Pages

mardi 18 octobre 2022

Bucarest : Le musée Zambaccian et le musée d'art national de Roumanie (4)


Corneliu Baba : portrait de Krikor Zambaccian

Le musée Zambaccian à Bucarest a été un coup de coeur, peut-être parce qu'il existe une parfaite harmonie entre le lieu, une belle maison de maître, et les oeuvres de peintres roumains et français qui y sont exposées.

Cette maison et sa collection ont été léguées à l'état roumain par son propriétaire, un négociant d'origine arménienne, collectionneur, Krikor Zambaccian. Il est situé dans un quartier de riches villas, souvent occupées par des ambassades et j'ai eu du mal à le trouver ! Bien sûr, il s'agit d'un petit musée qui n'égale pas en richesse le musée national d'art roumain de Bucarest ni le musée Collectiilor, tous deux dans l'avenue Victorei. Mais il faut absolument le visiter si l'on veut savourer ces  oeuvres dans le calme et la beauté du lieu qui leur sert d'écrin.


Musée Zambaccian
 

Musée Zambaccian (détail)

La collection présente des peintures et des sculptures du  milieu du XIX siècle jusqu'au milieu du XX siècle.  On y trouve les peintres roumains les plus célèbres, Nicolae Grigorescu, Ion Andrescu, Theodor Pallady, Stefan Luchian, Tonitza et bien d'autres et quelques peintres français, Monet, Renoir, Pissarro, Sisley..

Le musée national d'art de Roumanie, situé  près de l'immense place de la Révolution, est installé dans l'ancien palais royal et présente une immense collection divisée entre la collection d'art roumain, d'art européen et la section médiévale.

 

Bucarest  : Musée d'art national de Roumanie


Bucarest  : Musée d'art national de Roumanie (intérieur)
 

Je réunis dans ce billet les oeuvres des grands peintres roumains communs au musée Zambaccian et au musée national d'art de Roumanie.

 

Oscar Han : musée  Zambaccian

 

Oscar Han : le baiser (1891-1976) 

Les statues de Oscar Han se dressent devant la façade du musée Zambaccian. Le sculpteur, de mère roumaine et de père allemand, est né en 1891 et est mort en 1976 à Bucarest.



Musée Zambaccian :  Oscar Han Elégie (1928)


Musée Zambaccian : Oscar Han: jeune fille cousant

 

Sculptures

Rodin : le baiser musée national d'art de Roumanie Bucarest


Brancusi : le musée national d'art a peu d'oeuvres du sculpteur roumain.


Theodor Pallady (1871-1956)


Musée Zambaccian bureau

La visite du musée Zambaccian commence par le bureau où sont exposées de nombreuses oeuvres du peintre Theodor Pallady (1871-1956). Après avoir vécu à Dresde, il a travaillé à Paris avec Matisse, Rouaut et Marquet. Au début du XIX siècle, il retourne à Bucarest mais reste en contact étroit avec la vie intellectuelle parisienne. Son oeuvre est marquée, entre autres, par l'influence de Matisse.


Musée Zambaccian : Oscar Pallady


Musée Zambaccian TheodorPallady


Musée Zambaccian Theodor Pallady


Musée Zambaccian (intérieur)

 

Nicolae Grigorescu ( 1848-1956)

Nicolae Grigorescu  Musée Zambaccian  autoportrait


Musée Zambaccian : Nicola Grigorescu : portrait

Nicolae Grigorescu ( 1848-1956)  est considéré comme le plus grand peintre roumain. Il est l'auteur de d'une oeuvre considérable qui n'a cessé d'évoluer avec les années selon ses expériences et qui compte quelque 4000 oeuvres ! Il est né dans le village de Vacaresti puis, à la mort de son père, il déménage à Bucarest où il aide sa famille en peignant des icônes. Il reçoit d'abord des commandes pour des scènes religieuses dans les églises des monastère de Bacaoi, Amfira, Agapia. Il suit les cours du maître roumain  Anton Chladek.

