L’évocation de l’adolescence, et le flot incessant de sentiments troubles qu’elle engendre, est magistralement dépeinte dans la nouvelle d’Irène Némirovsky « Le Bal ».
Le personnage d’Antoinette incarne avec justesse ce rituel de passage, entre tristesse, rêve, enthousiasme, violence et rébellion. La mère, arriviste et pernicieuse, refuse impitoyablement de voir grandir sa fille tandis que le père, récemment enrichi, entend faire son entrée dans le monde, quitte à en payer le prix par d’incroyables et acrobatiques compromissions.
Le personnage d’Antoinette incarne avec justesse ce rituel de passage, entre tristesse, rêve, enthousiasme, violence et rébellion. La mère, arriviste et pernicieuse, refuse impitoyablement de voir grandir sa fille tandis que le père, récemment enrichi, entend faire son entrée dans le monde, quitte à en payer le prix par d’incroyables et acrobatiques compromissions.
Irène Némirovsky, née le 24 février 1903 à Kiev, morte le 17 août 1942 à
Auschwitz, est une romancière russe d'origine ukrainienne et de langue
française. Elle a obtenu le prix Renaudot à titre posthume en 2004 pour
Suite française.
Dans Le Bal, monsieur et madame Kampf sont des nouveaux riches et veulent briller en société en étalant leur fortune. Ils n’ont pourtant pas l’usage du monde mais pensent que l’étalage de leur richesse suppléera à leur manque d’éducation. C’est pourquoi ils donnent un grand bal et lancent deux cents invitations. Leur fille, Antoinette, qui a quatorze ans, n’a qu’aversion pour sa mère, sotte, mesquine et dure. Cette dernière n’a jamais un geste d’affection pour elle, la gronde, l’humilie en public et, en fait, ne pense qu’à elle-même et à sa position sociale. Et lorsque la jeune fille apprend qu’il lui est interdit de paraître au bal, elle décide de se venger. Sa vengeance sera à la hauteur de son mépris pour ses parents et donne lieu à une tragi-comédie mémorable.
L’adaptation de la nouvelle de Irène Nemirovsky est très fidèle et habile puisque les thèmes principaux sont mis en relief tout en respectant le point de vue de la jeune fille, celui d’une adolescente révoltée, exaltée et rêveuse, manquant encore de maturité mais assez lucide pour porter un regard féroce sur ses parents! La scène se passe dans un appartement luxueux qui donne lieu à des changements de décor ingénieux, d’une pièce à l’autre, exécutés si rapidement et d’une manière si bien réglée par des domestiques stylés que l’on dirait un ballet.
La mise en scène de Virginie Lemoine et de Marie Chevalot met l’accent sur la satire de la bourgeoisie fortunée, son manque de morale puisqu’elle est prête à admettre chez elle des individus peu recommandables pourvu qu’ils soient riches et /ou titrés. Elle souligne aussi, par l’excellent jeu des comédiens, les petitesses, l’étroitesse d’esprit, la médiocrité et le ridicule de ces parvenus. Mais la professeur de musique, représentante d’une classe sociale plus modeste, n’est pas en reste de méchanceté et de jalousie mesquine, les domestiques paraissant finalement les plus sympathiques. Traitée comme une comédie, avec des comédiens qui accentuent la charge, cette vision acerbe de la société fait beaucoup rire. Un très bon spectacle.
Marilu Production /
Coproduction : Les sirènes en pantoufle
Interprète(s) : Lucie Barret, Brigitte Faure, Serge Noël, Françoise Miquelis, Michel Tavernier, Esteban Challis
Adaptatrice : Virginie Lemoine
Mise en scène : Virginie Lemoine, Marie Chevalot
Décors : Grégoire Lemoine
Costumes : Christine Chauvey
Musique : Jean-Samuel Racine
Lumières : Roberto Catenacci
SNES : MARILU Production
Succès : Festival d'Avignon 2014
PS : Le Bal sera à Paris au début de l'année 2017.