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lundi 7 octobre 2013

Isabelle Sorente : 180 Jours Rentrée Littéraire




Alors comme ça, Enders, vous vous posez des questions. C'est mon métier, ai-je dit à Legai. Il m'a jeté un coup d'oeil ironique. Il paraît que les gens qui se posent trop de questions sont moins heureux que les autres… Et vous croyez qu'on est heureux en faisant semblant de ne pas s'en poser? J'ai jamais dit que j'avais la recette, a soupiré Legai.


Je ne sais si 180 jours d'Isabelle Sorrente aura un grand poids dans la rentrée littéraire 2013 car le sujet est loin d'être souriant et risque d'en rebuter plus d'un! Mais ce que je sais c'est que ce livre est un coup de poing, qu'il a une puissance d'écriture qui m'a interpellée et qu'il pose des questions fondamentales sur l'humain et sur la vie en général.

Le thème

180 jours, c'est le temps qui sépare la naissance d'un porc de sa mort dans l'abattoir. Martin Enders, professeur de philosophie, a tout pour être heureux dans la vie, sa réussite à l'université, son amour pour sa femme Elsa, journaliste, son admiration pour son mentor, collègue et supérieur hiérarchique, le brillant Dionys Marco. Pourtant le jour où la fille de Dionys, Tico, vient, avec la dureté et l'intransigeance de la jeunesse, dire son indignation devant les gens indifférents aux souffrances des animaux, elle va déclencher un séisme dans sa vie. Peu de temps après Marco envoie Martin faire une enquête dans une porcherie industrielle afin de préparer un séminaire philosophique sur l'animal.

Un roman beau et bouleversant

Voilà pour le thème! NON, le livre de Isabelle Sorente n'est pas un documentaire (même s'il est très documenté), non ce n'est pas une démonstration partisane (même s'il vous bouleverse), ni un essai pour vous culpabiliser (même si vous ne vous sentez pas bien). Il s'agit d'un Roman écrit d'une plume vigoureuse et sans concession, qui vous tient en haleine, avec des personnages auxquels on s'attache et dont la psychologie complexe, sans manichéisme, évite au roman schématisme, mièvrerie et bons sentiments. Et si 180 jours parle de la souffrance animale, s'il explore la frontière fragile et poreuse qui sépare l'humain et l'animal, c'est aussi un livre sur les rapports entre les hommes, la souffrance d'être différent des autres, les affres de l'adolescence, l'amitié, la solidarité, l'amour et, bien sûr, face à la mort omniprésente dans le récit, une réflexion sur la vie.

Les personnages

Il n'est pas étonnant qu'Isabelle Sorrente ait choisi pour personnage principal et narrateur un professeur de philosophie Martin Enders. Quelqu'un dont c'est le métier de poser des questions :

Je m'intéresse à l'automatisation des actions humaines, explique-t-il à Jean Legay, le PDG de l'entreprise industrielle. Celles qui autrefois reliaient les hommes à la nature n'échappent pas à la règle, alors je voudrais savoir si les rapports avec les animaux sont encore possibles ou s'ils sont voués à devenir  entièrement mécaniques.


Un rapport humain avec les animaux : Filomena, ses petits et son maître photogaphiés  par Yan Arthus Bertrand
C'est en rencontrant Camélia, le porcher,  qui a su rester humain malgré son travail,  avec lequel il se lie d'amitié malgré la différence sociale, que Martin effectuera cette descente aux Enfers. Accession à une connaissance qui va bouleverser sa vie. Il  subira ce que les employés de la porcherie appellent le Jet-lag quand ils sortent de leur lieu de travail, semblable au décalage horaire vécu lors d'un voyage en avion, le décalage entre l'extérieur et l'intérieur des bâtiments, l'impression de devoir réajuster deux réalités qui n'ont rien de commun et trop souvent le sentiment de ne pas y parvenir.