Ses premières oeuvres non religieuses présentent une palette sombre, aux couleurs ocres, ancrées dans la terre.

Musée Zambaccian :Nicola Grigorescu : Ferme, Roses, Promenade dans la forêt de Fontainebleau, paysage(1881)

 

En 1861, il  obtient une bourse pour aller étudier à l'école des Beaux-arts de Paris.  Là, tout en suivant des cours, il copie les grands maîtres au Louvre. Puis, il rejoint l'école de Barbizon de 1861 à 1868 où tous les artistes européens se retrouvent. Un autre grand peintre roumain Ion Andreescu y séjourne aussi.  Il s'initie à la peinture en pleine nature dans les forêts de Fontainebleau avec  Camille Corot, Jean-François Millet dont il subit l'influence. Il sera le premier artiste roumain à introduire le plein air dans la peinture. Son style évolue, devient plus léger et rappelle parfois Corot. Sa palette devient plus claire et rend compte des effets de lumière. Les thèmes préférés de Nicolae Grigorescu sont les portraits, les fleurs, les paysages, les scènes de bataille.


Musée national d'art Bucarest : Nicola Grigorescu femme dans un jardin

 

 Dès 1870, il fait des séjours en Bretagne et en Normandie. Il devient l'ami de George de Bellio, le mécène des impressionnistes, découvre l'oeuvre de Monet, de Sisley qui  l'inspire. Il peint par touches légères aériennes, jouant avec les lumières. Il est le premier à avoir introduit l'impressionnisme en Roumanie.


Musée Zambaccian : Nicola Grigorescu : paysage d'automne


Il voyage en Italie, en Grèce, en Moldavie  et réalise de nombreux portraits de paysannes, de bergers, de scènes champêtres qui sont d'ailleurs, à mes yeux, beaucoup plus traditionnels et éloignés de l'impressionnisme.


Nicolae Grigorescu :  portraits  musée Zamabaccian et musée d'art national de Roumanie Bucarest

Lors de la guerre d’indépendance (1877-1878) qui oppose les Russes aux Turcs, la Roumanie étant du côté de la Russie et obtenant ainsi son indépendance de l'empire ottoman,  Grigorescu est envoyé sur le front. C’est là qu’il puise sont inspiration pour ses nombreux portraits de soldats roumains et turcs et pour des scènes de bataille.


  Nicola Grigorescu Musée national d'art Bucarest : Turcs : étude pour la bataille de Smardan


De 1879 à 1890, il travaille surtout à Paris et va peindre à Vitré en Bretagne. En 1899, il est élu membre d’honneur de l‘Académie Roumaine.

Nicolae Grigorescu  est considéré comme le peintre de l'impressionnisme roumain, le fondateur de la peinture moderne en Roumanie.


  Nicola Grigorescu Musée national d'art Bucarest :  Guimauve et bouquet de fleurs


Nicola Grigorescu : Jeune vigneronne française et femme dans un jardin Musée national d'art Bucarest

 

Musée national d'art Bucarest : Nicola Grigorescu Une fleur parmi les fleurs Melle Millet



Ion Andreescu (1850-1882)


Musée national d'art Bucarest : Nicola Grigorescu  peint Ion Andreescu à Fontainebleau (1900)


Ion Andreescu, né à Bucarest le 15 février 1850 meurt dans la même ville en 1882. Il fait  ses études à l'École des Beaux-arts de Bucarest avec un autre peintre roumain, Aman.  Andreescu, tout comme Nicolae Grigorescu, se rend  à Paris, où il travaille à l'Académie Julian, puis à Barbizon. Sous l'influence de Nicolae Grigorescu et de son séjour en France, son art évolue. La peinture en plein air l'amène vers une méditation sur la nature mais il meurt jeune de la tuberculose. Son tableau L'Hiver à Barbizon est considéré comme l'un de ses chefs d'oeuvre.


