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samedi 10 juin 2023

Robert Louis Stevenson : Kidnapped ou les aventures de David Balfour et Catriona




La vie est une vraie comédie. On parle des anges qui pleurent; j’ai toujours pensé, au contraire, qu’ils se tiennent les côtes en voyant ce qui se passe sur notre globe; mais je m’étais promis de dire toute la vérité, quand j’ai entrepris cette histoire, et j’ai tenu ma promesse » Catriona

Les aventures de David Balfour

Dans le roman de Stevenson Kidnapped, traduit tout simplement par Enlevé, David Balfour a perdu sa mère dans son enfance. Il a seize ans à la mort de son père, modeste directeur d'école, et se retrouve seul et sans ressources. C'est alors que le pasteur lui remet une lettre de son père lui demandant de rejoindre son oncle, un certain Ebenezer Balfour, esquire de Shaws, dont le jeune garçon n'a jamais entendu parler. David apprend ainsi qu'il a de la famille et de plus qu'il est noble.

Hélas, la rencontre avec Ebenezer est plus qu'inquiétante. Le personnage avare, détesté dans la région, a un comportement bizarre envers son neveu qui lui fait craindre pour sa vie. David finit par comprendre que son oncle a usurpé le titre d'esquire et qu'en fait, c'est lui l'héritier du titre et du domaine. Sous prétexte d'une visite chez le notaire pour régulariser la situation, Ebenezer se débarrasse de son neveu en le vendant à un négrier qui le conduit en esclavage dans une île lointaine. C'est le début des aventures à bord du navire jusqu'au jour où le capitaine et ses seconds recueillent un naufragé, manifestement gentilhomme, portant une ceinture pleine d'écus qui provoque la convoitise de l'équipage. Il s'agit de Alan Brech Stewart et sa fortune, sacrée à ses yeux, est destinée aux chefs des clans qu'il s'apprêtait à rejoindre en France. David prend le parti de cet homme qui se révèle un combattant expérimenté, féroce et endurci. Ils tiennent en respect l'équipage qui finit par se rendre mais le bateau s'échoue sur des écueils de la côté écossaise. Tous deux se retrouvent en Ecosse traqué par les soldats du roi. Aventures périlleuses, souffrances du corps et de l'âme, le jeune homme n'est pas préparé à cette vie angoissante et rude de proscrit. Peu à peu va se nouer entre David et Alan une amitié indéfectible, traversée d'orages et de brouilles, au cours de laquelle chacun sera prêt à donner sa vie pour son ami.

 


 

Dans Catriona, l'histoire continue et David s'emploie, parfois au péril de sa vie, à sauver ses amis. Il lui faut permettre à Alan de quitter secrètement le pays pour gagner la France et témoigner en faveur de James Stewart, l'oncle d'Alan, injustement accusé d'un meurtre. De plus, il tombe amoureux d'une jeune fille nommée Catriona, fille d'un Highlander proscrit, et comme tous les deux ont du caractère, leur relation fait parfois des étincelles ! J'ai beaucoup aimé aussi la conclusion du roman.

Ces deux romans d'aventures sont enlevés, riches en rebondissements, en dangers de toutes sortes, en personnages principaux attachants et d'autres, secondaires, nombreux, haut en couleurs.

L'Histoire d'Ecosse


La bataille de Culloden (1746)

Pour suivre le roman de Stevenson Kinapped et sa suite Catriona il faut d’abord réviser un peu son histoire et dans ce cas particulier celle de l’Ecosse. Et c'est passionnant !

Nous sommes en 1751 peu après la bataille de Culloden au cours de laquelle, en 1746, la défaite sanglante des Highlanders écossais sonne le glas définitif des rebellions qui se sont succédé dans le pays pour rétablir le trône des Stuart. Une répression féroce s'abat sur les Highlanders.

Charles Edouard Stuart, appelé Bonnie prince Charlie, successeur de son père Jacques III dans la prétention au trône d'Angleterre et d'Ecosse, retourne en exil. Les chefs higlanders sont arrêtés et massacrés, certains parviennent à s'enfuir et se réfugient en France. Ceux qui restent sont soumis à des spoliations de la part de l'Angleterre, confiscation des terres, paiements de lourds impôts, interdiction de parler le gaélique, de porter le Kilt et le tartan, de jouer de la cornemuse. Tout est fait pour détruire la structure clanique. Il y a d'ailleurs dans le roman un scène pittoresque et amusante mais aussi très forte, un morceau de bravoure, où deux hommes s'affrontent dans un concours de cornemuse qui leur tient lieu de duel pour vider leur querelle.

