Pages

lundi 3 janvier 2011

David Trueba : Savoir perdre



Avec Savoir perdre, couronné par le grand prix national de la Critique 2008, traduit de l'espagnol par Anne Plantagenet en août  2010, l'écrivain, scénariste et réalisateur espagnol, David Trueba, brosse un portrait pessimiste et désabusé de l'Espagne et plus précisément de Madrid à notre époque.
Ce pays, nous le découvrons à travers quatre personnages principaux dont l'écrivain nous offre une tranche de vie qui s'étend sur une période d'un an environ. C'est le temps d'une année scolaire, celle de Sylvia que nous découvrons au lycée, deux semaines après la rentrée de Septembre au début du roman et que nous quittons en juillet, à la fin du récit, le résultat de ses examens en poche. Pendant ce laps de temps, ces quatre personnages autour desquels David Trueba brosse toute une galerie de portraits, vivent des moments fondamentaux de leur vie. Tous s'acheminent vers un échec qui les marquera irrémédiablement mais avec plus ou moins de cruauté. C'est le sens du titre : Savoir perdre, ce qui somme toute est une philosophie difficile que tous ne sauront atteindre. Si je vous dis que dans ce constat assez noir, seuls les jeunes gens s'en sortent vraiment, vous ne serez pas étonnés, je suppose. En effet, l'espoir réside encore dans la jeunesse et éclaire - même si ce n'est pas sans nostalgie-  cette vision de la vie et de la société.
La découverte de la sexualité et de l'amour bouleverse la vie de Sylvia qui a tout juste 16 ans même si elle sait cet amour condamné d'avance et sans avenir. De plus, elle doit faire face au divorce de ses parents et gérer la solitude et les angoisses de son père Lorenzo, assister sa grand-mère Aurora dans la longue maladie qui amène inexorablement  la vieille dame vers la mort. La jeune fille est sur le point de rater son année scolaire et au-delà son avenir qui paraît bien compromis mais sa maturité, son intelligence, son courage lui permettent de limiter les dégâts et de faire face. C'est un personnage intéressant malgré ses erreurs et ses mensonges, comme l'est d'ailleurs Aurora, sa grand-mère qui a su aimer les autres avec altruisme. Quant à la  mère de Sylvia, Pilar, qui a choisi d'être heureuse en vivant un nouvel amour, elle vient compléter ces beaux portraits de femmes aux trois âges de la vie, ce qui introduit un peu d'optimisme dans le roman.
Ariel, le footballeur argentin qu'aime Sylvia, a vingt ans. Il a un côté touchant, un peu enfantin quand il reste seul à Madrid après le départ de son frère aîné. Le mal du pays, la solitude, la pression qui pèse sur ses épaules au niveau sportif quand la nécessité de gagner un match enlève tout plaisir de jouer, sont parfois trop lourds à supporter. C'est l'occasion pour Trueba de dénoncer ce milieu du football perverti par les sommes colossales qui sont désormais en jeu. Un milieu du fric sale où la parole donnée ne compte pas, où l'on peut rompre un contrat sans état d'âme, où chacun, du joueur à l'entraîneur en passant par toutes les personnes impliquées dans ce sport y compris la presse, ne pense qu'à s'en mettre plein les poches. Ariel aime sincèrement Sylvia même s'il est effrayé par son extrême jeunesse. Il essaie de l'oublier en côtoyant un monde factice, prostituées, groupies énamourées, filles superficielles uniquement préoccupées par le sexe et le paraître. C'est un milieu où l'on peut facilement être corrompu et perdre sa vie et son talent en beuveries et relations sexuelles sans lendemain qui laissent un arrière-goût d'amertume et de vide. Lui aussi va être perdant mais l'espoir lui est permis.
Les deux autres personnages sont Lorenzo, le père de Sylvia dont la situation est désespérée. A travers lui, nous côtoyons le monde des sans-papiers mais aussi de ceux qui  exploitent leur misère et leur précarité! Enfin Léandro, grand-père de Sylvia et père de Lorenzo, incarne le naufrage de la vieillesse. Sa passion pour une prostituée au moment où la femme qu'il a aimée est en train de mourir ressemble à un suicide, une auto-destruction programmée. Il y perd non seulement son argent mais plus encore, sa dignité, son honneur, ses raisons de vivre. A travers Leandro et son enfance, Trueba présente les traumatismes de la guerre civile qui a marqué toute la société espagnole.
Le style de Trueba est sec, phrases courtes, nerveuses, souvent au présent de narration, comme si l'écrivain nous présentait un instantané, un tableau qui s'anime, là, devant nos yeux. Il s'agit d'un constat, d'un état de lieu sans concession. C'est un grand roman par l'ampleur de ses vues mais le refus de l'émotion, la distanciation voulue par l'écrivain font que le lecteur reste un témoin extérieur et n'est jamais vraiment partie prenante sauf, peut-être, mais seulement dans une certaine mesure, pour Sylvia et Ariel.