Ion Andreescu : Hiver à Barbizon musée Zamabaccian



Ion Andreescu  : musée Zambaccian


Ion Andreescu  : musée Zambaccian


Ion Andreescu  : musée Zambaccian




Musée national d'art de Roumanie Bucarest :Ion Andreescu



Musée national d'art de Roumanie Bucarest :Ion Andreescu (détails)


Stefan lucian (1868-1916)


Stefan Luchian : autoportrait et portait de Luchian peint par Camil Ressu musée Zamabaccian



Les premières oeuvres de Stefan Luchian que j'ai pu admirer au musée national d'art de Roumanie sont de magnifiques bouquets et quand j'ai visité le musée Zambaccian, de même,  si bien que j'ai appelé cet artiste : le peintre des fleurs  : un jaillissement de couleurs, de formes, une réelle beauté dans l'art de la composition. Bien entendu, il explore d'autres thèmes, et en particulier celui du portrait.
Stefan Luchian a suivi l'école des Beaux-Arts  à Bucarest et a été encouragé par Grigorescu dont le travail a eu une influence sur lui.



Stefan Luchian : musée Zambaccian et musée national d'art de la Roumanie

Stefan Luchian : musée Zambaccian

Stefan Luchian : portraits musée Zambaccian et Musée naitonal de Roumanie


Luchian Zambaccian


Nicolae Tonitza (1886-1940)

Tonitza Nicolae : Katioucha la Lipovène : musée Zambaccian
 
 
Nicolae Tonitza est un peintre, graphiste, journaliste et critique d'art roumain. Il a fait ses études d'art en Allemagne. Il a passé deux ans à Paris et a découvert l'impressionnisme sans continuer dans cette voie comme ses illustres prédécesseurs Grigorescu et Andreescu. Si sa palette a évolué et s'est éclaircie, c'est sous l'influence de Stefan Luchian. Ses goûts le portent plutôt vers et l'art décoratif de la Belle époque et Daumier (la caricature).

Tonitza : l'écrivain Gala Galaction musée Zambaccian

  Il évolue vers un style personnel, original, qui trahit sa préférence pour l'art graphique. Ses portraits d'enfants aux coloris frais, sont joyeux et évoquent l'innocence de l'enfance. Ils semblent sortir des feuillets d'un livre de contes, avec leurs yeux ronds comme des billes et leurs joues pleines.
 
 
Nicolae Tonitza :  Portrait d'enfant/ enfant au voile blanc/ La fille du garde-forestier/ Etude pour les orphelins

 
Tonitza : musée Zambaccian

 
Il a collaboré à des revues socialistes et c'est peut-être à cela que l'on doit ses tableaux montrant la misère du peuple.
 
Tonitza Nicolae : la queue pour le pain musée national de Bucarest



Tonitza Nicolae : Femmes pauvres musée Zambaccian


Les peintres français à Zambaccian

 
Musée Zambaccian  Pissarro Cézanne Matisse Renoir (détails)

 
 
 
Le musée Zambaccian et le musée national d'art de Bucarest possèdent quelques oeuvres de peintres français que j'ai découvert avec plaisir.

 

Les peintres français au musée national d'art de Roumanie

Musée national d'art de Roumanie : Un Claude Monet très particulier

 

Musée national d'art de Roumanie  : Signac

 

Musée national d'art de Roumanie Pissarro

 

Bucarest : musée Collectiilor ou musées des Collections (5)

jeudi 13 octobre 2022

Pierre-Yves Leprince : Les enquêtes de monsieur Proust


 

Dans Les enquêtes de monsieur Proust par Pierre-Yves Leprince, il est question d’un carnet perdu qu’il faut retrouver absolument, d’un drame de la jalousie, d’apparitions fantomatiques dans le jardin de Versailles, du meurtre d’un employé dans le grand hôtel situé près du palais de Versailles où Marcel Proust s’est installé en attendant son aménagement à Paris.
Peut-on dire alors qu’il s’agit d’un livre policier ? La réponse est non, même si Marcel Proust, sans presque sortir de sa chambre, aide à résoudre ces énigmes. Non, car c’est avant tout le livre d’un grand amoureux de Proust qui connaît parfaitement le personnage et qui parle de lui avec ferveur et admiration, ce qui n’exclut pas un portrait entier de l’écrivain avec ses grandeurs et ses petitesses.