Dans ce récit, Stevenson crée un personnage fictif David Balfour mêlé bien involontairement et à son corps défendant au destin et aux tourments des Higlanders. Et l'auteur campe à côté de David, un personnage historique bien connu, Alan Breck Stewart.

Cet Higlander qui  a d'abord servi dans les troupes anglaises du roi Georges II, a rejoint le soulèvement jacobite à la bataille de Culloden. Il est l'homme à abattre pour les anglais, un déserteur, un traître qui vit en France, désormais officier dans les troupes écossaises de l'armée française. Sa tête est mise à prix. Il revient clandestinement dans son pays pour lever les loyers des chefs de clan exilés en France.

 Alan Stewart a grandi sous la garde de son oncle James of the Glen d'Appin, chef du clan des Stewart d'Appin. Nous rencontrons ce personnage historique dans des circonstances tragiques qui appartiennent à l'Histoire de l'Ecosse et au récit de notre roman ! Il s'agit de l'affaire qui a secoué toute l'Ecosse et l'Angleterre à l'époque, le meurtre d'Appin. Le 14 Mai 1752, Collin Campbell de Glenure, surnommé le Renard rouge, venu percevoir les loyers des Stewart d'Arshiel, mesure très impopulaire, est abattu. Alan Beck est accusé du meurtre.

 Stevenson nous raconte dans Kidnapped et Catriona, comment, condamné à mort par contumace, Alan échappera aux soldats royaux et parviendra à gagner la France grâce à son ami Balfour. Par contre, James of the Glen d'Appin est arrêté. Bien que sa culpabilité ne soit pas établie, il est jugé par le clan ennemi Campbell, rallié aux anglais, qui prononce son arrêt de mort. Dans Catriona, Stevenson détaille pour nous les enjeux politiques et les dessous de ce jugement injuste qui, même de nos jours, est encore contesté, avec des demandes de réhabilitation toujours repoussées !

Un Hommage aux Highlanders

 

Les clans des Higlanders : tenue traditionnelle

David et Alan sont très différents l'un de l'autre. Alan est un homme de petite taille (ce qui le vexe), il n'a pas de titre, c'est pourquoi il se vante de porter le nom d'un roi (Stewart a donné le nom de Stuart). Il a la figure tavelée marquée par la variole (Berck est un surnom qui signifie, le Tacheté). Il est fanfaron, très content de lui-même et il n'est pas bon paraître se moquer de lui. Il est d'un courage et d'une endurance extrême, manie l'épée en grand maître, est ardent au combat dont il fait une sorte de jeu, peu enclin à s'effaroucher devant quelques cadavres de plus. En bon Highlander, la mort de ses ennemis lui paraît justifiée, le vol lui semble nécessaire à cause de la misère, défendre le voleur ou le criminel aussi puisqu'ils sont poursuivis par les anglais ! Il faut bien s'entraider, c'est un devoir. Il a pourtant un solide sens de l'honneur mais à la manière des Hautes-Terres ! Il se dévouera pour un ami ou pour son chef de clan jusqu'à la mort, il est fidèle à la parole donnée.

David est beaucoup plus jeune et plus sensible. Il n'a pas connu la guerre et est horrifié d'avoir tué des membres de l'équipage lors du combat. Le sang, les corps gisant sur le pont du navire le rendent malade. C'est un protestant et même un puritain.  Il ne boit pas d'alcool et refuse les jeux de carte, perdition de l'âme, et son ami lui conseille de se laisser un peu aller, parfois. C'est un lowlander, fidèle au roi Georges, un bon whig, tout le contraire d'Alan Beck. Pour lui, les Highlanders sont des espèces de brigands sans foi ni loi, voleurs de bétail, criminels, opposés au pouvoir légitime. Son sens de l'honneur est exigeant et même si, parfois, il souhaite se désolidariser d'Alan Beck pour sauver sa vie, il ne le fera pas et rougit d'avoir de telles pensées. Il est rancunier et pardonne difficilement les offenses.  Mais son courage pour affronter les épreuves forcent l'admiration de son camarade plus âgé. Finalement avec leur sale caractère, leurs défauts et leurs qualités, ce sont deux personnages bien sympathiques.

