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lundi 11 mai 2015

Bilan 2 du challenge Victor Hugo


Voici undeuxième bilan du challenge Victor Hugo. N'hésitez pas à me signaler  les oublis

Les participants

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Aaliz blog Cherry livres

Annonce du challenge Victor Hugo :

Nouvelles acquisitions et autres joyeusetés


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Claudialucia  blog Ma librairie

Annonce du challenge Victor Hugo de Moglug et claudialucia



Victor Hugo : Souvenir de la nuit du 4


Victor Hugo : Exposition  Les arcs-en-ciel du noir(musée Victor Hugo)

 Victor Hugo : Les misérables


Victor Hugo et les surréalistes : la cime des rêves (musée Victor Hugo)


Victor Hugo : L'homme qui rit


Victor Hugo : l'homme qui rit (citation) La vie n'est qu'un pied à terre...


Victor Hugo : L'homme qui rit (citation) C'est de l'enfer des pauvres...


Victor Hugo L'homme qui rit (citation) : le genre humain existe...


Victor Hugo : L'homme qui rit (citation) : une habitude idiote qu'ont les peuples...


Hugo : Les travailleurs de la mer(LC)


Victor Hugo : Quatre-vingt treize(LC)


Victor Hugo :  Bug-Jargal (LC)

Hernani (LC )

Demain dès l'aube  : poésie préférée(LC)

 Lart d'être grand-père 

Victor Hugo : Claude Gueux (LC)

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Cleanthe blog Dans la bibliothèque de Cléanthe

 

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 Eimelle blog les carnets d'Eimelle









 L'annonce du challenge
http://lecture-spectacle.blogspot.fr/2014/11/challenge-victor-hugo.html


Lucrèce Borgia

Ruy Blas

Le roi s'amuse

D'après les misérables: Tempête sous le crâne

L'homme qui rit


Hernani

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Laure  blog Mic-Mélo

 

 

 Bug-Jargal (LC)

 Le dernier jour d'un condamné

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Margotte :  blog Le bruit des pages

 

 

Bug-Jargal (LC)

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Miriam  blog Carnets de voyage


Victor Hugo : Les travailleurs de la mer

Victor Hugo : l'homme qui rit

Victor Hugo : l'enfant grec 


Bug-Jargal  (LC)

Hernani,

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Moglug  Blog Synchronicité et sérendipité

 

Annonce du challenge Victor Hugo de Moglug et de claudialucia


Emmanuel Godo : Victor Hugo et dieu


Bug-Jargal (LC) 

Les oiseaux : poème

 Hernani 

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Nathalie Blog Mark et Marcel

 

 

 

 


Extraits du discours prononcé aux
funérailles de Balzac


Quatre-vingt-treize


Les Travailleurs de la mer

 Burg-Jargal 

Hernani 

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Ont aussi participé à la LC Victor Hugo pour le choix du poème préféré : 

 

 

 Autres propositions de lecture pour les mois à venir : Rejoignez-nous!

10  Juin :  Un poème à choisir dans La Légende des siècles

Margotte, claudialucia.....

10 Octobre : Notre-dame de Paris (si vous l'avez déjà commenté vous pouvez choisir un autre grand roman)

  Nathalie, Laure, claudialucia....

10 Novembre :   Un poème à choisir dans le recueil Les orientales

Claudialucia

10 décembre :  Une pièce de théâtre : Ruy Blas

Nathalie, Laure, claudialucia

 

dimanche 10 mai 2015

Victor Hugo : Claude Gueux





Dans son livre Claude Gueux écrit en 1834, Victor Hugo s’empare d’un fait divers pour écrire un plaidoyer contre la peine de mort comme il l'a fait avec Le dernier jour d’un condamné. Mais il enfourche aussi un autre cheval de bataille qui est celui de l’éducation du peuple.

Claude Gueux, pauvre ouvrier illettré, vole de la nourriture pour nourrir sa compagne et son enfant quand le travail vient à manquer; il est condamné à cinq ans de prison. Enfermé, grâce à son intelligence et son charisme, il parvient à exercer un ascendant sur les autres prisonniers dont il devient le chef naturel et qu’il encourage au travail. Ce succès lui vaut l’inimitié du directeur qui pour se venger, le sépare de son compagnon de cellule, Albin, qui partageait son pain avec lui et qu’il aimait comme un fils. La colère de Claude Gueux fera de lui un assassin et le conduira à l’échafaud..

Les causes de la révolte de Claude Gueux sont doubles : C’est l’injustice sociale assortie à la misère qui le conduit au vol, c’est l’injustice du directeur qui le mène au meurtre. Or Claude Gueux est prêt à donner sa vie pour une cause juste. Victor Hugo dénonce ici le harcèlement moral, aussi grave que la provocation physique, et les mauvais traitements infligés en prison.
Je suis un voleur et un assassin; j’ai volé, j’ai tué. Mais pourquoi ai-je volé? pourquoi ai-je tué? Posez ces deux questions à côté des autres, messieurs les jurés s’écrie Claude Gueux lors de sa défense.
Victor Hugo lance un appel vibrant aux institutions pour supprimer la peine de mort comme cela a déjà été fait pour la flétrissure -le marquage au fer rouge-, et le bagne. La lutte contre le vol et le meurtre doit passer, affirme-t-il, par l’éducation du peuple. Or, il est impossible au peuple, dans la France des années 1830, de fréquenter l’école qui ferait pourtant de chaque homme un être conscient, intelligent, capable de dominer ses instincts et d’agir selon le bien.

Et dès la première page du récit, une phrase nous laisse entrevoir l’intention de l’auteur :
L’ouvrier était capable, habile, intelligent, fort maltraité par l’éducation, fort bien traité par la nature, ne sachant pas lire, sachant penser »
C’est pourquoi Hugo s’adresse aux ministres et aux députés pour leur démontrer la nécessité d’agir :
Une bonne éducation au peuple. Développez de votre mieux ces malheureuses têtes, afin que l’intelligence qui est dedans puisse grandir.
Les nations ont le crâne bien ou mal fait selon leurs institutions. »

Le récit de Hugo est donc une démonstration tenant de la condamnation et du plaidoyer. S’appuyant sur un fait divers, il n’hésite pas, pour rendre son propos plus fort, à enjoliver la réalité, en idéalisant son personnage. Il le décrit comme un homme supérieurement intelligent, sage et avisé. Il faut que le lecteur soit du côté du condamné et en empathie avec lui.
On voit combien Victor Hugo était en avance sur son temps puisque l’instruction n’est rendue obligatoire et gratuite en France qu’en 1882 par Jules Ferry et l'abolition de la peine de mort n’a eu lieu qu’en 1981.
Cette tête de l’homme du peuple, cultivez-la, arrosez-la, éclairez-la, moralisez-la, utilisez-la; vous n’aurez pas besoin de la couper.

