Lozère : château du pape Urbain V |
Je suis là ! Mais j'arrive...
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Le festival est fini ! Voici les spectacles que j'ai vus classés de cinq à une étoile. Il se révèle que l'année 2023 était un bon cru !
Ma petite-fille a vu seize spectacles parmi les 37 auxquels j'ai assisté dans le OFF. Je trouve que c'est intéressant de voir ce qu'en pense une adolescente. On verra que nos avis concordent parfois mais pas toujours, ce dont je me réjouis.
Je note son avis par des émoticônes: 💚 😁 😡
COUPS DE COEUR *****
Les Téméraires (voir mon billet)
Yvonne (voir mon billet)
Kids !(voir mon billet) 💚
Non loin d'ici (voir mon billet)
Pour un oui ou pour un non ! (voir mon billet)
le voyage de Molière ! (voir mon billet) 💚
Phèdre (voir mon billet) 😡
Le huitième ciel (voir mon billet)
SPECTACLES ****
Phoenix danse Hip Hop à La Factory: Très beau spectacle de danse où les corps des danseurs vivrent à l'unissson de la musique baroque interprété sur uen viole de gambe.
Le Moby Dick (voir mon billet)
Le malade imaginaire donne le La (voir mon billet) 💚
Boby Lapointe De la racine à la pointe : Mise en scène inventive et fantaisiste pour animer la fête du langage des chansons de Boby Lapointe, ses jeux de mots, et son brin de mélancolie. Un spectacle très agréable !
L'humour de Proust (voir mon billet)
Weber à vif (voir mon billet)
Faraekoto danse hip hop : Le thème : deux enfants perdus dans la forêt par leurs parents, comme Hansel et Gretel. L'un est muet, l'autre qui a des jambes en caoutchouc ne peut tenir debout (étonnante souplesse de la danseuse !). Les deux danseurs sont excellents, la chorégaphie impressionnante, la mise en scène belle et poétique avec mapping en toile de fond montrant la forêt et le loup qui les conduira vers la sortie. Mon petit-fils Ewen (2 an et demi) était fasciné, les adultes aussi !
La foire de Madrid de Lope de Vega : Très agréable de voir pour la première fois en France une pièce de cet auteur espagnol du XVI siècle. Le thème est classique : pendant la foire de Madrid, un jeune homme tombe amoureux d'une jeune femme mariée. Il faut détourner l'attention du mari ! Mise en scène enlevée, bons comédiens. Un agréable moment de théâtre ! 💚
LES SPECTACLES INTERESSANTS ***
Variations énigmatiques : Un brillant exercice de style de Eric-Emmanuel Schmit, mise en scène par Paul- Emile Fourny servis par deux bons comédiens au Chêne noir.
les fourberies de Scapin (voir mon billet) 😀
La tempête (voir mon billet) 😄
Le secret des conteuses : Agréable rencontre (non sans humour) avec Ninon de Lenclos, Madame de Sévigné, Mademoiselle de Scudéry, Madame Scarron ( la future madame de Maintenon) pour tous ceux qui aiment la langue du XVII siècle et le raffinement des salons littéraires du siècle.
De l'ambition : Des jeunes gens, l'année du Bac et après... Leur avenir, leurs espoirs, leurs ambitions , leurs échecs. Intéressant ! Un des spectacle préférés de ma petite-fille (13 ans) 💚
Le bonheur de donner (voir mon billet)
Bestiaire végétal
: une pièce pour enfants où j'ai amené Ewen, mon petit-fils de 2 ans et
demi. Il a aimé. Comme le titre l'indique le bestiaire, insectes,
petites bêtes, oiseaux... sont suggérés par des végétaux, tiges,
paille, feuilles mortes, laissant libre cours à l'imagination. Un beau
spectacle.
Le Barbier de Séville Beaumarchais : Le spectacle préféré de ma petite-fille (13 ans). Elle l'a vu deux fois. Interprété par de jeunes comédiens pleins d'énergie et de conviction. 💚💚
Eurydice aux enfers : Une version dans laquelle Eurydice va chercher Orphée aux Enfers mais ne vous attendez pas à une histoire classique ! Vous allez visiter les différents cercles de l'Enfer en ascenseur, y rencontrer de drôles de personnages (mention spéciale à la Mérule et son compagnon au niveau de l'invention et des costumes ) et un gentil animateur qui vous fera les honneurs de l'Enfer !