Il y a une certaine forme comique qui naît de l'incompréhension mutuelle des deux personnages que tout sépare. Lorsque Alan parle d'honneur, David le regarde avec effarement. Chacun accuse l'autre de ne pas avoir de morale :

J'ai remarqué plus d'une fois que vous autres, gens des Basses-Terres, vous n'aviez pas une idée claire de ce qui est juste ou injuste.

A ces mots j'éclatai de rire, et je fus fort surpris de voir Alan en faire autant, et rire aussi gaîment que moi.

Mais peu à peu la vision de David va changer et son opinion des Highlanders aussi. Le différend entre les deux hommes nous permet de mieux comprendre la mentalité des hommes des Hautes-Terres. Leur sens de l'honneur est très fort mais étroitement lié au système clanique qui fait passer la fidélité au chef et au clan avant toute loi. La détestation des « habits rouges », les soldats du roi, unit ces populations. La lutte pour survivre, pour maintenir leurs coutumes, leur langue est souterraine, oblige à la clandestinité, au secret. Le roman est un hommage aux Higlanders, à leur résistance glorieuse, à leur orgueilleuse sauvagerie, à la fierté avec laquelle ils vivent leur misère, à leur fidélité à la parole donnée, à leur courage non seulement dans la bataille mais dans les épreuves quotidiennes.

Quand Alan apprend que les fermiers highlanders paient la redevance au roi George mais qu'ils se privent pour payer une seconde redevance à leur seigneur exilé, David s'écrie :

Voilà ce que j'appelle de la noblesse ! Je suis un whig et je ne vaux guère mieux, mais j'appelle cela de la noblesse !

-Oui, dit Alan, vous êtes un whig mais vous êtes un gentleman, et c'est pourquoi vous parlez ainsi.

Il y a quelque chose que les Anglais n'ont pas pu tuer, c'est l'affection que les hommes du clan ont pour leur chef. Ces guinées en sont la preuve.

Et en fait, si Alan et David peuvent s'entendre, c'est finalement que leur conception de l'amitié et leur conception de la noblesse d'esprit se rejoignent.

Un voyage à travers l'Ecosse

 

David sur l'île de Earaid

Le récit nous conduit dans une longue traversée à pieds à travers les Highlands et permettent de belles descriptions des paysages aimés et bien connus de l'écrivain. Le naufrage a lieu sur l'île Mull, sur la côte Ouest de l'Ecosse où le jeune homme est d'abord prisonnier sur un l'îlot sauvage Earaid. Là, il souffre de froid, de faim et de solitude.

Toute l'île d'Earaid, mais encore le pays adjacent de Mull, qu'on nomme le Ross, n'est autre chose qu'une succession de blocs granitiques, entre lesquels pousse un peu de bruyère.

Il entame ensuite le voyage pour gagner Appin où il sait qu'il retrouvera Alan. Il traverse le Loch Linnhe en direction d'Appin sur un bateau de pêcheurs

Les montagnes des deux rives étaient hautes, rudes et nues, très noires et très sombres sous l'ombre des nuages, mais couvertes comme d'un réseau d'argent formé par de petits filets d'eau qui reflétaient le soleil.

Elle avait l'air d'une âpre contrée, cette contrée d'Appin, pour que les gens l'aimassent autant que le faisait Alan Breck

On peut suivre leur trajet sur une carte tant l'inéraire est précis et détaillée, bras de mer, lacs profonds, montagnes escarpées et ravinées... pour arriver à Carriden où vit le notaire qui doit faire reconnaître son titre, près d'Edimbourg où a lieu la suite du récit Catriona.

 

La carte des clans écossais

  On voit bien les Stewart d'Appin,  la puissance des Campbell, la frontière entre les Hautes et les Basses Terres.

C'est un bonheur pour moi d'avoir découvert ces deux romans passionnants. Et dire que je n'en connaissais même pas le titre avant de charger les oeuvres complètes de Stevenson dans ma liseuse. Et pourtant c'est un grand classique aussi bien en Ecosse qu'aux Etats-Unis. Je ne sais pas, par contre, si les anglais l'aiment beaucoup ! Il faut voir le nombre d'adaptations du livre au cinéma et à la télévision ! Même Michael Caine a voulu endosser le rôle d'Alan Beck, le héros national écossais ! 

 


Et si vous allez en Ecosse peut-être découvrirez-vous, non loin d'Edimbourg, sur Corstorphine Road,  la statue d'Alan Beck Stewart au côté de son ami David Balfour, la réalité historique et la fiction littéraire à égalité dans la mémoire collective écossaise ! 