dailogues-croises-capture-d_ecran-2010-05-27-a-10-14-261.1295109300.pngMerci à Dialogues croisés et aux éditions Flammarion

dimanche 2 janvier 2011

Joseph Delteil et son village natal Château de Villar-en-Val : vacances de Noël

 

chateau-de-vals-en-villar.1293960246.jpg
Château de Villar-en-Val, village natal de Joseph Delteil

delteil-ce-matin.1293960468.jpg


J'ai fêté Noël avec toute ma famille à Villar-en-Val dans l'Aude pas très loin de Carcassonne. Nous avions loué un grand gîte au pied du château de Villar.
Là, dans ce petit village qui semble loin de tout, j'allais avoir la surprise de rencontrer le poète et écrivain Joseph Delteil. C'est en effet, ici qu'il naît,  à la ferme de la Pradeille en 1894. Plus tard, son père achète une parcelle de vignes à Pieusse au cœur des Corbières.  Il y demeure jusqu’à son certificat d’étude puis il intégre l’école Saint-Louis à Limoux. Il est ensuite élève au collège Saint-Stanislas (petit séminaire) de Carcassonne.

delteil-un-cheval-qui-hennit.1293960494.jpg

Le  premier roman de Delteil  Sur le fleuve Amour en 1922 attire sur lui l'attention des surréalistes et en particulier de Breton et d'Aragon. Il rejoint donc le groupe et s'installe à Paris. En 1925 son Jeanne d'Arc que Breton qualifie de "saloperie" l'exclut du mouvement. En 1931, malade, il quitte Paris et  part s'installer dans le sud.  A partir de 1937, il vit près de Montpellier en compagnie de son  épouse Caroline Dudley, qui fut la fondatrice de la Revue Nègre. C'est là qu'il meurt en 1978  après avoir écrit une quarantaine de livres dont j'ai retenu quelques titres : Le Cœur grec (1919); Le Cygne androgyne (1921); Sur le Fleuve Amour (1922); Jeanne d'Arc (1925, Prix Femina); Ode à Limoux(1926); Jesus II (1947); La Deltheillerie (1968);Correspondance privée Henry Miller-Joseph Delteil, Paris, Pierre Belfond, 1980 .

agit-de-faire-peau-neuve.1293960358.jpg

A Villar-en-Val, un sentier de poésie a été aménagé pour rendre hommage au poète. Il est jalonné par des extraits de ses vers. Quand je l'ai parcouru, ce sentier, il était saupoudré parcimonieusement d'une neige légère et glacée. Dans la solitude de ce paysage d'hiver,  les mots de Joseph Delteil, purs et simples, claquaient comme des étendards.


delteil-jai-cent-mille-ans-sentier.1293960819.jpg

delteil-panneau-paysage-de-glace.1293960841.jpg

delteil-chapelle-de-vals-en-villar.1293960526.jpg
La chapelle de Villar-en-Val
delteil-jai-cent-mille-ans.1293960438.jpg