Frankenstein le cabaret des âmes : Marie Shelley écrit Frankestein devant nous ! Spectacle original.
La peur (voir mon billet) 😡
Celle qui ne dit pas a dit : Trois femmes, des ouvrières ! L'une qui dit (autre ment appelé, la grande gueule), l'autre qui dit après et la dernière qui ne dit pas ! C'est pourtant la dernière qui, en se libérant, fera bouger les choses ! mais le théâtre du Lilas, nouveau lieu, n'est pas climatisé et j'ai bien souffert !
LES SPECTACLES **
L'armoire à poésie : déçue par L'armoire à poésie parce que j'en attendais autre chose ! Je pensais que la poésie s'inviterait dans ce spectacle et que le faux procès qu'on instruit contre elle - la poésie est inutile et dangereuse parce qu'elle éloigne de la réalité et freine la réussite sociale - serait vaincu par la beauté des vers. Il y a bien poèmes dans la pièce mais des extraits et mal dits, juste de manière allusive, à toute allure, pour faire place à une histoire d'amour. J'ai bien aimé, par contre, le décor avec le panier et les livres lumineux.
Storm : Ballet : Les grands ventilateurs pour suggérer l'orage et le vent sont hideux et m'ont gênée et, en plus, dirigés vers les spectateurs, ils vous congèlent ! J'étais au premier rang, après avoir cuit au four dans les rues d'Avignon, je me suis retrouvée en Sibérie ! Ce n'est pas bien malin ! C'est dommage pour les danseurs !
Mariés sur le tarmac : Une fable écolo, une critique de la télé réalité que ma petite-fille a bien aimée et elle a bien ri. C'est une pièce amusante mais je sais que je l'oublierai vite. 💚
Le Montespan : J'ai été déçue par ce spectacle qui a pourtant récolté des Molières. L'histoire de monsieur de Montespan est intéressante mais je n'ai pas aimé l'interprétation de deux des personnages féminins. Comme si pour "montrer" une vieille femme, il suffisait de se casser en deux et de prendre une voix éraillée et désagréable ! La comédienne qui tient tous ces rôles a eu pourtant un Molière d'interprétation. Les goûts et les couleurs ... ! 😡
LES SPECTACLES *
Le cercle de craie caucasien : Ennuyeux. J'aime bien Bertold Bretch, pourtant. 😡
Le jeu de l'amour et du hasard : une mise en scène comique mais qui ne rend pas la subtilité du langage, la finesse de l'analyse psychologique : Marivaux mérite mieux ! Les costumes, cet affreux tailleur-pantalon de Sylvia au début, et le décor (un bar ?) ne m'ont pas plu. Ma petite-fille a aimé parce qu'ils l'ont fait rire. C'est la première fois qu'elle voit la pièce et elle ne peut pas en entendre autant que moi, forcément ! J'étais donc heureuse que le spectacle lui ait plu. 💚
L'île des esclaves : Je ne sais si c'est le texte ou la mise en scène mais j'ai trouvé la pièce démonstrative, pesante et quand le metteur en scène, en plus, nous a expliqué ce que veut dire Marivaux et ce que lui, a voulu signifier, j'ai pensé qu'il prenait les spectateurs pour des imbéciles. 😡
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Au théâtre de la Factory |
« Le théâtre comme la peste est une crise qui se dénoue par la mort ou par la guérison. »
Antonin Artaud
Yvonne est laide, empotée, timide, peureuse et ennuyeuse. Et c’est par rébellion contre les lois de la nature qui recommandent aux jeunes gens de n’aimer que les filles séduisantes que le fils du Roi la prend pour fiancée. Par crainte du scandale la famille accepte les fiançailles. Mais la venue d’Yvonne à la cour devient rapidement encombrante. Sa seule présence suffit à faire tomber les masques et révèle peu à peu les monstres endormis en chacun.
A travers la force comique et destructrice du texte de W. Gombrowicz, le Théâtre Brûler Détruire accouche d’un spectacle radical et furieusement joyeux à l'esthétique puissante et ambitieuse. Un spectacle physique grave et brûlant comme une danse passionnelle entre tragédie et burlesque, sauvagerie et tendresse. Un spectacle de troupe débordant de vie, débordant du plateau. C’est l’expérience d’un théâtre cruel et drolatique, une comédie humaine ou irrévérence devient langage visuel. Car si le théâtre est incohérent, idiot, incompréhensible et violent c’est qu’il est le reflet du monde. N'est-ce pas ? Il n’y aurait entre la scène et la salle que la distance d’un objet à son image. Très proche. Vous êtes très proche.