Alan Beck et David Balfour


jeudi 8 juin 2023

Danemark Copenhague : Jules Verne, la flèche de Borsen, la flèche de Saint Sauveur et l'absolutisme au château de Frédériksborg

18 Octobre 1660 sur la place de Kjöbenhaven : La prestation de serment de Frédéric III  par Heinrich Hansen
 

Un intérêt historique :  L'absolutisme

 C'est au deuxième étage du château de Frederiksborg que l'on trouve ce tableau passionnant :  La prestation de serment de Frédéric III exécuté en 1880 par Heinrich Hansen, peintre danois du XIX siècle.  Ce tableau peint la journée du 18 Octobre 1660, une journée historique importante dans l'histoire du Danemark, au cours de laquelle le roi reçoit le serment d'allégeance des Etats qui reconnaissent la monarchie absolue et héréditaire.

En effet, après la fin du conflit entre la Suède et le Danemark et le traité de Roskild confirmé par la paix de Copenhague, Frédéric III s'appuie sur la riche bourgeoisie et le clergé en conflit avec les nobles et en profite pour introduire la monarchie absolue en Septembre 1660. Puis en Octobre 1660, il la déclare héréditaire. Avant lui, le monarque était élu par un conseil. La loi renforce le caractère féodal de la société. La noblesse et la riche bourgeoisie reçoivent des terres avec les paysans qui y sont attachés et n'ont aucun droit. A la fin du XVIII siècle, 80% des terres du pays appartiennent à une centaine de familles qui sont aussi propriétaires de 770 châteaux ou manoirs.  L'absolutisme est aboli par Frédéric VII et son successeur Christian IX, en 1849, date où la monarchie devient constitutionnelle.  

Un des aspects intéressants du roman de Per Olov Enquist, Le médecin du roi, montre l'état féodal de la société sous Christian VII malgré les idées des Lumières, surtout avec la loi de 1733 qui aggrave le statut des paysans. Il  explique comment Struensee, le médecin du roi devenu ministre,  entreprend à lui seul de réformer la société, d'abolir le servage, les privilèges, la censure, de rétablir la liberté de la presse ... On comprend qu'il se soit fait quelques ennemis et qu'en dehors de son adultère avec la reine,  il avait quelques raisons de craindre pour sa vie !

"Quand, en 1733, le servage avait été établi, il avait constitué pour la noblesse un moyen de contrôler, ou plus exactement d'empêcher la mobilité de la main d'oeuvre. Quand on était paysan et né sur un domaine, on n'avait pas le droit de quitter ce domaine avant l'âge de quarante ans. Les modalités, le salaire, les conditions de travail et de logement étaient fixés par le propriétaire du domaine. A quarante ans, on avait le droit de s'en aller. La réalité étant qu'à cet âge, la majeure partie des paysans étaient à tel point devenus passifs, profondément alcooliques, criblés de dettes et physiquement épuisés, qu'on ne comptait guère de départs.

C'était l'esclavage danois."

Mais cette peinture est aussi intéressant pour de multiples raisons : 


 Copenhague

Et d'abord, ce tableau peint un coin de Copenhague  :  Le cortège sort de Borsen ou Bourse de Copenhague construite pour Christian IV par des architectes flamands entre 1619 et 1640 dans le style de la Renaissance flamande. On remarque la flèche du grand bâtiment autour de laquelle s'enroulent les queues de quatre dragons jusqu'à 56 mètre de Hauteur. Elle se voit de loin quand vous vous promenez à Copenhague. Il faut noter le joli pont qui enjambe le canal, et dans les voiliers, un homme monté sur un mât pour mieux voir le cortège royal.

 

La prestation de serment de Frédéric III 18 Octobre 1660 sur la place de Kjöbenhaven : (détail) Heinrich Hansen (1880)


En cherchant des renseignements j'ai trouvé dans wikisource un extrait de Voyage autour de la Terre dans lequel Jules Verne décrit cette flèche en 1880.

