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mardi 12 novembre 2024

Marcel Proust : La prisonnière : Marcel (1)



Quand Marcel, le narrateur, décide de ramener Albertine à Paris, c'est lui qui décide des règles de vie de la jeune femme prisonnière.

La prisonnière présente trois chapitres :

I) Vie en commun avec Albertine: Albertine est accueillie à Paris chez Marcel en l'absence de sa mère. Elle doit se plier à tous sortes de règles qui entourent le malade et ne sortir qu'accompagnée (surveillée).

II) Les Verdurin se brouillent avec le Baron Charlus; Celui-ci invite la grande noblesse chez le Verdurin et à leur frais.  Les invités ignorent les hôtes et remercient Charlus.

III) Disparition d'Albertine : Après une dispute plus violent que d'habitude Albertine décide de partir. Elle laisse une lettre à Marcel et part sans le saluer. C'est Françoise qui annonce le départ à son maître.
 

1) les règles de l’enfermement

Vilhelm Hammershøi : Intérieur

Dans La prisonnière, Albertine revenue à Paris avec Marcel vient vivre chez lui, dans l’appartement de ses parents, en  l’absence de ces derniers. Dans le volume précédent, en effet, alors que Marcel veut rompre avec Albertine, elle lui apprend qu’elle a été élevée, en partie, par une amie de Mlle Vinteuil, la fille du musicien bien-aimé de Swann et Odette et dont Marcel, lui-aussi, apprécie la musique.

Albertine est orpheline. Elle a été recueillie par sa tante madame Bontemps mais Marcel ne sait rien de son enfance ou son adolescence. Il ne remet pas en cause ses affirmations et il ne peut oublier la scène d’amour saphique et profanatoire entre Mlle Vinteuil et son amie, devant la photographie du père décédé, à laquelle il a assisté bien malgré lui à Montjouvain, dans Du côté de chez Swann. A partir du moment où il pense qu’Albertine a pu être initiée à Gomorrhe par l’intermédiaire de cette amie, la jalousie renaît, la souffrance aussi. C’est ce qui lui tient lieu d’amour. Dès lors, il ne peut rompre avec Albertine et pour la soustraire à ses amies, l’amène à Paris. Là, la jeune fille va devoir se soumettre aux règles qu’il lui impose et que Françoise veille à lui faire respecter.

Albertine doit rester enfermée et ne sortir qu’une fois par jour sous la surveillance de son amie Andrée ou celle du chauffeur de Marcel qui la conduit dans ses sorties. On voit d’ailleurs que celui-ci et Albertine ne se privent pas de lui mentir.
Quand des invités se présentent Albertine doit demeurer cachée dans sa chambre car il n’a avoué à personne (sauf à sa mère et à Madame Bontemps)) qu’elle vivait chez lui. Elle doit se plier comme toute la domesticité aux règles établies par le malade : ne pas faire de bruit tant qu’il n’a pas sonné Françoise pour son réveil. Ne pas ouvrir une fenêtre même pas celle de sa propre chambre. Lui sacrifier ses sorties et ses envies.

Marcel fait tout donc pour l’empêcher de voir ses amies et ne cesse de la soupçonner, de l’interroger comme une coupable sur ce qu’elle fait, sur ce qu’elle pense. Un harcèlement quasi quotidien. Il lui fait miroiter le mariage, la soudoie ou croit la soudoyer avec des cadeaux somptueux, lui en promet d’autres qu’il ne lui donne pas, et  la menace de rompre sans cesse. Ce qui nous rappelle sa déclaration dans Sodome et Gomorrhe, qu’il n’a jamais cru pouvoir être aimé que par intérêt. 

Dès que la jalousie cesse, l’amour aussi.

"Ce n’est pas certes, je le savais, que j’aimasse Albertine le moins du monde. L’amour n’est peut-être que la propagation de ces remous qui, à la suite d’une émotion, émeuvent l’âme. Certains avaient remué mon âme tout entière quand Albertine m’avait parlé, à Balbec, de Mlle Vinteuil, mais ils étaient maintenant arrêtés. Je n’aimais plus Albertine, car il ne me restait plus rien de la souffrance, guérie maintenant, que j’avais eue dans le tram, à Balbec, en apprenant quelle avait été l’adolescence d’Albertine, avec des visites peut-être à Montjouvain." 
 
 Mais chaque fois qu’il pense qu’elle a pu le trahir, il recommence à souffrir. Il est jaloux de son passé, regrette même de ne pouvoir pénétrer l’âme de la jeune fille, et voudrait  contrôler ses pensées. 

"Alors sous ce visage rosissant je sentais se creuser, comme un gouffre, l’inexhaustible espace des soirs où je n’avais pas connu Albertine. Je pouvais bien prendre Albertine sur mes genoux, tenir sa tête dans mes mains ; je pouvais la caresser, passer longuement mes mains sur elle, mais, comme si j’eusse manié une pierre qui enferme la salure des océans immémoriaux ou le rayon d’une étoile, je sentais que je touchais seulement l’enveloppe close d’un être qui, par l’intérieur, accédait à l’infini."
 