Les compagnons Troubadours du dimanche de Bookworm :

samedi 1 janvier 2011

Meilleurs voeux pour l’année 2011

William Turner



Avec cette image du soleil sur l'océan, souvenir d'un voyage de l'année qui se termine, tous mes voeux pour l'année 2011 ... et pour tous, amoureux des livres, ces quelques phrases  :

La lecture est une amitié 
Marcel Proust 
Une lecture bien menée sauve de tout y compris de soi-même 
Daniel Pennac
Peu de livres changent la vie. Quand ils la changent c'est pour toujours
Christian Bobin

jeudi 16 décembre 2010

le jeudi, c’est citation avec François Cavanna


Il faut mépriser l'argent, surtout la petite monnaie.



mercredi 15 décembre 2010

Pierre Very et Christian-Jaque : les disparus de Saint-Agil

Van Stroheim et Martin Squelette : Chiche-Capon!


Pour les fêtes de Noël, si vous cherchez une idée de cadeau originale et de qualité pour les enfants dans le style DVD ou roman et dans le genre policier sympa et plein d'humour, allez-voir le blog de Wens : En effeuillant le Chrysanthème  consacré aux romans, films noirs ou policiers.


mardi 30 novembre 2010

Lecture du mois de Novembre 2010

le-musee-du-petit-palais-vu-de-lamontee-au-rocher-des-doms.1288645642.jpg
Le Musée de peinture médiévale du Petit Palais (Avignon)


Paul Doherty : Le combat des reines Grands détectives 10/18 (347p.) traduit de l'anglais par C. Armandet et N. Markovic

Daeninckx-Tardi BD : Le der des Ders éditions Casterman (1997)

Dang Thuy Tang : Les carnets retrouvés (1968_1970) éditions Picquier  (276p) traduit du Vietnamien parJean-Claude Garcias

Benoît Charlat : Nenegle sur la Montagne éditions L'école des Loisirs  Adorable album pour tout petits (septembre 2008)

George Sand : L'orgue du Titan . Editions L'école des Loisirs classiques  (octobre 2009)

Louise Eldrich : La malédiction des Colombes éditions Albin Michel (Juin 2010) traduit de l'américain par Isabelle Reinharez (lecture en cours)

Géraldine Brooks : La solitude du docteur March Editions Belfond traduit de l'américain par Isabelle Philippe Septembre 2010

David Peace : Tokyo, ville occupée Editions Rivages: Thriller

Maïté Laboudigue : Bande de froussards Editions kaléidoscope Album pour enfants

samedi 27 novembre 2010

Le tag de l’amitié : lecture, cinéma, voyage …




9782070514113fs.1290874846.gif

 

Mango et Gwenaelle m'ont taguée : en voici le résultat


1. Quand vous étiez petite, que répondiez-vous à la question : "Et toi, que veux-tu faire quand tu seras plus grande ?" ?

le-monde-du-silence.1290875033.jpgJe voulais être "étudiante"  (suite à une lecture, laquelle?)  mais aussi  Scaphandrier (Le monde du silence  : Louis Malle-le commandant Cousteau), éleveur de chevaux dans le Wyoming (Flicka de Mary O'Hara)  trappeur dans le Grand Nord (Bari chien-loup de Curwood, l'appel de la forêt de Jack London)

2. Quels ont été vos BD et dessins animés préférés ?
Le Peter Pan de Walt Disney et les BD de Vaillant un hebdomadaire pour enfants où de grands noms de dessinateurs de  BD ont fait leurs premières armes.

3. Quels ont été vos jeux préférés ?
Jouer avec mon amie aux héros de nos lectures communes (en se déguisant avec des couvertures et des jupes de nos mères) .

4. Quel a été votre meilleur anniversaire et pourquoi ?
Mes 15 ans, ma première montre et un grand bouquet de glaieuls chez ma soeur d'adoption.
Mes 16 ans et un voyage inoubliable en Italie, début d'un grand amour pour ce pays, avec ma mère.