Puis je pris un plaisir d´enfant à parcourir la ville ; mon oncle se laissait promener; d´ailleurs il ne vit rien, ni l´insignifiant palais du roi, ni le joli pont du XVIIe siècle, qui enjambe le canal devant le Muséum, ni cet immense cénotaphe de Torwaldsen, orné de peintures murales horribles et qui contient à l´intérieur les œuvres de ce statuaire, ni, dans un assez beau parc, le château bonbonnière de Rosenborg, ni l´admirable édifice renaissance de la Bourse, ni son clocher fait avec les queues entrelacées de quatre dragons de bronze, ni les grands moulins des remparts, dont les vastes ailes s´enflaient comme les voiles d´un vaisseau au vent de la mer.

 

Flèche aux quatre dragons Bourse de Copenhague (photo de Jugalon)

Mais  l'écrivain décrit aussi une autre flèche remarquable, celle en spirale, avec un escalier en colimaçon extérieur, de l'église de Saint Sauveur. L'oncle de notre héros l'oblige à monter au sommet et bien que cela nous amène loin de notre journée du 10 Octobre,  je vous en donne un extrait  :

Mon oncle me précédait d’un pas alerte. Je le suivais non sans terreur, car la tête me tournait avec une déplorable facilité. Je n’avais ni l’aplomb des aigles ni l’insensibilité de leurs nerfs.
Tant que nous fûmes emprisonnés dans la vis intérieure, tout alla bien ; mais après cent cinquante marches l’air vint me frapper au visage, nous étions parvenus à la plate-forme du clocher. Là commençait l’escalier aérien, gardé par une frêle rampe, et dont les marches, de plus en plus étroites, semblaient monter vers l’infini.
« Je ne pourrai jamais ! m’écriai-je.
— Serais-tu poltron, par hasard ? Monte ! » répondit impitoyablement le professeur.
Force fut de le suivre en me cramponnant. Le grand air m’étourdissait ; je sentais le clocher osciller sous les rafales ; mes jambes se dérobaient ; je grimpai bientôt sur les genoux, puis sur le ventre ; je fermais les yeux ; j’éprouvais le mal de l’espace.
Enfin, mon oncle me tirant par le collet, j’arrivai près de la boule.
« Regarde, me dit-il, et regarde bien ! il faut prendre des leçons d’abîme !  » 

 

La tour de Saint Sauveur

 

Revenons au 18 Octobre ! Sous un dais, marchent Frédéric III, fils cadet de Christian IV, la famille royale et les hauts dignitaires. La reine, au manteau doublé d'hermine, s'avance majestueusement.  Il s'agit de Sophie-Amélie de Brunswick-Lunebourg dont on nous dit très sybillinement qu'elle est énergique et ambitieuse et que son caractère affectera la vie du roi et le destin du Danemark ?  Je n'ai pas trouvé d'autres précisions. A-t-elle encouragé le virage à l'absolutisme ? Près d'elle, quelques uns des enfants royaux sur les huit qu'elle a eus avec Frederik III. Le futur Christian V se tient près de son père et lui ressemble beaucoup ! Il est né en 1646 et a donc 14 ans lors de cette journée. La fille aînée qui tient son petit frère par la main et lui parle est vraisemblablement Anne-Sophie. Née en 1647, elle a treize ans. Le petit garçon est Georges, 7 ans. L'autre jeune fille est Frédérique-Amélie née en 1649, a 11 ans. La petite fille tenue par la main par un noble est peut-être Ulriche Eleonore née en 1656 donc 4 ans. Devant elle mais cachés par les adultes, deux autres enfants dont on peut imaginer qu'il s'agit de  Wilhelmine Ernestine (10 ans). Je me suis amusée à chercher leur prénom mais je n'ai aucune certitude !


La prestation de serment de Frédéric III  La journée du 10 Octobre 1660 (détail)  Heinrich Hansen (1880)


Dans la foule des hommes et des femmes de tous les milieux sociaux et tous les métiers. Hommes d'armes, musicines, noblesse, bourgeois, et le petit peuple, paysans, marins...


La prestation de serment de Frédéric III  La journée du 10 Octobre 1660 (détail)  Heinrich Hansen (1880)


Les détails des costumes et des coiffures...  Quelques scènes de vie intime : le regard affectueux du grand père tenant sa petite fille par la main, un chien qui quémande une caresse.


La journée du 10 Octobre 1660 (détail) Heinrich Hansen (1880)


La foule qui compose ce tableau est vivante, animée, comme prise sur le vif. C'est à la fois une vision historique intéressante par un artiste qui n'est pas contemporain de la scène et un témoignage humain touchant.