Et il sent qu’elle lui échappera toujours :

Combien je souffrais de cette position où nous a réduits l’oubli de la nature qui, en instituant la division des corps, n’a pas songé à rendre possible l’interpénétration des âmes (car si son corps était au pouvoir du mien, sa pensée échappait aux prises de ma pensée).

C’est pourquoi, à plusieurs reprises, il ne peut trouver un apaisement à sa jalousie que lorsque la jeune fille est entièrement passive, plongée dans une sorte de sommeil végétatif qui la rend semblable à une plante, entièrement livrée à son amant, dans un état qui ressemble bien à la mort.

"Etendue de la tête aux pieds dans mon lit, dans une attitude d'un naturel qu'on n'aurait pu inventer, je lui trouvais l'air d'une longue tige en fleur qu'on aurait disposée là ; et c'était ainsi en effet : le pouvoir de rêver que je n'avais qu'en son absence, je le retrouvais à ces instants auprès d'elle, comme si en dormant elle était devenue une plante. (…) En fermant les yeux, en perdant la conscience, Albertine avait dépouillé, l'un après l'autre, ses différents caractères d'humanité qui m'avaient déçu depuis le jour où j'avais fait sa connaissance. Elle n'était plus animée que de la vie inconsciente des végétaux, des arbres, vie plus différente de la mienne, plus étrange et qui cependant m'appartenait davantage."

Alors ? Marcel une sorte vampire mental, qui se repaît de sa proie endormie?  
"En la tenant sous mon regard, dans mes mains, j'avais cette impression de la posséder tout entière que je n'avais pas quand elle était réveillée. Sa vie m'était soumise, exhalait vers moi son léger souffle. "

Dans  tous les cas, un grand malade. Il dit de lui-même qu’il ressemble à Tante Léonie qui ne pouvait plus quitter son lit sans être épuisée et refusait toute sortie hors de sa chambre.

2) La jalousie de Marcel :  culpabilité et désir de mort

comme dans certains Jugements Derniers du moyen âge...

On a vu que Marcel n’aime pas Albertine mais il souffre quand il pense la perdre. Il veut la quitter mais a peur de la trahison.  Sa présence lui pèse mais il n’accepte pas qu’elle parte. C’est ainsi que Proust définit la jalousie :

"La jalousie est aussi un démon qui ne peut être exorcisé, et revient toujours incarner une nouvelle forme. Puissions-nous arriver à les exterminer toutes, à garder perpétuellement celle que nous aimons, l’Esprit du Mal prendrait alors une autre forme, plus pathétique encore, le désespoir de n’avoir obtenu la fidélité que par force, le désespoir de n’être pas aimé."

On peut remarquer qu’il prête à Albertine ses propres désirs car même s’il lui est fidèle, il ne peut s’empêcher lorsqu’il sort avec elle, de jeter des regards concupiscents "aux jeunes cyclistes assises aux tables du bois de Boulogne". Et il conclut qu’il n’y a de "jalousie que de soi-même". "Ce n’est que du plaisir ressenti par soi-même qu’on peut tirer savoir et douleur. "

La jalousie est bien une maladie, avoue-t-il, l’une de ces  "des maladies intermittentes  dont la cause est capricieuse, toujours identique chez le même malade" et qui prend des tours différents selon le caractère de ceux qui en souffrent.
Mais la jalousie de Marcel a encore une caractéristique très importante, c’est qu’elle vise, dans le cas d’Albertine, l’homosexualité, elle a pour objet cet amour réprouvé par les lois, par la religion puisqu’il ne conduit pas à la procréation, impossible à vivre au grand jour à son époque, et qui s’accompagne donc toujours de culpabilité. En effet, Marcel explique que la jalousie qu’il a éprouvé envers Saint Loup quand Albertine a paru trop familière avec lui, ne l’a pas inquiété autant que les amours entre femmes qu’il prête à Albertine. On ne peut s’empêcher de penser que, parlant de l’homosexualité vécue comme une perversion et du sentiment de culpabilité qui en découle, Marcel Proust parle de lui-même.

Dans son essai à propos de La Prisonnière, Julia Kristova, psychanaliste et écrivaine française, va même plus loin et affirme : "Je voudrais attirer votre attention sur le chemin de cette identification, qui n’apparaît pas immédiatement puisque Albertine n’est pas Marcel, mais seulement et pour un temps, l’objet de son désir. Je soutiendrai cependant qu’Albertine est bel et bien le narrateur." 

