Pages

jeudi 26 septembre 2013

Exposition Photographique d'Aurélia Frey au musée d'Issoudun dans le pays de George Sand




Et voilà, je vais avoir quelques jours d'absence car je pars à Issoudun assister au vernissage des photos de ma fille Aurélia.







mardi 24 septembre 2013

Le premier numéro trimestriel de GLAZ est paru!




Le premier numéro trimestriel de GLAZ, magazine culturel collectif de Gwenaelle, blog le Skriban,  vient de paraître. Allez le lire et, s'il vous plaît, vous pouvez le faire connaître dans vos blogs et sur facebook... Et bravo et un grand merci à Gwenaelle pour cette excellente idée... et cette belle réalisation!

 Et puis, bien sûr, aussi, vous êtes invités à participer au numéro 2 de GLAZ sur le thème du Voyage. Vous verrez le détail à la fin du numéro 1.

Glaz! est un adjectif breton qui désigne le vert-gris-bleu de la mer.
Glaz! est un projet de magazine collaboratif, gratuit et numérique.
Glaz! s’intéresse à la littérature en particulier et aux arts en général.
Glaz! est produit en Bretagne.
Glaz! est tout œil, tout ouïe et a les bras grands ouverts. Rejoignez-nous!

 

http://issuu.com/gwen29/docs/glaz_n___1_automne_201

 

dimanche 22 septembre 2013

Challenge Shakespeare : Les pièces, les sonnets, les biographies (Bilan 4)


Le nouveau logo du challenge Shakespeare

l'ancien logo

Voici le quatrième bilan du challenge Shakespeare organisé par Maggie et moi-même depuis Novembre 2011. Il est devenu depuis illimité. Sachez aussi que Maggie, n'ayant pas assez de temps pour continuer se retire et je le regrette beaucoup! Merci à elle de tout ce temps passé avec moi sur une passion commune.
 Je le continue donc toute seule et c'est chez moi, Claudialucia, que vous devrez désormais déposer vos liens, dans mon blog, Ma librairie, colonne de gauche, vignette challenge Shakespeare Les participants.

Nous sommes 25 inscrits pour l'instant 22 participants nous ont envoyé des billetsl.  Merci à tous!

Je publierai bientôt de nouveaux logos pour relancer ce challenge et attirer d'autres participants.


Généralités sur Shakespeare

Flora : Spot the quote : words, words, words..

Miriam : challenge Shakespeare c'est parti

Dominique : La biographie de Bill Bryson

Maggie : Shakespeare : biographie de Bill Bryson

Theoma : Antibiographie de Bill Bryson

Dominique : traduire la poésie, les sonnets

Wens : Qui est Shakespeare?  Woody Allen

Claudialucia : Le théâtre du Globe

Aymeline  : Shakespeare avec des photos d'Helsingor


Shakespeare au cinéma

Lou : Anonymous Robert emmerych Was Shakespeare a fraud?

Maggie : To be or not to be  Lubitch
 Maggie : Shakespeare in love 

Miriam : Hamlet to-be-or-not-to-be-lubitsch-mel-brooks/


Miriam : Hamlet de Laurence Olivier (1948)
Miriam :Le film de Michale Radfort : Le marchand de Venise

Wens : La mégère Apprivoisée (Zeffirelli) 

Wens : Hamlet de Zefirelli  


Shakespeare et la danse contemporaine





Quand les écrivains parlent de Shakespeare

Claudialucia : Michel Quint : Les Joyeuses

Claudialucia : Gérard Donovan dans Julius Winsome

Wens : Extrait de Bill James : Skakespeare et le polar  

Océane : Dumas et Shakespeare 


L'or rouge : La fiancée du fantôme de Malika Ferdjoukh  
...............................................................................................................

Antoine et Cleopatre



Irrégulière  : Antoine et Cléopâtre

Maggie : Antoine et Cléopâtre

Miriam : Antoine et Cléopâtre 

Océane : Antoine et Cléopâtre 

Claudialucia :  Antoine et Céopâtre
 Antoine et Cleopâtre : de l'inconstance des peuples (citation) 


...................................................................................................................

Beaucoup de bruit pour rien



 Lewerentz: Beaucoup  de bruit pour rien ( film de Kenneth Branagh)

Titine : Beaucoup de bruit pour rien 


Claudialucia : Beaucoup de bruit pour rien 

Wens : Beaucoup de bruit pour rien de Kenneth Branagh
 
.............................................................................................................