5. Qu'est-ce que vous auriez absolument voulu faire que vous n'avez pas encore fait ?
Il y a encore beaucoup de pays que je voudrais visiter!

6. Quel a été votre premier sport préféré ?
La danse classique et la natation

7. Quelle était votre première idole de musique ?
Marcel Huylbrock, un ténor!  Si vous connaissez, faites-moi signe!!

8. Quel est le plus beau cadeau de noël (ou équivalent) que vous ayez reçu ?
Les patins d'argent! le livre, bien sûr! pas de vrais patins!

vendredi 26 novembre 2010

Maïté laboudigue : Bande de froussards!



J'adore Bande de froussards de Maité Laboudigue! Ce délicieux album pour enfants de trois à six ans raconte l'histoire d'un petit lapin, Isidore. Celui-ci veut traverser les bois pour aller jouer avec, euh! B... que dis-je? ... avec son copain Albert. Mais ni Yoyo, ni Gudule ne veulent l'accompagner! Bande de froussards!  Il faudra pourtant beaucoup de courage à Isidore pour affronter seul les dangers  de ce voyage mais il y parviendra muni de son "épée magique", une belle fleur rouge qui deviendra un beau cadeau pour B... euh! mais chut, ne révélons pas les secrets d'Isidore!
Ce livre présente de très belles illustrations stylisées tant pour les personnages que pour la nature, forêt, champs, massifs de roses, aux couleurs vives, chaudes et colorées, sans mièvrerie aucune : un régal pour les yeux.
L'histoire, elle, est pleine d'enseignement mais sans insistance et lourdeur. Elle raconte que la peur est un sentiment naturel et que le véritable courage est de parvenir à la surmonter. Elle montre que l'imagination joue des mauvais tours quand elle nous fait voir des monstres là où il n'y en pas. Par contre, elle vient à notre aide et elle est même précieuse quand elle nous aide à affronter nos terreurs. L'intelligence et la ruse peuvent nous permettre d'échapper à la brutalité symbolisée ici par les chasseurs. Enfin l'amour donne des ailes et nous fait accomplir des prouesses!
L'album est si riche que l'enfant ne remarquera pas tous les détails la première fois. Les illustrations des pages de garde nous permettent d'observer le territoire où se situe le récit  comme s'il s'agissait d'une carte : Où sont les maisons de Gudule, de Yoyo et d'Isidore? Où habite Albert ? Retrouvons la petite maison de la forêt? et les deux arbres rattachés par un lien rouge?
il faudra le lire et le relire avec lui pour découvrir leur signification. Par exemple, que porte Isidore à son poignet gauche et pourquoi? Qu'est-ce qui se cache réellement dans la forêt derrière les arbres?
Comme dans tout livre d'initiation, l'enfant s'identifiera au petit lapin. Lui aussi deviendra un preux chevalier, épée à la main pour rejoindre sa belle mais.. dans un pays où les armes sont des fleurs et où l'on préfère ignorer la violence!


dailogues-croises-capture-d_ecran-2010-05-27-a-10-14-261.1290792112.png Mes remerciements à la librairie Dialogues croisés et aux Editions Kaléidoscope