Albertine et le narrateur ne feraient qu’un ? Ou plutôt Albertine et Marcel Proust ne feraient qu'un ?  Car Marcel, le narrateur aime les femmes alors que Marcel Proust est homosexuel et souffre de cette vie de dissimulation. Il est comme Albertine, enfermé en lui-même ! Ce qui expliquerait la claustration d’Albertine. Comment supprimer, en effet, le désir homosexuel ? Tout simplement en le niant, en  l’emprisonnant, en l'étouffant et si cela ne suffit pas en le supprimant. Il y a de nombreux passages où la mort est présente dans La Prisonnière : "Je sais que je prononçai alors le mot « mort » comme si Albertine allait mourir.". Le sommeil d’Albertine, lui-même, ressemble à la mort, comme un présage à sa fin effective dans Albertine disparue.

"Ce fut une morte, en effet, que je vis quand j’entrai ensuite dans sa chambre. Elle s’était endormie aussitôt couchée ; ses draps, roulés comme un suaire autour de son corps, avaient pris, avec leurs beaux plis, une rigidité de pierre. On eût dit, comme dans certains Jugements Derniers du moyen âge, que la tête seule surgissait hors de la tombe, attendant dans son sommeil la trompette de l’Archange. Cette tête avait été surprise par le sommeil presque renversée, les cheveux hirsutes."

Mais si Albertine n’est autre que Marcel Proust, c’est la mort  de l'auteur lui-même qui est préfigurée   :

"Tout cela était mensonge, mais mensonge pour lequel je n’avais le courage de chercher d’autre solution que ma mort. Ainsi je restais, dans la pelisse que je n’avais pas encore retirée depuis mon retour de chez les Verdurin, devant ce corps tordu, cette figure allégorique de quoi ? de ma mort ? de mon œuvre ?"

Sa mort pour supprimer la culpabilité du désir. Mais aussi la mort de son oeuvre ? Le terme est important car l’oeuvre de Marcel c’est à la fois Albertine qu’il a façonné  tel un sculpteur inspiré, à qui il a donné vie comme Pygmalion. Mais c’est aussi l’oeuvre littéraire, celle de Marcel Proust l'auteur, oeuvre qu’il est en train d’écrire et dont il ne sait si elle lui survivra. La prisonnière est, d'ailleurs, le premier des romans de Proust à paraître après sa mort.
 

Demain suite : La prisonnière Albertine (2)

 


lundi 11 novembre 2024

Normandie Calvados Caen : Exposition : Le spectacle de la marchandise, Ville, art et commerce avec Zola et Proust (2)

Joseph Hornecker : Les magasins Réunis à Epinal (1908)
 

L'Exposition Le spectacle de la marchandise, Ville, art et commerce que je suis allée voir à Caen au mois de Juin au musée des Beaux-Arts de Caen, installé dans le château ducal, s’intéresse à la manière dont le développement commercial sans précédent des villes se manifeste dans le regard des artistes de 1860 à 1914. À nouveau, le musée adopte un point de vue élargi sur les oeuvres produites avant la Première Guerre mondiale, déplaçant les oppositions habituelles pour mêler différentes visions d’une même modernité : Jules Adler et Fernand Pelez sont exposés aux côtés de Pierre Bonnard, Édouard Vuillard, Raoul Dufy, Maximilien Luce ou Théophile Steilen... Le parcours fait revivre le bouillonnement des villes marchandes à travers une centaine d’oeuvres (peintures, photographies, films, dessins, gravures) auxquelles se mêlent de petits ensembles d’enseignes commerciales, d’affiches publicitaires et d’objets promotionnels. (Texte site du musée)

Mais déjà avant cette époque : 

 


Les Grands Magasins : Paris

 Dans les grandes métropoles, au premier rang desquelles Paris, les lieux de commerce se multiplient et se diversifient. L’apparition des grands magasins n’entraîne pas la disparition des vendeurs ambulants, des échoppes ou des boutiques traditionnelles. La rue prolonge la boutique. Les marchandises abondent et le spectacle est permanent.

 

Victor Gilbert : Une fruitière

Camille Pissarro : l'avenue de l'opéra


Camille Pissarro dépeint l’activité débordante des nouvelles voies percées au coeur de Paris par le baron Haussmann avec une circulation abondante de passants et de voitures dans l’avenue de l’opéra  bordée de devantures, qui débouche sur l’opéra Garnier.

 

Giuseppe de Nittis  1878)  Le percement de l'avenue de l'opéra entre 1876 et 1879
 

Paris est le symbole de la ville moderne avec ses larges artères et l’invention du grand magasin qui constitue un phénomène spécifiquement parisien. Le Bon Marché ouvre en 1852.

Affiche Au Tapis rouge ( 1872)
 

Le grand magasin Au Tapis rouge a été détruit par les incendies de la fin de la commune de Paris. Il est reconstruit et réouvert en 1872. Sur la gauche, une femme soulève un rideau semblable à celui d'un théâtre pour dévoiler le spectacle du  grand magasin,  avec son monogramme TR  porté par un phénix, symbole du magasin, avec ses  enseignes, les voitures de livraison, la foule. A gauche le phénix  renaît des flammes de l'ancien magasin.

