Lulu est mère de trois enfants, une fille de seize ans et deux petits garçons. Son mari n’est pas une brute. Entendez, il ne l’a jamais battue mais il est habitué à ce qu’elle le serve et il a l’insulte facile quand il est contrarié. Il est plus occupé à boire ses bières devant la télévision qu’à lui parler ou à s’inquiéter de ses états d’âme. Et quand Lulu cherche à reprendre du travail, au cours de ses entretiens d’embauche, elle s’aperçoit bien vite qu’elle est considérée comme dépassée dans le monde de l’entreprise. Un jour, elle craque et part dans une errance dont elle ne sait pas bien elle-même où cela va la mener et ce qu’elle cherche!
Cette bande dessinée est d’abord un reflet de la condition féminine. La femme, loin d’être libérée et indépendante, est encore trop souvent, celle qui élève les enfants et sacrifie son travail. Peu considérée à l’intérieur de sa maison quand elle a comme Lulu, un mari fruste et macho, et des enfants habitués à être servis, elle l’est encore moins sur le marché du travail où elle n’a aucune valeur. D’où l’image négative qu’elle a d’elle-même.
Le récit est intéressant aussi car il révèle les personnages à eux-mêmes en entraînant des bouleversements, non seulement, chez Lulu qui désormais n’acceptera plus d’être dévalorisée et traitée en servante mais aussi chez sa fille aînée, Morgane, qui va mûrir et se révéler adulte et responsable! Quant au mari de Lulu, Tanguy, de coups de gueule en coups de gueule, il va évoluer aussi, parfois contraint et forcé par sa fille qui ne le ménage pas!
Tu m'apporteras une bière, Morgane.
T'as qu'une cheville pétée, t'as qu'à y aller sur l'autre.
Tu obéis à ton père !
T'as raison, gueule moi dessus, ça t'a bien réussi avec ta femme, on va voir ce que ça donne avec ta fille.
T'as qu'une cheville pétée, t'as qu'à y aller sur l'autre.
Tu obéis à ton père !
T'as raison, gueule moi dessus, ça t'a bien réussi avec ta femme, on va voir ce que ça donne avec ta fille.
Les autres personnages qui gravitent autour de Lulu ne manquent pas d’intérêt, que ce soit les marginaux, la vieille dame trop solitaire, la servante de café ou les amis de Lulu qui se font du souci pour elle et cherchent à l’aider dont Xavier qui est le narrateur car il s’agit aussi d’une belle histoire d’amitié.
Lulu Femme nue de Etienne Davodeau |
Le dessin de Davodeau montre des personnages modestes, habillés simplement, mais sans misérabilisme. Lulu appartient à une classe sociale moyenne. Ce qui est négatif dans sa vie apparaît dans son visage, triste et renfrogné, et dans sa manière de marcher, le dos courbé, la tête baissée. Les couleurs dominantes sont l’orange et le marron et des camaïeux de beige un peu éteints mais sans tristesse. Les images de la mer et de la plage donnent selon les moments du récit une impression de vide et de solitude et à d'autres de paix, de beauté, et l’on voit Lulu se transformer, sauter, courir, bondir dans les vagues avec son amoureux, s’accordant enfin une récréation qui n'est pour pas durer….
- A quoi tu joues Lulu?
-Une semaine ou deux pour voir.
- Et tes enfants, je leur dis quoi?
- Que je les aime. Que je vais revenir. Que c'est certain. Hé, Xavier, pas de morale. Il ne s'agit que de quelques jours sur toute une vie.
Étienne Davodeau, né le 19 octobre 1965 à Botz-en-Mauges est un dessinateur et scénariste de bandes dessinées.
Wens a commenté cette Bd dans son blog En effueilant les chrysanthèmes ICI
Et vous pouvez aller voir son billet sur le film ICI
Enigme n° 112
Le livre : Une Bd d'Etienne Davodeau : Lulu femme nue
Le film de Solveig Anspach : Lulu femme nue
Merci à tous les participants! je ne note pas vos noms! Je suis en vacances. A bientôt!
Le film de Solveig Anspach : Lulu femme nue
Merci à tous les participants! je ne note pas vos noms! Je suis en vacances. A bientôt!
C'est un film que j'ai bien aimé, je ne savais pas qu'il étai tiré d'une BD. Au ait quelle différence entre BD et roman graphique?
RépondreSupprimerQuestion difficile! Le roman graphique accorde plus d'importance au texte, je crois(?). Le texte est donc plus long, les pages sont plus nombreuses, le format est différent, plus petit, moins semblable à celui de la BD traditionnelle.. La Bd peut avoir un public enfantin (pas obligatoirement, bien sûr), alors que le roman graphique est réservé aux adultes. Enfin, c'est assez vague et pourtant si tu as un roman graphique entre les mains, tu ne le confonds pas avec une BD!
Supprimerje te renvoie à cette adresse : http://neuviemeart.citebd.org/spip.php?article448
Je sais qu'il y a des expos, des fans de Davodeau mais je n'aime pas du tout ses dessins...
RépondreSupprimerDans les dessins de Davodeau, les personnages ne sont jamais flattés et voire certains sont franchement pas gâtés! Je pense que Davodeau veut montrer des gens comme tout le monde pas des super-héros ou des personnes qui se distinguent par leur beauté, leur élégance, leur richesse; il aime les humbles et mets en valeur l'amitié, la solidarité. C'est pour cela que je l'apprécie!
SupprimerMaintenant que le film s'éloigne un peu dans mon souvenir, je vais me procurer les BD. J'aime bien Davodeau, surtout ses histoires.
RépondreSupprimerFinalement j'ai aimé les deux, film et BD, même si le scénario du film (peut-être plus réaliste parfois et donc moins poétique) prend des libertés par rapport à la BD. Cela ne m'a pas gêné. Le dénouement du film est plus optimiste que celui de la BD.
SupprimerTu le sais déjà, mais j'ai adoré cette BD ! Bonne fin de vacances :-)
RépondreSupprimerOui, c'est chez toi que j'ai lu un billet enthousiaste sur Davodeau!
SupprimerJ'ai beaucoup entendu parler de cette BD et j'aimerais beaucoup la lire.
RépondreSupprimerComme toi j'ai beaucoup aimé les deux... J'ai beaucoup aimé ces personnages de Davodeau, comme tu le dis dans tes réponses à tes commentaires ce ne sont pas des héros ni des têtes de premier mais quel humanité.... Quand au film j'ai préféré sa fin à la BD (comme tu dis, plus optimiste) et puis j'adore Karin Viard :0) Bisous, bonne semaine
RépondreSupprimer