La porcherie industrielle, un miroir de notre monde

Un élevage industriel

L'élevage industriel est une entreprise d'anéantissement à une telle échelle- quinze mille têtes- qu'il est difficile sinon impossible d'en sortir indemne lorsqu'on en est le témoin ou quand on y travaille. Les méthodes qui y sont utilisées ont pour but l'extermination. Elles sont semblables à celles utilisées dans les camps de concentration même si elles s'appliquent à des animaux. L'homme pour parvenir à faire naître, vivre et mourir des animaux en une telle quantité se posent les mêmes questions que les nazis de la solution finale. Quand l'homme en arrive pour se nourrir à une telle déshumanisation, quand l'animal n'est plus qu'une "viande sur pattes", qu'il est entièrement "désanimalisé" (si je peux risquer ce néologisme), et qu'il souffre physiquement aussi bien que psychiquement, alors l'homme et la bête finissent beaucoup par se ressembler. Enfermées dans l'obscurité totale, dans un espace réduit, dans des conditions épouvantables, le porc a peur, tremble, gémit comme un enfant malade, pleure, hurle, refuse sa condition porcine, devient fou. Il faut des calmants pour le faire taire, son coeur peut s'arrêter de battre à tout instant. C'est avec un immense talent qu'Isabelle Sorente nous fait sentir cela. Elle amène son lecteur à glisser, par une gigantesque métaphore, de la porcherie à la "cage" où nous vivons tous, de l'Outil qui est la machine à débiter la vie des cochons, à la condition humaine, de l'abattoir à notre mort.  La porcherie n'est qu'un miroir, le reflet de nous-mêmes. En nous parlant des porcs, c'est de nous qu'Isabelle Sorente nous entretient.

 Le nombre des panneaux Exit, où un type illuminé par une lumière verte court vers une cage d'escalier témoigne d'une foi aveugle en l'issue de secours. Mais dans la cage d'escalier qu'entend-on, si ce n'est le bruit régulier d'un moteur? Le bruit lointain de la chaîne d'abattage au bout de la route?

C'est pourtant sur la vie que se termine le roman avec l'enfant que porte Elsa et que Martin, malgré sa lucidité exempte d'illusions, malgré sa peur, a fini par accepter.

Bientôt tu porteras mon nom, je te parlerai comme on parle aux enfants. Comme s'il n'y avait pas de second stade au miroir. Comme si je n'étais pas un animal qui meurt. Est-ce parce que j'ai commencé à t'imaginer? J'aime écouter les rires qui éclatent sans raison, je me dis que toi aussi, tu courras après le pigeons, peut-être que tes cheveux seront roux, comme ceux de ta mère. Je ne passe nulle part sans observer les enfants. Il arrive que les plus jeunes se mettent à crier, sans raison apparente, dans une salle bien éclairée. Ils savent ce que cache le décor aseptisé, à quel prix se maintient la température de confort. Le hurlement étouffé par les mouvement automatiques. Même si personne ne l'entend, si personne ne le voit. L'Outil respire partout.

Une magnifique écriture

L'écriture d'Isabelle Sorente a parfois une telle puissance d'évocation qu'elle vous laisse pantois.  J'ai été fascinée par certains passages qui sont des temps si forts dans le récit qu'après les avoir lus, on a besoin d'une respiration. 

Garde-à vous
Camélia a ajusté sa casquette, la visière à l'envers et il a crié : GARDE A VOUS! ET les deux cent soixante-quatre mâles se sont figés sur place. Ceux qui criaient se sont tus. Ceux qui étaient couchés se sont redressés, les combattants se sont séparés. Garde à vous! a crié Camélia. Le visage fripé, les oreilles tremblantes, ils clignaient des yeux comme des pauvres gars réveillés en sursaut. Camélia a fait quelques pas dans l'allée centrale, il a tourné sa casquette comme un béret grotesque, il a froncé ses sourcils en accent circonflexe : REPOS! Une onde de soulagement a traversé le troupeau, les deux cent soixante-quatre gars ont frémi, libérés d'un sortilège, les porcs ont recommencé dans leurs cases. Tout d'un coup j'avais froid, je me retenais pour ne pas claquer des dents, je tremblais comme un idiot qui a vu une apparition. Pourtant il faisait chaud dans le bâtiment D (Sevrage), le système de climatisation maintenait la température à vingt-cinq degrés. Tout va bien, Martin? a dit Camélia. Il avait repris son air désinvolte. Pourquoi tu as fait ça? Comment c'est possible? Ils comprennent tes ordres. Bien sûr que non, a dit Camélia, t'affole pas comme ça. C'est un phénomène que j'ai constaté, depuis le temps que je travaille à la porcherie, personne n'en parle jamais, toujours est-il que le porc se met au garde-à-vous devant l'homme.