Lecture commune dans le cadre du challenge de Victor Hugo : un court roman au choix
Moglug :

Laure Micmelo : Le dernier jour d'un condamné

Nathalie : Burg-Jargal

Yves Jacob  : Claude Gueux

Claudialucia : Claude Gueux


samedi 9 mai 2015

Bruce Machart : Le sillage de l'oubli


Bruce Machart

Bruce Machart de JR Christopher source
Bruce Machart est né au Texas et a grandi à Houston. Il est issu d'une famille d'agriculteurs d'une contrée rurale proche du comté de Lavaca, où se déroule l'intrigue de son premier roman Le Sillage de l'oubli. Il publiera ce livre en 2011 puis un recueil de nouvelles, Des hommes en devenir. Lors de sa parution, Le Sillage de l'oubli est accueilli par une presse enthousiaste qui trouve dans son univers des accents de Faulkner. Bruce Machart vit et enseigne à Hamilton dans le Massachusetts.

Le sillage de l'oubli est un premier roman publié en 2011 aux États-Unis et qui a été acclamé par une presse dithyrambique. Bruce Machart s'est imposé dans son pays comme l'un des auteurs les plus prometteurs de ces dernières années. La traduction de Marc Amfreville fut récompensée par le Prix de la traduction du festival Lire en Poche en 2014. Source Editions Gallmeister

Le sillage de l'oubli

Le sillage de l’oubli, premier roman de Bruce Machart  paraît en 2012 pour la traduction française aux éditions Gallmeister.

Le roman s’ouvre sur un incipit qui donne le ton au récit 

 Tant de sang, elle avait perdu tant de sang que lorsqu’il se réveilla dans des draps trempés et qu’il la trouva contre lui, recroquevillée sur le flanc, la peau moite de sueur, gémissante et un chapelet entortillé entre ses doitgs crispés, Vaclav Skala sourit en pensant qu’elle venait de perdre les eaux.

un récit qui narre le quotidien des fermiers du Texas à la fin du XIX ème siècle et au début du XXème, une vie rude, sauvage et dure, qui laisse peu de place aux sentiments. La mort de sa femme enlève, en effet, à Vaclav Skala, immigré polonais, tout ce qu’il avait d’humain. Désormais, il n’y a plus de place que pour le travail. Ses quatre fils sont traités comme des bêtes de somme qu’il n’hésite pas à atteler à la charrue. Son seul plaisir est d’acquérir d’autres terres grâce aux paris qu’il gagne contre ses voisins avec ses chevaux. Un jour, un riche propriétaire mexicain Guillermo Villesanor vient lui demander ses fils aînés en mariage pour ses trois filles. C’est une course de chevaux qui décidera de ces unions ainsi que l’ont parié les deux pères. Celle-ci sera disputée par Karel Skala, un cavalier hors pair, le cadet, le quatrième fils, celui qui a coûté la vie à sa mère. Et Karel perdra face à son adversaire, la plus jeune des filles Villesanor, Graciela, dont la sensualité obsède le jeune homme. Mais celle-ci deviendra l’épouse de son frère.

Le roman se déroule avec de grands sauts en avant où l’on retrouve Karel mariée à Sophie, et père de trois petites filles mais aussi des retours en arrière qui nous livrent des souvenirs souvent incomplets jusqu’au moment où tout se mettra en place devant nous.

Le roman est d’une grande force d’écriture et nous plonge dans un monde âpre où la vie est un combat. On y voit les colons qui ont peuplé le Texas, évincés par des immigrés, une race d’hommes obstinés, durs aux coups, accrochés à la terre, arrachant d’elle leur subsistance. Les frères y sont ennemis, rendus sauvages par la brutalité du père, tourmentés par la jalousie, rattachés pourtant entre eux par des souffrances communes. Le fils s’y retourne contre le père, la haine et l’amour brûlent tour à tour les personnages, les déchirent, les éloignent et les rapprochent. Le ton du récit est parfois celui de l’Ancien Testament, oeil pour oeil, dent pour dent. Il faudra longtemps à Karel pour parvenir à la compréhension, pour redevenir un être humain.. Il lui faudra apprendre à pardonner et à se pardonner. Car le roman est aussi une histoire d’amour, un sentiment auquel Karel ne peut s’abandonner mais qu’il va finir par accepter grâce à son fils nouveau-né, le trait d'union entre son père et lui-même, un amour qui permettra aux plaies du passé de se refermer ... le sillon de l’oubli :

« Il lui demanda (à la jument) de s’arrêter pour qu’il puisse regarder en arrière et constater que le sillage de leur passage à gué s’élargit avant de s’effacer peu à peu, puis de se refermer et de disparaître au fil de l’eau »

Un beau roman plein bruits et fureur à la manière d’un drame de Shakespeare  mais qui se déroulerait dans les vastes espaces du Texas, dans un milieu de fermiers et d'éleveurs de chevaux et de vaches.


vendredi 8 mai 2015

Alan Hollinghurst : L’enfant de l’étranger




Toujours dans le cadre de mes lectures en retard, un billet rapide  sur  L’enfant de l’étranger de Alan Hollinghurst

Quatrième de couverture

Tout commence en 1913, dans le jardin de la maison de campagne des Sawle dans le Middlesex. Etudiant à Cambridge, le timide George Sawle a invité aux Deux Arpents un de ses camarades, l'aristocratique et énigmatique Cecil Valance. Ces jours dans la maison familiale et le poème qu'ils inspirent à Cecil vont changer leur destin. Et plus encore celui de Daphné, la sœur de George. En ce printemps où rien n'annonce les proches bouleversements de l'Histoire, un pacte se noue secrètement entre les trois jeunes gens, point de départ d'une fresque saisissante à travers le XXe siècle, par l'un des plus grands romanciers anglais contemporains.
Ce livre a reçu le prix du meilleur livre étranger en 2013.