C'est le spectacle que Denise, le personnage principal de Le bonheur des Dames d'Emile Zola, découvre avec admiration quand elle arrive à Paris.

"Denise hocha la tête. Elle avait passé deux ans là-bas, chez Cornaille, le premier marchand de nouveautés de la ville ; et ce magasin rencontré brusquement, cette maison énorme pour elle, lui gonflait le cœur, la retenait, émue, intéressée, oublieuse du reste. Dans le pan coupé donnant sur la place Gaillon, la haute porte, toute en glace, montait jusqu’à l’entresol, au milieu d’une complication d’ornements, chargés de dorures. Deux figures allégoriques, deux femmes riantes, la gorge nue et renversée, déroulaient l’enseigne : Au Bonheur des Dames. Puis, les vitrines s’enfonçaient, longeaient la rue de la Michodière et la rue Neuve-Saint-Augustin, où elles occupaient, outre la maison d’angle, quatre autres maisons, deux à gauche, deux à droite, achetées et aménagées récemment. C’était un développement qui lui semblait sans fin, dans la fuite de la perspective, avec les étalages du rez-de-chaussée et les glaces sans tain de l’entresol, derrière lesquelles on voyait toute la vie intérieure des comptoirs. En haut, une demoiselle, habillée de soie, taillait un crayon, pendant que, près d’elle, deux autres dépliaient des manteaux de velours."

Jules Chéret : Les grands magasins de la Paix

Mais souvent les artistes peignent l'extérieur plutôt que l'intérieur des magasins, les rues, les boulevards qui débordent de passants mais aussi de marchandises, les boutiques, les échoppes animées, les marchés, les marchands ambulants, qui continuent à vivre à côté des grands magasins.

 

Nicolas Tharkhoff : Boulevard des italiens

 

Pierre Bonnard: Boulevard de Clichy
 

Pierre Bonnard: Boulevard de Clichy marchande ambulante (détail)


Victor Gilbert : Le carreau des Halles


Victor Gilbert : Le carreau des Halles (détail)

Victor Gilbert : Le carreau des Halles (détail)


Kupka : Les boutiques ( 1908_1910)


Maximilien Luce : Rue des Abbesses


Maximilien Luce : Rue des abbesses (détail)


C'est ce "dehors" que Marcel Proust dans La prisonnière choisit de décrire par l'intermédiaire des bruits qu'il entend de sa chambre le matin au réveil.

 "Dehors, des thèmes populaires finement écrits pour des instruments variés, depuis la corne du raccommodeur de porcelaine, ou la trompette du rempailleur de chaises, jusqu’à la flûte du chevrier, qui paraissait dans un beau jour être un pâtre de Sicile, orchestraient légèrement l’air matinal, en une « ouverture pour un jour de fête ». L’ouïe, ce sens délicieux, nous apporte la compagnie de la rue, dont elle nous retrace toutes les lignes, dessine toutes les formes qui y passent, nous en montrant la couleur. Les rideaux de fer du boulanger, du crémier, lesquels s’étaient hier abaissés le soir sur toutes les possibilités de bonheur féminin, se levaient maintenant comme les légères poulies d’un navire qui appareille et va filer, traversant la mer transparente, sur un rêve de jeunes employées. Ce bruit du rideau de fer qu’on lève eût peut-être été mon seul plaisir dans un quartier différent. Dans celui-ci cent autres faisaient ma joie, desquels je n’aurais pas voulu perdre un seul en restant trop tard endormi. C’est l’enchantement des vieux quartiers aristocratiques d’être, à côté de cela, populaires."

 

Adolphe Binet : la marchande de fleurs


"Certes, la fantaisie, l’esprit de chaque marchand ou marchande, introduisaient souvent des variantes dans les paroles de toutes ces musiques que j’entendais de mon lit. Pourtant un arrêt rituel mettant un silence au milieu d’un mot, surtout quand il était répété deux fois, évoquait constamment le souvenir des vieilles églises. Dans sa petite voiture conduite par une ânesse, qu’il arrêtait devant chaque maison pour entrer dans les cours, le marchand d’habits, portant un fouet, psalmodiait : « Habits, marchand d’habits, ha… bits » avec la même pause entre les deux dernières syllabes d’habits que s’il eût entonné en plain-chant : « Per omnia saecula saeculo… rum » ou : « Requiescat in pa… ce », bien qu’il ne dût pas croire à l’éternité de ses habits et ne les offrît pas non plus comme linceuls pour le suprême repos dans la paix." Proust La prisonnière


Du dehors au dedans 


Félix Valotton : chez la modiste

Félix Valotton est un de ces artistes qui nous fait pénétrer à l'intérieur comme dans ce tableau peignant le magasin Le bon marché ou une foule de clientes entièrement féminine se presse et se bouscule pour acheter des coupons de tissu à des marchands obséquieux, dans un rapprochement parfois presque trop intime et fiévreux animé par la passion commerciale qui  les saisit tous.