César 


Miriam : Jules César Retour au texte après le film

............................................................................................................

Coriolan

Claudialucia : Coriolan 

Eeguab : Coriolan

Océane : Coriolan

............................................................................................................

Falstaff

 

Miriam : Falstaff d'Orson Wells

.............................................................................................

Hamlet



 Claudialucia : Rimbaud : Ophélie 
Hamlet : en guise d’introduction(1), 
Ophélie (2) 
Hamlet et Ophélie (3)


Wens : Hamlet de Zefirelli


Theoma :   Hamlet
........................................................................................................

La Mégère apprivoisée


 Océane : La mégère apprivoisée
 ....................................................................................................
..................................................................................................................

La Tempête



Miriam :

Claudialucia :

....................................................................................................

Le conte d'hiver



 Claudialucia : Le conte d'hiver

.............................................................................

Le marchand de Venise


Miriam :
..............................................................................................................

 Le roi Lear

  



........................................................................................................

Le songe d'une nuit d'été 


 Droopy vert

Maggie 1001 classiques

Lou : Le songe d'une nuit d'été 

Miriam : Le songe d'une nuit d'été 

Claudialucia : Le songe d'une nuit d'été 

............................................................................................................

Les joyeuses commères de Windsor 

Miriam : Les joyeuses commères de Windsor

........................................................................................................

Macbeth




  


Maggie : 1001 classiques : Macbeth
................................................................................................

Othello


Théoma : Othello

Eiluned : La tragédie d'Othello, le Maure de Venise

Shelbylee: Othello
..............................................................................................................

Richard III



 Céline : Richard III


Eimelle : Richard III
..................................................................................................

Roméo et Juliette

L'Irrégulière  Roméo et Juliette 


.....................................................................................................

Titus et Andronicus


............................................................................

Sonnets



Dominique : Traduire la poésie. Les sonnets.

vendredi 20 septembre 2013

Jacques Poulin : Le coeur de la baleine bleue



 Tout de suite après L'homme qui entendait siffler une bouilloire de Michel Tremblay me voici, avec Le coeur de la baleine bleue de Jacques Poulin, confrontée à deux des plus célèbres écrivains québécois.* Et sur des sujet sinon similaires mais du moins présentant quelques points communs!

Le personnage de Michel Tremblay, cinéaste, victime d'acouphène est opéré d'une tumeur dans l'oreille interne et celui de Jacques Poulin, Noël, écrivain, reçoit en greffe le coeur d'une jeune fille de quinze ans. L'occasion pour les deux hommes d'être confrontés aux spectres de la maladie et la mort, de faire un retour sur soi-même, de s'interroger sur leurs rapports avec les autres et aussi sur leurs rapports à la création. Mais les ressemblances s'arrêtent là. Car les deux écrivains me paraissent être aux antipodes tant par leur style que par leur manière de traiter le sujet.
Alors que Tremblay reste accroché au réel, Jacques Poulin nous amène dans un récit poétique où la frontière entre réel et fantastique n'est pas nettement tranchée. Car ce coeur de jeune fille qu'il vient de recevoir va perturber le malade, le transformer. D'où lui vient cette douceur qui ne faisait pas partie de son caractère auparavant?  Et d'où sont issues ces étranges visions qui interfèrent avec son présent? Jacques Poulin fait vivre des personnages dont on ne sait jamais vraiment s'ils sont réels ou s'ils sont sortis tout droit de l'imagination de Noël. Bref! il fait en sorte que nous nous demandions toujours s'il s'agit d'un roman dans le roman ou encore d'un roman qui rejoint la réalité ou d'une réalité qui se fait roman, avec, par exemple, l'apparition de Charlie la baleine bleue… Jacques Poulin y insère paraît-il des passages d'un de ses romans Jimmy que je ne connais pas. 

Le livre est donc une réflexion sur  la création littéraire :

- pourquoi un homme commence-t-il à écrire?
-Peut-être parce qu'il a du mal à vivre

Et puis j'aimais trop les histoires, ça devait venir de l'enfance encore; une histoire c'est comme une maison. C'est étrange vous vous laissez aller; tout de suite vous dérivez vers l'enfance ou vers une maison.