Mon avis

Il s’agit effectivement d’une fresque à travers le XX siècle puisque le départ de l’histoire se situe juste avant 1914  mais, loin de se dérouler linéairement, le récit fait de grands bonds en avant,  d'une guerre à l'autre, introduisant de nouveaux venus autour des personnages que nous rencontrons au début du roman :  Cecil Valance, le jeune poète aristocrate, brillant, hautain, sûr de lui et provocateur,  son ami George Sawle qui est à la fois son admirateur le plus fervent et son amant, et la jeune soeur de ce dernier, Daphné, qui n’a que 16 ans mais dont le jeune âge est ébloui par l’assurance du poète. 

L'écrivain déroule le siècle, multipliant les points de vue mais conservant ces trois personnages  comme les pivots autour desquels tourne l’action même lorsqu'ils ont disparu!  George et Daphné vieillissent maintenus dans le culte du poète Cecil Valance disparu pendant la guerre mais dont l’influence perdure au-delà de la mort. Ce qui permet à Alan Hollinghurst de décrire l’évolution de la société anglaise, les bouleversements qui surviennent dans les grandes familles aristocratiques depuis le début du siècle; le changement des moeurs par rapport à l’éducation, par rapport aux femmes qui  commencent à s’émanciper, à faire un choix de métier, par rapport à l’homosexualité, indicible et honteuse en 1913, puis peu à peu acceptée. La demeure gothique des Valance est le témoin et le symbole de ces mutations, d’abord modernisée, transformée entre les deux guerres voire défigurée, puis vendue pour devenir un collège, puis finalement cernée par des immeubles et démolie emportant avec elle tous les souvenirs.

On sent la maîtrise de l’écrivain  aussi bien dans l’analyse psychologique des personnages que dans la conduite du récit et dans la vision historique du siècle mais… Je ne suis pas arrivée à aimer ce roman! Peut-être parce que la structure du récit m’empêcher d’entrer vraiment dans l’histoire. Chaque fois que je commence à m’intéresser à un personnage, je le retrouve des années après et ce n’est que par bribes et par des retours en arrière que j’apprends ce qui s'est passé. D’habitude l'absence de linéarité ne me dérange pas dans un récit mais pour ce roman précis, oui! Car il y a des moments où l'on a une impression de décousu. En effet, la composition du roman, très recherchée, m'a paru nuire à la sincérité du récit et donc à l'intérêt qu'on lui porte... Je ne suis par parvenue à avoir de l’empathie pour ces personnages pas toujours sympathiques et au final je me suis ennuyée! J'aurais pu lire le roman jusqu'au bout - et je suis assez têtue pour cela - puisque j'avais déjà parcouru 500 pages sans trop de peine (car l'intérêt est souvent relancé) mais sans trop d'enthousiasme non plus... j'ai réalisé qu'après tout la notion de plaisir devait dominer et je me suis arrêtée!


dimanche 3 mai 2015

Étienne Davodeau : Lulu femme nue



Lulu est mère de trois enfants, une fille de seize ans et deux petits garçons. Son mari n’est pas une brute. Entendez, il ne l’a jamais battue mais il est habitué à ce qu’elle le serve et il a l’insulte facile quand il est contrarié. Il est plus occupé à boire ses bières devant la télévision qu’à lui parler ou à s’inquiéter de ses états d’âme. Et quand Lulu cherche à reprendre du travail, au cours de ses entretiens d’embauche, elle s’aperçoit bien vite qu’elle est considérée comme dépassée dans le monde de l’entreprise. Un jour, elle craque et part dans une errance dont elle ne sait pas bien elle-même où cela va la mener et ce qu’elle cherche!

Cette bande dessinée est d’abord un reflet de la condition féminine. La femme, loin d’être libérée et indépendante, est encore trop souvent, celle qui élève les enfants et sacrifie son travail. Peu considérée à l’intérieur de sa maison quand elle a comme Lulu, un mari  fruste et macho, et des enfants habitués à être servis, elle l’est encore moins sur le marché du travail où elle n’a aucune valeur. D’où l’image négative qu’elle a d’elle-même.
Le récit est intéressant aussi car il révèle les personnages à eux-mêmes en entraînant des bouleversements, non seulement, chez Lulu qui désormais n’acceptera plus d’être dévalorisée et traitée en servante mais aussi chez sa fille aînée, Morgane, qui va mûrir et se révéler adulte et responsable! Quant au mari de Lulu, Tanguy, de coups de gueule en coups de gueule, il va évoluer aussi, parfois contraint et forcé par sa fille qui ne le ménage pas!

 Tu m'apporteras une bière, Morgane.
T'as qu'une cheville pétée, t'as qu'à y aller sur l'autre.
Tu obéis à ton père !
T'as raison, gueule moi dessus, ça t'a bien réussi avec ta femme, on va voir ce que ça donne avec ta fille. 
Les autres personnages qui gravitent autour de Lulu ne manquent pas d’intérêt, que ce soit les marginaux, la vieille dame trop solitaire, la servante de café ou les amis de Lulu qui se font du souci pour elle et cherchent à l’aider dont Xavier qui est le narrateur car il s’agit aussi d’une belle histoire d’amitié.

Lulu Femme nue de Etienne Davodeau : BD adaptée au cinéma, film de Solveig Anspach
Lulu Femme nue de Etienne Davodeau
Le dessin de Davodeau montre des personnages modestes, habillés simplement, mais sans misérabilisme. Lulu appartient à une classe sociale moyenne. Ce qui est négatif dans sa vie apparaît  dans son visage, triste et renfrogné, et dans sa manière de marcher, le dos courbé, la tête baissée. Les couleurs dominantes sont l’orange et le marron et des camaïeux de beige un peu éteints mais sans tristesse. Les images de la mer et de la plage donnent selon les moments du récit une impression de vide et de solitude et à d'autres de paix, de beauté,  et l’on voit Lulu  se transformer, sauter, courir, bondir dans les vagues avec son amoureux, s’accordant enfin une récréation qui n'est pour pas durer….
- A quoi tu joues Lulu?
-Une semaine ou deux pour voir.
- Et tes enfants, je leur dis quoi?
- Que je les aime. Que je vais revenir. Que c'est certain. Hé, Xavier, pas de morale. Il ne s'agit que de quelques jours sur toute une vie.

Étienne Davodeau, né le 19 octobre 1965 à Botz-en-Mauges est un dessinateur et scénariste de bandes dessinées.

Wens a commenté cette Bd dans son blog En effueilant les chrysanthèmes ICI
Et vous pouvez aller voir son billet sur le film ICI
 


Enigme n° 112

Le livre : Une Bd d'Etienne Davodeau : Lulu femme nue
Le film  de Solveig Anspach : Lulu femme nue

Merci à tous les participants!  je ne note pas vos noms! Je suis en vacances. A bientôt!

samedi 2 mai 2015

Un livre/ Un film : Enigme du samedi

 

Un  livre/un film

Pour ceux qui ne connaissent pas Un Livre/un film, l'énigme du samedi, je rappelle la règle du jeu.