Félix Valotton : Le bon marché


Zola aussi va nous faire pénétrer à l'intérieur du magasin d'Octave Mouret Le bonheur des dames. D'abord par les vitrines dont il décrit la magnificence :

"Mais la dernière vitrine surtout les retint. Une exposition de soies, de satins et de velours, y épanouissait, dans une gamme souple et vibrante, les tons les plus délicats des fleurs : au sommet, les velours, d’un noir profond, d’un blanc de lait caillé ; plus bas, les satins, les roses, les bleus, aux cassures vives, se décolorant en pâleurs d’une tendresse infinie ; plus bas encore, les soies, toute l’écharpe de l’arc-en-ciel, des pièces retroussées en coques, plissées comme autour d’une taille qui se cambre, devenues vivantes sous les doigts savants des commis ; et, entre chaque motif, entre chaque phrase colorée de l’étalage, courait un accompagnement discret, un léger cordon bouillonné de foulard crème. "

à l'intérieur :

"Enfin, on rouvrit les portes, et le flot entra. Dès la première heure, avant que les magasins fussent pleins, il se produisit sous le vestibule un écrasement tel, qu'il fallut avoir recours aux sergents de ville, pour rétablir la circulation sur le trottoir. Mouret avait calculé juste: toutes les ménagères, une troupe serrée de petites-bourgeoises et de femmes en bonnet, donnaient assaut aux occasions, aux soldes et aux coupons, étalés jusque dans la rue. Des mains en l'air, continuellement, tâtaient «les pendus» de l'entrée, un calicot à sept sous, une grisaille laine et coton à neuf sous, surtout un Orléans à trente-huit centimes, qui ravageait les bourses pauvres. Il y avait des poussées d'épaules, une bousculade fiévreuse autour des casiers et des corbeilles, où des articles au rabais, dentelles à dix centimes, rubans à cinq sous, jarretières à trois sous, gants, jupons, cravates, chaussettes et bas de coton s'éboulaient, disparaissaient, comme mangés par une foule vorace."

 

A hauteur d'enfants


Edouard Vuillard : l'écharpe rouge


Deux images montrent les enfants en promenade dans la ville : Peint à hauteur de la petite fille, dans une composition audacieuse, le tableau de Vuillard coupe la silhouette de l'homme qui accompagne et adopte la vision de l'enfant.

 

Geoffroy Henry Photogravure : Sur le chemin de l'école

Les enfants aussi intéressent les grands magasins puisqu'ils peuvent être à l'origine d'un achat, jouets, vêtements ...  En les  séduisant, on ferre la mère. C'est l'idée d'Octave Mouret.

 "Mais son idée la plus profonde était, chez la femme sans coquetterie, de conquérir la mère par l'enfant ; il ne perdait aucune force, spéculait sur tous les sentiments, créait des rayons pour petits garçons et fillettes, arrêtait les mamans au passage, en offrant aux bébés des images et des ballons. Un trait de génie que cette prime des ballons, distribuée à chaque acheteuse, des ballons rouges, à la fine peau de caoutchouc, portant en grosses lettres le nom du magasin, et qui, tenus au bout d'un fil, voyageant en l'air, promenaient par les rues une réclame vivante !" 

 

L’envers social  d’un monde en mutation 

 

Henri Weigelen Alfred Chauchart, propriétaire des Galeries du Louvre

 

Et puis dans ce monde capitaliste en plein essor qui s'ouvre au commerce et s'enrichit, il y a la foule des invisibles, les employés de commerce des grands magasins et les vendeurs ambulants, souvent des enfants pauvres, misérables, fréquemment représentés en peinture, mais qui sont des laissés pour compte dans la société en mutation.


Fernand Pelez : le vendeur de citrons


Paul Sérusier : la marchande de bonbons


Jules Adler : La marchande de fleurs


Norbert Goeneutte : Fleuriste sur le boulevard

La prisonnière Marcel Proust, les bruits ou plutôt la musique de la rue : "C’était : « ah le bigorneau, deux sous le bigorneau », qui faisait se précipiter vers les cornets où on vendait ces affreux petits coquillages, qui, s’il n’y avait pas eu Albertine, m’eussent répugné, non moins d’ailleurs que les escargots que j’entendais vendre à la même heure. Ici c’était bien encore à la déclamation à peine lyrique de Moussorgsky que faisait penser le marchand, mais pas à elle seulement. Car après avoir presque « parlé » : « les escargots, ils sont frais, ils sont beaux », c’était avec la tristesse et le vague de Maeterlinck, musicalement transposés par Debussy, que le marchand d’escargots, dans un de ces douloureux finales par où l’auteur de Pelléas s’apparente à Rameau : « Si je dois être vaincue, est-ce à toi d’être mon vainqueur ? » ajoutait avec une chantante mélancolie : « On les vend six sous la douzaine… "







samedi 9 novembre 2024

Normandie, Calvados : Caen : L'abbaye-aux-Hommes et le château ducal (1)