L'infanticide
Laurence était arrivée en Maternité vers huit heures du matin, elle avait tout de suite compris qu'il se passait quelque chose d'anormal. Au lieu d'être tranquillement couchées dans leurs cages, les truies faisaient un raffut de tous les diables, elles donnaient des coups de tête dans leurs auges, roulaient des yeux affolés, mais la plupart, oui, la plupart pleurait. Et au milieu des pleureuses, dressée dans sa cage, Marina chantait. Ce n'était pas un gémissement, c'était un chant. (…)
  Sa gueule semblait barbouillée de rouge à lèvres, avec ses yeux charbonneux, on aurait dit l'héroïne criminelle d'un film noir. Aux pieds de Marina, il n'y avait plus qu'un tas de boue brunâtre, avec des grumeaux rouges et roses. La truie s'arrêta de chanter, le silence tomba dans la Maternité. Marina fixait la femme de son oeil de reine tragique. C'est alors que le tas de boue se mit à pleurer. Ils n'étaient pas tous morts, dit Laurence, ces pleurs, on aurait dit de la pluie, tellement ils étaient faibles, on aurait dit l'eau de tous ces petits nuages qui crèvent dans le ciel sans que personne s'en aperçoive.

Le corps est une musique
A quoi pensent les enfants quand ils dessinent au feutre le contour de leur main.? Comme ils aiment ce jeu, comme ils aiment suivre leur propre contour. (...)
Te souviens-tu de la première fois où tu as dessiné le contour de ta main? Dis, c'est quoi la forme d'un être humain? Moi je dis que c'est autre chose. Puisque les jambes traversent le temps, que les mains donnent des signes, puisque les yeux parlent, le corps n'est pas qu'un tronc avec deux bras, deux jambes. Puisque le coeur bat de plus en plus fort, le corps est une musique qui se remplit de sang, une mémoire infinie qui ne cesse de s'étendre.


Les différentes réactions face à l'élevage industriel : Vous reconnaissez-vous?

Voici les réactions par rapport à l'élevage industriel que l'on rencontre dans le roman.

Ceux qui ont des intérêts économiques dans ce  type d'élevage : Jean Legai

Ceux qui sont indifférents ou qui ne veulent pas savoir : la plupart des gens.

 Ceux qui pensent que c'est dans l'ordre des choses, le plus faible doit être mangé, on n'y peut rien, les incapables de compassion, les infirmes de l'empathie :  Elsa

Ceux qui disent, ce ne sont que des bêtes, les incapables d'imagination : Dionys Marco

Ceux qui s'indignent mais ne font rien, les imposteurs :  Martin Enders avant de rencontrer Camélia

Ceux qui ont bonne conscience parce qu'ils sont végétariens :  Anne

Ceux qui agissent, les indignés (Camélia, Tico, Martin) mais que l'on n'entend pas parce qu'ils se heurtent à des lobbies d'une puissance économique telle qu'il est impossible de les dénoncer d'autant plus que les gouvernements s'en font les complices : on sait combien nos gouvernants (écolos ou non) piétinent allègrement leur conscience (s'ils en ont une) quand l'intérêt collectif ou personnel est en jeu.

Les victimes : les porcs et les employés de la porcherie :  Marina, le Boîteux, Camélia, Laurence, Jean-François ... et tant d'autres,  porcs ou humains!

LIVRE VOYAGEUR

Lu aussi sur ce sujet le documentaire Jonathan Safran Foer





Merci à  La Librairie Dialogues et aux Editions JC Lattès

samedi 5 octobre 2013

Enigme du Samedi : Un livre/Un film Sondage auprès des habitués et nouveaux venus




Au mois de Juin,  Wens et moi, nous avons proposé la 72 ième énigme de notre jeu : Un Livre/un film. Nous voulons savoir si vous êtes êtes intéressés, vous les fidèles de cette énigme ou les éventuels nouveaux venus, par une nouvelle année de ce jeu littéraire et cinématographique?Laissez-nous votre réponse dans les commentaires.


Pour les nouveaux venus : De quoi s'agit-il?

