Avec Henry Dunbar, Mary Elizabeth Braddon concocte pour ses lecteurs une ténébreuse histoire dont elle seule semble avoir le secret avec un assassin machiavélique, rongé par la peur d'être découvert et en proie au remords, une jeune héroïne décidée à aller jusqu'au bout pour connaître la vérité et un jeune homme qui parvient à dénouer les noeuds de l'intrigue avec l'aide d'un vrai policier.
Toute cette sombre affaire a son origine dans la faute de jeunesse commise par Henry Dunbar, héritier par son père et son oncle de la grande banque londonienne Dunbar et Baldebery, l'une des plus riches de la Cité. Henry Dunbar demande à son jeune ami Joseph Wilmot, modeste employé à la banque, de lui faire un faux en imitant une signature. La malversation destinée à couvrir les dettes de jeu d'Henry est découverte. Henry est expédié dans une succursale de la banque aux Indes orientales par son père et son oncle et en guise de punition devra apprendre le métier en partant au bas de l'échelle. Joseph Wilmot, lui, est renvoyé sans que Henry, lâche et égoïste, cherche à le défendre. Ce renvoi sera pour Joseph le départ vers une vie ratée et sa haine envers Dunbar ne cessera de croître. Aussi lorsque Henry Dunbar revient des Indes prendre possession de la fortune de son père à la mort de celui-ci, Joseph Wilmot décide d'agir et de se venger. Mais l'on apprend peu après que Wilmot a été sauvagement assassiné alors qu'il se trouvait avec Henry Dunbar.
Autour de ces deux hommes, clefs de l'intrigue, gravitent toute une série de personnages : La fille de Dunbar, Laura qui n'a jamais vu son père ayant été élevée en Angleterre par son grand père et celle de Wilmot, Margaret. Jeune et belle musicienne qui gagne sa vie en donnant des leçons de piano,Margaret est très dévouée à son père. Elle n'aura de cesse de retrouver son meurtrier. Elle est persuadée que Henry Dunbar est le coupable. La jeune fille est aimée de Clément qui travaille à la banque Dunbar et qui, par amour, sacrifie son ambition et sa carrière prometteuse pour venir en aide à sa fiancée affligée.
Comme dans Le secret de Lady Audley, la romancière nous laisse tout de suite deviner la vérité, sans nous la révéler vraiment. Aussi l'intérêt du récit n'est pas tant dans le mystère lui-même que dans la façon dont il va être levé et dans les différentes étapes de l'enquête policière qui va nous réserver maintes surprises et péripéties.
Henry Dunbar a de plus le mérite de nous présenter la société du XIXème siècle avec ses classes, ses inégalités sociales marquées, sa conception du mariage basé sur l'argent et considéré comme un moyen de s'élever socialement. Le roman se lit avec plaisir et nous nous intéressons non seulement à l'intrigue mais aussi aux personnages, en particulier aux jeunes gens, à leurs difficultés, leurs peines mais aussi leurs amours.
* Le challenge Mary-Elizabeth Braddon se termine ce mois-ci. Je l'ai rejoint en route et j'ai lu trois livres tous très agréables de cette auteure anglaise de l'époque victorienne douée d'une imagination débordante; Elle nous prouve par son talent et son anti-conformisme que certaines femmes comme George Sand en France pouvaient échapper au carcan dans lequel elles étaient emprisonnées.
Henry Dunbar; Le secret de Lady Audley; Sur les traces du Serpent (mon préféré)
chic! de nouveaux polars anglais!j'en connais qui vont être contentes!
RépondreSupprimer@ miriam : Tu vas t'y mettre?
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