le petit Cénacle


Le challenge Romantique de Claudialucia

Mercredi Romantique : Jane Austen est-elle une romancière romantique 


Pierre Salomon et Jean Chalon, biographes de Sand

 

Les lieux romantiques

 

La mare au diable

Sur les traces de Chateaubriand : de Saint Malo à Combourg Les mémoires d'Outre-Tombe
 Sur les pas des romans de George Sand : Nohant et le Berry 1

Sur les pas des romans de George Sand : Nohant et le Berry 2 

samedi sandien : La maison de Georges Sand à Nohant d'Anne-Marie Bremm

Sur les traces de George Sand (1) : la Vallée noire et Nohant

 
Sur les traces de George Sand (2) : Le meunier d'Angibault, Angibault et Sarzay
Sur les traces de George Sand (4) : Le péché de Mr Antoine, Crozant, Gargilesse

Sur les traces de George Sand ( 5): Corambé, le parc de Nohant, Histoires de ma vie
Sur les traces de George Sand (7): La mare au diable 

Les Ombres du Valois : Hommage à Gérard de Nerval et au Valois 

William Sheller chante Guernesey.
 

Le château d'Ermenonville : Le parc de Jean-Jacques Rousseau 

 

La peinture romantique

 

Caspar David Friedrich

Exposition Orientalisme à la vieille charité

Caspar Friedrich, Falaises de craie sur l'île de Rugen

Les Romantiques et le soleil : Hugo, Turner, Friedrich, Schubert  Voyage avec Turner 

Alfred de Vigny : Le bain d'une dame romaine

Carl Blechen, peintre allemand

 David D'Angers : sculpteur

 


La musique romantique 

 

Franz Liszt

 

Place à la musique!

La vie de Liszt est un roman  Zsolt Harsanyi Actes sud
Goethe, Nerval, Berlioz, Schubert : Le roi de Thulé (traduction de Nerval)

William Sheller chante Guernesey.
 

Julos Beaucarne. Le lac : pastiche de Lamartine

 La truite de Schubert


 

Les films romantiques

 

Jane Eyre


 Emoi et Moi :  Marianne de ma jeunesse de Julien Duvivier

Mary Shelley / James Whale : le film Frankeinsten

Emily Bronté/  Wiliam Wyler : Le film Les Hauts de Hurlevent

Stendhal /Lucio Fulci : le film Les Cenci (dans Chroniques italiennes)



Jane Eyre : un livre/un film

Jules et Jim et Jean-Luc et Jean-Pierre et Jean-Claude

Les misérables film de Rober Hossein  (Victor Hugo)
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Asphodèle









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Aymeline

Charlotte Bronte : Jane Eyre





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Céline :


Alexandre Dumas : les Borgia

Alexandre Dumas : Le chevalier d'Harmenthal


 Balzac : Les Chouans,

 Mary Shelley :Frankenstein


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Claudialucia

 

 

Caspar Friedrich, Falaises de craie sur l'île de Rugen


Le challenge Romantique de Claudialucia


Le challenge Romantique: Liste des participants


 Mercredi romantique : Les reconnaissez-vous?


Les Romantiques français : des pistes de lecture (1)


Les Romantiques français : des pistes de lecture (2) 


 Théophile Gautier : Histoire du romantisme (1) La bataille d'Hernani


Théophile Gautier : Histoire du Romantisme (2) : Les Jeunes France ou le petit Cénacle


Mercredi Romantique : Jane Austen est-elle une romancière romantique?


Les Romantiques et le soleil : Hugo, Turner, Friedrich, Schubert

Emily Brontë : Les Hauts de Hurlevents


Emily Brontë : Les moors 


Anne Brontë : Agnès Grey


Brontë Charlotte : Jane Eyre


Bürger Gotfried : Lénore (traduction de Nerval)


Robert Burns, My heart’s in the Highlands…

 Camillo Castelo Branco : Amour de perdition


François-René de Chateaubriand : Mémoires d'Outre-tombe extrait 1


Francois-René de Chateaubriand : Mémoires d'Outre-Tombe : extrait 2


Sur les traces de Chateaubriand : de Saint Malo à Combourg Les mémoires d'Outre-Tombe