Mais c’est aussi un roman et nous sommes donc dans une fiction. Le narrateur, Noël, est un vieillard qui écrit ses souvenirs de jeunesse et évoque sa rencontre avec Marcel Proust à la fin de l’année 1906.

 Noël a 17 ans. Il est si petit qu’il semble être un enfant de 13 ans, aux bonnes joues rouges. Il travaille comme coursier pour un cabinet d’enquêteurs. Il fait la connaissance de Marcel Proust en retrouvant son carnet perdu et Proust est frappé par l’intelligence du jeune homme. Commence alors une amitié entre Noël, enfant naturel, issu d’un milieu très modeste, et le riche bourgeois, homme du monde, qui n’est pas encore un écrivain connu. Ils se sentent des affinités communes, ils sont tous deux « enquêteurs », et se rapprochent grâce à la musique que Proust aime, qu’elle soit savante ou populaire comme celle de Charpentier.

Monsieur Proust, un riche homme du monde

 


Une amitié qui ne va pas sans heurts et difficultés mais où, pourtant, Marcel Proust révèle une sensibilité et une ouverture aux autres pleine de délicatesse. C’est avec tact qu’il fait l’éducation de l’enfant, l’invitant à sa table, lui enseignant la façon de se tenir, corrigeant son langage, comblant ses lacunes culturelles, discutant avec lui sur un plan d’égalité. J’ai beaucoup aimé cet aspect « Pygmalion » qui fait ressortir la personnalité des deux personnages, l’un réel, l’autre fictif.

Ce qui ne l’empêche pas d’agir en grand seigneur plein de charme, certes, mais un Monsieur devant qui tout le monde plie, le personnel de l’hôtel, Noël, succombant à ses  exigences mais aussi à ses caprices, ses phobies, ses  crises.
Car Proust est un être affaibli par sa maladie, l’asthme, il ne peut se déplacer que rarement et revient épuisé de ses promenades, il a toujours froid et garde son manteau jusque dans sa chambre, il mange très peu, et ne peut respirer que dans une atmosphère saturée d’incessantes fumigations. La perte récente de sa mère, le plonge dans une profonde dépression. Il n’est pas toujours aisé de le satisfaire. Oui, bien sûr, on sait tout cela mais Pierre-Yves Leprince donne vie à son personnage en décrivant sa fragilité physique et psychique et sa force intellectuelle. Proust est en train d’écrire ce qui deviendra Du côté de chez Swann. Il agit, par rapport aux autres et par rapport à sa quête du temps et de la mémoire comme un véritable enquêteur, observant directement les faits - ou par l’intermédiaire de ceux qui le servent-, émettant des hypothèses, les vérifiant, s'appuyant aussi sur sa connaissance de la nature humaine.

Je crois pouvoir dire que, nous fréquentant et nous observant sans cesse, jetant des ponts au-dessus des différences de fortune et de classe, il nous connaissait, nous, les petits, mieux qu’aucun des hommes de son monde. Pour un lecteur d’aujourd’hui les barrières sociales font partie de l’Histoire, la portée universelle de La Recherche met sur le même plan la servante et la duchesse, toutes deux soumises aux lois de leur milieu et de leur temps, c’est le miracle et le charme du livre »

L’oeuvre de Marcel Proust a quelque chose de magique qu’elle doit au pouvoir des mots, à la phrase qui fait entendre la voix de celui qui écrit, au rythme complexe et savant. Mais il mène sa recherche du temps perdu avec rigueur et méthode :