jeudi 25 novembre 2010

Simon Critchley : Les philosophes meurent aussi


Avec Les philosophes meurent aussi, Simon Critchley prend au mot Montaigne qui écrivait : Si j'étais faiseur de livres, je ferais un registre commenté des morts diverses.
En effet, si Philosopher, c'est apprendre à mourir, il est bien juste après tout que l'on s'intéresse à la façon dont ont disparu ceux qui font profession de regarder la Mort en face. Le britannique Simon Critchley, professeur de philosophie à la New School for Social Research de New York a relevé le défi en commentant les derniers moments de nombreux philosophes de l'antiquité à nos jours. Mais il ne s'agit pas pour lui en écrivant ce livre d'un passe-temps original ou d'un effet de style. Constatant le déni de la mort qui est propre à notre société, il se donne pour but de nous faire réfléchir à notre condition et accepter les limites de notre existence humaine.
Cela signifie-t-il que les philosophes ont tous une fin qui pourrait nous servir d'exemple et que tous ont su, l'heure venue, considérer leur propre disparition avec équanimité? Il est évident que non et le lecteur le découvre assez vite lors de cette lecture. Nous ne pouvons tirer aucune leçon de la diversité de ces expériences; en dépit de leur doctrine, les philosophes sont avant tout des hommes avec leurs forces et leurs faiblesses. Mais lire cet essai, c'est être amené à ne plus considérer la Mort comme un tabou. Car le livre n'est pas sinistre et présente même des aspects inattendus, saugrenues, involontairement comiques, des anecdotes étranges qui provoquent notre étonnement : Héraclite s'étouffa dans de la bouse de vache; Pythagore préfère se faire tuer par ses ennemis plutôt que de traverser un champ de fèves; Chrysippe est mort de rire; Rousseau est entré en collision avec un chien danois; La Mettrie fut emporté par une indigestion de pâté aux truffes...
En parlant de la mort écrit Simon Critchley et même en riant de notre fragilité et de notre mortalité, nous acceptons la limitation de notre état de créature qui est la condition même de la liberté humaine.

Ces anecdotes alternent avec la description de grandes souffrances et de beaux moments de courage que nous ne pouvons qu'admirer. Bien entendu je suis allée voir Montaigne. Mon Montaigne a beaucoup souffert de calculs rénaux (la gravelle dont il parle dans ses Essais) mais aussi d'une attaque d'angine phlegmoneuse qui lui ôta l'usage de la parole.
Ce que j'ai apprécié aussi dans cet essai c'est qu'il s'agit d'une histoire de la philosophie, certes peu approfondie car ce n'est pas le propos de Simon Critchley, mais traitée de manière à nous faire comprendre la manière dont ces philosophies concevaient la mort. C'est une belle récapitulation surtout pour moi qui n'ai qu'une vague et lointaine approche de la philosophie. Je me suis demandée par exemple quels étaient les philosophes dont je me rapprochais le plus dans l'idée qu'ils se font de la mort : Epicure et Hume, deux athées qui meurent bien car ils n'ont pas les angoisses liées à l'immortalité de l'âme :
Les épicuriens, explique Simon Critchley, contrairement aux pythagoriciens, aux platoniciens et aux stoïciens, considèrent donc la mort comme une extinction totale, l'âme n'étant rien de plus qu'un amalgame provisoire de particules atomiques.
Ceci contrairement à Voltaire qui accepte les derniers sacrements et meurt dans la religion catholique, ce qui peut passer pour un reniement de ses idées mais qui est bien compréhensible. Voltaire s'attaquait à l'Eglise, aux dogmes et au fanatisme mais il n'était pas athée. A partir du moment où l'on est en proie au doute et où l'on a peur de l'Enfer, mieux vaut assurer ses arrières. C'est du moins ce qu'il a dû penser!
 Et Montaigne, bien sûr, avec qui nous terminerons ce billet :  Qui a appris à mourir, il a désappris à servir.