Mon avis
"Elle ne parle pas, elle ne dit
rien. Mais ne rien dire, ne serait-ce pas sournoisement tout insinuer ?
Insupportable. Brûler détruire la mollichonne." C'est par cette phrase que le Théâtre Brûler Détruire présente la pièce du dramaturge polonais Wiltold Gombrowicz et, effectivement, que de force dans ce silence et quel déchaînement de violence il va provoquer ! Une mention spéciale à la comédienne, Lea Lévy, qui joue le rôle d'Yvonne. Exprimer autant sans dire un mot, quel exploit !
Cette tragédie de l'absurde qui rappelle par certains aspects Ubu Roi et le théâtre de Ionesco dénonce tous les abus de pouvoir, toutes les formes de domination, celles d'un dictateur sur ses sujets, de l'homme sur la femme, du fort sur le faible, du persécuteur sur sa victime, celles de la beauté qui exclut, du groupe qui rejette la différence. Et c'est vrai que nous ne pouvons que nous sentir concernés !
Brûler, détruire, c'est effectivement, ce que fait la troupe de
comédiens qui nous entraîne avec eux dans la folie, le grotesque, la
cruauté et pourtant nous fait rire ! Une aventure théâtrale surprenante, ahurissante, loufoque, puissante, tragique et pourtant, - pour reprendre les mots du texte ci-dessus -, "furieusement joyeuse "!
Quelle pièce ! Quelle mise en scène ! Quels comédiens !
La dernière pièce de "mon" Festival vue le 29 Juillet 2023 à 20H 50 ! On ne pouvait finir mieux!
« Une inventivité foisonnante, j’aime la noirceur lumineuse avec laquelle ils éclairent cette pièce, elle est monstrueuse et résonne très fort aujourd’hui. »
Lionel Lingelser, Munstrum Théâtre
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« Un Pagnol à l’Irlandaise »
Cette comédie dramatique raconte l’histoire de deux célibataires quarantenaires, Anthony et Rosemary.
Anthony
a passé toute sa vie dans la ferme familiale, enfermé dans sa solitude.
Rosemary, qui vit dans la ferme voisine depuis toujours, l’attend …
laissant s’écouler les années éternellement.
Alors que le père
d'Anthony menace de le déshériter et de vendre la ferme, le rêve de
Rosemary s’effondre. Et si Anthony venait à s’envoler loin, loin d’ici
?...
Dans cette pièce, John Patrick Shanley propose une
introspection, à la fois drôle et émouvante, sur nos rêves et nos
désirs, enfouis sous la chape du déni et de la fuite. La remise en cause
des certitudes et des peurs est douce et familière car l’histoire qui
nous est présentée est à la fois proche et éloignée de notre quotidien.
On se rassure en se disant que c’est « non loin d’ici ». La pièce parle d'amour, de deuil et de transmission. Les personnages ressemblent à des archétypes qui, se fissurant, expriment une humanité touchante, comme dans une photo de Raymond Depardon. Ils transmettent un message d’espoir : il n’est jamais trop tard pour vivre librement. Mais pour cela il faut s’affranchir des atavismes familiaux… Et le plus tôt sera le mieux !
La qualification d'un Pagnol à l'irlandaise ne me paraît pas bien choisie ! Non, le ton n'est pas celui de Pagnol et nous sommes loin de la faconde, du soleil et des mas provençaux. La pièce nous parle du froid et de la solitude, de "taiseux" qui ne savent pas exprimer pas leurs sentiments, des années qui s'écoulent avec le passage triste (mais beau) des saisons, des envies de suicide, des rêves d'évasion.
Nous vivons en Irlande, dans des fermes isolées, nous pourrions être en Lozère sur les hautes terres... La comparaison avec le film de Raymond Depardon me paraît plus juste.
Nous sommes dans un pays où le père est prêt à enlever la ferme à son fils parce qu'il "n'aime" pas la terre même s'il la travaille laborieusement, cette terre, et y consacre sa vie. Le ton est juste et vrai, entre émotion et humour.