Victor Hugo : Souvenir de la nuit du 4


Victor Hugo : Exposition  Les arcs-en-ciel du noir


Victor Hugo : Les misérables


 Goethe, Nerval, Berlioz, Schubert : Le roi de Thulé (traduction de Nerval)


 Goethe : Le roi des Aulnes dans ballades et autres poèmes
 
Goethe Wolfgang :  Faust

Gérard de Nerval : Les filles du feu: Sylvie


Gérard de Nerval :  Chanson gothique


Gérard de Nerval : Fantaisie 


Gérard de Nerval et la Grèce : Delfica  


Le monde de George Sand


  George Sand : Consuelo 


George Sand : Indiana 


George Sand : Mauprat


George Sand : Marianne


George Sand : La petite Fadette


George Sand : Metelle et Mattea


George Sand : Pauline


George Sand : La marquise et Lavinia


George Sand : L'orgue des Titans 


George Sand  : Le meunier d'Angibault 


George Sand : Le péché de M. Antoine


George Sand : Cora


George Sand : Teverino


Sur les traces de George Sand (1) : la Vallée noire et Nohant


Sur les traces de George Sand (2) : Le meunier d'Angibault, Angibault et Sarzay


Sur les traces de George Sand (3) : La fée poussière


Sur les traces de George Sand (4) : Le péché de Mr Antoine, Crozant, Gargilesse


Sur les traces de George Sand ( 5): Corambé, le parc de Nohant, Histoires de ma vie


Sur les traces de George Sand (6): La fée aux gros yeux


Sur les traces de George Sand (7): La mare au diable 


George Sand : citation de La mare au diable : l'art est une recherche de la vérité... 

George Sand : Les Légendes rustiques 

De George Sand à Emily Brontë : de Mauprat à Les hauts de Hurlevent par joseph Barry


Marie Shelley, Frankenstein


Stendhal : Chroniques italiennes : Les Cenci (1)


Stendhal : Chroniques italiennes :  Vittoria Accorombia et Vanina Vanini (2)

Renan :  Souvenirs d'enfance et de jeunesse

Alessandro Manzoni : Les Fiancés 

Ann Radcliffe : les msytères d'Udolphe  et le Northanger de Jane Austen 

Ann Radcliffe  




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Invitation au Romantisme : aller voir les autres participants


Invitation au musée de la vie romantique : chez L'Ogresse de Paris et Eiluned


  Invitation au voyage avec Chateaubriand pour guide chez Miriam

Invitation au romantisme : Chateaubriand, ridicule? chez Mélisande

  Invitation au Romantisme un  film, un poème, un chanteur chez Eeguab


Invitation à la musique romantique : Chez Gwenaelle, Eeguab, Miriam, Wens, Claudialucia

Invitation au romantisme : Childe Harold en Italie Lord Byron chez Tilia

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Cleanthe

Walter Scott : Rob Roy

George Sand, Les Dames vertes:

George Sand, Consuelo

George Sand,  la comtesse de Rudolstadt

George Sand : Teverino


Ann Radcliffe, Les Mystères d'Udolphe

Goethe, Les Affinités électives:

Andersen, Contes:

Achim von Arnim, Isabelle d'Egypte

Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe:

Dumas, Amaury:

Dumas, Pauline:

Dumas, Olympe de Clèves:

Dumas, Joseph Balsamo

Dumas, Le collier de la reine

Dumas, Le chevalier de Maison-Rouge

Musset, Histoire d'un merle blanc

Musset, Lorenzaccio

Pouchkine : La dame de Pique

George Sand : Un hiver à Majorque

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Eeguab

 Emoi et Moi :  Marianne de ma jeunesse de Julien Duvivier
Un beau billet vibrant d'émotion sur un film adapté d'un auteur allemand : Peter Von Mendelssohn


Les Ombres du Valois : Hommage à Gérard de Nerval et au Valois 


William Sheller chante Guernesey.