Wens de En effeuillant le chrysanthème et moi-même, nous vous proposons, le 1er et le 3ème samedi du mois, et le 5ème pour les mois avec cinq samedis, un jeu sous forme d'énigme qui unit nos deux passions : La littérature et le cinéma! Il s'intitule : Un livre, Un film. Chez Wens vous devez trouver le film et le réalisateur, chez moi le livre et l'auteur. Eeguab ne nous relaiera pas cette année mais nous le remercions de tout le travail accompli l'année dernière.

Consignes  

Vous pouvez donner vos réponses par mail, adresse que vous trouverez dans mon profil : Qui suis-je? et  me laisser un mot dans les commentaires sans révéler la réponse pour m'avertir de votre participation. Le résultat de l'énigme et la proclamation des vainqueurs seront donnés le Dimanche.

Prochain rendez-vous

Rendez-vous  le troisième samedi du mois :  Le samedi 16  Mai

Enigme 112

Le livre d'où a été tiré le film n'est pas un roman mais une bande dessinée! Je pense qu'il vous sera aisé de trouver le titre car le film est récent et la BD relativement aussi! Le scénario et les dessins sont l'oeuvre d'un auteur français et raconte le ras-le-bol d'une femme d'un milieu modeste, mère de famille, qui n'arrive pas à retrouver du travail.

Nous ne serons pas là pour vous aider, Wens et moi, car nous parton en Lozère ce samedi. La réponse sera publiée dimanche mais sans le nom des brillants candidats qui resteront donc, hélas, dans l'obscurité! Pardonnez-nous!

jeudi 30 avril 2015

Virginia Woolf : La duchesse et le joaillier


Cette courte nouvelle de Virginia Woolf, La duchesse et le joailler, pourrait être un vaudeville! Je la vois très bien, adaptée sur une scène de théâtre, légère et brillante ! Jugez plutôt! 
Oliver Bacon, le plus riche joaillier d’Angleterre reçoit pour une transaction commerciale au fond de sa boutique obscure la Duchesse de Lambourne, un des plus grands noms de la noblesse anglaise! Le joaillier, issu d’un milieu très modeste, se permet de faire attendre la duchesse, un luxe qui lui procure un intense plaisir! L'aristocrate, qui a une addiction au jeu, cherche à lui vendre ses célèbres perles pour payer ses dettes. Oui, mais les perles sont-elles vraies ou fausses? On peut s’attendre à tout de la part de la vieille dame! C’est le jeu du chat et de la souris, chacun avance ses pions, qui sera le plus habile, le plus rusé?

Cependant, là  où cesse le vaudeville commence Virginia Woolf : le portrait de Oliver Bacon, de son ascension vers la richesse qui le mène au sommet, la rencontre entre les deux personnages, sont transcendés par le style éblouissant de l’écrivaine.

Des métamorphoses grotesques

Oliver Bacon, au-delà de de son tailleur renommé, de ses vêtements élégants et bien coupés,  de ses gants beurre frais perd peu à peu son apparence humaine, sous la plume de l’écrivaine, pour devenir animal. Il y a d’abord le nez « qu’il avait long et souple comme une trompe d’éléphant », un nez qui semble traduire l’avidité jamais satisfaite du joaillier et aussi son flair pour faire de bonnes affaires et puis, la métamorphose se poursuit de l’éléphant à « un verrat gigantesque sur un terrain empli de truffes » toujours flairant « une nouvelle truffe, plus noire, plus grosse ». Enfin apparaît le chameau « la démarche légèrement chaloupée », toujours « mécontent de son sort », méprisant, saluant ses subalternes d’un doigt. Tout au long de la nouvelle un autre portrait, celui du petit garçon de jadis « rusé et malin, aux lèvres pareilles à des cerises mouillés », lui est opposé, une antithèse un peu triste, celle de la pauvreté et de la richesse, de la jeunesse et la vieillesse, et, au bout, le vide d’une vie qui cherche toujours autre chose, qui ne peut se contenter de ce qu’il a.

Quant à la duchesse, une longue métaphore filée la dépeint à la fois comme une vague de l’océan impétueuse car parée de tous les noms prestigieux de son ascendance et un paon dont elle a les riches couleurs, le déploiement irisée de la traîne, et l’arrogance hautaine.
"Puis elle apparut, emplissant le cadre de la porte et infusant dans toute la pièce l’arôme, le prestige, l’arrogance, la pompe et l’orgueil de tous ces ducs et duchesses dans une seule énorme vague."
A son contact, même les objets prennent une forme animale comme cet étui dans lequel la duchesse enferme ses bijoux et qui a l’air d’un « long furet jaune », telles ses perles qui sont « les oeufs d’un oiseau paradisiaque »..
Mais comme une vague finit par se briser et un paon par replier sa traîne, la duchesse reprend forme humaine, dépourvue de ses attraits empruntés, l’image vraie de ce qu’elle est : "une  femme d’âge mûr, très corpulente, très épaisse, et engoncée dans une robe de taffetas rose."

C’est ainsi que Virginia Woolf joue avec ses personnages, dépouillant l’un de son aspect humain pour dévoiler l’animal qui vit en lui et tout au contraire, retirant à l’autre la parure chatoyante du paon pour lui redonner, non sans cruauté, sa forme humaine .
Ainsi sous les apparences, Virginia Woolf débusque la vérité de ces deux êtres qui vont s’affronter dans un combat feutré, hypocrite, où chacun déploie les armes qu’il a en main : l’argent d’un côté, le prestige de l’autre, voire l’amour!

Une lutte sociale

Car il s’agit bien d’un combat, d’un duel plutôt à fleurets mouchetés, mais les armes de l’un et de l’autre sont-elles à égalité?
« Amis et ennemis. Il était le maître, elle, la maîtresse. Ils se trompaient mutuellement, chacun  avait besoin de l’autre, chacun craignait l’autre… »
Chacun, tour à tour, marque des points. L’enjeu du duel? La duchesse va-t-elle parvenir à vendre ses perles sans que Oliver Bacon en vérifie leur authenticité?