Je commençais à croire qu'on n'inventait rien d'autre, en écrivant, que les images endormies de nous-mêmes.

Cela ressemblait plutôt à une idée fixe . On aurait dit que les mots constituaient en même temps la seule issue possible, une sorte d'initiation, un rite de passage comme certaines tribus primitives en faisaient subir aux adolescents qui prétendaient devenir des hommes.

Le roman de Jacques Poulin est aussi la chronique d'une mort annoncée. Dès le début, il est y question de rejet pour parler en termes médicaux ou de reflux pour emprunter au vocabulaire poétique du narrateur. Peu à peu, Noël comprend que cette douceur qui est en lui "était le sentier qui menait à la mort et aussi que la mort était comme un fleuve", une rivière sans retour (River of no return, allusion au film d'Otto Preminger ) qui vous ramène  à  l'enfance, vers "le pôle intérieur de soi-même" selon les mots d'André Breton, sans possibilité de revenir jamais en arrière

Encore une chose que j'ai comprise; la douceur la plus grande, c'est la mort.

Et cette douceur, elle résonne comme une petite musique triste tout au long de ce lent cheminement vers la solitude car la mort ne peut être partagée. Retour vers l'intérieur de soi-même mais aussi dans la ville de Québec que l'écrivain aime et semble connaître si bien. Cette marche dans la vieille cité est un plaisir supplémentaire pour le lecteur, qui, comme moi, reste nostalgique de ses voyages québécois;   supplémentaire mais pas anecdotique car le lieu physique comme celui intérieur joue un rôle important dans les errances de Noël.

Si par goût, je préfère la narration de Michel Tremblay parce qu'elle raconte une histoire solide, construite, avec des personnages bien réels dont on se sent proche et un langage pittoresque et savoureux (ce qui n'exclut pas la profondeur), je dois dire que je lis Le coeur de la baleine bleue  d'une autre manière. J'en détache certains passages parce que je les trouve beaux, je m'arrête à des pensées, des mots pour mieux les goûter. Ce roman doit se lire comme un poème.

De toutes façons, j'aimais les mots. Ce qui m'échappait, c'était les rapports entre les choses. Léo Ferré disait que les poètes écrivaient leur révolte avec des pattes d'oiseau; dans ma poitrine vivait cette chose nouvelle que Saint-Denys Garneau décrivent comme un oiseau; Goethe disait que les idées avaient des pattes de colombe. Sans pouvoir comprendre, je devinais que les poètes nous laissaient parfois derrière eux sur une route faiblement éclairée, comme celle que j'avais empruntée pour écrire mon histoire et qui menait infailliblement au rejet et à...





*Rien d'étonnant nous sommes en plein mois de septembre québécois chez Karine et il s'agit ici d'une lecture commune autour des oeuvres de Jacques Poulin.

jeudi 19 septembre 2013

Gyles Brendeth : Oscar Wilde et le meurtre aux chandelles



Oscar Wilde et le meurtre aux chandelles est le premier livre d'une série policière dont le personnage principal et le détective est Oscar Wilde. Gyles Brandeth qui a concocté pour nous cette histoire est un spécialiste de l'écrivain et de l'époque victorienne. Il fait revivre avec brio et érudition ce personnage haut en couleur  ainsi que celui de Conan Doyle, de Constance Wilde, son épouse, et de son ami Robert H. Sherard  qui est devenu, par la suite, son biographe enthousiaste et inconditionnel.

Oscar Wilde découvre dans un appartement en location un jeune homme assassiné. Le meurtre semble rituel puisque le corps est disposé sur le sol, entouré de chandelles. Billy Wood,  la victime, est d'un milieu modeste et d'une grande beauté et sa mort bouleverse Wilde. Mais, le lendemain, lorsqu'il se décide à aller à voir le commissaire Fraser à Scotland Yard, le corps a disparu et aucune trace du meurtre ne subsiste. L'enquête est abandonnée avant d'avoir commencé. Oscar Wilde décide alors, aidé de son ami Robert Sherard, de tout mettre en oeuvre pour retrouver le meurtrier.

Gyles Brandeth place Robert Sherard dans le rôle du narrateur alors que devenu vieux, à la veille de la seconde guerre mondiale, il se souvient de cette affaire survenue en 1889.  Ce choix est habile  car il permet un va-et-vient entre ce que voit le jeune narrateur ignorant et ce que le narrateur âgé sait de Wilde, de son l'homosexualité, de ses rapports avec sa femme Constance, son procès, sa fin tragique et désargentée à Paris. L'un éclairant l'autre.

