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samedi 10 août 2024

Normandie : Le jardin du pays d'Auge et le jardin et le château de Canon en Calvados

Les jardins du pays d'Auge Cambremer Calvados
 

Après avoir visité le jardin de Giverny de Claude Monet qui était ce que je voulais voir avant tout en Normandie, je me suis aperçue que ce n'était pas le seul jardin merveilleux de Normandie.


Le jardin du pays d'Auge à Cambremer dans le Calvados

 



 

Le jardin des pays d'Auge Cambremer habitations


Le jardin des pays d'Auge Cambremer habitations


Le jardin des pays d'Auge Cambremer labyrinthe













 
 
Le jardin du diable Aconit Digitale Belladonne

 
Le jardin de Dieu gardé par un ange



Le jardin de Dieu :  La lychnis coronaire ou Oeil de Dieu




Le jardin des pays d'Auge Cambremer  la cour d'amour



Le jardin des pays d'Auge Cambremer  la cour d'amour






Le jardin des pays d'Auge Cambremer







Le jardin et le château de Canon
 

Le château de Canon et son reflet : le miroir d'eau

 
 
La création de Canon au 18e siècle est l'œuvre d'un couple, Jean-Baptiste et Anne-Louise Elie de Beaumont dont descend toujours la famille en charge de la gestion des lieux. Ce temple témoigne encore aujourd'hui de l'amour qui les unissait.
Ces derniers avaient fait un mariage d'amour, envers et contre tout, car si Anne-Louise était fille d'un riche seigneur protestant, Jean-Baptiste venait d'une famille catholique sans fortune. Ils ont échangé de nombreuses lettres conservées au château, avant d'être enfin autorisés à se marier par leurs parents en 1760.



Le château de canon : le miroir d'eau


Le miroir d'eau du château de canon a été aménagé pour offrir le reflet du château et de son environnement.



le miroir d'eau


 C'était à l'époque d'autant plus théâtral que les miroirs étaient de vrais objets de luxe, dont le procédé pour en réaliser de très grande dimension est resté longtemps méconnu!
Pour jouer son rôle, un miroir d'eau doit être parfaitement lisse, aucune fontaine ne peut y être installée.
Le miroir de Canon est alimenté par l'eau de source qui jaillit du sol et se déverse dans la rivière grâce à un trop-plein. Il combinait un rôle ornemental et utile, car il était utilisé comme vivier à poissons. Aujourd'hui encore les truites s'y épanouissent librement



Le miroir d'eau




Le château de Canon Mézidon Calvados




Le jardin et le Château de Canon : Le temple grec


Jean-Baptiste et Anne-Louise Elie de Beaumont ont imaginé le parc de Canon, institué la grande fête «des Bonne Gens» et imprégné de leur personnalité l'esprit des lieux. Ce temple devait abriter leurs deux portraits. Mais à la mort d'Anne-Louise, Jean-Baptiste a préféré le dédier à la seule mémoire de son épouse, dont vous pouvez voir le buste toujours en place !



Le jardin et le Château de Canon : le canal


Le jardin et le Château de Canon  Mézidon


Jardin  clos de Canon : Les chartreuses

Au XVIII siècle Jean Baptiste Elie de Beaumont dessina lui-même les plans de ces jardins clos destinés à cultiver les arbres fruitiers. Le nom du jardin vient du fait que les arbres furent commandés aux Chartreux. Ces murs abritent désormais un jardin de fleurs et une belle roseraie.


Amours en terre cuite maîtrisant la dfoudre



Jardin et château de Canon Amours en terre cuite maîtrisant la foudre









Château de Canon : la roseraie




Château de Canon : la roseraie




Château de Canon : la roseraie



Château de Canon : la roseraie



Château de Canon : la roseraie





jeudi 8 août 2024

Challenge Marcel Proust : Bilan 2


Challenge MARCEL PROUST

 BILAN 2


Voici le bilan 2 du challenge Marcel Proust sur le second tome de La Recherche du Temps perdu : A l'ombre des jeunes filles en fleurs et des livres autour de l'écrivain.