logotwitter2.1290705399.jpgMerci à BOB et à François Bourin Editeur

James Herbert : Magic cottage


Depuis longtemps j'entends parler de James Herbert sans le connaître, cet écrivain dont The Sunday Time dit : Eblouissant. Un Steven Spielberg littéraire, aussi ai-je décidé de lire ce livre Magic Cottage paru aux éditions de Bragelonne.
Un couple d'artistes  - elle, Maggie, est peintre, lui, Mike, musicien-  achète un adorable cottage dans le Hampshire pour fuir la ville de Londres et ses inconvénients. Si la charmante maison Gramarye se révèle d'abord idyllique, les choses vont bientôt se gâcher, le rêve devenir cauchemar. On se doute dès le début que cette secte de Synergistes installée tout près de Gramarye et son machiavélique gourou Mycroft  en sont les responsables. Un  duel qui se révèlera un combat entre le Mal et le Bien opposera Mike à Mycroft .
Ce que j'ai trouvé le plus original et le plus réussi dans le roman c'est d'avoir fait de Mike un poltron et non un super héros; il a peur de tout, de se battre avec plus grand que lui, des petites bébêtes grimpantes, de pauvres chauves-souris inoffensives. C'est vraiment un homme de la ville transplanté à la campagne comme un Martien sur la Terre. Ce qui fait sourire. Mais le sujet est mince et pour créer le malaise Hebert est obligé d'étirer l'action sans grande conviction. Le fameux cottage ressemble un peu trop au début à celui de la Blanche Neige de Walt Disney et la bataille entre Mycroft et Mike au dénouement, tous deux détenant des forces magiques, rappelle d'une manière puérile celle de Merlin l'enchanteur et de la sorcière dans le dessin animé du même nom! Le grouillement de vampires géants, de milliers d'insectes infects au milieu d'explosions de toutes les couleurs, de cadavre en putréfaction est franchement ridicule. C'est d'ailleurs le terme choisi par Hebert lui-même : La situation était d'un ridicule achevé. Et c'est vrai, l'humour du héros tombe à plat face à ces tentatives avortées de convoquer pour nous la Magie.
Le style de l'auteur n'est pas à la hauteur du moins dans sa traduction française ni pour insuffler une poésie au récit, ni pour créer une noirceur qui nous emporterait, ni pour nous amuser franchement.  Ainsi lorsque le spectre de la vieille dame rend visite à Mike et se transforme devant lui en charogne, on peut lire : Ses chairs se sont affaissées, se sont mises à pendouiller...
J'avoue que je n'ai pas été très convaincue. Rien à voir avec un Tolkien qui dans le monde de l'imaginaire revisite la source des mythes, ni même avec Robin Hobb à l'imagination délirante et efficace.

mercredi 24 novembre 2010

Le bonheur selon Schulz-Snoopy



Tout ce dont on a  besoin, c'est  d'amour. Mais un peu de chocolat de temps en temps ne fait pas mal.



56270471_p.1287677965.gif
sur une idée de Chiffonnette

dimanche 21 novembre 2010

Boris Vian : La vie, c’est comme une dent


Jamais cité Boris Vian ici? ni comme romancier ni comme poète-chanteur-musicien? Une lacune qu'il me faut réparer  au plus vite!
La vie, c'est comme une dent
D'abord on y a pas pensé
On s'est contenté de mâcher
Et puis ça se gâte soudain
Ca vous fait mal, et on y tient
Et on la soigne et les soucis
Et pour qu'on soit vraiment guéri
Il faut vous l'arracher, la vie.


Les compagnons Troubadours du dimanche de Bookworm :

