Pierre, le personnage principal du livre de Anne Percin, Bonheur fantôme écrit sur un peintre animalier du XIXème siècle : Rosa Bonheur. Celle-ci s'habillait en homme et voilà ce que nous apprend l'écrivain à ce sujet.
...pour s'habiller en homme il fallait un laisser passer… Cela s'appelait une autorisation de travestissement, et c'est la préfecture de police qui la délivrait. Il fallait un motif pour cette dérogation. Le plus fréquemment invoqué, qui figure sur le document de Roa, c'est Raisons de santé. Sur le coup, j'ai trouvé ça marrant. Ca ne l'est pas tant que ça, à une époque où l'on faisait crever les femmes dans des corsets qui leur enfonçaient les côtes, déplaçaient les organes, provoquaient des avortements spontanés, des syncopes, des hémorragies internes. Nathalie Micas, la compagne de Rosa Bonheur, avait bénéficié de la même dérogation, sans laquelle la femme travestie était mise à l'amende, voire emprisonnée si elle avait le ridicule de récidiver. George Sand la sollicita aussi, ce qui laisse à penser que, si la chose nous semble aberrante, elle devait être plus répandue qu'on ne le croit. Evidemment, cela n'ôte rien au courage des unes et des autres.
(…) Tout vêtement est un travestissement. A défaut d'avoir le droit d'aller nu, on doit avoir au moins celui d'être libre de ses mouvements. (...)
Elles n'ont pas cherché l'exotisme, mais l'effacement. Pas la singularité, mais la discrétion. Comme le dit justement George Sand, pour n'être pas remarquée en homme, il faut déjà avoir l'habitude de ne pas se faire remarquer en femme.
Caricature de George Sand par Alcide Lorentz (voir source )
(la caricature : le dommage collatéral dont parle Anne Percin.)
La citation initié par Chiffonnette
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