Caen : L'Abbaye-aux-Hommes et sculpture de Jaume Plensa
 

Une après midi à Caen, visite éclair mais bien remplie, le temps de voir la fameuse Abbaye-aux-Hommes dédiée à Saint Etienne de Caen, ( mais, hélas pas l'Abbaye-aux-Dames dédiée à la Sainte Trinité ), le château ducal et l’exposition du musée des Beaux-Arts. Au mois de Juin, lorsque nous y étions, l’exposition en cours  s’intitulait : Le spectacle de la marchandise : Ville, art et commerce dans le cadre du festival Normandie impressionniste


L'abbaye-aux-Hommes sculpture Jaume Plensa


L’Abbaye- aux- Hommes et l’Abbaye-aux-Dames sont deux grands monastères bénédictins fondés par Guillaume le Conquérant et son épouse Mathilde vers 1060 pour obtenir le pardon de l’Eglise pour leur mariage consanguin..

C’est Lanfranc de Pavie, moine-bénédictin bâtisseur qui fut chargé de la construction des deux abbayes d’où l’influence du style Lombard. Mais furent utilisées aussi les innovations réalisées pour l’abbaye de Jumièges, bel exemple de roman normand.

Guillaume de Poitiers, le chroniqueur normand décrit ainsi la fondation de l'abbaye par Guillaume le Conquérant  : « Pour l'établir abbé du monastère de Caen, il lui fallut user, pour ainsi dire, d'une pieuse contrainte ; car Lanfranc s'y refusait moins par amour pour l'humilité, que par crainte d'un rang trop élevé. Ensuite, Guillaume le Conquérant enrichit ce monastère de domaines, d’argent et d’or et de divers ornements ; il le fit construire à petits frais, d'une grandeur et d'une beauté abordable, et peu digne du bienheureux martyr Étienne, par les reliques duquel il devait être honoré et auquel il devait être consacré. » wikipedia

 

L'abbaye-aux-Hommes : Eglise Saint Etienne la façade aux tours symétriques


La façade, la nef et les bases du transept de l’église sont les parties les plus anciennes de l’abbaye de Guillaume : la façade harmonique est constituée de deux tours symétriques encadrant le pignon central. 

 

L'abbaye-aux-Hommes : Eglise Saint Etienne

 

L'abbaye-aux-Hommes : Eglise Saint Etienne

L’église abbatiale Saint-Etienne est devenue église paroissiale à la Révolution.

 

L'abbaye-aux-Hommes : Eglise Saint Etienne

 

L'abbaye-aux-Hommes : Le cloître


L'abbaye-aux-Hommes : Le cloître


L'église de Saint-Etienne de Caen fut un modèle qui se répandit à travers toute l’Europe normande. Elle inspira nombre d’églises en Angleterre après la conquête en 1066. Guillaume le Conquérant, duc de Normandie, roi d’Angleterre, y est inhumé.

 

La mairie de Caen dans les bâtiments abbatiaux.

Les bâtiments abbatiaux sont un magnifique exemple d’architecture classique due à la restauration du 18ème siècle. Les bâtiments conventuels ont d’abord été occupés par un lycée, et abritent la mairie depuis 1965.


Le Château ducal

Caen : le château ducal

 

En même temps que les abbayes, Guillaume le Conquérant fit bâtir le château ducal vers 1060 marquant sa volonté de faire de Caen la capitale de son duché. Le château est devenu par la suite la résidence favorite des ducs de Normandie et rois d’Angleterre.


Le château ducal
 



Lundi : Normandie, Calvados : Caen  Musée des Beaux-arts : : Le spectacle de la marchandise : Ville, art et commerce (2)

 

 

jeudi 7 novembre 2024

Le Jeudi avec Marcel Proust : La prisonnière : Marcel Proust et la mode, Mariano Fortuny et Jacques Doucet

Elena vêtue d'une robe Delphos de Mariano Fortuny
 

Marcel Proust est fasciné par les toilettes des femmes et il les décrit avec une précision et une délicatesse qui témoignent de son sens de l’observation, son tempérament d’artiste et son amour de l’art, celui-ci lui permettant de jeter des liens par-delà les siècles entre les oeuvres des grands couturiers de son temps, Jacques Doucet, Fortuny et la peinture vénitienne, Carpaccio, Le Titien, Tiepolo

 

Le Titien : portrait de femme


" Et les manches étaient doublées d’un rose cerise, qui est si particulièrement vénitien qu’on l’appelle rose Tiepolo."

