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dimanche 5 octobre 2014

Budapest : Le parlement et le musée des Beaux-Arts (Szépművészeti Múzeum)

Le parlement de Budapest : l'or des plafonds

Il faut visiter le Parlement, bien sûr, c'est la visite "obligée" mais que c'est déplaisant! Impossible de visiter librement! Il faut donc choisir son groupe selon la langue et faire partie du troupeau qui visite au pas de course le bâtiment, sans avoir le temps de souffler, poussé par le groupe suivant, avec une guide qui débite son texte en français à cent à l'heure .. mais de toutes façons si vous n'êtes pas à trois pas d'elle vous n'entendez pas. Je n'ai même pas eu le temps d'avoir une pensée émue pour Balint Abady, le héros de Miklos Banffy de La chronique transylvaine, qui a siégé dans ce parlement, à la chambre des députés, tandis que se faisait l'Histoire de son pays de 1904 à 1910!  C'est somptueux, beaucoup de dorures, de marbre, de vitraux...  Et le Saint de saints, la couronne de Saint Etienne.

Le parlement de Budapest

La chambre des députés

Le parlement de Budapest : les vitraux

Le parlement de Budapest : statuaire

Le parlement de Budapest : les couloirs

Le parlement de Budapest : l'escalier monumental


 Le musée des Beaux-Arts

Szépművészeti Múzeum de Budapest

J'ai été un peu déçue par ma visite au Musée des Beaux-Arts où j'espérais compléter ma connaissance des peintres hongrois. Mais rien du tout, le vide absolu où alors j'ai raté les salles correspondantes!  En face au musée d'art moderne, non plus, rien que des expositions temporaires!
Nous n'avons visité que le premier étage de peintures. Nous avons vu quelques beaux tableaux français - je ne cite que mes préférés-  (Monet,   Gauguin..), des italiens (beaucoup aimé le Giorgione, Raphaël ainsi que les primitifs), espagnols, allemands  (Durer, Granach), les flamands, Breughel l'ancien...  Hélas quand on a atteint la salle de l'âge d'or hollandais (que j'aime particulièrement!) elle était fermée. J'ai de beaucoup préféré la Galerie nationale du château royal même si le musée des Beaux-Arts présente quelques oeuvres de qualité!

Un Paul Gauguin original : paysage sous la neige
Monet : Trois bateaux

Giorgione : Jeune homme

Pierre Breughel l'ancien : La prédication de Saint Jean Baptiste

Granach : Samolé

Dürer : Jeune homme


samedi 4 octobre 2014

Budapest : La galerie nationale hongroise

Berény Robert : Femme jouant du violoncelle (1928)

Quelques images pour vous faire  partager mes coups de foudre dans la Galerie nationale hongroise installée dans le Château royal de Buda.


les salles du gothique tardif

Les salles consacrées au gothique tardif au premier étage offrent une collection de retables dont la statuaire est d'une finesse incroyable.
J'aime aussi beaucoup cette peinture qui représente La Visitation dont les personnages de Marie et d'Elizabeth sont d'une finesse et d'une grâce émouvantes et d'où émane une grande douceur: 



J'ai choisi ensuite de visiter au deuxième étage la peinture avant 1945 à la recherche peintres hongrois.


Szinyei Merse Pal  : Pique-nique en Mai (1873)

Un pique-nique très influencé par le déjeuner sur l'herbe de Manet et qui provoqua le scandale à Budapest parce que l'on y voit des femmes assises dans l'herbe avec des messieurs même si, contrairement à celles de Manet, elles sont habillées!

 Csok Istvan : Les orphelins ((1891)

Rippl-Ronai Jozsef : Femme à la cage (1892)

Ferenczy Karoly : 1906

Ferenczy Karoly

Korosfoi Kriesh Aladar : La Toussaint (1914)

Tihanyi Lajos : vue d'une rue de Nagybania (1908)

Ziffer Sandor :  paysage (1910)
Szonyi Istvan :  Funérailles à Zebegény (1928)
Szonyi Istvan : les parapluies

vendredi 3 octobre 2014

Budapest : Sur l'autre rive, côté Buda du jour à la nuit



Vue sur la ville de Pest du château royal : du jour...