Yeats The stolen child
  
Jules et Jim et Jean-Luc et Jean-Pierre et Jean-Claude

La Bohême de Henri Murger et les adaptations filmiques

Un compagnon de Dumas

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 Eimelle

De Rigoletto au Roi s'amuse de Victor Hugo 

Marie Dorval (1)

 Marie Dorval et Vigny (2)

Marie Dorval (3)

Marie Dorval (4)

Marie Dorval (5)

Marie Dorval et Frédérick Lemaître Trente ans ou la vie d'un joueur 1827 

Alexandre Dumas : Antony /Marie Dorval

Ruy Blas de Victor Hugo (1) Lecture spectacle

Ruy Blas de Victor Hugo La reine et les costumes (2)

George Sand : Indiana

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 Emmyne

Alfred de Vigny : Le bain d'une dame romaine

Carl Blechen, peintre allemand
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Gwenaelle

Place à la musique!
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 Les Livres de George

Samedi Sandien : Simon

Samedi Sandien : Indiana 

Samedi Sandien : les compagnons du Tour de France 

Samedi sandien Journal intime 1834 : Et moi où suis-je pauvre George!

Samedi sandien : Histoire de ma vie 

samedi sandien : Leone Léonie


Samedi sandien : impressions et souvenirs épisodes 1

 samedi sandien : La maison de Georges Sand à Nohant d'Anne-Marie Bremm

Rodolphe Marc Renier : Le dernier visiteur de George Sand

 Sur les pas des romans de George Sand : Nohant et le Berry 1

Sur les pas des romans de George Sand : Nohant et le Berry 2

Flavie de George Sand

Pierre Salomon et Jean Chalon , biographes de Sand

Théophile Gautier : Mademoiselle de Maupin

Théophile Gautier : Mademoiselle de Maup

Madame de Roland : Enfance

Le château d'Ermenonville : Le parc de Jean-Jacques Rousseau 

Anne Bronte : La recluse de Wildfell Hill

Stendhal : Armance

Alfred de Musset: on ne badine pas avec l'amour
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 Lilousoleil



 George Sand : Marianne

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 L'or des chambres

Jane Austen : Orgueil et préjugés



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Maggie



Victor Hugo  : Les Misérables

Cazotte : Le diable amoureux 

Polidori : Le vampire

Voyage avec Turner
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Margotte : Le bruit des pages







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 Mazel











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 Mélisande

Chateaubriand, le comique de service





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Miriam

La vie de Liszt est un roman  Zsolt Harsanyi Actes sud


Le musée de la vie romantique Paris




Avec Chateaubriand pour guide :

Prendre Chateaubriand pour guide

randonnée sur la digue de la duchesse Anne


Combourg et Dol de Bretagne sur les pas de Chateaubriand


 Les remparts de Saint Malo : Chateaubriand


Chateaubriand : Itinéraire de Paris à Jérusalem 2

Chateaubriand : Itinéraire de Paris à Jérusalem 3



Paul Féval La fée des grèves 


Walter Scott : Rob Roy


Théophile Gautier : le roman de la Momie


Théophile Gautier : Exposition à Sceaux


Théophile Gautier  : Emaux et camée, Nostalgies d'Obélisque

Gérard de Nerval : El Desdichado

Gérard de Nerval : Voyage en Orient

Victor Hugo : l'enfant grec

Le Vampire d'après Lord Byron

André Maurois : Lord Byron  Dom Juan  

Byron : les romantiques et le voyage en Orient 

Byron en Grèce (extrait de Childe Harold)

George Sand  : Teverino

 Mazzini Alessandro : Les Fiancés 

Les neiges du Kilimadjaro : Guediguian

David D'Angers, sculpteur
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 Océane






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Ogresse de Paris

Musée de la vie romantique

Exposition Orientalisme à la vieille charité

Lettres à Fanny de Keats




Le château de Monte Christo et le roman de Dumas (1)

Le château de Monte Christo et le roman de Dumas (2)

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 Roz Dans ma bibliothèque

 Alexandre Dumas : l'invitation à la Valse


       





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     Syl

George Sand : Pauline




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Tilia 

Première contribution dans Echos de mon grenier : Requiem Pastoral
Sir Edwin Henry Landseer - 1837 Le vieux berger pleuré par son chien
Peinture romantique

Lord Byron : Childe Harold en Italie

La truite de Schubert

Duels russes : Pouchkine, Lermontov....
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Valérie K.






