Caliban
J'aime de plus en plus La tempête de Shakespeare! La première lecture m'a surprise et décontenancée. Mais plus je lis la pièce, plus je suis sensible à la poésie, au charme de la langue (traduite, hélas, mais belle tout de même) et à la multiplicité des sens!
Au festival d'Avignon, cette année, il y avait trois représentations de la pièce. j'ai choisi celle du Footsbarn Theater : La Tempête indienne, c'est le titre, car le texte de Shakespeare est transposé(?) en Inde. *
L'idée m'a plu. Je me suis demandée avant d'aller voir le spectacle, ce que ce déplacement dans un pays comme l'Inde apporterait à la pièce. Caliban méprisé par Prospéro, considéré comme inférieur par des hommes qui prennent le pouvoir dans son île et le réduisent en esclavage n'est-il pas une allégorie des peuples colonisés, asservis, comme l'a été l'Inde par les anglo-saxons et les peuples du Nouveau Monde à l'époque de Shakespeare?
D'autre part, la troupe est composé d'acteurs de nationalités différentes et chacun parle sa propre langue. Le principe était séduisant pour montrer l'universalité du dramaturge.
L'idée m'a plu. Je me suis demandée avant d'aller voir le spectacle, ce que ce déplacement dans un pays comme l'Inde apporterait à la pièce. Caliban méprisé par Prospéro, considéré comme inférieur par des hommes qui prennent le pouvoir dans son île et le réduisent en esclavage n'est-il pas une allégorie des peuples colonisés, asservis, comme l'a été l'Inde par les anglo-saxons et les peuples du Nouveau Monde à l'époque de Shakespeare?
D'autre part, la troupe est composé d'acteurs de nationalités différentes et chacun parle sa propre langue. Le principe était séduisant pour montrer l'universalité du dramaturge.
Mais j'ai été déçue dans l'ensemble et je n'ai pas vu de lecture particulière par rapport à l'Inde si ce n'est que quelques acteurs sont indiens et Miranda porte un sari pour ses fiançailles. La pièce est traitée en farce et les personnages comiques sont assez lourds et ne font pas rire. Miranda est une jeune princesse capricieuse et puérile mais il n'y a pas d'évolution du personnage, d'émotion entre Ferdinand et elle quand ils découvrent la magie de l'amour. Ni Ariel, ni Caliban ne rendent la poésie de la pièce, quant à la réflexion sur le pouvoir, le Bien et le Mal, la nature et la civilisation, elle m'a paru occultée car l'utilisation de plusieurs langues rend la pièce obscure (incompréhensible pour ceux qui ne la connaissent pas!)
Finalement ce qui m'a le plus plu dans ce spectacle, ce sont les êtres bizarres, mi-objet, mi-humain, mi-animal qui s'animent devant nous, les décors de voile transparent derrière lequel le bateau glisse amenant les personnages au milieu de la Tempête et les remportant une fois la paix revenue et aussi… la musique.
Finalement ce qui m'a le plus plu dans ce spectacle, ce sont les êtres bizarres, mi-objet, mi-humain, mi-animal qui s'animent devant nous, les décors de voile transparent derrière lequel le bateau glisse amenant les personnages au milieu de la Tempête et les remportant une fois la paix revenue et aussi… la musique.
*J'ai déjà présenté La Tempête, l'intrigue et les thèmes ICI
Une BD pour la Tempête
Une île pleine de bruits ou l'invention du territoire d'un magicien
Edouard Leskon
J'ai découvert ICI un article d'Edouard Leskon qui explique la
naissance d'une adaptation de La Tempête en BD. Les dessins et
l'imagination de l'auteur me paraissent au niveau du grand
Shakespeare dont il rend la poésie et le mystère.
Caliban
Caliban dessiné par Edouard leskon
Caliban, fils d'une sorcière, est un des personnages qui m'intriguent le plus. Il est présenté comme une sorte de monstre qui a cherché à abuser de Miranda, qui n'a jamais répondu à "la bonté" de Prospéro et de sa fille. Pourtant quand on voit l'attitude de Prospéro envers lui, Caliban apparaît plutôt comme une victime :
** Miranda
Je n'aime pas regarder ce misérable
Prospéro
Mais tel qu'il est comment ferions-nous sans lui?
