James Lee Burke est l'auteur d'une série policière qui met en scène un personnage récurrent, l'inspecteur Dave Robicheaux. Il situe ses romans en Louisiane où il a vécu, un état qu'il connaît bien. Les paysages de la Louisiane du sud ainsi que sa population ont une importance primordiale dans ces romans et accompagnent toutes les enquêtes de Robicheaux.
James Lee Burke a mis beaucoup de lui-même dans son personnage. Né au Texas et ayant vécu son enfance entre cet état et en Louisiane, Burke est issu comme Dave Robicheaux d'une famille pauvre. Son père comme celui de Dave est ouvrier dans une raffinerie. Comme Dave, Burke poursuit des études universitaires qui lui permettent d'échapper à son milieu mais il a exercé de nombreux métiers avant d'être reconnu comme écrivain. Notons aussi que la fille de Lee Burke se nomme Alafair comme la fille adoptive de Dave Robicheaux..
Si vous voulez les lire dans l'ordre il faut savoir que Dans La brume électrique est le sixième de la série d'après les titres donnés par Wikipédia. Les romans sont traduits en français aux Editions Payot-Rivages
La Pluie de néon ( 1996 pour la traduction française) The Neon Rain,1987
Prisonniers du ciel, (1991pour la traduction française ) (Heaven's Prisoners, 1988
Adapté au cinéma par Phil Joanou en1996 sous le titre Vengeance froide
Black Cherry Blues, (1991) Black Cherry Blues, 1989
Grand prix de littérature policière et prix Mystère de la Critique 1992
Une saison pour la peur, Payot et Rivages, (1993) A Morning for Flamingos, 1990
Une tache sur l'éternité, Payot et Rivages, (1994) A Stained White Radiance, 1992
Dans la brume électrique avec les morts confédérés (1994) In the Electric Mist with Confederate Dead, 1993
Le livre a été adapté au cinéma par Bertrand Tavernier en 2008 sous le titre Dans la brume électrique.
Il y a 18 titres de cette série traduits en français pour l'instant. Le 19 ème va paraître le 16 Avril 2014.
Une intrigue complexe
A New Ibéria en Louisiane l'on vient de découvrir un jeune fille assassinée, un autre cadavre va bientôt suivre. Dave Robicheaux et Rosie Gomez, un agent du FBI qu'on lui a imposée, vont vite soupçonner qu'il s'agit des crimes d'un psychopathe. Or, est revenu dans la ville Julie Balboni dit Baby Feet et son équipe de truands. Baby Feet a été camarade de classe de Dave Robicheaux. C'est un gangster peu recommandable mais que les autorités accueillent les bras ouverts parce qu'il est producteur d'un film qui va apporter de l'argent à la ville.
D'un autre côté Robicheaux arrête Elrod T. Sykes, acteur principal du film, qui conduit en état d'ivresse. L'inspecteur renonce à l'inculper lorsque Sykes lui dit qu'il a découvert les restes très anciens d'un homme noir. Or, quand il avait dix-neuf ans, Dave Robicheaux a assisté au meurtre et ce souvenir n'a jamais cessé de le poursuivre!
L'inspecteur va donc mener une double enquête. Mais bientôt les apparitions de soldats confédérés -il y a eu des grandes batailles sur ces lieux pendant la guerre de Secession- vont venir le hanter.
Une célébration de la nature
On voit que l'intrigue est très complexe et le rythme du roman est lent. C'est une des caractéristiques de l'écriture de James Lee Burke. L'enquête existe mais est le prétexte à peindre des paysages qu'il aime profondément avec ses marais, ses odeurs si particulières, ses couleurs irisées et changeantes, sa végétation dense et luxuriante, sa beauté mais aussi ses inconvénients et ses dangers : les nuées de moustiques, la chaleur excessive, les alligators, les cyclones dévastateurs… Je crois que c'est un des aspects les plus envoûtants du roman.
Un amour des humbles
Mais l'écrivain aime beaucoup aussi les hommes et surtout les humbles, ceux qui sont et seront toujours d'éternelles victimes : les pauvres filles sans parents, sans éducation, amenées à se prostituer qui deviennent les proies faciles d'hommes malfaisants; les noirs, bien sûr, dans une société qui ne s'est jamais débarrassée complètement de ses préjugés racistes et où la mort d'un homme s'il est noir ne trouble personne… sauf Robicheaux qui ne peut pas vivre avec cela.