samedi 20 novembre 2010

Géraldine Brooks : La solitude du docteur March



Bien entendu le titre du livre de Géraldine Brooks : La solitude du docteur March* tient pour beaucoup dans mon envie de lire ce livre à tout prix.  En souvenir, bien sûr, du bonheur de cette lecture de mes jeunes années : Les Quatre filles du docteur March et ensuite parce que je trouvais de prime abord le sujet original. Jamais, en effet, je n'ai pensé au cours de mes lectures et relectures du roman de Louisa May Alcott que le docteur March avait une existence à lui, indépendante de sa famille; jamais je n'ai eu l'idée de me demander ce que pouvait éprouver cet homme pendant les combats de la guerre de Sécession, ce qu'il vivait au jour le jour, les convictions qu'il défendait. C'est donc avec une grande curiosité que j'ai abordé le roman. Pour écrire cette histoire de fiction, Geraldine Brooks dit s'être inspirée des journaux intimes laissés par Bronson Alcott, le père de Louisa May Alcott. On sait que cette dernière a pris pour modèle ses soeurs pour créer ses personnages, elle-même se cachant sous le nom de Jo. Cependant, Bronson Alcott reste éloigné par bien des points du personnage qui doit beaucoup à l'imagination de l'écrivain.
Au cours de l'intrigue, on retrouve donc the little women à travers les lettres de March quand il accuse réception des colis que sa femme et ses enfants lui envoient, quand il félicite l'une ou l'autre pour les progrès accomplis. Mais aussi à travers ses pensées qui s'envolent vers ses filles et qui nous permettent de retrouver les traits de caractère distinctifs de chacune, la timidité de Beth, le non-conformisme de Jo, les boucles blondes d'Amy, l'accomplissement de Meg... Nous retrouvons les évènements que nous connaissons, les cheveux coupés de Jo,  la maladie de Beth, le voyage entrepris par madame March lorsque son mari est blessé. De plus, nous complétons notre connaissance de la famille March, l'enfance pauvre du père, sa rencontre amoureuse avec celle qui allait devenir sa femme, son engagement dans la lutte anti-esclavagiste, son amour de jeunesse pour une belle esclave, Grace, qu'il va retrouver au cours de la campagne, un beau personnage qui est porte-parole du peuple noir accédant à une difficile émancipation...
Mais le roman n'est pas seulement écrit en référence avec le livre de Louisa Alcott. Il présente une réflexion profonde, porte sur la guerre et sur le monde un regard pessimiste et  désenchanté.
Ce qui intéresse Geraldine Brooks, c'est de nous montrer une réalité historique terrible, une guerre meurtrière, sans pitié, où les exactions ont lieu des deux côtés, où les véritables abolitionnistes, ceux qui se préoccupent réellement du sort des esclaves ne sont qu'une poignée. Le docteur March, aumônier, fervent idéaliste, va bien vite devenir un personnage dérangeant aux yeux des soldats et des officiers qui n'ont pas plus de considération pour les noirs que ce qu'en ont les sudistes. Ils les utilisent comme "prises de guerre" en les faisant travailler comme des bêtes dans les plantations pour un salaire dérisoire. Ce salaire est bien sûr la justification morale des yankees mais ne fait que remplacer une servitude par une autre. March découvre avec stupéfaction que les noirs ne sont encore une fois qu'un enjeu économique de part et d'autre et qu'ils sont toujours les victimes des deux côtés. L'assassinat par les confédérés des hommes, des femmes et des enfants noirs dans la plantation réquisitionnée par l'armée nordiste mais laissée sans protection va lui enlever toutes ses illusions sur la générosité des hommes.
Mais le pire, dans ce chemin de croix vécu par le docteur March, c'est aussi de se découvrir lui-même face aux tentations de la chair - n'oublions pas qu'il est pasteur -  mais, plus grave encore, face à la peur du combat, à la lâcheté, au désir de vivre quel qu'en soit le prix. Le pire, c'est de perdre le respect et l'amour de soi. Ainsi, lorsque le docteur March rentre dans son foyer, il n'est plus et ne sera jamais plus l'homme qu'il était quand il est parti.
Enfin, l'autre centre d'intérêt du roman intervient lorsque madame March, venue au chevet de son mari gravement blessé, prend la parole à son tour. C'est elle désormais qui donne son point de vue. Et l'on s'aperçoit combien cet homme et cette femme qui s'aiment pourtant d'un amour réel sont passés à côté l'un de l'autre, faute de se comprendre.
Un beau roman plein de gravité et de tristesse.

*La solitude du docteur March : prix Pulitzer 2006

vendredi 19 novembre 2010

La mort selon Thalès de Milet



Thalès de Milet

Diogène Laerce, auteur du III ème siècle avant J.-C rapporte cette anecdote sur Thalès dans ses Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres.

Il disait que la mort ne diffère en rien de la vie.- " Et toi, demande quelqu'un, pourquoi ne meurs-tu pas?" - "parce que cela ne fait aucune différence" répond-il.

Cité dans le livre que je suis en train de lire :  Les philosophes meurent aussi de Simon Critchley François Bourin éditeur



Le Jeudi c'est citation Sur une idée de Chiffonnette