Marie Stuart vers 1558 par Clouet
En s'attaquant à la biographie de Marie Stuart, Stefan Zweig annonce clairement la couleur : il ne prendra pas partie! Il constate, en effet, que selon qu'ils soient protestants ou catholiques, les historiens ont fait de la Reine d'Ecosse une criminelle ou une victime et de même pour sa rivale, la Reine d'Angleterre, Elizabeth. Il souligne, cependant, la difficulté de démêler le vrai du faux dans la masse de documents, lettres, actes, rapports, procès-verbaux qui concernent le règne de ces deux souveraines à la destinée si étroitement liée. Il décide donc de s'en tenir aux documents dont l'authenticité ne fait pas de doute et dans le cas ou deux affirmations seraient opposées de confronter les textes en vérifiant les sources et les raisons politiques de chacun d'eux. Enfin quand il y a obscurité et que le doute est permis de s'appuyer sur la psychologie du personnage - car le caractère de Marie Stuart est bien connu- pour trouver la réponse la plus plausible.
Et c'est peut-être dans cette analyse psychologique que réside l'un des plus grands intérêts de la biographie de Marie Stuart par Stefan Zweig car l'historien consciencieux et documenté se double aussi de l'écrivain expert qui sait avec subtilité et finesse dénuder les mystères de l'âme humaine et découvrir les ressorts secrets sous les mobiles apparents des actions des personnages.
Elizabeth Ier d'Angleterre
Ainsi la guerre des deux reines ennemies, Elizabeth et Marie, donne lieu à une analyse savoureuse du courrier hypocrite que s'écrivaient les deux rivales. Protestations d'amitié, serments de fidélité suivis de coups bas, de propos vipérins qui pourraient apparaître comme des scènes de comédie si cet échange n'était mu par une haine implacable et ne s'achevait par une tragédie sanglante : la mise à mort de Marie.
Stéfan Zweig fait presque oeuvre de dramaturge en mettant en scène ce personnage de plein de panache et d'audace qui, pense-t-il, a pu inspirer Shakespeare pour son Hamlet et son Macbeth.
Stéfan Zweig fait presque oeuvre de dramaturge en mettant en scène ce personnage de plein de panache et d'audace qui, pense-t-il, a pu inspirer Shakespeare pour son Hamlet et son Macbeth.
Mais au-delà de la psychologie individuelle, c'est tout un tableau de l'époque et en particulier de l'Ecosse, que brosse Stefan Zweig : Un pays déchiré par ses luttes intestines, où les lords tout-puissants contestent le pouvoir des Stuart et sont toujours prêt à la rebellion, un pays pauvre dont la seule richesse, même celle du souverain, consiste en têtes de bétail que chaque clan essaie de s'approprier en se faisant la guerre, un pays qui a besoin du soutien étranger pour survivreet qui est menacé dans ses frontières par la puissante voisine, l'Angleterre. Enfin, et ce n'est pas le moindre, un pays déchiré par les luttes religieuses, gagné au protestantisme sur lequel les lords s'appuient pour s'opposer à la dynastie très catholique des Stuart, avec un peuple soumis à l'influence grandissante du prédicateur J. Knox, le plus grand ennemi de Marie Stuart.
Ainsi Stefan Zweig montre comment derrière les deux souveraines se révèlent deux mondes opposés, l'un finissant, celui de Marie Suart, héritier du Moyen-âge, chevaleresque, mais désuet, tourné vers le passé, condamné à sa perte, l'autre, celui d'Elizabeth, progressiste, allant de l'avant, décidé à s'enrichir, en pleine évolution et qui va triompher..
Ainsi Stefan Zweig montre comment derrière les deux souveraines se révèlent deux mondes opposés, l'un finissant, celui de Marie Suart, héritier du Moyen-âge, chevaleresque, mais désuet, tourné vers le passé, condamné à sa perte, l'autre, celui d'Elizabeth, progressiste, allant de l'avant, décidé à s'enrichir, en pleine évolution et qui va triompher..
La vie d'Elizabeth personnifie l'énergie d'une nation qui veut conquérir sa place dans l'univers; la fin de Marie Stuart, c'est la mort héroïque et sublime d'une époque. Mais dans ce combat chacune d'elle réalise parfaitement son idéal : Elizabeth, la réaliste vainc dans le domaine de l'Histoire, Marie Stuart, la romantique, dans celui de la poésie et de la légende.
Une biographie passionnante où l'écrivain cherche avec une grande sincérité à faire sortir Marie Stuart de la Légende pour nous montrer la femme face à l'Histoire même si l'on sent bien pourtant où va sa sympathie.
Marie Stuart enfant.
Fille de Marie de Guise ou de Lorraine et de Jacques V d'Écosse, Marie Stuart fut reine d'Écosse à la mort de son père en 1542, sept jours après sa naissance, et reine de France en 1559 à dix-sept ans. Arrivée à la cour des Valois à l'âge de cinq ans, fiancée au dauphin François, elle fut élevée en France dans une cour qui cultivait les arts et les lettres et l'esprit de la Renaissance. Ce fut les moments les plus heureux de sa vie. Entourée des ses amies, les quatre Marie, admirée par tous, célébrée par les poètes comme Ronsard ou du Bellay, Marie étudia le latin, l'italien, la musique, s'exerça à la poésie.
La Reine blanche A la mort de François II, Marie Stuart porte le deuil des reines, en blanc
Après la mort de son époux, elle regagna l'Écosse gagnée par le puritanisme, déchirée par les luttes de pouvoir où le contraste avec la cour française fut brutal. Son catholicisme et son autoritarisme, les révoltes des protestants et des nobles, son mariage avec l'assassin de son mari, provoquèrent son abdication en faveur de son fils Jacques VI en 1567. Elle se réfugia alors en Angleterre pour demander protection à Elizabeth qui la maintint prisonnière pendant dix-huit ans dans des châteaux où Marie Stuart avait la possibilité d'avoir sa propre cour avec ses domestiques et ses fidèles mais ne pouvait sortir du pays. Elle ne cessa dès lors d'encourager des complots dans le but de se libérer et de monter sur le trône d'Angleterre. Élisabeth la fit exécuter.
Le mariage de François II et Marie Stuart, reine de France et d'Ecosse(1559)
Henri Stuart, Lord Denley, fils du comte de Lennox, cousin de Marie, fut son second mari. Elle le fait assassiner par son amant Bothwell qu'elle épousa peu après.
Bothwell, l'assassin de Lord Denley, devint son troisième mari
Bothwell, l'assassin de Lord Denley, devint son troisième mari
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