Doit-on se faire justice?
Face à cette société gagnée par la violence, la drogue, la pornographie, Robicheaux se sent impuissant et ceci d'autant plus que la justice est défaillante. Un Julie Balboni n'a jamais directement du sang sur les doigts; ce sont ces sbires qui exécutent le sale boulot et il est assez riche pour acheter les consciences et s'en sort toujours.
Alors Robicheaux se demande si l'on doit se faire justice soi-même puisque les moyens légaux échouent; Non, lui répond le général de l'armée confédéré qu'il aperçoit dans ses visions, non, sous peine d'y perdre son âme. C'est un des thèmes du roman, souvent repris dans bien d'autres de cette série.
Fantastique ou métaphore?
Une des caractéristiques de Dans La brume électrique est que la réalité bascule dans le fantastique. Certes, James Lee Burke prend soin de nous montrer que ces fantômes n'apparaissent que lorsque Dave ne va pas bien, lorsqu'il est dans un délire, entre le rêve et le sommeil… mais très habilement l'écrivain nous maintient dans le doute. A nous donc, lecteurs, de décider si le surnaturel fait vraiment irruption dans ce récit. Cependant, il faut bien voir qu'il est de toutes façons métaphorique puisqu'il met en relation la violence de la guerre de Sécession, à celle qui est toujours de mise dans le pays. Et pour répondre à cette violence semble nous dire le spectre, il faut savoir rester un homme propre et ne pas faire de concessions envers ses valeurs : vous ne devez jamais envisagé un acte déshonorant comme une solution viable.
Quelques extraits :
Peu après quatre heures, j'entendis les mulets dans le courant, la queue d'un 'gator battre l'eau dans le marais, un moqueur solitaire chanter à l'autre bout de la clairière. L'air changea; une brise fraîche se leva de la baie et souffla une odeur de poisson et de crevettes sur les étendues plates. Puis une lueur pâle de cobalt, pareille au vert mouillé d'une lumière d'été avant la pluie, s'étira sur les rebords de la batterie de nuages amassés à l'horizon est, en quelques minutes, je distinguais les formes noires des jetées qui s'avançaient dans la mer, de petites vagues crénelées de blanc sur la marée montante, la voilure d'un crevettier au loin derrière la houle.
Conversation avec le général confédéré :
L'époque qui vous a vu vivre était différente, Général. Cet après midi , j'ai regardé un film qui montrait de jeunes femmes en train d'être battues et torturées, voire mises à mort, par des sadiques et des dégénérés. Ce genre de truc se vend dans les magasins et se diffuse dans les cinémas publics. Les fils de pute qui font ça sont rarement arrêtés sauf lorsqu'ils sont épinglés dans un coup monté à cause de leur système de distribution par voie postale. (…)
Peut-être notre société souffre-t-elle d'une telle culpabilité collective que nous craignons d'en punir individuellement les membres?.
Peut-être notre société souffre-t-elle d'une telle culpabilité collective que nous craignons d'en punir individuellement les membres?.
Félicitations et merci à : Aifelle, Dasola, Eeguab, Pierrot Bâton, Somaja, Thérèse...
Le roman : Dans La brume électrique avec les morts confédérés de James Lee Burke
Le film : Dans La brume électrique de Bertrand Tavernier (voir Wens)
Je ne connaissais ni le livre ni le film. Donc pas trouvé! Mais cela me donne une furieuse envie de commencer la série!
RépondreSupprimerJe ne les connais pas tous et je ne les ai jamais lus dans l'ordre; je me demande ce que donne l'expérience? est-ce que l'on s'en lasse?
Supprimerbien entendu je n'avais pas trouvé alors que j'ai lu `TOUS les James Lee Burke et que bien entendu j'ai vu le film ouhhhhhhh honte à moi
RépondreSupprimerTu les a TOUS lus? Non pas honte à toi mais bravo!!
SupprimerEncore une lacune a combler... j'ai mis sur ma liste ""The tin roof blowndown" qui se passe apres l'ouragan Katrina...
RépondreSupprimerTes billets ouvrent des horizons, merci.
Il paraît qu'il est très bien. Mon mari l' a lu en français. Moi pas encore!
SupprimerJ'en ai lu beaucoup, des histoires avec Robicheaux mais pas celui-là...
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