La pièce est comme une petite musique douce, mélancolique, rythmée par les belles images en écran de fond, aux couleurs de l'automne, de la neige et de la floraison, en un retour qui paraît éternel ! Et on aimerait qu'ils se disent, "je t'aime ", ces deux-là, au lieu de vivre seuls, crevant de solitude, chacun dans sa maison familiale, après la mort de leurs parents. Heureusement, la pièce se termine par une jolie note d'espoir !
Un beau spectacle que j'ai beaucoup aimé et bravo aux quatre comédiens!
John Patrick Shanley, Adaptation : Julie Delaurentis
Produit par la compagnie Div'Art avec la participation de Gilles Bonamy.
Soutenu par la SPEDIDAM, Le Parc naturel régional Normandie Maine et le Conseil Départemental de l'Orne.
Mon avis :
Un excellent spectacle !
LES GEMEAUX
LE MOBY DICK
Horaire : 11h35
Lieu : Salle du Dôme
Relâches :
Mercredis 12, 19 et 26/07
Durée : 1h20
De : Lina Lamara
Mise en scène : Lina Lamara
Avec : Alain Leclerc, Akim Chir, Adrien Bernard-Brunel, Alexis Desseaux, Alex Metzinger,
Valérie Zaccomer, Nicolas Soulié, Stéphane Titeca, Antonio Macipe, Pierre Benoist
Chorégraphies et assistanat à la mise en scène : Morgan L’hostis
Scénographie : Vincent Para et Nadia Lamara
Création lumière : Marie Ducatez
Musiques : Kenzy Lamara
Costumes : Virginie H.
Création visuelle : Philippe Sheraf
Régisseuse son : Marion Hennenfent
Production : Compote de prod, 8256 Street et La Neuvième production
Soutiens : spectacle créé au Théâtre des Franciscains, ville de Béziers et à l'Espace 1500, ville d'Ambérieu en Bugey
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Au théâtre actuel : Florance Pernel et Charlotte Matzneff |
Agnès Duval a construit 27 buildings dans 27 pays d’Europe pour un immense groupe de BTP. Forte de sa « réussite » et de sa Légion d’honneur, elle décide de prendre une pré-retraite bien méritée pour profiter de la vie, de sa famille et de sa fortune. Mais une rencontre inattendue va faire voler en éclats son monde et ses convictions… et l’obliger à se réinventer.
LE HUITIEME CIEL THEATRE ACTUEL 19H30
Photos © Grégoire Matzneff
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A la Scala de Provence |
LA SCALA DE PROVENCE : LA PEUR
Présentation du programme du Off
Un univers à la Hitchcock.
Dans les années 50, Irène, mère au
foyer, trompe son mari, Fritz, avocat pénal. Un soir, une femme
l’interpelle à la sortie de chez son amant. Elle prétend être la petite
amie de ce dernier, interdit à Irène de revenir le voir et lui réclame
de l’argent en échange de son silence. Dès lors, Irène vit dans la
hantise que son mari apprenne sa liaison et s’enferme dans le mensonge.
Entre Hallucinations, manipulations, quête de la vérité, cette pièce
nous tient en haleine de bout en bout… jusqu’au dénouement final
saisissant, véritable renversement de situation. Du grand Stefan Zweig !
Mon avis
Non,
ce n'est pas du grand Stefan Zweig ! C'est tout autre chose que Stefan
Zweig ! C'est du Elodie Menant, la metteuse en scène, qui a tiré à soi
l'oeuvre de l'écrivain pour en faire une pièce féministe ! Donc, on peut même dire que c'est tout à l'opposé de la nouvelle et des idées de Stefan Zweig.
LA SCALA DE PROVENCE
LA PEUR de Stefan Zweig
La peur est une nouvelle de Stefan Zweig dans laquelle l’écrivain analyse les sentiments d’une femme infidèle en butte à un chantage.
Irène
Wagner a un amant, un pianiste de milieu modeste. Un jour qu’elle sort
de chez lui, elle est abordée par une femme d’apparence vulgaire qui lui
reproche de lui avoir pris son amant. Désormais la peur s’empare de la
jeune femme. L’inconnue la suit et la fait chanter, lui extorque de
l’argent. Un jour, elle va jusqu’à s’introduire chez elle en présence de
son mari et ses enfants. La peur devient obsession, vire au cauchemar
dans une sorte de crescendo étouffant malgré les tentatives de son mari
qui s’aperçoit de son trouble et semble prêt à l’écouter. Elle n’ose
plus sortir de chez elle, vit dans l’attente d’une catastrophe, se sent
constamment menacée.