Vue sur le Danube : à la nuit


Aujourd'hui visite de Buda et de son château royal : montée par le funiculaire, arrivée au moment du changement de la garde devant le palais du président. De là haut, une vue splendide sur la ville de Pest, on ne s'en lasse pas car elle change à toute heure de la journée selon les éclairages. Evidemment on retombe toujours sur les incontournables, le parlement, le pont des Chaînes, la basilique Saint Etienne et le beau Danube qui n'a été bleu que le soir sous les illuminations. Un spectacle féérique!
Le château royal abrite un très beau musée : la galerie nationale hongroise et nous avons vu l'église Saint Mathias, église médiévale où avaient lieu les couronnements et le bastion des Pêcheurs, bâti au début du XXème siècle en hommage aux pêcheurs chargés de défendre la ville au Moyen-âge, puis les petites ruelles sur la colline de Buda avec leurs maisons baroques bâties sur des vestiges médiévaux.

Le Pont des Chaînes vue de Buda


Vue de Buda sur le pont Elizabeth
L'église Saint Mathias, église des couronnements


Le Bastion des Pêcheurs

      
l'église Saint Mathias : détail des tuiles vernissées                        

Sur la colline de Buda : l'église Saint Mathias et le Bastion des Pêcheurs

Sur la colline de Buda, le Château royal

Le Parlement illuminé

Le Pont des Chaînes


Demain : quelques peintres hongrois de la Galerie nationale que j'ai particulièrement aimés

jeudi 2 octobre 2014

Budapest : Promenade au bord du Danube : Vues du Parlement

Le parlement de Budapest à Pest

Le parlement à Pest (détail)
Le parlement à Pest (détail)              


Buda , face au parlement : l'église Saint Mathias et le Bastion des pêcheurs
Le Château royal et la Galerie nationale

Le Pont des chaînes et le château royal

Le mémorial aux juifs fusillés et jetés dans le fleuve : Chaussures au bord du Danube

La statue de la Liberté sur le Mont Geller au-dessus du Pont Elizabeth

mercredi 1 octobre 2014

Agota Kristof : Hier et C'est égal




Agota Kristof, écrivain d'origine hongroise, née le 30 octobre 1935 à Csikvánd et morte le 27 juillet 2011 à Neuchâtel en Suisse où elle a émigré en 1956.  Poète, romancière et dramaturge, elle écrit la plus grande partie de son œuvre en français.



Si j'ai à définir par quelques mots les livres de Agota Kristof :  C'est égal et Hier, écrits en langue française, je dirai : cruauté et légèreté. Cruauté car je n'ai rien lu de plus triste, de plus définitif, légèreté car le style a l'air de ne pas y toucher, à la fois poétique, simple, presque élémentaire, un style qui semble effleurer seulement et pourtant fait très mal. Au départ, on est un peu surpris par cette économie de moyens jusqu'au moment où l'on sent la fêlure… qui ne cesse de s'agrandir.

Hier (1995)


  Sandor Lester, ouvrier, travaille dans une usine d'horlogerie, après avoir fui son pays. Le récit s'appuie sur la réalité triste et sans espoir de celui qui loin de ses racines travaille entre les murs gris d'une usine et qui traîne sa vie, irrémédiablement blessé par son enfance, aspirant à la mort ou tout au moins au repos.
Se dépêcher, enfiler la blouse grise, pointer en se bousculant devant l'horloge, courir vers la machine, percer le trou le plus vite possible, percer, percer, toujours le même trou dans la même pièce, dix mille fois par jour si possible, c'est de la vitesse que dépendent notre salaire, notre vie?
Agota Kristof parle de ce qu'elle connait bien puisque cela a été son sort lorsqu'elle est arrivée en Suisse. Elle parle de la misère, de l'injustice sociale, de la souffrance des déracinés, du découragement, du suicide…
Mais pour bien comprendre ce petit livre qui a une grande puissance sous une forme concentrée et sous une apparente simplicité, il faut rendre compte de l'autre aspect, poétique, onirique, absurde, symbolique, celle du tigre qui vient tirer Sandor Lester du néant, de la musique qui tue les oiseaux, du vent qui, seul, peut chasser la peur, de l'oiseau noir aux ailes blessés qui a appris à aimer sa propre mort. Et puis de Line, la femme idéale, celle qu'il attend depuis toujours, celle pour qui il deviendra un grand écrivain, lui qui toujours écrit, écrit sans cesse… Mais rien ne pourra jamais effacer les blessures du passé et de l'exil.