Marcel Proust était le contraire d’un illusionniste, il était un homme de science, un savant dans un laboratoire, un photographe qui cherche le meilleur liquide révélateur pour tirer la meilleure épreuve possible des réalités qu’il a enfermées dans son appareil. La magie de celui qui nous parlait était son pouvoir de transformer de simples mots en images vivantes… »

Noël, un personnage du peuple

 

Enfants au travail en usine

Ce que j’ai apprécié aussi dans ce livre, c’est que le personnage romanesque, Noël, a du caractère, une personnalité. Il n’est pas seulement un faire valoir de Proust. Il existe en tant que représentant d’une classe sociale pauvre et exploitée. Le narrateur vieillissant se livre d’ailleurs à une analyse de la société du début du XX siècle et montre que le déterminisme social n’était jamais remis en cause à cette époque et était encore plus implacable que maintenant.
Mais Noël existe aussi comme individu ayant reçu une belle éducation populaire, son grand père lui raconte la Révolution française, Victor Hugo, et lui fait aimer la devise française, Liberté, égalité, fraternité, il lui fait donner des cours de musique par un de ses amis, qui n’est autre que Charpentier ; sa mère lui enseigne l’honnêteté, la politesse sans bassesse, elle le pousse à s’émanciper, à saisir sa chance par le travail. Les joutes oratoires entre le garçon et le maître sont amusantes car si l’élève raisonne bien, il fait des fautes de grammaire et l’apprentissage de la négation devient un moyen pour l’enfant de marquer subtilement, soit sa bonne volonté, soit sa désapprobation. Le jeune homme refuse de se laisser humilier même par quelqu’un qu’il admire et qu’il aime. Il y a une scène très belle qui éclaire, à la fois,  le caractère de Proust et celui de Noël. Marcel Proust souffre, aussi bien en amitié qu’en amour, d’une jalousie féroce, ce qui déclenche une crise violente au cours de laquelle il insulte son jeune ami. La réponse de Noël est une leçon de dignité que l’écrivain accepte humblement (mais pas trop !) en reconnaissant ses torts..

Enfin, Noël, en tant que fils du peuple travaillant dès son plus jeune âge, dans une société qui ne protège pas les enfants, a déjà eu à subir des propositions d’hommes plus âgés, qu’il toujours refusées. S’il se méfie, au début, de l’amitié de Marcel Proust, celle-ci sera sans équivoque, même si le thème de l’homosexualité, comme dans La Recherche, est très présent dans ce roman.

Comme dans le recherche du temps perdu tout était affaire de « côtés ». De l’un on parlait avec horreur de « moeurs antiphysiques », de l’autre on les pratiquait sans scrupules. Si elles avaient lieu entre adultes consentants, elles étaient permises par la loi ; si elles avaient lieu entre personnes de la même classe sociale, elles étaient difficiles ; si elles étaient entre de classes sociales différentes, l’argent faisait taire la réprobation; la familiarité n’abaissait pas les barrières mais donnait l’occasion de les franchir….

Analyse qui permet au narrateur -âgé de près d’un siècle lorsqu'il rédige ses mémoires- d’établir des comparaisons entre le passé et le présent sans y trouver toujours une nette amélioration !

On achetait faveur et silence, les barrières sociales étaient franchies, celle des âges et des lois aussi, le gamin payé se taisait, c’était "tout simple" (certains de nos contemporains retrouvent ce "tout simple" dans des pays pauvres, comme le fit Gide en Algérie à la fin du XIX siècle, certains autres dans nos grandes villes, en payant de jeunes immigrés venus de ces mêmes pays, c’est "tout simple").

A mes yeux, les enquêtes sont presque anecdotiques si ce n'est qu'elles permettent de révéler comment fonctionne Marcel Proust, ses méthodes de raisonnement. Elles permettent aussi de relier deux personnages trop dissemblables pour se rencontrer autrement. L'intérêt est  donc ailleurs ! 

