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jeudi 12 septembre 2013

Colum McCann : Transatlantic, Rentrée Littéraire 2013




Transatlantic, le roman Column McCann est conçu comme un puzzle dont les morceaux, en se mettant en place peu à peu, ne donnent l'image entière qu'à la fin, lors de la mise en place du dernier fragment. En effet, l'intrigue est complexe  et le lien entre les personnages, nombreux, n'est pas dévoilé immédiatement. C'est ce qui fait la force du récit, ces allers-retours dans le temps entre plusieurs moments du passé et du présent, du XIX siècle à nos jours, mais aussi dans l'espace : de l'Irlande, terre maternelle,  à l'Amérique, terre d'exil et d'adoption. Transatlantic, c'est ce passage de l'une à l'autre rive dans un sens ou dans l'autre dans mouvement constant, une toile d'araignée complexe dont les fils qui ne cessent de s'entrecroiser finissent par former un dessin précis et réussi.

En effet, si Lily Dungan, petite bonne irlandaise, part en Amérique, dans le milieu du XIX siècle, pour échapper à l'humiliation de sa condition et à la misère et si sa fille Emily se fixe à Terre Neuve, les aviateurs John Alcock et Arthur Brown, décollent de ce dernier lieu pour atterrir en Irlande en 1919,  à bord d'un ancien bombardier reconverti pour cet exploit extraordinaire en avion de la paix. En 1846, l'américain noir Frederick Douglass, ancien esclave, vient prêcher la cause de l'abolitionnisme  à Dublin dans un pays en proie à la famine, déchiré par les conflits politiques et sa haine de l'Angleterre; à la fin des années 1990, le sénateur américain George Mitchell est à Belfast où il oeuvre pour la paix en Irlande du Nord  au moment où y vivent Lottie et Hannah, les descendantes de Lily, retournées au pays.
C'est ainsi que Colum Mc Cann mêle habilement personnages fictifs et personnages historiques, les fait se croiser, et tisse, au fil de ces rencontres, la trame de l'histoire qui révèle les interactions les uns sur les autres.

Mais paradoxalement, ce sont les personnages fictifs qui paraissent les plus vrais, les plus vivants, ce sont ceux qui nous touchent le plus par leur humanité. Les personnages historiques ont  pourtant un destin hors du commun mais ils ne donnent pas cette impression de vie. Chacun pourrait être le sujet d'une histoire riche et passionnante surtout l'abolitionniste noir Frederick Douglass que j'ai envie, pour ma part, de mieux connaître tant sa vie est étonnante, exceptionnelle.  Mais le roman les présente trop rapidement et nous restons sur notre faim avec l'envie d'en savoir plus sur eux. Peut-être faudrait-il connaître leur parcours mieux que je ne le fais pour  apprécier leur apparition dans le roman? Il semble que l'écrivain n'ait  pas pris assez de liberté avec l'histoire pour en faire des êtres de chair et de sang; ils restent en dehors, des figures exemplaires plutôt que des participants à l'action. Alors que ces femmes courageuses, nées sous la plume de l'écrivain, Lily, Emily, Lottie et Hannah, éveillent notre sympathie, elles qui souffrent, victimes de la  famine, l'exil, la guerre, le deuil, la perte d'un fils, pour l'une pendant la guerre de Sécession, pour l'autre dans les conflits de l'Irlande du Nord… En rencontrant ces femmes, le sentiment de ne pas être concerné, pendant une bonne partie du roman, s'efface peu à peu, surtout avec le dernier récit, poignant, d'Hannah et son dénouement si profondément nostalgique.

Il n'existe pas d'histoire qui, en tout ou en partie, ignore le passé. Le monde a cela d'admirable qu'il ne s'arrête pas après nous.
Même si j'ai aimé l'habileté de sa  composition, Transatlantic ne m'a  donc pas entièrement séduite. Je n'ai adhéré qu'à une partie de l'histoire, celle qui est de l'ordre de la fiction, les personnages historiques paraissant étrangers à l'univers romanesque de l'auteur.





Je remercie  La Librairie Dialogues et les Editions Belfond

20 commentaires:

  1. il me faisait envie mais c'est le 2ème billet que je lis qui émet une restriction je vais donc attendre de le trouver en bibliothèque

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  2. Ce n'est pas un mauvais livre, loin de là, mais je ne suis pas arrivée à y entrer entièrement.

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  3. Il est plus facile probablement de creer un personnage avec son intimite que d'evoquer un personnage reel et d'en deceler son monde interieur.

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  4. Un avis en demi-teinte donc. Je n'ai jamais lu l'auteur, je ne commencerai donc peut-être pas par celui-ci.

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    1. Il y a beaucoup d'avis positifs sur ce livre mais ce que j'ai éprouvé est en effet en demi-teinte.

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  5. Il sera sûrement à la bibli, mais je suis prévenue, c'est complexe...

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    1. Complexe parce qu'il comprend des personnages dont les histoires sont parallèles mais ont un lien entre elles. Complexe mais pas difficile!

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  6. J'aime beaucoup ses nouvelles mais jusqu'ici, ses romans ne me tentaient pas trop. J'emprunterai quand même sûrement celui-ci à la biblio.

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    1. De toutes façons, il est intéressant et je ne regrette pas de l'avoir lu et j'ai même apprécié... Quand on a un avis "en demi-teinte "pour reprendre l'expression d'Aifelle, est-ce le positif qui l'emporte ou le négatif? Cela dépend de chacun.

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    2. Je répète pour tous, je peux mettre le livre en voyageur? Qui est intéressé?

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  7. J'ai entendu parler de cet auteur et pas encore essayé. peut être ferais je comme Aifelle?

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  8. Thème très classique certes pour la littérature irlandaise.J'ai lu tous les premiers Colum McCann,Le chant du coyote,La rivière de l'exil,Les saisons de la nuit,Ailleurs en ce pays,Danseur.Pas les derniers,Zoli(?) OU que le vaste monde...Celui-ci m'intéresse, j'attendrai la Biblio car je n'achète presque plus de livres tout récents.Manque de place,entre autres...

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    1. Je peux te le prêter et le mettre en livre voyageur. Qu'en penses-tu?

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  9. Bonjour Claudialucia, j'ai lu Le chant du coyote de cet écrivain, depuis j'ai laissé tomber, pas tentée plus que cela. Bonne journée.

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    1. Des qualités pourtant mais, oui, j'ai des des restrictions! C'était le premier que je lisais.

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  10. J'avais tellement aimé Et que le vaste monde...mais tout le monde autour demoi a un peu le même sentiment que toi sur ce roman là. Je passerai donc mon tour, et ce n'est pas ma Pal qui va s'en plaindre !

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