Hansen s'est inspiré d'un autre tableau de la prestation de serment, peint en 1666 par Wolfgang Heimbach mais qui en  élargissant la scène  permet de voir toute la place. (château de Rosenborg)


La prestation de serment de Frédéric III : Wolfgang Heimbach château de Rosenborg

 
Wolfgang Heimbach est un artiste allemand devenu peintre officiel à la cour de Frédéric III (1615-1678)

mardi 6 juin 2023

Danemark Copenhague : le musée d'Histoire nationale de Frederiksborg (2)

Le château de Frederisborg :  Chirstian Kobbe
 

Le château de Frederiksborg a été en partie détruit par un incendie en 1859. Il a été reconstruit à l’identique grâce aux dons du mécène Carl Jacobsen. Puis, la famille royale renonçant à l’habiter, il a été transformé en musée national d’Histoire en 1878.

Le château présente des salles remarquables par leur taille et leurs ornementations, le mobilier précieux, les portraits et les tableaux historiques. 

Parmi les plus grandes, figure la salle de la Rose ou salle des Chevaliers au rez de chaussée, la salle des audiences au premier étage et le Grand Hall au second étage.


La Rose ou la salle des chevaliers


La Rose ou la salle des chevaliers (détails)


La salle des audiences



Le Grand Hall


Frederiksbog est un musée historique et à ce titre il retrace toute l'histoire de la famille royale des origines à nos jours. 

Le premier étage : Les rois Oldenbourg

Au première étage est présentée la période des premiers rois Oldenbourg, de Christian I (1448-1481) jusqu’à Christian IV (1577-1648), dans les salles 25 à 32. La période de 1850-1900, y compris les Guerres de Schleswig, est illustrée dans les salles 61 à 68.



Voici quelques tableaux que j'ai particulièrement aimés mais il est difficile parfois de savoir qui est représenté et qui est le peintre.


Frederiksborg : Christian II ( 1481-1559) et ses soeurs, Dorothea et Christine de  Jan Goassert dit Mabuse (1524)


Princesse Christina Slevsig-Hosltein


La première bible traduite en danois




Christian II 1503-1559


Le chancelier mourant remet l'insigne du pouvoir à Christian IV de Carl Bloch


Le couronnement de Christian IV 1596 deOtto Bache

Dans cette salle figure l'immense tableau historique de Otto Bache, peintre danois ( 1839-1927), La procession du couronnement de Christian IV en 1596.

 Ce tableau présente une foule de petits détails, de nombreux portraits et est vraiment passionnant à observer.  Christian IV a dix-neuf ans quand il monte sur le trône. On le voit, en effet, très jeune, sur son cheval blanc. Les expressions des personnages de la foule où se mêlent différentes classes sociales, sont joyeuses, admiratives, voire ferventes  devant le souverain. 

La pauvreté n'est pourtant pas absente. Trois gamins des rues ramassent les pièces jetées sur la chaussée.

 

La procession du couronnement de Christian IV (1596) de Otto Bache

La procession du couronnement de Christian IV (1596) de Otto Bache(détail)



Le couronnement de Christian IV (1596) de Otto Bache (détail)


Le couronnement de Christian IV (1596) de Otto Bache (détail)


Le couronnement de Christian IV (1596) de Otto Bache (détail)


Sphère astronomiqueAndreas Bösch (1554_57)


Le deuxième étage : la monarchie absolue

Le deuxième étage est consacré aux rois incarnant l'absolutisme dans les salles 37 à 42 et à des portraits et mobilier de l’époque 1700-1859 dans les salles 43 à 47.

 En effet, Frédéric III  impose l'absolutisme au Danemark en 1660 en promulguant une loi qui rend  la monarchie héréditaire. Avant lui, le monarque était élu par un conseil.


Le roi Frédéric III (1648-1670)


Et la reine Sophie-Amalia (1628_1685)




Fredreriksborg appartements royaux


Fredreriksborg appartements royaux


La chapelle du château

 


 

La chapelle du château de Frederiksborg a été préservée lors de l’incendie et présente la décoration originale de l'époque de Christian IV, mais l'église contient également plusieurs trésors historiques avec ses voûtes en stucs richement ouvragés.  Dans la tribune se dresse l'orgue Compenius, construit en 1610 par Esajas Compenius. (Tous les jeudis à A 13h30, concert à l'orgue Compenius. Le concert est gratuit pour les visiteurs du musée.)
Pendant la monarchie absolue (1660-1848), les rois danois étaient sacrés dans l'église du château et depuis 1693, il y a une chapelle de chevalier pour l'ordre de l'éléphant et l'ordre du Dannebrog.

