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Gianina Carbunariu, l’auteure de Tigern est roumaine. C’est un fait divers, un tigre échappé d’un zoo dans une petite ville de Roumanie, qui lui a inspiré cette pièce. A travers cet animal en liberté dans la ville, Gianina Carbunariu pose le problème de la peur de l’autre, de la haine de l’étranger dans son pays. Mais ceci est vrai dans toute l’Europe où la montée de l’extrême-droite et le développement des discours populistes attisent les haines raciales. Sofia Jupither qui a assuré la mise en scène est suédoise et elle a reconnu dans la pièce la Suède et les Suédois confrontés à des phénomènes similaires.
« Le détour par l’animal, explique Sofia Jupither permet de parler des humains. C’est un procédé typique de la fable »
La pièce est conçue comme un documentaire avec un décor neutre, un grand mur contre lequel sont alignées des chaises, une table avec un micro, studio de radio ou de télévision, ou micro-trottoir dans une rue. Les témoins racontent ce qu’ils ont vécu car, après la mort de l’animal, les médias se sont emparés de l’histoire. Ce sont des marginaux comme ce couple de SDF qui exploite la tigresse, des personnes modestes comme ce vieillard solitaire qui lui viendra en aide. Mais il y a aussi ce riche bourgeois qui fait acte de violence envers elle et tant d’autres, du touriste qui la photographie à l’infirmier qui la soigne jusqu’aux animaux du zoo qui lui reprocheront de payer les conséquences de son choix, la liberté.
Sofia Jupither a choisi de faire jouer ses comédiens d’une manière distanciée, sans émotion, et d'utiliser une arme redoutable, l'humour. Car la situation est absurde si l’on imagine tous ces gens parlant à une tigresse mais ce qui est dit est d’une violence extrême si l’on a conscience que les mots s’adressent à un être humain. La pièce explore les réactions de peur face à l’altérité, la haine de l’autre, le mépris du riche envers le pauvre, le rejet, la violence qui va jusqu’à la mise à mort. Une violence qui culmine sur les cris de ceux qui regrettent jusqu’à la dictature et réclament un nouveau Ceausescu!
Les comédiens sont excellents. J’ai aimé, entre autres, le trio du corbeau, du moineau et du pigeon. Le spectateur rit beaucoup tout en étant pénétré par la signification de la fable! La pièce est un appel à la réflexion, à la compréhension de l’autre. C’est une sonnette d’alarme qui nous dit qu’il ne faut pas céder à la haine sous peine de sombrer dans le chaos.
Olivier Py a voulu que le théâtre soit une arme cette année et il l’est : Les Damnés, Tristesses dont je n’ai pas encore parlé ici et maintenant Tigern sont des questionnements forts sur ce que nous sommes en train de vivre en Europe!
Pensé à toi hier soir en écoutant le Masque et la Plume. Ils parlaient du off et ils se sont étripés à propos de plusieurs pièces (pas vues chez toi je crois).
RépondreSupprimerJ'aimerais bien savoir de quelles pièces il s'agit. Je n'ai pas encore parlé de toutes! Mais ce ne serait pas étonnant que je ne les ai pas vues, il y en a eu plus de 1400!
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