"Elle
se sentait malade. Elle devait parfois s'asseoir subitement, tant son
coeur était pris de palpitations violentes ; le poids de l'inquiétude
répandait dans tous ses membres le suc visqueux d'une fatigue presque
douloureuse, qui refusait pourtant de céder au sommeil;"
Stefan
Zweig analyse les sentiments de cette grande bourgeoise, femme de
magistrat, qui toujours eu une vie protégée et facile. N’est-ce pas par
ennui et non par passion qu’elle a pris un amant ?
"Blottie paresseusement dans la tranquillité d’une existence bourgeoise et confortable, elle était tout à fait heureuse aux côtés d’un mari fortuné, qui lui était intellectuellement supérieur, et de leurs deux enfants. Mais il est une mollesse de l’atmosphère qui rend plus sensuel que l’orage ou la tempête, une modération du bonheur plus énervante que le malheur. La satiété irrite autant que la faim, et la sécurité, l’absence de danger dans sa vie éveillait chez Irène la curiosité de l’aventure."
Elle prend alors conscience de tout ce qu’elle va perdre si son mari découvre son infidélité : ses enfants, un mari qu’elle aime, une vie aisée… Il se passe peu de choses dans cette nouvelle, tout tient dans l’intensité dramatique que Stefan Zweig a su créer. C’est avec une rare maîtrise qu’il analyse la psychologie de ce personnage féminin dont on l’impression qu’il a le pouvoir de pénétrer la conscience et de la mettre à nue devant nous.
Une lecture prenante, d’une telle force et d’une telle acuité que l’on ne peut s'arrêter dans la lecture jusqu’au dénouement. Pourtant celui-ci ne m'a pas surprise car je m’y attendais un peu mais, à mon avis, ce n'est pas ce qui est important.
J’ai lu cette nouvelle parce que je vais assister à la pièce adaptée à la scène au festival d’Avignon le 16 juillet à La Scala de Provence. Je vous dirai ce que j’en pense en temps voulu. Je dois dire que je suis curieuse de voir comment on peut rendre au théâtre cette urgence de la lecture qui s'empare du lecteur et cette profondeur dans l’analyse.
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Présentation programme Théâtre Le roi René
Mon avis
Phèdre est ma pièce préférée de Racine, celle dont je connais des passages par coeur, celle dont la langue m'enchante, dont la musicalité me touche le plus "Dieux ! Que ne suis-je assise à l'ombre des forêts"... "Le ciel n'est pas plus pur que le fond de mon coeur ". C'est celle qui nous plonge au plus profond des mythes grecs, qui approche de plus près le monstre que chacun porte en soi, Phèdre, la fille de Minos et de Pasiphaé, entre ombre et lumière, entre le Bien et le Mal.
C'est la pièce qui, aussi, pose avec le plus d'intensité la question de la liberté de l'Homme et où Racine, le janséniste, nous révèle sa foi en la prédestination : " C'est Vénus toute entière à sa proie attachée". Effectivement, chaque personnage de la pièce paraît avoir le choix : Thésée quand il appelle la vengeance divine sur la tête de son fils Hippolyte ; Aricie quand elle ne dit pas à Thésée que son fils est innocent et surtout Phèdre lorsqu'elle avoue son amour à son beau-fils puis accuse le jeune homme par l'intermédiaire d'Oenone, sa suivante. Tous ces personnages vont inexorablement à leur perte, tous sont entraînés vers une fin tragique. C'est que Dieu (ici Vénus) ne permet pas qu'ils échappent à leur destin.
C'est pourquoi le metteur en scène, Laurent Domingos, a une très belle idée en introduisant le personnage de Vénus emprunté à Euripide. Il fait de la déesse - qui arbore tout au long du spectacle un sourire cruel - un démiurge qui manipule les humains, tire les ficelles comme s'il s'agissait de marionnettes, et à la fin, ébauche un geste triomphal lorsqu'elle les amène là où elle voulait !