Ce roman a le mérite de faire revivre l'un des plus grands écrivains français et d’être, loin de la biographie, un vrai roman avec des personnages fictifs qui ont une existence, avec une vision de la société d’alors et de maintenant. Ce qui fait qu’il peut intéresser non seulement les amoureux de Proust mais les autres. S’il y a quelques longueurs dans le texte, elles sont vite oubliées et la lecture en est agréable et intéressante.

 

mardi 11 octobre 2022

Roumanie : Les châteaux de Peles et de Bran en Transylvanie à partir de Bucarest (3)

Palais royal  de Peles Transylvanie
 

La visite "presque obligée" des touristes qui viennent à Bucarest est un voyage organisé vers les deux châteaux de Transylvanie les plus proches de Bucarest, le château royal de Peles et le château de Bran dit château de Dracula, situés à environ 160 km. Le voyage dure une journée entière d'autant plus que les embouteillages sont nombreux sur la seule route qui relie Bucarest à ces lieux. Comme c'est la sortie affectionnée des Bucarestois le dimanche, surtout évitez de choisir ce jour-là, comme je l'ai fait ! Nous sommes partis à sept heures le matin et revenus le soir vers 19H. Nous étions huit, des suédois, une roumaine et nous, les deux français, dans un Renault trafic, plus notre chauffeur. Vous trouverez sans peine les nombreuses offres touristiques sur internet.

Cette visite présente les côtés négatifs de ce genre de tourisme, course organisée en groupes dans les châteaux, repas dans la ville de Sinaia dont nous n'avons le temps de voir que la belle place centrale. Beaucoup de bruit, beaucoup de monde. C'est assez fatigant et l'on n'a pas vraiment le temps de faire des pauses pour apprécier pleinement. Le côté positif de la visite est évidemment qu'elle permet d'avoir un aperçu de la Transylvanie et de ces deux beaux châteaux, visite impossible sans véhicule, et qu'elle donne envie d'y retourner mais par ses propres moyens et plus calmement.


Castelul Peleș


Palais royal de Peles Façade néo-renaissance


Le prince Charles de Hohenzollern-Sigmaringen - qui deviendra le roi Carol Ier de Roumanie en 1881-  subjugué par les magnifiques paysages de Transylvanie lors d'une visite à Sinaia décida d'y faire construire un château. Celui-ci servit de résidence d'été à la famille royale jusqu’à l’abdication du roi Michel en 1947.

Le château de Peles appelé ainsi d'après une petite rivière qui coule près du site fut édifié entre 1875 et 1915 dans le style néo-renaissance en vogue à l'époque dans toute l'Europe. En 1948, il fut étatisé par les communistes puis, après la chute de Ceaucescu, converti en musée et ouvert au public en 1990. Il est riche de 2.000 tableaux. 

 C’est non seulement un château somptueux mais il bénéficie, de plus, d'un confort moderne étonnant pour l'époque. Peles fut le premier château en d’Europe à posséder l’électricité, il a sa propre centrale hydroélectrique, le chauffage central, un toit de verre mobile et un ascenseur. Il possède 160 pièces et 30 salles de bain.


Palais royal Peles ( détail architectural néo-renaissance)


Palais royal Peles  cour intérieure Transylvanie


Palais royal  de Peles cour intérieure étage supérieur Transylvanie


Palais royal de Peles loggia et fresque à l'italienne (détail)



Palais royal Peles fenêtre à vitraux Transylvanie


Palais royal Peles vitrail 

Palais royal de Peles salon



Palais royal de Peles : On dirait un Titien ??