Il allume notre feu, rentre notre bois
Et vaque à d'utiles besonges. Caliban!
Hola, esclave! Et bien, répondras-tu limon?
(...)
Caliban
De par ma mère Sycorax, elle est à moi Cette île que tu m’as prise. Pour commencer,
Quand tu es arrivé ici, tu me flattais
Et tu faisais grand cas de moi ; tu me donnais
De l’eau avec des baies dedans ; tu m’apprenais
À nommer la grande lumière et la petite
Qui brûlent le jour et la nuit ; moi, je t’aimais
Alors je te montrais les ressources de l’île,
Eaux douces, puits salés, lieux ingrats, lieux fertiles.
Maudit sois-je pour l’avoir fait ! Que tous les charmes
De Sycorax, chauve-souris, crapauds, cafards,
Pleuvent sur vous !
Je suis votre unique sujet, Moi qui étais mon propre roi (Acte I, scène 2)
Un monstre, Caliban? De Prospéro qui utilise la force et la violence pour soumettre ceux qui lui résiste et de lui, quel est le plus monstrueux? De plus, cet être qui est mi humain, mi animal a été capable d'apprendre le langage, de s'en servir pour l'injure et la révolte face à ces maîtres mais aussi pour la poésie. Il y a en Caliban un être sensible à la nature et à la beauté et qui sait exprimer ses sentiments d'une manière délicate.
Laisse-moi te conduire aux pommiers sauvages,
Te déterrer des truffes grâce à mes longs ongles,
Te faire voir un nid de geai, te montrer comme
On le piège le vif marmouset, te mener là
Où l'aveline pend en grappe, et dans le creux
Du roc te dénicher de petites mouettes.
Viendras-tu avec moi? Acte II scène 2
Sois sans crainte ! L’île est pleine de bruits,
De sons et d’airs mélodieux, qui enchantent
Et qui ne font pas mal. C’est quelquefois
Comme mille instruments qui retentissent
Ou simplement bourdonnent à mes oreilles,
Et d’autres fois ce sont des voix qui, fussé-je alors
À m’éveiller après un long sommeil,
M’endorment à nouveau ; – et dans mon rêve
Je crois que le ciel s’ouvre ; que ses richesses
Vont se répandre sur moi… À mon réveil,
J’ai bien souvent pleuré, voulant rêver encore »
(Acte III, scène 2)
** Traduction de Pierre Leyris:
D'autres représentations de Caliban
Caliban par Odilon Redon
Caliban par Charles A. Buchel
Caliban par William Hoggarth
Challenge de Maggie et Claudialucia
Merci pour ce billet ! La pièce a l'air originale mais un peu brouillone, on ne reconnaît plus shakespeare non ? Merci aussi de faire connaître toutes ces illustrations ! Je n'ai pas encore lu cette pièce...
RépondreSupprimerBel article, j'aime beaucoup ce lien entre art et théâtre. J'avais vu la version d'Irina Brook l'année dernière, j'avais passé une bonne soirée.
RépondreSupprimerExcellent billet comme d'habitude ! Cela m'a donné envie de lire La tempête de Shakespeare, par curiosité...
RépondreSupprimermoi aussi, j'aime de plus en plus la Tempête, même si certaines interprétations sont parfois limite
RépondreSupprimerQue de choses passionnantes dans ta librairie, ClaudiaLucia... que je n'ai malheureusement pas le temps d'approfondir vu comment je suis surbookée en ce moment entre préparation des billets, petits-enfants et canicule qui limite l'utilisation de l'ordinateur.
RépondreSupprimerLa chanson préférée de mon petit fils de cinq ans c'est celle-ci
http://www.dailymotion.com/video/x8j2k7_adibou-trois-petits-chats_music
La fraîcheur tant attendue n'est pas encore arrivée ici, demain peut-être...
Je te la souhaite au plus vite !
Oubli : je préfère le Caliban d'Odilon Redon
RépondreSupprimercela me fait penser que je n'ai toujours pas lu la tempête il va falloir que je rattrape ça :)
RépondreSupprimer