 Miriam  et Claudialucia ont avancé dans la lecture de A l'Ombre des Jeunes filles en fleur. Nathalie et Athalie ont préféré faire des lectures autour de Marcel Proust. Ce bilan 2 sera suivi d'autres récapitulations à mesure que nous avancerons dans la lecture de la Recherche. Nous espérons que d'autres blogueuses nous rejoindrons.

 

 
 

 

 KEISHA :

Thierry Laget : Proust, prix. Goncourt, une émeute littéraire

 

MIRIAM

 
 
 
podcasts RADIOFRANCE 
 
PERSONNAGES EN PERSONNE 
Charles Swann ou le Charmant stérile (28 minutes)
Robert de Saint Loup ou l'oiseau de Paradis (28 minutes)
 
 

NATHALIE

Chloé Cruchaudet, d'après Céleste Albaret, « Bien sûr, monsieur Proust », 2022, édité chez Noctambule.

Chloé Cruchaudet, Céleste, tome 2 Il est temps Monsieur Proust

   

mardi 6 août 2024

Musée des Beaux-Arts de Rouen : Albert Fourié : la mort de madame Bovary

Albert Fourié (1854_1937) La mort de madame Bovary Musée des Beaux-Arts de Rouen

 

En visitant le musée des Beaux-arts de Rouen et avant de vous parler des impressionnistes que j'y ai admirés et de la magnifique exposition de Hockney en hommage aux impressionnistes, voilà une peinture qui m'a surprise car je ne la connaissais pas et ne m'attendais pas à la trouver là !  Il s'agit d'un grand tableau (141 sur 203 cm) peint par Albert Fourié, intitulé, la mort de madame Bovary. Le peintre  a choisi de figurer la fin de la veillée funèbre, lorsque le jour se lève. On y voit Monsieur Bovary, debout au pied du lit,  éploré, la tête dans les mains, et l'on comprend que c'est ainsi, dans l'affliction la plus complète, qu'il a dû passer la nuit. Derrière lui, le curé Bournisien et le pharmacien Monsieur Homais ont cédé à la fatigue et dorment sur leur chaise. Le tableau fut présenté au Salon 1883, obtint un franc succès et permit à Albert Fourié d'être choisi comme illustrateur du livre de Flaubert.

La jeune morte est représentée,  en accord avec la description de Flaubert, vêtue de sa robe de mariée. Un voile couvre sa tête, ses longs cheveux noirs sont dénoués et l'on aperçoit, par transparence, son beau visage envahi par les couleurs de la mort.

 


 Incapable de rembourser ses dettes, abandonnée par son amant Rodolphe, Emma a volé une forte dose d’arsenic chez le pharmacien et a décidé de mettre fin à ses jours.
La mort d’Emma  est tout sauf romantique. La force des détails réalistes plongent le lecteur dans l'horreur d'une mort violente et douloureuse. C'est ce qui valut à Flaubert un procès à la suite du scandale que ce dénouement provoqua.


 La mort d'Emma Bovary

 