Palais royal Peles : lustre de Murano


Palais royal Peles :le salon mauresque



Château de Peles : Le salon de musique



Château de Peles: la salle à manger



Le château de Bran ou château de Vlad  III Dracula dit l'Empaleur


Le château de Bran  ou de Vlad l'Empaleur dit de Dracula Transylvanie


Le château de Bran  est le premier château  construit (en bois)  par les chevaliers teutoniques au début du XIII siècle pour contrôler la route commerciale entre la Transylvanie et la Valachie. Il est associé dans la légende à Vlad III l'Empaleur qui a servi de modèle pour Dracula à Bram Stocker. Mais Vlad  n'y a probablement jamais mis les pieds. En 1377, il est reconstruit en pierre et permet, sur la frontière entre la Valachie et la Transylvanie, de collecter les droits de douane des marchands valaques.


Le château de Bran  ou de Vlad l'Empaleur dit de Dracula Transylvanie


Le château de Bran  dit de Dracula Transylvanie


Le château de Bran dit de Dracula : cour intérieure


Le château de Bran dit de Dracula


Le château de Bran dit de Dracula


Le château de Bran dit de Dracula

 
Extérieurement le château de Bran a une allure farouche, dressé sur son roc. Il correspond bien à l'atmosphère propre au mythe de Dracula. Intérieurement, il est plutôt avenant, tout blanc avec des colombages rouge foncé. De plus, la foule est telle que l'on finit par faire la queue pour passer d'une pièce à l'autre dans des couloirs étroits, ce qui crée une ambiance peu propice au fantastique et au mystère. La projection d'un extrait du film de Nosferatus sortant de sa tombe pour vous agresser,   l'apparition d'un fantôme qui traverse le mur, sont nécessaires pour évoquer la légende. Heureusement, la parfaite panoplie du chasseur de vampires, croix, pieux, miroir, vous attend, vous avez tout sous la main !


Le château de Bran dit de Dracula : oui, nous avons rencontré un fantôme !


Le château de Bran  dit de Dracula : malette anti-vampires


Le château de Bran ou de Vlad l'Empaleur: grimoire



Le château de Bran  ou de Vlad l'Empaleur dit de Dracula : le parc



Qui était Vlad l'Empaleur ?

Vlad III Dracula,  l'Empaleur

 

Bram Stoker s'est largement inspiré pour son Comte Dracula d'un personnage réel qui a vécu en Roumanie, Vlad III Basarad, Dracula, né vers 1431 en Valachie et mort en 1476 près de Bucarest. Vlad devient voïvode de Valachie, titre que l'on peut traduire par prince, en 1448. 

Le nom de Dracul qui signifie en roumain dragon ou diable était hérité de son père Vlad II Dracul qui fut décoré de l'ordre du Dragon par l'empereur Sigismond de Hongrie.

(Drac en Occitanie signifie dragon / En Provence,  existe aussi la légende du Drac, un monstre ailé qui  hante les eaux du Rhône, dévore les jeunes vierges et rançonne les habitants. Le seigneur du village promet sa fille au héros qui sera vainqueur du dragon. Un chevalier terrasse le monstre, épouse la princesse, devient à son tour le seigneur du village rebaptisé Mondragon. Frédéric Mistral évoque la légende du Drac dans son  très beau et étrange Poème du Rhône.)

Vlad III est un souverain sanguinaire. Il a le le goût des supplices violents et comme la Roumanie est alors en lutte contre l'empire ottoman il sème la terreur parmi ses ennemis en faisant empaler plus de 20 000 ottomans en une seule nuit. Mais quelle est la part de la vérité et de la légende ? ! Il y gagne son surnom de l'Empaleur, en roumain Tepes. Il mourra lui-même assassiné en 1476 à Bucarest. Il est décapité et sa tête envoyé au sultan qui l'expose sur un pieu pour preuve de sa mort... On comprend pourquoi il a nourri la légende et inspiré Bram Stocker pour la création de son vampire.

Je rappelle à propos de la vie et de la personnalité, de Bram Stocker, le beau roman de Joseph O'Connor : Le bal des ombres ICI


Roumanie : Bucarest (4) : Le musée Zambaccian et musée national de Roumanie