Plus que l'histoire policière elle-même, j'ai beaucoup apprécié  le portrait que Brandeth brosse de Wilde, un homme brillant, érudit, spirituel qui exerçait sur son entourage une véritable fascination. L'écrivain introduit avec habileté des pensées de Wilde, des extraits de son oeuvre, au cours de conversations qui paraissent prises sur le vif. Le caractère de l'écrivain victorien, ses idées sur l'esthétique, son refus de la morale dans l'art, son esprit, sa prodigalité, son dandysme,  nourrissent la lecture et suscitent un vif plaisir. La références à l'art, la littérature, l'apparition d'artistes, de peintres, de directeurs de théâtre, d'écrivains célèbres font de ce roman policier un agréable moment de lecture.

Quelques maximes d'Oscar Wilde ou qui lui sont attribuées dans le roman de Gyles Brandeth

Le mariage est aussi démoralisant que les cigarettes et bien plus coûteux.

On ne peut rien apprécier sans avoir auparavant souffert de  son excès.

J'ai des goûts simples, je ne prends que ce qu'il y a de meilleur.

Les femmes sont faites pour être aimées, non comprises. 

La caricature est l'hommage que la médiocrité paie au génie.

Vivre est la chose la plus rare au monde; Beaucoup de gens ne se contente que d'exister.

Les acteurs sont vraiment des gens heureux ; ils peuvent choisir de jouer soit la tragédie soit la comédie, de souffrir ou d’égayer, de faire rire ou de faire pleurer. Mais dans la vie réelle, c’est différent.




lundi 16 septembre 2013

Michel Tremblay : L'homme qui entendait siffler une bouilloire





Drôle de sujet que celui choisi par l'écrivain canadien Michel Tremblay : L'homme qui entendait siffler un bouilloire et peut-être en grande partie inspiré par une expérience personnelle si l'on en juge par la dédicace :  Pour les docteurs Jean-Jacques Dufour et Gérard Mohr qui m'ont sauvé la vie.
 Le personnage de Michel Tremblay, Simon Jodoin, cinéaste reconnu, est en plein tournage lorsqu'il est brutalement assailli par un sifflement aigu et entêtant au fond de l'oreille. La persistance de ce bruit  obsédant, impossible à oublier, va presque le conduire au bord de la folie. L'opération d'une tumeur décelée dans l'oreille interne lui permettra-t-il d'être délivré de ces acouphènes?

 A priori, le sujet peut paraître anecdotique. Non que la souffrance infligée par les acouphènes soit négligeable mais parce qu'il s'agit d'un vécu qui paraît très personnel et d'un cas clinique particulier.  Pourtant, Michel Tremblay  va faire en sorte que nous sentions tous  concernés. En analysant les sentiments de son personnage, ses peurs face à l'opération, ses angoisses devant la maladie, le handicap et la mort, il écrit un roman où chacun peut se retrouver.  Le personnage cesse alors d'être un cas médical pour devenir un homme comme nous tous, avec ses faiblesses, ses regrets, son désespoir car la maladie est une rupture dans la vie qui permet un arrêt sur image : l'occasion de constater ses erreurs, de prendre conscience de son insignifiance car tout ce qui était primordial jusqu'alors cesse d'être important. Une véritable remise en cause au niveau professionnel. Qu'en est-il par exemple de sa réputation artistique?  L'occasion aussi de faire le point sur ses rapports avec son ex-femme, ses deux fils et son ami d'enfance Jean-Marc ainsi qu'avec ses collègues de travail, un travail sur soi-même qui est un véritable bouleversement. La maladie permet à Simon Jodoin de faire aussi l'expérience douloureuse du renoncement et c'est en pleurant qu'il comprend que jamais plus, il ne pourra écouter, comme avant, la musique qui est une part essentielle de sa vie. Mais elle l'oblige aussi, non sans révolte, à la patience, la maîtrise de soi. L'écrivain emprunte d'ailleurs à notre La Fontaine ces vers mis en exergue : "Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage".