Grandeur et faiblesse d’Oliver Bacon

John Singer Sargent : Coventry Patmore, poète et critique anglais
John Singer Sargent : Coventry Patmore, poète anglais

Grandeur! Oliver Bacon a un moment de pur bonheur en faisant attendre la duchesse pendant dix minutes. L’intensité et l’étirement de ses dix minutes correspondant à une jouissance infinie de la part du banquier sont marqués par la répétition du verbe attendre qui revient quatre fois :

« La duchesse de Lambourne attendait son bon plaisir…/ elle attendait son bon plaisir; /elle attendrait dix bonnes minutes sur une chaise au comptoir../ elle attendrait qu’il soit disposé à la voir…
Le rythme de la phrase semble épouser celui du tic tac des aiguilles de la pendulette que Oliver Bacon consulte pour mieux savourer l’écoulement de ces dix minutes de puissance.
Savourer est le mot juste puisque les images que lui apporte la marche des aiguilles sont de l’ordre du goût, de la cuisine, nourriture ou boisson, mais toutes liées à des mets fins et raffinés que seul l’argent peut permettre d’acquérir : « un pâté de foie gras, une coup de champagne, un verre de fine cognac, un cigare d’une guinée ».
D’autre part, le décor dans lequel il reçoit la duchesse est le symbole de son pouvoir avec, derrière lui, une « séries de coffre-fort d’acier poli »…  Ce même décor présente pourtant la faille du personnage. Même si elle est célèbre dans le monde entier,  la boutique est « obscure », « une sombre petite boutique », tout comme l’était la ruelle « crasseuse » où il jouait aux billes en cherchant à vendre des chiens volés quand il était gamin. Obscur! C’est la limite de son pouvoir.

Grandeur et faiblesse de la duchesse

John Singer Sargent* : Lady Faulen-Philips (1898)
A l’obscurité du banquier correspond la déferlante de lumières et de couleurs de la duchesse, « éclaboussant  de tous ses reflets, verts, roses, violets; de ses chatoiements; des rayons fusant de ses doigts, de ces plumes oscillantes aux éclats soyeux »… une antithèse entre l’ombre et la lumière, mais aussi entre la discrétion et le paraître. Tout est élégance et raffinement chez Oliver Bacon, du moins quand on ne voit pas la bête qui est en lui, tout est ostentation chez la duchesse qui apparaît comme une  sorte de géante en mouvement, « énorme vague de l’océan » ou au contraire solidement ancrée dans la terre comme une montagne : Ainsi les perles « dévalèrent les pentes des vastes montagnes que formaient les cuisse de la duchesse pour rouler dans l’étroite vallée. »
 Mais la faiblesse de la duchesse est évidente. Elle a besoin d’argent pour couvrir ses dettes de jeu et elle a tout aussi besoin de discrétion de la part de son interlocuteur car le duc, son mari, ne doit pas être mis  au courant.
Pourtant la duchesse marque des points, lorsqu’elle répète ces mots « - Mon vieil ami,  murmura-t-elle, mon vieil ami. », qui sont aussi pour lui une friandise « comme s’il léchait ses paroles » .
 Un autre point quand elle l’invite à une réception avec  « le premier ministre et son Altesse royale » mais la botte secrète, c’est lorsqu’elle ajoute « et Diana » , Diana, sa fille dont Oliver est amoureux!

Ce sont donc bien deux classes sociales qui s’affrontent, la bourgeoisie qui se pare de sa richesse, la noblesse désargentée qui s’enveloppe dans ses titres et brandit les noms glorieux de ses ancêtres. A la longue, d’un point de vue historique, on le sait, c’est l’argent  qui l’a emporté! Mais dans ce petit drame singulier qui se joue devant nous, qui a gagné? La réponse n’est pas aussi évidente et je vous la laisse découvrir par vous-mêmes!


*John Singer Sargent (1856_1927) : ce peintre américain, portraitiste de talent très apprécié par la haute société américaine et anglaise me paraît très bien correspondre aux portraits brossés par  Virginia Woolf.


Lecture commune avec Laure Micmelo ICI

La prochaine lecture commune d'une nouvelle de Virginia Woolf avec Laure est prévue pour le mois de Juin :  Lappin et Lapinova : si vous vous voulez vous joindre à nous, inscrivez-vous dans les commentaires.

mardi 28 avril 2015

Marie Strachan : la terre fredonne en si bémol



Toujours dans le but de rattraper le retard que j'ai accumulé  dans la rédaction de mes billets de lecture, ces derniers mois, je vous donne un avis rapide sur La terre fredonne en si bémol de Mari Strachan

 
Mari Strachan source
Présentation de l'éditeur


Agée d'une dizaine d'années, Gwenni Morgan grandit dans un petit village du pays de Galles. Friande de romans policiers, elle se pose beaucoup de questions sur sa famille et la petite communauté au sein de laquelle elle évolue. Face aux énigmes et aux secrets du monde adulte, elle décide un jour de lancer son enquête, comme les détectives de ses livres préférés. Où est donc passé Ifan Evans, ce berger au visage tout rouge dont elle s'est toujours méfiée? Pourquoi son épouse, la douce Mme Evans, semble-t-elle si mystérieuse et si troublée depuis quelque temps ? Et que veulent dire ses filles, la petite Catrin et sa sœur Angharad, lorsqu'elles répètent que leur père est parti avec un gros chien noir? Lorsque le corps d'Ifan Evans est retrouvé, flottant dans le réservoir d'eau, c'est toute la petite communauté qui est soudain en émoi. À travers le regard fantaisiste d'une enfant un peu précoce, Mari Strachan nous montre combien il est difficile de construire son histoire dans un monde où tout se sait mais rien ne se dit. Lorsque la vérité éclate enfin au grand jour, les secrets de famille brisent l'harmonie apparente du petit village paisible de l'après-guerre. Mais Gwenni a compris depuis longtemps qu'il faut sortir des sentiers battus pour créer la carte géographique de sa propre vie...

Mon avis

 De bonnes idées, de bonnes intentions dans ce livre qui montre la misère dans les milieux populaires du pays de Galles dans les années 50 et la difficulté d’être enfant dans une famille modeste qui cache de lourds secrets.. Mais je n’ai pas aimé l’écriture qui cherche à rendre le langage de l’enfance en faisant de la fillette la narratrice de l’histoire. Sa vision des personnes et des objets qui l’entourent pourrait être poétique mais n’est pas toujours réussi car souvent trop lourde et répétitive comme cette description appuyée des pichets de bière ou ces notations incessantes sur son estomac fragile. L’enquête policière n’ajoute rien à l’histoire dont l’intérêt me paraît être ailleurs dans les tourments de cette fillette mal aimée par sa mère, marquée par la pauvreté; dans sa propension au rêve, son non-conformisme qui la marginalise au sein d’une petite ville où chacun vit sous les yeux de son voisin et où il faut savoir entrer dans un moule pour ne pas se singulariser. C'est dommage! En ce moment, je n'accroche pas au procédé de fausse naïveté qui est censé être celui de l'enfance!