Les comédiens ont tous une diction parfaite, un beau phrasé et une humanité qui touchent le spectateur. La mise en scène dynamique, violente, à la mesure de la tragédie, les costumes et les armures qui rappellent que Thésée et Hippolyte sont des guerriers prompts à tirer l'épée, les jeux d'ombre et de lumière, tout m'a plu dans cette mise en scène de la tragédie.
Un coup de coeur !
PS : j'ai voulu amener ma petite-fille (13 ans) voir Phèdre. Comme elle s'était ennuyée ( c'est peu de le dire ) à la représentation de Berénice récemment, j'espérais que Phèdre où il y a plus d'action, de revirements de situations, de coups de théâtre, lui plairait ! Et bien, c'est raté ! Je crois qu'il faut abandonner l'idée de lui faire aimer Racine ! Tant pis ! Elle aime Molière, Beaumarchais, Marivaux, Shakespeare...
LE ROI RENE
PHEDRE RACINE
du 7 au 29 juillet - Relâches : 10, 17, 24 juillet
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Les Téméraires |
1894. L’affaire Dreyfus coupe la France en deux.
D’un côté, l’armée et l’État propageant des fausses rumeurs baignées d’antisémitisme ; de l’autre, Émile Zola et Georges Méliès.
L’un avec sa plume, l’autre avec la première caméra au monde, mais tous deux aidés par leurs incroyables femmes, s’engagent dans une lutte pour la vérité. Si la défaite semble toute tracée, leurs courages en auront décidé autrement.
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photo Grégoire Matzneff |
Un coup de coeur !
THÉÂTRE LES GÉMEAUX
Horaire : 17h05
Lieu : Salle des Colonnes
Relâches :
Mercredis 12, 19 et 26/07
Durée : 1h30
De : Julien Delpech et Alexandre Foulon
Mise en scène : Charlotte Matzneff
Assistée de : Manoulia Jeanne
Avec : Stéphane Dauch, Armance Galpin, Antoine Guiraud, Romain Lagarde, Barbara Lamballais,
Sandrine Seubille, Thibault Sommain
Musique : Mehdi Bourayou
Costumes : Corinne Rossi
Lumières : Moïse Hill
Scénographie : Antoine Milian
Production : Marilu Production, Le Grenier de Babouchka, IMAO , Place 26
Aux dérèglements du monde, Ariane Ascaride oppose la poésie de Bertolt Brecht, forte, engagée, drôle, irrespectueuse.
"J’avais 13 ans, je suis allée à Marseille voir chanter une dame qui s’appelait Pia Colombo. Elle a interprété une chanson qui disait « Comme on fait son lit, on se couche ». Je ne saurai jamais pourquoi ces paroles ont si fort résonné en moi. J’ai pendant des années fredonné ce refrain…
J’ai relu beaucoup de poésies de Brecht, qui est toujours présenté comme un auteur austère, sérieux et théorique… On connaît moins sa bienveillance, son humour et son sens du spectacle. Cet auteur a éclairé certains moments de ma vie et je voulais, en cette période de grand bouleversement, faire à nouveau entendre ses mots si encourageants soulignés par David Venitucci."
Ariane Ascaride
Mon avis
La comédienne Ariane Ascaride dit les textes de Bertold Bretch accompagnée par l'accordéoniste David Venitucci. Bertold Bretch chante le bonheur de donner, l'amour des autres, la solidarité avec les déshérités, l'exil, la guerre. La prestation des deux artistes est impeccable. Je n'ai pas toujours été sensible au style de la chanson réaliste même si certains textes m'ont intéressée.