Wens de En effeuillant le chrysanthème et moi-même, nous vous proposons, le samedi, un jeu sous forme d'énigme qui unit nos deux passions : La littérature et le cinéma! Il s'intitule : Un livre, Un film.
Chez Wens vous devez trouver le film et le réalisateur, chez moi le livre et l'auteur.
Consignes :  Vous pouvez donner vos réponses par mail que vous trouverez dans mon profil : Qui êtes-vous? et  me laisser un mot dans les commentaires sans révéler la réponse pour m'avertir de votre participation. Le résultat de l'énigme et la proclamation des vainqueurs seront donnés le Dimanche.
Pendant les vacances, nous arrêtons le jeu Un livre/ Un film.

vendredi 4 octobre 2013

Festival du polar à Villeneuve- Lez -Avignon du 4 au 6 octobre sur le thème de l'Histoire



Le festival du polar a lieu comme chaque année à Villeneuve-Lez-Avignon à la Chartreuse du Val de la Bénédiction au mois d'Octobre. Il reçoit cinquante auteurs et propose des tables rondes, des lectures, des films, des expositions et des ateliers autour du roman policier et BD historique.

La Chartreuse du Val de la Bénédiction à Villeneuve Les Avignon

 

Trois auteurs sont les invités d'honneur :


Viviane Moore :

Viviane Moore est une romancière française née à Hong Kong le 3 juillet 1960. Elle est connue pour sa série de romans policiers historiques mettant en scène un héros récurrent : Galeran de Lesneven, jeune chevalier breton mais aussi de la trilogie japonaise, La trilogie celte....




 Frédéric Lenormand
Frédéric Lenormand, né le 5 septembre 1964 à Paris IVe, est un romancier français.
Auteur de romans historiques exclusivement, il se spécialise dans le XVIII ème siècle puis dans la Révolution puis dans  la Terreur, puis dans les maisons de santé transformées en prisons à cette époque. Ce parcours culmine avec la publication chez Fayard de deux ouvrages purement analytiques abordant des sujets peu traités, La Pension Belhomme, sur les prisonniers de cette maison de fous, et Douze tyrans minuscules, sur les policiers qui les y enfermèrent. Afin de ne pas s'enfermer dans un domaine minuscule, il change son fusil d'épaule, glisse des policiers de la Terreur ceux de la Chine ancienne... Lenormand est parallèlement l'auteur de récits pour les enfants, dont le cycle de L'Orphelin de la Bastille , qui lui permet d'épancher sa passion pour la Révolution française.Wikipédia



Petros Markaris

Petros Markaris naît à  Istanbul en 1937 d'une mère grecque. Ecrivain, dramaturge, scénariste grec, il vit à Athènes.   Il parle couramment quatre langues et il se revendique cosmopolite. Scénariste de Theo Angelopoulos, il est aussi traducteur en grec de Goethe et est considéré comme un spécialiste de  Bertold Brecht. Auteur dramatique, il commence à 57 ans à écrire des romans policiers mettant en scène Athènes et la Grèce contemporaine notamment avec sa série du commissaire Costas Charitos. (Wikipédia)

La liste des auteurs

La Chartreuse du Val de la Bénédiction

ROMANS

Jean D'AILLON
Jean-Pierre ALAUX
Marie-France BARBET
Michèle BARRIERE
Xavier-Marie BONNOT
Olivier BARDE-CABUCON
Thierry BOURCY
Laetitia BOURGEOIS  
Charlotte BOUSQUET 

Claire CANTAIS 
Sandrine COLLETTE 
Henri COUPON
Didier DAENINCKX
Ignatio Del Valle (esp)    

Jeanne DESAUBRY 
Sylvie DESHORS
Pascal DESSAINT
Jean-Christophe DUCHON-DORIS
André FORTIN
Eric FOUASSIER
Gildas GIRODEAU
Maurice GOUIRAN
 Jérémie GUEZ

Eric FOUASSIER

Jilali HAMHAM

Joseph INCARDONA (CH) 

Hervé LE CORRE
Frédéric LENORMAND 
Jean-Luc LUCIANI
Petros MARKARIS (GR) 
Claude MESPLEDE 
Catherine MISSONNIER 
Viviane MOORE
Max OBIONE
Patrice PELISSIER 
Bertrand PUARD
Anne RAMBACH
Anne-Marie ROMERO
Christian ROUX
Jose Carlos SOMOZA (ESP)
François THOMAZEAU 
Thanh-Van TRAN-NHUT 

Tina UEBEL (D)
Gilles VINCENT
Francis ZAMPONI

BD
KRAEHN
MAKO
PHILIBERT
Dominique ROUSSEAU

jeudi 3 octobre 2013

Daniel Keyes: Des fleurs pour Algernon







Daniel Keyes, écrivain américain né en 1927, est chercheur en psychologie.  Des fleurs pour Algernon paru en 1959 a obtenu deux prix, celui de la meilleure nouvelle en 1960 et le prix Hugo de la meilleure nouvelle en 1992. Réécrit sous forme de roman, Des fleurs pour Algernon s'est vu décerné le prix Nebula du meilleur roman en 1966 et a été adapté au cinéma par Ralph Nelson en 1968 sous le titre de Charly et par David Delrieux à la télévision franco-suisse en 2006.