Je vous renvoie à la critique du blog de Michel Goussu  Ce que j’ai pensé de… qui correspond tout à fait à mon ressenti, en particulier, lorsqu’il écrit : Il faudrait, pour savoir (…) à qui s'adresse le livre : illisible par un enfant, agaçant pour un adulte, il souffre d'un manque de choix. Lire ICI

Et puis voici aussi l’avis de L’or rouge qui a adoré : Lire ICI 



lundi 27 avril 2015

Louise Penny : Défense de tuer

Rencontre autour de l'oeuvre de Gericault, La monomane de l'envie,  avec Louise Penny au musée des Beaux-Arts de Lyon à propos de son livre Défense de tuer
Rencontre avec Louise Penny au musée des Beaux-Arts de Lyon




Louise Penny, écrivaine canadienne aux Quais du Polar de Lyon signe Défense de tuer paru aux éditions Actes noirs Actes Sud
Louise Penny aux Quais du Polar de Lyon
Louise Penny a longtemps travaillé comme journaliste à la radio anglaise de Radio-Canada avant de s'imposer comme « la plus récompensée des auteurs canadiens de romans policiers » (Maclean's). Si En plein cœur (Flammarion Québec), le premier titre de sa série « Armand Gamache enquête », a remporté un nombre remarquable de prix, les ouvrages suivants ont plus que confirmé ce succès. Louise Penny est notamment la première romancière à avoir gagné le très prestigieux prix Agatha trois années de suite et ses romans figurent aux palmarès des meilleures ventes. Comme plusieurs de ses personnages, elle habite les Cantons-de-l'Est. source


Je vous ai parlé de Louise Penny, cette écrivaine canadienne que j’ai rencontrée aux Quais des Polars lors d’une rencontre au musée des Beaux-Arts de Lyon autour d’une oeuvre de Géricault : La monomanie de l’envie ou la Hyène de la Salpetrière. (Billet ICI)
Je m’étais demandé comment son roman Défense de Tuer paru aux éditions Actes Sud noirs, était rattaché au thème de la folie et de la différence illustré par le tableau de Géricault.

Le récit


 Défense de Tuer est une enquête d’Armand Gamache, inspecteur-chef de la sûreté du Québec, la suite d’une longue série que Louise Penny a consacré à ce personnage. C’est la première fois que je le rencontrais.
 Armand Gamache et son épouse  Reine-Marie vont fêter la trente cinquième année de l’anniversaire de leur mariage au manoir de Bellechasse, luxueux hôtel dans les Cantons de l’Est au Québec. Cette ancienne demeure en rondins, au toit de cuivre, bâtie près du lac de  Massawipi par des bûcherons au XIX siècle, est un havre de paix et de repos! Tout au moins tant qu’elle n’est pas envahie par une riche  famille, les Morrow, dont les membres semblent tous un peu « cinglés » et ne paraissent pas unis par une affection indéfectible!  Ils viennent rendre hommage à leur père décédé en érigeant une statue dans le parc de la maison. Mais par un soir d’orage la statue écrase une des femmes Morrow. Gamache s’aperçoit bien vite qu’il ne s’agit pas d’un accident ! Finies les vacances et la tranquillité, il doit se charger de l’enquête! Et entre les membres de la famille et du personnel, les suspects sont nombreux!

Une étude psychologique

Voilà qui me change des thrillers, ici pas meurtres horribles et alambiqués, pas de surenchère dans l’horreur. L’intérêt est ailleurs. Il est dans ce huis-clos qui permet l’observation de chaque membre de la famille Morrow, les Gamache étant aux premières loges pour être spectateurs, parfois sans trop comprendre, des drames qui se jouent devant eux. Louise Penny excelle dans la description psychologique. Elle dissèque les rapports d’amour et de haine, d’attrait et de répulsion qui lient la mère Mrs Finney, ex-madame Morrow, remariée à Bert Finney, à ses filles Marianna et Julia, à ses fils Thomas et Peter, à leurs épouses respectives Sandra et Clara et à son petit fils Bean.  Tous sont incapables de couper les liens qui les unissent entre eux, d’acquérir leur indépendance, mais lorsqu’ils sont ensemble ils ne cessent de se torturer. L’écrivaine fait apparaître les non-dits, les sous-entendus. Ce qui apparaît parfois, aux yeux du spectateur, comme une plaisanterie entre frères et soeurs se révèle être une manière d’attiser des plaies jamais refermées. La souffrance, la jalousie, l’envie engendrent des comportements exacerbés et irrationnels pouvant aller, qui sait? jusqu'au crime!. Et voilà le rapport avec l'oeuvre de Géricault!

Une surprise

Armand Gamache est inspecteur de police mais ce n’est pas pour cela qu’il est alcoolique, instable, colérique, grossier, de mauvaise humeur! Et cela est une surprise car Louise Penny semble prendre le contre-pied des personnages habituels de la littérature policière! Je le trouve presque trop gentil ce Gamache : attentionné  envers sa femme et toujours amoureux d’elle, il est un chef respecté, il est à l’écoute de tous y compris de ses subordonnées. D’humeur égale et respectueux des victimes et des familles, il n’autorise pas de plaisanteries douteuses sur les lieux du crime. ll est aussi celui qui comprend les rêves de Bean, le petit garçon que tous s’accordent à juger « étrange » et que sa mère a affublé d’un nom de légumineuse! Presque trop beau, cet inspecteur! Ses faiblesses semblent résider dans ses rapports avec son fils et avec son père disparu.

Une intrigue à la Agatha Christie

Pas étonnant que Louise Penny ait remporté plusieurs fois le prix Agatha! Comme dans certains romans de la romancière anglaise nous sommes, on l'a vu, dans un milieu fermé et chaque protagoniste de l’action peut être coupable. Nous sommes donc amenés à soupçonner tout à tour l’un ou l’autre. A la fin, une grande réunion menée par l’inspecteur permet d’y voir plus clair et de découvrir la vérité :  un procédé coutumier à Agatha!

