Maurice ou le cabanon du pêcheur est un roman que Marie Shelley a écrit pour Laurette, petite fille de ses amis, alors âgée de 10 ans, lorsque Mary séjournait à Pise en 1820. Le manuscrit, deux petits cahiers, fut retrouvé dans une malle par Cristina Daci, une descendante de Laurette, et authentifié par Claire Tomalin, auteur de la postface de ce livre publié chez Gallimard en 2001.
Maurice ou le cabanon du pêcheur est l'histoire d'un petit garçon, Henry, enlevé à ses parents par une femme en mal d'enfant. Chez sa nouvelle "mère", Henry qui se prénomme désormais Maurice, est maltraité par le mari de celle-ci et préfère s'enfuir. Il cherche à gagner sa vie en travaillant dans une ferme mais il est trop frêle pour accomplir certains travaux et il se retrouve à la rue. Il est heureusement recueilli par le vieux Barnett, dont la femme vient de mourir. Maurice accomplit de menus travaux et mène une vie heureuse dans cette cabane située sous une falaise, face à l'océan dont les vagues, au temps des grandes marées, viennent lécher le seuil. Le père d'Henry qui n'a jamais cessé de chercher son petit garçon va retrouver la femme qui le lui a volé, ce qui l'amènera jusqu'à Maurice en qui il reconnaîtra son fils.
Le thème de l'enfance malheureuse, orpheline, abandonnée, volée, est fréquent au XIXème siècle pour ne pas dire banal. Le récit de Mary Shelley est court, écrit dans une langue simple car il s'adresse à une petite fille. Il ne peut être considéré comme une oeuvre majeure mais sa structure est complexe puisqu'il est découpé en trois parties qui présentent chacune le point de vue d'un personnage différent, chacun apportant des renseignements complémentaires sur les personnages et sur le récit, un peu comme les pièces manquantes d'un puzzle. La première partie donne la parole à un jeune homme, voisin des Barnett, qui s'adresse à un voyageur étranger. Dans la seconde partie, Maurice donne l'hospitalité au voyageur et lui raconte sa vie, du moins ce qu'il en connaît. Enfin, dans la troisième, l'étranger qui n'est autre que le père d'Henry explique à Maurice ce que lui a confié la femme qui a volé son enfant. Tous deux comprennent que Maurice et Henry ne font qu'un!
La postface de Claire Tomalin est aussi longue que le roman. L'auteur nous conte l'histoire du manuscrit retrouvé comme une belle aventure littéraire, elle nous livre le résultat de ses recherches sur Laurette et sa famille. De plus, elle présente une rapide biographie de Mary Shelley qui donne un éclairage intéressant à Maurice ou le cabanon du pêcheur. Le thème de l'enfant perdu apparaît, en effet, sous un autre jour si l'on sait qu'elle a perdu trois de ses quatre enfants, décédés tous trois pendant qu'elle était en Italie. Son mari, le poète Percy Shelley, lui, s'est vu retirer la garde des siens après le suicide de sa première épouse, Harriett. Mary souffrait d'une profonde dépression et le choix du sujet qui paraît un peu conventionnel au niveau littéraire en devient poignant.
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