En exergue de ce roman de science-fiction philosophique, ce passage de La République de Platon :"Mais si l'on avait quelque bon sens, on se rappellerait que la vue peut être troublée de deux manières et pour deux causes : quand on passe de la lumière à l'obscurité, ou bien le contraire, de l'obscurité à la lumière."

Et c'est exactement le thème du roman de Daniel Keyes, Des fleurs pour Algernon : Charlie Gordon est simple d'esprit mais au fond de lui, il y a un désir irrésistible autant qu'impossible d'accéder à l'intelligence. C'est pourquoi, sur les conseils de sa psychologue Alice Kinnian, il accepte de se prêter à l'expérience des professeurs Nemur et Strauss qui ont découvert un traitement permettant de décupler l'intelligence. L'expérience a été concluante sur la souris Algernon, elle le sera aussi sur Charlie.
Accéder à l'intelligence, c'est voir s'ouvrir devant soi les portes de la compréhension du monde extérieur, c'est accéder au savoir, c'est être ébloui par la lumière de l'esprit. Et c'est aussi pouvoir prétendre à l'amour d'une femme intelligente et cultivée. Tout peut sembler idyllique pour Charlie Gordon et pourtant…
C'est aussi découvrir la réalité des choses. Comprendre que ceux que vous appeliez vos amis et qui riaient si volontiers avec vous, riaient en fait contre vous, comprendre que vous n'avez jamais été jusque-là qu'un objet de pitié et de dérision. Comprendre aussi que vous n'êtes qu'un cobaye entre les mains de ces savants qui vous paraissaient pourtant si amicaux et compréhensifs. C'est aussi, parce que vous devenez soudain un être supérieur, doté d'un intelligence exceptionnelle, susciter l'incompréhension, l'envie et la jalousie. C'est la découverte des zones d'ombre de l'âme humaine car il ne fait pas bon être différent dans notre société. Bref! le passage de l'obscurité à la lumière ne se fait pas sans douleur, sans la perte de quelque chose de vital, la confiance en autrui, la foi en la bonté de l'humanité. 

Outre l'intérêt dramatique de cette histoire présentée à la première personne qui permet de voir le changement de point de vue entre Charlie simple d'esprit et Charlie intelligent, le roman prend son sens depuis Rabelais, et plus que jamais à notre époque, dans la réflexion sur le thème de la science sans conscience. J'ai lu dans un journal scientifique qu'il serait possible de nos jours à partir de l'ADN d'un mammouth de recréer cet animal et de faire de même à partir de l'ADN d'un homme préhistorique, le mythe de Marie Shelley devenant ainsi réalité! C'est pourquoi ce roman est passionnant par son actualité. De plus, si la réussite de l'expérience menée sur Charlie est éphémère, s'il est à nouveau condamné à retourner pour toujours de la lumière à l'obscurité, alors se pose la question : cela valait-il la peine d'essayer? J'ai particulièrement apprécié dans le roman, la réponse positive de Charlie Gordon, une certaine forme d'optimisme, un refus de condamner la recherche scientifique, une foi lumineuse dans le progrès même si celui-ci est indissociable de la morale et dans la vie même si elle est synonyme de souffrance.

En effet, Charlie, lorsqu'il sombre à nouveau dans les ténèbres de son esprit, tandis que ne restent plus en lui que les traces du savoir qu'il avait acquis et qu'il a oublié,  écrit :

Si jamais vous lisé ces lignes un jour manoisel Kinnian me plaigné pas je suis contant d'avoir eu une deuxième chance d'être intélijan pasque j'ai appris plein de chose que je ne savais même pas qu'elles existait avant et je suis heureux d'avoir vu tout sa pour un petit moment.

D'autre part, la réflexion sur la différence et sur le regard que nous lui portons et aussi une source d'émotion qui fait de ce livre une belle lecture, très forte.