Mais le dénouement de l’intrigue, ce n’est pas ce que j’ai préféré dans le roman, la subtilité des rapports familiaux étant de beaucoup les plus fascinants! Ce roman m’a donné envie d’aller plus loin dans la découverte de Louise Penny.

samedi 25 avril 2015

Stella Gibbons : Le bois du Rossignol




j’ai lu il y a plusieurs mois maintenant Le bois du Rossignol de Stella Gibbons paru aux Editions Héloïse d'Ormesson, sans avoir le temps de rédiger quelques notes sur ce livre. 

Une nouvelle Jane Austen?

Stella Gibbons 1902-1989
On a comparé Stella Gibbons à Jane Austen. Elle n’en a pas, à mon avis, l’immense talent, la causticité, l’art d’épingler à travers le dialogue et l’attitude de ses personnages leur ridicule, leur vanité ou le vide de leur existence.  Mais… mais elle manifeste incontestablement de l’ironie envers ses personnages et si, l’on se sent parfois en pleine romance, une petite remarque d’apparence anodine vient remettre chaque chose ou plutôt chaque être à sa juste place, là où il devrait être dans cette société anglaise des années 1930 très hiérarchisée où chacun est considéré en fonction de sa fortune et de son milieu social.. Ajoutez y aussi une petite touche de féminisme qui rend le roman bien intéressant pour l'époque!

Un conte de fée détourné

Une fée de Sophie Anderson source
Ainsi Victor Spring, riche héritier, célibataire convoité par toutes les midinettes de la région,  se révèle un homme tout à  fait quelconque si l’on fait abstraction de sa fortune qui le pare de qualités qu’il n’a pas! Il est absolument dépourvu de  romantisme, d’imagination, de sensibilité artistique, fait preuve de pragmatisme  et d’un matérialisme affirmé :

«  Ses goûts étaient simples : il voulait le meilleur et en permanence. »

Le palais des contes de fée ressemble à un décor d' opérette démodée où tout est réglé selon « l’exigence permanente d’efficacité de Victor ». Il aime l’argent pour le dépenser de manière ostentatoire. Il aime les femmes mais n’est pas prêt à épouser les bergères!
Quant à celle qui joue le rôle de Cendrillon, Viola Wither, veuve et sans le sou, elle est frivole et inculte et manque de ce que l’on attend chez une héroïne, intelligence et  culture, même si elle porte le nom d’un personnage de Shakespeare! Mais elle se révèle sympathique et attire l’indulgence du lecteur!

Tina Wither, la belle soeur de Viola,  appartient à une famille bourgeoise où l’on cultive aussi l’amour de l’argent mais pour ... éviter de le dépenser! Mr Wither, son père, beau père de Viola, ne s’intéresse même qu’à cela et le milieu familial est tout aussi rétréci au point de vue spirituel et culturel! La fantaisie et l'imagination n'y sont pas encouragés!

 Il est difficile d'obtenir un jardin sinistre, mais le vieux Mr Wither y était parvenu.
.. il songea que les pâquerettes étaient vraiment une engeance. Il en voyait onze au beau milieu de la pelouse. Il devrait dire à Saxon de les enlever.

Stella Gibbons s’amuse à prendre le conte de fée à rebours car ici, c’est la « princesse » Tina, qui voudra épouser « le berger », Saxon, jeune homme très beau issu d’une classe sociale misérable… berger!  ou plus exactement chauffeur de son père!
Sans avoir le brio, l’humour caustique et ravageur et la profondeur de vue d’une Jane Austen, Stella Gibbons nous plonge donc dans le conte de fée -tout finit bien pour nos amoureux- tout en nous faisant voir les coulisses du conte car ici tout n’est pas pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Le courroux de Virginia Woolf


Je viens de lire que Stella Gibbons a obtenu un prix pour son premier roman (que je ne connais pas) Cold Comfort Farm, distinction qui a attiré les foudres de Virginia Woolf qui la jugeait imméritée! Mais que cela ne vous impressionne pas! Et si vous avez envie d'une lecture plaisante, distrayante et facile mais où transparaît sous la gentillesse, la légèreté et le ton un peu désuet, un regard plus critique que l’on ne croit de prime abord, n'ayez pas peur de Virginia Woolf et lisez Le bois du rossignol!

Merci à Lewerenz de m’avoir envoyé ce livre que je propose de faire voyager.

Voir le billet de Lewerenz ICI



mardi 21 avril 2015

Carin Gerhardsten : La dernière carte


Carin Gherardsen

Biographie de l'auteur

Carin Gerhardsen est née en Suède en 1962. Cette mathématicienne de formation, diplômée de l’Université d’Uppsala, a mis sa carrière de consultante en informatique entre parenthèses pour se consacrer à l’écriture. Passionnée depuis l’enfance par les enquêtes policières, c’est tout naturellement qu’elle s’est lancée dans l’écriture de polars. Mariée et mère de deux enfants, elle vit à Stockholm. L’auteur a remporté le Book Bloggers’ Literature Prize 2010 pour La Comptine des coupables. Tous ses romans ont paru au Fleuve Noir.


J'ai eu ma période lecture de polars avant d'aller aux Quais du Polar à Lyon mais ce n'est que maintenant que j'écris les billets.

La dernière carte

Dans La dernière carte de Carin Gerhardsten,  Sven-Gunnat Erlandson se fait tuer dans la forêt en rentrant de chez lui, après un repas bien arrosé avec quatre de ses amis, joueurs de poker comme lui. Dans sa poche quelqu'un a glissé quatre cartes à jouer et un code mystérieux. Qui peut en vouloir à cet homme charismatique, bénévole entraîneur d'une équipe de jeunes footballeuses, très impliqué dans l'aide humanitaire, heureusement marié à Une singapourienne Adrianti et père de deux enfants? Ses amis de poker sont tour à tour suspectés. Cette ténébreuse affaire remet à jour la disparition d'une jeune fille russe que la famille de Stefan Jenner, un ami d'Erlandson, allait adopter mais il y a bien longtemps de cela.
Le commissaire Conny Sjorberg va mener l'enquête avec son équipe dont nous allons connaître chaque membre. La connaissance de chacun est un des intérêts du roman.
Le récit se tient. Les personnages sont de moins en moins lisses et l'on finit par avoir une vision tout autre de la société en apparence tranquille d'une petite ville de Suède... Finalement j'ai été emportée par l'histoire et j'ai voulu connaître le coupable. Comme je n'ai rien de Sherlock Holmes, j'avoue que je n'avais pas deviné qui il était.
Le livre est intéressant sans être passionnant. Il paraît que ce n'est pas le meilleur de Carin Gerharsen mais je ne saurai vous le confirmer puisque c'était le premier que je lisais de cette auteure.

lundi 20 avril 2015

Paul Vacca : Comment Thomas Leclerc 10 ans, 3 mois et 4 jours, est devenu Tom l’Eclair et a sauvé le monde



Comment Thomas Leclerc 10 ans, 3 mois et 4 jours, est devenu Tom l’Eclair et a sauvé le monde de Paul Vacca va paraître aux éditions Belfond le 23 avril.