Grâce au talent de Michel Tremblay qui sait rendre compte de tous les registres des sentiments vécus par son personnage et peut passer de l'émotion à l'humour, nous nous suivons avec passion les implications douloureuses et traumatisantes de cette maladie complexe qui laisse perplexes les médecins eux-mêmes et, au-delà, nous nous sentons en empathie, avec ce personnage qui est bien notre semblable, notre frère!

Du même auteur, j'ai vu au Festival d'Avignon : la pièce de théâtre A toi pour toujours Marie Lou ICI



Roman lu dans le cadre de Québec, le mois de Septembre 2013 chez Karine

samedi 14 septembre 2013

Elizabeth Gaskell : Les amoureux de Sylvia



Pour ceux qui pensent, trompés par le titre, que le roman d'Elizabeth Gaskell Les amoureux de Sylvia est une gentille histoire d'amour, détrompez-vous tout de suite. Le livre est noir et le destin de  la jeune Sylvia s'englue bien vite dans cette Angleterre de la fin du XVIII siècle, aux lois féroces, implacables pour les humbles, et au passé tragique sur fond de guerre napoléonienne.

Un roman historique noir
Nous sommes en 1796. Sylvia, une jolie paysanne, fille unique, gâtée et adulée par ses parents, aperçoit pour la première fois Kinraid, le harponneur, de retour de la campagne de pêche sur le baleinier qui le ramène dans sa ville de de Monkshaven. Elle est immédiatement séduite par ce jeune homme qui a une belle prestance, au grand dam de son cousin Philippe qui l'aime passionnément et est prêt à tout pour obtenir sa main. Située sur les côtes Nord-est de l'Angleterre, la ville est un port dont l'activité principale est  l'industrie de la pêche à la baleine. Rien d'étonnant à ce que la majorité des jeunes gens y fassent leur carrière. Ils peuvent même s'ils sont travailleurs et intelligents faire leur fortune. Mais l'Angleterre est en guerre et ses maudits français menés par Bonaparte la menace. Aussi les engagements forcés font-ils rage! Il s'agit de recruter le plus d'hommes sur les navires de sa majesté et bien souvent les baleiniers qui reviennent chez eux après de longs mois d'exil en mer tombent dans les filets des recruteurs qui les contraignent à les suivre à peine ont-ils mis le pied sur la terre ferme. Cette situation va entraîner bien des malheurs : Kinraid n'y échappera et le père de Sylvia qui ose se révolter et aider les garçons ainsi enlevés à leur famille en fera les frais. Le temps de l'insouciance et de l'amour est fini pour Sylvia.
Ancré dans une époque chaotique, le roman d'Elizabeth Gaskell a le mérite de faire revivre, à la fin du XVIII siècle, la société d'une province anglaise, dans des milieux modestes, les activités liées à la pêche, à la terre et au commerce et d'évoquer l'irruption tragique de l'Histoire.

Des personnages contrastés
L'un des intérêts de ce beau roman sont d'abord les personnages dont Gaskell mène l'analyse comme toujours avec finesse. La transformation de Sylvia, jeune coquette, heureuse de vivre,  légère voire un peu égoïste, confrontée au malheur est saisissante. Dans les romans d'initiation, les jeunes gens évoluent progressivement et la leçon qu'ils reçoivent de la vie, si elle est irréversible, est cependant plus étalée dans le temps. Dans le roman de Gaskell, la transformation de Sylvia est soudaine, violente et emporte tout sur son passage, la jeunesse et les rêves de bonheur.
Comme toujours aussi, l'écrivaine évite le manichéisme. Ses personnages ont tous des qualités et des zones d'ombre. L'attitude de Philip envers Sylvia est basse, cruelle et impardonnable mais son amour est indéfectible. Ce sentiment fait la grandeur de ce personnage par ailleurs terne, sans panache et coincé par la religion. A côté, le brillant Kinraid paraît bien léger et peu constant. Pourtant il est capable, contre tout attente, de fidélité. Mais il n'a pas, au niveau des sentiments, l'étoffe d'un héros à la différence de Philip qui paiera de ses souffrances et de sa vie l'offense faite à Sylvia.
Le pardon ne semble possible qu'à ce prix et il semble que le sentiment religieux et l'idée de la prédestination soient très présentes ici,  plus je crois que dans les autres oeuvres de Gaskell.

Un roman très pessimiste donc, avec des personnages attachants dans un contexte historique passionnant, c'est ainsi que l'on peut résumer ce livre que j'ai beaucoup aimé.