Voici pour finir ce beau passage écrit par Charlie Gordon devenu intelligent, sur lui-même :

J'ai relu plusieurs fois mes comptes rendus. J'ai vu l'ignorance, la naïveté puérile et la faiblesse d'esprit de cet être misérable, enfermé dans le noir, qui regarde par le trou de la serrure pour capter un peu de l'éblouissante lumière du monde extérieur. Je vois que même dans ma stupidité, je me rendais compte que j'étais inférieur et que les autres possédaient quelque chose qui m'était refusé. Dans ma cécité mentale, je pensais qu'il s'agissait d'une chose ayant un rapport avec l'aptitude à lire et écrire et j'étais certain que, si je pouvais acquérir ces capacités, j'obtiendrais automatiquement l'intelligence. Même un faible d'esprit aspire à être semblable aux autres. Un enfant peut ne pas savoir comment se nourrir ni ce qu'il faut manger, et pourtant il connaît la faim.



mercredi 2 octobre 2013

Challenge Shakespeare : Les participants : Nouveaux logos, nouvelles lectures (Bilan 4)



Le challenge Shakespeare est devenu illimité et comme je vous l'ai dit, je suis désormais seule à m'en occuper, Maggie ayant trop de travail pour continuer. J'ai décidé de relancer le challenge pour permettre à tous ceux et celles qui voudraient nous rejoindre de pouvoir le faire.

 Arthur Rackam : De nouveaux logos



 Et pour commencer je vous propose de nouveaux logos à partir des illustrations d'un artiste britannique Arthur Rackam. Né en 1867 à Londres, Arthur Rackam, après des études à l'école d'art de Lambeth, quitte son travail d'employé de bureau pour devenir journaliste et illustrateur au journal Westminster Budget. Peu à peu il va trouver son style, fantastique ou merveilleux et illustrera de nombreux livres pour enfants, les contes de Grimm, Alice au pays des Merveilles, Peter Pan,  et aussi des pièces de Shakespeare. Vous pourrez utiliser l'un ou l'autre de ces logos.

       

 Je vous rappelle en quoi consiste le challenge

Shakespeare est un des plus grands dramaturges de tous les temps, un de ces écrivains universels, toujours étonnamment moderne, qui a peint la nature humaine sous toutes ces faces et a utilisé pour le faire tous les genres, du rire à la tragédie. Amoureux de la langue anglaise, amoureux du théâtre élisabéthain, amoureux de la démesure et du rêve,  inscrivez-vous au challenge Shakespeare illimité.



 
                                           Pièces, biographies, films,  mises en scène de théâtre


  petite bibliographie...
 

  Les comédies : Comme il vous plaira, La nuit des rois, Les marchands de Venise, Peines d'amour perdues, La mégère apprivoisée, beaucoup de bruit pour rien, Le songe d'une nuit d'été...
 

 Les tragédies : Roméo et Juliette, Le roi Lear, Macbeth, Hamlet, Othello, Titus Andronicus, Jules César, Antoine et Cléopâtre...
 

 Les pièces historiques : Richard III, Richard II, Henri IV, Henri V, Henri IV, Le roi Jean, Edouard III...
 

...Et une petite filmographie (les films les plus connus)...
  

Macbeth, Orson Welles (1948)
 

Le château de l'araignée Akira Kurosawa  (transposition de Macbeth) (1957)
  

The tragedy of Macbeth,  Roman Polanski (1971)
 

 the tragedy of Othello, Orson Welles (1952)
 

Roméo et Juliette de F. Zeffireli
 

 Roméo + Juliette de Baz Luhrmann (1996)
 

West side story  de Robert Wise (transposition de Roméo et Juliette) (1961)
 

 Hamlet, film de K. Brannagh (1996)
 

 King Lear, de Peter Brook (1971)
 

 Ran de Akira Kurosawa (transposition du Roi Lear) (1985)
 

Prospero's book, Peter Greenaway (1991)
 

La Mégère apprivoisée F. Zeffireli (1967)
 

Biographies
  

 biographie de Shakespeare de Peter Ackroid
  

Shakespeare in love Joseph Fienne 

L'antibiographie de Shakespeare de Bill Bryson 

Mises en scène

Et puis, bien sûr, si vous allez voir des pièces de Shakespeare, faites-nous part de votre expérience. C'est encore la meilleure façon de découvrir William Shakespeare!


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Aymeline  Le blog d'Arieste


Shakespeare avec des photos d'Helsingor



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 Carole (K'role) Ppdj


 Hamlet's first soliloquy

 about my brain Hamlet monologue fin de l'acte 2 comment choisir sa traduction?