Le récit se déroule dans les années 60. Tom, un enfant surdoué, autiste, mal intégré dans une société qu'il ne comprend pas est isolé à l’école. Mais il découvre les comics américains pour lesquels il éprouve un véritable engouement. Le petit garçon s’identifie alors à ces héros dotés de pouvoirs infinis. Comme eux, il veut changer le monde; il va commencer par lui-même et découvrir comment se faire des amis, il transformera aussi la vie des autres en particulier de ses parents. Mais cela ne va pas sans quelques difficultés et même sans dangers car la vie n’est pas ne prend pas racine dans une bande dessinée.



Même si l’on comprend bien le parti pris de l’auteur de faire du petit garçon un super héros et de placer ainsi l’intrigue à mi-chemin entre réalité et univers de la BD, le résultat ne m'a pas convaincue.  L’on ne parvient pas à croire à ce gamin surdoué, autiste certainement, bien que cela ne soit jamais dit, et qui parvient aussi facilement à surmonter son handicap. Cette hésitation entre réalisme et fiction m'a laissé un sentiment mitigé et une sorte de malaise par rapport au roman que j'ai jugé par moments trop gentil, trop conte de fées!  Je ne suis pas parvenue à adhérer à l'émotion. Il y a pourtant plein d’idées charmantes ou amusantes qui pourraient être bonnes mais qui sont contées d'une manière plate. La volonté, en effet, de conduire le récit à hauteur d’enfant, donne un style volontairement simplifié, faussement naïf, mais qui finit par être banal, sans ressort et sans vie.
 Les thèmes sont bien de notre temps, autisme, Alzheimer, indépendance de la femme, chômage - de tout temps peut-être - mais le diagnostic de l'autisme actuellement n'est pas chose aisée et il l'était encore moins dans les années 60. Aussi le choix de cette époque paraît gratuit ou du moins n'ajoute rien à l'histoire. Je suis donc déçue et c’est bien dommage car j’avais aimé la légèreté, l’humour et la sensibilité de La petite cloche au son grêle.


                                         Merci  à Dialogues Croisés et aux éditions Belfond


dimanche 19 avril 2015

Reif Larsen : L'extravagant voyage du jeune et prodigieux TS Spivet




L'extravagant voyage du jeune et prodigieux TS Spivet de Reif Larsen est un livre que j'ai déjà commenté. Je vous renvoie donc à mon billet :

Tecumseh Sansonnet Spivet (ces deux prénoms sont toute une histoire!) vit dans un ranch à Divide, Montana, avec sa famille composée de membres un peu disparates, entre un père cow boy plutôt rustique et une mère, le Dr Clair, entomologiste passionnée. Celle-ci a compris les dons extraordinaires de son fils et les encourage en le confiant au docteur Yorn, un savant qui devient une sorte de père spirituel. Jeune cartographe surdoué de douze ans, passionné de sciences, TS Spivet apprend qu'il a gagné un prix prestigieux décerné par le musée Smithsonian à Washington pour la qualité exceptionnelle de ses illustrations scientifiques. Il décide alors sans avertir ses parents et son mentor de partir à Washington pour recevoir son prix mais là-bas personne ne sait qu'il est un enfant. C'est le début d'une longue traversée des Etats-Unis, caché dans un train de marchandise comme un véritable vagabond  de la Grande Dépression, un hobo.

Disons tout de suite que le personnage principal, TS, jeune garçon surdoué est très attachant. Le contraste entre sa maturité intellectuelle et son comportement parfois enfantin amusent mais est émouvant car il révèle sa fragilité et sa solitude. Son voyage sera une épreuve, il affrontera beaucoup de dangers, il lui faudra patience, intelligence et courage pour réussir.

Le roman est divisé en trois parties qui correspondent à trois moments de la vie de TS et aussi à trois étapes géographiques :  1°L'Ouest  2° la traversée 3 °L'Est.  Au cours de ces trois étapes, Reif Larsen présente à la fois les paysages de l'Amérique mais aussi son passé à travers la saga de sa famille car TS va découvrir, dans un carnet qu'il a volé à sa mère, l'histoire d'Emma, son arrière grand-mère.  Ce récit dans le récit mêle à la fois le passé et le présent et établit des parallèles entre deux destins, celle d'Emma et du Dr Clair, la mère de TS. Scientifiques de haut niveau, elles sont en tant que femmes vouées à l'échec, en butte à la suprématie masculine. Prises au piège de l'amour pour des hommes qui ne leur ressemblent en rien, elles sont retenues au foyer et élèvent leurs enfants. Un parallèle existe aussi entre Emma et son arrière petit-fils. Tous deux ont besoin d'un père spirituel, d'un mentor pour les guider dans le domaine des sciences. Le jeune garçon réussira-t-il là où Emma a échoué? On verra quand il arrivera au Smithsonian que la question se pose. L'enfant, comme la femme, a à affronter des difficultés et déjouer des chausses-trappes inhérents à son fragile statut social. TS rencontre, en effet, la jalousie des scientifiques adultes mais excite aussi leur concupiscence car l'image de l'enfant prodige peut être médiatisée et rapporter gros. Le jeune garçon est transformé en bête de cirque, exposé à la curiosité de tous, exploité. Heureusement pour lui, son père, le vrai, interviendra pour le sortir des griffes de cette "maffia". Vision assez pessimiste de Reif Larsen visant l'une des Institutions les plus prestigieuses du pays! Voir la suite ICI

Quant à l'adaptation cinématographique de Jeunet, allez lire le billet de Wens qui a détesté ce film! Il faut dire que si les images sont belles (des paysages splendides) le ton est mièvre et les personnages sont traités de manière simpliste ou caricaturale!




Enigme n° 111

Le livre : L'extravagant voyage du jeune et prodigieux TS Spivet de Reif Larsen
Le film :L'extravagant voyage du jeune et prodigieux TS Spivet de Jean-Pierre Jeunet


Félicitations à  Aifelle, Asphodèle, Dasola, Somaja
Et merci à tous les participants!