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Wens

Julos Beaucarne. Le lac : pastiche de Lamartine


Edith- Yann. Les hauts de Hurlevent. Emily Bronte.(BD)


Hugo Victor. Chanson des pirates.


Hugo Victor. Demain, dès l'aube.


Hugo Victor. Le mendiant.

Les misérables film de Rober Hossein  (Victor Hugo)


Lamartine. Homme politique


Lord Byron, citation

Mary Shelley / James Whale : le film Frankeinsten

Emily Bronté/  Wiliam Wyler : Le film Les Hauts de Hurlevent

Stendhal /Lucio Fulci : le film Les Cenci (dans Chroniques italiennes)

dimanche 31 mars 2013

Atiq Rahimi : Syngue Sabour Un livre/Un film





Résultat de l'énigme n°61
Le prix de la Patience a été accordé à : Dasola, Dominique, Eeguab, K'gire, Keisha, Miriam, Pierrot Bâton, Sybilline, Thérèse...  Et merci à tous ceux qui ont participé!

le roman, prix Goncourt 2008 : Syngue Sabour d'Atiq Rahimi
                    
Le film : Syngue Sabour réalisateur Atiq Rahimi co-scénaristes Atiq Rahimi et Jean-Claude Carrière




Syngue Sabour est un roman que j'ai commenté lors de sa sortie après qu'il a été couronné par le prix Goncourt. Aussi j'ai été très curieuse de voir ce que Atiq Rahimi en avait fait puisque c'est lui-même qui adapte son oeuvre au cinéma. Il est à la fois le réalisateur et le co-scénariste du film avec Jean-Claude Carrière. Voilà ce que j'en écrivais à l'époque en 2008.

J'écris pour savoir pourquoi cette rage, pourquoi cette colère. Atiq Rahimi

Syngue Sabour, la Pierre de patience, c'est cette pierre noire si finement ciselée par Atiq Rahimi, l'orfèvre! Et elle est effectivement bien noire, cette pierre de patience à laquelle on peut confier toutes ses peines jusqu'à ce qu'elle explose et vous libère, car il y a peu d'avenir pour les femmes en Afghanistan (ou ailleurs) comme le précise l'auteur. Peu d'espoir de liberté, là où règne l'islamisme radical, le totalitarisme religieux et cela peut être vrai de n'importe quelle religion si elle rime avec intolérance, obscurantisme, mépris de la femme. Femme objet - viande pour reprendre une expression du livre-, objet de troc quand elle est enfant et qu'il s'agit de la donner à des vieillards concupiscents, objet sexuel, elle subit humilations, coups, viols, répudiation, elle est à la merci des hommes. Le livre est d'ailleurs écrit :

"à la mémoire de N.A. -poétesse afghane sauvagement assassinée par son mari-"...