Jean-Baptiste Tiepolo: fresque de l'Olympe, le rose Tiepolo

C’est  à travers la description du vêtement que Marcel Proust exprime la sensualité du corps féminin, "Mais la robe ne m'empêchait pas de penser à la femme", dans la couleur ou la brillance d’une étoffe, les courbes d’un pli, les arrondis d’une manche, les détails raffinés.
Pour lui, le vêtement d’une femme est un paysage, une saison comme pour Odette dans A l’ombre des jeunes filles en fleurs avec "les névés de son manchon", et ses fourrures d’hermine  "qui avaient l’air des derniers carrés des neiges de l’hiver… " 
Comme la robe d’Oriane de Guermantes, fleur, pierre précieuse, feu et passion :  "Vous aviez une robe toute rouge, avec des souliers rouges ; vous étiez inouïe, vous aviez l’air d’une espèce de grande fleur de sang, d’un rubis en flammes".
La toilette est aussi un état d’âme : " Je trouvais la duchesse ennuagée dans la brume d’une robe en crêpe de Chine gris, j’acceptais cet aspect que je sentais dû à des causes complexes et qui n’eût pu être changé, je me laissais envahir par l’atmosphère qu’il dégageait, comme la fin de certaines après-midi ouatées en gris perle par un brouillard vaporeux. "

C’est pourquoi dans La prisonnière Marcel cherche à cerner ce qui transcende la parure féminine, ce qu’elle exprime d’une manière subtile. La toilette féminine n’est pas un décor, nous dit-il, " mais une réalité donnée et poétique comme est celle du temps qu’il fait, comme est la lumière spéciale à une certaine heure.". La toilette est  donc une réalité qui est de l’ordre de l’émotion, du ressenti, transformée par ce qui est au-delà de la perception, ce qui s’exprime par le symbole, la métaphore, le mystère, le langage même de la poésie.

Proust comprend que malgré les conseils de Mme de Guermantes, il ne pourra mettre les mots sur ce qui fait la spécificité d’une robe de Doucet ou de Fortuny :  " mais si vous faites faire des choses de Callot, de Doucet, de Paquin par de petites couturières, cela ne sera jamais la même chose. — Mais je ne veux pas du tout aller chez une petite couturière, je sais très bien que ce sera autre chose ; mais cela m’intéresserait de comprendre pourquoi ce sera autre chose. "
Proust se rendra à l’évidence, comme pour les grandes oeuvres, la grande couture ne peut se définir ni s’expliquer car elle est aussi un art.


Jacques Doucet

Jacques Doucet (détail d'une robe)


"Telle toque, tel manteau de zibeline, tel peignoir de Doucet, aux manches doublées de rose, prenaient pour Albertine, qui les avait aperçus, convoités et, grâce à l’exclusivisme et à la minutie qui caractérisent le désir, les avait à la fois isolés du reste dans un vide sur lequel se détachait à merveille la doublure, ou l’écharpe, et connus dans toutes leurs parties (…) une importance, un charme qu’ils n’avaient certes pas pour la duchesse, rassasiée avant même d’être en état d’appétit…"

Entre 1880 et les années 1920, le grand couturier Jacques Doucet habilla les dames de la noblesse et de la grande bourgeoisie. Réjane et Sarah Bernhardt furent parmi ses clientes. Mais Jacques Doucet était aussi l’un des plus importants collectionneurs de son temps, peintures, gravures, livres anciens. Les héritiers de Jacques Doucet, monsieur et madame Angladon, avignonnais, ont revendu une partie de ses collections mais ont gardé certaines oeuvres, Van Gogh, Degas, Sisley, Picasso, Foujita, Modigliani... qui sont exposées actuellement à Avignon à la fondation Angladon. Un joli petit musée à visiter si vous passez dans la ville.

 

Jacques Doucet : robe de soirée

Mariano Fortuny

Oswald Hornby Joseph Birley :  Muriel Gore dans une robe Fortuny


"De toutes les robes ou robes de chambre que portait Mme de Guermantes, celles qui semblaient le plus répondre à une intention déterminée, être pourvues d’une signification spéciale, c’étaient ces robes que Fortuny a faites d’après d’antiques dessins de Venise. Est-ce leur caractère historique, est-ce plutôt le fait que chacune est unique qui lui donne un caractère si particulier que la pose de la femme qui les porte en vous attendant, en causant avec vous, prend une importance exceptionnelle, comme si ce costume avait été le fruit d’une longue délibération et comme si cette conversation se détachait de la vie courante comme une scène de roman ?"

Mariano Fortuny y Madraza est un espagnol né à Grenade en 1871.  Il s’installe à Venise avec son épouse Henriette Négrin au palais Fortuny qui est actuellement un musée de la mode et des tissus.  Il s’inspire de décors crétois, coptes, byzantins, grecs et crée des modèles dont la forme est proche de la djellaba ou de la toge antique. Il est le créateur-inventeur de plissés et de soie (en mousseline, voile, velours, taffetas..) sur lesquels était appliqué de l’or, de l’argent, en motifs, également brodés ou métallisés par des procédés nouveaux (25 brevets furent déposés alors). Sa robe plissée Delphos, achetée dès 1909 par la marquise Casati, le rend célèbre, ainsi que la tunique de bacchante (réalisée avec le couturier Paul Poiret), ou le châle Knossos. Ce genre d’inspiration confirmait la mode de l’Antiquité grecque, avec des plissés, de longues tuniques, des drapés.  