"La nuit tombait, des corneilles volaient.
Il lui sembla tout à coup que des globules couleur de feu éclataient dans l'air comme des balles fulminantes en s'aplatissant, et tournaient, tournaient, pour aller se fondre sur la neige, entre les branches des arbres. Au milieu de chacun d'eux, la figure de Rodolphe apparaissait. Ils se multiplièrent, et ils se rapprochaient, la pénétraient; tout disparut. Elle reconnut les lumières des maisons, qui rayonnaient de loin dans le brouillard.
Alors sa situation, telle qu'un abîme, se représenta. Elle haletait à se rompre la poitrine. Puis, dans un transport d'héroïsme qui la rendait presque joyeuse, elle descendit la côte en courant, traversa la planche aux vaches, le sentier, l'allée, les halles, et arriva devant la boutique du pharmacien. […]
En effet, elle regarda tout autour d'elle, lentement, comme quelqu'un qui se réveille d'un songe; puis, d'une voix distincte, elle demanda son miroir, et elle resta penchée dessus quelque temps, jusqu'au moment où de grosses larmes lui découlèrent des yeux. Alors elle se renversa la tête en poussant un soupir et retomba sur l'oreiller.
Sa poitrine aussitôt se mit à haleter rapidement. La langue tout entière lui sortit hors de la bouche; ses yeux, en roulant, pâlissaient comme deux globes de lampe qui s'éteignent, à la croire déjà morte, sans l'effrayante accélération de ses côtes, secouées par un souffle furieux, comme si l'âme eût fait des bonds pour se détacher. Félicité s'agenouilla devant le crucifix, et le pharmacien lui-même fléchit un peu les jarrets, tandis que M. Canivet regardait vaguement sur la place. Bournisien s'était remis en prière, la figure inclinée contre le bord de la couche, avec sa longue soutane noire qui traînait derrière lui dans l'appartement. Charles était de l'autre côté, à genoux, les bras étendus vers Emma. Il avait pris ses mains et il les serrait, tressaillant à chaque battement de son cœur, comme au contrecoup d'une ruine qui tombe. À mesure que le râle devenait plus fort, l'ecclésiastique précipitait ses oraisons; elles se mêlaient aux sanglots étouffés de Bovary, et quelquefois tout semblait disparaître dans le sourd murmure des syllabes latines, qui tintaient comme un glas de cloche.
Tout à coup, on entendit sur le trottoir un bruit de gros sabots, avec le frôlement d'un bâton; et une voix s'éleva, une voix rauque, qui chantait :
Souvent la chaleur d'un beau jour
Fait rêver fillette à l'amour.
Emma se releva comme un cadavre que l'on galvanise, les cheveux dénoués, la prunelle fixe, béante.
Pour amasser diligemment
Les épis que la faux moissonne,
Ma Nanette va s'inclinant
Vers le sillon qui nous les donne.
– L'Aveugle s'écria-t-elle.
Et Emma se mit à rire, d'un rire atroce, frénétique, désespéré, croyant voir la face hideuse du misérable, qui se dressait dans les ténèbres éternelles comme un épouvantement.
Il souffla bien fort ce jour-là,
Et le jupon court s'envola !
Une convulsion la rabattit sur le matelas. Tous s'approchèrent. Elle n'existait plus."

 

 
Gustave Flaubert, Madame Bovary, 1857.
 
 
 
Albert Fourié : la noce d'Emma

 


Albert Fourié : Emma


dimanche 4 août 2024

François Edouard Raynal : Les naufragés ou Vingt mois sur un récif des îles Auckland.

 

 

Ayant emprunté à la bibliothèque le recueil intitulé dans les Naufragés Témoignages vécus aux éditions Omnibus, je n’ai eu le temps de lire, avant de partir en voyage, que  L’aventure sanglante du Batavia  et les Robinsons des îles Auckland, ce dernier ayant paru sous le titre originel de Les naufragés ou Vingt mois sur un récif des Îles Auckland.

Je dois dire que c’est ce dernier que j’ai préféré non seulement pour les aventures qui y sont contées mais parce que l’auteur François Edouard Raynal possède une belle plume descriptive et vivante, et nous livre d’intéressantes réflexions sur l’homme, sa capacité de résistance, ses efforts pour garder son humanité malgré le doute et le désespoir. Le récit du Batavia, beaucoup moins littéraire, ne lui cède en rien au niveau des aventures mais est glaçant car les rescapés échoués sur l'île tombent sous la coupe d’un espèce de psychopathe qui fait régner la terreur,  le viol et le meurtre et se livre à la piraterie!

 

Emplacement des îles Auckland

 

Loin d'être seulement un témoignage Les naufragés ou Vingt mois sur un récif des Îles Auckland, est donc un objet littéraire qui se lit comme une extraordinaire aventure de naufrage. C’est lui qui a inspiré à Jules Vernes son roman, L’île mystérieuse.


François Edouard Raynal


François Edouard Raynal  écrit ce récit et le publie en1870. Français, il était chercheur d’or en Australie ( ce qui explique ses multiples savoir-faire et son entraînement à la survie) quand un de ses amis lui propose une mission sur l’île Campbell dans le but de découvrir une mine aurifère ou, à défaut, une réserve naturelle de phoques. Raynal part sur le Grafton avec ses compagnons : Il y a l’américain Tom Musgrave, qui est le capitaine du navire. Bon marin, il a une grande valeur intellectuelle et morale, nous dit Raynal. Les deux hommes sont du même milieu. Les autres sont des hommes du peuple qui se révèleront courageux et inventifs : le norvégien, Alexandre dit Alick Mac-Larren, l’anglais, George Harris et le portugais, Henri dit Harry Forgès. 