J'ouvre le livre. Une prose très esthétique, -trop sans doute- car  je ne parviens pas tout de suite à entrer dans l'histoire. Trop belle, cette prose? trop recherchée? Je suis un peu déçue d'être trop attentive au style, d'être devant une porte ouverte sans pouvoir totalement y pénétrer. Je poursuis ma lecture, toujours interpellée par ces phrases simples, courtes, propositions indépendantes au présent de narration,  cette syntaxe  parfois désarticulée, groupes nominaux ou adjectifs isolés des substantifs, détachés par la ponctuation. Petites propositions rapides, donc, qui nous amènent à une lecture nerveuse semblable aux mouvements désordonnés de la femme qui gesticule dans la chambre, puis mots cadenassés par les deux points qui les encadrent : arrêt sur l'image, respirations par saccades du blessé. Mouvement/arrêt sur l'image. Alternance.
C'est donc de cette manière que j'entre dans le roman! Et certes, le style est efficace car naît devant mes yeux, dès les premières pages, une gerbe d'images; les couleurs d'abord : le cyan des murs, le rouge de la robe et puis la mise en place des personnages, cet homme allongé sur un grabat et cette femme dévidant son chapelet, une femme sous l'oeil de Dieu, soumise à la religion, recevant l'imam qui vient chaque jour lui rendre visite pour lui faire des reproches sur sa foi. Un huis-clos dans une chambre, un homme  mourant, immobile, une femme en mouvement, tous deux sur une scène de théâtre comme celle de Shakespeare, une représentation du Monde plein de bruits et fureur dont je suis spectatrice.
Un huis-clos avec un hors champ car le monde extérieur, lui, se manifeste par les bruits, pleurs des petites filles dans les autres pièces de la maison, prières du mollah, toux caverneuse de la voisine,  rumeurs de  la vie quotidienne  dans les rues, qui laissent de plus en plus place au tumulte de la guerre, explosions, tirs, cris, gémissements de douleur, interpellations des hommes armés, invocations d'Allah..  Et lorsque ces hommes - qui font la guerre parce qu'ils ne savent pas faire l'amour- pénètreront dans cette pièce  fermée, nous ne serons plus protégés de la violence et l'angoisse s'empare de nous. J'ai dit nous? Nous, bien sûr, non plus spectateurs, mais au coeur de la mêlée.
La prose travaillée d'Atiq Rahimi, savante dans sa simplicité, est toujours là et maintenant, je suis prise par sa musique, une petite musique obstinée, qui n'a rien à voir avec de grands rugissements à la Beethoven- Atiq Rahimi confiait qu'il écoutait tous les jours Le Chant du cygne de Shubert pendant qu'il écrivait son roman-  mais qui est âpre, mordante, violente dans sa retenue, qui surprend par la crudité des mots et de la pensée, qui fait mal, car elle exprime toute la souffrance des femmes humiliées.
Car le coeur du récit, ce n'est pas la guerre des hommes mais la lutte que mène la femme pour se libérer par étapes : en confiant les enfants à sa tante, elle les met à l'abri et n'est plus entravée par l'amour maternel; après le vol du Coran, elle ne se soumet plus à la religion;  en faisant de son mari, une pierre de patience, Syngue Sabour, elle vomit sa condition de femme, soumise au père d'abord, à la belle-mère, au mari ensuite, aux désirs de ses beaux-frères, au viol, à la prostitution, aux violences de la guerre. Elle se libère de toute sa haine, ses humiliations, ses souffrances jusqu'au moment où la pierre explosera et... ce sera pour elle la libération mais quelle libération! La seule issue, semble-t-il, possible pour la femme dans ce pays.
Car peut-on être heureuse en Afghanistan? C'est la question que pose le conte raconté par sa grand-mère et commenté par son beau-père qui, en vieux sage, en tire la leçon suivante :

Pour cela, (être heureuse) il faut  se résigner à un sacrifice, renoncer à trois choses : l'amour de soi, la loi du père et la morale de la mère!".

Et lorsque la femme demande si c'est réalisable : Il faut essayer, répond le vieil homme. Belle figure que celle de ce vieillard qui, s'il approuve le combat pour la libération du pays mené par ses fils, les renie lorsqu'ils ne font la guerre que pour le pouvoir. Et parce que Sage, il est, lui aussi, aussi condamné dans cette société de violence, rejeté par ses fils, maltraité par sa femme.
De plus, et c'est encore un des charmes de Syngue Sabour, cette intervention du conte  à la manière orientale dans un roman occidental. La confession de la femme, à propos du sage Hakim, qui pourrait sortir tout droit du livre Les Mille et une nuits,  prêterait à rire si elle n'était aussi tragique : superbe mélange des genres! On rit de ce qui arrive au mari mais l'on ne peut oublier ce que cela implique pour la condition féminine.
Puis, de temps en temps une inspiration à la Prévert :

La femme expire
L'homme inspire

la femme ferme les yeux
L'homme demeure les yeux égarés

quelqu'un frappe à la porte.

Avec çà et là, de purs moments de poésie :

La femme rouvre doucement les yeux.
Le vent se lève et fait voler les oiseaux migrateurs au-dessus de son corps.