 Plaidoyer pour Hamlet femme texte de Sarah Bernhardt



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                   Céline : Le blog Bleu


Richard III

Macbeth 



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claudialucia :  Ma librairie




 Rimbaud : Ophélie 
Hamlet : en guise d’introduction(1), 

Ophélie (2) 

Hamlet et Ophélie (3)


Le marchand de Venise (1)

Le marchand de Venise et l'antisémitisme?(2)

Le marchand de Venise : thèmes et citations (3) 


Michel Quint : Les Joyeuses
une troupe de théâtre joue les Joyeuses commères de Windsor   

Macbeth :  mise en scène d'Orson Welles
Macbeth : Mises en scène, théâtre Le Centaure/ un macbeth africain


 La nuit des Rois au festival Off d'Avignon




 sonnets de Shakespeare : L'immortalité littéraire

A propos de Shakespeare dans 
Gérard Donovan dans Julius Winsome 

L'antibiographie de Bill Bryson 

Antoine et Céopâtre

Antoine et Cleopâtre : de l'inconstance des peuples (citation) 

  Coriolan 

Beaucoup de bruit pour rien

Le songe d'une nuit d'été

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Droopyvert  : De la lecture avant toute chose

Hamlet :

Le  songe d'une nuit d'été 

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Eiluned: Le dévore tant...




Othello , le maure de venise

 Roméo et Juliette

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Eimelle

 Hamlet Shakespeare

Ophélie de Shakespeare à la peinture

Lady Mabecth


 Eimelle : Roméo et Juliette, la version opéra

Eimelle : Romeo et Juliette Opéra de Tours

Eimelle : Hamlet Shakespeare 

Eimelle : Ophélie de Shakespeare à la peinture 

 Eimelle : Richard III
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 Elcrys La soif de lire


Roméo et Juliette

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Elinor : Tâches d'encre

présentation du challenge

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Flora, écossaise, écrira dans le blog de claudialucia


Publication : spot the quote (or crypto-quote) : la richesse de la langue shakespearienne

Roméo et Juliette : Jouer  Juliet and Romeo à 76 et 66 ans 

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George : Les livres de George
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Hathaway : Hathaway



Macbeth : théâtre, BD de Daniel Casanave , adaptation cinématograhique par Geoffrey Wright

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Irrégulière : L'irrégulière

Roméo et Juliette


Antoine et Cléopâtre

Macbeth 

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Lewerenz : Le nez dans les livres


Beaucoup de bruit pour rien





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 L'or rouge

La fiancée du fantôme de Malika Ferdjoukh

Trois mille façons de dire je t'aime de Marie-Aude Murail 
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Lou : my lou book

Le Songe d'une nuit d'été

Anonymous Robert emmerych Was Shakespeare a fraud?

La fiancée du fantôme 


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Maggie Mille et un classiques

To be or not to be , Lubitch

Macbeth

La nuit des rois

Shakespeare in love 

Le songe d'une nuit d'été 

La Mégère apprivoisée de Zefirelli

Titus et Andronicus 

Comme il vous plaira de François Laroque : La vie du dramaturge

  Shakespeare : biographie de Bill Bryson
 
Antoine et Cléopâtre

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Miriam : carnets de voyages





Le marchand de Venise


Océane : Oh! d'Océane!

 La mégère apprivoisée

Roméo et Juliette 

Dumas et Shakespeare


Antoine et Cléopâtre 


Coriolan

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Ostinato : Lukea livres

Le théâtre du Globe




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Shelbylee :


 Les 7 Shakespeares : Harold Sakuishi

Othello

Hamlet

Richard III

Peines d'amour perdues
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Theoma



Othello

Hamlet  Posté par Theoma

Biographie par Bill Bryson 

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Titine : plaisir à cultiver







Beaucoup de bruit pour rien 

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Wens : En effeuillant le chrysanthème...

Hamlet de Zefirelli

Extrait de Woody Allen : Shakespeare, Dieu et moi : Qui est Shakespeare?


Wens : La mégère Apprivoisée (Zeffirelli)

Extrait de Bill James : Skakespeare et le polar 

 La nuit des Rois par la troupe Comédiens et Compagnie.

BD Enki Bilal : Juliet  et Roem 

Beaucoup de bruit pour rien de Kenneth Branagh