 

Les îles Auckland en Nouvelle-Zélande


L’expédition s’étant révélée infructueuse sur l’île Campbell, le Grafton prend le chemin du retour mais, poussé par la tempête, il s’échoue dans la nuit du 2 au 3 Janvier 1864 sur l’une des îles de l’archipel néo-zélandais des Auckland. C’est dans ce lieu inhabité, ingrat, battu par les vents, à l’hiver glacial, que les cinq hommes vont passer vingt mois de leur vie dans de rudes conditions, en proie à l’angoisse mais ne perdant pas courage.

 

La hutte construite par les naufragés


Ce récit eut beaucoup de succès à sa parution et il fut longtemps, en France, offert comme livre de prix dans les écoles. On comprend pourquoi ! Les aventures racontées ne pouvaient que plaire, la construction de la cabane étayée par des arbres pour résister aux tempêtes, la chasse aux lions de mer qui un jour les attaquent, la famine quand ces animaux quittent l’île pendant l’hiver, la fabrication du savon par Raynal, la  reprise des vêtements élimés, la confection de chaussures en peau de phoque… Tout est passionnant. Les hommes établiront même une forge pour construire un bateau quand les secours n’arrivent pas.


Les lions de mer attaquent la barque


On a parfois reproché à ce récit d’être (trop?) moral. Mais personnellement, c’est cette partie que j’ai trouvée particulièrement intéressante. On sait ce qui est arrivé aux naufragés du Wager, de la Méduse, du Batavia, et bien d’autres…
Raynal a tout de suite conscience du danger qui les guette, de partir à la dérive, de sombrer dans l’anarchie, l’individualisme, la violence et la folie. Aussi, il propose à ses compagnons de nommer non pas un chef mais plutôt un « père » qui sera là pour apaiser les querelles, régler les différents. C’est Tom Musgrave qui est désigné. Tous ensemble ils rédigent une constitution qu’ils écrivent sur les pages de la Bible pour la rendre sacrée. La journée est consacrée au travail en commun, à la chasse, la soirée est dédiée aux leçons. Chacun peut apprendre de l’autre. Harry, analphabète, apprend à lire mais il enseigne à son tour le portugais. Il est ainsi valorisé. Un jour, François Edouard Raynal fabrique de l’alcool à partir de baies. Quand il voit l’effet du breuvage sur les hommes, il vide tous les récipients dans la mer. Conserver sa dignité, se maintenir propre, raccommoder ses vêtements, oeuvrer pour la collectivité, apprendre de l’autre, célébrer l’office, les aident à rester des êtres humains. C’est peut-être moralisateur mais pourtant c’est vrai et c’est ce qu’ils ont fait.

Une belle histoire et qui fait plaisir car, à  l’inverse du roman de William Golding Sa majesté des mouches, elle montre que les hommes peuvent réussir à ne pas tomber dans l’abjection  même quand ils sont éloignés des lois de leur pays et de leur civilisation  mais pourtant c'est difficile et cela ne va pas tout seul !



Les îles Auckland


Port Carnley a été le lieu de naufrage du Grafton dans Les naufragés ou Vingt mois sur un récif des Îles Auckland, l'archipel est incorporé au territoire néo-zélandais en 1863.
 

Les toponymes de la baie Musgrave, du mont Raynal (644 m) et de la pointe Raynal au sud d'Epigwaitt sur les îles Auckland commémorent la vie des naufragés du Grafton.
 

Dans les collections du Museum of New Zealand (Te Papa Tongarewa) à Wellington se trouvent des photographies14, un morceau de la quille et deux boîtes.
 

Divers objets de cette aventure ont été offerts par F.-E. Raynal à la bibliothèque de Melbourne : une paire de bottes en peau de phoque, une aiguille à voile en os d'albatros, des soufflets de forge en peau de phoque. Certains se trouvent aujourd'hui dans la collection du muséum de Melbourne. ( wikipédia)



 

Chez Fanja