 "La robe de Fortuny que portait ce soir-là Albertine me semblait comme l’ombre tentatrice de cette invisible Venise. Elle était envahie d’ornementation arabe, comme les palais de Venise dissimulés à la façon des sultanes derrière un voile ajouré de pierres, comme les reliures de la Bibliothèque Ambrosienne, comme les colonnes desquelles les oiseaux orientaux qui signifient alternativement la mort et la vie, se répétaient dans le miroitement de l’étoffe, d’un bleu profond qui, au fur et à mesure que mon regard s’y avançait, se changeait en or malléable par ces mêmes transmutations qui, devant la gondole qui s’avance, changent en métal flamboyant l’azur du grand canal."

 

Robes Mariano Fortuny

« Ces robes de Fortuny, dont j’avais vu l’une sur Mme de Guermantes, c’était celles dont Elstir, quand il nous parlait des vêtements magnifiques des contemporaines de Carpaccio et du Titien, nous avait annoncé la prochaine apparition, renaissant de leurs cendres, somptueuses, car tout doit revenir comme il est écrit aux voûtes de Saint-Marc, et comme le proclament, buvant aux urnes de marbre et de jaspe des chapiteaux byzantins, les oiseaux qui signifient à la fois la mort et la résurrection. »


Vittore Carpaccio : Fuite en Egypte


Dès que les femmes avaient commencé à en porter, Albertine s’était rappelé les promesses d’Elstir, elle en avait désiré, et nous devions aller en choisir une. Or ces robes, si elles n’étaient pas de ces véritables robes anciennes, dans lesquelles les femmes aujourd’hui ont un peu trop l’air costumées et qu’il est plus joli de garder comme pièces de collection (j’en cherchais, d’ailleurs, aussi de telles pour Albertine), n’avaient pas non plus la froideur du pastiche, du faux ancien.  (...) ces robes de Fortuny, fidèlement antiques mais puissamment originales, faisaient apparaître comme un décor, avec une plus grande force d’évocation même qu’un décor, puisque le décor restait à imaginer, la Venise tout encombrée d’Orient où elles auraient été portées, dont elles étaient, mieux qu’une relique dans la châsse de Saint-Marc évocatrice du soleil et des turbans environnants, la couleur fragmentée, mystérieuse et complémentaire. Tout avait péri de ce temps, mais tout renaissait, évoqué pour les relier entre elles par la splendeur du paysage et le grouillement de la vie, par le surgissement parcellaire et survivant des étoffes des dogaresses.


 Tissus Fortuny


Plus tard, Marcel les offre en cadeaux à Albertine  : « Pour les robes de Fortuny, nous nous étions enfin décidés pour une bleu et or doublée de rose, qui venait d’être terminée. Et j’avais commandé tout de même les cinq auxquelles elle avait renoncé avec regret, par préférence pour celle-là. «

 

Robes Mariano Fortuny

 Pour définir le style de Mariano Fortuny, Marcel Proust évoque les peintres-décorateurs de son époque qui ont contribué au succès des ballets russes de Diaghilev  "À la façon des décors de Sert, de Bakst et de Benois, qui, à ce moment, évoquaient dans les ballets russes les époques d’art les plus aimées — à l’aide d’œuvres d’art imprégnées de leur esprit et pourtant originales "

 

 

Jose Sert : paravent pour le boudoir de la reine d'Espagne

 Jose Maria Sert y Badia est un peintre et décorateur  espagnol (1874-1945). Son art, pétri de références à la grande tradition, se concentre sur le grandiose.  Il a travaillé pour les ballets russes. Voir Ici

 

Léon Bakst : Bacchante et faune
 

Lev Samoilovitch Rosenberg dit Léon Bakst (1866-1924),  russe, peintre, décorateur, costumier a été  le principal collaborateur des ballets russes très à la mode au début du XX siècle. Il a travaillé aussi pour l'opéra de Paris.

Marcel Proust, dans une lettre à Reynaldo Hahn, le 4 mai 1911, lui écrit : « Dites mille choses à Bakst que j’admire profondément, ne connaissant rien de plus beau que Schéhérazade. »


 
 
Alexande Benois : Pétrouchka

 
 
Alexandre Nikolaïevitch Benois, (1870-1960), né a Saint-Peterbourg, d'un père d'origine française, mort à Paris, peintre et décorateur, a réalisé de nombreux décors de ballets, Giselle, Pétrouchka, Les Sylphides, le Boléro...