 

 


 

De l'église, on accède à la salle de prière du roi de Christian IV, la salle a été recréée en partie détruite mais reconstituée à l’identique. 23 panneaux illustrant la vie de Jésus Christ, que l’on doit à l’artiste Carl Bloch ornent la salle de prière.

 


La vie de Jésus Christ Carl Bloch


La vie de Jésus Christ Carl Bloch


 

  Danemark Copenhague : Le château de Frederiksborg : le tableau du 18 Octobre 1660 de Hansen  La flèche de Borsen et la flèche de Saint Sauveur et Jules Verne (3)

 


dimanche 4 juin 2023

Danemark Copenhague : Frederiksborg, le château de Frédéric II extérieur (1)

Frederiksborg: le château de Frederik II à Hillerod et son lac


 Une des plus agréables visites du Danemark pour moi est celle que j'ai faite à  Frederiksborg situé à une trentaine de kilomètres de Copenhague à Hillerod. Rien de plus facile que de s'y rendre ! Des trains nombreux (tous les quart d'heures) et pas chers, vous permettent d'y être en trente minutes. Nous y avons passé la journée. Visite payante de l'intérieur le matin, repas dans un (bon) petit restaurant au bord du lac, et promenade calme et enchanteresse l'après-midi dans le parc (entrée libre). Hors des congés scolaires et un lundi, nous étions peu nombreux à visiter et pouvions même avoir l'illusion que le parc nous appartenait à nous tout seuls! 

Surnommé le Petit Versailles, le château de Frédéric II n'est pas si petit...  D'ailleurs, il est même le plus grand palais de la Scandinavie et il est si beau, si riche ! Il est donc bien plus agréable à visiter que l'immense château de Louis XIV qui lui a servi de modèle mais dont je garde un mauvais souvenir lors de ma dernière visite au milieu de la foule ! Et il est surtout tellement romantique, sur ses îlots cernés par les eaux, avec son immense parc et ses lacs, ses arbres séculaires, ou ceux qui sont bizarrement taillés, sa faune aquatique, cygnes, poules d'eau, et ses jardins à la Française, ses lilas fleuris.

 


Frederiksborg: le château de Frederik II à Hillerod, encerclé par la lac

 

La construction du château de Frederik II

 

Frederiksbog a été construit sur des petites îles au milieu d'un lac. A l'origine, il y avait là un manoir acheté et agrandi par Frederic II en 1560. Puis son fils Christian IV décida d'entreprendre des travaux  qui durèrent vingt ans, de 1599 à 1622.

 

Le château de Frederik II construit sur  les petites îles d'un lac : la partie médiévale

 Le premier bâtiment et le second furent reliés à l'autre par un pont en S formant ainsi un ensemble tel qu'on le voit maintenant, entouré d'eau, derrière ses murailles avec ses deux cours intérieures. L'ancien édifice est médiéval, l'autre, celui  de Christian IV, est dans le style de la Renaissance Hollandaise.

 

Le pont en S et la tour à barbacanes

La première porte avec une haute tour en barbacane s'ouvre sur la Fontaine de Neptune, l'autre avec un fronton sculpté permet d'accéder à la seconde cour.

Danemark Frederiksborg: la fontaine de Neptune et la façade renaissance du château

 Promenade dans le parc 

 

Frederiksborg: le château de Frederik II à Hillerod


Frederiksborg: le château de Frederik II à Hillerod vu du parc


Frederiksborg: le château de Frederik II à Hillerod promenade dans le parc


Frederiksborg: le château de Frederik II à Hillerod le parc


 Frederiksborg: le château de Frederik II à Hillerod le parc


Frederiksborg: le château de Frederik II à Hillerod


Vue du château de Frederic II dans l'écrin du parc


Frederiksborg: le château de Frederik II à Hillerod
 


Danemark Frederiksborg: le château de Frederik II jardin à la française


Frederiksborg: le château de Frederik II  vue de la colline bassin circulaire


Frederiksborg: le château de Frederik II vu de la colline


Frederiksborg: le château de Frederik II : les lignes rectilignes du jardin à la française


Frederiksborg :  les jardins à la française dessinent la blason de la couronne danoise



Frederiksborg: le château de Frederik II à Hillerod les jets d'eau

Suite : Fredriksborg : intérieur musée national d'Histoire (2)