Un très beau livre dans lequel il faut pénétrer lentement et dont la petite musique retentit dans votre tête longtemps après s'être tue.

voir  aussi Syngue Sabour (2): pour une interprétation du dénouement

Le film : Syngue Sabour
 Golshifteh Farahani dans Syngue Sabour

 Synopsis : Au pied des montagnes de Kaboul, un héros de guerre gît dans le coma ; sa jeune femme à son chevet prie pour le ramener à la vie. La guerre fratricide déchire la ville; les combattants sont à leur porte. La femme doit fuir avec ses deux enfants, abandonner son mari et se réfugier à l'autre bout de la ville, dans une maison close tenue par sa tante. De retour auprès de son époux, elle est forcée à l'amour par un jeune combattant. Contre toute attente, elle se révèle, prend conscience de son corps, libère sa parole pour confier à son mari ses souvenirs, ses désirs les plus intimes... Jusqu'à ses secrets inavouables. L'homme gisant devient alors, malgré lui, sa "Syngué Sabour", sa pierre de patience - cette pierre magique que l'on pose devant soi pour lui souffler tous ses secrets, ses malheurs, ses souffrances... Jusqu'à ce qu'elle éclate !

Le synopsis du film pourrait être aussi celui du roman dont il épouse la trame avec précision. Le film reste donc très proche de l'oeuvre écrite jusque dans le cadre, celui de la chambre, des couleurs et des rideaux qui portent des dessins d'oiseaux migrateurs comme dans le livre où ils prennent valeur de symbole et occupent une grande place au dénouement. Mais alors que le roman était le plus souvent un huis-clos enfermant la femme et l'homme blessé, le film, lui, s'aventure à l'extérieur et nous montre une ville en guerre, bombardée, chaotique, dangereuse. Les images sont très belles, la réalisation impeccable mais l'introduction du monde extérieur, le réalisme de la guerre enlèvent un peu la poésie du texte et son côté mystérieux qui sollicite l'imagination du lecteur. Bien souvent en lisant le texte de Atiq Rahimi, le lecteur se sent, en effet, dans un univers  qui offre un autre sens, dans la parabole, la fable ou même parfois le conte oriental. En voulant introduire l'action, le réel, en variant les angles de prises de vue, en focalisant sur la gestuelle dans le but d'introduire un langage cinématographique et peut-être aussi de ne pas lasser le spectateur, Atiq Rahimi perd un peu ce qui faisait la force de son texte écrit, la petite musique intérieure, et cela malgré les qualités évidentes du film.
Ce que j'ai regretté aussi par rapport au roman - et je ne comprends pas le choix des scénaristes- c'est la disparition du grand père qui me semblait essentiel. Il représente la sagesse et ce très beau personnage masculin évitait au récit de tomber dans le manichéisme. En effet, en le supprimant, le réalisateur semble dire que tous les hommes sont mauvais au risque de paraître caricatural.


L'actrice, Golshifteh Farahani, qui incarne la jeune femme est non seulement d'une grande beauté mais est aussi une remarquable interprète. Je lis dans un article du Nouvel Observateur (ICI) qu'elle est iranienne, vit en France et n'a plus le droit de retourner dans son pays.
"En bonne insoumise, elle a adopté la phrase de Brecht : « Celui qui combat peut perdre, mais celui qui ne combat pas a déjà perdu. » Née dans la psalmodie des slogans, cinq ans après l’instauration de la république islamique, Golshifteh Farahani a dû quitter son pays. On l’accuse d’un seul et unique crime : en 2008, malgré l’embargo américain qui interdit toute transaction avec le régime des mollahs, la comédienne persane tourne, grâce à une mesure dite « d’exception culturelle », « Mensonges d’Etat », de Ridley Scott. "

Le rôle qu'elle interprète dans Syngue Sabour a été extrêmement important pour elle :
« Cette femme use de cet homme pour se libérer et j’ai usé du rôle pour me libérer, moi, analyse-t-elle. Gouverné par l’invisible, l’Iran vous apprend à mentir. Sur nos parents (les miens sont artistes, donc dans l’opposition), sur notre consommation d’alcool, sur nos lectures. Nous nous méfions des profs, des flics, de notre propre famille même. Prendre la parole impose de n’irriter personne, ni les gardiens de la révolution, ni les paysans, ni les classes moyennes. » Elle a tourné « Syngué Sabour » au Maroc sans obtenir le droit de se rendre en Afghanistan...
Un beau film, esthétique, mais...


Ecouter la musique de Schubert qui a inspiré l'auteur : Schwanengesang .