C'est égal (2005)


C'est égal est un recueil de nouvelles publié en 2005, à une époque ou Agota Kristof, malade, n'écrivait plus. Elle y a réuni des textes écrits depuis 1956, date de son exil en Suisse qui sont parmi les plus intimes qu'elle ait écrit sur elle-même. Pourquoi ce titre? Elle l'explique dans une interview accordée au Nouvel Observateur :  
Titre du livre ou titre de sa vie? «J'aime bien cette formule. Ça veut dire : je m'en fous. Je suis née pessimiste. Même enfant, je ne comprenais pas pourquoi les gens rigolaient. Je critiquais mes parents quand je les voyais rire.»
Dans ces écrits, il y est question de la solitude, de la mort, et d'un sentiment récurrent, la souffrance lié au déracinement, à l'éloignement.
 La maison est une des nouvelles les plus représentatives de ce sentiment.
"Quitter une maison pour une autre, c'est aussi  triste que si l'on avait tué quelqu'un."
Il y est question d'un vieil homme qui  retourne dans la maison de son enfance après l'avoir quittée à l'âge de quinze ans :
Mais en retournant vers son passé, il y rencontre le petit garçon qu'il a été et qui regarde l'avenir avec espoir :
L'avenir? dit l'homme. L'avenir, j'en viens. Il n'y a que des champs morts et boueux.
Mais l'homme honteux du chagrin qu'il inflige au petit garçon ajoute :
-Tu sais, c'est peut-être seulement parce que moi, je suis parti.
-Ah! bon, dit l'enfant rassuré. Moi, je ne partirai jamais.

Dans Les rues, le jeune homme musicien compose un hymne à sa ville qu'il a dû quitter :
le crescendo de la solitude au souvenir de ces rues abandonnées, trahies.
La révolte d'un corps qui ne peut se reposer ailleurs, la révolte des pieds qui ne peuvent marcher ailleurs, le refus des yeux qui ne veulent  voir rien d'autre.

Mon père est une des nouvelles peut-être les plus poignantes : une petite fille va à l'enterrement de son père :
Nulle part mon père ne s'est promené avec moi la main dans la main.
Un sentiment de nostalgie profonde imprègne tous ces textes, comme une meurtrissure qui ne guérira jamais. C'est ce qu'exprime l'écrivaine interrogée sur son exil en Suisse : 

«Je ne fuyais pas volontiers. Si j'avais su que je resterais toujours, je ne serais pas partie. Oui, je regrette ce choix.» La phrase tombe, comme une feuille de papier dans la corbeille de la vie. «Atroce», dit-elle encore. Mais la liberté d'expression? «Je n'étais pas mieux ici.»
Et de commenter son arrivée à Neuchâtel, où son mari put obtenir une bourse de l'université et où elle réside toujours aujourd'hui : «Au début, on avait un tout petit appartement dans un village, et je travaillais dans une fabrique d'horlogerie. C'était pire qu'en Hongrie. Je n'avais même pas le temps d'écrire. Quelques poèmes, le soir, après les enfants et le ménage.» La Suisse, son pays de douleur.

Anecdote lue dans la presse : Quant à la liberté d'expression, une enseignante,  a été arrêtée en pleine classe pour avoir fait lire Le cahier à ses élèves, un des volumes de la trilogie Les jumeaux qui a valu à Agota Kristof sa notoriété mondiale.


Et quand vous lirez ces lignes, je serai en route vers à Budapest. Au revoir!