La Scala de Provence du 7 au 28 juillet 2023 à 16H
Durée: 1H10
Relâches
Les lundis 10, 17 , 24 Juillet
Textes et chansons Bertolt Brecht
Avec Ariane Ascaride
Musique originale David Venitucci
Collaboration artistique Patrick Bonnel
En hommage à Marcel Bluwal
Note Historique de l’auteur (extrait)
Le roman que vous allez lire se déroule durant la seconde moitié du XVIIIè siècle, sous le règne de Jeongjo (1776-1800), 22è roi de la dynastie Yi, l'une des périodes les plus prospères de l'histoire de la Corée. C'est la "renaissance de Joseon", époque où le commerce fleurit, où de jeunes lettrés adeptes des sciences pratiques venues de Chine rêvent de rénover leur pays, où le roi fonde une bibliothèque afin d'y conserver les manuscrits royaux et les archives dynastiques, et met en place des réformes politiques et culturelles. Un grand nombre d'érudits réputés préconisent alors, dans leurs écrits progressistes, des réformes de l'agriculture et de l'industrie, mais très rares sont leurs principes qui finiront par être adoptés par le gouvernement. C'est aussi la période où la production littéraire passe du stade de la copie manuelle à la fabrication en masse par xylographie et où les romans deviennent accessibles au plus grand nombre. Mais le roi Jeongjo et son gouvernement les considèrent comme des écrits sans valeur et interdisent leur circulation. Aussi l'acte de se procurer un roman et de le lire est-il à l'époque un délit, ce qui ne réfrène en rien la curiosité et l'avidité des lecteurs.
Dans Les romans meurtriers de Kim Tak-hwan se croisent des personnages ayant réellement existé et des personnages fictifs comme Yi Meong-Bang, dosa de la Haute-Cour de Justice, chargé du bon fonctionnement des exécutions publiques.
C’est lui qui, âgé, raconte son histoire. Militaire, expert dans le maniement des armes et en particulier des fléchettes, il n’en est pas moins cultivé, admirateur des Lettres et du groupe de lettrés de l’école de Baektap, grand lecteur de romans, ce genre décrié, considéré comme vulgaire.
Il préside à l’exécution de Cheong Un-mong, autre personnage fictif, romancier le plus populaire de l’époque. Celui-ci est accusé de meurtres odieux en raison de la présence, à plusieurs reprises, sur la scène de crime, de livres qu’il a écrits et qui sont restées ouverts à une certaine page. Cheong a d’abord nié puis, après avoir lu les pages ouvertes de ses livres, il a reconnu sa culpabilité. Les romans meurtriers !
Et pourtant il n’est pas coupable ! D’ailleurs, les crimes continuent après sa mort ! Notre héros se rapproche de Un-beyong, le frère cadet du romancier et de Miryeong, sa soeur cadette pour enquêter et découvrir le vrai coupable. Au passage, il tombe amoureux de la jeune fille mais sans beaucoup d'espoir, lui qui est responsable de la mort du frère aîné. Il va finir par trouver le criminel mais s’apercevoir que l’homme est manipulé. Yi Meong-Ban va se retrouver face à une machination politique complexe et dangereuse. Il est aidé dans son enquête par son ami Kim Jin, lettré, passionné d’horticulture, véritable Sherlock Holmes coréen !
Nous découvrons aussi des personnages réels, le roi Jeongjo lui-même (1752-1800) les lettrés de l’école de Baektap, érudits adeptes des nouveautés venues de Chine dont l’auteur nous fait découvrir les écrits et les préceptes. Baek Dong-Su (Yanoi) ( 1743_1816), un noble guerrier du XVIII siècle a appris les arts martiaux à notre héros. Devenu son ami, il lui permet de rencontrer les lettrés de l’école de Baektap.
Le roman présente une enquête policière intéressante avec de nombreux rebondissements mais ce que j’ai le plus apprécié c’est la découverte de la civilisation coréenne au début du XIX siècle et des idées foisonnantes qui circulent à l’intérieur des cercles lettrés à une époque où les autodafés de leurs oeuvres mal vues du pouvoir étaient courantes. La réflexion sur la littérature, sur l’importance des livres, leur fonction, leur utilité, alors que la reproduction sur bois permet d’imprimer plus d’oeuvres et d’atteindre un plus large public, n’est pas le moindre des intérêts du roman.
Kim Tak-hwan est un auteur et critique littéraire sud-coréen né à Changwon en 1968
Kim
Tak-hwan a publié de nombreux ouvrages de critique et de fiction, dont
plusieurs romans historiques et fantastiques : »L’immortel Yi Sun-sin",
série historique en huit volumes, publiée en 2004, a été adaptée à la
TV et est diffusée en feuilleton depuis 2005 sur la chaîne KBS.
Actuellement professeur de Littérature à l'Université de Hanam, Kim Tak-hwan se consacre à l'écriture de la suite des Romans meurtriers, une vaste fresque en dix volets qu'il projette de réaliser au cours des dix années à venir. Présentation Babelio
LC avec Maggie, Rachel et Doudoumatous