 Et un roman  d'un écrivain victorien pour le challenge d'Aymeline-Arieste


Ce roman avec ses 670 pages est digne de figurer dans le challenge Pavé de l'été




jeudi 12 septembre 2013

Colum McCann : Transatlantic, Rentrée Littéraire 2013




Transatlantic, le roman Column McCann est conçu comme un puzzle dont les morceaux, en se mettant en place peu à peu, ne donnent l'image entière qu'à la fin, lors de la mise en place du dernier fragment. En effet, l'intrigue est complexe  et le lien entre les personnages, nombreux, n'est pas dévoilé immédiatement. C'est ce qui fait la force du récit, ces allers-retours dans le temps entre plusieurs moments du passé et du présent, du XIX siècle à nos jours, mais aussi dans l'espace : de l'Irlande, terre maternelle,  à l'Amérique, terre d'exil et d'adoption. Transatlantic, c'est ce passage de l'une à l'autre rive dans un sens ou dans l'autre dans mouvement constant, une toile d'araignée complexe dont les fils qui ne cessent de s'entrecroiser finissent par former un dessin précis et réussi.

En effet, si Lily Dungan, petite bonne irlandaise, part en Amérique, dans le milieu du XIX siècle, pour échapper à l'humiliation de sa condition et à la misère et si sa fille Emily se fixe à Terre Neuve, les aviateurs John Alcock et Arthur Brown, décollent de ce dernier lieu pour atterrir en Irlande en 1919,  à bord d'un ancien bombardier reconverti pour cet exploit extraordinaire en avion de la paix. En 1846, l'américain noir Frederick Douglass, ancien esclave, vient prêcher la cause de l'abolitionnisme  à Dublin dans un pays en proie à la famine, déchiré par les conflits politiques et sa haine de l'Angleterre; à la fin des années 1990, le sénateur américain George Mitchell est à Belfast où il oeuvre pour la paix en Irlande du Nord  au moment où y vivent Lottie et Hannah, les descendantes de Lily, retournées au pays.
C'est ainsi que Colum Mc Cann mêle habilement personnages fictifs et personnages historiques, les fait se croiser, et tisse, au fil de ces rencontres, la trame de l'histoire qui révèle les interactions les uns sur les autres.

Mais paradoxalement, ce sont les personnages fictifs qui paraissent les plus vrais, les plus vivants, ce sont ceux qui nous touchent le plus par leur humanité. Les personnages historiques ont  pourtant un destin hors du commun mais ils ne donnent pas cette impression de vie. Chacun pourrait être le sujet d'une histoire riche et passionnante surtout l'abolitionniste noir Frederick Douglass que j'ai envie, pour ma part, de mieux connaître tant sa vie est étonnante, exceptionnelle.  Mais le roman les présente trop rapidement et nous restons sur notre faim avec l'envie d'en savoir plus sur eux. Peut-être faudrait-il connaître leur parcours mieux que je ne le fais pour  apprécier leur apparition dans le roman? Il semble que l'écrivain n'ait  pas pris assez de liberté avec l'histoire pour en faire des êtres de chair et de sang; ils restent en dehors, des figures exemplaires plutôt que des participants à l'action. Alors que ces femmes courageuses, nées sous la plume de l'écrivain, Lily, Emily, Lottie et Hannah, éveillent notre sympathie, elles qui souffrent, victimes de la  famine, l'exil, la guerre, le deuil, la perte d'un fils, pour l'une pendant la guerre de Sécession, pour l'autre dans les conflits de l'Irlande du Nord… En rencontrant ces femmes, le sentiment de ne pas être concerné, pendant une bonne partie du roman, s'efface peu à peu, surtout avec le dernier récit, poignant, d'Hannah et son dénouement si profondément nostalgique.

Il n'existe pas d'histoire qui, en tout ou en partie, ignore le passé. Le monde a cela d'admirable qu'il ne s'arrête pas après nous.
Même si j'ai aimé l'habileté de sa  composition, Transatlantic ne m'a  donc pas entièrement séduite. Je n'ai adhéré qu'à une partie de l'histoire, celle qui est de l'ordre de la fiction, les personnages historiques paraissant étrangers à l'univers romanesque de l'auteur.





Je remercie  La Librairie Dialogues et les Editions Belfond